Diclaimer: Ce chapitre au complet ne ma rapporte pas le moindre argent, du fait que le cadre et les personnages sont soit repris, soit inspirés des romans de JKR.

Remerciements: A ma chère Loufoca, dont les conseils et les corrections avisés m'auront bien servie durant toute la création de cette histoire. Milliers de bisous pour toi!

Résumé: Après être revenus de la cabane à Square Grimmaurd, Julia a forgé un lien mental avec Remus, et cela au prix de leurs deux vies, mais aussi de celle de Dumbledore. Tout s'étant arrangé, elle a pris des cours avec ce dernier afin de comprendre et maîtriser ses capacités mentales surdéveloppées. Dumbledore la fait rentrer dans l'Ordre, et l'envoie en mission avec Remus. Mais les rêves des deux tourtereaux volent en éclats au moment où Julia, pour sauver la vie de Remus, se jette devant lui et prend une balle à sa place...

Remarque: Ne vous inquiétez pas, vous serez perdus par rapport à l'écriture jusqu'au milieu du chapitre... Après, vous comprendrez tout!

Conseil Audio: Ecoutez donc "Farewell", d'Apocalyptica.

Seconde Chance


Chapitre 18 La Boucle est Bouclée

Remus s'écroula sur le sol, sa chemise blanche se tâchant de sang. Julia hurla.

"- Remus, nooon !"

Elle redevint enfin maîtresse de ses mouvements et se précipita vers le lycanthrope, ne se souciant pas du fou avec son arme, éjectant le dénommé Will. Elle redressa, avec la plus grande douceur dont elle était capable, le buste de Remus, pour l'asseoir contre elle, qui s'était mise à genoux. Il tremblait, son visage était affreusement pâle et couvert de sueur, et sa chemise devenait de plus en plus sombre. Julia lui caressa les joues et replaça ses cheveux humides du mieux qu'elle put. Elle déposa un léger baiser sur son front. Il ouvrit les yeux très faiblement et lui sourit. La jeune femme ne put retenir ses larmes.

"- Ne me laisse pas," supplia-t-elle.

Il ouvrit légèrement la bouche et articula péniblement dans un souffle :

"- Je t'aime, Julia…"

Ses traits se crispèrent sous la douleur. Julia sentit son cœur s'émietter et ses poumons enfermés dans un étau.

"- Je t'aime, Remus," répondit-elle.

Ses larmes roulaient sur ses joues, puis sur celles du lycanthrope. Lui ne pleurait pas. Il continuait même de sourire à la jeune femme, de la manière qu'il lui réservait à elle seule. Puis, il ferma lentement les yeux, sa poitrine se soulevant une dernière fois, et il ne bougea plus. Julia enfouit sa tête dans le creux de l'épaule du mort, et pleura amèrement.

§X§

"- Miss McGregor, je vous le demande une dernière fois, laissez-moi entrer !"

"- Et pour la dernière fois, je vous réponds, vous pouvez toujours courir !"

La porte explosa dans un grand fracas, mais Julia s'en fichait, elle savait qu'il entrerait quand même. Elle reporta son attention sur le corps allongé sur le lit tandis que Dumbledore pénétrait dans la petite chambre.

"- Je sais ce que vous ressentez…," dit-il.

"- Non, vous ne savez pas…," répliqua-t-elle, sans toutefois quitter l'enveloppe charnelle de Remus des yeux

"- Remus sera enterré demain…"

"- Non !"

"- Votre sort de conservation ne tiendra pas éternellement."

"- Je le renouvellerai."

"- C'est impossible."

"- Je le rendrai possible !"

"- Vous allez partir pour Pré-au-Lard après-demain…"

"- Je n'irai pas."

"- Si vous n'y allez pas, ce sera à Azkaban que vous atterrirez…"

"- Pourquoi ?"

"- Parce que si vous ne suivez pas mes directives, je vous livrerai à la justice."

"- Pour quel motif ?"

"- Meurtre."

"- Je vous demande pardon ?"

Julia regarda enfin le directeur de Poudlard.

"- Vous avez bien entendu," répondit celui-ci. "Meurtre. Et ne niez pas, vous avez laissé votre marque…"

"- Ma marque ?" murmura la jeune femme. "Mais…"

Elle ne comprenait plus. Que s'était-il passé ? Qu'avait-elle encore fait ?

"- J'ai… tué… quelqu'un ?" souffla-t-elle.

Dumbledore fronça les sourcils.

"- Le Moldu Alexandre Dawson."

Julia sentit sa respiration s'accélérer, sans savoir pourquoi.

"- Celui qui a… tué… Remus ?" continua-t-elle.

"- C'est exact."

La jeune femme fixa de nouveau le corps de son amour perdu. Des larmes silencieuses se remirent à couler le long de ses joues. Elle avait l'impression que son cœur était prisonnier d'un étau qui se resserrait de plus en plus. Si elle n'avait pas déjà été assise, ses jambes se seraient dérobées sous elle. Deux mains se posèrent alors sur ses épaules. Dumbledore était derrière elle.

« Julia ? » entendit-elle clairement dans da tête.

« Oui ? » répondit-elle.

« Souvenez-vous ! »

Un flash éblouit la jeune femme, et soudain, elle était de nouveau dans St-James Park, sa main dans celle de Remus. Puis, ils coururent vers les cris. Julia fut paralysée en redécouvrant l'arme, et vit Remus se jeter devant l'homme visé pour s'effondrer après avoir été touché. La jeune femme se précipita auprès du lycanthrope et revécut sa mort une fois de plus, encore plus détaillée que le souvenir qui la hantait en boucle. Alors la fureur l'envahit, elle se vit abandonner Remus pour rattraper l'assassin qui avait fui. Et quand elle l'eut rejoint, elle brandit sa baguette vers lui et hurla : « Endoloris ! ». L'homme s'écroula au sol et se tordit de douleur. Julia, folle de rage, le lui fit subir trois fois de plus, et enfin, pour soulager son désir de vengeance : « Avada Kedavra ! », et le Moldu cessa de bouger. Elle le laissa sur place sans un regard, retourna près de Remus, et transplana Square Grimmaurd avec le corps de son amant après avoir ignoré les deux autres Moldus.

« Revenez ! »

Un nouveau flash, et Julia rouvrit les yeux dans sa chambre.

"- Je suis désolée," souffla-t-elle.

Jamais elle ne s'était sentie aussi déstabilisée, faible, et peu dominante. Était-il possible que l'homme à qui avait appartenu le corps inerte eût réussi à transformer le cœur de pierre de la jeune femme ? Au souvenir du sourire du lycanthrope, les larmes qui n'avaient cessé de rouler sur les joues de Julia s'intensifièrent. Dumbledore enleva ses mains des épaules de la jeune femme et se dirigea vers la porte.

"- Demain, Julia," dit-il avant de quitter la pièce.

Elle resta seule, avec le cadavre de son amant, à ressasser, encore, l'évènement qui avait ruiné sa vie.

§X§

"- Tu ne bois rien, princesse ?"

Julia secoua la tête.

"- Si je commence, je n'arrêterai plus…"

Sirius sourit, de ces sourires nerveux qu'on a parfois quand rien ne va.

"- Au moins, je ne serai pas seul," dit-il.

Et il lui tendit une bouteille de Whiskey-Pur-Feu. La jeune femme hésita un instant, puis prit la bouteille et en avala deux bonnes gorgées avant de s'étouffer.

"- Voilà qui est mieux," commenta Sirius.

Julia ne répondit rien, et, ayant avisé une chaise libre, alla s'y asseoir. Sirius la suivit, et s'affala sur la chaise à côté d'elle.

"- Tu tiens le choc ?" demanda-t-il.

Elle hocha faiblement la tête, le regard perdu dans le vide.

"- Moi non," ajouta-t-il.

Julia se retourna vers lui. Il avait à son tour le regard lointain. Elle attendit, silencieuse.

"- Quand on m'a arrêté, je n'aurais jamais imaginé que je serais le dernier… Et je n'ai que trente-six ans."

La jeune femme continua de se taire. Remus aurait su comment consoler son ami, mais elle, elle en était incapable. Au souvenir du lycanthrope, des larmes se mirent à rouler sur ses joues. Alors, pour en cacher l'origine, elle but deux autres gorgées de sa bouteille, ce qui eut pour effet inévitable et recherché d'accentuer ses larmes tandis qu'elle toussait bruyamment.

"- Vas-y doucement quand même," lui chuchota Sirius.

Elle acquiesça, sans grande conviction. Les gens autour d'eux gesticulaient beaucoup, échangeant des idées, discutant mondanité. La grande majorité était composée de membres de l'Ordre. Mais très peu évoquaient Remus. Ils faisaient de la figuration. Cela irrita la jeune femme qui se leva et quitta rapidement la cuisine pour aller se réfugier dans le fauteuil habituel de Remus du salon au premier étage. Elle alluma le feu ouvert d'un coup de baguette magique, et s'immobilisa, les jambes repliées contre elle, observant les flammes dansantes. La porte ne tarda pas à s'ouvrir et se refermer. Sirius vint s'asseoir en face d'elle, après avoir posé quatre bouteilles de Whiskey-Pur-Feu sur la table basse. Julia croisa son regard, et il acquiesça. Ils n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre. Les gens d'en bas s'en fichaient un peu de Remus, alors autant les laisser discuter de tout et de rien entre eux. La jeune femme vida sa bouteille petit à petit, en silence. Elle la déposa sur la table et en prit une autre.

"- Où crois-tu qu'il soit ?" demanda-t-elle après avoir avalé une gorgée de sa deuxième bouteille.

Elle continuait de fixer le feu, et entendit Sirius soupirer longtemps.

"- Je ne sais pas," répondit-il. "S'il y a un « après », je suppose qu'il doit y être avec James et Lily."

"- Je veux les rejoindre," murmura alors Julia.

"- Par les temps qui courent, ton vœu sera vite exaucé…"

Elle apprécia que Sirius ne tentât pas de la faire changer d'avis.

"- C'est de ma faute," continua-t-elle.

"- Quoi donc ?"

"- S'il est mort…"

"- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?"

"- Si j'avais réagi, j'aurais pu le pousser par terre, ou le retenir…"

"- Personne ne peut savoir comment il va réagir face au stress. Tu n'aurais rien pu faire."

"- Mais pourquoi avoir protégé ce Moldu ? Il ne semblait pas le mériter du tout !"

"- Remus était ainsi. Sa vie ne valait pas grand-chose à ses yeux."

"- Mais aux miens, si ! Je ne peux pas vivre sans lui…"

"- Tu es jeune, Julia. Tu ne l'oublieras pas, tu ne le remplaceras pas, mais tu finiras par passer à autre chose."

"- Peut-être ne suis-je plus si jeune que ça…"

"- C'est à toi de voir."

Elle but une nouvelle gorgée, et ne dit plus rien, contemplant encore le feu.

§X§

Julia se réveilla en sursaut, et s'écroula au sol en constatant sa position. Elle avait apparemment dormi dans les bras de Sirius. Mais elle ne se souvenait pas de ce qui avait bien pu l'y amener. Qu'avait-elle fait sous l'emprise de l'alcool ?

"- T'inquiète pas," croassa Sirius.

Elle releva la tête vers lui, toujours aux pieds du fauteuil dans lequel il était affalé. Il la regardait avec un demi-sourire et des yeux explosés.

"- M'inquiéter de quoi ?" demanda-t-elle avec une voix aussi rauque que celle de son vis-à-vis.

Il sourit plus franchement.

"- On lit dans tes yeux rouges comme dans un livre ouvert," dit-il. "Il ne s'est rien passé, rassure-toi, mis à part le fait que tu as vidé quatre bouteilles de Whiskey…"

"- Quatre ?"

"- Oui, quatre. D'ailleurs, ça se voit…"

Elle le regarda, incrédule. Jamais elle n'avait ingurgité autant d'alcool de sa vie. Alors elle tenta de se lever, tâche relativement difficile au vu de son équilibre plus qu'incertain, et quand elle y fut parvenue, elle se dirigea vers le grand miroir de la pièce… et laissa échapper une exclamation de stupeur. Elle avait effectivement les yeux rouges, mais c'était bien pire que ce à quoi elle s'attendait. Ses pupilles étaient dilatées à l'extrême, les vaisseaux sanguins dans le blanc de ses yeux donnaient l'impression qu'ils avaient explosés, et ses paupières étaient gonflées comme jamais. De plus, son visage semblait ravagé. Elle revint s'asseoir sur le sol, face à Sirius, le dos contre la table sur laquelle elle avait constaté la présence de neuf cadavres de bouteilles.

"- Tu t'es fait peur ?" demanda Sirius.

"- Un peu, oui…"

Il sourit de nouveau, mais n'ajouta rien. Après un long silence, Julia reprit la parole.

"- Que s'est-il passé ?"

Sirius soupira.

"- Tu veux vraiment le savoir ?"

"- Oui."

"- Et bien, la plupart du temps, on a bu en silence. On a parlé de Remus. L'alcool aidant, tu as beaucoup pleuré…"

Il s'arrêta de parler. Mais Julia voulait tout savoir.

"- Et ?" insista-t-elle.

"- Et… comme ma propre retenue était sévèrement entamée… j'ai voulu… te consoler…"

Il ne regardait plus Julia, semblant gêné par son oubli momentané de machisme chevaleresque.

"- C'est comme ça que tu t'es retrouvée ici, puis tu t'es endormie," conclut-il, apparemment soulagé d'avoir fini d'expliquer.

Julia sourit à son tour, et mit sa propre gêne de côté.

"- C'est très gentil de ta part," dit-elle, "merci…"

Il ne la regardait toujours pas, de nouveau ennuyé.

"- Je ne l'ai pas fait que pour toi," dit-il.

La jeune femme n'intervint pas, le laissant choisir ses mots.

"- J'en avais besoin aussi…," finit-il par ajouter.

Julia fut touchée par le fait que l'homme si secret qu'était Sirius se confiât à elle. Elle ne dit rien, et ne le fixa pas pour ne pas le gêner. Elle étouffa un bâillement et frotta ses yeux lourds, puis ses tempes douloureuses. Alors elle sentit deux mains faire glisser les siennes et prendre le relais. Elle garda les yeux fermés, savourant le massage bienvenu. Quand celui-ci cessa, Julia rouvrit les yeux et suivit Sirius du regard. Il alla s'asseoir dans le canapé et invita la jeune femme à s'installer à côté de lui. Elle s'exécuta sans se faire prier et il commença à lui masser les épaules, puis le dos, pour remonter finalement à ses tempes. Les lourdes paupières de Julia se fermèrent sans qu'elle puisse lutter, et elle sentit son corps balancer doucement au rythme du massage, puis basculer en arrière contre Sirius. Encore à moitié consciente, elle sentit les mains du sorcier arrêter doucement leur mouvement, puis glisser sur son ventre. Leur immobilité accentua la léthargie de Julia, qui ne sut combien de temps ils restèrent ainsi, mais ne tomba jamais complètement endormie.

§X§

« Mon cher Sniffle,

Je suis bien arrivée. Alberforth Dumbledore est très bizarre (oui, plus que moi, c'est possible…), et peu enclin à parler, mais sa présence est très intéressante. Il émane de lui beaucoup de force tranquille, je le croirai presque invincible.

Le travail que j'ai à effectuer en-dehors de mon apprentissage est loin d'être passionnant. J'ai hâte que commencent les « cours ».

Bien à toi.

Julia. »

§X§

« Ma chère princesse,

J'ai l'impression de vivre dans une maison de morts. Il ne se passe absolument rien depuis que tu es partie. Les réunions se succèdent sans qu'il y ait un réel progrès. Les informations que récoltaient Remus commencent à manquer cruellement. On est en train de décider qui va la remplacer, mais personne ne veut réellement de son poste.

Viendras-tu me voir bientôt ?

Amitiés.

Sniffle. »

§X§

« Mon cher chevalier,

J'ai décidé de t'appeler ainsi pour deux raisons : d'abord parce que si j'ai un surnom, toi aussi, et ensuite parce que je trouve que ça te va très bien !

Mes « cours » et mon travail me prennent tout mon temps. Je suis désolée, mais je ne peux pas me libérer pour l'instant. Je ferai mon possible pour alléger un jour et m'inviter chez toi.

Alberforth m'a montré comment utiliser le Cristal de Lune : c'est passionnant. Je t'en dirai plus bientôt.

Amicalement tienne.

Julia. »

§X§

« Ma chère princesse,

J'adore ce surnom, c'est une très bonne idée.

Je suis heureux que tu progresses bien dans ce que tu aimes.

Nous avons trouvé un remplaçant pour Remus. Tu ne le connais pas, mais il semble qu'il travaille bien.

Ne te presse pas pour venir, ta formation est plus importante.

Bien à toi.

Sniffle. »

§X§

« Mon cher chevalier,

D'après mon professeur, j'ai déjà atteint le niveau des meilleurs Legilimens-Occlumens du pays, et cela ne fait que quelques semaines que je m'entraîne. Bientôt, je serai capable d'appréhender les auras magiques. Le Cristal de Lune m'aide beaucoup, car il amplifie mes capacités. Mais il semble qu'il pourrait me permettre de faire beaucoup plus, bien que je ne sache pas encore quoi.

Normalement, je pourrai venir dans deux semaines, pour le week-end. J'espère que je n'aurai pas d'empêchement.

Bien à toi.

Julia. »

§X§

« Ma chère princesse,

Je suis fier de toi, continue dans cette voie.

Ici, c'est toujours la même routine, on a quelques soucis, mais rien de grave.

Je suis heureux que tu puisses te libérer un peu. Un week-end de vacances te fera certainement du bien.

À bientôt alors.

Amitiés.

Sniffle. »

§X§

« Mon cher chevalier,

Je te confirme mon arrivée ce vendredi soir.

À bien vite.

Julia. »

§X§

Le surlendemain de sa dernière lettre, Julia arriva avec sa grosse valise sur le pas de la porte de Square Grimmaurd. Il faisait déjà fort sombre, et il n'y avait pas un bruit alentour. Quand elle sonna, elle entendit donc clairement Mme Black déblatérer sa litanie habituelle. Dès que la porte s'ouvrit, elle s'engouffra rapidement dans le couloir car il faisait très froid dehors. À peine eut-elle posé sa valise que Sirius lui sauta au cou.

"- Julia ! Comment vas-tu ?"

Elle rendit son étreinte à son ami en souriant.

"- Bien, et toi ?"

"- On fait aller," répondit-il en criant pour couvrir les hurlements de sa mère. "Tu permets, trente secondes ?"

Il se plaça face au tableau rebelle et fit taire la peinture, puis revint en souriant et attrapa la valise de la jeune femme.

"- J'ai préparé ta chambre, tu viens ?" dit-il.

"- Je te suis."

Ils montèrent dans les étages jusqu'à la petite chambre interne que Julia avait occupée pendant quelques mois. Sirius posa la valise sur le lit.

"- Alors, qu'est-ce que tu racontes de beau ?" demanda-t-il.

"- Plein de choses ! Il va me falloir la nuit pour tout t'expliquer."

"- Bon, je vais aller chercher de quoi nous alimenter, et on s'installera dans le salon. Whiskey ou bièreaubeurre ?"

"- Bièreaubeurre ! Je ne veux pas dormir, cette fois !"

Ils rirent en quittant la chambre.

§X§

"- Et donc, maintenant, je peux ressentir les auras magiques, mais je ne peux toujours pas les voir…"

"- Quelle impression ça donne ?"

"- Bizarre, au début. Mais maintenant, je me demande comment j'ai vécu sans… C'est tellement… naturel…"

"- Ça a l'air de te plaire."

"- Oui, c'est le cas."

"- Tu me sembles aussi plus sereine."

Julia acquiesça doucement. Sirius fronça les sourcils.

"- Et tu me caches quelque chose."

La jeune femme but lentement une gorgée de sa bouteille, ménageant son effet. Elle avait déjà pris la décision de tout expliquer à Sirius, car elle savait qu'il ne la trahirait pas.

"- J'ai trouvé un moyen," dit-elle enfin d'une voix posée.

"- Un moyen de quoi ?" demanda Sirius, l'air plus que jamais soupçonneux.

"- De faire revivre Remus…"

"- Quoi ?" s'exclama-t-il en se levant. "Mais, Merlin, tu es tombée sur la tête !"

"- Écoute…"

"- Qui t'a mis ça dans la tête ? Il est mort, et il est impossible qu'il ressuscite !" continua Sirius en faisant les cent pas devant la jeune femme.

"- Calme-toi…"

"- Comment pourrai-je me calmer ? Si tu continues, tu vas finir à Ste-Mangouste !"

"- Sirius !" s'écria Julia sans bouger.

L'interpellé s'arrêta de marcher et fixa Julia. Ils se regardèrent longtemps dans les yeux, puis il se rassit.

"- Bon, explique-toi," dit-il, résigné.

"- J'ai découvert ce que le Cristal de Lune possédait comme plus grand pouvoir."

Elle marqua une pause, vérifiant qu'elle avait toute l'attention de Sirius, puis continua.

"- Il copie l'aura du sorcier qui le tient et la démultiplie. Il te permet donc d'utiliser les sorts les plus puissants de ton courant de magie, pour peu que tu le maîtrises."

"- Je ne vois pas en quoi cela ramènera Remus…"

"- Si c'était toi qui utilisais ce Cristal, ça ne servirait effectivement à rien. Mais il se trouve qu'en parcourant les livres d'Alberforth, je suis tombée par hasard sur le Projecto Reversum."

"- Le quoi ?"

"- Le Projecto Reversum. C'est un sort d'Occlumens extrêmement compliqué à réaliser, il n'y a pas d'incantation, c'est un état d'esprit à atteindre. Quand tu y parviens, tu peux projeter ton esprit dans le passé."

"- Attends, on a déjà les Retourneurs de Temps qui servent à ça, pourquoi faudrait-il un sort si compliqué ?"

"- Tu ne m'as pas bien comprise, Sirius. Le Retourneur de Temps te renvoie corps et âme dans le passé. Il y a énormément de risques, car tu peux te rencontrer et provoquer des incohérences si on t'a vu à deux endroits différents en même temps. Avec le Projecto Reversum, c'est ton esprit qui retourne dans ton propre corps. Et deux options s'ouvrent à toi : soit tu t'imposes et te confonds avec ton esprit plus jeune, soit tu restes caché et tu influences ou non les actes de ton toi passé."

"- Et que devient ton corps présent ? Il se retrouve sans esprit ?"

"- En fait, dès l'instant où tu es reparti dans le passé, tout le futur à partir du point d'arrivée s'efface car tu remodèles l'histoire, aussi peu que ce soit."

Sirius soupira.

"- Tu as le droit de faire ça ?" s'enquit-il.

"- Légalement ce n'est pas interdit. En fait, il y a très peu de sorciers capables de réaliser ce sort, et pour peu qu'ils soient discrets, personne ne se rend compte de ce qu'il s'est passé. L'interdiction serait donc inutile."

"- Je vois…"

Julia observa son ami qui avait baissé les yeux.

"- M'aideras-tu ?" demanda-t-elle.

Le silence qui suivit sembla durer une éternité aux yeux de la jeune femme.

"- Oui," dit enfin Sirius.

§XXXXXXX§

"- Pourquoi tu as fait ça, Julia, pourquoi ?"

"- Parce que je t'aime," souffla la jeune femme en laissant tomber son bras qui avait brandi sa baguette pour partager ses souvenirs avec Remus.

"- Moi aussi, je t'aime," répliqua le lycanthrope. "C'est toi qui devais vivre ! Tu es jeune, et pleine d'avenir ! Pourquoi ?"

"- Parce que je ne pouvais pas vivre sans toi. Dans ma première vie, tu ne m'as jamais mordue. Mais j'ai vu ta transformation à l'aube. Je t'ai épié ce jour-là, et en rentrant à l'orphelinat, j'ai essayé de faire aussi de la magie. Et j'y suis parvenue. J'ai commencé à dominer les autres, à leur dicter leur conduite. Dumbledore lui-même est venu me voir bien avant la date prévue pour me reprendre. Il m'a expliqué que j'étais une sorcière, et que je ne devais pas intervenir avec mes pouvoirs dans la vie des Moldus. Arrivée à Poudlard, j'ai repris les rênes du pouvoir au sein de Serpentard. Élève favorite de Rogue malgré mes parents Moldus, je pouvais presque tout me permettre. Pourtant, en cinquième année, j'ai retrouvé l'homme qui m'avait donné envie de faire de la magie. J'avais grandi, mais lui n'avait pas changé."

Elle marqua une pause et regarda Remus en souriant. La douleur augmentait dans sa poitrine, elle ne sentait plus ses bras, et sa vue se brouillait lentement, mais sûrement. Malgré ça, pour rien au monde elle n'aurait arrêté de sourire à son amant.

"- Au début, j'ai été méprisante et hautaine, comme ce que les Serpentard attendait d'un de leurs leaders, puisque tu avais pris la place de Rogue. Mais tu avais été mon modèle, et mon comportement était à des années lumières du tien. De plus, ton cours était passionnant. Alors, j'ai pris un gros risque…"

§XXXXXXX§

"- Professeur ?"

"- Oui ?"

"- Je sais qui vous êtes…"

Remus Lupin releva la tête et dévisagea Julia, cherchant apparemment à savoir ce qu'elle voulait.

"- Je vous demande pardon, Miss McGregor ?"

La jeune fille se permit d'entrer plus avant dans le bureau du professeur et inclina la tête.

"- Julia, s'il-vous-plaît," dit-elle. "Je sais qui vous êtes…"

"- J'ai bien entendu, mais expliquez-vous…"

Elle fit un petit geste de la main droite qui tenait sa baguette et la porte se ferma derrière elle.

"- Mais, que…"

"- Je sais que vous êtes un lycan…"

Un lourd silence s'empara de la pièce, brisé par les crépitements du feu.

"- Si c'est pour me faire du chantage, Julia, je…"

"- Non, Monsieur, vous m'avez très bien cotée jusqu'à maintenant, je n'ai pas besoin de ça pour réussir."

"- Alors que voulez-vous ?"

Julia pinça les lèvres. Dans le fait, elle ne savait pas vraiment ce qu'elle était venue chercher. Le mot pardon s'imposa à son esprit, mais était-elle seulement capable de le demander ? Bien sûr que oui, puisqu'elle se vantait de savoir tout faire. Peut-être que l'humiliation était un passage obligé pour être encore plus au-dessus des autres…

"- Vous présenter mes excuses," répondit-elle enfin.

"- À propos de quoi ?"

"- De mon indiscrétion il y a cinq ans, et de mon comportement jusqu'à maintenant."

"- Sans vouloir vous offenser, Julia, votre comportement depuis le début de cette année, ainsi que celui de vos camarades que vous semblez diriger, m'indiffère…"

La jeune fille sentit ses joues s'empourprer, mais resta de marbre.

"- Pour ce qui est d'il y a cinq ans, j'ai peur de ne pas vous suivre."

"- J'habite à l'orphelinat près du bois dans lequel vous vivez. Il y a cinq ans, je vous ai vu passer de loup à homme. C'était la première fois que j'étais confrontée à un phénomène magique, alors j'ai voulu en savoir plus, et je vous ai observé toute la journée."

Julia se sentit rougir de nouveau en repensant au fait qu'elle n'avait eu aucune gêne en espionnant le lycanthrope nu. Mais elle n'était pas du genre à baisser les yeux, alors, elle continua de fixer son professeur. En fait, elle n'était pas si honteuse qu'elle pensait devoir l'être, car elle se disait que s'il lui était donné de pouvoir se rincer l'œil de nouveau, elle ne s'en priverait pas.

"- J'accepte vos excuses, Julia."

Il marqua une pause, semblant évaluer la jeune fille.

"- Qu'allez-vous faire de l'information que vous possédez ?" reprit-il.

"- La garder pour moi, Monsieur."

Il fronça les sourcils.

"- Très bien, Julia, vous aurez ma confiance si vous vous en tenez à votre parole."

"- Merci, Professeur."

§XXXXXXX§

Julia baissa à nouveau sa baguette. Son bras tremblait bien plus que de raison, le froid engourdissait tout son corps, et son visage était couvert de sueur. Mais elle devait tout expliquer à Remus.

"- J'ai commencé à changer," dit-elle sans laisser le temps au lycanthrope d'intervenir. "À tel point qu'avant la fin de l'année, mon groupe de Serpentard m'avait complètement rejetée. Mais je m'en fichais, puisque tu m'appréciais de plus en plus. Jusqu'à ce que…"

§XXXXXXX§

"- Professeur ? Puis-je entrer ?"

"- Bien sûr, Julia, je t'en prie."

Le lycanthrope tournait le dos à la jeune fille, s'affairant dans se possessions qui étaient éparpillées dans tout le bureau.

"- Que faites-vous ?" demanda Julia, curieuse.

"- Je remballe mes affaires, Miss."

Elle le regarda faire, silencieuse. Remus lui fit alors face, et elle ne put s'empêcher de pousser un cri.

"- Mais qu'est-ce que… ?" bégaya-t-elle.

Le visage du professeur était lacéré, à peine au début de la guérison. Il haussa un sourcil, surpris de la réaction de son élève. Puis il passa doucement la main sur une de ses joues certainement douloureuses, et un éclair de compréhension illumina son regard.

"- Ah, ne t'en fais pas," dit-il. "Ça guérira."

"- La potion n'a pas fonctionné ?"

"- Un contretemps m'a empêché de la prendre complètement."

Elle acquiesça doucement.

"- Pourquoi remportez-vous toutes vos affaires ?" reprit-elle. "Vous pourriez en laisser une partie, non ?"

"- Non, Julia, j'ai démissionné."

"- Quoi ?"

Ce n'était pas possible, pas si vite…

"- Tu as bien entendu," répondit le professeur.

"- Mais… pourquoi ? Vous avez énormément de succès auprès des élèves… Vous n'aimez pas être professeur ?"

"- Oh, bien sûr que si. Mais le Professeur Rogue a malencontreusement révélé ma condition devant des oreilles indiscrètes…"

"- Encore lui…," murmura la jeune fille en reculant vers la porte.

"- Julia, attends…"

"- Désolée, Professeur, au revoir."

Et elle s'enfuit dans le couloir.

§XXXXXXX§

Julia sentit sa baguette lui glisser des doigts, mais ne put rien faire pour la rattraper. Ce n'était pas grave, elle n'avait plus rien à montrer.

"- Ma sixième année s'est très mal passée," reprit-elle. "J'avais les Serpentard et Rogue sur le dos, et aucune nouvelle de toi. Mais j'étais trop fière pour t'en demander. Grâce au faux Maugrey, j'ai appris les Impardonnables. C'est ce qui m'a fait chuter. Avant la fin de l'année, j'ai lancé un Doloris sur Rogue pour un mot mal placé, et il n'a pas eu le temps de le contrer. Je me suis fait renvoyer sur-le-champ, mais Dumbledore ne lâche pas ses élèves comme ça. D'autant qu'un mois plus tard, Voldemort était de retour. Alors il t'a envoyé vers moi comme médiateur, me demandant de choisir un camp. Je t'ai suivi, j'ai récupéré une baguette, et j'ai œuvré pour l'Ordre avec mes capacités pas encore développées. Nous nous sommes très vite rapprochés, j'avais bien moins peur de mes sentiments que mon autre moi. Et puis, nous avons dû faire une dernière mission avant que je ne suive une formation avec le frère de Dumbledore. C'était ta dernière mission, de ma faute. Quand j'ai vu l'arme braquée sur toi, j'ai revu celle dirigée contre mon père et j'ai été paralysée. Je t'ai montré ce qu'il s'est passé ensuite."

Remus acquiesça, des larmes roulant sur ses joues.

"- L'ennui," reprit Julia après avoir difficilement inspiré, "c'est que le Projecto Reversum n'était pas à ma portée quand je l'ai utilisé. Et j'ai atterri bien trop tôt dans le passé. Le jour de mes dix ans. J'ai été tellement déboussolée que j'ai mis quelques secondes avant de me retirer de mon esprit jeune. Ces secondes étaient de trop, car j'ai emporté avec moi quelques composantes fortes de ma personnalité. La nouvelle Julia venait d'apparaître. J'ai alors très mal agi, je l'ai envoyée au suicide sous tes crocs. Et je l'ai sauvée, car elle ne devait pas mourir ce jour-là. J'ai absorbé une grande partie du venin lycan et rejeté le reste. Ont découlé de cet acte les crises de douleur mensuelles. J'étais comme un négatif à l'intérieur de mon corps, c'est pourquoi c'était à la Nouvelle Lune que mon esprit se transformait en loup-garou, mettant à mal l'esprit de l'autre Julia et provoquant toutes ces souffrances. Elles sont devenues plus fortes, et même irrégulières, car nos esprits revenaient doucement mais sûrement en phase."

Elle soupira et toussa bruyamment, le sang qui emplissait ses poumons remontant dans sa bouche.

"- J'ai tout fait pour m'écarter des évènements catastrophiques de mon autre vie," souffla-t-elle. "Mais c'était à chaque fois pire. On ne peut pas changer, Remus, même si on a une seconde chance…"

"- Julia…"

"- Je t'aime, Remus…"

"- Je t'aime aussi, Julia…"

Dans un dernier effort, la jeune femme plaqua le front du lycanthrope contre le sien, et déversa toute son aura dans celle de son amour. Ses bras retombèrent alors lourdement, et son corps s'affaissa, gisant sur celui de Remus, qui pleurait à n'en plus finir, immobile et silencieux.