Chapitre neuvième : Le Père
Aux alentours de la cité Aequilibria…
Tout était calme, la resplendissante cité se remettait doucement des combats endurés. De la fumée sortait encore des habitations et des monuments de pierres blanches brûlés. Le feu s'éteignait doucement sur les constructions qu'il essayait encore de grignoter.
La ville somnolait, et les rues étaient désertes. Aucune aide venue de l'extérieur. Des corps jonchaient le sol autrefois doré, maintenant pourpre de sang. Quelques murmures, paroles, ou chants étaient transportés par la bise légère et sucrée. Du désespoir et de l'espoir. Qui viendrait maintenant ? La ville fondée par les rescapés de l'Equilibrium ne connaîtrait jamais de repos…
L'Armée des Survivants était en route…
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Ordre du Phénix, pleine nuit
Harry se trouvait debout devant une petite assemblée de sorciers. Tous étaient attablés à une haute table d'acier brossé. L'air était lourd. Harry avait les mains moites et des tics nerveux animaient son visage. Cela faisait de nombreuses heures qu'il n'avait dormit. Il avait promit les de donner la Résistance dès l'aube, il le ferait plutôt, ordre de Remus. Cela les avait pris de court mais ils avaient avancé leurs plans.
- … cinq cents Détraqueurs, renseignait-il, peut-être plus mais certainement pas moins…
Des murmures parcoururent l'ensemble des mages. Tous se regardèrent avec inquiétude. Peu étaient adeptes du patronus.
- Vous pensez tous comme moi, dit-il. On n' y arrivera jamais…
Remus se leva, agacé.
- Bien sûr que si. Nous possédons un réseau plus grand que tu ne peux l'imaginer… Dès que l'on saura que le Père est mort, des bombes un peu partout dans la cité, dans les fabriques de Litum, exploseront selon un ordre précis.
- Et pour les Détraqueurs ?
- D'abord le Père, ensuite le reste.
Harry restait silencieux et pensif. Les murmures s'intensifiaient. Remus se leva.
- Harry, tu exécutes nos ordres puis le plan se met en marche. Des patrouilles sont déjà préparées à l'évacuation d'Azkaban et aux explosions. Les chances de réussites sont faibles mais si on arrive à interrompre l'approvisionnement en Litum une journée, ne serait-ce qu'une journée, la nature humaine reprendra ses droits. Les gens recouvreront leurs pouvoirs et leurs sentiments.
Les murmures avaient cessés, Harry hocha de la tête tout en fermant les yeux. Remus lui tendit le cornet du téléphone qui se trouvait sur la table. Harry le prit et composa machinalement un numéro et passa le coup de fil le plus important de ce qui restait de sa vie.
Il s'assit, un silence funèbre s'était installé, ponctué par les « bip » réguliers et incessants de l'appareil. Quelqu'un, quelque part dans Libria, répondit. Harry prononça comme prévu, d'une voix monocorde et froide :
- Je les ai trouvés. Venez, j'ai neutralisé l'Ordre du Phénix.
Durant ces paroles, les mages se jetèrent l'un l'autre des coups d'œil furtifs et nerveux. La plupart baissaient la tête, les autres avaient des larmes tièdes qui sinuaient le long de leurs joues. A partir de maintenant, c'était le point de non retour…
Un peu plus tard, des agents vinrent en fourgon chercher les sorciers, sans aucune violence, et une vingtaine de mages furent emmenés. En vérité une infime partie de l'Ordre. Remus sorti en dernier et fusilla, comme prévu, Harry du regard, avec quelques velléités de bagarre.
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Harry alla « en mission commandée » aux Enfers encore une fois. Une ultime fois, il avait besoin de prendre l'air, un air magique. Il descendit un peu plus loin que le secteur 6, aux alentours du quartier numéro 9. Un bâtiment aux premiers abords paraissait abandonné. Harry était sorti de sa voiture et se trouvait devant cette bâtisse en ruine. Des coups et réguliers se faisaient entendre dans l'environ, comme des battements de cœur.
Une dernière fête était donnée. Avant la fin de toute chose, l'assassinat du Père. Harry resta un temps court ainsi dans la rue où s'engouffraient des vents frais, puis il regarda à ses pieds. La fête ne se faisait pas en surface, mais dans l'underground. Le sous-sol. Harry vit une taque d'égout d'où sortait une fumée opaque. Il tapa du pied trois fois sur celle-ci. Elle se souleva, Harry descendit sous la terre.
Des mages, rien que des mages, partout. Des centaines, qui se bousculaient dans cet espace plus grand que l'on aurait pu imaginer. Un sorte de réplique de la Grande Salle, en plus bas de plafond. Un musique forte et continue aux accents techno vrillait l'air et ces centaines de corps bougeaient, sautaient, ondulaient. De la bière, de l'hydromel ou de la bièraubeurre. Ce qui le frappa le plus fut l'odeur du tabac et de la drogue qui lui piquèrent très fort aux yeux, et qui lui coupèrent pour une soirée tout odora.
La musique se faisait de plus en plus fort, l'air devenait difficilement respirable, et des spots de diverses couleurs ainsi que des stroboscopes violents éclataient leur lumière. Harry sentait chacun des coups sourds qui marquaient l'air dans ses tripes et il commanda au bar de fortune surchargé une simple bière. Il jeta deux mornilles d'argent en direction du jeune barman et il s'enfonça dans la foule.
Des flashs de lumières étaient nombreux et intense, des jets d'étincelles passaient au ras des têtes. De minis feux d'artifices brillaient çà et là. Harry vit quelques uns des mages qui lui avaient été présentés. Chacun, criant, hurlant ou chantant, vint faire une accolade à Harry qui décida de finir sa bière faute de la renversée.
Tous lui sourire, dansèrent avec lui, parlèrent, chantèrent, et en lui tenant les épaules, sautèrent un pas de danse bien étrange mais très entraînant. La musique techno-rap-rock s'enchaîna à toute vitesse au rythme de la soirée agitée. Harry fut bien souvent au centre d'un groupe de jeunes (enfin, plus jeune que lui quoi) où on riaient, s'embrassaient, etc.
Harry ne connaissait, ou ne reconnaissait presque personne, mais lorsqu'on venait de s'enfiler une quinzaine de verres de bière, la personne avec qui on danse, homme femme elfe ou centaure, devenait le temps d'un soupir notre meilleur ami.
Les danses se suivaient à des rythmes effrénés, l'alcool se comptait maintenant par litres pour certaines personnes, et les derniers cris de joie s'amplifiaient pour une dernière, ultime et délicieuse fois.
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Geôles d'Azkaban…
Quartier de Haute Surveillance…
Au moment plus ou moins exact auquel Harry entrait dans l'underground, les Résistants, après avoir entendus leur sentence, furent jetés dans la partie la moins reluisante de la prison des sorciers et transgresseurs. Pas de lit, les barreaux inexistants, la présence des Détraqueurs suffisait amplement, et le froid inhabituel s'engouffrait dans chacune des infimes failles qui traînaient par endroits dans la roche.
Ils entrèrent tous, la mines défaites et le teint sombre, grave. Remus entra le dernier, après une hésitation et un coup de pied dans les reins. Là se trouvait déjà une frêle silhouette grelottante et gémissante. Sirius. Les Résistantes l'entourèrent de leurs bras pour lui donner un peu de chaleur humaines tandis que le reste du groupe se tapi dans le coin le plus éloigné de l'ombre noir qui circulait devant leur cage aux barreaux absents.
Ils se regardaient tous, coupables peut-être, mais certainement anxieux, effrayés.
Le clair de lune entrait par minces filets au travers de la petite fenêtre ouverte très haut dans le mur du fond. Les yeux des mages se reflétaient dans cette lumière d'argent, surtout ceux qui pleuraient. Ils savaient que quelque part, la machine se mettait en route. Le point de non-retour… comme toujours.
Les secondes, minutes, heures s'égrenaient lentement et les derniers souvenirs de bonheur des mages partaient en lambeaux de nuage comme un pâle étendard maculé de sang et déchiré. Dans la prison, les cris effroyables parcouraient les quartiers. L'horreur dépassait toute imagination. Personne ne dormi cette nuit-là.
H – 8 heures…
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Plus tard
Harry était au volant de sa voiture et la conduisait calmement et sereinement. Il était rentré chez lui un peu plus tôt le matin même et avait retrouvé Jane endormie. Il lui avait laissé un mot. Elle irait au Chemin de Traverse par l'intermédiaire d'un ami sorcier du même bolck.
Une sorte d'halo orange qui couvait la cité. Bien qu'il était déjà près de midi, le soleil était timide. Le moteur de la voiture de Harry arrêta de ronronner, et ses pneus crissèrent. Il était arrivé au principal Equilibrium, le point de non-retour…
Il était, pour l'occasion, vêtu d'une combinaison de combat blanche, uniquement créée pour une cérémonie de cette ampleur.
A chaque rare tournant de la route, il sentait le pommeau de son sabre de combat cogne contre sa poitrine. Et sa baguette dans sa poche semblait irradier. Il respira un long moment.
Dans le dédale de couloirs qui s'enchaînaient pour conduire au bureau du Père, un vieil homme, un membre du conseil, expliquait toutes sortes d'interdictions, d'obligations faisant parties du protocole établi lors d'une audience avec le Père. Harry l'écoutait très distraitement, il lui était impossible de se concentrer sur quelque chose de fixe.
- … ne pas regarder le Père directement dans les yeux, énonça le vieil homme d'une voix monocorde, vous serez obligez de nous donnez votre arme, bien, sûr, mais avant vous devrez passer un petit test.
Harry sorti de sa torpeur et avait entendu la fin. Quelque chose d'imprévu dans le plan.
- Un test , questionna-t-il.
L'homme s'arrêta et se planta devant lui.
- Évidemment, vous ne pensiez tout de même pas passer en audience avec le Père sans réussir un test au préalable.
Harry hocha de la tête et dès que le Librian lui tourna le dos, il ferma les yeux en grimaçant et en s'insultant intérieurement de crétin. Pourquoi n'avait-il pas prévu cela ?
Ils arrivèrent devant trois portes de métal, entrèrent par la gauche et débouchèrent sur une petite salle argentée qui contenait une chaise, une table, cinq gardes et un écran géant sur lequel le Père débitait les habituels flots de paroles.
On apporta un détecteur d'émotion égal en apparence à celui de l'Ordre du Phénix. Le vieil homme de tout à l'heure se posta à la droite de Harry et un plus jeune à l'air timide se mit en face. Il tenait une fiche de métal dans sa main et un formulaire de question.
- On va commencer par une question très facile, dit-il pendant que l'on sanglait Harry et que l'on lui mettait le détecteur au majeur de la main gauche et que l'on lui enlevait son sabre.
Harry fixa devant lui, et le jeune contrôleur commença :
- Quelle est, selon vous, la meilleure manière de retirer son arme à un Auror ?
L'aiguille s'affola, Harry avait senti une sueur froide lui couler lentement telle la pointe d'un poignard glacé dans le dos.
- Vous la lui demandée…
Cette phrase ressemblait plus pour Harry à un rêve éveillé ou à un soupir qu'à autre chose. Colin Crivey qui avait prononcé cette phrase, se tenait à ses côtés et lui souriait cruellement.
A ce moment même, il devait être mort, et non là devant lui, en tenue de bourreau…
Crivey, en tenue de combat vint se poster devant lui et il lui fit un clin d'œil autant cruel que furtif. Alors il sorti. Le Père qui discourait interrompit et dit :
- Et vous, Harry Potter. Je vous félicite. Je vous tends un piège et vous tombez sans problème dedans.
Harry le regardait incrédule. Il ne comprenait pas.
- L'Auror Crivey n'a eu pour rôle que de vous rassurer dans votre tâche. En l'écartant, je vous fais croire un temps que vous gagnez. Mais c'est moi qui fixe les règles de la partie.
Harry ne décolérait pas. L'aguille du détecteur s'affolait à une cadence énorme. Près de deux cents battements de cœur à la minute. Puis Harry fit le tour des yeux de la pièce. Cinq gardes, deux contrôleurs. Facile. Trop facile.
- Des années que je réfléchissais, continua le Père, à un moyen d'introduire l'Ordre du Phénix. Et puis, j'ai eu… une illumination : pour pouvoir infiltrer les Résistants, il faudrait que l'homme que j'envoyai pense comme eux. Qu'il possède de grands pouvoirs magiques… Sans s'en rendre compte lui-même…
Puis Harry reposa ses yeux sur l'image du Père, un vieil homme au long nez fourchu, aux traits tirés et aux longs cheveux blancs qui luisaient à la lumière.
- Mais trouver un tel homme ,vous me direz… Et puis je vous ai trouvé. L'arme idéal, capable de tuer son propre meilleur ami, sans éprouver d'état d'âme, mais incapable de tirer dans le dos d'un enfant sorcier…
- On… je ne vous connais pas, balbutia Harry. Enfin, je veux dire, on ne s'est jamais rencontrés…
- Ah non ?
L'image du vieillard se dématérialisa en de multiples cristaux de pixels pour reformer un nouveau visage. Harry vit enfin le vrai Père. Il hurla.
H – 30 minutes…
09/11
Prochain chapitre : N'est-ce pas trop cher payé ?
