Auteur : aele

Base : Harry Potter

Genre : tout public

Chapitre 1

« Vous comprenez ce que cela veut dire ? »

Je retiens une remarque ironique. Evidemment que je comprends. Je me contente de hocher de la tête.

« Bien. Je vous donne jusqu'à demain matin pour partir. »

Mon cœur flanche. Je savais que je devais partir, l'homme avait pris un malin plaisir à tout m'expliquer de long en large. Mais je pensais avoir un peu plus de temps. J'acquiesce une seconde fois. Je n'ai pas le choix.

Mon visiteur prend congé, l'air satisfait. Dès qu'il est sorti, je m'appuie contre un mur et me laisse glisser par terre. Les larmes viennent perler au coin de mes yeux.

Le soir arrive. Je sens les ombres glisser, s'allonger, disparaître. Je ne me sens pas le courage de me lever. Un cliquetis de porte. Mon amour rentre.

Il lance un « bonjour » joyeux. Je l'imagine froncer un sourcil étonné en n'entendant pas de réponse. Je l'entends courir dans l'appartement, affolé. Il entre dans la chambre et me trouve, assise par terre, repliée sur moi-même. Ca aussi, je peux l'imaginer.

Je le sens s'agenouiller en face de moi et me parler doucement. Il s'inquiète encore plus quand il remarque mes yeux rougis. Je le vois dans ses yeux. Ils m'ont toujours tellement parlés. Il me berce doucement, sans poser de questions. Il attend que je parle de moi-même. Je me serre contre lui. Je veux profiter de sa présence.

Il me soulève et me pose sur le lit, me dit « je reviens » d'un air tendre, sort de la chambre pour se diriger vers la cuisine. Je ne bouge pas les yeux du plafond. J'entends les bruits d'instruments manipulés, de placards que l'on ouvre ou que l'on ferme.

Il revient rapidement, un plateau dans les mains. Un plateau-repas. Mes plats froids préférés. Il le pose sur une table de nuit, me met en pyjama, me recouvre de la couette que nous avons achetée il y a un mois. Toujours en me parlant gentiment.

Il s'allonge à côté de moi, prend le plateau-repas et me nourrit comme une enfant. Je n'ai pas faim, mais j'en mange un peu quand même. Quand il voit que je n'en veux plus, il pose le plateau par terre et me serre contre lui.

Je l'aime tellement. Ils vont me tuer à vouloir m'éloigner de mon amour. Mais ils s'en fichent. Je ne suis pas dans les canons autorisés.

Je l'embrasse doucement. Mon tendre amour. Je passe cette dernière nuit dans tes bras. Après, je partirai. Mais tu ne le sais pas. Et tu réponds à mes caresses, passionné et tendre. Cette nuit est ta nuit. Notre dernière nuit.

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Il est 7h00. Je suis réveillée depuis une heure et je l'observe dormir. Je me lève doucement. Il grogne un peu mais ne se réveille pas. Je remplis silencieusement un sac avec mes vêtements et m'habille. Pas la peine de passer à la cuisine, je sais que je n'arriverai pas à manger.

Ça y est. Je suis prête. Prête à partir. A effacer deux ans de vie commune. Deux ans d'amour.

Je regarde une dernière fois l'homme endormi dans le lit. Mon homme. Jusqu'à ce matin. Je me penche et l'embrasse. Il sourit dans son sommeil.

Je prends mon sac et sors de l'appartement. Je me rends compte que j'ai pris les clés, par habitude. Je les glisse dans la boîte aux lettres. Je n'en aurai plus besoin.

Il est 7h30. Je l'ai vu en sortant : la ville s'éveille. Comme dans cette vieille chanson. Mais nous ne sommes pas à Paris. J'arrive à la gare. Un guichet vient d'ouvrir. Je demande un billet pour le premier train en partance. L'Italie. Je n'ai aucun lien avec l'Italie. Personne ne me trouvera.

Le train est en gare. J'ai juste le temps de composter mon billet. Je regarde ma ville disparaître. J'ai mal au cœur. La tête qui tourne. Dans quelques heures, mon amour se réveillera. Mais je serais partie.

Je t'aimais, mon amour.