Disclaimer: Toutes les références aux cadres et personnages de Harry Potter sont la propriété de JKR, je ne gagne pas d'argent en publiant ce chapitre.
Remerciements: Un gros bisou à ma chère Loufoca qui a relu ce chapitre pendant un gros blocus!
Résumé: Après avoir rompu avec Remus, Julia ne sait plus quoi penser. Rogue l'ayant découvert dans son esprit la reprend, et c'est une phénoménale catastrophe qui en découle. La jeune femme se retrouve à Ste-Mangouste, ayant survécu à un poison mortel. Elle se réconcilie avec Remus et décide de ne pas devenir le cobaye des médicomages.
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Seconde Chance
Chapitre 15 Manipulation
"- Mais pourquoi personne ne m'a prévenu ?" s'indigna Sirius.
"- Parce que je n'en ai pas eu le temps," répliqua doucement Remus. "Et tu ne pouvais quand même pas espérer que Severus te préviendrait ?"
"- Non, venant de la chauve-souris, cela m'aurait fortement étonné…"
Le lycanthrope fronça les sourcils. Julia étouffa un rire. Les deux hommes se tournèrent vers elle, un point d'interrogation inscrit sur leur visage. Ils étaient tous deux installés dans les confortables fauteuils du salon du premier étage, sirotant une tasse de thé, tandis que Julia avait choisi un pouf et du chocolat chaud.
"- Vous êtes comiques, tous les deux," dit-elle en souriant. "On dirait un vieux couple…"
Sirius sourit à son tour.
"- Oui, n'est-ce pas ?" dit-il. "Remus et moi, c'est à la vie, à la mort. Tu es d'accord mon chéri ?" ajouta-t-il à l'adresse du lycanthrope.
Remus leva les yeux au ciel, affichant un air à la fois exaspéré et amusé.
"- Mais dis-moi, princesse, qu'est-ce qui t'a pris de plonger ton bras là-dedans ?"
"- La chauve-souris a violé mes pensées."
"- Julia !" s'exclama Remus.
"- Non," répliqua la jeune femme, "pas besoin d'indignation feinte. Il n'est plus et ne sera plus jamais mon professeur. Je ne lui dois donc plus le respect dû à un professeur, et il n'en mérite pas d'autre."
"- Bien dit, princesse ! Et comment as-tu réussi à te débarrasser de lui ?"
"- Je l'ai décidé."
"- Dumbledore le lui a accordé," rectifia Remus.
"- Décidez-vous," réclama Sirius.
"- Peu importe," reprit Julia. "Si Dumbledore m'avait forcée à continuer cette mascarade de cours, cela se serait soldé par un massacre."
"- Pourtant," répliqua Remus, "habituellement, la diplomatie est ton fort."
"- Pas cette fois."
Un silence. Julia regardait Remus avec un air de défi, bien décidée à ne pas se laisser démonter.
"- Bon, de toutes façons," reprit Sirius, "tout est bien qui finit bien. Julia ne devra plus supporter Rogue, et elle est guérie, alors pourquoi s'en faire ?"
"- Elle n'est pas encore guérie," répliqua Remus.
"- Ah ? Et les médicomages l'ont laissée sortir ? Ce n'est pas dans leurs habitudes…"
"- Ils n'ont pas été réticents quand je leur ai demandé," expliqua Julia. "Mes arguments étaient assez convaincants."
"- Bien sûr qu'ils l'étaient !" s'exclama Remus. "Mais ils te voulaient comme cobaye ! Je ne comprends toujours pas comment ils ont accepté si vite…"
"- Comment ça, comme cobaye ?" demanda Sirius.
"- À cause du fait que je n'ai pas succombé au poison qui est mortel."
"- C'est vrai ? Tu es vraiment pleine de ressources ! Un membre précieux pour l'Ordre, c'est moi qui te le dis !"
"- Tous ne sont pas du même avis…"
"- Rogue ne compte pas voyons !"
"- Hm, oui."
Julia ne voulait pas expliquer les véritables raisons qui faisaient d'elle un membre inacceptable. Elle fut soulagée de constater que Remus ne renchérissait pas sur le sujet. Que cet homme était déroutant… Père, professeur, ami, et, sûrement malgré lui, amoureux, il enfilait chacun de ces rôles dans un ordre parfaitement aléatoire qui ne cessait de déstabiliser Julia. Parfois, elle souhaitait n'avoir jamais rencontré le lycanthrope. Et immédiatement après, elle se demandait quel aurait été son parcours s'il ne l'avait pas mordue cette fameuse nuit de Pleine Lune. Qui serait venu convaincre le directeur de l'orphelinat qu'elle avait obtenu une bourse pour aller à Poudlard ? Probablement un des professeurs… Et avec qui aurait-elle partagé ses progrès ? Qui lui aurait appris les mœurs des sorciers ? Aurait-elle éprouvé le besoin d'avoir de la compagnie parmi les élèves, de s'intégrer ? Et quel œil aurait-elle posé sur le professeur Lupin durant sa cinquième année ? Année qui avait d'ailleurs mal commencé…
§XXXXXXX§
Julia soupira longuement en tentant désespérément de regarder par la fenêtre. Quel sale temps pour la rentrée ! De la pluie, encore de la pluie… Et il faisait horriblement sombre. D'ailleurs, la jeune fille avait l'impression que l'atmosphère à l'intérieur du compartiment se refroidissait sensiblement. Soudain, le Poudlard Express s'arrêta, et la lumière vacilla. Julia entendit du remue-ménage dans le couloir. Les autres élèves devaient voyager pour savoir ce qu'il se passait. Le train se remit alors en marche comme il s'était arrêté, et le bruit diminua. Mais la lumière ne revint pas pour autant. Il faisait de plus en plus froid. Julia frissonna, à la fois de froid et de peur, car elle était seule dans ce compartiment plongé dans l'obscurité. C'est alors que la porte s'ouvrit pour laisser la place à une immense créature encapuchonnée. La respiration de la jeune fille devint glacée, et tout ce qui l'entourait perdit sa clarté…
Un coup de feu, un cri… « Mon amour, John… » Un autre coup de feu… Une énorme douleur…
"- Julia ? Allez, debout…"
La jeune fille ouvrit péniblement les yeux. Quand elle vit la personne qui la sortait de sa torpeur, elle se redressa vivement.
"- Remus ? Mais, que faites-vous ici ?"
Il lui sourit doucement.
"- Dorénavant, Miss, ce sera Professeur Lupin. Je ne fais pas de favoritisme…"
"- Professeur ? Mais c'est magnifique ! Ouille, ma tête…"
"- Du calme, voyons… Tu as pensé à prendre du chocolat, comme je te l'avais dit ?"
"- Heu, oui, dans ma veste, là…"
"- Attends, ne bouge pas."
Le lycanthrope attrapa la veste désignée e en sortit la tablette de chocolat qui s'y trouvait. Il la déballa partiellement et en coupa un morceau pour le donner à Julia.
"- Mange, ça te fera du bien."
La jeune fille ne se fit pas prier et mordit doucement dans le morceau de chocolat. Et effectivement, après avoir avalé le premier bout, une vague de chaleur se répandit dans son corps.
"- Vous prenez la place de Professeur de Défense contre les Forces du Mal ?" demanda-t-elle alors, incapable de se retenir plus longtemps.
"- C'est exact."
"- Mais pourquoi ne m'en avoir rien dit ?"
"- Une surprise… Je ne voulais pas me révéler avant le banquet, mais je ne pouvais pas te laisser comme ça."
"- Hm, je vous aurais vu monter dans une des diligences…"
"- Peut-être pas… J'aurais fait attention…"
"- C'est possible."
Elle garda le silence pendant un instant.
"- Qu'est-ce que c'était exactement ?" s'enquit-elle enfin.
"- Un Détraqueur…"
"- Un des Gardiens d'Azkaban ? Qu'est-ce qu'il faisait ici ?"
"- Ils sont à la recherche de Sirius Black. Ils ont fouillé tout le train apparemment."
"- Mais c'est dangereux pour les élèves ! Vous croyez que tout le monde a reprit connaissance ?"
"- Julia, mis à part toi, il n'y a qu'une seule autre personne qui ait perdu conscience."
"- Ah oui ?"
"- Harry Potter…"
"- Oh. Et bien, ça me fait un point commun avec la célébrité…"
"- Julia, tu ne devrais pas parler comme ça…"
"- Désolée Rem… Professeur. Pardonnez-moi si je suis indiscrète, mais ce Sirius Black est bien celui dont vous m'avez souvent parlé ?"
"- Oui, mais que ça reste entre nous."
"- Très bien."
"- Bon, je vais aller dire un mot au conducteur et envoyer un message à Poudlard pour les prévenir de ce que Harry et toi avez subi…"
"- Non, je vais bien, ce n'est pas la peine pour moi."
"- Le Détraqueur pompe tous tes bons souvenirs pour ne te laisser que les pires. Plus ceux-ci sont horribles, plus tu t'affaiblis…"
"- J'ai appris à vivre avec mes mauvais souvenirs depuis que je suis orpheline. Et ils ne sont pas si horrible que ça, mentit-elle. S'il vous plaît, oubliez que vous m'avez vue…"
"- Bon, d'accord, mais promets-moi d'avaler au moins la moitié de ta tablette de chocolat, alors."
"- Je le promets."
"- À plus tard, Miss."
"- Au revoir, Professeur."
§XXXXXXX§
En y réfléchissant bien, les choses se seraient presque passées de la même façon, puisqu'il n'aurait pas pu la laisser comme ça. Seulement, ç'aurait été une première rencontre, en supposant qu'elle eût subi les mêmes tourments durant les années précédant l'incident, causes de son évanouissement. Mais qui aurait-elle été alors ?
"- Qu'est-ce qui te torture, princesse ?" demanda soudain Sirius.
"- Rien du tout…"
"- Alors, tu nous expliques comment tu as charmé les médicomages ?"
"- Mais je n'ai rien fait, je leur ai juste exposé la situation."
"- Il y a pourtant eu quelque chose," intervint Remus. "Je l'ai vu changer d'attitude pendant que tu lui parlais…"
"- Il avait mis le doigt sur un point."
"- Oui, je m'en souviens aussi. Au début, il était hautain et il ne m'écoutait pas."
"- Qu'est-ce que tu as fait pour qu'il t'écoute ?" s'enquit Remus, très attentif.
"- Et bien, je l'ai regardé dans les yeux avec, je pense, une lueur sanguinaire, et là, il s'est intéressé à ce que je lui disais…"
"- C'est tout ?" reprit le lycanthrope.
"- Heu, ce n'est peut-être pas quelque chose que vous apprécierez…"
"- Dis toujours, j'oublie mes oreilles chastes, le moindre détail peut être important."
"- Dis-moi, Remus, tu t'affranchis, on dirait…," plaisanta Sirius.
Mais le lycanthrope regardait attentivement la jeune femme, attendant sa réponse.
"- Et bien," reprit Julia, "le seul moyen d'afficher un regard d'assassin est de penser à quelque chose qui le nourrit, non ?"
Elle essayait tant bien que mal de se dépêtrer de cette situation plutôt bancale.
"- Oui," répondit Remus, le plus sérieusement du monde, c'est logique. "À quoi as-tu pensé ?"
Julia avala sa salive et prit une légère inspiration, avant de se jeter à l'eau.
"- Bon, j'ai pensé : « Maintenant, espèce de caricature de guérisseur, tu vas m'écouter sinon même tous tes petits collègues ne pourront plus rien pour toi ! »"
Un silence. La jeune femme avala une nouvelle fois sa salive. Puis Sirius éclata de rire.
"- Excellent !" s'esclaffa-t-il. "Magnifique ! Tu aurais dû lui dire en face, ç'aurait été folklorique ! Digne d'un Maraudeur."
Mais Remus gardait son sérieux, et la regardait intensément. Alors elle comprit ce qu'il pensait : elle avait manipulé l'esprit du médicomage, et c'était uniquement pour cette raison qu'il l'avait laissée partir.
"- Sirius," dit Remus d'un ton calme, "Julia l'a réellement dit au médicomage…"
L'interpellé s'arrêta de rire et regarda son ami avec un air suspicieux.
"- Mais, elle l'a seulement pensé…"
"- Justement, c'est pour ça que ça a si bien fonctionné."
Les deux hommes se regardèrent, puis tournèrent la tête vers Julia.
"- Tu as fait ça consciemment ?" demanda Remus.
"- Non !" rétorqua la jeune femme, sur la défensive.
"- Et cela t'est déjà arrivé dans le passé ?"
"- Heu, je ne sais, je dois y réfléchir…"
"- Je t'en prie…"
Les deux hommes se regardèrent de nouveau, et Julia but une gorgée de son chocolat chaud. Il commençait à refroidir… Elle prit sa baguette et pensa « Caloria chocolat », puis remit son instrument magique dans sa poche. Elle regarda alors le liquide à nouveau fumant et repensa à la première expérience similaire qu'elle avait vécue. C'était à l'orphelinat, lorsqu'elle avait reçu son premier hibou. Elle avait réussi à convaincre la gardienne des filles de son innocence alors que toutes les preuves étaient contre elle. Et par la suite, elle avait sauvé sa peau de cette manière à plusieurs reprises. Mais la gardienne était Moldue, et pas très futée. Rien à voir avec l'esprit d'un médicomage. Comment avait-elle fait, après tant d'années ? Remus la sortit de sa rêverie.
"- Julia ?"
"- Hm ?"
"- Tu as trouvé ?"
"- Oui."
"- Et ?"
"- Vous vous souvenez de ma gardienne revêche à l'orphelinat, sans doute ?"
"- Celle avec qui tu as failli te faire prendre une bonne cinquantaine de fois en un an ? Oui…"
"- Et bien, si je ne me suis jamais faite prendre, c'est parce que j'arrivais toujours à la convaincre que je n'avais rien fait. À l'époque, je ne savais pas comment, mais maintenant, j'ai compris."
"- Et personne d'autre depuis ?"
"- Non."
"- Il y a pourtant une nette différence de niveau entre manipuler l'esprit de ta gardienne et celui d'un médicomage…"
"- C'est ce que je me dis aussi…"
Julia replongea son regard dans son chocolat chaud. Il y avait certainement encore une règle obscure qui interdisait de manipuler inconsciemment l'esprit des gens. Quelle fichue régulation ! Il valait même parfois mieux être Moldu…
"- Je sais !" s'exclama Sirius, faisant sursauter les deux autres.
"- Qu'est-ce que tu sais ?" demanda Remus.
"- Ce qu'on va faire, pardi ! On va être ses cobayes pour savoir de quoi elle est capable…"
Julia dévisagea Sirius.
"- Tu es fou," déclara-t-elle. "Je ne sais même pas comment je fais !"
"- Justement, comme ça tu vas apprendre !"
"- … à te contrôler," compléta Remus. "Ce n'est pas une mauvaise idée…"
"- Quoi ?" s'exclama Julia.
"- Seulement," reprit le lycanthrope comme si Julia n'avait rien dit, "il faudra que quelqu'un d'extérieur puisse constater ce qu'il se passe. Et comme tu t'es si vivement proposé au poste de cobaye, Sirius, l'honneur te revient de l'être…"
"- Dégonflé !" dit Sirius.
"- Lucide," répliqua Remus.
"- Et si je ne suis pas d'accord ?" s'enquit Julia d'un ton rageur.
"- Je te dénonce," dit Remus.
"- Mais… c'est injuste !"
"- C'est mon privilège de l'être. Tu dois absolument te maîtriser, on ne manipule pas l'esprit des gens comme on veut…"
Julia fronça les sourcils.
"- Parce que sous certaines règles, on peut ?" demanda-t-elle sur un ton mi-étonné, mi-ironique.
"- C'est déjà arrivé, oui," répliqua Remus.
Le professeur et l'élève, car c'étaient ces rôles qu'ils endossaient à présent, se faisaient de nouveau face.
"- Allez, princesse, ça va être marrant !" lança Sirius, désireux de détendre l'atmosphère. "Et toi, Remus, pas de menaces inutiles, nous sommes entre gens de confiance, ici !"
Julia sourit. Cet homme était incroyable : sous ses airs de macho adolescent, c'était un véritable diplomate avec un cœur en or.
"- Bon, d'accord," dit-elle.
"- Je suis heureux que tu te ranges à la raison," dit Remus.
"- Que du contraire, croyez-moi. Et si Sirius et vous échangiez vos places, cela me comblerait…"
"- Et lui donner la partie amusante ?" intervint Sirius avant que cela ne dégénérât encore. "Même pas en rêve !"
Julia sourit à nouveau.
"- Hey, princesse, fais-moi faire des choses vraiment très bizarres, sinon on ne verra pas la différence !"
"- Ce n'est pas un Imperium, c'est ce que tu crois qui va changer. Je vais faire ce que je peux."
La jeune femme pensa directement à une forme de vengeance sournoise contre Remus. Il la considérait comme une adolescente écervelée ? Elle allait lui montrer qu'il était dans le vrai…
« Tu es folle, ne fais pas ça ! » s'inquiéta la voix.
« Je vais me gêner… »
« Mais tu vas lui faire du mal… »
« Je ne supporte plus son attitude ! Ce que moi je ressens, ça ne compte pas ? »
« Pas dans ce cas-ci ! C'est toi qui l'as repoussé, et tu voudrais qu'il agisse avec condescendance ? »
« Je ne veux rien… »
« A d'autres… »
Julia soupira… et se défila. Elle avait une bonne raison de ne pas le faire : ce serai mettre un terme à son amitié avec Sirius que de lui faire croire qu'il désirait l'embrasser pour faire réagir Remus. Mais que voulait-elle à la fin ? Qui était cet homme pour avoir un tel pouvoir sur elle : celui de faire ressortir la nature sournoise et vile qu'elle avait enterré au fond d'elle ?
« Arrête de te voiler la face, tu l'aimes… »
« Après tout, peut-être que oui… »
« Et tu ferais tout pour le défendre. »
« Oui. Mais je ne dirai rien, il ne doit pas savoir… »
« Il le sait déjà. Il n'y a que toi qui l'ignorais… »
Refusant d'aller plus loin, Julia s'approcha de Sirius.
"- Dis-moi, quelle est ton hypothèse quant à ce qu'il s'est passé il y a trois semaines, après la soirée ?" demanda-t-elle inopinément.
"- Heu," dit Sirius, soudain mal à l'aise, "je ne sais pas, je n'ai pas vraiment d'avis…"
"- En toute franchise, s'il-te-plaît," insista Julia. "Je ne te tiendrai rigueur de rien."
"- Vraiment ?"
"- Vraiment. Même si tu en as déjà parlé avec Remus, peu m'importe, explique-moi, je suis désireuse de savoir."
"- Ce n'est peut-être pas le bon moment…"
"- Pourquoi te faire prier ?"
"- Bon, d'accord. Je sais ce qu'il s'est passé…"
"- Bien. Ai-je bien fait ?"
"- Quoi ?"
"- Que penses-tu de ma réaction, suis-je dans le vrai ? Tu dois me dire la même chose qu'à Remus, sinon tu es un menteur."
« J'avais raison, » pensait-elle de toutes ses forces, « j'avais raison… »
"- Et bien, je dois avouer que c'est toi qui avais raison, tu as bien fait."
Julia se tourna vers Remus, qui secoua la tête.
"- Mais si, c'est ce que je lui ai dit !" s'exclama Sirius.
"- En es-tu sûr ?" demanda Julia.
« J'avais tort, j'avais tort… »
Sirius hésita, puis reprit.
"- Je suis sûr de lui avoir dit que tu avais tort…"
La jeune femme se tourna de nouveau vers Remus, qui semblait étonné.
"- Je pense que c'est suffisant, non ?" dit-elle.
"- En fait, je suis impressionné, Miss," répondit-il.
"- Évidemment, aucun de ces avis simplistes n'était le sien," ajouta-t-elle. "Mais je devais marquer une grande différence. Le problème, c'est que je ne sais pas comment lui rendre sa propre opinion. Je vous écoute, Professeur."
"- Je ne pensais pas que tu modifierais quelque chose d'aussi compliqué. Tu aurais pu lui demander sa couleur préférée, on aurait pu faire marche arrière…"
"- C'est de ma faute, maintenant ! Je vous rappelle que c'était votre idée ! Maintenant, j'en ai assez, débrouillez-vous sans moi, et dénoncez-moi si ça vous chante, je m'en fiche !"
Et elle quitta rapidement le salon. Elle grimpa la volée de marche qui menait au deuxième étage et courut jusqu'à sa chambre, dont elle claqua violemment la porte.
"- Il va me rendre folle !" s'exclama-t-elle d'un ton rageur.
« Tu l'es déjà…, » fit remarquer la voix.
"- Oh, ça va !"
Elle regarda son reflet disséqué dans le miroir brisé. Elle l'avait laissé en l'état pour éviter de vouloir recommencer, ce qui s'avérait une bonne idée car son poing la démangeait.
"- Julia fais ci, Julia fais ça, et dès qu'il y a un problème, c'est parce que JE n'ai pas pris toutes les précautions nécessaires… Quel culot ! J'en ai plus qu'assez d'être un bouc émissaire !"
"- Tu ne l'es pas," dit une voix rauque dans son dos.
Elle se retourna vivement. Sa rage fondit en un instant et elle sentit ses joues s'empourprer comme jamais.
"- Remus !" s'exclama-t-elle. "Je ne voulais pas… enfin, je…"
"- Non, tu as raison," l'interrompit-il. "Mon comportement envers toi est tout à fait injustifié. Je suis d'ailleurs venu te présenter mes excuses."
Julia le regarda, effarée.
"- Heu, et bien," se décida-t-elle enfin à dire, "je… je les accepte."
"- Merci," répondit Remus.
Un silence. Julia allait finir par croire qu'elle n'était pas capable d'entretenir la moindre conversation quand le lycanthrope reprit.
"- Je vais avoir besoin de ton aide pour rendre à Sirius son opinion personnelle, Miss."
"- Mais je ne la connais pas ! Je ne suis pas Legilimens, moi, je ne fais qu'imposer mon idée…"
"- Tu es capable d'apprendre la Légilimencie, Julia."
"- Comment ?"
"- Je peux t'aider. Tu essayes de lire mes souvenirs, et je te confirme ce que tu as vu."
"- Je ne me résoudrai jamais à faire une chose pareille. Et quand bien même, le souvenir de Sirius à propos de son opinion est déjà effacé."
"- C'est là que tu te trompes. Tu n'as fait que le recouvrir de ta propre couche de peinture. En grattant un peu, tu devrais parvenir à lui rendre toute son efficacité."
C'était joliment symbolisé et expliqué. Cet homme était fait pour être professeur. Néanmoins…
"- Je ne peux pas faire ça. Ce serait violer votre intimité."
"- C'est moi qui te le propose, donc il n'y a pas de viol."
Julia soupira. Elle était plus que tentée par la proposition. Apprendre une nouvelle matière avec son professeur favori avait de quoi l'intéresser. De plus, que Remus lui donnât un accès total à ses souvenirs était inespéré. Le lycanthrope lui offrait une seconde chance par une approche dissimulée. La jeune femme n'avait plus d'autre choix que d'accepter si elle voulait rester cohérente avec elle-même.
« Enfin tu te décides à écouter d'abord ton cœur ! » lança la voix d'un ton triomphal.
« Je voulais juste que ça n'aille pas trop vite… »
« Quelle exigence ! »
« Boucle-la ! »
"- Bon, d'accord," dit-elle. "Quand commençons-nous ?"
"- Tout de suite, si possible."
"- Comme vous voudrez, mais je ne garantis absolument rien."
"- Tu as déjà montré que tu pouvais lancer des sorts très compliqués sans les avoir pratiqués auparavant."
"- Oui, mais les circonstances étaient très spéciales."
"- En quoi l'étaient-elles ?"
La jeune femme inspira profondément. Ça y était, il avait réussi à l'amener sur un sujet dont elle ne voulait pas discuter. Elle décida de rester calme et vague.
"- C'était une perte de contrôle."
Remus haussa les sourcils et la regarda avec un air quelque peu amusé.
"- Si tu vas dire à Severus que tu as lancé un Doloris parce que tu avais perdu le contrôle, je pense que ses cheveux deviendront blancs…"
Julia sourit en imaginant la situation, puis redevint sérieuse tout en gardant le silence.
"- Honnêtement, Miss, lancer un Doloris requiert une extrême concentration. Fort de cette connaissance, je gage que tu dois avoir l'esprit qui convient pour pratiquer le Légilimencie."
"- Très bien, c'est vous le professeur."
Julia sortit sa baguette de la poche de son jeans et la pointa vers Remus.
"- Peut-être vaudrait-il mieux que vous vous asseyiez, il se peut que je vous assomme…"
"- J'espère bien que non !" répliqua-t-il en s'asseyant sur le bord du lit.
"- Attention, une, deux, trois ! Legilimens !"
Tout en prononçant l'incantation, Julia focalisa son esprit dans les profondeurs du regard de Remus. L'instant d'après, elle voyait un jeune garçon allongé sur un lit, et qui regardait les trois adultes qui l'entouraient, inquiet.
"- On ne peut rien faire, alors ?" demanda la femme.
Julia sut instantanément que c'était la mère de l'enfant. Elle tenait la main de l'un des deux hommes : le père.
"- Non, je suis désolé, Mme Lupin," répondit l'autre homme, "votre fils se transformera à chaque Pleine Lune…"
Julia regardait le garçon : des larmes avaient commencé à couler le long de ses joues à la mention de son calvaire à venir.
L'image s'estompa pour faire place à un autre décor. C'était Poudlard, dans un dortoir de Gryffondor à en juger par l couleur des rideaux des lits à baldaquin. Trois adolescents s'y trouvaient, dont le garçon qui était auparavant allongé sur le lit, plus âgé.
"- C'est des cracks, Remus !" s'exclama l'un d'eux.
Sirius. Et le plus proche de lui avait un visage extrêmement familier à Julia, sauf les yeux : James Potter.
"- Oui, tu vas encore nous dire que tu t'es blessé en tombant ?" renchérit James. "Tous les mois, tu n'as vraiment pas de chance…"
"- Écoutez," tenta d'intervenir Remus.
"- Non, cette fois, tu écoutes, Remus ! On sait que tu es un loup-garou !" déclara James.
Le jeune Remus afficha un air désespéré.
"- Alors," reprit Sirius, c'est comment ?"
Une étincelle s'alluma dans les yeux du lycanthrope.
"- Vous n'allez pas me laisser tomber ?" demanda-t-il, la voix vibrante d'espoir.
"- Tu es fou !" s'exclama Sirius. "Je réalise seulement que j'ai eu la meilleure idée de ma vie en voulant devenir ton ami ! Allez, raconte comment ça se passe avec l'école ?"
Il souriait, ainsi que James. Remus les imita.
Tout devint à nouveau flou pour se fondre dans un paysage boisé, de nuit. Une jeune fille était allongée sur le sol dans une position improbable, exsangue. Un homme était agenouillé près d'elle, le visage enfoui dans ses mains.
"- Un monstre," murmura-t-il, "je suis un monstre…"
Nouveau changement : une chambre, faiblement éclairée par les rayons du soleil qui filtraient au travers des pâles rideaux de la fenêtre. Dans le lit, une jeune fille aux grands yeux bleu azur reposant dans les bras de l'homme qui était assis sur le bord du lit. Ils se regardaient intensément, affichant tous deux un sourire crispé par la tristesse. Puis, la jeune fille ferma les yeux et cessa de respirer. L'homme enfouit sa tête dans le creux de l'épaule de la jeune fille.
« Je t'en prie, arrête…, » souffla une voix.
Julia reprit conscience de la réalité qui l'entourait et quitta l'esprit de Remus, tout en baissant sa baguette. Elle le regarda attentivement revenir à son tour dans le présent. Il semblait épuisé. Elle s'assit à côté de lui et le laissa se remettre de l'expérience pendant quelques minutes.
"- Ça va ?" demanda-t-elle enfin doucement.
Il hocha faiblement la tête. Jamais elle ne l'avait vu dans cet état. Désemparée, elle chercha un moyen de se faire pardonner sa maladresse.
"- Je… je suis désolée…"
Remus tourna enfin la tête vers elle, affichant à la fois un air perdu et étonné.
"- Pourquoi ?" s'enquit-il d'un ton mal assuré.
Encore une chose qui déstabilisa Julia. Remus avait toujours été un modèle d'assurance et de maîtrise de soi, ou du moins en la présence de la jeune femme.
"- Parce que je n'aurais pas dû plonger si profondément dans vos souvenirs," dit-elle. "C'était impoli de ma part."
Le lycanthrope sourit, semblant rassuré.
"- Ne t'inquiète pas," dit-il, "c'était normal. Te voilà donc Legilimens confirmée. Mais comment fais-tu pour apprendre à cette vitesse ? Tu ne m'as jamais montré ces capacités durant nos séances…"
Julia se sentit soulagée de le voir enfin se raccrocher au présent.
"- Je ne sais pas," dit-elle. "Peut-être ne suis-je pas vraiment douée en Défense contre les Forces du Mal."
"- C'est bien possible, tu sais. Ton terrain de jeu relève surtout des compétences de l'esprit, il me semble. C'est parce que tu es très disciplinée que tu réussis tout ce que tu entreprends, mais il faudrait penser à revoir ton orientation…"
"- Hm, j'y songerai…"
C'était intéressant, mais la jeune femme avait autre chose à l'esprit.
"- Puis-je vous poser une question plutôt indiscrète ?" demanda-t-elle.
"- Tu peux toujours," répondit-il, "mais je ne garantis pas une réponse."
"- Qui étaient les deux filles que j'ai vues ?"
Le demi-sourire de Remus s'effaça, et il détourna le regard. Il mit tant de temps à reprendre la parole que Julia crut l'avoir offensé une fois de plus.
"- La première," dit-il après avoir poussé un long soupir," se prénommait Lara. Je l'ai tuée…"
"- Une nuit de Pleine Lune…"
"- C'est exact. Quant à la deuxième, c'était… ma fille, Gwendoline."
Julia ouvrit de grands yeux, mais s'abstint de tout commentaire. Remus remarqua sa réaction et sourit faiblement.
"- Adoptive, en fait. Tout a été officialisé quelques heures avant sa mort, dont je suis partiellement la cause."
Il parlait de façon monocorde, comme s'il voulait faire croire que cela ne l'affectait pas alors que c'était tout le contraire.
"- Remus, je suis désolée…"
Il tourna enfin la tête vers elle et sourit de nouveau.
"- Il ne faut pas, Miss, rien de cela ne te concerne. C'est du passé…"
Soudain, une idée traversa l'esprit de Julia.
"- Mais peut-être que cela me concerne quand même !" s'exclama-t-elle. "J'ai un point commun avec elles, j'ai vécu une nuit de Pleine Lune avec vous…"
"- Et la différence, c'est que tu n'as pour ainsi dire rien eu."
"- Rien eu ?" s'emporta-t-elle. "Si vous saviez ce que j'endure tous les mois, vous…"
Elle s'arrêta net au milieu de sa phrase, réalisant la bêtise qu'elle venait de dire.
"- Je le sais," murmura Remus en baissant la tête pour contempler le parquet de la chambre.
Son ton était celui de quelqu'un de résigné, qui endurait la peine et le remord sans broncher. Julia se sentit malheureuse pour lui. Il avait vécu des choses qu'aucun homme ne devrait subir, et elle, pauvre petite idiote, s'évertuait à le faire souffrir, encore, et encore. La jeune femme portait soudain le fardeau de la honte et de la culpabilité. Alors, sans réfléchir, elle déposa un baiser sur la joue de Remus. Au même moment, une décharge parcourut tout son corps. Le lycanthrope ne releva pas la tête tandis que Julia reculait doucement. Puis, gênée du silence qui perdurait elle se leva.
"- Nous devrions rejoindre Sirius," proposa-t-elle.
"- Hm, oui," répondit Remus d'un air absent.
Il se leva, et ils quittèrent la chambre. Ils avaient parcouru la moitié du couloir quand le lycanthrope s'arrêta et fit demi-tour.
"- Vas-y," dit-il, "j'arrive dans quelques minutes."
"- Très bien."
Julia reprit son chemin jusqu'au salon où elle retrouva Sirius.
"- Julia ? Tu n'as pas l'air bien… Où est Remus ?"
"- Il va arriver, mais il ne m'a rien dit. Par contre, je vais pouvoir te rendre ton opinion d'origine."
"- Donc tu l'avais modifiée… C'est pour ça que ça me chiffonnait…"
"- Je vais d'abord devoir user de Légilimencie pour identifier clairement ce qui pose problème. J'ai ton accord ?"
"- Oui, mais…"
Il ne continua pas sa phrase, et semblait réfléchir.
"- Mais quoi ?"
"- Évite de te perdre dans mes souvenirs, tu as déjà assez de préoccupations…"
"- Je ferai de mon mieux, mais il faut que tu m'aides. La résurgence des souvenirs est très aléatoire."
"- Dis-moi ce que je dois faire."
"- Il faut te concentrer sur le souvenir de ta conversation avec Remus après la fameuse soirée."
Il hocha la tête en signe d'assentiment.
"- Tu es prêt ?"
"- Oui."
"- Je compte jusqu'à trois. Attention, une, deux, trois… Legilimens."
L'esprit de Julia plongea au cœur de ténèbres froides et enveloppantes. Et soudain, une lumière opalescente vint éclairer une horrible scène. Sirius était en train de recevoir le baiser d'un Détraqueur.
« Concentre-toi ! » cria-t-elle de toutes ses forces.
Le décor se mua doucement en un endroit plus chaleureux. Julia retrouva le salon dans lequel elle se trouvait actuellement, mis à part que les rideaux étaient tirés et qu'un grand feu crépitait dans la cheminée. Remus et Sirius se faisaient face, assis dans les fauteuils.
"- Je ne sais plus où j'en suis," disait Remus.
"- Mon pauvre vieux, tu n'as jamais su t'y prendre avec les femmes !"
"- Je n'ai jamais rien cherché. Mais Julia est tellement… exceptionnelle. Pourquoi a-t-elle agi ainsi ?"
Un brouillard enveloppa toute la pièce, et Julia entendit Sirius déclarer : « Elle a eu tort. ». Puis, tout revint à la normale.
"- Tu crois ?" dit Remus. "Bon, alors, je vais garder mes distances, je ne veux plus la déranger…"
Julia quitta l'esprit de Sirius pour réintégrer la réalité.
"- J'ai l'impression d'avoir raté quelque chose," déclara Sirius. "Comment vas-tu faire pour arranger ça ?"
"- Et bien," se donna le temps de réfléchir Julia qui devait improviser en donnant l'impression de maîtriser les choses, "je vais obliger ton esprit à rejeter la modification."
"- Ah, très bien."
"- Mais comme tu le sais, c'est la première fois que je vais faire ça, donc si tu refusais, je comprendrais…"
"- Non, non, je serai ton cobaye jusqu'au bout, princesse !"
"- Tu as raison de lui faire confiance, elle va y arriver."
Julia se retourna vivement en entendant Remus.
"- Ouah, la classe," approuva Sirius.
Le lycanthrope avait troqué sa robe de sorcier habituelle contre quelque chose de plus décontracté, à savoir un pantalon en velours bleu marine et une chemise blanche dont il avait retroussé les manches et laissait ouverts les deux boutons supérieurs.
"- Arrête de dire n'importe quoi, Sirius," répondit-il. "Et ne faites pas attention à moi, je vais d'ailleurs aller nous chercher quelque chose à manger à la cuisine."
"- Et quelque chose à boire !" lança Sirius tandis que Remus quittait la pièce.
Julia se rendit soudain compte qu'elle n'avait pas quitté le lycanthrope des yeux. Elle fit de nouveau face à Sirius et constata qu'il la regardait en souriant.
"- Et oui, quand il décide de se mettre en valeur, moi je n'ai plus qu'à aller me rhabiller…"
La jeune femme haussa les épaules et feignit l'indifférence.
"- On y va ?" demanda-t-elle.
"- Quand tu veux, princesse !"
"- Attention, une, deux, trois, Legilimens !"
Julia retrouva rapidement le cadre chaleureux du souvenir de Sirius. Pendant ce qui sembla être une éternité, elle tenta vainement de libérer l'opinion enfouie sous la modification. Et puis, elle se souvint d'une chose que faisait souvent Remus : se représenter le résultat pour savoir quoi faire exactement. Et ce que la jeune femme voulait obtenir, c'était la dissipation du brouillard qui enveloppait le souvenir. Dans le monde de l'esprit, une simple pensée devenait réalité. Alors Julia souffla sur le brouillard avec un vent spirituel, et le souvenir fut libéré.
"- Je n'ai jamais rien cherché," disait Remus. "Mais Julia est tellement… exceptionnelle. Pourquoi a-t-elle agi ainsi ?"
"- Écoute, Remus, Julia n'a jamais connu de famille, et d'après ce qu'elle m'a dit, d'amis non plus. Tu es la seule personne qui interagisse vraiment avec elle. Alors il est normal que tu incarnes tous les rôles : père, ami, professeur, et maintenant qu'elle a grandi, amant. Seulement, je pense que moralement, elle se dit que tu ne peux pas être père et amant à la fois. Elle a donc choisi le rôle dans lequel elle te connaissait le mieux."
"- Mais elle est très complice avec toi."
"- Parce que j'ai fait le premier pas. Mais Julia ne recherche pas le contact avec les autres. Elle n'a pas besoin d'eux, elle t'a toi. Elle accepte une amitié superficielle si on la lui propose, mais elle ne sait pas s'investir. Elle a essayé de sortir avec un jeune homme à Poudlard, et ça a échoué."
"- Ah bon ? Elle ne m'en a jamais rien dit."
"- Ç'aurait été admettre que pendant un moment, elle a voulu te mettre au second plan. Et ça, jamais elle ne te l'avouera, elle te vénère trop. Et c'est de ta faute, Remus, tu as trop voulu la protéger."
"- Tu connais mes motivations, on en a déjà parlé…"
"- Alors ne t'étonne pas de son comportement. Tu l'as façonnée de telle sorte qu'elle devienne ce qu'elle est aujourd'hui, et à présent tu lui reproches. Comment veux-tu qu'elle ne soit pas perdue ?"
"- Mais comment puis-je réparer ce que j'ai fait, alors ? Je ne peux pas remonter le temps…"
"- Non, mais tu vas devoir lui en laisser, du temps, parce qu'à mon avis, elle est complètement déboussolée."
"- Tu crois ? Bon, alors je vais garder mes distances, je ne veux plus la déranger…"
Julia se retira brusquement de l'esprit de Sirius. Ils échangèrent un regard, puis la jeune femme quitta le salon en courant et manqua de peu de renverser le plateau que Remus apportait.
"- Julia, attends !" s'écria Sirius tandis qu'elle grimpait les escaliers.
"- Qu'est-ce qui se passe ?" demanda Remus.
Julia n'entendit pas la réponse car elle s'enfonçait dans le dédale de couloirs qui menaient à sa chambre. Une fois à l'intérieur de celle-ci, elle brandit sa baguette.
"- Collaporta !"
Puis elle s'allongea sur son lit, tremblante, et cala son oreiller dans ses bras. Des larmes se mirent à couler sur ses joues. Sirius avait dit la vérité à son sujet, et cela se résumait en peu de mots : asociale et attardée. Bientôt, des bruits de pas se firent entendre, ainsi que des voix.
"- N'y va pas, Remus."
"- Écoute Sirius, je veux discuter avec elle, alors laisse-moi."
"- Mais elle est furax après moi, et après toi, pour m'avoir écouté."
"- C'est de ma faute, et je vais essayer d'arranger les choses."
"- Ce n'est pas entièrement de ta faute."
Les bruits de pas se turent. Ils devaient être derrière la porte.
"- Maintenant, laisse-moi faire."
"- Bon, à tout de suite."
Un craquement sonore se fit entendre. Sirius avait transplané.
"- Julia ?" dit Remus en frappant à la porte. "C'est moi, je peux entrer ?"
La jeune femme ne prit pas la peine de répondre.
"- Julia, s'il-te-plaît, je voudrais qu'on parle."
Nouveau silence. Julia vit la clenche s'abaisser, mais la porte resta close.
"- Bon, quand tu daigneras m'adresser la parole, tu me feras signe."
Elle l'entendit s'éloigner doucement, jusqu'à ce que le silence retombât. Elle serra plus fort l'oreiller contre elle en prenant sa décision : elle n'avait plus le choix, elle devait disparaître. La question était de savoir quand.
