Chapitre Deuxième – Marche doucement… car tu marches sur mes rêves…
Dans la longue voiture blanche qui longeait les rues pleines de squelettes de ce qui fût autrefois de beaux buildings, les deux Aurors étaient assis à l'arrière, droit presque hiératique. Le premier a les cheveux noirs, il est de taille moyenne, et portait une mince cicatrice sur le front. Le second est roux, aux teintes de brun, très grand, dégingandé. Ils étaient tout deux des Aurors supérieurs. L'un était même le plus gradé de la cité.
C'est ce dernier qui rompit le silence
- Pourquoi n'avez-vous pas laissé la brigade des saisies le prendre et le ficher.
L'autre Auror lui jeta un regard blanc mais qui se voulait interrogateur. Le premier lui désigna des yeux le livre tout élimé qui dépassait de sa poche.
- Ils passent à côté de preuves parfois. J'ai décidé de déposer ça moi-même pour que ce soit bien répertorié.
Son comparse hocha la tête et le silence reprit. Court :
- Encore combien de temps, Potter ? Encore combien de temps avant que tout ça disparaisse ? Qu'on ait brûlé jusqu'à la moindre baguette ?
- Les ressources et les potions sont restreintes. On finira par y arriver, affirma son interlocuteur.
Le silence encore reprit définitivement, pendant que leur véhicule entrait par les murs fortifiés de la dernière cité dite « civilisée » du monde des hommes. Libria.
Par de haut-parleurs fixés de part et d'autre de la grande ville, le Père, maître sage de la cité, répétait encore et encore l'histoire des hommes, les avantages d'être Librian et les désavantages des sentiments et les dangers de la magie :
Libria. Je te félicite. Enfin la paix règne dans le cœur des hommes. Enfin la guerre n'est plus qu'un mot dont nous oublions peu à peu le sens. Enfin, nous vivons en harmonie.
Cette fois-ci, le discours quotidiens du Père était donné dans le forum extérieur. Des dizaines d'hommes en combinaison grise l'écoutaient, droit sur leur siège de pierre blanche. Le Père parlait toujours d'une voix monocorde, depuis son estrade, protégé par une cabine de verre renforcé, ainsi que par quatre autres gardes à deux mètres de ses abords. Des agents armés circulaient dans les allées de l'auditoire ouvert, pour y rechercher le moindre signe de magie ou de sentiment.
Sur de géants écrans défilaient des images en noirs et blancs des guerres les plus sanglantes, des discours d'Hitler, de Saddam Hussein, de Voldemort. Suivies par d'autres images d'Aurors et d'agents brûlants des bobines de films, des grimoires, des balais magiques, etc.
Librians ! Une maladie ronge le cœur des hommes. Son symptôme, c'est la haine. Son symptôme, c'est la colère. Son symptôme, c'est la guerre.
Cette maladie, ce sont les sentiments mais aussi et surtout la magie.
Dans la ville de Libria, les gens circulaient en masse, longeant les hauts bâtiments gris et les imposants tanks blancs qui circulaient. Le discours du Père était réparti partout à l'aide des haut-parleurs, et les écrans géants un peu partout dans les cent avenues de la cité, argumentaient ses dires.
Mais Libria, l'heure est aux félicitations.
Car il existe un remède contre cette maladie.
En sacrifiant le haut hallucinant où nous entraînent les émotions humaines et pour certains la magie, nous nous sommes prémunis à jamais contre la part vertigineuse.
Et vous, en société responsable, avez adopté ce remède : le Litum.
Au même moment, sur les écrans géants, une pilule jaune apparue en très grand, sur laquelle était marquée Litum en blanc. La seule chose de couleur sur l'écran. Tous les passants, tel un seul homme, s'arrêtèrent, sortirent un mince fusil noir à injection de leur poche, remplir celui-ci de la capsule du produit gardée dans les réserves du fusil, pour se planter la fine seringue de ce qui paraissait une arme, dans la carotide du cou.
Puis tous reprirent leur chemin.
Aujourd'hui nous sommes en paix avec nous-même, et l'humanité est unie. La guerre est loin, la haine est finie.
Nous sommes notre propre conscience désormais. Et c'est cette conscience qui nous guide pour classer EMC-10, c'est-à-dire Émotionnellement et Magiquement Contaminant, tout ce qui pourrait nous inciter à retrouver des sentiments ou des aptitudes à la magie, afin des les détruire.
Librians ! Vous avez gagnez ! Lorsque tout était contre vous, y compris votre nature même, vous avez survécus !
Toute l'assemblée se leva et applaudi à tout rompre le discours du Père.
Durant ce temps, en ville, les activités quotidiennes reprenaient en ville. Les Aurors apprentis s'entraînaient, les enfants surdoués prostrés aux longs des rues entourés de gardes, observaient et analysaient chaque passant et désignaient ceux qui étaient jugés de transgresseurs.
Tandis que la longue voiture blanche des deux Aurors supérieurs arrivait devant l'Equilibrium, le centre nerveux de Libria, un gigantesque édifice sombre.
- Quand on rentre d'une mission aux Enfers, chaque fois ça me conforte dans notre mission, dit l'Auror Potter.
- Ah bon ?
Quoi. Une intonation. Cela trahi une émotion. Durant une fraction de seconde, une infime fraction de seconde, un sentiment, peut-être.
- Je vous demande pardon.
Alors leur montre sonna indiquant l'heure du Litum. Le deuxième Auror pris sa dose puis répondit :
- C'est vrai, en effet.
Potter hocha, puis pris lui aussi sa dose. Ils se quittèrent.
L'Auror supérieur Potter entra dans l'Equilibrium et fut reçu dans une large salle au 216ème étage. Il entra, passant à côté de la grande statue d'un Atlas en métal supportant une grande sphère de verre représentant la terre. Il s'arrêta devant un bureau, simple, derrière lequel se trouvait un homme assis. Il avait de courts cheveux blonds, un regard gris glacé. Comme dit dans le règlement, ce fut le plus gradé qui s'exprima en premier :
- Merci d'être venu, Auror. Je présume que vous savez qui je suis.
- Oui monsieur, bien sûr, répondit docilement Potter. Vous êtes le vice-consul Malefoy du 13ème conseil de l'eptaAuror. La voix du Père.
- A ce qu'on m'a dit Auror, vous étiez un élève assez exceptionnel. Vous saviez instantanément ou presque identifier les mages transgresseurs qui n'ont pas renoncé à leurs sentiments et à la magie, dit Malefoy, récitant le dossier de l'Auror.
- J'ai un bon taux de réussite, dit simplement Potter sans modestie ni insolence.
- Comment expliquez-vous cela, Auror ?
- Je ne sais pas trop monsieur le vice-consul… Simplement je suis capable dans une certaine mesure de sentir la magie et ainsi de lire les pensées d'un transgresseur, donc de me mettre à sa lace pour ainsi dire.
- Comme si vous… arrêtiez de prendre votre dose ? Comme si vous faisiez de la magie ?
- Euh oui, j'imagine, monsieur.
- Vous avez une famille, Auror, demanda Malefoy sur un ton presque interrogatif.
- Oui, une fille et un garçon. Le garçon est pris en charge par le ministère, il s'apprête à devenir Auror.
- Bien. Et la mère ?
- Mon épouse a été arrêté et incinéré pour magie il y a quatre ans, répondit-il sur un ton aussi dénué de sentiment qu'une pierre glacée.
- Par vous personnellement, je suppose.
- Non, monsieur par un autre.
Potter avait dit cela d'une traite, très vite, comme si il avait éprouvé de la tristesse.
- Qu'avez-vous…ressenti ?
Malefoy avait dit cela pour le piéger. Il y avait mit le ton.
Potter ne fut pas insensible, si on peut dire, par cette question. Il baissa les yeux, comme si le vice-consul avait prononcé une monstrueuse insanité. Il se reprit :
- Pardon, monsieur, je n'ai pas saisi la question.
- Qu'avez-vous ressenti , dit Malefoy en appuyant bien sur le dernier mot, et en accentuant le ton, en ce faisant compréhensif.
- Mais absolument rien, monsieur.
- Ah oui , répondit le vice consul d'un ton douceâtre, puis d'un ton plus agressif : et comment se fait-il que vous ne vous soyez rendus compte de rien ?
Potter jeta un coup d'œil vers un des gardes à proximité. L'air se faisait lourd, très lourd.
- Je… je me suis posé la même question sans trouver de réponse, monsieur, confia-t-il.
- Erreur quasi-impardonnable de la part d'un Auror…
Potter avait cru déceler un éclat dans les yeux de son interlocuteur, en même temps qu'une esquisse de sourire. Il savait que cela aurait alors été un sourire sardonique, glaciale de méchanceté.
- Je compte sur vous pour être plus vigilant… à l'avenir…, reprit Malefoy.
- Oui monsieur.
Le vice consul referma le dossier de l'Auror, tandis que celui-ci sorti du bâtiment et qu'il descendait les marches, tout en réfléchissant à sa journée presque anormale.
« - Quand on rentre d'une mission aux Enfers, chaque fois ça me conforte dans notre mission.
- Ah bon ?
- Je vous demande pardon.
- C'est vrai, en effet. »
Bruits de rembobinage
« - Quand on rentre d'une mission aux Enfers, chaque fois ça me conforte dans notre mission.
- Ah bon ?
- Je vous demande pardon.
- C'est vrai, en effet. »
Cela faisait près d'une heure que l'Auror, à son bureau, réécoutait et re-regardait la conversation enregistrée, avec son collègue. Il fallait en être sûr. Il retournerait à l'Equilibrium.
Il entrait maintenant dans le bureau des EMC-10 et fit face à un vieil homme chauve, trapu qui se tenait devant un grand répertoire.
- La pièce à conviction du dossier 13.68.90. J'en ai besoin, demanda-t-il.
L'homme fit ses recherches.
- Elle a été saisie en fin d'après-midi, il se peut qu'elle soit pas encore enregistrer, précisa Potter.
- Je suis désolé. Rien n'a été répertorié et rien n'est en attente sous ce numéro.
Potter hocha négativement la tête. Il répliqua :
- Il s'agit d'un objet confisqué, apporté ici par l'Auror Ronald Weasley en personne. Revérifiez.
- Monsieur, l'Auror Weasley n'a rien déposé ici depuis des semaines.
- Vous faites erreur. Il vous a remis je ne sais quel bouquin.
- Regardez, dit le fonctionnaire en tournant le répertoire vers Potter. Je n'ai rien.
- Merci, dit Potter après un bref coup d'œil vers le livre.
Maintenant il était sûr. Il pris sa voiture puis se dirigea vers la sorti de la ville. Après quelques questions posées aux soldats de la frontière :
- Ca fait deux semaines qu'il va aux Enfers tous les soirs. On s'est dit qu'il devait être en service commandé.
La voiture blanche conduite par Potter continua son chemin. Il arrivait devant les ruines d'une ancienne école. A l'entrée,on pouvait encorelire draco dormiens nunquam titillandus.Il entra dans une immense salle ou le plafond montrait un magnifique crépuscule. Weasley était là, en train de lire, près d'un âtre où le fond grondait.
Il lisait depuis la fin jusqu'au début. Peut-être pour être certain de savoir la fin. L'Auror Potter fit son chemin vers lui, craquant une ou deux baguettes magiques sur lesquelles il marchait. Il fit face à Ron, qui continuait à lire, sans sourciller.
Celui-ci, rompit le silence.
- Tu l'as toujours su. « Mais je suis pauvre, je n'ai que mes rêves. J'ai déroulé mes rêves sous tes pieds. Marche doucement, car tu marches sur mes rêves. », avait lu Ron. Assume ton rêve, Harry.
- Je ferai tout ce que je pourrai pour qu'ils te ménagent, dit ce dernier sans tenir, sur le moment, de la remarque.
- Nous savons tous les deux que ce n'est pas leur genre, dit presque cyniquement Ron.
- Alors je suis désolé.
- Non, c'est faux, répondit tristement Weasley. Tu ne sais même pas ce que ça veut dire. Ce n'est qu'un… mot archaïque pour définir un sentiment que tu n'as jamais éprouvé. Tu ne comprends pas ? Il ne reste rien !
Ron révélait ses sentiments, il était triste, et en colère à la fois.
- Ils ont pris tout ce qui faisait de nous des êtres humains !
- Il n'y a plus d'horreur, affirma Potter alors que de la buée sortait de sa bouche, il n'y a plus de… plus de guerre.
- Selon toi, qu'est-ce que nous faisons !
- Non ! Tu… tu y étais avec moi. Tu as vu ce que ça pouvait donner : la jalousie, la fureur…
Ron baissa les yeux, puis les releva, défiant Potter :
- C'est cher payé… je paye volontiers.
Maintenant, Potter leva son arme sur Ron. Celui-ci sourit puis se remit à lire, tandis qu'il chercha sa baguette magique planquée dans sa poche. Il la lève…
- Non ,dit Potter.
Puis il tira. Des dizaines de morceaux de pages volèrent, et Ron tomba à la renverse, mort. Le coup de feu avait fait un bruit horrible. Le choc du corps s'écrasant par terre, un bruit bien pire encore.
