Disclaimer: Malgré mon incroyable imagination et mon don inné pour l'écriture, je ne gagne absolument rien sur ces quelques lignes, car elles sont tirées d'une très petite inspiration prenant sa source dans l'univers de JKR...

Remerciements: Ma chère Loufoca, cette correction m'a bien plue, tu as saisi l'essence même des sentiments que je voulais faire passer! J'ai donc rempli ma part du contrat!

Résumé: Après avoir agi comme un automate pendant une journée, Julia a tenté de réparer les choses. Cependant, sa réponse à la lettre de Remus n'a pas tout-à-fait été dans la même ligne de conduite...

RAR:

Snapette: Merci beaucoup. Comme je te l'ai déjà fait savoir, mon Rogue est (enfin j'essaye de le faire être) celui de JKR. Et voici la suite!

Morrigane: Ohlala, je vais devenir toute rouge... Merci infiniment, je suis heureuse que cette histoire te plaise, et que tu en apprécies la forme! Oui, je reconnais que les chamailleries entre filles sont parfois lourdes, mais c'est nécessaire pour définir le caractère de Julia. Tu auras remarqué qu'il y a un monde de différence entre ce qu'elle est et ce qu'elle pense être! Pour le suspense, j'avoue, il va encore s'accroître de chapitre en chapitre! Alors plus vite tu lis, plus vite tu sais! Quoique... Niark niark niark...

Harana: Oui, j'adore décrire les réactions de cette façon, comment dire, cinématographique! J'imagine tellement bien les choses que la plupart du temps, je trouve les mots pour le retransmettre. Et je suis contente que ça passe! Dumbledore, Pamela, mais qu'est-ce que c'est que ça, on veut savoir la suite à l'avance? Je ne dirai rien, si ce n'est: Bonne lecture!

Seconde Chance

Chapitre 11 Mise au Point

"- Où vas-tu, Julia ?"

La jeune femme venait de se lever d'un des fauteuils de la salle commune. Après être revenue de la volière, elle s'était confortablement installée, et donnait des conseils de-ci, de-là à ses trois camarades de chambre qui finissaient leurs devoirs. Puis, elle avait vu l'heure.

"- Déjeuner, pourquoi ?"

"- Tu ne nous attends pas ?"

Julia se demanda un instant si Victoria n'avait pas décidé de prendre le relais de Lucy qui ne parlait plus depuis le début de la matinée.

"- Vous avez bientôt fini ?" s'enquit-elle.

"- Moi oui," répondit Victoria.

"- J'ai encore un problème," dit Kimberley.

"- Alors je vais t'aider, pourquoi tu ne demandes pas ?" reprit Julia.

"- Tu avais l'air de réfléchir à quelque chose d'important, je ne voulais pas te déranger."

"- C'est gentil de ta part. Lucy ?"

L'interpellée ne releva pas la tête, mais Julia ne prit pas la peine de l'appeler de nouveau. Lucy n'était pas sourde, si elle voulait faire la tête, c'était son problème.

"- Bon, montre-moi ce qui ne va pas, Kim."

Tandis qu'elle expliquait le principe de la potion d'Insensibilité, Julia aperçut Lucy qui l'observait du coin de l'œil. Pendant le laps de temps que durèrent les nombreux artifices que Julia utilisa pour faire admettre à Kimberley les différentes étapes de composition de la potion, Victoria termina son propre devoir.

"- Voilà, tu as tout compris, cette fois ?" demanda Julia.

"- Oui, merci," répondit Kimberley. "D'habitude, je n'ai pas tant de mal à saisir."

Elle haussa les épaules.

"- Mais comme tu le dis si bien," reprit-elle, "on a tous des hauts et des bas."

Julia acquiesça.

"- Allons déjeuner."

"- Tu as vraiment faim aujourd'hui !" remarqua Victoria, perspicace. "Tu te rattrapes d'hier ?"

"- En quelque sorte…"

"- Tu viens, Lucy ?" demanda Kimberley.

"- Non, je n'ai pas faim," dit Lucy sans les regarder.

Julia fronça les sourcils quand elle vit les yeux de Victoria passer alternativement de Lucy à elle.

"- Qu'est-ce qui te prend ?" s'enquit-elle, agacée.

"- Je me demandais si vous n'aviez pas échangé vos corps…"

Victoria souriait, et sa remarque fit également sourire Kimberley. Lucy ne bronchait toujours pas. Julia se dirigea lentement vers la sortie de la selle commune. Les deux autres la rejoignirent, et elles se rendirent à la Grande Salle.

"- Qu'est-ce qu'elle a, Lucy ?" s'enquit Kimberley.

"- Elle boude parce que Julia lui a crié dessus," répondit Victoria.

"- Pourquoi tu lui as crié dessus ?"

"- Je l'ai remise à sa place, elle fait des enfantillages," dit Julia d'un ton dur et froid.

Kimberley ne fit pas d'autre commentaire, ce qui facilita les choses à Julia. Elle n'avait aucune envie d'expliquer les tenants et aboutissants de la situation actuelle. Lucy devenait vraiment trop protectrice. Julia ne l'avait pas attendue pour se prendre en main. Elle jugeait qu'elle avait fait preuve d'assez de patience envers sa camarade. De toutes façons, avec le renvoi qui pendait au-dessus de sa tête, Julia considérait que cela ne valait plus la peine de faire des concessions. Le silence qui s'était installé entre les trois jeunes femmes perdura pendant le déjeuner. Julia, ignorant royalement ses deux camarades, jetait régulièrement un coup d'œil à la table des Serdaigle. Fabian n'était pas encore arrivé. Victoria et Kimberley avaient recommencé à parler. Écoutant d'une oreille distraite leur conversation, Julia mangeait doucement. Sa viande décida alors de lui faire des misères. La jeune femme dut s'acharner pendant environ cinq minutes pour parvenir à en découper un morceau. Fichu nerf ! Quand elle releva la tête, elle constata que Fabian déjeunait avec ses trois amis. Elle vida alors rapidement son assiette et se leva de table.

"- À plus tard," lança-t-elle à l'adresse des deux autres qui lui répondirent par un petit signe.

Elle sortit de la Grande Salle et attendit patiemment dans le hall. Les élèves allaient et venaient en groupe, discutant de tout et de rien, insouciants en quelque sorte. Julia les observait discrètement, ne se souvenant pas avoir jamais été comme eux. Bientôt, Fabian la rejoignit. Elle le regarda pendant un moment, et il lui sourit. Il avait un sourire vraiment magnifique, mais Julia savait qu'il ne lui était pas réservé. Elle se mit en route, et il la suivit, silencieux. Ils sortirent du château et traversèrent doucement le parc jusqu'au lac près duquel ils s'assirent.

"- Ça te va, ici ?" demanda alors Julia.

"- Oui, c'est très bien," répondit Fabian.

La jeune femme ne regardait pas son compagnon. Elle savait que si elle tournait les yeux vers lui, il pourrait y voir toutes les émotions contradictoires qu'elle ressentait. Elle se contentait donc de fixer l'horizon devant elle.

"- Comment s'est passée ta matinée ?" s'enquit Fabian.

"- J'ai essayé de mettre de l'ordre dans ma tête."

Au lieu de lui demander à quelles conclusions elle était parvenue, il garda un instant le silence.

"- Moi aussi," dit-il enfin. "Julia ?"

Elle réagit automatiquement à la mention de son prénom avant d'avoir pu s'en empêcher et tourna la tête. Elle baissa rapidement les yeux, mais il appuya son doigt sous on menton et l'obligea à plonger dans son regard turquoise si expressif.

"- Je suis désolé."

"- Mais… pourquoi ?" dit-elle en se dégageant.

Il haussa les épaules en soupirant.

"- J'aurais dû apprendre à mieux te connaître avant d'envisager quelque chose de plus sérieux."

"- Je porte autant cette faute que toi."

"- Non, c'est moi qui ai demandé à te voir en premier lieu."

"- Ça ne change rien à ma part de responsabilité. Il faut être deux pour prendre ce genre de décision."

Il regarda au loin, comme pour chercher l'inspiration d'un autre argument.

"- Tu as raison," avoua-t-il. "J'ai essayé de m'en convaincre, mais je devais t'entendre le dire pour en être persuadé, je crois."

Julia acquiesça doucement. Elle savait ce qu'il en était, elle avait donc très vite résolu ce problème de mauvaise conscience. C'était une toute autre chose qui avait occupé son esprit pendant la majeure partie de la matinée. Si jamais elle était renvoyée, ce qui serait probablement le cas, on briserait sa baguette et elle ne pourrait plus jamais exercer la magie. Sachant pertinemment que le monde Moldu était aussi rapace que le monde Sorcier, et n'ayant aucune formation dans les métiers moldus, elle se retrouverait rapidement à la rue. Sa seule perspective d'avenir, et elle répugnait à l'admettre, serait de rejoindre Voldemort. Il lui avait fallu toute la matinée pour oser envisager cette solution. À présent, son esprit de Serpentard était en train de faire germer cette idée.

« Fais du chantage à Dumbledore ! » lui glissa la voix dans sa tête.

Julia réfléchit un instant à la proposition. Dumbledore avait effectivement dit à McGonagall que la jeune femme était un futur membre de l'Ordre. Elle pourrait donc obliger le directeur à la garder dans l'école jusqu'à la fin de l'année, sous peine d'aider Voldemort avec les quelques informations qu'elle possédait et ses talents récemment révélés en magie noire. Pourtant…

« Remus m'a dit de me tenir à carreau avec Dumbledore…, » répliqua-t-elle.

« Tiens, tiens, ce qu'a dit Remus t'intéresse, maintenant ? »

Julia ne dit rien. C'était l'autre sujet qui avait taraudé sa conscience toute la matinée, et dont elle n'avait toujours pas réussi à se débarrasser. La réaction qu'elle avait eue après la lecture de la dernière lettre de Remus était absolument non justifiée. Il avait simplement essayé de l'aider, agissant comme un professeur dans l'intérêt de son élève. Peut-être même comme un ami… La jeune femme regrettait amèrement la réponse qu'elle lui avait envoyée.

« Oui, ça m'intéresse, il a toujours été de bon conseil, » finit-elle par dire pour clouer le bec à la voix.

"- Julia ?" appela Fabian.

"- Hm ?"

"- À quoi penses-tu ?"

"- Rien de particulier."

"- Ce rien doit être très important pour que tu le retournes autant dans ta tête."

Julia se tourna pour être totalement face à Fabian, assise en tailleur dans l'herbe encore mouillée des pluies de la semaine. Elle le regarda droit dans les yeux, s'accrochant aux iris turquoise, cherchant à savoir ce qu'il pensait. Elle repensa au Cristal de Lune, et regretta de ne pas le porter sur elle avant de se dire que ç'aurait été déloyal. De toutes façons, elle ne savait pas s'en servir, et ignorait ce dont il était capable.

"- Tu es très perspicace," dit-elle sans lâcher Fabian du regard.

"- Merci, mais il est évident que tu es préoccupée. Quelque chose ne va pas ?"

En effet, quelque chose, et même un tas de choses n'allaient pas. Mais en digne Serpentard qu'elle était, Julia trouva une échappatoire.

"- Ça ira mieux demain."

Il acquiesça, comme s'il avait entièrement compris. Il la connaissait si mal… Remus ne se serait pas laissé prendre avec ce genre de banalité. Mais le lycanthrope était le seul à vraiment la connaître. Il l'avait toujours protégée depuis leur première rencontre, et elle avait simplement voulu lui rendre la pareille, mais c'était loin d'être une réussite. La jeune femme frissonna de regret. Alors, Fabian fit une chose tout-à-fait inattendue. Il se leva et se rassit derrière elle, puis l'entoura de ses bras.

"- Tu as moins froid, comme ça ?" lui glissa-t-il à l'oreille.

Elle hocha la tête en signe d'assentiment. Elle ne pouvait rêver mieux, mais elle ne savait que trop bien qu'elle n'était pas à sa place. Un malaise s'empara d'elle peu à peu. Elle commençait à réaliser toute l'ampleur de l'attitude qu'elle avait choisie d'adopter sept ans auparavant. Elle s'était tout bonnement condamnée à vivre en solitaire toute sa vie, ne supportant la compagnie des autres que de façon très limitée, ne pouvant accepter aucune forme d'amitié, ne pouvant même pas espérer plus. Cette prise de conscience la secoua si fort que la tête lui tourna au point de voir des étoiles noires à la limite de son champ de vision. Elle se sentit comme privée d'oxygène et se mit à suffoquer.

"- Julia ! Qu'est-ce que tu as ?"

La voix de Fabian lui parvenait de très loin, comme si elle avait porté un casque presque insonorisé. Sa vue était brouillée au point de ne quasiment plus rien voir. Elle avait froid, tellement froid…

§XXXXXXX§

Il lui souriait, de ce genre de sourire qu'on utilise pour rassurer quelqu'un. Mais doucement, presque imperceptiblement, son visage se contracta, exprimant une douleur insoutenable. Et pendant ce temps, il tombait. Elle voyait sa détresse, mais elle ne pouvait pas bouger. Il lui sembla que le temps était suspendu, et qu'il allait tomber indéfiniment. Pourtant, il atteignit soudain le sol, et elle parvint à se précipiter vers lui. Il s'était écroulé face contre terre. Elle s'agenouilla près de lui, le retourna doucement, et le positionna de telle sorte qu'il avait le buste sur ses genoux, la tête contre son ventre, et elle le tenait dans ses bras. Il ouvrit péniblement les yeux et dirigea son regard vers elle. Il était doux, comme toujours. Elle sentit ses propres yeux piquer, mais soutint son regard. Il sourit, du sourire qu'il lui réservait, et elle lui rendit celui qu'elle n'utilisait qu'envers lui. Alors, il ferma les yeux, doucement, et elle sentit qu'il s'affaissait.

§XXXXXXX§

"- Nooon !"

"- Julia !"

La jeune femme ouvrit les yeux. Elle était ruisselante de sueur et submergée par une douleur indicible. Mais elle trouva quand même l'énergie nécessaire pour s'arracher au sol sur lequel elle était tombée et se mettre debout.

"- Julia, dis-moi ce qui ne va pas," supplia Fabian.

Elle le regarda d'abord sans le voir, puis fixa le sol et murmura comme pour elle-même :

"- Remus est mort…"

"- Quoi ?"

Elle releva les yeux. La douleur commençait à diminuer.

"- Remus est mort," répéta-t-elle, "je l'ai vu…"

Fabian fronça les sourcils.

"- Julia, il ne s'est rien passé, tu as juste perdu conscience pendant quelques minutes…"

La jeune femme reprenait peu à peu pied dans la réalité. Elle était dans le parc avec Fabian, et elle avait encore eu une crise inattendue. Mais que se passait-il donc ? Son cycle de douleur mille fois maudit s'en était toujours tenu à suivre la Lune, et voilà qu'à trois reprises, il dérogeait à la règle, ajoutant cette fois une hallucination plus réelle que la réalité elle-même.

"- Qui est Remus ?" demanda Fabian.

Julia hésita avant de répondre. C'était une question qu'elle se posait elle-même, mais pas tout-à-fait avec la même signification que le jeune homme. Dans son échelle de valeur, qui était Remus ?

"- Un ami," dit-elle.

"- Il a des problèmes ?"

"- Pas que je sache."

"- Alors ne t'en fais pas pour lui, tu as rêvé…"

Elle hocha doucement la tête. Il n'y avait en elle plus trace de douleur, si ce n'était une grande fatigue. Elle se tourna face au lac et contempla la nature qui s'étendait devant elle. Fabian vint se placer à côté d'elle et posa les mains sur ses épaules. Elle regretta aussitôt ce contact. Il lui rappelait sa première rencontre avec Remus. Elle s'en souvenait parfaitement car ç'avait été la seule fois en sept ans. Mais ne voulant pas froisser le jeune homme, elle supporta ce geste d'amitié et de soutien dont elle ne voulait pas. Le malaise qu'elle éprouvait à rester avec Fabian grandissait, comme si une force répulsive s'installait entre eux, et qu'elle fût la seule à s'en rendre compte.

"- Pourquoi t'es-tu enfuie dans la forêt ?" demanda inopinément le jeune homme.

Julia réfléchit. Elle ne connaissait pas la réponse elle-même. Un instinct avait dirigé ses pas alors qu'elle ne savait plus où elle en était. Mais comme à son habitude, la jeune femme inventa un mensonge avec une part de vérité.

"- Pour m'isoler et reprendre mes esprits. Comme tu l'as certainement compris, je n'étais plus tout-à-fait moi-même ces derniers jours…"

"- Je le reconnais, même s'il m'a fallu du temps pour l'admettre," dit-il en la lâchant.

"- Je peux le comprendre."

"- Merci. Tu vas mieux ?"

"- Oui, ça va."

Fabian se plaça face à elle et l'observa.

"- Tu as les traits tirés," dit-il. "Tu devrais te reposer."

"- Mais…"

"- On pourra encore se voir plus tard, ne t'inquiète pas."

"- Tu es sûr ?"

"- Mais oui. Allez, rentrons, il commence à faire noir."

Julia acquiesça et ils repartirent en direction du château. Le silence du retour était oppressant. La jeune femme ne comprenait pas ce qu'avait cherché Fabian en demandant à passer l'après-midi ensemble. Ils avaient à peine parlé, comme si tous leurs intérêts communs avaient disparus avec leur pseudo-relation. Le jeune homme avait beau dire qu'ils se reverraient plus tard, Julia avait le sentiment que c'était la dernière fois qu'ils échangeaient quoi que ce fût. Ils arrivèrent dans le hall, et se quittèrent. Julia prit d'abord la direction du sous-sol, puis, alors que le bruit des pas de Fabian s'était éteint, elle rebroussa chemin et repartit vers l'infirmerie. Elle ne voulait pas passer un seul instant avec les autres avant sa crise mensuelle. Elle s'y était toujours préparée seule, à l'image du mode de vie qu'elle avait choisi de suivre. C'en était presque devenu un rituel, dont les préliminaires ne variaient pas. Le changement dans ses habitudes avait été seule cause de l'écart qu'elle avait fait le mois précédent. Mais cette fois, il n'y aurait pas d'écart. Agir de la sorte lui donnait l'impression de pouvoir renouer avec son passé encore tout proche, fait de paix et de solitude. Elle savait que rien ne serait jamais plus comme avant, trop de choses s'étaient produites pour faire comme si elles pouvaient être ignorées ou effacées. Mais pour cette nuit, elle avait besoin de cette illusion de réconfort, et elle comptait bien en abuser. La jeune femme pénétra doucement dans l'infirmerie. Curieusement, tous les lits étaient vides. Mme Pomfresh, ayant détecté la présence de Julia, fit son apparition.

"- Ah, Miss McGregor !" s'exclama-t-elle. "Contente de voir que vous allez être raisonnable, cette fois-ci."

La jeune femme acquiesça.

"- Pamela Carter n'est plus ici ?"

"- Non, elle s'est remise dans le courant de la journée et est retournée avec les autres."

"- Cela vaut peut-être mieux…," murmura Julia.

L'infirmière hocha la tête, choisissant de ne faire aucun commentaire. Après un court silence dans lequel Julia commençait à s'abîmer, Mme Pomfresh reprit la parole.

"- Voulez-vous que nous nous occupions des formalités tout de suite ?"

La jeune femme revint sur terre l'espace d'un instant. Elle aurait toute la soirée pour penser.

"- Oui," dit-elle. "Allez-y."

"- Très bien, ne bougez plus. Silencio."

Julia sentit ses cordes vocales se paralyser une fraction de seconde, puis redevenir normales. De cette façon, elle pourrait hurler de douleur aussi fort qu'elle le voudrait, personne ne l'entendrait.

"- Venez," reprit l'infirmière, "je vous ai préparé un lit."

Julia la suivit docilement jusqu'au lit situé derrière le paravent.

"- Voilà," conclut Mme Pomfresh. "Avez-vous besoin de quelque chose ?"

La jeune femme fit non de la tête et sourit faiblement en signe de gratitude.

"- Bon, si vous changez d'avis, vous savez comment m'appeler. Je vous laisse."

Et elle retourna à son bureau. Julia s'assit sur le lit. Elle se sentait tellement lasse. Elle était rongée par le remord sans pour autant regretter ses actes, mais simplement leurs conséquences. Un tas de choses se bousculaient dans sa tête, et finalement, elle ne voyait qu'une seule solution pour ne plus y penser consciemment. Elle devait dormir, sa seule échappatoire était le sommeil. Alors elle s'allongea sur le lit sans prendre la peine de le défaire, ni de se déshabiller. Ses paupières s'alourdirent rapidement, et elle sombra dans le pays des songes.

§XXXXXXX§

"- Tu as tout gâché !"

"- Ce n'est pas vrai !"

"- J'avais placé ma confiance en toi ! La meilleure élève qu'un professeur puisse avoir ! Détachée de toutes les basses considérations infantiles, adulte avant l'heure… Du moins, c'est ce que je croyais, avant cette lettre !"

Remus Lupin brandit le parchemin que Julia avait écrit dans un accès de fureur.

"- C'était une erreur !" s'exclama-t-elle.

"- Oui, une erreur de t'estimer !"

"- Non ! Je voulais vous protéger, vous ne comprenez pas…"

"- Me protéger de quoi ? TU es l'élève, ce n'est pas à toi d'agir de la sorte !"

"- J'étais en colère, je suis désolée…"

"- Imperfection !"

"- Comment serais-je parfaite ?"

"- Tu l'étais ! Tu as changé…"

"- On m'a forcée à m'adapter !"

"- Tu aurais dû résister !"

"- Impossible !"

"- Je me suis donc bel et bien trompé."

"- Non ! Je vais redevenir comme avant…"

"- C'est trop tard…"

Il s'éloignait, imperceptiblement.

"- Non ! Pitié, ne m'abandonnez pas…"

Mais il ne répondait plus, il lui tournait le dos.

"- Remus ! J'ai peur…"

L'écho reprit ses paroles et les répéta mille fois. Il faisait noir, mais elle voyait distinctement ce noir. Il faisait froid également. Julia resta immobile et silencieuse. Soudain, un spot s'alluma dans le ciel et l'éblouit. Quand ses yeux se furent habitués à la lumière, elle regarda le spot. Elle détourna rapidement les yeux, c'était la Pleine Lune. Mortifiée, elle scruta les alentours. Remus avait disparu, mais il n'allait pas tarder à revenir. Et elle redoutait cet instant plus que tout autre. Soudain, deux grands yeux noirs emplirent son champ de vision. La douleur prit possession d'elle presque aussitôt. Julia hurla…

§XXXXXXX§

Elle avait mal partout, et tout son corps était trempé de sueur. Elle avait froid et ne pouvait contrôler le tremblement qui la parcourait. Elle entendit des voix sourdes.

"- C'est la pire crise qu'elle ait jamais eue, Monsieur le Directeur."

"- Je le vois, Pompom. Mais je suis impuissant, je ne sais rien sur le mal qui la ronge ainsi."

Julia se battit avec ses paupières pour ouvrir els yeux. Elles étaient tellement lourdes…

"- Regardez," dit la voix de l'infirmière.

Un court silence. La jeune femme avait beau lutter, elle ne parvenait pas à prendre le dessus.

"- Miss McGregor ?"

Elle finit par reconnaître la voix de Dumbledore. La douceur dont elle était empreinte sonnait pourtant bizarrement.

"- Julia ?"

Encore un petit effort, et elle y arriverait.

"- Prenez votre temps, Julia, je ne suis pas pressé."

Elle savait qu'il parlait pour l'aider à maintenir le contact avec la réalité. Enfin, elle parvint à ouvrir les yeux. Le directeur et l'infirmière étaient près d'elle, debout de part et d'autre du lit. Dumbledore hocha doucement la tête et Mme Pomfresh s'éclipsa.

"- Vous sentez-vous en état de parler ?" demanda le directeur.

"- Oui," répondit faiblement Julia.

Sa voix était extrêmement rauque. La première fois, la jeune femme avait appris à ses dépends que le Silencio annulait seulement le son, pas les efforts faits pour hurler. Le résultat restait donc inchangé : elle ne pouvait plus émettre un son sans forcer sur ses cordes vocales.

"- Très bien," dit Dumbledore. "J'ai besoin de connaître votre version des faits pour l'accident, ainsi que ce que vous avez fait pendant tout ce temps dans la forêt, Miss McGregor."

Julia raconta sans réticence mais sans détails inutiles. Quelle importance, après tout ?

"- Bon, j'en sais assez," dit Dumbledore quand elle eut fini son récit. "Je vous conseille de vous reposer, vous êtes dans un état de fatigue plus avancé que vous ne pourriez l'imaginer. Je donnerai à Mme Pomfresh un mot signé de ma main à vous remettre afin qu'aucun professeur ne vous tienne rigueur de votre retard aux cours ce matin."

"- Merci," dit Julia sans grande conviction.

Le directeur s'éloigna vers le bureau de mme Pomfresh. La jeune femme ne se fit pas prier et suivit le conseil de Dumbledore. Ses lourdes paupières ne demandaient qu'à retomber sur ses yeux, et la fièvre qu'elle savait avoir la fit rapidement replonger dans le sommeil.

Quand elle rouvrit les yeux, Julia était loin de se sentir au mieux de sa forme, mais sa fièvre devait être tombée. La jeune femme s'assit péniblement et se donna quelques minutes avant de se lever. Sa robe avait été posée sur une chaise à côté du lit, et elle portait une sorte de pyjama qui semblait être passé par des moments difficiles. En y regardant de plus près, Julia vit du sang sur le bord des manches. Elle examina aussitôt ses mains et constata qu'elle avait dû passer une partie de la nuit à s'enfoncer les ongles dans la peau. Un miroir était à portée de main. Elle hésita un instant, puis l'attrapa et examina son reflet. Des bandages ensanglantés recouvraient une partie de son visage. Elle eut un haut-le-cœur et ne put s'empêcher de remettre le peu de nourriture que son estomac contenait. Reprenant alors le contrôle d'elle-même, elle prit sa baguette qui avait été posée à côté du miroir.

"- Recurvit," souffla-t-elle d'une voix toujours aussi rauque.

Mme Pomfresh arriva au moment où tout disparaissait.

"- Mais ce n'est pas à vous de faire ça !" s'exclama-t-elle. "Si vous croyez que je n'ai pas l'habitude… Oh, mais ça resaigne ! Je vais m'occuper de ça, maintenant que vous êtes consciente, vous ne risquez plus d'ouvrir les plaies, et ce sera cicatrisé d'ici demain."

"- Je me suis fait ça toute seule ?" demanda la jeune femme, abasourdie.

"- Oui."

L'infirmière semblait réticente à donner plus de détails, alors Julia n'insista pas. Elle se laissa soigner, puis s'habilla alors que Mme Pomfresh allait chercher le mot de Dumbledore.

"- Quelle heure est-il ?" s'enquit la jeune femme tandis que l'infirmière lui tendait le billet.

"- Dix heures et demie."

"- Merci. Au revoir."

"- Miss McGregor, si vous avez un quelconque problème durant la journée, vous êtes autorisée à venir ici sans donner d'explications à vos professeurs."

"- Très bien."

Et Julia quitta l'infirmerie avec la ferme intention de ne pas y retourner à moins qu'on ne l'y forçât. Elle se présenta au cours de Potions vingt minutes avant la fin. Avant que Rogue n'eût la possibilité de faire le moindre commentaire, elle lui donna le mot du directeur, et il garda le silence. Julia jeta un coup d'œil à ses condisciples en rejoignant sa place. Elle remarqua que Pamela reprenait les cours en même temps qu'elle-même. Tous les élèves avaient un air légèrement effrayé en la voyant. Elle se dit que sa tête ne devait pas inspirer la confiance en ce lendemain de Nouvelle Lune particulièrement douloureux. La matinée ne la marqua pas beaucoup, elle n'arrivait à se concentrer sur rien. À midi, elle se rendit à la Grande Salle comme tout le monde, mais elle n'avait pas faim. Lucy, qui n'avait rien dit pendant le cours de Rogue qu'elles avaient en commun, s'assit en face d'elle.

"- Julia ?"

"- Oui ?"

"- Je te prie de m'excuser pour mon attitude hier."

"- Je t'excuse."

"- Merci."

Un silence.

"- Tu n'as pas l'air d'aller bien," reprit lucy.

"- En effet."

"- Tu ne veux pas me dire ce qu'il y a ?"

"- Non."

"- Bon. Ton après-midi s'est bien passé, hier ?"

"- Plus ou moins, oui."

"- Nous, on a fait quelques révisions, mais on voit clairement la différence quand tu n'es pas là."

"- Ah oui ?"

"- On n'avance pas."

"- J'en suis navrée."

En vérité, elle s'en fichait un peu, mais il valait mieux ne pas le mentionner. Lucy ne parla plus, ce qui ravît Julia, et le déjeuner se termina dans le silence. L'après-midi fut calme également, et Julia retourna directement dans sa chambre après les cours. De nouveau en proie à la fatigue, elle s'allongea sur son lit après avoir fermé les tentures, et s'endormit aussi vite.

Un hululement de hibou la fit sursauter. L'oiseau était posé sur le bord du lit. Julia détacha l'enveloppe de sa patte, et il repartit. La jeune femme écarta les tentures après son passage, il n'y avait personne dans la chambre. Il faisait déjà noir dehors, elle devait avoir dormi longtemps. Elle ouvrit l'enveloppe, et déplia le parchemin qu'elle contenait. Il avait un en-tête officiel.

« Miss McGregor,

Veuillez vous présenter au bureau du directeur dans les plus brefs délais. Vous n'avez pas besoin de mot de passe, la gargouille vous laissera entrer. »

Julia soupira. Cette fois, elle devait y aller…