Disclaimer: Ce chapitre est un pur produit de mon imagination, sauf que j'utilise des personnages et des cadres de JKR, alors je précise que je ne gagne pas d'argent en le publiant!

Remerciements: Un ban pour Loufoca, la meilleure correctrice de tous les temps!

Résumé: Après être passée dans le bureau de Dumbledore, Julia a été envoyée Square Grimmaurd pour finir son année scolaire. Dans le train, elle s'est racommodée avec Remus, mais le lycanthrope la surveille toujours...

RAR:

Harana: Et oui, plus que six chapitres, et un épilogue! Je dois dire que je suis assez fière de moi pour les descriptions concernant Remus, merci à toi de confirmer! Pour satisfaire ta curiosité quant à la suite, je ne peux que te conseiller de lire!

Snapette: Ton souhait se réalise, Rogue est de retour, fidèle à lui-même! Quant à ce que je vous réserve, tu n'as qu'un moyen de le savoir: lire ce chapitre... et les suivants!

Smitty de Funkadelik: Je suis heureuse que cette partie de l'histoire t'ait plu! Et oui, Julia n'a pas eu une enfance des plus faciles... Pour le message codé, c'est pas grave, tu n'es sûrement pas la seule dans le cas! Et voici donc le chapitre suivant!

Choups: Oui, le flou est ma grande spécialité! Je poste environ tous les mois, mais je ne suis pas régulière, comme tu peux le constater! Bonne lecture, savoure, le prochain n'est pas encore prêt d'arriver!

Seconde Chance

Chapitre 13 Révélations

La vie à Square Grimmaurd était effectivement loin d'être facile. Le soir de son arrivée, Julia avait fait connaissance avec le légendaire Sirius Black.

§XXXXXXX§

Julia sortit de sa chambre et se décida à tenter de retrouver son chemin toute seule. Elle parcourut le dédale de couloirs afin d'en repérer les détails. Mais tandis qu'elle scrutait le plancher, elle vit deux pieds apparaître devant ses yeux. Trop engourdie pour manifester une quelconque surprise, elle releva tranquillement la tête et découvrit un homme aux cheveux longs, au visage fin et au regard vif. La jeune femme fronça les sourcils, faisant appel à sa mémoire qui ne se déciderait donc jamais à fonctionner comme il se devait. Elle connaissait ce visage, mais où donc l'avait-elle vu ? Puis, elle se souvint.

"- Bonjour, monsieur Black."

L'homme qui se tenait devant elle recula d'un pas et fit une courbette exagérée.

"- Flatté que vous me reconnaissiez," dit-il en se relevant. "Mais à qui ai-je donc l'honneur de m'adresser ?"

"- Julia McGregor," répondit la jeune femme en s'inclinant doucement.

"- Enchanté ! Quel joli prénom… mais moins joli que la demoiselle qui le porte…"

"- Merci. Je suis confuse de vous demander cela, monsieur Black, mais…"

"- Une petite minute," l'interrompit-il. "Pour vous, gente demoiselle, ce sera Sirius…"

"- Très bien, mais à condition que vous me tutoyiez et m'appeliez Julia."

"- C'est entendu, Julia. Pardon de t'avoir interrompue, je te prie de continuer…"

"- Merci. En fait, je souhaiterais simplement me rendre à la cuisine, mais…"

"- Hm, l'éternel dédale de la maison des Blacks…"

"- C'est votre maison ?"

"- Oui, mise à disposition comme QG de l'Ordre. Une petite revanche familiale… Mais c'est une longue histoire. Ainsi donc, ma chère Julia, tu cherches la cuisine… Et bien, rendons-nous à la cuisine ! Je crois savoir qu'il y a encore pas mal de bièreaubeurre…"

"- C'est mon élève, Sirius, ne la pervertis pas. De plus, elle est trop jeune pour toi."

Julia sourit de la remarque, nullement offensée.

"- Ah, Remus, tu tombes bien !" reprit Sirius. "Nous allons pouvoir nous rendre tous ensemble à la cuisine pour dîner…"

"- Dîner ?" s'enquit Julia ? "Il est déjà si tard ?"

"- Plus de sept heures, Miss," répondit Remus. "Alors allons-y, comme le suggérait Sirius. Sinon, Molly va encore s'impatienter."

"- Comme toujours," glissa Sirius à l'oreille de Julia.

La jeune femme vit Remus sourire tout en faisant comme s'il n'avait rien entendu. Elle sourit à son tour. Uniquement des adultes, sans rivalités de maison, sans stupides préjugés, le paradis sur terre, en fait…

§XXXXXXX§

Comme elle se trompait lourdement… Les adultes, pour la plupart, étaient de grands enfants. Elle en fit la malheureuse expérience moins d'une semaine après son arrivée, lors de son premier dimanche de cours…

§XXXXXXX§

Alors que Julia prenait tranquillement son petit déjeuner en compagnie de Sirius, le carillon d'entrée retentit.

"- Tu m'excuseras," dit-il, "le devoir m'appelle…"

Julia sourit et acquiesça. Sirius était le seul qui eût réellement accordé de l'importance à la présence de la jeune femme. Les autres membres de l'Ordre étaient uniquement de passage, pour livrer une information, pour une réunion, ou pour la nuit. Et Remus travaillait en horaire décalé : de la journée, il dormait. Julia avait donc appris à connaître l'illustre évadé d'Azkaban, qui s'était révélé être un homme charmant et plein d'humour. Soudain, la jeune femme entendit des éclats de voix. Si Sirius haussait le ton dans le couloir, prenant ainsi le risque de réveiller le portrait de sa mère, alors il se passait sûrement quelque chose. Julia finit d'avaler son petit déjeuner tandis que les malédictions habituelles de Madame Black se déclenchaient et s'arrêtaient presque aussitôt face à l'injonction de son fils. Elle se levait de table quand Sirius reparut… suivi de Rogue.

"- C'est pour toi," lâcha Sirius d'un ton tendu à l'adresse de Julia.

"- Miss McGregor," salua Rogue sur le même ton que son prédécesseur.

"- Professeur," répondit la jeune femme, mal à l'aise.

"- On m'a chargé de continuer à vous dispenser le cours de Potions, et de vous prendre en charge en Astronomie."

Elle acquiesça, ne sachant pas quoi faire d'autre.

"- La cuisine, bien qu'inadéquate, fera l'affaire pour la préparation du Veritaserum," reprit le directeur de Serpentard.

"- Le Veritaserum, Monsieur ? Il faut bien une lunaison pour le faire mûrir ?"

"- C'est exact. Le stock de l'Ordre commence à s'épuiser, et nous sommes à la bonne période pour commencer à en préparer. Le Premier Quart est idéal à cause du croisement entre la Nouvelle et la Pleine Lune."

"- Le Denier Quart a-t-il la même influence ?"

"- Non, mais c'est encore passable. La Nouvelle Lune est à éviter, mais le meilleur moyen de rater cette potion est de la commencer à la Pleine Lune, celle-ci n'étant génératrice que de mauvaises choses."

Julia prit l'insulte à l'encontre de Remus de plein fouet, mais ne broncha pas. Mieux valait ne pas s'attirer d'ennuis. Par contre, Sirius sortit de la cuisine en claquant violemment la porte. Rogue n'y prêta aucune attention et sortit de sa poche un parchemin qu'il tendit à Julia.

"- Vous aurez besoin d'environ une heure et demi pour cette partie de la préparation," dit-il. "Ensuite, nous ferons de l'Astronomie."

La jeune femme acquiesça en prenant le parchemin, puis s'empressa de débarrasser la table. Durant ce laps de temps, Rogue s'était assis et avait sorti un tas de copies d'élèves. Julia s'attabla également, le temps de lire attentivement la procédure afin d'avoir bien en tête les étapes de la préparation. C'était impératif pour une composition qui s'étalait sur un mois. Cela fait, elle releva la tête, regarda le maître des potions qui semblait plongé dans un fastidieux travail de correction, et se décida à s'éclaircir la gorge après deux minutes. Rogue dirigea immédiatement son regard vers elle.

"- Oui, Miss McGregor ?" demanda-t-il, légèrement exaspéré.

Il était vrai que Julia n'avait pas coutume de poser des questions à son cours.

"- Et bien, Monsieur, je me demandais où je pourrais trouver les ingrédients…"

Elle baissa la voix en terminant sa phrase, consciente que sa question, bien qu'essentielle, laissait poindre un peu d'ironie.

"- Demandez à Mr Black, il sait où se trouve la réserve, moi je suis occupé."

Le ton était des plus cassants, mais la jeune femme ne releva pas, et partit en quête de son informateur. Il n'était dans aucune des pièces communes, ni dans sa chambre. Après dix bonnes minutes de recherche, elle dénicha enfin sa cachette : il se trouvait dans la pièce la plus haute avec son hippogriffe. Elle sourit en voyant la créature. Quelle partie de plaisir lorsqu'elle avait vu ce prétentieux de Malefoy dans les bras de Hagrid le jour où Buck l'avait puni pour son impolitesse ! Mais la jeune femme reprit rapidement son sérieux.

"- Sirius ?" demanda-t-elle doucement.

Il ne semblait pas avoir envie d'être dérangé, mais elle interpréta son silence comme une invitation à continuer.

"- Le professeur Rogue…"

"- Peut se garder ses commentaires !" s'exclama Sirius.

Julia ne se laissa pas démonter.

"- … m'a demandé de préparer du Veritaserum. Seulement, je ne sais pas où trouver les ingrédients…"

"- Oh, c'est pour toi…"

"- Oui."

"- Bon, suis-moi."

Il la guida jusqu'au rez-de-chaussée, puis lui montra une porte dérobée, pas très loin de la cuisine.

"- Voilà, tu trouveras tout ce dont tu as besoin ici, c'est Dumbledore qui approvisionne."

"- Merci beaucoup."

"- Pas de quoi. Ça ira avec la chauve-souris ?"

Julia fronça les sourcils avant de comprendre que Sirius parlait de Rogue.

"- Oh, oui oui, j'ai l'habitude, pas de problème."

"- Si jamais il y avait quoi que ce soit, n'hésite pas à m'appeler."

"- Très bien."

La jeune femme se sentit mal à l'aise une fois de plus. Se retrouver au milieu d'une guerre froide n'avait rien de plaisant. À son grand soulagement, Sirius repartit vers les étages alors qu'elle retournait dans la cuisine. Elle avait perdu une bonne vingtaine de minutes, elle devrait donc accélérer la manœuvre sans faire d'erreur. C'était plutôt stressant pour une première fois, mais elle s'en acquitta relativement bien. L'heure et demi passée, Rogue fit le tour de la table pour inspecter les premiers préparatifs.

"- Hm, bien," commenta-t-il. "Vous tâcherez de suivre les instructions correctement durant la semaine à venir."

"- Oui, Monsieur."

"- Bon, passons à l'Astronomie. Avez-vous vos cartes ?"

"- Elles sont dans ma chambre, je vais les chercher."

Julia décida sur le moment qu'elle irait bien plus vite en transplanant, ce qu'elle fit donc. Une fois sur place, elle prit le cahier magique qui contenait toutes ses cartes d'Astronomie et retransplana aussitôt. Rogue lui demanda alors la recherche la plus compliquée qu'elle eût jamais eue à faire. Bientôt, elle occupa la moitié de la table avec ses cartes afin de garder à portée visuelle le maximum d'information. Après dix minutes de consultation laborieuse, elle secoua la tête en signe d'impuissance.

« Tu es une sorcière, oui ou non ? » lui rappela la voix.

« Bien sûr que oui ! » répliqua Julia, énervée.

« Alors, sers-toi de ta baguette ! »

La jeune femme prit son instrument dans sa poche et réfléchit un instant. Comment se simplifier la vie en Astronomie ? Alors, une idée lui vint. Elle pointa sa baguette vers les cartes éparses et commença à les faire voler au-dessus d'elle, en les regroupant par partie du ciel. Puis, tout en les maintenant suspendues, elle en changea les couleurs afin de donner aux étoiles leur éclat réel et de rendre le fond suffisamment foncé et opaque pour oblitérer le décor ambiant. Après quoi, elle superposa les étoiles communes et rassembla le tout en une sphère céleste à échelle variable permettant d'augmenter la précision des parties du ciel à consulter. Elle recula en observant la sphère. Une fois à l'intérieur, il faudrait la faire tourner pour avoir accès à tout, et ce n'était pas pratique. La jeune femme se concentra et fouilla dans les tréfonds de sa mémoire pour trouver une solution. Puis elle tendit sa baguette vers la sphère et inspira profondément. Nulla Gravita était ce qui conviendrait le mieux, mais ç'allait être difficile. Une fois qu'elle l'eût lancé, mentalement pour ne pas attirer l'attention de Rogue, le sort d'anti-gravité commença à imprégner la sphère. Mais ce n'était pas tout, car Julia devait faire en sorte qu'il fût maintenu même avec le changement d'échelle interne. Elle eut l'impression que la stabilisation durait une éternité et lui pompait toute son énergie. Enfin, elle sentit que la sphère supporterait n'importe quelle masse en mouvement et en apesanteur en son sein, et elle baissa sa baguette. Des applaudissements soudain la firent sursauter, et elle se retourna. Sirius et Remus se tenaient dans l'encadrement de la porte et semblaient admirer la sphère. Julia eut un mauvais pressentiment et tourna la tête vers Rogue. Celui-ci observait également la conception de la jeune femme.

"- Julia ?" appela Remus.

"- Oui ?"

"- Puis-je ?" demanda-t-il en désignant la sphère.

"- Heu…, bien sûr."

Le lycanthrope s'approcha et fit mine d'enjamber le bord.

"- Non," dit Julia en lui attrapant le bras. "Il vaut mieux plonger."

Remus la regarda et sourit.

"- Très bien, Miss, c'est toi l'inventeur."

Et il s'exécuta. Il tendit les mains vers l'avant et enfonça ses bras dans la sphère jusqu'à ce qu'ils eussent presque disparu. Alors, il pencha la tête en avant et se donna assez d'élan avec les jambes pour être totalement englouti. De longues minutes commencèrent à s'écouler pour Julia. Le professeur pour lequel elle avait le plus d'estime était en train de tester une de ses inventions normalement destinées à usage personnel. Enfin, il émergea, mais pas de la bonne façon. Ses jambes apparurent beaucoup trop haut. Julia eut le bon réflexe et se plaça rapidement face à l'endroit où le lycanthrope allait tomber, seulement, elle n'avait pas compté avec leur différence de poids. Remus tomba, tenta de se rattraper avec l'aide de Julia, et l'entraîna dans sa chute. La jeune femme s'écroula sur le dos et Remus s'étala de tout son long sur elle. Julia en eut le souffle coupé, ce qui la força à prendre une grande inspiration pour compenser. Elle fut surprise de l'odeur qui emplît ses narines. Son mentor sentait vraiment très bon. Il se releva presque aussitôt.

"- Tu devrais incorporer des panneaux avec les indications « haut » et « bas »," dit-il en lui tendant la main pour l'aider à se relever, un sourire aux lèvres.

"- Ça gâcherait le plaisir de la découverte," répondit-elle en acceptant son aide et en lui rendant son sourire.

"- Alors, Lupin, qu'est-ce que vous en pensez ?" demanda Rogue d'un ton sec.

Remus se tourna vers lui, reprenant son air sérieux.

"- Mis à part le fait qu'il est plus facile d'y entrer que d'en sortir, c'est de loin plus simple et pratique que de consulter les cartes du ciel. J'ai pu largement observer ta constellation," ajouta-t-il à l'attention de Sirius.

"- C'est la plus belle," confirma ce dernier.

"- Bon," coupa Rogue, "Miss McGregor, je vous mets un A pour votre devoir d'Astronomie. Vous aurez un E si vous terminez la recherche dans l'heure."

"- Oui, Monsieur."

"- Mais, Julia, tu te laisses faire ?" s'exclama Sirius. "Rien que pour la conception de cette sphère, elle mérite un O !"

"- Je ne crois pas t'avoir demandé ton avis, Black," dit Rogue d'un ton à glacer le sang. "Mais toujours est-il qu'elle n'a pas fait ce que je lui ai demandé, donc en principe, elle ne mérite rien du tout."

"- Depuis quand tu ne favorises plus tes élèves, Rogue ?" lança Sirius d'un ton méprisant. "C'est quand même une Serpentard, non ?"

Julia jeta un coup d'œil à Remus, mortifiée. Elle n'avait jamais vu des adultes se comporter de cette façon. Mais le lycanthrope ne remarqua pas la détresse de la jeune femme ; toute son attention était retenue par Sirius et Rogue.

"- Nous ne sommes pas à Poudlard," déclara Rogue.

"- Alors elle est devenue une moins que rien à tes yeux, c'est ça ? Parce que ses parents étaient des Moldus, j'imagine…"

"- Tu ne comprends jamais rien, Black, mais il est vrai que le cerveau s'atrophie quand le corps reste enfermé dans l'inactivité…"

Un battement de cils plus tard, Julia vit la baguette de Sirius pointée sur le cou de Rogue tandis que celui-ci dégainait la sienne. La jeune femme plaqua sa main sur sa bouche pour ne pas crier.

"- Allons, allons," dit Remus en s'approchant des deux duellistes, "Sirius, Severus, vous étiez d'accord pour mettre vos différends de côté. Vous aurez tout le loisir de régler vos comptes quand tout sera fini."

Un silence de mort s'abattit sur la pièce. Les deux sorciers semblaient ne pas vouloir céder un iota de terrain à leur adversaire. Les secondes s'écoulèrent, semblables à des heures. Enfin, Sirius recula en remettant sa baguette dans sa poche, et Rogue l'imita. Julia relâcha sa respiration, ne se souvenant pas du moment où elle l'avait retenue.

"- Viens," reprit Remus en s'adressant à Sirius, "laissons Julia travailler."

Ils se dirigèrent vers la porte, mais juste avant de la franchir, Sirius se retourna vers Julia.

"- Peu importe les notes qu'il te met," lui dit-il, "je peux t'assurer que tu es quelqu'un d'extrêmement brillant. Ne te laissa jamais décourager."

"- Comptez sur moi," répondit Julia en souriant timidement.

Il acquiesça. Puis les deux hommes s'en furent, et Julia resta seule avec son professeur furibond.

§XXXXXXX§

Elle avait eu un E à son devoir d'Astronomie, ainsi qu'à tous les autres qu'elle faisait pour Rogue. Mais elle s'en fichait, car elle s'estimait déjà fort chanceuse d'avoir encore la possibilité de faire des devoirs. Un mois s'était écoulé depuis son arrivée, et elle commençait à s'habituer à cette nouvelle vie qui, au final, était plus stable et simple que l'ancienne. À compter du jour de sa dispute avec Rogue, Sirius était devenu le chevalier servant de la jeune femme. Et Julia appréciait la complicité qu'ils avaient développée. Il avait insisté une journée entière pour qu'elle le tutoyât, et elle avait cédé, même s'il lui avait fallu une semaine entière pour ne plus le vouvoyer accidentellement. À présent, ils étaient en train d'aider Molly à préparer le festin de la soirée. Une mission dont Julia n'avait aucune idée avait été accomplie avec un franc succès. L'Ordre se devait donc de fêter cela dignement, et la jeune femme ne voulait absolument pas rater ça.

"- Julia, ma chérie, tu veux bien me passer ce plat à ta droite ?"

"- Tout de suite, Molly."

Au moment où Julia attrapait le plat, Sirius attira son attention et elle éclata de rire. Il avait mis deux ronds de concombre sur ses yeux et une moitié de tomate évidée sur son nez.

"- Sirius, si c'est pour faire des pitreries," dit Molly, "la salle à manger est tout aussi bien…"

Elle avait un air mi-fâché, mi-amusé.

"- Mais Molly, les instruments de mes pitreries sont dans cette cuisine, ainsi que mon meilleur auditoire."

Il fit une de ses courbettes exagérées devant Julia, qui inclina la tête en souriant. Tonks choisit ce moment pour faire irruption.

"- Oh," dit-elle, "je peux vous aider moi, aussi ?"

"- Non, Tonks," répliqua Molly. "D'ailleurs, Sirius est déjà de trop. Retournez avec les autres, tous les deux."

"- Oh, bon, d'accord," dit Sirius en faisant un clin d'œil à Julia.

"- À plus tard," lança la jeune femme tandis qu'ils sortaient.

Quand elles eurent fini de préparer le plus gros du repas, Moly envoya Julia dresser la table.

"- Je m'occupe des fioritures," ajouta-t-elle. "Distrais-les s'ils ne tiennent plus en place."

"- Très bien, à tout de suite."

Julia écarquilla les yeux lorsqu'elle eut franchi la porte. Une bonne vingtaine de bouteilles de bièreaubeurre étaient disposées sur la longue table à manger, et pas moins de dix bouteilles de Whisky Pur Feu les accompagnaient.

"- Ne t'inquiète pas, Julia," dit Sirius en s'approchant d'elle. "On n'a pas encore tout bu. Il en reste le double, donc tu auras ta part !"

"- Ah, merci, c'est gentil," répondit-elle, pas très convaincue. "Tu pourrais demander à tout le monde de les retirer, parce que je vais mettre la table."

"- D'accord."

Il s'éclaircit la gorge.

"- Écoutez-moi, tout le monde !" cria-t-il, et tous les membres se turent. "Cette gente demoiselle, et Molly, se mettent en quatre pour nous préparer un superbe festin, et comment les remercions-nous ? En laissant traîner tous ces cadavres ! Alors, nous allons tous mettre la main à la pâte pour dresser la table !"

Ils s'exécutèrent dans un joyeux brouhaha.

"- Et voilà," dit Sirius à Julia.

"- Merci, mais je n'en demandais pas tant."

"- Rien n'est trop beau pour la princesse que tu es."

Julia sentit ses joues s'empourprer.

"- Vous êtes trop galant, Mr Black," dit-elle, "cela cache quelque chose."

Il afficha un air angélique, mais son sourire gâchait l'effet d'innocence recherché.

"- Qu'est-ce que tu veux me demander ?" s'enquit Julia.

"- Moi ? Mais rien ! À moins que…"

"- Oui ?"

"- M'accorderas-tu la première danse ?"

"- On va danser ?"

"- Bien sûr ! Une fête sans musique n'en est pas vraiment une !"

"- Bon, alors d'accord."

"- Merci, gente demoiselle," dit-il en faisant à nouveau une courbette.

Il prit sa main et y déposa un baiser. Cela la fit rire. Ce qu'il pouvait être attaché aux manières des chevaliers.

"- Viens, je t'offre une bouteille," reprit-il. "Bièreaubeurre ou Whisky ?"

"- Une bièreaubeurre. Je ne bois pas souvent."

"- Mais aujourd'hui, c'est différent. On fait la fête !"

Et il lui déboucha une bièreaubeurre. Bientôt, Molly fit son entrée avec deux plats superbement garnis, et tous les convives se mirent à table. Julia se retrouva entre Remus et Sirius. Ce dernier attrapa prestement l'assiette de la jeune femme.

"- Que prendras-tu, princesse ?" demanda-t-il.

"- Et bien, un peu des deux…"

Sirius s'empressa de la servir, puis reposa l'assiette devant elle.

"- Merci," dit-elle.

"- Mais de rien."

Il se servit à son tour, puis se leva pour ramener quatre bouteilles de bièreaubeurre.

"- Remus, Tonks, voici de quoi carburer," dit-il en posant deux bouteilles devant leurs assiettes respectives.

"- Merci, Sirius," dit Remus avant de reprendre sa conversation avec Tonks qui se trouvait à sa gauche.

"- Et voilà pour toi et moi, princesse."

"- Mais je viens à peine d'entamer la précédente !"

"- Ce n'est pas grave, c'est pour après."

"- Mais je t'ai dit que je ne buvais pas beaucoup."

"- Non, tu as dit « pas souvent ». Nuance."

"- Cela donnera le même résultat si tu continues à m'alimenter à ce train-là…"

"- Bon, je promets de ralentir."

"- Alors, ça va."

Et il tint promesse. Il attendait qu'elle eût fini une bouteille pour lui en apporter une autre, ce qui la fit sourire quand sa troisième bièreaubeurre atterrit devant elle. Mais après tout, c'était la fête, donc pourquoi pas ? Elle discuta avec Sirius pendant la majeure partie du repas, et apprit ainsi comment, avec Remus, James Potter et Peter Pettigrew, il avait fait les quatre cents coups à Poudlard. Julia connaissait déjà une partie de l'histoire grâce à Remus, mais celui-ci s'était bien gardé de lui donner les détails exotiques. L'alcool aidant, car il carburait à présent au whisky, Sirius en vint à confier à la jeune femme combien il regrettait d'avoir sympathisé avec cet être fourbe qu'était Peter, comment il s'était fait la promesse de venger James, et les douze années perdues à Azkaban. Julia pouvait voir toute la colère mêlée de tristesse qui vibrait dans ses yeux.

"- Excuse-moi, princesse, j'ai besoin de prendre l'air."

Il se leva et quitta la pièce. Julia se retrouva sans personne à qui parler, tous les autres convives étant déjà pris dans leurs conversations. Elle fit mine de prendre sa bouteille pour boire, mais constata qu'elle était vide, encore. Alors, elle se leva et, d'un pas chancelant qui l'amusa, alla chercher une nouvelle bièreaubeurre avant de retourner s'asseoir. Elle déboucha la bouteille avec un geste automatique acquis au cours de la soirée, but trois longues gorgées du liquide ambré, et contempla le récipient après l'avoir reposé sur la table.

"- Tu devrais arrêter de boire," lui murmura Remus.

"- C'est la fête, non ?" répliqua-t-elle.

Elle avait usé d'un ton plutôt agressif, sans trop savoir pourquoi.

"- Pourtant, tu n'as pas l'air très réjouie, Miss."

"- Je ne vais pas rire toute seule. Sirius est sorti."

"- Il n'y a pas que Sirius à cette table."

"- Je ne connais pas le quart des autres, et ceux que je connais n'ont ni l'envie ni le besoin de parler avec moi."

"- Pourquoi dis-tu ça ?"

"- Tous sont adultes et membres de l'Ordre. Je n'ai rien de commun avec eux."

C'était l'évidence même, non ? Pourquoi ces questions stupides ? Elle n'avait vraiment pas la tête à ça… Pas envie de réfléchir.

"- Je croyais que tu t'entendais bien avec Tonks et Molly."

"- Simple courtoisie respective."

"- Je suis là aussi."

"- Vous parliez avec Tonks."

"- Mais maintenant, c'est avec toi que je parle."

"- Après m'avoir ignorée pendant un mois."

Durant le silence qui s'ensuivit, Julia but quelques gorgées supplémentaires. Il l'avait bien cherché après tout. Peut-être la laisserait-il tranquille pour le reste de la soirée. Elle jeta un coup d'œil à la porte, guettant Sirius. Il lui avait promis une danse…

"- C'est ce que tu penses réellement ?" reprit Remus. "Où as-tu été chercher ça ?"

"- Ce sont les faits."

"- Mais Julia, je travaillais de nuit."

"- Pourtant, nous nous sommes souvent croisé dans cette pièce…"

"- Soit tu faisais tes devoirs, soit je rédigeais mes rapports."

"- Pas pendant les repas."

"- Mais, si mes souvenirs sont bons, tu n'as jamais engagé la conversation."

"- Je n'ai pas pour habitude de m'imposer. Vous aviez toujours l'air de ne pas me remarquer."

"- Je devais avoir la tête ailleurs," dit-il en regardant ses mains jointes devant lui.

Julia garda le silence. Ça ne se passerait pas comme ça, oh non. S'il croyait qu'il allait s'en tirer à si bon compte, il se fourrait le doigt dans l'œil. Puis, elle vida sa bièreaubeurre et se leva de table.

"- Je croyais naïvement que je comptais un peu plus à vos yeux," dit-elle avant de se diriger à grands pas vers la porte.

"- Julia, attends !" entendit-elle dans son dos, mais elle ne s'arrêta pas.

Elle monta rapidement la première volée d'escaliers, tandis que Sirius revenait.

"- Hey, Julia !" dit-il, mais elle entamait déjà la deuxième volée.

"- Ah, bravo, Sirius !" entendit-elle.

"- Mais, qu'est-ce qui se passe ?"

"- Tu as vu dans quel état tu l'as mise ? Elle ne supporte pas l'alcool !"

"- Pas besoin de me crier dessus ! Une cuite n'a jamais…"

Les cris de la matriarche Black couvrirent le reste de la conversation, mais Julia s'en fichait. Elle rallia sa chambre, et se laissa tomber sur le lit. Une grande tristesse avait commencé à s'emparer d'elle, et elle ne savait pas pourquoi. À présent, son cœur semblait envahi, et des larmes se mirent à rouler sur ses joues. Elle se retourna sur le ventre, et enfouit sa tête dans son oreiller pour étouffer ses pleurs. Soudain, on frappa à sa porte, mais elle n'esquissa pas le moindre geste.

"- Julia !" dit la voix assourdie de Remus. "C'est moi, je peux entrer ?"

Elle ne lui donna aucune réponse. À lui de décider. Et ses larmes coulaient toujours, sans qu'elle pût les arrêter. La porte s'ouvrit doucement, il y eut des bruits légers de pas, puis la porte se referma.

"- Julia ?"

Elle ne répondit toujours pas, tentant de maîtriser ses sanglots du mieux qu'elle le pouvait. Elle se maudissait intérieurement. Quel être pitoyable elle faisait ! De nouveaux bruits de pas, puis Remus s'assit doucement sur le lit. Alors elle sursauta. Il avait posé la main sur son dos.

"- Julia, je suis désolé, j'aurais dû faire plus attention à toi."

Ah, non ! C'était trop facile comme ça ! Elle se redressa vivement et s'assit les jambes repliées sous elle.

"- Alors c'est une simple question de devoir ?" s'écria-t-elle. "Je ne veux pas de votre pitié !"

"- Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Je voulais m'occuper de toi, mais…"

"- Je n'ai pas besoin d'un baby-sitter !" le coupa-t-elle. "Je suis capable de me prendre en charge !"

Sa voix vibrait de colère, et elle sentait son visage ravagé par les larmes qui redoublaient à chaque phrase prononcée.

"- Julia, je…"

"- Non ! Je ne veux plus d'excuses ! Je croyais que vous m'aimiez bien…"

Il soupira profondément.

"- C'est le cas."

"- Pourquoi m'avoir évitée ? Qu'est-ce que j'ai fait ?"

"- Tu n'as rien fait."

"- Alors, pourquoi ?"

Elle le regarda droit dans les yeux. Elle respirait difficilement à cause des pleurs, et la vue de ces yeux dorés si doux augmenta encore la sensation de tristesse qui semblait maintenir son cœur dans un étau. Remus ne détourna pas le regard, et Julia put y lire la même tristesse que la sienne. C'était la deuxième fois qu'elle partageait ce sentiment de cette façon avec le lycanthrope. Alors, ses pleurs commencèrent à diminuer. Pourtant sa respiration était toujours aussi saccadée, et son corps était secoué de légers tremblements. Julia n'arrivait plus à détacher son regard de celui de Remus. Elle souhaitait s'y fondre, espérant ainsi dissoudre leur tristesse respective. Mais pour s'y fondre, elle devait d'abord y plonger. Elle s'avança, imperceptiblement. Elle était hypnotisée par cette lueur dorée, source de tant de douceur, et pourtant si triste. À présent, elle était tout près, et elle était à peu près certaine qu'elle n'avait pas vraiment beaucoup bougé. Le souffle chaud de Remus s'introduisait dans sa bouche entrouverte. Sa propre respiration était toujours aussi irrégulière. Elle ferma lentement les yeux, tremblant comme une feuille. Et bientôt, leurs lèvres entrèrent en contact. Celles de Remus étaient parfaitement lisses et douces. Puis, la jeune femme sentit les deux bras du lycanthrope l'enlacer, et elle relâcha la tension qui raidissait tout son corps. Le léger effleurement des lèvres devint un baiser tendre, pour ensuite se transformer en un partage du trop-plein d'émotions qui enserrait leurs deux corps. Ils continuèrent de s'embrasser longuement, respirant aussi lentement et profondément que s'ils dormaient paisiblement. Remus commença ensuite à goûter chaque parcelle du visage de Julia, et elle s'empressa de faire de même. À chaque petit baiser qu'il déposait sur elle, elle frissonnait, envahie par une sensation de bien-être qu'elle n'avait jamais ressentie jusque là. Puis, il la fit basculer sur le lit, sans la lâcher. Le contact du corps tout entier du lycanthrope contre le sien procura à la jeune femme un sentiment de perfection. Pour rien au monde elle ne voulait bouger. Ils s'embrassèrent, encore, et encore, jusqu'à ce que Remus, avec des gestes plein de tendresse, ouvrît chaque bouton du chemisier de la jeune femme. Celle-ci se mit à son tour à défaire doucement la chemise de son partenaire. Ils s'effeuillèrent ainsi peu à peu, s'embrassant longuement entre chaque vêtement enlevé. Quand ils furent complètement dépouillés de leurs habits, de tendres caresses vinrent ponctuer les baisers infinis. Alors, avec une extrême douceur, Remus fit découvrir à Julia de nouvelles sensations, par lesquelles elle se laissa emporter et submerger. Enfin, elle se blottit dans les bras de son amant, posa la tête contre son torse, et coula doucement vers le sommeil.