Chapitre 2

Je me suis installée à Rome. Ai trouvé un emploi. Un appartement. Ai refait une vie. Je suis hôtesse dans un grand hôtel. J'ai une vie que l'on pourrait qualifier d'aisée. Mais je pleure. Je pleure silencieusement chaque jour qui passe.
Je m'en veux tellement de l'avoir quitté. Il me manque tellement. Je l'aime tellement malgré le temps passé.
En envoyant une lettre à mon père pour le rassurer, il m'a répondu qu'ils avaient fait des recherches. Que mon amour dépérissait. Je leur ai écrit de ne pas s'inquiéter. Que j'allais bien. En renvoi de lettre, j'ai eu un mot de mon aimé. Il me demandait pourquoi. Me suppliait de revenir. J'en ai eu le cœur serré. Mon pauvre amour.

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Comme tous les jours, je me dirige vers l'hôtel. C'est un travail intéressant. Je dois être concentrée à tout instant, mais ça me plaît. Je n'avais jamais travaillé, avant. Surtout pas dans ce monde là.
Je passe dans les vestiaires, me change et prends ma place derrière le comptoir d'accueil. Mon collègue accepte la relève en bougonnant contre ces riches étrangers qui arrivent à n'importe quelle heure.
Le courrier arrive. Je le répartis par chambres. La dernière lettre me fait tressaillir. Elle est adressée à un certain Fred V. Weasley. C'est une lettre en parchemin, écrite à l'encre verte si caractéristique de Poudlard.
Je regarde sur le registre. Effectivement, Fred. V. Weasley s'est installé à l'hôtel à 5h15 cette nuit. Il est donc l'étranger après lequel mon collègue râlait.
Je mets la lettre dans le casier approprié et m'assois, chancelante. Je profite de ces instants où je sais pouvoir m'effondrer, avant le réveil des clients. Fred Weasley … Celui que j'avais fui quelques mois auparavant. Mon tendre amour.
Je regarde mon planning. Je ne travaille de journée qu'aujourd'hui. Après je travaille de nuit. Je peux m'arranger pour ne pas le voir. Il suffit de demander à un des maîtres d'hôtel. Justement, Pietro vient d'arriver. Je lui demande de tenir le comptoir pendant la matinée pendant que je m'occupe de la régence du restaurant. Il accepte.
Je m'installe dans le restaurant de manière à voir ce que les serveurs et serveuses font, à être visible de Pietro et à pouvoir observer le hall tranquillement. Vers le milieu de la matinée, je le vois passer. Fred …
Il a changé. Même de loin, je vois que ses gestes n'ont plus leur grâce d'autrefois. Ses cheveux paraissent avoir perdu leur couleur. Je peux apercevoir la tête maladive qu'il a. Je me sens prête à pleurer. Pietro répond à une question et montre le restaurant. Mon Dieu, faites que … non. Fred acquiesce et sort.

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Je suis en repos pour une semaine. Récupération du travail de nuit. J'ai décidé de visiter mon pays adoptif. Je vais à Turin.
Me revoilà dans le train. Ca me rappelle trop de souvenirs. Des mauvais souvenirs. Quand je suis partie. Le Poudlard Express. Parce que faire le trajet seule, quand les autres se moquent de vous, ce n'est pas agréable, quoiqu'on dise.
Je suis assise tranquillement dans un compartiment vide quand quelqu'un entre. Je n'y prends pas garde, plongée dans un livre. Une exclamation m'interpelle. Je lève les yeux pour tomber nez à nez avec la dernière personne que je souhaitais revoir.
Je fais comme si de rien n'était et retourne à mon livre. Mais je n'ai pas le temps de continuer ma lecture que Fred m'arrache le livre des mains et me serre contre lui. Je respire un instant son odeur. Me rassasie de son corps près du mien. J'oublie en un instant les mois de séparation.
Je le repousse brutalement.
« Que fais-tu ? »
Ma vois est cassante, froide. Il paraît dérouté.
« Tu m'as manqué. Pourquoi ? S'il te plait … pourquoi ? »
Sa douleur me fait mal. Mais je n'ai pas le choix. Je suis désolée.
« Si j'avais voulu te donner des réponses, je t'aurais écrit. »
Ses yeux se ternissent. Sa stupeur et sa douleur me font pleurer intérieurement.
« Pourquoi ? »
S'il te plait … ne me rends pas cette tâche plus dure. S'il te plait, laisse moi partir … je fais ça pour ton bien.
« Ne sais-tu que poser des questions ? »
Oh mon amour, va t'en vite.
« J'étais tellement inquiet. Nous t'avons cherchée … »
Pardonne-moi.
« Je vais bien. Tu peux partir. »
Obéis. S'il te plait.
« Je vais jusqu'à Turin. Et même si tu quittes le train à une autre station, je te suis.
- Tu perds ton temps. »
Je baisse la tête vers mon livre. A travers le rideau de mes cheveux, je le vois m'observer. Je n'y prête pas garde. Il ne doit pas m'approcher.

Gare de Florence. Je ramasse mes affaires. Fred fait un geste pour se lever. Je le plaque contre la banquette et l'embrasse. Un doux baiser. Comme la veille de mon départ. Je profite de sa stupeur pour sortir rapidement du train et me perdre dans la foule. Je sais qu'il ne m'a pas suivie.
Je déambule dans la gare. Le prochain arrêt du train de Fred est Gênes. J'ai un peu de temps pour choisir où aller.