Disclaimer: ce chapitre est entièrement sorti de ma tête, mais les personnages et le cadre, à l'exception de ceux que j'ai inventés, appartiennent à JKR.

Remerciements: Loufoca, ne te décourage pas, tu en verras le bout, et tu seras la première!

Résumé: Julia a appris des choses grâce à Dumbledore et a acquis un livre qui pourrait se révéler utile pour elle...

RAR:

Morrigane: Ben si, ta review était passée, donc ça m'en fait une de plus, lol! Par contre, pas encore de miettes intéressantes, mais on progresse, patience, il va se passer des choses... dans quelques chapitres!

sandawn08: la torture, ça me connaît, Julia n'est pas mon personnage pour rien! Mais je suis désolée, je maintiendrai encore le suspense pendant un bout de temps... Allez, un indice de temps, les premières révélations auront lieu dans le chapitre 8... mais je ne dis pas sur quoi!

Seconde Chance

Chapitre 5 Surprises

Quand Julia atteignit sa salle commune, elle eut le réflexe heureux de plaquer le livre contre elle, de telle manière qu'on ne puisse pas en connaître le titre, car Lucy lui sauta presque dessus.

"- Ah, te voilà, Julia !" s'exclama-t-elle. "Viens, j'ai quelque chose à te montrer."

Lucy allait l'entraîner vers la sortie quand Julia l'arrêta :

"- Je dois d'abord aller ranger ce livre, j'arrive tout de suite !"

Et elle monta vers son dortoir tandis que Lucy criait :

"- D'accord, mais fais vite !"

Julia chercha une cachette appropriée pour le précieux ouvrage afin que personne ne pût le trouver par inadvertance. Sachant que les elfes de maison remettaient toujours à leur place les objets qu'ils déplaçaient pendant leur ménage, elle le glissa dans la taie de son oreiller, puis s'empressa de rejoindre Lucy. Celle-ci piétinait presque d'impatience.

"- Allez, dépêche-toi !" s'exclama-t-elle.

Julia lui emboîta vivement le pas. Les deux jeunes femmes serpentèrent dans les couloirs jusqu'à atteindre une porte gardée par Victoria.

"- Ah, c'est vous," dit-elle d'un air rassuré.

"- Je vais voir où en est Kim," dit Lucy.

Et elle entra dans la pièce en prenant garde que Julia ne pût pas voir à l'intérieur. Celle-ci regarda ailleurs pour lui faciliter la tâche. Puis, elle reporta son attention sur Victoria. Un certain malaise imprégnait l'atmosphère.

"- Tu as passé une bonne après-midi ?" demanda Julia sur le ton d'une conversation anodine.

"- Plutôt agitée," répondit Victoria avec un air malicieux, "mais très instructive. Et toi ?"

"- A peu près pareil…"

Et c'était loin d'être un mensonge. En repensant au vieil ouvrage caché dans son oreiller, Julia se sentit brûler vive de curiosité. La jeune femme se prit à espérer que ce que Lucy et, apparemment, Kimberley et Victoria voulaient lui montrer ne lui prît pas tout le reste de l'après-midi, ainsi elle pourrait entreprendre une lecture avide du vieil ouvrage. Le silence était retombé, et chacune des deux Serpentard évitait de regarder l'autre pour ne pas se mettre à rire de nervosité. Enfin, Lucy reparut à la porte.

"- Vic, tu fais comme on a dit maintenant."

Et elle referma la porte. Julia commençait à se demander si ses collègues n'étaient pas en train de lui jouer un mauvais tour.

"- Avec ta coopération, Julia," dit Victoria, "je vais te rendre momentanément aveugle…"

"- Fais à ta guise, Vic…"

Cette curieuse procédure ne l'enchantait guère, mais moins elle protesterait, plus vite cela se passerait. Elle ferma les yeux et attendit.

"- Tu es prête ?"

Julia hocha la tête.

"- Alors j'y vais."

Victoria prononça l'incantation et Julia ressentit une légère désorientation. Elle ouvrit les yeux, mais cela ne l'aida pas à se stabiliser puisqu'elle n'y voyait plus.

"- Bravo, Vic," commenta-t-elle. "Parfaitement réussi."

"- Merci."

"- Maintenant, si tu avais la bonté de me guider, je me sens un peu perdue…"

"- Pas de problème…"

Julia sentit Victoria lui tenir le bras. Puis elle entendit qu'on ouvrait la porte, et son guide la tira en avant. Elle fut forcée de la suivre. La porte se referma derrière elle, et une odeur agréable parvint à ses narines. Victoria continuait de diriger lentement ses pas vers la source de l'odeur. Alors, l'incantation qui devait la délivrer du noir fut prononcée et, bien qu'elle s'y fût préparée, la lumière vive qui percuta ses rétines l'éblouit momentanément. Quand sa vue se focalisa à nouveau correctement, elle découvrit Lucy, Victoria et Kimberley derrière une table sur laquelle reposait un magnifique gâteau aux couleurs chocolat et pastels sur lequel était écrit : « Joyeux Anniversaire Julia ! ».

"- Surprise !" s'exclamèrent les trois Serpentard d'une même voix.

Alors qu'elles entonnaient le traditionnel chant d'anniversaire, Julia se rendit compte qu'elle avait complètement oublié quelle était la date du jour. Elle sourit maladroitement, confuse d'avoir souhaité que tout se passât très vite alors que les trois jeunes femmes avaient préparé une petite fête en son honneur.

"- Merci, c'est gentil…," dit-elle quand elles eurent fini de chanter.

"- Souffle sur tes bougies, et fais un vœu !" s'exclama Kimberley qui semblait impatiente de voir sa camarade à l'œuvre.

Julia acquiesça et réfléchit un instant. Que pourrait-elle bien souhaiter ? Ne trouvant pas de réponse à cette question, elle prit une grande inspiration et souffla de toutes ses forces sur les bougies. Au moment où les premières d'entre elles s'éteignirent, Julia fit son vœu. « Je souhaite que ce que mon cœur désire se réalise. » Oui, ça faisait vœu à l'eau de rose, et elle était parfaitement consciente de ne pas savoir ce que son cœur désirait, mais c'était ce qu'elle avait de mieux à souhaiter.

"- Bravo !" applaudirent les trois autres.

"- A toi l'honneur de découper le gâteau," dit Lucy.

Julia prit le couteau qu'elle lui tendait. Elle s'apprêtait à couper l'œuvre qui se tenait sur la table quand elle interrompit son geste.

"- D'où est-ce qu'il vient ?" demanda-t-elle en désignant le gâteau.

Lucy sourit et déclara fièrement :

"- On l'a fait nous-même, presque à la manière des Moldus !"

Les deux autres acquiescèrent vigoureusement.

"- Mais où avez-vous eu les ingrédients ?"

"- On est allées faire un tour aux cuisines…," avoua Victoria. "Les elfes de maison ont été très gentils ! Ils nous ont même fourni la recette !"

Julia garda le silence pendant quelques instants. C'était la première fois qu'elle fêtait son anniversaire à Poudlard. Elle n'avait jamais pu partager ce jour particulier avec d'autres élèves. Et voilà que trois de ses camarades lui confectionnaient un magnifique gâteau.

"- Merci beaucoup…," dit-elle.

Elle ne savait pas quoi ajouter. Peut-être était-ce suffisant… Alors elle coupa franchement dans le gâteau, et constata avec surprise que les lettres en massepain qui le recouvraient se déplacèrent pour ne pas se faire trancher. Elle redressa la tête en fronçant les sourcils.

"- Presque à la manière des Moldus ?" s'enquit-elle avec un léger sourire.

"- C'est ça," acquiesça Lucy, "presque…"

Les quatre jeunes femmes éclatèrent de rire, puis s'attaquèrent au gâteau. La fin d'après-midi fut des plus agréables, mais Julia ne pouvait enlever de sa tête le grimoire qu'elle avait caché dans sa taie d'oreiller. Elle voulait tellement savoir. A tel point qu'elle incita les trois autres à rejoindre la salle commune de Serpentard. Une fois sur place, elle attendit dix bonnes minutes diplomatiques, puis prétexta un mal de tête et se rendit dans leur dortoir. Mais quand elle ouvrit la porte, la surprise qui l'attendait était d'un tout autre genre que celle de l'après-midi. Elle en resta paralysée pendant quelques secondes. Pamela, au milieu des affaires éparses de Julia, tenait le précieux grimoire, un sourire malveillant sur les lèvres. Quand Julia récupéra la faculté de parler, elle garda son calme.

"- Rends-moi ce livre…," dit-elle.

Sa voix était très basse, mais d'une froideur et d'un tranchant qui décontenancèrent Pamela momentanément. Elle avait dû s'attendre à ce que Julia explosât. Mais elle reprit vite le dessus.

"- Tu as des devoirs sur les loups-garous, maintenant ?" demanda Pamela d'un ton ironique.

"- Rends-moi ce livre…," répéta Julia sans hausser la voix.

"- On dirait qu'il te manque, ton petit professeur chéri… Après deux ans et demi, on aurait pu penser que tu l'avais oublié…"

"- Rends-moi ce livre…"

Le calme olympien de Julia mit Pamela en colère.

"- Tu n'as que ça à la bouche !" s'exclama-t-elle. "« Rends-moi ce livre », tu es pitoyable…"

Julia se dit en elle-même que c'était son vis-à-vis qui était pitoyable. Elle attrapa sa baguette d'un geste vif et dit :

"- Accio livre !"

Avant que Pamela ait pu réagir, l'ouvrage lui sauta des mains et vint se placer dans celles de Julia.

"- C'est très mesquin et puéril de ta part d'avoir fouillé dans mes affaires," fit-elle remarquer. "Je m'attendais à une attitude plus adulte, venant de toi."

Pamela haussa les épaules et quitta le dortoir. Julia resta un moment sans bouger, son précieux grimoire serré dans les mains. Qu'est-ce qui avait motivé cette brusque poussée d'intérêt chez sa camarade de chambre ? La jalousie était une chose, mais de là à vouloir faire autant de dégâts. Après ses effets personnels, ce serait à sa vie privée qu'elle s'en prendrait. Julia se remit en mouvement, ne désirant pas pousser plus loin la réflexion. Elle posa le livre sur son lit.

"- Toutenordre !" dit-elle en pointant sa baguette vers ses affaires.

Celles-ci eurent tôt fait de regagner leur place originelle, et Julia s'assit en tailleur sur son lit après en avoir fermé les rideaux. Enfin, elle se retrouvait seule, complètement isolée des autres. A sa grande surprise, elle poussa un soupir de soulagement. Elle avait grandi en solitaire, et à présent, cela lui manquait. Devoir expliquer presque tout ce qu'elle faisait, y compris à Remus, devenait pesant. Elle avait l'impression de rendre des comptes aux autres, et de ce fait, se sentait emprisonnée, privée de sa liberté de mouvement. La jeune femme se laissa tomber sur les oreillers moelleux, les jambes toujours repliées, et resta ainsi dans son havre de ténèbres enveloppantes pendant un long moment, n'ayant pas besoin de faire de gros efforts pour vider son esprit vu que c'était un gruyère dont les trous étaient plus importants que les parties plaines. Julia fixait le haut du baldaquin sans le voir, elle ne pensait à rien de compliqué, se laissant bercer et ressourcer par le silence rassurant de la pièce. Enfin, elle se redressa et attrapa le livre.

"- Lumos minima," murmura-t-elle.

Une faible lueur sortit de l'extrémité de sa baguette, donnant à l'espace confiné une ambiance tamisée. Toujours en tailleur, Julia entreprit de parcourir la table des matières de l'ouvrage. Cela étant fait, elle jugea préférable de commencer sa lecture par le début car, d'après ce sommaire, tout était imbriqué.

Pus tard, alors qu'elle avait déjà découvert quatre cas de figure auxquels menaient des morsures incomplètes, tous des plus incroyables les uns que els autres, Julia entendit que quelqu'un pénétrait dans le dortoir.

"- Nox," chuchota-t-elle sans perdre de temps.

Et elle resta immobile, écoutant attentivement ce qui se passait.

"- Julia ?" demanda Lucy. "Tu dors ?"

L'interpellée ne donna aucune réponse. Elle n'avait pas envie de parler pour l'instant. Lucy s'approcha, mais ne tira pas sur les rideaux.

"- Julia ?" reprit-elle. "C'est bientôt l'heure du dîner, tu ne viens pas ?"

Julia inspira profondément avant de répondre.

"- Si, je vous rejoindrai."

"- Ah," dit Lucy, apparemment embarrassée. "Bon, à tout de suite alors…"

Et elle quitta la pièce discrètement.

"- Lumos," dit Julia.

Ce qu'elle regretta aussitôt, ses yeux n'étant plus habitués à une telle clarté. Après avoir recouvré une vue complète, elle ouvrit les rideaux d'un coup de baguette et se leva. Elle posa le livre fermé à l'endroit où se trouvaient une seconde plus tôt ses oreillers, et tapota dessus avec sa baguette pour le Désillusionner. Puis elle remit les oreillers à leur place. Si Pamela voulait encore fouiller, elle se dirait que sa victime n'était pas assez bête pour remettre son livre au même endroit, et c'était ce sur quoi comptait Julia en partie. Le sortilège était une sécurité supplémentaire. Enfin, la jeune femme sortit du dortoir et rallia la salle commune où Lucy, Kimberley et Victoria l'attendaient.

"- Ça va ?" demanda Lucy, l'air inquiet.

Julia se contenta de hocher vaguement la tête.

"- Bon, on va manger ?" s'enquit Kimberley avec autant d'à-propos qu'à l'accoutumée.

"- Oui, je meurs de faim !" s'exclama Victoria.

Les deux jeunes femmes se mirent en route et Julia et Lucy suivirent le mouvement. Julia se demandait comment Victoria pouvait mourir de faim après le succulent gâteau de l'après-midi, quand elle remarqua que Lucy l'observait du coin de l'œil. Elle devait avoir une vague idée de ce qu'il s'était passé. Julia fit mine de ne pas s'être rendue compte de la surveillance dont elle faisait l'objet. Pas plus que dans la chambre elle ne voulait aborder le sujet. Elle aspirait au calme et commençait à regretter l'isolement de ses six premières années. Les quatre jeunes femmes marchèrent jusqu'à la Grande Salle dans un silence accablant. Bien que ce fût un de ses plats préférés, Julia ne se servit qu'une petite assiette de pâtes aux quatre fromages. Son estomac semblait vouloir faire des cabrioles dans son ventre, et elle ne voulait pas lui donner trop de nourriture pour s'amuser avec. Pendant le dîner, plutôt que de croiser le regard assaillant de Lucy, Julia parcourut les autres tables des yeux. Chez les Gryffondor, elle ne put s'empêcher de chercher Hermione, qui détourna le regard après avoir affiché un sourire fugitif. Elle avait raison, il ne devait pas exister de lien entre leurs deux maisons. Julia repensa un moment à un moyen d'empêcher les autres Serpentard de découvrir le secret qu'elle avait promis de garder, mais elle vida rapidement son esprit de cette réflexion. Son regard passa négligemment sur la table des Poufsouffle pour finalement parcourir celle des Serdaigle. Ses yeux s'agrandirent de surprise quand elle constata qu'on l'observait. Le jeune homme détourna les yeux rapidement, mais c'était trop tard pour lui, elle l'avait vu. Elle prit alors un malin plaisir à le dévisager ( la Serpentard qu'elle était l'étonnerait toujours ). Il était agréable à regarder. La courbe de son visage était douce et régulière. Il avait de grands yeux bleu turquoise fort expressifs, reflétant pour le moment une grande gêne. Emotion accompagnée d'un beau rouge aux joues qui mettait en valeur le noir brillant de ses cheveux impeccablement peignés. Son nez aquilin se fondait parfaitement dans la symétrie de son visage, et sa bouche semblait chercher une âme sœur. Instinctivement, Julia porta un doigt à ses lèvres, puis elle secoua la tête pour la vider de ces idées extravagantes qui avaient trop tendance à apparaître depuis quelques temps. « Je l'ai déjà vu quelque part…, » songea-t-elle, « mais où ? ». C'était un sujet intéressant qui occuperait son esprit assez longtemps pour éviter de penser aux évènements passés ou à venir de la journée. Quand ses trois compagnes de chambre se levèrent, elle les imita, toujours perdue dans ses pensées. Tandis qu'elles marchaient dans les couloirs sombres du sous-sol, la réponse à sa question traversa l'esprit de Julia.

"- Je sais !" s'exclama-t-elle en s'arrêtant net.

"- Qu'est-ce que tu sais ?" demanda Lucy.

Julia réalisa qu'elle venait de faire une bourde.

"- Rien…," répondit-elle précipitamment. "C'est …euh, la réponse à un problème que je n'arrivais pas à résoudre depuis longtemps…"

"- Tu réfléchis aux cours même pendant le repas !" s'indigna Victoria.

Julia afficha un air penaud pour cacher son sourire. Cela l'amusait de passer pour une étudiante irréprochable aux yeux de ses camarades.

"- Oui, je ne pouvais pas m'empêcher d'y penser, ça m'ennuyait de ne pas connaître la solution…"

"- Elle est pas possible !" déclara Victoria en regardant Lucy.

Julia suivit des yeux la direction du regard de Victoria et découvrit que Lucy l'observait en fronçant les sourcils. La jeune femme commença à paniquer intérieurement : et si Lucy pouvait se rendre compte qu'elle mentait ? Mais elle se reprit rapidement. Mentir, elle ne la savait que trop bien, était pour elle comme respirer. Les jeunes femmes reprirent leur chemin et arrivèrent dans leur salle commune. Julia se dirigeait vers le dortoir des filles, quand Lucy l'appela.

"- Où vas-tu, Julia ?"

La jeune femme se composa un visage neutre avant de se retourner. Ce que ce pouvait être exaspérant d'être ainsi surveillée…

"- Je vais me coucher, pourquoi ?"

"- Oh, pour rien… Bonne nuit, à demain !"

"- Oui, bonne nuit…"

Et Julia s'empressa de disparaître. Une fois dans la chambre, elle s'installa sur son lit et en tira les tentures. Il était heureux que celles-ci fussent opaques, car il faisait encore un peu clair dehors, et elle avait besoin de l'épaisseur silencieuse des ténèbres pour se calmer. Elle se demanda d'où lui venaient toutes ces émotions contradictoires qu'elle ne parvenait plus à maîtriser. Quand avait-elle perdu le contrôle ? Elle se sentait rebelle, dominante, alors qu'elle avait toujours été calme et soumise. Non, pas toujours. Seulement à partir de ses dix ans, juste après… Mais ça n'avait pas de sens. Julia sortit l'ouvrage de sa cachette et reprit sa lecture à la faible lueur de sa baguette. Les heures s'écoulèrent calmement, uniquement coupées par les quatre autres Serpentard qui se couchèrent vers vingt-trois heures. Une demi heure plus tard, n'y tenant plus, Julia rangea le livre et quitta la chambre à pas feutrés. Comme à son habitude, elle se Désillusionna et suivit le chemin qui conduisait à la Forêt Interdite.

Quand Julia atteignit la clairière du rendez-vous, elle ne signala pas tout de suite sa présence. Remus se tenait au même endroit que lors de leur dernière rencontre. Le feu dansait, dessinant des ombres fantastiques sur le tronc des arbres environnants. La jeune femme tenta d'observer l'attitude du lycanthrope afin de déterminer son état d'esprit. Il semblait impatient, mais serein. Pourtant, Julia savait que vingt-quatre heures plus tard, il serait sous la forme destructrice du loup-garou qui l'habitait. Mettant de côté ses considérations psychologiques, la jeune femme ôta le sortilège de Désillusion qui la dissimulait et s'avança vers le feu. Dès son premier pas, Remus avait relevé la tête, et il la regardait à présent approcher. Lorsqu'elle se fut arrêtée près du feu, face à lui, il la fixa droit dans les yeux et un sourire s'afficha sur ses lèvres.

"- Bonsoir, Julia," dit-il d'un ton chaleureux.

"- Bonsoir, Remus."

"- Tu peux t'asseoir," ajouta-t-il en désignant un tronc d'arbre qui formait un angle droit avec celui sur lequel il était lui-même assis.

Julia s'exécuta.

"- Alors, comment s'est passée ta semaine ?" demanda-t-il sans lui laisser la moindre chance de poser une question.

"- Pas trop mal," répondit-elle après un court silence. "Les devoirs sont toujours aussi astreignants. Ah, oui, j'ai discuté avec Hermione Granger."

"- C'est vrai ? Et sur quoi vous êtes-vous entretenues ?"

"- Un moyen de tenir les Serpentard hors de leur secret, afin qu'Ombrage n'y fourre pas son nez."

"- Et bien, tu as tout mon appui !"

"- Je n'en doutais pas un seul instant," acquiesça-t-elle en souriant.

Elle se rendit alorscompteque la présence de Remus avait sur elle un effet apaisant. Si seulement il était resté à Poudlard comme professeur… Julia mit de côté ses pensées nostalgiques et reprit la parole.

"- Et pour vous, comment cela se passe-t-il ?"

"- Les missions se succèdent… J'ai beaucoup de surveillance à effectuer, c'est exténuant, c'est pourquoi j'ai dû annuler nos rendez-vous…"

Julia hocha faiblement la tête.

"- Tu n'en as pas fait mention dans notre correspondance," reprit-il, "mais j'espère que tu ne m'en veux pas…"

A ce moment-là, Julia se vit en train de lui dire qu'il n'aurait pas pu choisir pire moment pour la priver de ces séances de Défense contre les Forces du Mal qui lui auraient permis d'évacuer tout le stress lié au changement récents dans sa vie.

"- Non," dit-elle, "pas de problème."

"- J'en suis heureux."

La jeune femme se demanda si elle avait eut pour but de ne pas le charger d'une inquiétude supplémentaire, ou si elle n'avait simplement pas voulu admettre la vérité. Remus la tira de sa réflexion en farfouillant dans sa poche. Elle le regarda faire avec attention. Quand la main du lycanthrope reparut hors des replis du tissu de sa robe, elle tenait une petite boîte, comme un écrin. Remus fixa Julia en souriant et lui tendit précautionneusement la boîte.

"- Joyeux anniversaire, Miss," dit-il à voix basse.

La jeune femme sentit ses joues brûler et eut un sourire gêné.

"- Merci," dit-elle en prenant doucement le cadeau.

"- Je ne pouvais pas me permettre d'oublier cette date…"

Julia sourit plus franchement.

"- C'est vrai que ce serait difficile. Ça fait déjà sept ans…"

"- Oui, il s'en est passé des choses cette nuit-là."

La jeune femme repensa soudain au Serdaigle qui, elle le savait maintenant, était avec elle en Arithmancie. Un instant, elle voulut en parler à Remus. Mais elle se ravisa bien vite. Il n'y avait strictement rien à en dire, et puis, elle avait comme le pressentiment que cela ne regardait pas son mentor. Le silence qui s'était installé devenait oppressant. Le lycanthrope se racla la gorge.

"- Hm, tu… tu ne l'ouvres pas ?" demanda-t-il.

Julia sentit une note de déception poindre dans sa voix. Elle baissa vivement les yeux vers son présent et se mit à ouvrir la boîte avec des gestes lents. Quand fut ouvert ce qui se révéla être effectivement un écrin, Julia écarquilla les yeux de surprise. Une superbe pierre brillait de mille feux. Malgré sa forme sphérique, elle donnait l'impression de posséder les angles d'un diamant taillé comme chez les Moldus. En y regardant de plus près, la jeune femme constata que la lumière que diffusait la pierre était douce. Un peu comme… Instinctivement, elle leva les yeux vers le ciel. La Lune était presque Pleine.

"- Je vois que tu es toujours aussi perspicace," remarqua Remus. "C'est un Cristal de Lune."

"- C'est très beau… Merci beaucoup."

Julia plongea dans le regard doux du lycanthrope. Ses yeux dorés semblaient étinceler… de l'intérieur, et cette lueur inhabituelle chez son professeur l'intriguait.

"- Tu sais," dit-il sans rompre leur lien visuel, "cette pierre n'est pas que décorative…"

"- Vraiment ?"

Les mains de la jeune femme parcouraient le Cristal de Lune, appréciant sa courbure lisse, mais ses yeux ne pouvaient quitter ceux de Remus. Une voix dans sa tête semblait vouloir l'arrêter, mais les yeux dorés la fixaient l'attiraient, l'invitaient à plonger davantage, à découvrir l'âme de laquelle ils étaient les fenêtres…

« Non ! » cria la voix dans sa tête, et Julia ferma les yeux. Ses mains arrêtèrent de tourner la pierre en tous sens, et elle la remit dans son écrin avant de le refermer. A ce moment seulement, elle se décida à rouvrir les yeux. Remus ne la fixait plus, il affichait un air songeur, son regard perdu dans les flammes dansantes.

"- Que s'est-il passé ?" demanda Julia, rompant le silence.

Le lycanthrope prit une profonde inspiration.

"- Honnêtement, je ne sais pas. Mais j'en connais la cause…"

Il releva la tête, et avant qu'il ait pu ajouter quelque chose, la jeune femme avait compris.

"- Le Cristal de Lune," murmura-t-elle.

"- Exactement. C'est ce que je m'apprêtais à te dire quand…"

Il s'interrompit, cherchant ses mots. Julia lui évita cette peine.

"- Quand j'ai perdu le contrôle," compléta-t-elle.

Il hocha doucement la tête.

"- Mais le contrôle de quoi ?" ajouta-t-elle.

"- C'est ce que je ne peux pas expliquer. Le Cristal de Lune s'adapte au sorcier qui le tient. Les pouvoirs qu'il révèle sont propres à ce sorcier, ou plutôt à son aura magique."

Il fit une pause, semblant réticent à continuer. Julia s'interdit tout commentaire.

"- Ton aura est… particulière," reprit-il. "Très puissante, je pense. Mais…"

Il s'interrompit de nouveau.

"- Mais quoi ?" le pressa la jeune femme, sa curiosité en éveil.

"- Mais… tu ne sembles pas en être maîtresse…"

"- C'est un peu normal, non ?" dit-elle en souriant. "C'est la première fois que je l'utilise…"

"- Non, tu ne m'as pas compris. Je voulais dire que c'est comme si ton aura ne t'appartient pas."

"- Oh. Et c'est anormal, je présume…"

"- En effet."

"- C'est peut-être un autre effet secondaire ?"

"- Cette hypothèse n'est pas à négliger, mais on ne peut pas le savoir."

Julia hocha distraitement la tête. Elle avait à présent deux raisons d'éplucher son ouvrage.

"- Dites-m'en plus sur l'aura magique."

"- Et bien, comme je te l'ai dit, elle est propre à chaque sorcier. C'est un peu comme une seconde âme. Elle détermine chaque sort que tu lances. On peut la comparer aux empreintes. L'aura est la signature du sorcier pour quelqu'un qui sait la détecter."

"- Et comment peut-on la détecter ?"

"- A l'aide d'un sort très complexe que seuls les meilleurs d'entre nous parviennent à accomplir. Ou dans le cas d'un contact comme le nôtre…"

Julia baissa les yeux.

"- Je suis désolée," souffla-t-elle.

"- Pourquoi ?" s'étonna-t-il. "Qu'as-tu vu ?"

"- Rien, mais j'aurais pu, et j'aurais de ce fait violé votre intimité…"

"- Allons, ne t'inquiète pas pour ça, mon esprit est très discipliné, je ne t'aurais pas laissé faire à ta guise."

La jeune femme le regarda. Il souriait, et son regard n'exprimait rien d'autre que de la sympathie, mis à part, peut-être, un peu de tendresse, Julia n'aurait su le dire avec certitude. Elle sourit à son tour.

"- Au fait," reprit Remus, "tu ne m'as pas dit ce que tu pensais de ma proposition pour Noël ?"

Noël ! Cela lui était sorti de la tête.

"- Et bien, je ne sais pas…"

Elle n'avait pas mieux en réserve. La réplique était simple et vague, et aurait pu le décourager, mais il la balaya comme si de rien n'était.

"- Tu dois impérativement rester à Poudlard ?"

"- En fait… non…"

"- Alors pourquoi tu n'accepterais pas tout simplement ? Ça te changera les idées !"

"- Bon, c'est d'accord."

"- Parfait, je m'arrangerai avec Dumbledore."

"- Merci de vous inquiéter pour moi de la sorte."

"- Sept ans se sont écoulés, mais je n'ai pas changé, Miss ! Sur ce, je vais te laisser, je dois faire une surveillance à huit heures. Encore joyeux anniversaire ! A bientôt !"

Et il disparut en s'enfonçant dans les arbres dans la direction opposée à celle que Julia devait prendre. Elle resta un long moment à contempler les flammes, son esprit vagabondant. Puis elle éteignit le feu et s'en fut à son tour.