Petite Mise à Jour: pour ceux quile désireraient, je conseille d'écouter "Somewhere" de Within Temptation, ça m'a toute retournée pendant que je tapais ce chapitre...

Disclaimer: tout appartient à JKR, à l'exception de mes personnages et des cadres que j'ai inventé, sortis tout droit de mon esprit tortueux...

Remerciements: ma chère Loufoca, que ferais-je sans toi... mais t'as pas intérêt à me lâcher! Lol...

Résumé: Julia a eu un cours de DCFM très inattendu avec Rogue, découvrant à la fois son Patronus et ses dons pour les Impardonnables. Dans le bureau de Dumbledore, elle se pose des questions très sérieuses sur ce qui fait qu'elle est ce qu'elle est...

Remarque: Je précise ceci pour les novices, car autrement certains détails de ma fic perdent leur sens... Ne confondez pas la Nouvelle Lune avec la Pleine Lune. Ce n'est pas pour rien que je fais la distinction. La Nouvelle Lune est le moment où il fait nuit noire! Je rajoute aussi que le Premier Quart se situe une semaine après la Nouvelle Lune, et le Dernier Quart une semaine après la Pleine Lune. Ceci est donc pour bien fixer les idées, ça vous sera utile pour le suite...

RAR:

sandawn08: ben vi, le suspense, si tu ne t'y habitue pas, tu vas avoir du mal avec moi parce que j'adore ça! Mais voici enfin quelques réponses! Mais est-ce suffisant? Vous n'en saurez pas plus...

Morrigane: ce que j'adore dans tes reviews ma chère, c'est qu'elles sont absolument trop folkloriques! Ton hypothèse est intéressante... Mais souviens-toi que Julia ressent effectivement des effets assez bizarre, comme les crises lors de la Nouvelle Lune, et celles qui lui arrivent en-dehors. Reste à savoir pourquoi elle cherche des origines dans la lycanthropie... Ce chapitre arrive juste à point il me semble... Quant à ton minimum syndical, ne t'inquiète pas, je vais me rattraper. Le problème, c'est que ton idée pour Remus est trop exagérée, tu sais bien comment il est, il n'ose pas s'imposer, il préfère de loin rester en retrait que de créer des tensions... Cela dit, c'est un avis en général sur Loulou et ce n'est en aucun cas un indice pour la suite de ma fic. Pour savoir quoi, il faudra lire...

Seconde Chance

Chapitre 8 L'origine du Problème

Julia se promenait au clair de Lune. Dix ans, une date à fêter, elle avait à présent deux chiffres ! Et on l'avait fêté, tout l'orphelinat avait entonné le refrain du Joyeux Anniversaire en son honneur. Ils s'en fichaient tous de son âge, tant qu'ils avaient du gâteau. Mais bon, ç'avait quand même été une jolie fête. Sauf que ça ne lui suffisait pas. Julia aimait la nuit, les étoiles et, une fois par mois, la Pleine Lune. Sa lointaine confidente, satellite terrestre, lui avait fait une surprise pour son anniversaire, pour ses dix ans. Alors la fillette se devait de la remercier en personne. On ne l'avait pas vue sortir, on ne la voyait jamais. Personne ne se souciait réellement d'elle. Bientôt, elle atteignit le petit bois à côté du village. On racontait qu'il était dangereux de s'y promener la nuit, mais elle s'en fichait. Elle marcha jusqu'à sa clairière habituelle, s'assit sur un tronc d'arbre mort, et contempla la Lune dans toute sa splendeur, lumière trouble parmi les points scintillants qui s'éclairaient la nuit noire. Après un moment perdu dans l'épais silence ponctué par les cris des animaux nocturnes, un hurlement strident paralysa Julia pendant quelques secondes. Quand elle retrouva l'usage de ses membres, son premier réflexe fut de courir dans la direction opposée de celle d'où venait le son. Mais…

« Va voir ! »

La fillette se figea. Elle avait cru entendre une voix dans sa tête.

« Mais vas-y ! Qu'est-ce que tu attends ? »

Julia ne rêvait pas, il y avait bien quelqu'un dans sa tête. Une peur sourde lui intimait de retourner à l'orphelinat, mais la curiosité grandissante devint la plus forte, et la fillette s'enfonça dans le bois, à la recherche de la source du cri. Au fur et à mesure qu'elle avançait, la lumière diffuse de la Pleine Lune lui parvenait de moins en moins, et bientôt, elle ne put plus distinguer les choses à plus d'un mètre d'elle. Le cœur battant la chamade, Julia ralentit l'allure, à l'affût du moindre bruit. Et elle en fut pour ses frais. Un craquement sonore retentit dans son dos. Elle fit volte-face malgré la terreur qu'elle ressentait. Pendant une fraction de seconde, elle vit deux yeux noirs, immenses, qui la fixaient avec une expression d'envie violente. Puis elle se sentit valser dans les airs, rouler au sol, et cogner dans ce qui devait être le tronc d'un arbre. Morte de peur, contusionnée, Julia n'avait plus la force de se rouler en boule comme elle l'aurait souhaité. Encore une fois cependant, la curiosité l'emporta, et elle ouvrit les yeux pour voir ce qui l'avait frappée. Ce qu'elle découvrit la terrifia davantage, mais elle continua de l'observer. C'était une bête gigantesque, au corps et aux membres longs et minces, au museau fin et aux oreilles aplaties sur la tête, et dont les yeux d'un noir d'encre la fixaient encore avidement. L'animal releva la tête dans l'alignement de son corps, et poussa un long hurlement plaintif. Alors Julia se rappela les contes de fées qu'elle avait lu. Nuit de Pleine Lune, loup-garou. S'il la mordait, elle en deviendrait un, elle aussi. Il était tout près d'elle maintenant, près de son visage, elle pouvait sentir son souffle chaud contre sa joue. La fillette se releva précipitamment, mais il était déjà trop tard, sa joue la brûla instantanément, une douleur se répandit dans tout son corps, une horrible douleur comme elle n'en avait jamais ressentie, la transperçant de partout. Elle hurla. Alors la douleur s'en fut, de la même façon qu'elle était venue, irradiant sa joue, tout son visage. Tout devint noir.

"- Merlin, qu'elle soit encore en vie…"

Julia avait froid, elle avait mal, elle se sentait épuisée, elle voulait encore dormir.

"- Elle respire ! Elle est vivante !"

Elle voulait surtout qu'il arrêtât de crier et de la secouer, mais cela semblait impossible. À contre-cœur, elle ouvrit faiblement les yeux. Sa vue mit un certain temps à redevenir partiellement claire. Elle ne sentait presque pas ses membres.

"- Bonjour, Miss," dit une voix rauque.

Julia tourna la tête pour voir à qui elle appartenait, mais dut très vite refermer les yeux, la nausée s'emparant d'elle.

"- Comment te sens-tu ?" demanda la voix.

C'était une voix d'homme. La fillette, d'une curiosité insatiable, rouvrit les yeux pour savoir qui se tenait à son chevet. Drôle de chevet, en fait, à ciel ouvert, sur tapis d'herbe. Il n'était pas étonnant qu'elle eût froid. Le visage de l'homme était tourné vers elle. Il paraissait vieux et fatigué, mais ses yeux étaient extrêmement vifs. Leur couleur dorée fascina Julia, qui en oublia momentanément la question qu'il lui avait posée.

"- Tu ne sais pas parler ?" dit-il, inquiet.

"- Si… ça va…"

Il sourit faiblement.

"- Où habites-tu ?" reprit-il.

"- À l'orphelinat du village."

Elle sentait sa joue brûler chaque fois qu'elle parlait, et sa tête semblait vouloir exploser.

"- Penses-tu que tes gardiens s'affoleront si tu n'es pas rentrée très vite ?"

"- Ils ne savent même pas que je suis sortie, et ils ne m'accordent pas beaucoup d'attention…"

"- Alors, je te propose de m'accompagner pour que je puisse te soigner, si tu es capable de marcher, car je suis trop faible pour te porter…"

Julia se souvint alors d'une phrase qu'on ne cessait de lui répéter : « Ne suis jamais un étranger. » Ses intentions étaient-elles sincères ?

« Suis-le, tu peux lui faire confiance, » lui dit la voix dans sa tête.

« Il a l'air gentil… Mais qu'est-ce qu'il fait ici dans le bois ? »

« Demande-le-lui ! »

"- Qui êtes-vous ? Et pourquoi êtes-vous dans le bois ?"

Le sourire de l'homme s'effaça et ses yeux reflétèrent une grande lassitude à laquelle Julia fut très sensible. C'était comme si elle était face à un miroir. Les autres orphelins étaient tellement méchants que, depuis quelques temps, la fillette en avait assez de rester avec eux.

"- Je me nomme Remus Lupin. Et quel est ton nom ?"

"- Julia McGregor."

"- Enchanté Julia. Avant de te donner la raison de ma présence ici, j'aimerais que tu me racontes ce qu'il t'est arrivé."

La fillette hésita.

« Ne t'inquiète pas, il ne te fera rien, raconte-lui, » reprit la voix.

"- J'aime beaucoup la Pleine Lune, alors je suis partie de l'orphelinat pour me promener. Puis j'ai entendu un cri, et j'ai voulu voir ce qu'il s'était passé. Et là…"

Julia revit soudain les yeux noirs, la bête, ses crocs.

"- Je sais que vous n'allez pas me croire," dit-elle, amère.

"- Pourquoi ne te croirais-je pas ?"

"- Parce que vous allez penser que j'invente pour me rendre intéressante."

"- Tu n'as pas l'air d'être quelqu'un qui raconte des histoires."

"- Bon, mais ne vous moquez pas de moi !"

"- Je te le promets."

"- Et bien, j'ai vu un… un loup-garou."

Elle attendit, mais il ne réagit pas.

"- Je pense," ajouta-t-elle encouragée par son silence, "que c'est lui qui m'a blessée…"

"- Sans aucun doute," dit Remus Lupin. "Donc tu t'en souviens…"

"- Pardon ?"

"- Je te crois, Julia. Maintenant, je vais répondre à ta question."

Il marqua une pause, semblant chercher ses mots. Julia attendit.

"- Le loup-garou que tu as vu, c'était moi."

Nouveau silence. Julia pensa d'abord qu'il se moquait d'elle. C'était contre nature, comment cela se pouvait-il ? Elle savait parfaitement que ça n'existait pas ces choses-là ! Pourtant, elle était certaine de n'avoir pas rêvé, la douleur de son visage était là pour en témoigner. Alors, bien vite, elle eut la conviction qu'il disait la vérité.

"- Ça vous arrive à chaque Pleine Lune ?" demanda-t-elle.

"- Oui, mais il existe une potion qui neutralise la perte de contrôle. Quand je la prends, mon esprit reste humain pendant toute la durée de la transformation."

"- Mais cette fois, vous ne l'avez pas prise ?"

"- On ne peut rien te cacher… Julia, je te présente mes excuses pour ce qu'il s'est passé."

La fillette fut prise d'un élan de sympathie envers l'homme qui lui demandait pardon.

"- Vous savez, ce n'est pas votre faute. Vous n'êtes pas obligé de me soigner, ils le feront à l'orphelinat, je dirai que je suis tombée."

Il sourit, de ce genre de sourire désespéré qu'on avait quand on était un peu triste.

"- Quoi ?" s'enquit Julia.

"- Rien, c'est juste que… tu me rappelles une jeune fille que j'ai bien connue…"

Il se tut de nouveau et poussa un soupir plein d'émotion contenue.

"- Ta proposition est très généreuse," reprit-il d'un ton détaché, "mais il y a un évènement qui me fait penser que tu n'es pas quelqu'un d'ordinaire."

Il jeta un coup d'œil alentour, alerte.

"- Mais je t'expliquerai ça chez moi. Il vaut mieux qu'on ne reste pas là, les promeneurs matinaux risquent de se poser des questions…"

Il se leva difficilement, apparemment en proie à une certaine douleur. Julia l'imita, mais eut un mouvement trop rapide. Lorsqu'elle atteignit la position debout, elle lui tourna le dos, se pencha en avant et remit copieusement tout ce que son estomac contenait encore. Quand elle se redressa, elle sentit deux mains fermes sur ses épaules. Elle ne bougea pas, retenant sa respiration.

"- Ça va mieux ? Tu vas pouvoir marcher ?"

Elle acquiesça doucement, attendant qu'il la lâchât.

"- Bon, alors allons-y."

Il se mit en route et Julia lui emboîta le pas. Ils marchèrent pendant longtemps en silence, la fillette gardant une certaine distance pour éviter qu'il ne vît qu'elle souffrait le martyre. Tout son corps était douloureux, son visage surtout, à cause de sa joue droite qui lui donnait l'impression de ne plus vouloir s'arrêter d'enfler. Elle commençait à voir des étoiles dans son champ de vision. Au début, elles étaient noires, puis elles prirent des couleurs, c'était très joli. Quand Julia tenta de les attraper, elle entendit une voix lointaine qui s'adressait à elle.

"- Julia ! Julia !"

Elle ouvrit les yeux en se demandant depuis combien de temps elle les avait fermés, et fut forcée de constater qu'elle s'était écroulée sur le sol.

"- Je ne savais pas que tu étais si faible, il fallait me dire que tu ne pouvais pas suivre !"

"- Je suis désolée, monsieur Lupin," dit-elle tandis qu'il l'aidait à s'asseoir.

"- Allons, ce n'est pas grave."

Il se tint accroupi à côté d'elle pendant un instant, l'observant. Julia détourna le regard, gênée. Puis elle sursauta alors qu'il approchait la main de son visage. Il suspendit son geste.

"- Tu me laisses jeter un coup d'œil à ta blessure ?" demanda-t-il doucement.

La fillette acquiesça. Avec des gestes lents, il décoinça les cheveux qui s'étaient pris dans le sang coagulé. Julia avait fermé les yeux, sûre à présent qu'elle était entre des mains expertes.

"- C'est incroyable," murmura-t-il au bout d'un moment.

"- Quoi ?" demanda-t-elle en ouvrant les yeux. "Il y a un problème ?"

"- Non, ce n'est pas un problème, en fait, mais…"

Il inspira profondément, puis reprit.

"- On n'est plus très loin… Si je te soutiens, tu pourras marcher ?"

"- Je pense, oui."

"- Alors en route."

Il l'aida à se relever et lui prit fermement la main pour avancer, adaptant son rythme à celui de la fillette. La petite escapade qu'elle avait effectuée dans les étoiles de l'inconscience lui avait donné des forces pour quelques minutes. Ces minutes passées, la douleur revint, dure, assourdissante. Julia ne put retenir ses larmes qui commencèrent à couler, silencieuses. Elle s'accrocha plus fort à la main qui la soutenait, sa vue étant devenue trop floue. Enfin, ils atteignirent ce qu'elle distingua être une petite cabane. Remus Lupin l'entraîna à l'intérieur et la fit s'asseoir. Tandis qu'il refermait la porte, elle essuya vivement ses larmes et examina la pièce. Ce n'était pas accueillant, la cabane semblait inhabitée, et les meubles semblaient sur le point de se briser. Julia eut un frisson. L'homme loup-garou vint s'asseoir en face d'elle. Ses yeux contrastaient avec toute sa personne qui donnait l'impression d'avoir vieilli trop vite. La lueur dorée de ses iris exprimait beaucoup de douceur. La fillette se sentit plus rassurée.

"- Je sais que ça doit être extrêmement douloureux," dit-il, "mais je dois d'abord vérifier quelque chose."

Julia acquiesça. Il quitta la pièce pendant quelques instants, puis revint avec un bout de bois joliment taillé dans les mains.

"- Je voudrais que tu utilises ceci."

"- Qu'est-ce que je dois en faire ?" demanda-t-elle en prenant l'objet qu'il lui tendait.

Pour toute réponse, il renversa un vieux vase qui éclata au sol.

"- Tu me le répares ?" dit-il.

Julia se demanda si finalement, l'homme qui se tenait en face d'elle n'était pas tout simplement fou.

"- Comment ?"

"- Alors, tu dois dire « Reparo », imaginer que le vase est intact et pointer cette baguette vers les débris. Le tout en même temps."

Malgré la douleur lancinante dans sa joue, Julia trouva cela amusant en fait. Elle décida d'essayer.

"- Reparo !" dit-elle en souhaitant vraiment voir le vase se recomposer.

Et c'est ce qui se passa. Les morceaux de porcelaine se recollèrent les uns aux autres pour reformer le vieux vase. La fillette dévisagea l'adulte d'un air ébahi.

"- Comment avez-vous fait ?" demanda-t-elle. "Je n'ai rien vu ! C'est quoi le truc ?"

Il sourit, visiblement satisfait.

"- Il n'y a aucun truc. Julia, tu es une sorcière. Et très douée qui plus est."

"- Moi, une sorcière ? Ça existe peut-être, puisque vous êtes un loup-garou, mais moi je n'ai pas de pouvoirs magiques…"

"- Et ce que tu viens de faire avec le vase ?"

"- Je peux le faire sans cette… baguette ?"

"- Non, toutes les incantations doivent être focalisées par une baguette magique."

"- Alors, ce n'est pas moi qui ai les pouvoirs, c'est la baguette…"

"- Tous les sorciers ont besoin d'une baguette. Celle-ci, c'est la mienne."

"- Vous êtes un sorcier ? Mais vous avez dit que vous étiez un loup-garou…"

"- L'un n'empêche pas l'autre. Un Moldu peut être aussi un loup-garou."

"- Un Moldu ? Qu'est-ce que c'est ?"

"- Ce sont les gens qui n'ont pas de pouvoirs magiques. Mais je t'expliquerai tout ça après t'avoir soignée."

"- Pourquoi vouliez-vous d'abord vérifier si j'étais une sorcière ?"

"- Parce que cela expliquerait pourquoi tu ne t'es pas transformée en loup-garou après ma morsure."

"- Mais vous avez dit que les deux étaient possibles…"

Remus Lupin arrêta tout mouvement et lui jeta un regard exaspéré.

"- Julia, tais-toi et écoute. Et surtout, ne bouge plus, sinon je pourrais aggraver la plaie. Je ne suis pas un guérisseur…"

La fillette acquiesça, un peu perdue, voulant savoir ce qu'il avait l'intention de faire, mais n'osant plus dire un mot. L'adulte avait pris sa baguette en main, et il la pointait vers la joue de Julia. Il prononça des mots incompréhensibles, et elle vit une lumière orangée sortir du bout de la baguette pour atteindre sa joue meurtrie. Quelques secondes plus tard, la douleur s'était apaisée. La fillette porta la main à sa joue. La blessure était toujours là, mais c'était juste une grosse griffe, plus de sang ni d'hématome.

"- Bon, maintenant, je m'explique," reprit l'adulte. "Quand je t'ai mordue, en tant que loup-garou, je t'ai d'abord vue te tordre de douleur. Puis tu as hurlé, et un éclair de lumière est sorti de ta joue, de la morsure. Ça m'a assommé. Quand j'ai repris conscience, je m'étais retransformé."

Julia ne fit aucun commentaire, de peur qu'il ne la réprimandât.

"- Ce qui m'a fait penser que ce que tu as fait était un acte de magie est que je n'ai aucun souvenir du moment où j'ai repris forme humaine. La transformation est très douloureuse, mais je n'ai rien senti. Cela prouve que tu es une sorcière très douée, car pour neutraliser un loup-garou à ton âge, il faut beaucoup de puissance. Mais si jamais ç'avait été une coïncidence, je ne pouvais pas prendre le risque de révéler à une jeune Moldue l'existence de la communauté des sorciers. Je devais donc vérifier avant de te soigner ouvertement."

Il se tut et la regarda, l'air curieux. Julia soutint son regard, fascinée par la couleur de ses yeux doux.

"- Tu n'as plus de questions ?"

"- Si, mais vous m'avez dit de me taire…"

Il éclata de rire. La fillette fronça les sourcils, agacée par la réaction bizarre de l'adulte.

"- Qu'est-ce qui vous fait rire ?"

"- Excuse-moi," dit-il en reprenant son souffle à grand peine. "Je te promets que je ne me moque pas de toi. C'est juste que… ça faisait longtemps que je n'avais pas discuté avec quelqu'un d'aussi spontané."

Son sourire triste réapparut. Ne souhaitant plus être comparée à quelqu'un d'autre, Julia reprit la parole.

"- Comment ça se fait que je suis une sorcière ? Mes parents ne l'étaient pas…"

"- Ça arrive."

Et ils discutèrent du monde sorcier toute la matinée, faisant plus ample connaissance par la même occasion.

"- Bon," dit le lycanthrope en consultant sa montre, "il est temps que tu retournes à l'orphelinat."

"- Oui. Quand pourrais-je vous revoir, monsieur Lupin ?"

"- Il y a une condition pour qu'on se revoie," répondit-il d'un air malicieux, "appelle-moi par mon prénom."

"- D'accord Remus," répliqua-t-elle, pas effarouchée. "Mais quand ?"

"- Je t'enverrai un hibou, ça te va ?"

"- Oh oui !" s'exclama-t-elle enthousiaste. "Et je pourrai répondre par hibou aussi ?"

"- Bien sûr," dit-il en la raccompagnant à la porte. "Allez, à bientôt Miss !"

"- À bientôt, Remus !"

Julia s'éloigna de la cabane en faisant un grand signe à celui qui venait de transformer sa vie monotone en un véritable conte de fées, puis elle s'en fût en courant.

§XXXXXXX§

Non, ce n'était pas par hasard qu'elle avait rencontré Remus cette nuit-là. La voix dans sa tête avait commencé à lui parler juste avant.

"- C'est quand j'ai inconsciemment repoussé le loup-garou," déclara-t-elle à Dumbledore.

Elle n'arrivait toujours pas à associer la bête à l'homme qu'elle connaissait, et elle trouvait tout-à-fait normal d'en parler comme d'une entité parfaitement distincte.

"- En êtes-vous sûre ?" demanda le directeur.

"- Il a dû se passer quelque chose à ce moment-là. D'après Remus, la morsure était assez profonde pour que je me transforme à mon tour. Je me souviens d'avoir senti comme du feu se répandre dans tout mon corps, puis tout a disparu et ma joue m'a fait atrocement mal."

"- Vous avez rejeté le venin du loup-garou."

"- Oui, je sais. Mais ce que j'ignore, c'est comment."

Le silence s'installa, tandis que Julia réfléchissait à ce comment.

"- Vous devez le refaire," affirma-t-elle après un moment.

Dumbledore la fixa par-dessus ses lunettes en demi-lune. Son regard ne pétillait plus, il était on ne peut plus sérieux.

"- Je vous ai déjà dit que c'était impossible."

"- C'est certainement tout sauf impossible !" s'emporta la jeune femme.

"- Je le reconnais, mais c'est bien trop dangereux," répondit calmement le directeur.

"- Je ne suis plus une enfant ! J'ai le droit de savoir pourquoi je suis comme ça !"

Dumbledore la regarda encore plus attentivement, en silence. Julia tremblait presque de rage. Elle en avait assez qu'on la surveillât, qu'on la protégeât, qu'on lui interdît de prendre sa vie en main. Le directeur reprit la parole.

"- En effet, Julia, vous n'êtes plus une enfant. Mais quand je parlais de danger, c'était pour vous comme pour moi."

La colère de la jeune femme s'évapora.

"- Pour vous aussi," dit-elle d'une voix sourde. "Mais quel danger ?"

"- Je ne saurai vous le dire avec précision. Il y a une force en vous qui semble refuser le fait que j'accède à certains de vos souvenirs, et elle s'était déjà manifestée lors de notre dernier contact mental."

Julia se souvint de ce que Remus lui avait dit à propos de son aura qui semblait ne pas lui appartenir. Elle soupira.

"- C'est une épée de Damoclès que j'ai au-dessus de la tête. La vérité sur ma propre existence contre ma vie, voire une autre."

"- Je n'irai pas jusqu'à dire cela. Peut-être que ce ne sera pas si radical."

Il regarda la bassine aux runes étranges. Julia ne savait pas quoi dire. Dumbledore était loin d'être le sorcier tout-puissant qu'on avait coutume de dépeindre. Après un moment, il porta le bout de sa baguette à sa tempe. Quand il l'éloigna, un fil argenté suivit le mouvement jusqu'à se décrocher de la tête de Dumbledore et prendre au bout de la baguette. Puis le directeur plongea le fil dans la bassine. Julia était trop petite pour voir se qui se passait à l'intérieur de l'objet insolite. Dumbledore répéta son petit manège plusieurs fois, puis regarda de nouveau Julia.

"- Je suis prêt à faire une autre tentative. Mais entendons-nous bien, si je sens encore la présence de cette force, je couperai tout de suite le lien."

"- Très bien. Et… merci."

"- Je vous en prie. Attention, à trois. Une, deux, trois, Legilimens !"

Comme à chaque fois, un voile se leva devant les yeux de la jeune femme. Toujours consciente, elle guida Dumbledore vers le souvenir creux, le plus important parmi tant d'autres. Elle revit les yeux noirs, la bête, les crocs près de son visage. La terreur qu'elle avait ressentie à l'époque s'empara d'elle à nouveau. Puis vint la douleur qui s'insinua dans tout son corps. Julia hurla avec toute la force qui lui restait.

Note de l'auteur:

Je sais, ça devient une habitude... Je veux juste signaler que je sais bien que le terme "venin du loup-garou" n'est pas vraiment approprié, mais c'est celui que j'ai déjà utilisé dans mon OS "Tempête dans la Monotonie", et je ne vois pas trop quoi mettre d'autre. Si des puristes ont une idée en tête, n'hésitez pas à m'en faire part, mais je préviens que je ne retiendrais l'idée que si elle me plaît, et je ne ferai pas de modification dans cette fic-ci pour rester cohérente. Merci de votre compréhension...

Lupin-le-Lycanthrope