Disclaimer: Vous vous rendez compte! Un prologue et dix-sept chapitres, tout ça gratuitement! Et c'est pas fini en plus... Je suis trop généreuse... En même temps, l'univers que j'exploite appartenant à JKR, j'aurais du mal de faire autrement...

Remerciements: Loufoca power! T'es vraiment la meilleure, que ferai-je sans tes précieux conseils?

Résumé: Suite à un choc lors d'une nuit de Nouvelle Lune, Julia peut voir les auras magiques. Elle a enfin totalement avoué ses sentiments à Remus, qui lui a réciproqué. Elle passe les quinze jours de Noël-Nouvel An à la "cabane" de Remus...

Seconde Chance

Chapitre 17 Le Choix

"- Ça va ?"

"- Ça pourrait aller mieux…"

Julia se mit à masser le corps endolori de Remus.

"- Et maintenant ?"

"- Hm, ne t'arrête surtout pas, j'en mourrais…," souffla-t-il.

"- Au moins, je n'aurais plus à te masser," répliqua-t-elle.

La Pleine Lune était passée, mais malgré le potion Tue-Loup (dont Julia avait terminé seule la préparation), le lycanthrope était complètement abattu. La jeune femme était restée près de lui durant toute la transformation, gardant un contact permanent avec son esprit pour lui permettre de ne pas décrocher de la réalité. À présent qu'il était redevenu humain, elle s'occupait de lui, comme il s'était occupé d'elle le lendemain de Nouvelle lune. Elle alternait massage et caresse, et peu à peu, la respiration de Remus se fit plus régulière et profonde. Julia continua doucement pendant quelques minutes, puis elle déposa un baiser sur sa joue et s'éloigna du lit. La jeune femme était particulièrement fière d'elle. Elle maîtrisait de mieux en mieux le Cristal de Lune, et elle n'aurait jamais pu aider Remus si elle ne l'avait pas eu. Et puis, c'était tellement beau : le lien qu'elle avait installé entre leurs deux esprits était en fait une mise en commun au sein du Cristal des filaments de leur aura respective. Ç'aurait été une superbe expérience de pouvoir utiliser l'instrument avec une autre aura vivante. Quand Remus irait mieux, elle lui demanderait s'il serait d'accord de recommencer. Pour l'heure, elle s'assit sur la chaise qu'elle avait disposée à côté du lit et contempla son amant endormi.

§X§

Durant les quelques jours qui les séparaient de la rentrée scolaire, Remus et Julia profitèrent de leur isolement. Le lycanthrope avait reçu « l'ordre » de se reposer par Dumbledore et s'y était soumis sans rechigner. Il avait accepté d'aider la jeune femme dans son étude du Cristal, à condition que l'échange de souvenirs fût un partage équitable et non pas une voie à sens unique. Julia s'était empressée d'acquiescer. Elle n'avait pas eu à le regretter, même si elle avait une fois cru que cela se finirait mal.

§XXXXXXX§

"- Bon, j'aimerais que tu m'expliques clairement ce qu'il s'est passé…"

Remus avait brusquement rompu le lien, et Julia vit des étoiles pendant quelques instants. Elle n'avait pas imaginé que cela pût arriver et elle n'avait pris aucune mesure pour protéger son esprit.

"- Qu… quoi ?" demanda-t-elle en clignant des yeux pour remettre de l'ordre dans ses idées.

"- Le garçon…"

La jeune femme fronça les sourcils, essayant de se souvenir des dernières images qu'elle avait transmises au lycanthrope.

"- Fabian…," dit-elle alors en revoyant son premier rendez-vous avec le jeune homme.

"- Sirius m'avait parlé de lui, mais…"

"- Je sais," dit Julia d'une voix lasse.

Elle avait espéré que Remus ne relèverait pas cette histoire, mais puisqu'il le faisait, autant s'en débarrasser tout de suite.

"- Et bien, je suis sortie avec lui pendant une semaine, puis on a rompu."

"- Pourquoi es-tu sortie avec lui ?"

"- Ah, heu… parce qu'il me l'a demandé…"

Ce n'était pas bon, tout ça, elle était en train de perdre pied…

"- Tu l'aimais ?"

Julia toisa Remus du regard.

"- Pourquoi cet interrogatoire ? C'est fini…"

"- C'est une simple question. Je ne suis pas là pour te juger…"

"- Mais est-ce que moi je te demande combien tu as connu de femmes avant moi, et si tu les aimais ?"

Remus baissa les yeux.

"- Tu as raison, pardonne-moi. Et puis, comme tu l'as dit, c'est fini."

Julia acquiesça, avant d'ajouter, dans un murmure :

"- Et quand j'étais avec lui, c'était à toi que je pensais…"

Le lycanthrope plongea son regard dans les yeux de la jeune femme, et elle se sentit soudain plus fragile que jamais.

"- Pourquoi es-tu sortie avec lui ?" redemanda Remus de façon à peine audible.

La réponse éclata au visage de Julia, si simple qu'elle n'y avait jamais prêté attention.

"- Parce que tu ne me voyais pas…"

Des larmes roulèrent lentement sur ses joues, mais elle ne pleurait pas. C'était comme si ces perles salées ne venaient pas d'elle. Remus tendit son bras et attrapa quelques larmes qui glissaient sur la cicatrice de la jeune femme avec son index. Puis il le porta à ses lèvres et l'y fit glisser lentement. Et sans prévenir, il embrassa la joue de Julia, à mi-chemin entre le baiser et la dégustation. La jeune femme se laissa faire. Quand la bouche du lycanthrope s'approcha de son oreille, il lui murmura :

"- Maintenant, je fais plus que te voir… Je t'aime."

§XXXXXXX§

À présent, Julia était dans sa chambre, sa malle ouverte sur le lit, regrettant presque que ce fût le dernier jour à passer dans le bois de son enfance. Elle se dirigea lentement vers la fenêtre et se plongea dans la contemplation du décor extérieur, sans toutefois vraiment le voir. Alors, elle se rendit compte qu'il lui manquait encore quelque chose. Tout allait pour le mieux avec Remus, elle avait trouvé son réel domaine de prédilection, mais elle ne savait toujours pas ce qui s'était passé la nuit de ses dix ans, d'où lui venait cette résistance particulière aux attaques magiques contre son corps, et surtout, pourquoi elle devait subir ces crises de plus en plus douloureuses et de plus en plus irrégulières. Tandis que la jeune femme se demandait ce qui allait se passer moins de quinze jours plus tard lors de la Nouvelle Lune suivante, la pièce s'illumina et la source s'approcha d'elle. Elle sourit, notant que Remus tentait encore de la surprendre malgré l'explication qu'elle lui avait donnée. Elle ne sursauta donc pas quand il posa ses mains sur ses épaules, et susurra à son oreille :

"- À quoi penses-tu ?"

Sachant qu'il était tout proche, elle se laissa aller en arrière, et il en profita pour la serre contre lui.

"- Je me demandais pourquoi il faudrait retourner à Square Grimmaurd," répondit-elle. "Je ne veux pas avoir le plaisir de revoir Rogue, et on est bien, ici…"

"- Je sais," dit Remus en l'embrassant doucement dans le cou. "Mais Dumbledore a insisté…"

Julia se détacha du lycanthrope pour lui faire face.

"- Qu'est-ce que Dumbledore vient faire là-dedans ?"

"- Je ne sais pas. À la dernière réunion, il m'a rappelé que tu devais rentrer à Square Grimmaurd le lundi de la rentrée."

"- Et c'est ça que tu appelles insister ?"

"- De la part de Dumbledore, oui."

"- Bon, je me demande ce qu'il me veut encore."

"- Peut-être veut-il simplement te donner l'impression de retourner à l'école…"

"- Comme si j'en avais besoin. Je suis suffisamment disciplinée pour ne pas m'attacher à un endroit."

"- Oui, je dois te reconnaître cette qualité."

Remus souriait, l'air taquin. Julia avait encore des difficultés à se faire à ce nouveau visage qu'il lui montrait. Il avait définitivement enlevé la distance qu'il avait jadis érigée entre eux, ce qui déstabilisait encore la jeune femme. Alors, pour que ses yeux ne trahissent une quelconque anxiété quant à l'avenir, elle l'embrassa tendrement. Le sujet était clos.

§X§

"- Mais… qu'as-tu fait à ton bras ?"

Julia venait de descendre sa lourde valise dans le couloir, et elle désigna la cage vide qui se trouvait au-dessus.

"- C'est Trichelieu," expliqua-t-elle. "J'ai voulu l'habituer à transplaner avec moi, et il m'a déchiqueté le bras à l'arrivée. Alors je lui ai dit qu'il avait intérêt à être avant moi à Square Grimmaurd s'il ne voulait pas finir dans une casserole."

Remus éclata de rire.

"- Le pauvre," dit-il. "Il va faire sa fête à Sirius en arrivant au QG."

Julia sourit.

"- On verra bien. Si Trichelieu est déjà dans une casserole, on aura compris."

Après avoir ri du sort du hibou capricieux, Remus et Julia quittèrent la maison et transplanèrent. Ils entrèrent ensemble au numéro douze en portant la lourde malle et en ne faisant aucun bruit dans le couloir d'entrée. Ils montèrent au deuxième étage, jusqu'à la chambre de Julia où ils déposèrent la valise. Remus prit alors le visage de Julia dans ses mains et l'embrassa doucement. Les mains du lycanthrope passèrent ensuite sous la nuque de la jeune femme, et il colla leurs deux fronts. Sa respiration était rapide, sa bouche entrouverte, ses yeux fermés. Julia l'observait, gravant mentalement chaque détail. C'était comme ça qu'elle voulait le voir chaque fois qu'elle penserait à lui. Puis elle sentit quelque chose couler en elle, d'abord dans sa tête, puis dans tout son corps, comme si un liquide se déversait par son système nerveux au complet. Soudain, une énorme chaleur éclata de ce liquide, et une sensation suivit. Elle la connaissait, et pourtant, elle lui semblait complètement étrangère. Dans un état proche de la transe, elle parvint à mettre un nom sur le sentiment qui l'envahissait : amour. Mais pas celui qu'elle ressentait. C'était l'amour que Remus lui portait. Le lycanthrope était parvenu à passer les barrières mentales de Julia pour partager ses émotions avec elle. La jeune femme se concentra pour vider son esprit, puis laissa son regard dériver sur le visage de son amant. Alors, elle sentit qu'une partie de son énergie la quittait pour se déverser en Remus. C'était grisant. Ils continuèrent ces échanges, et bientôt, Julia ne sut plus exactement où elle était. La seule chose qui lui importait était qu'elle pouvait voir Remus.

"- Separum !"

Julia se sentit voler, mais elle n'en tint pas compte, parce que toute son attention fut accaparée par l'énorme douleur due à la séparation soudaine. Tellement forte qu'elle sentit son cerveau exploser et crut qu'elle était morte.

§X§

"- Remus !" hurla Julia.

Elle était liée, plongée dans le noir, et souffrait le martyre.

"- Calmez-vous," lui intima une voix grave.

Remus était trop loin. C'était trop dur. Elle sentait qu'il n'allait pas bien non plus, et elle en était seulement plus affectée.

"- Où est Remus ?" supplia-t-elle.

"- Pas ici," répliqua la voix, dure.

"- Il doit venir…"

"- Non."

"- Pitié…"

"- Arrêtez ça, Julia."

"- Remus…"

« Maîtrisez-vous ! »

La voix était entrée dans sa tête, et elle exerçait une horrible pression pour rompre le lien d'avec Remus.

"- Non !" hurla Julia, tentant de fuir.

Elle ne pouvait pas bouger, mais elle avait réussi à éjecter la voix source de pression. Pourtant, la douleur était toujours là, et celle de Remus aussi.

« Reprends le contrôle… »

C'était son double.

« Il doit venir, » répliqua Julia.

« Non, tu dois estomper le lien. Écoute Dumbledore. »

Dumbledore… Faisant un effort sur elle-même, la jeune femme se raccrocha aux bribes de réalité qui lui revenaient. Remus… Estomper le lien… Soudain, la pression revint en force.

« Arrêtez, Julia. »

C'était bien la voix de Dumbledore.

« Ne le brisez pas, » répondit-elle, calmement, mais suppliante.

Et la douleur disparut peu à peu, Julia distillant l'aide que le directeur lui apportait, pour ne plus devenir qu'un mauvais souvenir. Les liens qui l'immobilisaient s'envolèrent, ainsi que ce qui maintenait ses paupières closes. La jeune femme ouvrit doucement les yeux, et dut les plisser pour pouvoir regarder Dumbledore. L'aura du directeur de Poudlard était impressionnante, et dégageait une telle puissance que Julia se sentait écrasée.

"- Je suis désolé de vous éblouir ainsi," dit Dumbledore.

"- Vous… vous voyez aussi les auras ?"

"- Non, mais mon frère oui, et il s'en plaignait régulièrement."

Julia constata avec soulagement qu'il avait repris sa voix réservée. Elle se redressa sur son lit, fit une pause dans son mouvement, le temps que sa tête arrêtât de tourner, puis se leva et observa son reflet dans le miroir. Son double étant relativement calme, elle remarqua le visage ravagé qui était le sien et fit courir son doigt le long de la cicatrice qui lui barrait la joue, plus rouge que jamais.

"- C'est moi qui ai fait ça ?" demanda-t-elle à Dumbledore.

Le directeur prit un air grave.

"- Vous comprenez pourquoi j'insistais pour que vous reveniez ici," dit-il. "Quand j'ai appris que vous pouviez tout à coup réellement voir l'essence magique…"

"- Comment l'avez-vous su ?" le coupa Julia avec colère, en se tournant vers lui.

"- Julia," reprit-il en fronçant les sourcils et en durcissant légèrement la voix. "Arrêtez de croire que vous n'avez besoin de personne. Vous n'êtes pas dans une situation enviable, et je suis là pour vous aider."

La jeune femme se sentit soudain mal à l'aide. Elle observa à nouveau son reflet dans le miroir, tournant à moitié le dos à Dumbledore. Elle était en tort, elle le savait, mais elle ne voulait pas l'admettre. Elle se souvint alors que c'était Remus qui devait en avoir parlé à Dumbledore, c'était ce qu'il avait suggéré quand il l'avait appris.

"- En vous obligeant à revenir ici, je pensais m'assurer que vous ne perdiez pas le contrôle de vos capacités, mais vous avez encore une fois été plus rapide que ce que je prévoyais."

Julia ne répondit rien. Elle écoutait, attendant qu'il en vînt au fait. Dans le même temps, elle sentait tout au fond d'elle-même une douce présence, et c'était rassurant.

"- Vous ne devriez pas porter le Cristal de Lune en permanence tant que vous n'aurez pas appris à vous maîtriser. Surtout en présence de Remus…"

La jeune femme sentit un nouvel élan de colère l'envahir, mais elle se résigna et ôta le pendentif de son cou pour le déposer sur la coiffeuse.

"- Bien. Suivez-moi maintenant."

Dumbledore se rendit dans le salon et en verrouilla magiquement les portes quand Julia fut entrée. Tandis que la jeune femme le regardait faire, elle tomba à genoux et se prit la tête entre les mains. Une douleur fulgurante venait de s'insinuer en elle, comme si elle était en train d'imploser. La souffrance qu'elle éprouvait était telle qu'elle ne pouvait penser à rien d'autre. Elle fut donc étonnée d'entendre sa propre voix et d'être recroquevillée au sol quand la douleur cessa aussi abruptement qu'elle était venue. Récupérant doucement tous ses sens, elle sentit des larmes sur ses joues, et elle tremblait de peur. Et si jamais ça recommençait ? Non, ce n'était pas juste. Elle aurait dû mourir avec ses parents, elle n'aurait pas dû vivre tout ça…

"- Julia…"

Elle sentit une main se poser sur son épaule. Le contact dissémina une certaine chaleur dans tout son corps.

"- Ne vous laissez pas abattre. Défendez-vous."

La douleur revint, fulgurante. C'était bien pire qu'un Doloris, c'était comme si des milliers d'aiguilles circulaient dans tout son système nerveux.

« Résistez. »

Non, elle ne voulait pas. C'était trop dur, elle en avait assez. Elle voulait fuir. Alors elle détacha son esprit de son corps torturé et se réfugia dans la présence réconfortante. Remus…

§X§

« Tu vas y retourner tout de suite ! »

« Je t'ai déjà dit que tu n'avais plus à intervenir, fiche-moi la paix. »

« Ici, c'est chez moi. Retourne d'où tu viens ! »

Il faisait sombre, et clair à la fois. Julia se trouvait dans un espace vaste, et pourtant restreint. Il était vide et froid, mais malgré tout surchargé et étouffant. La jeune femme sentait son corps, mais avait l'impression de ne pas être vraiment là. Le décor flou, embrumé, ne se stabilisait jamais à la vue. Le plus étrange était que son double se trouvait en face d'elle, distincte. On aurait pu croire à des jumelles.

« Je ne veux pas y retourner. »

Bien que ce ne fût qu'un murmure, Julia entendit l'écho s'emparer de ses paroles et les multiplier à l'infini.

« Il le faudra bien. Tu ne vas pas l'abandonner ? »

« Il peut vivre sans moi… »

« Mais pas toi sans lui. »

« Je ne veux plus vivre. »

« Lâche jusqu'au bout. »

« Oui, probablement. »

La jeune femme était résignée. Tandis que son double lui parlait, elle regarda autour d'elle, et distingua une silhouette. Après avoir hésité un instant, elle décida de s'en approcher. Au plus elle avançait, au plus elle trouvait cette ombre, car c'en était presque une, familière. Quand elle fut à côté, elle reconnut Remus. Il dégageait une douce chaleur.

« Pourquoi l'as-tu amené ici ? » demanda son double en apparaissant tout près.

« Je l'aime. »

« Je ne peux plus protéger cet endroit des autres. »

« Ce n'est rien. »

« Je ne peux plus me protéger. »

« Peu m'importe. »

« Je ne peux plus te protéger non plus. »

« C'est bien ainsi. »

Soudain, la chaleur dégagée par la silhouette figée de Remus augmenta.

« Il vient ! » s'exclama le double.

« Il ne peut pas. »

« C'est Dumbledore qui le fait entrer. La porte est grande ouverte. C'est de ta faute. Débrouille-toi maintenant ! »

Et elle disparut. Julia savait qu'elle était encore là, mais elle était cachée. Bientôt, la silhouette de Remus devint presque opaque, et il s'anima.

« Julia. »

La jeune femme lui sourit faiblement, puis fit mine de s'éloigner.

« Reviens ! » s'exclama Remus.

Elle s'arrêta.

« Pourquoi ? »

« Parce que tu ne peux pas disparaître comme ça. »

« J'en ai assez de vivre. »

« Même pour moi ? »

« Je ne veux plus souffrir… »

« Mais je serai là… »

« Il a juré ma perte. »

« Qui ça ? »

« Celui qui t'envoie. »

« Il veut te protéger. »

« Pas de la douleur. »

« C'est la seule manière qui fonctionne avec toi ! Tu es trop butée. »

« C'est pour ça que je compte rester ici. »

« Reviens, je t'en prie… »

« Pourquoi ? »

« J'ai besoin de toi. »

« Je vous tuerai, Dumbledore et toi. »

« Tu ne peux pas revenir seule, tu le sais. »

« Je ne veux pas te faire de mal… »

« Alors reviens avec moi. Je souffre sans toi… »

« Tu es bien franc… »

« Ici, je ne peux rien te cacher… »

Il la regarda dans les yeux, sa demande attendant une réponse. La jeune femme acquiesça, et glissa sa main transparente dans celle de la silhouette de Remus.

§X§

Julia ouvrit péniblement les yeux. La pièce était inondée de lumière, et elle en déduisit que Dumbledore ne devait pas être loin. Son corps était pour l'instant tellement douloureux qu'elle ne tenta pas d'esquisser le moindre geste. De toutes façons, au rythme auquel sa tête tournait, elle aurait été incapable de garder son équilibre. Elle se rendit alors compte qu'elle était à même le sol, et tout ce qu'elle pouvait voir, tant qu'elle ne bougeait pas, était un mur. Il y avait dans la pièce un silence anormal. Elle rassembla les dernières pensées confuses qui lui revenaient. Elle s'était retranchée dans un coin sombre de son esprit suite aux attaques de Dumbledore. Un endroit où résidait la source du lien qu'elle avait établi avec Remus, seul reliquat de sentiment heureux qui lui restait durant ces instants d'immenses douleurs. Elle y avait découvert son double, pour la première fois totalement détachée d'elle. Et puis, Remus était venu la chercher, avec le soutien de Dumbledore. En toute logique, ils devaient donc être présents tous les deux. Alors pourquoi ne parlaient-ils pas, pourquoi ne donnaient-ils pas signe de vie ? Se souvenant de sa très mauvaise expérience avec Dumbledore, la jeune femme eut un regain d'énergie et parvint à se mettre à quatre pattes. Ses doutes se confirmèrent : les deux sorciers gisaient au sol. Julia rampa le plus vite qu'elle put vers Dumbledore qui était le plus proche d'elle. Il saignait du nez, mais ne semblait pas blessé. Pourtant, la jeune femme sentit qu'il y avait quelque chose d'anormal, comme s'il n'y avait plus de vie en lui. Julia se traîna alors près de Remus et ressentit tout de suite le même manque, sans savoir exactement comment le nommer : leur « vie » magique semblait absente. Mais elle fut réellement horrifiée en déplaçant le bras de Remus pour voir son visage : non seulement il saignait du nez, mais presque tous les vaisseaux sanguins de son visage avaient explosé, le recouvrant d'une pellicule de sang séché. Affolée, elle chercha des yeux sa baguette, mais ne la vit pas. Réalisant qu'ils étaient dans sa chambre, elle fit un énorme effort pour se mettre debout et attraper le Cristal de Lune, resté à l'endroit où elle l'avait laissé. Elle le passa autour de son cou et y transmit le maximum possible de son aura. Puis, tout en maintenant l'approvisionnement du Cristal, se concentra et tendit un bras vers chacun des deux hommes pour avoir un support visuel de ce qu'elle allait faire. Une fois le lien acquis, elle commença à nourrir les deux auras affaiblies avec la sienne par le biais du Cristal. Bien vite, elle se retrouva à genoux sans savoir comment elle y était arrivée. La dernière chose qu'elle vit avant de fermer les yeux fut le visage de Remus, revenu à la normale.

§X§

"- Ça y est, elle revient à elle."

Julia ouvrit encore une fois difficilement les yeux. Remus était à son chevet, Dumbledore dans son dos. Ils semblaient aller parfaitement bien. La jeune femme s'en réjouit, bien qu'elle ne pût le manifester, car elle n'avait aucun contrôle sur la moindre partie de son corps, elle était complètement amorphe.

"- Comment vas-tu, mon ange ?" demanda Remus.

Julia tenta d'articuler un « bien », mais aucun son ne sortit de sa bouche dont les lèvres n'avaient de toutes façons pas assez bougé.

"- Ne la brusquez pas, Remus," intervint Dumbledore. "Il lui faudra beaucoup de temps pour récupérer."

Le lycanthrope acquiesça sans quitter Julia des yeux. Celle-ci fit un effort sur elle-même pour lui sourire. Quand il le lui rendit, elle sut qu'elle y était parvenue. Puis elle dirigea son regard vers Dumbledore, dont les yeux affichaient une certaine tristesse. Elle inspira profondément et imposa une pensée à l'esprit du directeur : « Pourquoi ? ». Le silence se prolongea un long moment.

"- Pour vous apprendre…," répondit-il alors.

Remus se retourna vers Dumbledore, surpris.

"- Pardon ?" s'exclama-t-il.

"- Je parlais à Julia."

Le lycanthrope regarda à nouveau la jeune femme, soupçonneux, puis s'adressa au directeur, en se levant.

"- Laissons-la se reposer."

Dumbledore acquiesça, et ils sortirent sans plus un mot. La jeune femme fronça les sourcils, seul signe de frustration qu'elle était en mesure d'esquisser. Puis, résignée, et n'ayant finalement pas le choix, elle ferma les yeux et se laissa couler vers le sommeil.

§X§

Les deux mois qui suivirent cet épisode fâcheux se passèrent sans trop de remous. Aucun des trois ne mentionna plus l'accident, mais Julia sentit une différence plutôt marquée. Dumbledore l'avait prise sous sa tutelle, lui enseignant l'art de contrôler son esprit et de le protéger. Chaque dimanche après-midi, la jeune femme attendait avec impatience le son du carillon qui indiquait l'arrivée du directeur. Surtout depuis la Nouvelle Lune qui s'était extrêmement mal passée. Un peu comme la toute première fois. Deux semaines après sa rencontre avec Remus, la fillette qu'elle était avait vécu sa première nuit de souffrance. Une douleur indicible s'était emparée d'elle, prenant sa source dans la blessure magique qui n'était pas totalement guérie. Julia avait passé la nuit à se tordre de douleur, incapable de penser à autre choses, pleinement consciente de ce qu'elle endurait. Avec le temps, elle avait appris à se couper du monde pendant ces périodes de crise. Cette dernière fois, cependant, elle s'était obligée à rester consciente : elle devait protéger Remus. Pour faciliter la tâche de la jeune femme, Dumbledore avait envoyé le lycanthrope en mission, et malgré sa réticence, il obéit. Mais ses pensées étaient restées focalisées sur Julia, et celle-ci avait énormément souffert pour conserver la douleur à l'intérieur d'elle. Entre deux périodes de voile complet où la douleur qui explosait dans sa tête lui brouillait la vue, elle avait pu observer le Cristal de Lune se teinter de noir, qui était en fait l'aura de son double. Elle avait même retenu ses cris, sachant Dumbledore à son chevet. Il l'avait ramassée à la petite cuiller au matin, n'ayant pas pu intervenir de la nuit. Alors qu'elle se remettait péniblement, Remus était rentrée, livide. Depuis, il était aux petits soins pour elle, plus tendre et attentionné qu'il ne l'était déjà, si cela était possible. Julia avait l'étrange impression de vivre sur un nuage. Deux Pleines Lunes passèrent, la seconde moins difficile à vivre que la première car la jeune femme pouvait fermer son esprit de mieux en mieux. Le dimanche qui suivit, après que Dumbledore eût entraîné Julia à développer un nouveau bouclier mental :

"- Auriez-vous l'amabilité d'appeler Remus ?" demanda le directeur. "Je voudrais vous voir tous les deux."

"- Tout de suite, Monsieur," acquiesça la jeune femme.

Elle transplana immédiatement auprès du lycanthrope, qu'elle avait localisé par leur lien mental, et atterrit dans la cuisine. Il discutait avec Sirius.

"- Remus ?" dit Julia. "Dumbledore te demande."

"- Je viens," répondit-il. "À tout de suite, Patmol."

"- À tout de suite, Lunard. Ton cours est fini, princesse ?"

"- Oui," dit la jeune femme.

"- Tu te joindras à nous, alors ?"

"- Avec joie."

Elle sourit à Sirius, puis agrippa le bras de Remus et ils transplanèrent dans le salon. Le directeur de Poudlard se tenait devant le feu, le dos tourné aux arrivants. Il garda le silence pendant un long moment, et Julia, mal à l'aise, prit la main de Remus et la serra. Le lycanthrope enveloppa sa main dans la sienne, mais continua de fixer Dumbledore. Celui-ci prit enfin la parole, sans toutefois se retourner.

"- Remus, j'ai une mission pour vous," dit-il dans un murmure. "Et Julia vous accompagnera."

La jeune femme sentit sa main broyée par celle de son compagnon.

"- Elle est trop jeune," déclara celui-ci, la voix tendue.

Julia, trop consciente du fardeau invisible qui pesait sur les épaules de Dumbledore, ne dit mot. Elle avait appris à lui faire confiance.

"- Elle est majeure," répliqua Dumbledore. "Et vous aurez besoin d'elle."

Il se tourna enfin vers eux, et la jeune femme fut impressionnée par la douleur qui se dégageait de lui, qui imprégnait son visage, et tout son corps.

"- Miss McGregor, souhaitez-vous intégrer l'Ordre du Phénix dès maintenant ?" demanda-t-il.

Le temps de retrouver l'usage de la parole, Julia répondit :

"- Oui, Monsieur."

"- Très bien. Vous faites à présent officiellement partie de nos rangs."

§X§

"- Tu n'aurais jamais dû accepter."

"- On ne va pas encore revenir là-dessus."

Remus et Julia marchaient dans les rues de Londres. Ils étaient partis de Square Grimmaurd une heure après que Dumbledore leur eût communiquée leur mission, le temps de manger quelque chose et de prévenir Sirius de leur départ.

"- Je m'inquiète pour toi," répliqua le lycanthrope.

"- Moi aussi, je m'inquiète pour toi," murmura la jeune femme. "Chaque fois que tu pars, je me demande comment tu vas revenir…"

Ils avaient à présent pénétré dans St-James Park. Remus attira Julia sur un banc, lui prit les mains et la regarda dans les yeux.

"- Quand je pars," dit-il, "je me dis que si je ne revenais pas, je ne pourrais plus voir ton beau sourire. Et je sais, je sens, que tu penses à moi, que tu me soutiens. C'est grâce à toi que je réussis ce que j'entreprends. Mais maintenant que tu es là, j'ai peur de ce qu'il pourrait t'arriver…"

Il baissa les yeux. Julia sentit son cœur se serrer et une chaleur se répandit dans tout son corps. Ce n'était pas la première fois que cette sensation la parcourait, mais il lui avait fallu un certain temps pour lui donner un nom. À présent, elle savait que c'était l'amour qu'elle ressentait pour Remus qui diffusait ce bonheur en elle.

"- Ne t'inquiète pas," dit-elle, "je ferai attention."

Elle déposa un baiser sur sa joue, et leurs regards se fondirent l'un dans l'autre. Julia sentit l'écoulement familier dans le Cristal de Lune, et rompit le contact visuel immédiatement. Elle haussa les épaules en signe d'impuissance.

"- Tu sais que je ne peux pas te regarder quand je le porte," dit-elle en désignant son pendentif.

"- Oui, je sais…"

Remus se leva. La jeune femme l'imita et lui prit la main. Ils se remirent en route dans le parc, gardant le silence.

"- Julia ?" dit alors le lycanthrope.

"- Oui ?"

"- Que feras-tu à la fin de cette année ?"

"- Je savourerai le bonheur d'avoir enfin fini l'école," répondit-elle en souriant.

"- Mais après ?"

Il était très sérieux. Julia décida de partager sa réflexion avec lui.

"- Je pense demander à Dumbledore de me former en magie de l'esprit."

"- Tu abandonnes la Défense contre les Forces du Mal ?"

"- Non, pas tout de suite… Il faudra que je gagne ma vie car il est hors de question que je retourne à l'orphelinat."

"- Hm, je te comprends."

Un nouveau silence. La jeune femme sentait que Remus voulait lui dire quelque chose, mais elle n'osait imaginer ce que cela pouvait être, de peur d'être déçue. Elle attendit donc patiemment que son compagnon reprît la parole, marchant lentement à ses côtés, la main dans la main.

"- Serais-tu d'accord de venir habiter chez moi ?" demanda-t-il soudain.

"- Heu, oui, bien sûr, pourquoi pas ?" bafouilla Julia en guise de réponse.

"- Tu es sûre ?"

"- Certaine !"

"- Bon, alors tu seras la bienvenue."

"- Merci bien…"

Des cris se firent alors entendre non loin d'eux.

"- Qu'est-ce qui se passe ?" s'exclama Julia. "On est en retard ?"

"- Non," répondit Remus, "c'est autre chose. Viens."

Il se dirigea au pas de course vers l'endroit d'où venaient les cris, et la jeune femme lui emboîta le pas. Au détour d'un sentier, un homme tenait un autre homme en joue, ce dernier essayant de protéger une femme. Julia focalisa sur l'arme et se sentit comme paralysée.

"- Arrête, Alex," dit l'homme qui protégeait la femme. "Ça n'arrangera rien."

"- Tu peux parler, Will !" s'écria le dénommé Alex. "C'est quand même toi qui pars avec Angelina !"

"- C'est elle qui a choisi !" répliqua Will. "Tu ne peux pas décider pour les autres !"

"- Elle avait déjà fait son choix !" hurla Alex. "Elle ne peut pas changer d'avis ! Tu l'as ensorcelée, t'es pas normal !"

"- Arrêtez, je vous en prie !" supplia ladite Angelina.

Alex leva son arme plus haut, visant le cœur de Will.

"- Toi d'abord, salaud !" hurla-t-il à nouveau.

Julia vit le doigt de l'homme fou presser sur la détente, puis Remus s'élancer pour intercepter la balle. Tout à coup, le temps fut suspendu, et la vraie Julia, qui s'était tenue à l'écart de son enveloppe corporelle pendant plus sept ans, reprit le contrôle et courut de toutes ses forces contre le ralenti pour se placer devant l'amour de sa vie. Quand l'écoulement normal du temps reprit son cours, la jeune femme sentit la balle perforer sa poitrine.

"- Julia, nooon !" hurla Remus.

Elle s'écroula sur le sol, et poussa un soupir de soulagement : il était sauf, elle avait fait son choix…


Note de l'auteur

Alors, vous voulez savoir hein? Je suis sadique n'est-ce pas? Et fière de l'être! Rongez votre frein, vous saurez tout dans quinze jours...