Chapitre 30

Je me réveillai en sursaut, me redressant brusquement. La respiration hachée, je regardai autour de moi. Un frisson me parcourut, le crépuscule était déjà là et la température était basse. J'étais toujours nue dans la forêt interdite. Un mal de tête me vrilla au niveau des tempes et de la nuque. Je me relevai doucement et m'habillai. Puis mon pied buta contre quelque chose. Un corbeau... mort. C'était mauvais signe. Je me dépêchai de rentrer quand j'entendis mon prénom. C'était la voix de Severus. Je me mis à courir pour sortir de cette forêt qui me semblait soudain sans fin et oppressante.

- Je suis là !

Il pointa la lumière de sa baguette vers moi et vint à ma rencontre.

- Lilith ! fit-il soulagé, où étais-tu ?

Il posa sa main sur mon visage.

- Mais... Tu es gelée !

Il ôta sa cape et la posa sur mes épaules.

- J'ai trouvé tes chaussures au bord de la forêt. Pourquoi ?

Je secouai la tête.

- Plus tard les questions. J'ai une migraine carabinée, je veux juste rentrer.

Il fit la moue mais n'ajouta rien. Il me donna mes chaussures puis sans me laisser le temps de les mettre, je me retrouvais dans ses bras.

- Mais... Severus ! Je peux marcher ! Protestai-je en m'accrochant à son cou pour ne pas tomber.

- Regarde donc tes pieds petite idiote !

Mon regard se porta sur mes extrémités. Oui, j'avais les pieds sales... Puis une vive douleur m'irradia le pied gauche. De plus près, je vis que je m'étais coupée, dans ma panique en courant, je suppose.

Severus avait déja franchi la porte d'entrée du château. Je fus surprise de voir Dumbledore et d'autres professeurs dans le hall.

- Elle va bien, déclara Severus. Elle s'est coupée, je l'emmène à l'infirmerie.

Le directeur n'ajouta rien et hocha juste la tête.

C'est moi ou j'avais l'impression qu'il était au courant pour nous ?

Mme Pomfresh nous accueillit et mon petit ami me déposa sur un lit.

- Eh bien, cela faisait longtemps Miss Bran ! Voyons vos blessures...

Elle commença à m'examiner sous l'oeil inquiet de Severus.

- Elle a couru pieds nus dans la forêt...

- Professeur Rogue, la coupa l'infirmière, laissez-moi faire mon travail et sortez de mon infirmerie !

Il grogna mais obéit à la petite femme.

- Qu'est-ce que vous faisiez dans la forêt interdite ? Me demanda-t-elle une fois la porte fermée.

- Je... J'ai fais de la vieille magie. Aïe !

- Bon, vous avez de vilaines coupures mais rien de grave. Vous êtes blessée ailleurs ?

- Non. J'ai juste mal à la tête.

Elle alla me chercher ce qu'il me fallait puis nettoya et banda mes pieds.

- Vous me demandez pas pourquoi ?

- Ce n'est pas à moi de poser cette question.

A cet instant, Dumbledore apparut accompagné de Severus bien sûr. Mme Pomfresh nous laissa seuls.

- De la vieille magie, hum ? Cela faisait longtemps que je n'en avais pas senti. Vous êtes vraiment extraordinaire.

- Merci mais je le savais déjà. Je ne pensais pas que vous y étiez sensible. J'aurais fait plus attention...

- La prochaine fois, prévenez vos proches et vos professeurs afin qu'ils évitent de paniquer...

- Désolée, le rituel n'est pas aussi fort d'habitude...

- Quel genre ?

- En rapport avec l'équinoxe, avec du retard.

Dumbledore ne répondit rien et sortit. Severus s'approcha de mon lit, ferma les rideaux et jeta un sort d'insonorisation.

- J'ai envie de te passer un savon mais je suis fatigué de t'avoir cherché partout tout l'après-midi... Déclara-t-il en s'asseyant au bord du lit.

Je lui pris la main et la serrai fort.

- Je suis sincèrement désolée de t'avoir inquiété. Tout va bien maintenant.

- C'est quoi cette histoire de vieille magie ?

- Ma grand-mère paternelle tenait plus du druide ou du shaman que de la sorcière. C'est elle qui m'a appris à respecter les vieux rituels et les divinités que ma famille honore depuis des siècles.

- Donc... Tu crois en une puissance supérieure ? Demanda-t-il, sceptique.

- Oui, dans une certaine mesure. Parce que je la ressens à chaque rituel. Mais il faut le vivre pour comprendre. C'est compliquer à expliquer. Et tout le monde n'y est pas sensible. Je te montrerai un jour si tu veux.

- Je ne te savais pas si spirituelle... Mais explique-moi pourquoi tu étais pieds nus ?!

- Parce que le rituel se fait sans vêtements. J'ai laissé mes chaussures pour retrouver mon chemin.

- Quoi ? Espèce de petite sotte ! Quelqu'un aurait pu te voir !

Il aime bien me traiter de petits sobriquets aujourd'hui ! pensai-je un poil vexée.

- Et qui ? J'étais assez loin et je n'ai détecté personne...

- Il y a des centaures qui habitent la forêt, Merlin seul sait ce qu'ils auraient pu te faire !

- Je le sais Severus chéri. Ne t'en fais pas, ils n'auraient jamais brisé un rituel.

Il me prit alors dans ses bras, m'étouffant presque.

- J'ai eu très peur. Je… Cela fait longtemps que je n'avais pas eu aussi peur. Ne me refais plus jamais ça… Lâcha-t-il la voix tremblante.

Il enfoui sa tête dans mon cou puis il déposa de légers baisers sur celui-ci, remonta sur ma mâchoire et m'embrassa. Il me fit basculer sur le lit et s'allongea à côté de moi. Il caressa mes cheveux en silence.

- Severus ?

- Hmm ?

Il semblait s'être endormi.

- Dis-moi, est-ce que par hasard Dumbledore serait au courant pour nous deux ?

- Qu'est-ce qui te fais dire ça ?

- Je sais pas. La façon dont il m'a parlé de prévenir mon entourage. Et puis, tu m'as porté ! C'est assez...intime comme geste.

- Tu es mon assistante, donc nous sommes proches. Et je pense qu'il parlait surtout de tes amis.

Je n'ajoutai rien mais je n'étais pas convaincue.

- Il faut que tu me lâches. Sinon Mme Pomefresh va avoir des doutes.

Il m'embrassa le front, ouvrit les rideaux et enleva le sort. Il demanda si je pouvais partir. Elle acquiesça et lui donna une paire de charentaises à m'enfiler sur les pieds.

- Ce n'est pas très saillant mais vous ne pourrez pas porter de chaussures quelques jours… Expliqua-t-elle

Severus voulut absolument m'aider à me relever malgré mes protestations. Mme Pomfresh nous regarda du coin de l'oeil visiblement amusée si j'en crois le sourire qu'elle affichait. Je devais faire quelque chose si je ne voulais pas qu'elle devine notre relation.

- M. Rogue ! M'écrai-je, exaspérée. Je vous remercie pour tout mais je peux me débrouiller seule maintenant merci ! Je ne suis pas en sucre et ce n'est pas quelques égratignures qui vont me tuer !

Je le plantai là. Il me rattrapa bien vite car je marchais assez lentement et à petits pas.

Il m'accompagna jusqu'à mes appartements et ouvrit la porte.

- Tu laisses les elfes nettoyer ton appartement ?

- Oui, bien sûr. Le seul endroit qu'ils ne doivent pas toucher c'est mon bureau. Quand ils rangent, je ne retrouve jamais rien !

- Voilà ce qu'on appelle un bordel organisé je suppose…

Je ris à sa remarque.

- Mes anciennes camarades de chambre en France disaient la même chose ! Je passe beaucoup de temps à étudier et à échafauder des théories, ce qui implique beaucoup de documentation !

Il me fit asseoir sur le canapé et commanda à dîner.

- Dis-moi, sur quoi travailles-tu ?

- Sur Voldemort. Je cherche… En fait, je ne sais pas trop. C'est comme si une alarme s'était déclenchée dans mon cerveau en me disant « Danger ! Danger ! ». Il me fascine mais ce qu'il a fait est vraiment horrible. Depuis j'essaye de savoir ce que mon instinct a voulu me dire…

Severus ne répondit rien et semblait perdu dans ses pensées.

- Ca va Severus ?

- Oh ? Oui, oui. Je suis juste fatigué. Allons dormir.

- Ensemble ?

- Oui et promis cette fois-ci je reste avec toi le matin.