Disclaimer: Comme toujours, je ne touche aucun euro,
aucune livre sterling, rien en publiant ce chapitre, car l'auteur de
mon personnage favori appartient à JKR, ainsi que le cadre de vie que
j'utilise...
Remerciements: A ma chère Loufoca qui me corrige toujours mes chapitres en un temps record! Et à mes chères lectrices assidues, je vous adore!
Résumé: Julia découvre qu'elle peut manipuler l'esprit des gens... Mieux encore, qu'elle est une Legilimens confirmée. Mais après avoir fait quelques expériences avec Sirius, elle apprend une partie de ce que Remus pense d'elle, et décide de partir de Square Grimmaurd...
Seconde Chance
Chapitre 16 Un sens dans l'essence
You can't expect from me
This chain reaction
You can't imagine from me
This great affection
See the structure of my pride
It wasn't easy to build it away from this
I 've never walked away from you
I've never walked alone
"Purify", Lacuna Coil
"- Julia, je t'en prie, réponds !"
Cela faisait deux jours que Remus insistait régulièrement derrière la porte de la chambre la jeune femme. Mais celle-ci était bien décidée à ne pas lui parler, certaine qu'il finirait par la faire changer d'avis. Et cette option n'était pas envisageable. Alors, elle gardait le silence.
"- J'en ai assez, Julia !" s'écria le lycanthrope. "Si tu ne te décides pas, j'enfonce cette porte !"
La jeune femme savait que c'était impossible. Mais le ton vibrant de désespoir qu'il avait employé, probablement sans la vouloir, la fit frissonner. Elle entendit soudain le craquement caractéristique d'un transplanage.
"- Qu'est-ce qui se passe encore ?" demanda Sirius d'une voix lasse. "On t'entend hurler jusqu'au premier."
"- Si jamais j'arrive à passer cette porte, je la tue !" s'exclama Remus, vraisemblablement hors de lui.
"- Si tu te calmais trente secondes, tu te souviendrais du moyen le plus simple pour entrer dans cette pièce…"
Un bruit de fracas soudain émana de la porte et fit sursauter Julia.
"- … et il ne requiert certainement pas l'usage de tes poings," continua Sirius. "Allez, viens avec moi, même si elle te laissait entrer maintenant, tu as trop bu pour lui parler…"
Julia entendit des bruits de pas qui s'éloignèrent, puis plus rien. Elle s'allongea sur son lit, incapable de croire ce que Sirius avait dit. Remus, ivre ? C'était impossible… Elle regarda la petite horloge que lui avait donnée Sirius pou garnir un peu sa chambre : déjà cinq heures de l'après-midi. Donc, il allait bientôt faire nuit. C'était le moment d'agir. Elle se releva et pointa sa baguette vers sa valise ouverte sur le sol.
"- Faislamalle !"
Ses quelques vêtements et maigres possessions s'envolèrent jusque dans la valise et se rangèrent parfaitement. La jeune femme ferma hermétiquement ses bagages, puis griffonna quelques mots sur un parchemin.
« Ce n'est peut-être pas le meilleur moyen, mais je n'en vois pas d'autre. Adieu. »
Elle déverrouilla la porte et y accrocha magiquement le billet, avant de la refermer. Puis elle agrippa sa malle, prit une profonde inspiration, et transplana. La désorientation passagère lui donna la migraine, mais elle n'y accorda pas d'attention. Elle était là, entièrement laissée à l'abandon, délabrée au possible. La petite cabane de Remus, dans laquelle elle s'était retrouvée maintes et maintes fois à discuter de magie et de sorciers. Julia se sentit soudain oppressée. Elle laissa sa valise sur place et commença à marcher dans le bois. La nuit tombait vite, et bientôt il fit complètement noir. S'il n'y avait pas eu les étoiles, Julia aurait été incapable de continuer. C'était une nuit sans Lune, et la jeune femme savait ce qui l'attendait. Elle tira sa baguette de sa poche et la pointa sur sa gorge en pensant « Silencio ». Elle tenta de prononcer une parole et échoua. Le sort était bien en place. Elle reprit sa marche, respirant profondément pour tenter de calmer la nervosité qui la gagnait. Mais rien n'y fit. Chaque bruit qu'elle entendait la faisait sursauter. Un bruissement de feuille à sa droite, un battement d'aile à sa gauche. Soudain, un hululement dans son dos. Tout devenait sujet de panique. Et puis, Julia hurla. Ou du moins, tenta-t-elle de hurler. Elle avait l'impression que quelqu'un avait planté ses deux mains dans son thorax et s'amusait à broyer ses poumons. Puis, plus rien. La jeune femme, étonnée d'être toujours consciente, se mit à courir à en perdre haleine, tentant de s'éloigner de son agresseur invisible. Sa tête bourdonnait, et des étoiles noires dansaient à la limite de son champ de vision. Elle n'était plus certaine de faire la différence entre ce qu'elle voyait et ce que son imagination lui suggérait. Elle s'arrêta un instant, espérant avoir semé son agresseur. Mais elle en eut bien vite l'infirmation. Cette fois, elle se retrouva à genoux, luttant de toutes ses forces contre le manque d'oxygène croissant. C'était insupportable. Elle sentait ses membres s'engourdir et ne pouvait rien faire pour les en empêcher. À la limite de l'inconscience, Julia sentit la douleur la quitter de nouveau. Ce n'était pas normal, quelqu'un jouait avec elle. Reprenant son souffle avec une extrême difficulté, elle avisa un énorme tronc aux branches qui se ramifiaient presque infiniment dans toutes les directions. Se redressant avec peine, la jeune femme s'approcha du tronc et, avec difficulté, entreprit de l'escalader. Elle avait de plus en plus de difficultés à progresser dans le feuillage dense, mais elle voulait à tout prix échapper à ces horribles mains qui lui broyaient les poumons. Malgré sa volonté, la désillusion la rattrapa bien vite, et Julia ne put s'empêcher de tout lâcher quand elle eut le souffle atrocement coupé pour la troisième fois. Elle vit le haut de l'arbre s'éloigner à une vitesse vertigineuse. « Pourquoi moi ?... »
§X§
C'est une horrible sensation que de réaliser que votre corps n'obéit pas aux ordres que votre cerveau lui donne. L'impuissance totale, et toute la volonté déployée n'y changerait rien. Julia était incapable de remuer le petit doigt, et ses yeux restaient hermétiquement clos. Elle savait que ses paupières finiraient par se décoller, mais pour ce qui était du reste de son corps, elle n'était sûre de rien. Des pointes de douleur lui transperçaient régulièrement les membres, comme des lames aiguisées, et elle ne pouvait même pas bander ses muscles pour les atténuer. Elle se sentait semblable à un mollusque, sans compter que son estomac commençait à ne plus supporter ces vagues de douleur. Si elle n'avait pas su que ses cauchemars étaient bien pires, elle aurait pu croire qu'elle se trouvait dans l'un d'eux. Elle avait une perception de son environnement quasiment nulle, comme si tous ses sens avaient disparu et que son esprit fût enfermé dans un corps tellement malade qu'il lui envoyait de fausses informations. Le temps passa de telle manière que Julia crût que son état resterait éternellement inchangé. Enfin, elle entendit un bruit, mais il lui parvint tellement étouffé qu'elle ne put l'identifier. Elle perçut un changement dans son environnement, mais il lui fallut longtemps avant de comprendre que c'était la luminosité qui s'était légèrement accrue. Puis, un poids délesta son front. Un bruit suivit cette disparition, et le poids revint, avec une sensation de fraîcheur qui se diffusa dans tout son corps. Ce curieux cycle se répéta plusieurs fois, à intervalles apparemment réguliers. Alors, les vagues de douleur s'espacèrent et s'estompèrent jusqu'à totalement disparaître. Julia reprit doucement contact avec la réalité qui l'entourait. Ses mouvements étaient toujours entravés, mais ses sens étaient revenus avec presque tout leur potentiel. Elle déduisit ainsi qu'elle devait se trouver dans un lit, étant étendue sur une surface molle, et couverte d'un drap, avec sa tête légèrement surélevée. Le poids sur sa tête n'était autre qu'une serviette humide. Elle percevait des mouvements, il y avait donc quelqu'un près d'elle. Et enfin, elle parvint à ouvrir les yeux… pour les refermer aussitôt : une lumière aveuglante venait d'imprimer si fort sa rétine que même avec les paupières closes, elle la voyait encore. Décidant d'adopter une autre tactique, elle rouvrit les yeux aussi peu qu'elle le pouvait, de telle sorte que seule une toute petite fente de lumière pût passer. Cela prit un certain temps, mais elle finit par s'y habituer. Elle recommença l'opération quatre fois, en soulevant ses paupières un peu plus à chaque fois, jusqu'à ce qu'elle eût la possibilité de distinguer ce qui l'entourait, sauf la source de cette lumière aveuglante. D'après ce qu'elle pouvait en dire, elle était dans une petite chambre basse de plafond auquel était accroché un simple lustre. Elle voyait clairement que l'ampoule était éteinte, et cela la perturba car, en face d'elle se trouvait une fenêtre dont les rideaux opaques étaient tirés. Logiquement, la pièce aurait dû être plongée dans la pénombre, mais ce n'était pas le cas.
"- Julia ?"
La jeune femme tenta de tourner la tête vers la personne qui l'avait appelée, mais elle n'y parvint pas.
"- Attends, je vais te libérer."
C'était la voix de Remus. Mais qu'avait-il bien pu se passer ? Elle ne conservait que quelques souvenirs épars de sa nuit douloureuse, comme toujours. L'instant d'après, elle sentit ses membres inertes retrouver leur mobilité, accompagnée d'une désagréable sensation d'engourdissement. Elle put enfin tourner la tête et regarder le lycanthrope. Et c'était lui, la source de lumière ! Il était entouré d'un halo doré qui illuminait la pièce.
"- Qu'avez-vous fait ?" demanda-t-elle avec son habituelle voix rauque des lendemains de Nouvelle Lune.
"- Je suis venu te chercher. Et tu as eu de la chance qu'on se soit vite rendu compte de ton départ…"
"- Non, je parle de cette… lumière…"
"- Quelle lumière ? Tout est éteint."
"- Mais, celle qui vous entoure ! Vous brillez comme… comme un ange, enfin, ce qu'on en dit."
Oui, un ange, c'était le qualificatif parfait. Il était tout simplement magnifique, comme ça. Surtout son visage, dont les traits durcis par la Lune étaient subtilement affinés.
"- Qu'est-ce que tu racontes, Miss ?" demanda-t-il, l'air incrédule.
Julia fronça les sourcils. Se pouvait-il qu'elle fût la seule à voir cette lumière ? Se pouvait-il que son imagination lui fît un mauvais tour ? La jeune femme décida de jouer la carte de la prudence.
"- Ce devait être une impression," dit-elle, "oublions ça."
"- Oui, je crois que tu as besoin de repos, je vais te laisser…"
"- Non, attendez !"
Il arrêta le mouvement qu'il avait entamé vers la porte et la regarda au fond des yeux.
"- Oui ?"
"- Je n'ai plus besoin de repos," mentit-elle. "Je voudrais savoir ce qu'il s'est passé…"
Il plissa le front, affichant un air quelque peu soupçonneux.
"- S'il-vous-plaît," implora-t-elle.
Son visage se détendit.
"- Très bien," céda-t-il.
Il s'assit sur la chaise qui était à côté du lit.
"- Je sais que tu as tout entendu depuis ta chambre, alors je ne passerai pas par quatre chemins. Sirius voulait que je désaoûle normalement, mais je n'ai rien voulu entendre, et c'est une chance pour toi…"
Ignorant le commentaire, Julia demanda, abasourdie :
"- Vous vous êtes vraiment enivré ?"
"- Oui."
Apparemment, il ne voulait pas s'étendre sur le pourquoi de cette action, alors la jeune femme n'insista pas et embraya sur quelque chose de plus général.
"- Il existe des sorts pour annuler les effets de l'alcool ?"
"- Tout-à-fait, mais ils sont plutôt hasardeux."
"- Celui que vous avez utilisé a fonctionné ?"
"- Heureusement pour toi, oui. Une fois redevenu sobre, je suis monté pour te voir. J'ai vu ton billet, j'ai prévenu Sirius, et j'ai transplané ici."
"- Comment avez-vous su ?"
"- À part Poudlard et Square Grimmaurd, où d'autre aurais-tu pu aller ? C'était la seule possibilité. Arrivé face à la cabane, j'ai vu ta valise abandonnée, et je suis parti à ta recherche dans le bois. Cela m'a pris un certain temps, mais je t'ai retrouvée, au pied d'un arbre, en proie à un tel délire que je n'ai pas pu te maîtriser à mains nues. Je t'ai rendue amorphe et t'ai ramenée ici. J'ai nettoyé et guéri tes plaies du mieux que j'ai pu, mais je ne suis pas très doué pour ça."
Le silence s'installa entre eux. Julia voulait le respecter, mais une question lui brûlait les lèvres, et la curiosité l'emporta.
"- Pourquoi m'avoir cherchée ?"
"- Je n'ose même pas imaginer ce qu'il te serait arrivé si je ne t'avais pas retrouvée, et tu demandes encore pourquoi ?"
"- Oui. Ma question ne porte pas sur le bien-fondé de votre action, mais sur votre motivation. Et ne m'inventez pas que c'est à cause de la Nouvelle Lune…"
"- Et bien si, Julia, tu as mis juste le doigt dessus !" s'emporta Remus. "Quand comprendras-tu que tu n'es pas seule au monde, qu'il y a des gens qui s'inquiètent de ton bien-être ?"
"- Mais…"
"- Il n'y a pas de « mais » qui tienne. C'est la vérité. Sirius aussi voulait venir à ta recherche. Il se croit coupable de ta fuite. Mais il est confiné à Square Grimmaurd. Maintenant, c'est à moi de te poser une question : pourquoi es-tu partie ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire de « seule solution » ?"
Julia détourna le regard pour répondre.
"- Je suis une source d'ennuis, pour tout le monde, je ne voulais plus être à charge de personne."
Remus soupira.
"- Décidément, tu me surprendras toujours," déclara-t-il.
La jeune femme regarda à nouveau le lycanthrope. Pendant un instant, elle oublia que le temps s'écoulait tant la nouvelle vision qu'elle avait de Remus la subjuguait. Mais elle se reprit bien vite.
"- Pourquoi ?" demanda-t-elle.
Il attendait la question, c'était pourquoi elle l'avait posée.
"- Tu ne réagis jamais de la même manière pour des situations identiques. Quand on pense avoir compris comment tu fonctionnes, tu prouves aussitôt le contraire."
"- C'est comme ça qu'agit tout être humain, non ?"
"- Non, seulement les plus compliqués."
"- Et est-ce un bien ou un mal d'être compliqué ?"
"- Les deux."
Julia fronça les sourcils, perplexe.
"- C'est facile comme réponse," insinua-t-elle.
"- C'est aussi la meilleure."
Et sans lui laisser le temps de répliquer, il retira délicatement la serviette de son front pour la tremper dans une bassine posée sur une petite table de nuit à côté du it. La jeune femme regarda le lycanthrope tordre doucement le linge, de telle sorte qu'il ne fût ni trop humide ni trop sec. Puis il le déposa de nouveau sur son front. Julia ferma les yeux, savourant la diffusion de fraîcheur sur son visage brûlant.
"- Bon, cette fois, je te laisse vraiment te reposer, tu en as besoin…"
La jeune femme rouvrit les yeux et laissa couler son regard dans celui, bienveillant, de Remus. L'auréole de lumière qui l'entourait soulignait de façon nuancée la douceur qui émanait de lui. Il lui sourit et quitta la pièce. L'intensité lumineuse de celle-ci diminua, mais ne disparut pas. Julia fit immédiatement le lien : si Remus brillait, peut-être qu'elle aussi. Elle oublia la douleur sourde encore présente dans tout son corps et se leva rapidement. Quand elle vit son reflet dans le petit miroir de la chambre, elle ne put s'empêcher de hurler. Son corps était entouré d'un halo de lumière bleu pâle qui semblait fluctuer en permanence, mais ce n'était pas ça qui l'effrayait. Au lieu de se voir telle qu'elle était en chair et en os, il y avait, à la fois au-dedans et à l'extérieur d'elle, en surimpression, une silhouette noire qui avait ses traits et qui se battait. Elle voulait se détacher, mais elle était prisonnière du corps de Julia. Une fois la surprise passée, la jeune femme s'examina plus attentivement. Cette silhouette noire était en fait sa réplique exacte, à un détail près : il n'y avait pas de cicatrice sur sa joue droite. Julia était mal à l'aise en observant son visage changer continuellement d'expression sans qu'elle esquissât le moindre geste. Néanmoins, elle vit que son double avait en permanence un air harassé et triste. Elle tendit la main, à la fois sienne et inconnue, vers le miroir, pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Soudain, la porte s'ouvrit violemment et Julia fit un bond en arrière en voyant Remus débouler dans la chambre, la baguette à la main.
"- Que se passe-t-il ?" s'exclama le lycanthrope.
"- Rien," répondit calmement Julia.
"- Comment ça, rien ? Pourquoi as-tu hurlé ?"
"- Et bien, j'ai… je… me suis cognée le pied au bord du lit et ça m'a fait très mal," mentit la jeune femme avec l'air le plus convaincant qu'elle possédait.
Remus fronça les sourcils en rangeant sa baguette dans sa poche.
"- C'est une bonne excuse," dit-il, "mais maintenant, je veux la vérité."
Il la fixait droit dans les yeux, et elle ne put s'empêcher de détourner le regard. Les deux iris jaunes reflétaient une expression déroutante. Pour se donner une contenance, Julia surveilla son reflet dans le miroir. Son double semblait s'être calmé.
"- Si je vous disais la vérité, le sauriez-vous ?" demanda-t-elle, ironique.
"- Oui," répondit Remus sans hésitation.
Ce fut au tour de Julia de fixer son vis-à-vis dans les yeux, intriguée par cette réponse définitive. Il ne mentait pas, elle le voyait au fond de son regard, elle en avait l'intime conviction. Et cette assurance était réciproque : il saurait. Il était inutile de chercher comment, c'était ainsi.
"- Bon," reprit-elle. "Vous et moi sommes entourés de lumière."
"- De lumière ? C'est ce dont tu m'as déjà parlé ?"
"- En fait, il émane de nos deux corps de la lumière. Elle est différente. Pour vous, c'est doré, et moi c'est bleuté."
"- Bleuté, tu dis ? Hm…"
Il s'assit sur le lit, affichant un air songeur. Après un moment de silence, n'y tenant plus, Julia demanda :
"- Je ne suis pas folle alors ?"
Remus sembla redescendre sur terre, puis la regarda, un demi-sourire aux lèvres.
"- Non, tu n'es pas folle," répondit-il.
Puis il reprit un air sérieux.
"- J'ai peut-être une définition à donner à ce que tu vois, mais je n'ai aucune idée de comment ça a pu se produire."
La jeune femme attendit que le jugement s'abattît sur elle.
"- Je pense," reprit le lycanthrope après un silence court mais oppressant pour Julia, "que tu peux voir les auras magiques."
La Serpentard resta muette un certain temps, interloquée de ne pas s'entendre dire qu'elle avait une maladie incurable ou autre joyeuseté que seule le monde magique pouvait réserver. Puis, sa froide logique reprit momentanément le dessus.
"- Sur quoi vous basez-vous pour formuler cette conclusion ?"
"- Le fait que tu aies mentionné plusieurs couleurs, dont la tienne, que j'ai déjà entr'aperçue."
"- On peut voir les auras magiques de façon permanente ?"
"- Rien ne l'empêche. Mais je vais contacter le Professeur Dumbledore pour avoir plus de précisions. Au fait, Sirius vient de m'envoyer des nouvelles. Harry et les Weasley ont débarqué cette nuit à Square Grimmaurd."
"- Ah bon ? Pourquoi ?"
"- Arthur s'est fait attaquer. Il est actuellement à Ste-Mangouste, mais ses jours sont hors de danger."
"- Tant mieux."
"- Toujours est-il que tu vas devoir rester ici jusqu'à la fin des vacances d'hiver, seule la plupart du temps car j'ai des missions à remplir."
"- Ce n'est pas grave, j'ai l'habitude."
"- Tu dois néanmoins me promettre une chose."
"- Quoi ?" répondit Julia en fronçant les sourcils.
"- Ne fais plus rien d'inconsidéré."
"- Oui, papa," répliqua-t-elle d'un ton sec.
"- Julia, ce n'est pas un ordre, c'est une demande."
La jeune femme fixa le lycanthrope. Son aura était calme et son attitude corporelle n'exprimait aucune colère. Alors Julia ne sut plus quoi dire. Elle en avait assez. Assez de ne jamais exprimer ses réels sentiments. Assez de toujours avoir écouté cette voix qui lui prodiguait des conseils du ton avisé de celle qui a déjà tout vécu. La voix… La jeune femme examina à nouveau son reflet. Son double était toujours là.
« C'est toi ? » demanda-t-elle.
« Oui, c'est moi, » répondit la voix, et Julia vit la surimpression remuer les lèvres.
« Alors, va-t'en ! »
« Je ne peux pas, » répliqua son double d'un ton las.
« Mais qu'est-ce que j'ai fait ? »
« Rien. »
"- Julia ? Ça va ?"
La jeune femme sursauta. Remus s'était levé et approché d'elle.
"- Non !" s'écria-t-elle. "Rien ne va !"
"- Qu'est-ce que tu as ?"
Son ton était bienveillant, protecteur, et cela la fit exploser.
"- Arrêtez de me traiter comme votre fille ! Je suis peut-être encore jeune, mais je suis une femme maintenant ! Où est passé l'homme qui m'a séduite il y a un mois ?"
"- Julia, que t'arrive-t-il ?"
"- Il m'arrive que je n'accorderai plus aucun crédit à ma stupide conscience ! Je vous aime… Voilà, c'est dit !"
La jeune femme avait la respiration saccadée. Imperceptiblement, elle s'était approchée du lycanthrope. Moins d'une vingtaine de centimètres les séparaient. Elle gardait la tête droite, évitant de lever les yeux vers Remus, s'assurant ainsi de ne pas croiser son regard quand il se vengerait du jeu qu'elle lui avait fait subir. Le temps s'écoula avec une extrême lenteur. Julia n'en pouvait plus de cette attente, d'autant plus qu'elle sentait sur son visage le souffle chaud de l'homme dont elle savait enfin qu'elle l'aimait. Soudain, il l'agrippa aux épaules.
"- Regarde-moi," dit-il, la voix tendue.
Elle leva les yeux à contrecœur.
"- C'est vrai ?"
Elle hocha la tête faiblement, incapable d'articuler le moindre mot tant la tension qui s'était emparée d'elle était grande. Maintenant qu'elle l'avait croisé, elle ne pouvait plus détacher ses yeux de son regard, cette lueur dorée qui reflétait tant de choses à la fois.
"- Julia, je…"
"- Non !" le coupa-t-elle.
C'était ce qu'elle attendait, ce qu'elle avait en fait toujours attendu sans le savoir. Mais ce n'était pas possible.
"- Ne le dites pas avant d'être honnête," ajouta-t-elle.
"- Mais…"
"- Non, pas de « mais », c'est ainsi. Vous m'avez trop longtemps vue et considérée comme une enfant envers qui vous aviez une dette et que vous deviez protéger. À présent, c'est fini. Mais vos sentiments ont-ils réellement grandi et changé envers moi ?"
Il ne répondit pas, se contentant de la regarder avec une tendresse infinie. Malgré la tentation de laisser tomber ce point, elle tint ferme.
"- Je vois," dit-elle. "Vous…"
Mais il ne lui laissa pas le temps de parler. Il posa doucement ses lèvres sur celles de la jeune femme et l'embrassa avec autant de passion que leur premier baiser.
"- Oui, Julia," dit-il entre deux baisers, "je t'aime."
§X§
"- Julia ?"
La voix était douce et pleine d'attention. La jeune femme ouvrit les yeux et sourit. Elle était blottie contre Remus, la tête posée dans le creux de son épaule droite. Julia balada sa main droite sur le torse du lycanthrope, jouant avec ses poils, les torsadant.
"- Comment vas-tu ?" demanda-t-il.
"- On ne peut mieux… Et toi ?"
"- Je me sens très bien."
Un silence. La jeune femme se redressa alors un peu pour regarder son amant. Ils se sourirent, puis elle déposa quelques petits baisers sur sa joue.
"- Quand dois-tu partir travailler ?" demanda-t-elle soudain.
"- J'ai une surveillance à assurer cet après-midi…"
"- Jusque tard ?"
"- Il y a des chances…"
Julia afficha une mine attristée.
"- De toutes façons, Miss, tu as des devoirs à faire, il me semble…"
"- C'est juste," répondit-elle. "D'ailleurs, si tu n'y vois pas d'inconvénient, je vais m'y mettre de suite…"
Elle fit mine de se lever, mais il la retint et la plaqua doucement contre lui. Après avoir tenté de se libérer pendant un petit temps, elle se rendit et le laissa faire.
"- Il nous reste encore un peu de temps," dit Remus.
"- Oui, mais tu dois encore manger… Tu veux que je cuisine ?"
"- Cela fait partie de tes dons ?"
"- Hm, je ne dirai pas cela comme ça, mais je connais les bases…"
"- Et qu'est-ce que tu comptes préparer ?"
"- Omelette au lard !"
"- Dans une heure alors…," conclut le lycanthrope avec un sourire aux lèvres, trop divin aux yeux de Julia pour l'ignorer.
§X§
Un peu plus d'une heure plus tard, Julia se tenait devant les fourneaux de la cuisine de la cabane, préparant la fameuse omelette au lard. Soudain, la pièce s'illumina plus fortement : Remus venait d'arriver. La jeune femme sourit mais ne se retourna pas. Elle avait vaguement dans l'idée de laisser le temps au lycanthrope de venir la surprendre par derrière. Mais les secondes s'écoulèrent sans que rien ne se passât, si ce n'était l'omelette qui continuait de cuire. Alors elle regarda vers la porte et resta muette de surprise. Deux sillons de larmes s'étaient dessinés sur le visage de Remus. La jeune femme l'avait déjà vu triste, mais jamais il n'avait pleuré, du moins pas devant elle. Se voyant découvert, il essuya son visage du revers de la main et sourit faiblement, avant de faire un bref signe de tête vers les plaques. Julia réagit immédiatement et put ainsi sauver l'omelette. Mais durant le temps que lui prit l'opération, l'intensité lumineuse de la cuisine baissa. La jeune femme s'empressa de vider le contenu de la poêle dans une grande assiette et recouvrit celle-ci avec un dôme magique afin d'en conserver la chaleur. Puis elle se précipita dans le salon et entendit la porte d'entrée claquer. Quand elle atteignit le seuil de la cabane, ce fut pour voir Remus disparaître dans un craquement sonore. Elle tapa du pied au sol.
"- Tête de mule !" s'exclama-t-elle.
« Non, de lycan…, » lui glissa son double.
"- Et toi, tais-toi !" répliqua-t-elle en plaquant ses mains contre ses oreilles. "Je-ne-veux-plus-t'entendre !" scanda-t-elle.
Et elle retourna à l'intérieur de la cabane. En fait, la bâtisse n'avait de cabane que le nom, et l'apparence. L'intérieur était assez grand pour qu'on la qualifiât de maison. Julia constata que Remus avait monté sa valise car elle n'était plus dans le couloir. Elle grimpa l'escalier et alla dans sa chambre. Le lit était refait et la malle posée dessus. La jeune femme l'ouvrit et rangea dans la petite commode ses quelques possessions. Tandis qu'elle déplaçait les vêtements, elle vit des filaments de lumière bleu pâle fuir vers ses chaussettes. Intriguée, elle palpa chacune de ses paires jusqu'à sentir une forme peu conventionnelle dans l'une d'elles. Alors elle se souvint du Cristal de Lune, le sortit des chaussettes et le rendit pleinement visible. Puis elle le posa sur la commode et l'observa. Les filaments de l'aura de la jeune femme semblaient se faire doucement absorber par le Cristal. Julia se plaça à l'autre bout de la pièce, et le manège cessa. Peu à peu, le Cristal redevint complètement transparent et émit une douce lumière blanche. Cette pierre avait donc son aura propre. La jeune femme s'approcha de nouveau du Cristal celui-ci recommença à absorber l'aura bleue, et avec d'autant plus d'intensité que Julia était proche. Elle prit l'objet en main, et celui-ci devint complètement bleu, à l'image de son propriétaire.
"- Remus ne soupçonnait certainement pas de telles capacités quand il m'a offert ce Cristal," commenta la jeune femme à haute voix.
Elle reposa l'objet avec délicatesse et finit de ranger ses affaires.
§X§
Julia sursauta au son de la porte d'entrée qui s'ouvrait, et se redressa vivement en glissant la Cristal dans une poche de son jeans et en remettant un peu d'ordre dans ses cheveux en bataille. Il était heureux que son sommeil fût léger, sinon, elle n'aurait jamais su que Remus était rentré. Elle avait passé tout l'après-midi, la soirée, et une partie de la nuit à étudier l'étrange objet sans pouvoir en tirer des conclusions. De toutes façons, son esprit était ailleurs, cherchant une explication au comportement du lycanthrope. Celui-ci pénétra dans le salon qui était plongé dans le noir, car Julia préférait ne pas avoir d'interférence lumineuse durant ses tests sur le Cristal. C'est pourquoi il ne se rendit pas compte de la présence de la jeune femme jusqu'à ce qu'elle prît la parole.
"- Bonsoir, Remus."
Il marqua un temps d'arrêt dans son mouvement, puis sortit sa baguette de sa poche et éclaira la pièce.
"- J'aurais dû me douter que tu ne serais pas couchée…," dit-il, une note d'amertume dans la voix.
Julia décida de ne pas relever et s'abstint de remarque sur le ton employé, bien qu'elle brûlait de répliquer de la même manière. Essayant de paraître indifférente, elle dit :
"- Tu es parti sans manger, je ne savais pas que mon omelette te ferait fuir de la sorte…"
Un sourire fugitif passa sur les lèvres du lycanthrope, mais il garda le silence.
"- Je l'ai préservée magiquement," reprit la jeune femme. "Elle est à la cuisine…"
"- Je n'ai pas faim," coupa Remus.
"- Ah ?" fit-elle, irritée par le ton cassant, inhabituel. "Très bien, je…"
"- Julia, tais-toi."
"- Pardon ?" s'indigna la jeune femme.
C'était la première fois qu'il lui parlait de cette manière.
"- Tu vas t'asseoir et m'écouter, j'ai à te parler."
"- Ce n'est pas la politesse qui t'étouffe, ce soir…"
Il ne répondit pas. Elle hésita un instant à quitter la pièce, puis se ravisa et s'assit, les sourcils froncés, attendant ce qui lui valait un tel traitement.
"- Julia, quand je t'ai vue cuisiner, j'ai revu ma fille dans la même situation…"
"- Ta fille ?"
"- Oui. Tu l'as vue, une fois."
La jeune femme resta perplexe un moment. Jamais elle n'avait rencontré de fille portant le nom de Lupin. Puis elle se souvint.
"- Dans tes souvenirs, Gwendoline…"
"- C'est ça, c'était le jour de sa mort…"
§X§
"- Voilà, tu connais mon secret," dit Remus après avoir doucement soupiré.
Julia se laissa enfin aller au fond du fauteuil dans lequel elle était assise. Le lycanthrope lui avait raconté comment, suite à une rencontre inopinée, il avait fait la connaissance de sa future fille, et avait ainsi signé son acte de décès. Gwendoline était entrée et sortie de la vie de l'homme solitaire qu'il était alors trois ans avant que Julia ne se montrât excessivement imprudente lors d'une nuit de Pleine Lune.
"- Toutes ces années," dit-elle au prix d'un énorme effort, "tu m'as assimilée à Gwendoline ?"
"- Pas toutes, Julia. Tu as commencé à m'ouvrir les yeux pendant mon année de professorat à Poudlard."
"- Ah ?"
"- Tu t'es montrée à la fois plus distante et plus possessive."
La jeune femme essaya de se repasser le film des évènements de sa vie depuis sa cinquième année. Et effectivement, vu avec du recul, elle avait agi avec Remus comme une adolescente entichée de son professeur. Sauf que celui-ci avait toujours répondu positivement à ses avances inconscientes.
"- Je ne me rendais pas tout-à-fait compte de ce que je faisais," dit-elle, "et je ne voulais peut-être pas assumer ce changement. Mais toi, tu as réalisé ce qu'il se passait…"
"- Peut-être que je ne voulais pas enrayer ce changement. Tu regrettes ?"
"- Non."
"- Moi non plus."
Julia sentit une bouffée de chaleur l'envahir. Elle se leva et s'approcha de Remus. Celui-ci s'enfonça complètement dans son fauteuil et la regarda, silencieux. La jeune femme s'assit doucement sur une des jambes du lycanthrope et passa lentement la main dans ses cheveux châtains. Remus sourit et l'attira vers lui. Sa petite taille permit à Julia de se blottir dans les bras de son amant.
"- Ne me refais plus jamais vivre des jours comme aujourd'hui," murmura-t-elle.
"- C'est promis," lui susurra-t-il.
Il déposa des baisers sur tous les endroits de la tête de Julia qu'il pouvait atteindre sans bouger. La jeune femme savoura chaque contact en vidant son esprit de toute pensée à l'exception d'une seule.
« Remus, je t'aime… »
Une lumière dorée explosa dans sa tête, libérant le message suivant :
« Je t'aime, Julia… »
La jeune femme sourit et se laissa couler vers le sommeil qui l'envahissait. Mais cette nuit, ce ne serait pas Morphée qui la tiendrait dans ses bras…
§X§
Les quelques jours qui suivirent s'écoulèrent sans incident. Remus et Julia passaient tout leur temps commun à discuter des choses qu'ils avaient pris soin de se cacher jusqu'alors. Et pendant que le lycanthrope était absent, la jeune femme étudiait le Cristal de Lune. Elle apprit ainsi à utiliser l'objet comme focalisateur de sa magie mentale, et découvrit qu'elle avait la possibilité d'agir sur tout ce qui gardait une trace de magie ou était magique. Quand elle s'était attaquée à l'apparence de la maison, sans baguette, elle avait perdu connaissance et avait eu la surprise, à son réveil, de se trouver face à un manoir. Elle avait couru à l'intérieur, resté identique, pour prendre sa baguette et remettre rapidement les choses dans leur état d'origine avant que Remus ne se rendît compte de quelque chose. L'ambiance fût donc parfaite jusqu'au matin du 24 décembre.
"- Mais pourquoi ?"
"- Parce que je suis obligé, Julia !"
"- Et moi ?"
"- Tu sais bien que tu ne peux pas retourner à Square Grimmaurd avant la rentrée…"
"- Je crois que je vais simplifier la tâche de Voldemort en tuant moi-même Harry Potter."
"- Allons, tu ne vas pas me faire une crise de jalousie."
"- Non, mais au départ, c'est toi qui avait insisté pour qu'on passe Noël ensemble."
"- Il a coulé beaucoup d'eau sous les ponts depuis."
"- Je sais. Bon, quand t'en vas-tu ?"
"- Cet après-midi."
"- Tu veux manger avant de partir ?"
"- Non, je veux passer le reste de mon temps près de toi."
"- C'est déjà ce que tu fais," répliqua Julia en souriant.
"- Ah, mais ce n'est pas encore assez près à mon goût, ma chère," reprit-il en l'attirant vers lui.
"- Vous êtes très exigeant mon cher, et cela vous réussira…"
Quelques heures plus tard, Remus était parti. Et Julia soupira en pensant qu'elle passerait le réveillon seule. L'après-midi fût longue et sans intérêt. La jeune femme n'avait même plus envie d'essayer d'extirper les secrets du Cristal. À un moment, elle pensa à décorer la maison pour qu'elle eût un air de fête, mais elle abandonna très vite l'idée, qui ne correspondait pas à son humeur. Finalement, elle se coucha bien avant minuit, préférant noyer sa solitude passagère dans le sommeil.
§X§
Toc, toc, toc !
Julia s'éveilla en sursaut.
"- Qu'est-ce que… ?" commença-t-elle, encore à moitié endormie.
Puis elle se rendit compte qu'un hibou attendait de l'autre côté de la fenêtre. Elle se leva rapidement et défit maladroitement le loquet pour permettre au rapace d'entrer. Celui-ci alla se poser sur le rebord du lit.
"- Bonjour, toi," dit Julia. "Joyeux Noël. Qui t'a donné du travail aujourd'hui ? Tu mérites bien une récompense…"
La jeune femme prit sa baguette et fit apparaître quelques biscuits. Elle détacha son colis de l'oiseau pour lui permettre de profiter de ce petit cadeau avant de repartir. Le colis contenait une boîte de friandise de la part de Molly Weasley, un écrin, et deux enveloppes. Julia ouvrit l'une d'elle, qui venait de Sirius.
« Joyeux Noël, princesse !
Ton sourire manque à toute la maison ! Reviens-nous vite.
Je te fais cadeau de ce hibou. J'espère que tu m'écriras plus souvent maintenant !
Sniffle »
La jeune femme tourna la tête vers le rapace qui continuait de festoyer avec les biscuits.
"- Et bien, mon cher hibou," déclara-t-elle, "nous allons être amenés à faire plus ample connaissance."
Elle referma la fenêtre d'un coup de baguette.
"- Il va te falloir un nom," ajouta-t-elle. "Que penses-tu de… Trichelieu ?"
L'oiseau s'arrêta de manger et tourna la tête vers la jeune femme. Celle-ci tendit le bras.
"- Trichelieu."
Le hibou s'envola et vint se poser sur son bras en la regardant avec un air interrogatif. Julia lui caressa doucement les plumes, et il hulula, apparemment satisfait.
"- C'est entendu, alors, te voilà baptisé ! Tu peux continuer de manger, mais n'en prend pas l'habitude, Noël n'arrive qu'une fois par an…"
Trichelieu retourna à son festin, et Julia décacheta la seconde enveloppe, celle de Remus.
« Joyeux Noël, Julia !
J'espère que tu ne m'en veux pas. Sache que c'est aussi dur pour moi que pour toi. Tu ne quittes pas un instant mes pensées.
J'ai remarqué que tu mettais souvent le Cristal de Lune dans tes poches, et j'ai trouvé une manière plus pratique de le transporter.
On se voit ce soir.
Je t'aime.
Remus »
La jeune femme sourit, et s'empressa d'ouvrir l'écrin. Il contenait une chaîne en argent dont le pendentif était creux. Julia prit le Cristal de Lune, déposé la veille sur sa table de nuit, et l'inséra dans le pendentif. Puis elle passa la chaîne autour de son cou et se plaça devant le miroir de la chambre pour admirer le résultat. Son double était calme, presque en parfaite synchronisation avec elle-même. Et soudain, son visage se déforma et son corps sembla vouloir se détacher, s'enfuir. Julia se retrouva à quatre pattes au sol, suffoquant, à peine consciente d'être tombée. La douleur commençait à l'envahir, s'insinuant dans chacune de ses veines. En plus de la souffrance, la jeune femme fut horrifiée de voir le pendentif devenir d'un noir d'encre : les filaments qui lui donnaient cette teinte venait d'elle. Julia hurla, et ce fut le noir total.
§X§
"- Il n'empêche que tu aurais dû m'en parler…"
"- Mais ça ne change rien ! Même Dumbledore ne peut rien y faire."
La crise de Julia avait duré beaucoup plus longtemps que les autres fois, et Remus l'avait retrouvée inconsciente sur le parquet de la chambre. Il lui avait demandé des explications et elle lui avait avoué que cela durait depuis quelques mois déjà.
"- Il n'est pas question de pouvoir ou pas y mettre un terme. Cela va peut-être t'étonner, mais je m'inquiète pour toi."
"- Ce n'est pas la peine d'être ironique…"
"- Excuse-moi…"
La jeune femme fixa le lycanthrope dans les yeux, puis lui sourit. Cette simple excuse était la plus douce des musiques.
"- Remus, je t'aime…"
"- Moi aussi je t'aime, Julia. C'est pour ça que j'aimerais que tu me tiennes au courant, je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose."
"- Très bien, je ferai attention, et je t'avertirai si jamais ça se passe encore."
Remus fronça les sourcils tandis qu'un demi-sourire se dessinait sur ses lèvres.
"- Que me vaut une telle docilité ?" demanda-t-il, soupçonneux.
"- Hm, c'est peut-être parce que c'est toi…," répondit-elle, taquine.
"- Je voudrais bien voir ça, Miss…"
Il approcha son visage de celui de la jeune femme, et ils s'embrassèrent.
Note de l'auteur
Pour bien comprendre qui est Gwendoline, la fille de Remus, je vous invite à lire "Tempête dans la Monotonie", one-shot de moi...
