Bonjour à tous ! En cette journée de la fête du travail, je viens vous partager ce nouveau petit chapitre ! Il est légèrement plus court que le premier (19 pages au lieu de 20) et il avait été très agréable à écrire. C'est le début des sentiments de Harry :D Et vous allez pouvoir voir un magnifique Draco en tsundere (pour les non habitués du japonais, un tsundere est une personne qui se montre froide au début et qui en fait se révèle très sentimentale :) Pour l'anecdote, tsundere est la contraction de deux "onomatopées" : tsuntsun (piquant, piquant) et deredere (mielleux ou même lovey-dovey chez les Anglais) Faut bien que je ressorte mes compétences en japonais quelque part).

Je tiens à remercier en tout cas toutes les personnes qui m'ont écrit des reviews, cela m'a fait grand plaisir ! Pour les anonymes, je ne peux malheureusement pas vous répondre donc pensez à vous inscrire :D Pour les autres, merci de me lire et de laisser une chance à cette histoire !

J'espère qu'il vous plaira tout autant que le premier en tout cas ! En musique de fond, j'ai bien envie de vous proposer Forever de Tracey Chattaway. Vous pouvez retrouver cette musique sur le Bandcamp de l'artiste ou sur YouTube sur la chaîne HDSounDI. Honnêtement, je viens juste de la découvrir, mais je me suis dit qu'elle collait bien aux "sentiments".

Bonne lecture :)


Chapitre 2 : Sentiments

Un rire malfaisant. Un éclair vert. La forêt. La forêt à l'infini. Sombre. Si sombre. Le serpent. Attention au serpent. Une série de visage familiers. Tous disparus. Et encore ce rire. Si effrayant, si terrifiant. Un murmure dans la tête. Insidieux. Et l'éclair vert. Un corps qui chute. Silence. Des frissons incontrôlables. Le sifflement du serpent. King's Cross.

Harry se réveilla en sursaut. Son cœur battait à toute allure et de la sueur coulait sur son front. Il serra sa tête entre ses mains, une douleur fantôme lui saisissant le crâne, à l'endroit de sa cicatrice en forme d'éclair. Il n'arrivait pas à réguler sa respiration. Harry attrapa ses lunettes et les colla sur son nez, espérant que le malaise passerait avec une vision plus claire. Il n'arrêtait pas de frissonner. Le brun se força à respirer lentement, à compter chaque inspiration. Petit à petit, son souffle se fit moins erratique et il put enfin se focaliser sur autre chose.

Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus eu de cauchemars comme celui-là. Il pensait en être enfin débarrassé. Pourquoi maintenant ? Il lui serait impossible de se rendormir cette nuit-là. Hermione allait encore le houspiller de ne pas assez dormir. Comme si, elle, ne passait pas des nuits entières à potasser. Il ne la voyait qu'une fois par semaine, il n'était pas prêt à encore entendre ses remontrances.

Harry quitta ses draps trempés de sueur et se rendit dans la bibliothèque. Quitte à ne pas dormir, autant lire un peu. Il s'y sentirait d'ailleurs plus en sécurité que dans sa chambre. Attrapant sa baguette et murmurant : « Lumos », il se rendit dans la pièce aux milles livres et y resta jusqu'à ce que ne vienne l'heure de se préparer à aller au ministère.

La journée se montra longue et sans entrain. Comme prévu, Hermione lui remonta les bretelles à l'heure du midi et il n'en écouta que de vagues mots. Harry n'avait qu'une hâte, que le jour se termine. Le lendemain se montra peu intéressant également et sa seule distraction fut une maladresse de Neville au cours de sorts pratiques. Ce fut donc avec un grand soulagement qu'il accueillit le déjeuner du vendredi, qu'il passait avec Draco.

Le voyant si éreinté, l'aristocrate s'en inquiéta :

« Tu as une mine épouvantable.

- Je sais, je sais. Ma semaine était fichue dès mercredi.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Oh, des trucs et d'autres. Rien de très intéressant mais suffisant pour plomber le moral.

- Je vois. »

Mardi dernier, Harry s'était attendu à ce qu'ils soient gênés et ne sachent quel sujet aborder, mais étonnamment, leurs discussions habituelles s'étaient installées sans aucune difficulté. À croire que rien n'avait changé dans leur relation. Pour l'instant, cette situation plaisait à Harry.

« As-tu lu le numéro de ce matin de La Gazette ? s'enquit Draco.

- Oui ! Quel scandale ! C'est incroyable que ça ce soit passé sous notre nez comme ça pendant si longtemps.

- Sa famille est depuis des générations dans le gratin de la société après tout. Des sang-purs à n'en point douter. Si l'on remonte leur arbre généalogique, on peut être sûr de n'y trouver que des sorciers.

- Enfin tu dis ça mais je peux t'assurer qu'il existe toujours des brebis galeuses dans n'importe quelle famille.

- Comment peux-tu affirmer ça ?

- Je connais assez bien l'arbre généalogique des Black, je le vois presque tous les jours dans mon salon. Crois-moi, certains membres ont sûrement été des Cracmols ou des sang-mêlés. »

Draco ne trouva aucun argument à rétorquer et, de toute façon, ne voulait pas se lancer dans ce débat-là, semblait-il. Il changea plutôt de sujet :

« Parlons d'autre chose. Il y a une exposition de Van Gogh en ce moment et j'aimerais la voir. Veux-tu venir avec moi ?

- C'est un rendez-vous ?

- Oui », répondit le blond, imperturbable.

Harry prit le temps de réfléchir un instant.

« Alors d'accord. À quel jour tu pensais ?

- J'ai cru comprendre que tes week-ends étaient plutôt occupés…

- Je suis toujours libre le samedi matin. On pourrait déjeuner ensemble après. Ah mais demain, ce n'est pas possible. Je fête l'anniversaire de Teddy avec tout le monde.

- Alors pourquoi pas la semaine d'après ?

- O.K., c'est parfait ! Hm, j'ai hâte.

- J'ignorais que tu étais intéressé par l'art. »

Harry rougit.

« Je ne pensais pas vraiment à l'art mais plus au moment que nous allons passer ensemble. »

Ce fut au tour de Draco de rosir, ces joues prenant la teinte de deux boutons de roses en train d'éclore au printemps. Un magnifique tableau pour n'importe quel œil averti. Gêné, il passa une main devant ses yeux.

« Je suis un peu ridicule, pas vrai ? Être aussi naïf.

- Non, tu ne l'es pas. C'est ce qui te rend unique.

- Arrête ça, ça me gêne. »

Il n'osait plus le croiser du regard. Harry fut étonné de la soudaine démonstration de sentiments dont il lui faisait part. Ce n'était pas dans les habitudes de Draco de se dévoiler comme cela. Est-ce que décider de sortir avec lui pouvait avoir un tel impact ?

« Tes réactions sont amusantes.

- Ne te moque pas. »

Évidemment, Harry ne put qu'éclater de rire, ce qui lui valut un regard noir de Draco.

« Ah, désolé, désolé. Promis, j'arrête.

- Tu n'es pas très convainquant avec ce sourire. »

Dans l'instant du moment, Draco glissa sa main sur celle de Harry. Surpris, ce dernier ne la rejeta néanmoins pas. Il récupérait la monnaie de sa pièce. À tous les coups, Draco voulait le voir perdre ses moyens aussi. Puis Harry se rendit compte, qu'en fait, depuis tout à l'heure, ce qu'ils étaient en train de faire, c'était du flirt et qu'il n'en avait même pas pris conscience. Il perdit toute contenance et rougit comme un coquelicot.

« Je te hais, grommela-t-il, mauvais joueur.

- Ahah. Je te crois. »

Draco retira sa main, un joli sourire à présent collé sur le visage.

« Tu vas organiser une fête pour l'anniversaire de ton filleul ? changea-t-il de sujet.

- Ce n'est pas moi qui l'organise mais Molly, la mère de Ron. Elle adore ce genre d'événement.

- Tu vas voir Ron alors ?

- Oh ! Mais je ne t'ai pas raconté la dernière à son propos ! »

o0O0o

« Mon chéri ! Cela fait si longtemps ! Que tu as maigri, tu te nourris bien au moins ? Tu devrais vraiment faire quelque chose pour tes cheveux, ils sont épouvantables. »

Molly enlaça avec force le pauvre garçon qu'elle considérait comme son fils. Elle lui colla un énorme baiser sur le front avant de le faire entrer au Terrier, sans interrompre son défilé de questions. Le salon n'avait guère changé depuis Poudlard et produisit encore une fois cette chaleur si particulière dans le cœur de Harry. Il aimait vraiment être avec la famille Weasley. Une seule note détonnait : Ron, au fond de la pièce qui le regardait d'un drôle d'œil. Harry l'ignora ostensiblement et alla plutôt saluer tous les membres de la famille et les amis, ce qui s'avéra aussi long que prévu.

En allant serrer la main de Percy, celui-ci lui tint la jambe un moment sur plusieurs affaires ministérielles. Il termina son discours en lui demandant :

« D'ailleurs, Harry, tu es invité à la célébration officielle de la mort de Tu-sais-qui, mais j'imagine que tu es déjà au courant. On attendra tous que tu fasses un discours bien sûr.

- Euh, non je n'étais pas au courant. Ça sera quand ? Et où ?

- Mais enfin, le 1er et 2 mai évidemment !

- Je sais, je voulais dire le jour.

- Ah, c'est mardi et mercredi dans deux semaines. La cérémonie puis le banquet se tiendra dans la résidence de Kingsley. Le mardi, ça sera surtout des discours et bien entendu, tu feras le dernier, aux alentours de minuit, avant que l'on ne tire les feux d'artifices. Le mercredi, en soi, ta présence n'est pas nécessaire si tu ne souhaites pas venir, il est surtout prévu de faire la fête ce jour-là.

- Je croyais que Kingsley s'était retiré de la politique, s'étonna Harry.

- Ce n'est pas vraiment de la politique d'organiser la fête de la mort de l'ancien ennemi publique. »

Harry fit une moue, peu convaincu. Il préféra plutôt changer de sujet, sachant qu'un débat avec Percy était toujours infini :

« Je dois vraiment faire un discours ?

- Tu n'en es pas "obligé"… mais ça serait vraiment bien que tu en fasses un, tu es quand même notre sauveur national, je te rappelle. Les divers journaux ont accepté de te laisser un peu tranquille mais je doute qu'ils le restent si tu ne leur donnes pas de quoi se divertir de temps en temps. Un discours pour la tranquillité le reste de l'année, ce n'est pas cher payé.

- Hm, je vois. »

Ça l'ennuyait déjà et il aurait tout donné pour ne pas devoir faire acte de présence. À chaque fois que s'organisait un événement officiel concernant Voldemort, il était toujours invité. L'oublierait-on un jour ? Il aurait largement préféré passer ce jour chez lui, à faire son deuil en solitaire.

Harry réussit à quitter la discussion avec Percy pour partir terminer son tour des salutations. Quelques temps plus tard, Andromeda et Ted arrivèrent et tout le monde alla de son « joyeux anniversaire ». Harry l'avait déjà souhaité au petit au début de la semaine mais il le lui répéta avec un grand sourire. Voir son filleul le rendait toujours heureux d'être là pour lui.

Teddy agissait en petit chef, fier du haut de ses trois ans. Il se sentait soudain plus grand que tout le monde d'avoir une année en plus à son décompte. Il semblait en tout cas très heureux qu'on fête son anniversaire ce jour-là. On sentait aussi qu'il avait hâte de recevoir ses cadeaux.

Il fallut attendre encore un peu avant que l'on n'annonce l'heure de manger. Et étant donné qu'il faisait beau, la table avait été dressée à l'extérieur. Comme d'habitude, les plats étaient délicieusement bons. Harry grinça un peu des dents lorsqu'il se retrouva assis entre Teddy et Hermione, Ron étant installé juste à côté de cette dernière. Il espéra que le repas ne s'en retrouverait pas allongé par l'agacement.

Certes, il y eut quelques paroles froides mais leurs échanges s'en tinrent au minimum, au grand désappointement de Hermione, coincée entre eux d'eux, culpabilisée à chaque fois qu'elle discutait avec l'un ou l'autre. Autant dire que ce n'était pas le meilleur des anniversaires que Harry avait connu. Mais la présence de Teddy à ses côtés, dont il devait s'occuper, le radoucit de beaucoup.

L'arrivée du dessert, une jolie pièce montée, signifia l'arrivée des cadeaux. Le petit garçon ne tenait plus en place, impatient de pouvoir tout déballer. Harry déposa le sien en haut de la petite pile qui se formait devant le gamin dont les yeux se retrouvaient tout étoilés. Luna, toujours fidèle à elle-même, braqua les projecteurs de son appareil photo sur Teddy, chargée de faire le plus de photo-souvenirs possible. Elle afficha un grand sourire heureux lorsqu'elle capta le moment où il souffla sur ses trois bougies. La magie lui ferait répéter ce mouvement pour l'éternité, un Harry au sourire protecteur, une Hermione en joie et un Ron au visage éclatant à ses côtés.

Le garçon passa ensuite à ce qui l'intéressait le plus, le déballage de ses cadeaux, se réjouissant pour chacun d'entre eux, sauf celui de Percy qui était un livre sans image. Il fut un peu déçu en découvrant que le cadeau de son parrain était un album photo avant de comprendre qu'il s'agissait en grande partie de ses parents. Il fit alors une tête un peu étrange que Harry ne sut interpréter. Ce dernier espéra seulement qu'il avait bien fait. Un regard d'Andromeda lui apprit que oui.

Le reste du repas se passa tranquillement, au gré des conversations. Teddy joua un peu de son côté puis alla voir la petite Victoire qui fêterait bientôt ses uns ans. Harry laissé seul décida de retourner dans le salon, rejoignant quelques autres invités avec qui il discuta. Le temps passa affreusement vite et l'heure du thé arriva sans qu'il ne s'en rende compte. Les personnes les moins proches de la famille Weasley et Tonks commencèrent à partir puis ne resta que les plus fidèles.

Lorsqu'il ne resta plus qu'un petit comité vers la fin de l'après-midi, Arthur proposa à Harry de rester pour la nuit. Celui-ci ne sut que répondre, gêné, sachant que s'il restait, il dormirait dans la chambre de Ron, ses parents n'étant guère au courant de leur dispute. Mais Molly vint se joindre à la lutte et Harry ne put que s'incliner, vaincu. Il allait devoir faire face à Ron, en définitive.

Le dîner fut frugal comparé au déjeuner mais non moins bon. Hermione aussi avait été invitée à dormir et il s'avéra qu'en réalité, ce serait elle qui partagerait la chambre de Ron, son petit-ami, Harry prenant la chambre de Ginny qui était à l'étranger. Cela ramena des souvenirs à Harry. La dernière fois qu'il y était entré datant du baiser qu'ils avaient échangé le jour de son anniversaire à lui, quand l'avenir était encore sombre. Il regretta un moment la relation qu'il avait eue avec elle. Mais ses sentiments avaient changé et il sortait à présent avec un blond pédant. Ça changeait du roux ! se fit-il la réflexion.

Il s'installa dans la chambre, peu à l'aise au milieu de toute cette décoration qui n'était pas la sienne. Sur le bureau, il trouva des photos de tous ses frères et de ses parents, celle de Fred étant dans un cadre beaucoup plus travaillé. Les jumeaux manquaient à Harry, George n'avait jamais plus été le même depuis sa mort.

Le bruit de la porte qui s'ouvre le fit sursauter. Il se retourna pour voir Ron dans l'encadrement. Sans le regarder dans les yeux, il demanda :

« Je peux entrer ? »

Harry reposa la photo qu'il tenait et répondit de la tête par l'affirmative. Ils allaient bien l'avoir cette discussion en définitive, n'est-ce pas ? Ron alla s'asseoir sur le lit et Harry s'installa sur la chaise du bureau. Ce fut le rouquin qui prit la parole en premier :

« Hermione a menacé de me quitter si je ne parlais pas avec toi, tenta-t-il de blaguer.

- Ça ne m'étonne pas d'elle », se contenta de répondre Harry.

Ron soupira.

« Écoute, je suis désolé de ne pas avoir voulu discuter avec toi l'autre jour, je n'étais pas dans mon assiette. Mais aujourd'hui je suis prêt.

- Mais moi, je crois bien ne plus l'être. »

Ron se gratta l'arrière de la tête, gêné.

« On ne va pas tourner en rond, lança-t-il.

- C'est pourtant ce que tu as décidé de faire l'autre fois, répondit Harry du tac au tac.

- Je t'ai dit que j'étais désolé !

- J'étais venu pour m'excuser ! »

Le ton monta d'un cran et Harry se pinça l'arrête du nez en soulevant ses lunettes, dans une veine tentative de se contrôler. Ron commençait à rougir de colère.

« Qu'est-ce que tu veux ? finit par demander le brun. Si l'on part sur une réconciliation, là, je ne suis pas sûr que cela fasse long feu. Et si en plus, il faut que j'attende qu'Hermione te pousse pour que tu te décides à faire un pas… »

Ron ne sut que répondre.

« Comment on en est arrivé là ? demanda-t-il plutôt.

- Je ne sais plus. Beaucoup de rancœur. Mais je ne suis pas sûr que tu veuilles vraiment savoir comment tout a commencé.

- Ça me rend triste cette situation.

- Moi aussi.

- On ne peut pas tout mettre de côté et reprendre comme si de rien n'était ?

- Non, je ne pense pas.

- Évidemment. Ça serait trop facile sinon. »

Ils se regardèrent sans animosité. Puis Harry rompit leur contact en se penchant à nouveau sur les photos. Il toucha du doigt celle de Fred et murmura :

« Les relations avec les autres sont si compliquées. Et tout peut s'arrêter si vite, sans que l'on s'en rende compte.

- Je t'ai déjà dit d'arrêter de culpabiliser sur sa mort. Tu ne pouvais rien y faire.

- J'étais juste à côté.

- C'était trop rapide, je suis sûr que même lui ne s'en est pas rendu compte. »

Silence. Puis :

« Je viens de me rappeler pourquoi on s'est disputé la première fois. Tu t'étais énervé parce que j'avais parlé de Fred.

- C'est dur pour moi aussi, lui annonça Ron. En plus, George compte énormément sur moi.

- Tu étais quand même très vite monté sur tes grands chevaux, pour une simple phrase.

- Oui, c'est bon, je sais, c'est de ma faute. Mais tu me connais…

- Non, c'est de la mienne aussi. Je t'ai dit des trucs que je ne pensais pas après. Ou que je refoulais au fond de moi, je ne sais pas trop la différence. Et après tout s'est enchaîné et j'en ai même oublié la raison… »

Il y eut à nouveau un silence.

« Maman dit que ça finira par passer. C'est pourtant elle qui le vit le plus mal.

- Je me demande si c'est le genre de chose dont on se remet jamais.

- Je ne sais pas. Le temps nous le dira. Une chose est sûre, la vie suit son cours.

- C'est vrai, sourit Harry.

- Ami ? » lança-t-il soudainement.

Ron s'était levé et avançait sa main vers le brun. Celui-ci lui sourit, leva légèrement les yeux au ciel et prit sa main.

« Ami. »

Puis dans un mouvement, il l'enlaça. Ron en fut surpris mais se laissa faire. L'heure était à l'abandon.

o0O0o

Pendant qu'il s'asseyait, la main sur le dossier, Harry annonça la nouvelle à Draco :

« J'ai signé un traité de paix avec Ron. »

Le blond releva les yeux du menu et s'étonna :

« Si vite ? Je croyais que ça allait durer encore un moment.

- Je le pensais aussi. Il voulait qu'on mette de côté ces mois de disputes. Évidemment, je lui ai dit que ce n'était pas possible. Mais je sais pas, en discutant juste un peu plus avec lui, c'est ce qu'on a fini par faire.

- C'est plutôt bon signe, non ?

- Ouais j'imagine. Mais faut qu'on reconstruise notre amitié et notre confiance, et ça, ça va prendre du temps. On a juste fait le premier pas.

- Hm. »

Harry appuya son menton sur son poing et pointa de son autre main sa fourchette vers le jeune homme en face de lui. D'un air vexé, il se plaignit :

« C'est tout ce que tu as à dire sur notre formidable amitié à nouveau en route ?

- Eh bien… oui ? Weasley n'est pas vraiment une personne que j'apprécie. Je t'avoue n'être intéressé que par ce que cela peut avoir comme effet sur toi. »

Puis, du bout des lèvres, lâcha :

« J'aimais bien avoir le monopole sur toi. »

Harry ouvrit de grands yeux et partit d'un énorme éclat de rire qui fit sursauter Draco. Celui-ci ne comprenait pas vraiment ce qu'il y avait de drôle. Harry semblait incapable de s'arrêter, au point qu'il en avait les larmes aux yeux.

« Tu as bientôt fini ? s'agaça Draco.

- Ah… pardon. Ahah. C'est juste… pff… tu es si franc ! »

Draco n'en fut que plus mal à l'aise et il se frappa le front du plat de sa main.

« Mais qu'est-ce qui m'a pris de sortir avec quelqu'un comme toi ?

- Mes beaux yeux ? le taquina-t-il

- Ah, ne commence pas !

- D'accord, d'accord, j'arrête. »

Il fit la moue et bouda Draco le temps de choisir ce qu'il comptait manger cette fois-là. Ce dernier profita enfin du silence durement acquis.

« J'imagine qu'il va falloir que j'apprenne à connaître tes amis, si on continue à sortir ensemble, pensa-t-il à voix haute.

- Hm.

- Tu n'as rien à dire là-dessus ? se vengea Draco.

- Je te trouve bien sérieux.

- Je suis toujours sérieux.

- J'aimerais bien savoir à quoi tu ressembles lorsque tu te lâches. »

Les plats firent leur apparition sur la table. Draco déposa sa serviette sur ses cuisses et rapprocha son assiette. Harry, lui, ne protégeait jamais son pantalon. C'était une technique pour les faibles, disait-il. En réalité, il détestait juste le fait de ne pas pouvoir bouger ses jambes comme il le souhaitait.

« Ça n'arrive jamais, répliqua l'aristocrate.

- Oh ! Voyons, évidemment que si. Tout le monde se lâche à un moment ou un autre.

- Toi, tu es tout le temps relâché, essaya-t-il de détourner le sujet.

- Faux, tu ne m'as pas encore vu quand je pars dans des délires.

- Laisse-moi deviner. C'est quand tu es avec ton filleul ?

- Ah ! Comment as-tu su ?

- Ça se voit rien qu'en te regardant, sourit Draco.

- Hm, j'imagine. J'ai une tête à adorer les enfants.

- Tu en voudrais ?

- Hm, non. Pas maintenant. Peut-être dans quelques années. Mais pour l'instant, j'ai Teddy. C'est mon petit ange à moi. »

Draco mima le dégoût.

« Arrête avec toute cette mièvrerie, tu vas me faire vomir.

- Toi, t'es pas un homme à enfants.

- Je ne les comprends pas. Ce sont des êtres étranges. »

Harry rit à gorge déployée et manqua de s'étouffer avec son poisson. Draco lui servit en urgence de l'eau que son homologue avala d'une traite. Il toussa ensuite un bon coup et le revoilà parti pour un tour.

« Tu es décidément très amusant, toussota Harry.

- J'ignorais avoir ce pouvoir… »

Harry partit à nouveau dans un rire qu'il tenta de vite endiguer sous le regard noir du blond.

« Je n'aime pas quand tu te moques à mes dépends.

- Mais je ne le fais pas exprès ! C'est de ta faute.

- Ah alors là, non ! Ce n'est pas de ma faute ! Apprends à te contrôler aussi ! s'énerva-t-il, exaspéré.

- Pour avoir un balai dans le cul comme toi ? »

Harry comprit qu'il avait fait une boulette en voyant le visage de Draco se fermer. Le blond reposa sans un bruit sa fourchette et contempla un instant son assiette, les yeux vides.

« Je suis désolé, ce n'est pas ce que je voulais… tenta de se rattraper le brun.

- Tais-toi », le coupa-t-il.

Harry referma la bouche, meurtri. Il mangea sans grand appétit, n'osant relever la tête pour croiser le regard de son petit ami. Il sentait que l'aristocrate prenait sur lui pour ne pas quitter la table sur le champ. Il lui en fut reconnaissant et se maudit mille fois.

Le jeune homme regarda ses doigts peu graciles et gauches. Il ne savait jamais quand s'arrêter, c'était pas possible. Quand apprendrait-il à grandir ? Il se décida alors à avancer un peu. Lentement, sans geste brusque, il rapprocha sa main de celle à gauche de Draco, posée sur la table, tripotant la nappe. En caressant le bout de ses doigts, il la sentit sursauter. Il la serra alors fortement pour l'empêcher de s'enfuir.

« Je ne suis qu'un imbécile, bredouilla-t-il. Pardonne-moi. »

Harry continuait à ne pas oser regarder Draco, il se concentrait exclusivement sur cette main si bien entretenue.

« Je suis trop susceptible, soupira l'aristocrate à un moment. Je n'arrive pas à distinguer les blagues des moqueries.

- Non, c'est vraiment de ma faute pour le coup, rétorqua le brun. N'essaie pas de me trouver des excuses. »

Draco eut un sourire et cela rassura Harry.

« J'aime vraiment ça chez toi. Tu es si… je ne sais pas comment dire.

- Eh bien n'en dis pas plus, tu vas me mettre mal à l'aise. Mais s'il te plaît, oublie ce que j'ai dit, c'est sorti sans même y penser. C'est le genre de remarques toutes prêtes que je sors à Neville tu vois ?

- Arrête d'en parler, tu t'embourbes dans tes bêtises.

- Rah, pardon. Juste oublie, O.K. ?

- On verra.

- Ah non… ne me fais pas ce coup, s'il te plaît. Je suis sûr que tu vas vouloir te venger un jour.

- Te laisser dans cette situation est ma vengeance.

- C'est si… si…

- Si ?

- Si Serpentard ! »

Draco le regarda avec circonspection avant de laisser échapper un rire. Quand il fut calmé, il répondit :

« Je n'ai pas été placé dans cette maison à l'aveugle. Mais dis-moi, tu comptes encore tenir ma main longtemps ? Parce que j'en aurais besoin pour manger. »

Surpris, Harry la relâcha vivement.

« Désolé, je ne faisais même plus attention.

- Il n'y a pas de mal. Et puis ça m'a fait plaisir. »

Harry rougit sous la franchise du blond. Il était si clair dans ses sentiments… le jeune homme l'enviait pour cela. Alors il tenta de faire la même chose :

« Je suis assez content d'avoir essayé de sortir avec toi. »

Draco haussa un sourcil, dubitatif.

« Au passé ?

- Ah, non ! Enfin, oui. Mais… J'ai pas été clair, conclut-il. Je veux dire, là, en ce moment, on sort ensemble. Et ce que je voulais dire, c'est d'avoir fait en sorte de nous laisser la chance. La période d'essai est terminée en quelque sorte ?

- Tu es vraiment mignon quand tu t'embrouilles.

- … Je ne suis pas sûr d'apprécier cette remarque.

- Je pensais que tu aurais fait durer la "période d'essai" plus longtemps, continua Draco. Ne penses-tu pas être trop rapide ? Notre premier "vrai" rendez-vous n'a même pas encore eu lieu.

- Bah je sais pas. Tu as été amoureux de moi si longtemps. Je me sentirais mal de te faire attendre encore plus longtemps. Et puis quand on décide de sortir ensemble, je trouve ça bizarre qu'il y ait une période de "probation". C'est tout ou rien, non ?

- Tu as vraiment un étrange sens du devoir.

- Je vais le prendre comme un compliment. »

La discussion s'arrêta là pendant un court moment où il se contentèrent de manger. Puis Draco reprit :

« Tu considères donc vraiment notre relation comme officielle ?

- Bien sûr ! s'exclama Harry. Tu… tu pensais que ce n'était pas le cas ?

- Disons que j'avais du mal à y croire.

- Eh bien crois-y ! Harry Potter sort avec Draco Malfoy. Point barre. Je n'en ai pas encore parlé avec mes amis parce que je ne vois pas comment amener le sujet sans que ça ne fasse de vagues, expliqua-t-il. Mais ce n'est pas pour autant que je compte la garder secrète ou quelque chose comme ça. Il n'y a rien de honteux. »

Draco en fut troublé. Il ne s'était pas attendu à ce que Harry soit aussi sérieux, l'intéressé le voyait sur son visage. Il eut un petit sourire de triomphe à avoir réussi à surprendre l'aristocrate.

« J'ai hâte de voir jusqu'où on va aller », conclut-il.

o0O0o

Harry était assis à leur table habituelle depuis un bon moment mais Draco n'était toujours pas apparu. Il trouvait le temps bien long. C'était la première fois qu'il arrivait le premier et il fallait que ce soit parce que le blond soit en retard ! Qu'est-ce qui pouvait bien le retenir ? Il allait mourir d'ennui à l'attendre.

Pour faire passer le temps, il avait commandé une bouteille de Whisky pur feu qu'il buvait petit à petit tout en grignotant des canapés. La chaleur qui se répandait dans son corps était délicieuse. Il appréciait tout particulièrement ce genre de moment. Si seulement ce maudit blond pouvait se dépêcher d'arriver…

Ça ne lui ressemblait pas du tout ! L'adepte des retards, c'était lui. Pas ce blondinet toujours si ponctuel et droit. Un joli blondinet qu'il aimerait bien voir tout rougissant et les cheveux en bataille. Ah non ! Il n'allait pas commencer à penser à ça ! L'alcool y était pour quelque chose, c'était sûr. Mais d'ailleurs… c'était la première fois qu'il trouvait le corps du joli garçon aussi attirant. Et il fallait qu'il soit absent et donc impossible à reluquer !

Harry grommela et engouffra un bout de pain dans sa bouche tout en fronçant les sourcils. Ne l'ayant pas assez mâché, il s'étouffa avec. Tapant sur sa poitrine, il essaya de le faire passer en buvant son verre de Whisky pur feu. Autant dire qu'il lui fallut du temps pour se calmer.

Évidemment, c'est à ce moment-là que Draco arriva, presque en courant. En tout cas, avec la figure de quelqu'un qui avait couru. Il se laissa presque tomber sur sa chaise, poussant un soupir.

« Salut, beau gosse. »

Draco regarda Harry, interloqué. Il ferma les yeux, les rouvrit. Puis en soupirant, attrapa la bouteille du brun.

« Plus d'alcool pour aujourd'hui.

- Ah non… Rends-la moi !

- Tu m'as l'air bien pompette et il n'est que midi passé. On ne t'a jamais dit qu'il fallait avoir le ventre plein pour boire de l'alcool ?

- J'ai mangé des amuse-bouches… »

Draco leva les yeux au ciel.

« Je savais que je n'aurais jamais dû arriver en retard. Tu fais n'importe quoi quand je ne suis pas là.

- Dis pas ça comme si on était marié depuis trente ans… »

L'ombre d'un sourire se déposa sur les lèvres de Draco. Voyant que le blond ne comptait pas continuer cette conversation, Harry demanda :

« Pourquoi t'étais pas là avant moi ? J'étais triste.

- J'avais du travail et je voulais le terminer avant de venir manger. Désolé. Je ne pensais pas que ça te rendrait triste. »

Harry écarquilla les yeux.

« Non, c'est pas si grave que ça. C'était juste pour me plaindre qu'j'ai dit ça.

- Ah », fit Draco, un peu perturbé.

Gêné, il se gratta le bout du nez. Pour se donner contenance, il attrapa le menu et le contempla sans même le lire.

« T'es pas habitué à ce genre de choses, hein ?

- Non, pas vraiment.

- Ahah, ça se voit tout de suite, le taquina Harry.

- Faut dire que tu n'es pas très clair non plus.

- Oui bon bah pardon hein. »

Ayant retrouvé son calme habituel, Draco replia la carte. Harry en profita pour bien le regarder, frustré de ne pas avoir pu le faire avant. Oui, décidément, le jeune homme était très agréable à l'œil. Des cheveux blonds, presque blancs, très fins, tous coupés à la même longueur, coincés derrière de petites oreilles arrondies. Un visage triangulaire au menton fier. Ses sourcils presque inexistants tellement ils étaient clairs mettaient en valeur les deux billes métalliques qui lui servaient d'yeux. Son teint affreusement pâle ne faisait que souligner ses fines lèvres roses. Et son nez en pointe rendait le tout à la manière d'une statue de marbre. Une statue si belle que l'on ignore qu'elle puisse exister en vrai.

Mais son visage n'était pas tout, ses épaules larges mais osseuses paraient son corps d'une grâce sans pareille que venait appuyer un dos parfaitement droit, sans une trace d'un quelconque souci. Ses bras longilignes s'agrémentaient d'une paire de mains délicate, aux doigts fins et aux ongles manucurés, tous de la même longueur. Une figure élancée et excellente…

Harry se rendit compte qu'il appréciait véritablement ce qu'il voyait. Draco possédait un corps magnifique, béni par quelque dieu de la beauté. Ainsi, il prit conscience qu'il venait d'atteindre le stade où le physique de l'autre lui plaisait. Il le savait déjà depuis longtemps que le jeune homme était une belle personne mais ce n'était qu'à présent qu'il s'en trouvait attiré.

Une soudaine envie de le toucher le prit alors. Harry ne s'autorisa toutefois qu'à prendre sa main. Draco joua le jeu et glissa ses doigts dans les siens. Puis, le regardant dans les yeux, ce dernier lui dit :

« Tu comptes me fixer encore longtemps avant de commander ? »

Harry cligna des yeux plusieurs fois, semblant refaire surface. Jetant un œil à la table, il se rendit compte que le plat de Draco était déjà arrivé. Il n'avait même pas regardé le menu…

« Ah, oui… »

L'aristocrate raffermit sa prise sur la main du brun.

« Harry, tout va bien ?

- Oui… oui, je crois. »

Un sourire protecteur lui répondit.

« Tu peux tout me dire, tu sais. »

De sa main libre, Harry ébouriffa ses cheveux, gêné.

« Je viens de me rendre compte que tu es très beau. »

Surpris, Draco ne trouva rien de mieux que de rougir. Mais sa fierté reprit le dessus et il répliqua de sa voix traînante, toujours une légère touche rosée posée sur le haut de ses joues :

« C'est seulement maintenant que tu t'en rends compte ?

- Bah euh… oui ?

- Eh bien, moi aussi je te trouve beau si tu veux tout savoir.

- Je ne suis pas d'accord.

- Comment ça ?

- Tu ne peux pas me ranger dans la case des belles personnes, j'ai pas tant de charme que ça. »

Draco soupira.

« Inutile d'essayer de te convaincre. Ce n'est pas aujourd'hui que tu vas changer d'avis. Mais sache que pour moi, tu es beau. Et, commença-t-il avant que Harry ne puisse répliquer, je t'interdis de dire que c'est faux car tu renierais mes sentiments.

- Bon d'accord, bougonna-t-il.

- Bien maintenant dépêche-toi de choisir ce que tu vas manger, car moi je suis affamé et que ça sent beaucoup trop bon pour que je t'attende plus longtemps ! »

Il lâcha sa main et malgré ce qu'il avait dit, patienta jusqu'à ce que le repas de Harry arrive. Il était une personne si agréable, pourquoi Harry n'avait-il pas laissé de chance à leur amitié lorsqu'ils étaient jeunes ? C'était une question à laquelle il ne pouvait apporter aucune réponse. Il ne pouvait se contenter que de l'instant présent. Et celui-ci était déjà bien assez satisfaisant.

« Où est-ce qu'on se rejoint demain ? demanda Harry à un moment. Je me rends compte qu'on n'a encore rien prévu.

- Pourquoi pas devant la gare de King's Cross ? L'exposition est au British Museum, on pourrait s'y rendre en marchant, cela prend une demi-heure.

- Tu veux y aller à pied ? Tu te rends compte que tu devras t'habiller en moldu ?

- Eh bien… pour visiter l'exposition, j'y serai déjà obligé alors…

- Ah oui, c'est vrai.

- Donc, que dirais-tu de neuf heures devant la gare ?

- Oui, si tu veux. Mais pourquoi ne pas arriver sur place en transplanant directement ? »

Draco reposa sa fourchette de pâtes italiennes dans son assiette avant de s'essuyer la bouche. Tout en gardant le tissu devant lui, comme pour se cacher derrière, il répondit :

« Je n'ai pas le droit d'avoir envie de me balader avec toi dans les rues ? Accepte et puis c'est tout. »

Harry, qui n'avait pas du tout envisagé cette possibilité se sentit un peu stupide. Il repassa encore une fois sa main dans ses cheveux.

« Désolé, j'avais pas pensé à ça. D'accord, ça me va. »

Draco reposa sa serviette, comme soulagé et recommença à manger.

« Ah et du coup pour le midi ? Je connais un ou deux bons restau'. Tu veux aller dans un endroit particulier ?

- Ah… »

Draco fit une tête vraiment étrange.

« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je ne sais pas trop comment te le dire…

- De quoi ? Il s'est passé quelque chose ?

- Eh bien… en quelque sorte. »

Le blond but son verre d'eau, comme pour se donner le temps de clarifier ses pensées.

« Explique-moi. Je suis curieux, du coup.

- Hum… mardi, quand tu as dit que tu voyais notre relation comme quelque chose de sérieux et d'officiel, j'étais assez content, alors j'ai parlé du fait que je sortais avec toi à ma mère…

- À ta mère ?!

- Oui à ma mère, ne m'interromps pas.

- Mais elle a réagi comment ? »

Draco soupira, ses cils cachant ses yeux.

« Elle était surprise évidemment. Mais, du coup, je lui ai dit que c'était sérieux et… »

Il se décida finalement à lâcher le morceau :

« Elle veut te rencontrer, du genre… demain midi. »

Harry en fut bouche bée. Incapable de prononcer un mot sur le moment, il regarda son homologue avec l'impression que celui-ci se moquait de lui. Quand il retrouva sa capacité à parler, il balbutia :

« Tu… tu es sérieux ? Ta… ta mère veut me voir ?

- Eh bien oui… je voulais te le dire avant mais je ne trouvais pas le moment… »

Harry passa ses doigts sous ses lunettes pour prendre son visage dans ses mains.

« Je pensais que je la reverrais plus jamais.

- Tu refuses de la voir ? questionna Draco, blessé.

- Si, je veux la voir ! je n'ai jamais pu lui dire merci.

- Merci ?

- Elle ne t'a pas raconté ?

- De quoi ? commença à s'énerver le blond.

- Après que je suis revenu de la mort, elle a fait croire à Tu-Sais-Qui et à tous les mangemorts que j'étais décédé. Elle m'a sauvé la vie !

- Tu es… mort ? »

Harry se referma comme une huître. Un voile de tristesse mêlé de douleur s'inscrit sur son visage.

« Je ne veux pas en parler. »

Draco comprit et ne dit rien de plus. Il ramena plutôt le sujet du déjeuner sur la table :

« D'accord. Alors veux-tu venir chez moi ce samedi pour déjeuner en compagnie de ma mère ?

- … O.K., ça me va. »

Puis, réfléchissant deux secondes continua :

« Il y aura ton père ? »

Voyant la grimace de Harry, Draco le rassura :

« Je n'ai pas parlé de toi à mon père. Et ma mère m'a promis de l'envoyer faire autre chose ce week-end.

- Ah d'accord. Bon dans ce cas, j'accepte avec plaisir.

- Tu n'aimes pas mon père ? »

Harry le regarda avec des gros yeux.

« Ah, j'ai compris, j'ai rien dit. »

o0O0o

Ils se retrouvèrent sous un ciel gris devant la gare de King's Cross. Comme d'habitude dans ce genre d'endroits, une véritable fourmilière se déployait et milles histoires se créaient. L'endroit était d'autant plus particulier pour Harry.

« Eh bien, j'espère qu'il ne pleuvra pas le temps que l'on arrive au musée, lança Draco lorsque Harry le trouva.

- J'espère aussi ! Il faudra abréger notre balade sinon. »

Ils se sourirent avant de s'échanger des bonjours. Le brun était étonné de la vitesse à laquelle ils en étaient venus à se sourire mutuellement. Il ne pensait même pas le blond capable de ce miracle auparavant. Il admira la tenue que ce dernier avait choisi, s'étant attendu à des vêtements ridicules d'une autre époque moldue. Mais non, il était venu vêtu d'un pantalon en toile noire, assez ample et d'une chemise blanche cachée sous un long manteau français dont la couleur grise soulignait agréablement ses yeux. Il avait toutefois gardé ses chaussures de sorciers, surmontées d'un talon, comme c'était la mode il y a quelques siècles chez les moldus.

Harry offrit sa main au jeune homme que ce dernier prit avec perplexité et ils se dirigèrent vers leur destination. Sur le chemin, ils discutèrent longuement de choses et d'autres. Harry lui montra les fleurs que le printemps commençait à semer sur son passage et Draco lui donna leurs noms latins et leurs propriétés dans les potions. Ils dérivèrent alors sur les matières qu'ils préféraient du temps de Poudlard. Ce n'est qu'une fois que le British Museum fut en vue que Harry percuta.

« Attends… depuis quand tu t'intéresses aux expos moldues, toi ?

- De quoi tu parles ? demanda Draco, intrigué.

- Bah, de ce qu'on va voir. C'est une exposition moldue, expliqua-t-il.

- Eh bien, oui.

- Je ne savais pas que tu t'intéressais aux peintres moldus !

- De quoi tu parles ? répéta le blond.

- Mais de Van Gogh ! C'est un moldu.

- N'importe quoi. Tout le monde sait que c'est un sorcier. »

De surprise, Harry s'arrêta en plein milieu du chemin. Draco était vraiment intrigué par son attitude.

« Nooon… t'es sérieux ?

- Eh bien, pour être plus précis, il était de sang-mêlé. Il avait une étrange fascination pour les moldus, et il a peint de nombreuses œuvres à la façon moldue mais ça reste un sorcier. »

Puis Draco sembla enfin comprendre. Il ouvrit la bouche, la referma et finit par dire :

« Attends… tu t'imaginais que moi, un Malfoy, je t'emmènerais voir une exposition moldue d'un peintre moldu ? »

Il éclata de rire. Harry qui était toujours sous le choc de la découverte, s'énerva :

« Oh, ça va, ne te moque pas. Je n'ai juste pas tilté… »

Puis, comme pour s'expliquer :

« Hermione m'emmène toujours voir des trucs moldus… marmonna-t-il.

- Eh bien, je ne suis pas un né-moldu, moi. Je n'ai aucun intérêt pour leur art.

- Ne dis pas ça.

- Je ne fais que dire ce que je pense. Bon, arrêtons là, je n'ai pas envie qu'on se dispute alors qu'on est juste devant. »

Harry secoua la tête, ne voulant pas non plus gâcher leur première sortie par une querelle. Il préféra changer de sujet :

« Mais du coup, il y aura une partie sorcière ?

- Bien sûr.

- Et on l'atteint comment ?

- Une fois à l'intérieur, pardi !

- C'est bien ce que je pensais… »

Draco le regarda sans comprendre.

« De quoi tu parles ? »

C'était décidément sa phrase préférée.

« C'est une exposition temporaire. On doit payer pour y entrer. Ne me dis pas que tu te balades avec des livres en poche.

- Ah… »

Avec un sourire contrit, Harry déclara :

« Je vais payer pour nous deux, tu as de la chance que j'avais prévu le coup.

- Désolé… merci.

- Ce n'est pas grave ! Tu le sauras pour la prochaine fois.

- Il n'y avait rien de précisé sur le prospectus…

- Les sorciers oublient souvent qu'ils doivent aussi faire face au monde moldu, le rassura Harry. Allez, viens, on fait la queue et on entre. »

Il y avait un nombre respectable de personnes attendant de pouvoir passer au guichet. Il fallait dire que l'exposition était attendue depuis très longtemps et que la nouvelle s'était vite répandue. La date avait même été prolongée tant de monde se rendait sur place. Après un long moment durant lequel Harry et Draco discutèrent des dernières actualités, le premier put enfin payer pour leurs billets. Ils se dirigèrent alors vers le lieu de l'exposition temporaire.

« Je te rembourserai, annonça Draco. Il faut juste que tu me dises combien ça vaut en monnaie sorcière.

- Oh, c'est bon, c'est bon. Je te l'offre.

- Quoi ? Ah non ! Je ne suis pas d'accord.

- Ne joue pas à ça avec moi Draco, je suis têtu, tu n'obtiendras pas gain de cause.

- Mais moi aussi je suis borné ! Laisse-moi payer ma part !

- De toute façon, je ne te dirai pas combien vaut une livre. »

Draco soupira et se pinça l'arrête du nez.

« Tu peux être vraiment très énervant quand tu veux.

- Je sais. Mais je m'en porte bien. »

Face au sourire que Harry lui lança, Draco laissa les commissures de ses lèvres se relever.

« Bon très bien, je vois bien qu'aujourd'hui non plus, je ne peux pas gagner contre toi. Quand je t'emmènerai au restaurant, crois-moi, c'est moi qui paierait. »

Harry éclata de rire. Posant sa main sur le bras de Draco, il dit :

« Très bien, comme tu veux. On fait comme ça. »

Puis il se rendit compte que le blond s'était mis à rougir. Étonné, il s'écria :

« Pourquoi tu réagis comme ça ? »

Gêné, Draco détourna le regard.

« Ta main… », murmura-t-il.

Harry la retira de suite. Il était perplexe.

« On s'est tenu la main tout le long du trajet et tu te mets seulement à rougir quand je te touche le bras ? Décidément, tu es hilarant. »

Harry ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire.

« Ce n'est pas la même chose ! essaya de se justifier Draco.

- Comment ça ?

- Je ne sais pas… c'est plus… intime ? »

Harry ouvrit de grands yeux. Draco était décidément une personne très intéressante. Il ne s'était pas du tout attendu à le voir réagir comme cela. Ou à penser ce genre de choses. Il se rendit compte alors que, sans qu'il ne s'en rende compte, le jeune homme s'ouvrait de plus en plus à lui, lui permettant de voir des facettes de sa personnalité qu'il n'aurait jamais pu imaginer entrevoir.

Joueur, Harry glissa son bras autour de celui de Draco. Celui-ci se pinça les lèvres, vexé que Harry ne prenne pas en compte ce qu'il venait de dire. Mais étonnamment, il se laissa faire. Perdus dans la foule de gens, personne ne fit attention à eux. Arrivés à l'exposition temporaire, ils décidèrent de d'abord s'intéresser au côté moldu. Ils contemplèrent chaque peinture avec attention, lisant les notes explicatives qui les accompagnaient et les éléments de biographie de Van Gogh. Harry s'extasia des œuvres qui lui paraissaient empreintes de magie. Mais peut-être était-ce le cas, après tout ?

Draco se révéla être un compagnon doté d'une forte connaissance générale sur Van Gogh en particulier et de la peinture en général. Il appréciait tout particulièrement l'impressionnisme et c'était ce qui l'avait poussé à inviter Harry à cette exposition. Ce dernier était étonné de son engouement pour ce courant de peinture qui avait eu un impact retentissant dans le monde sorcier et que Harry ne connaissait que très peu. Il passa toutefois un agréable moment en sa compagnie.

Puis vint le moment de visiter le côté sorcier. Draco lui montra discrètement le prospectus qui indiquait où trouver l'entrée et après quelques recherches, ils entrèrent dans un placard à balai auquel les moldus ne prêtaient pas attention et qui menait en réalité vers la suite de l'exposition sorcière.

Harry fut grandement impressionné par les tableaux qu'il y vit. Leur somptuosité était sans égale et les mouvements qui avaient été imprimés laissait l'esprit se perdre plus encore que pour une simple toile moldue. Les portraits que Van Gogh avait peints étaient munis d'une forte vitalité, il y en avait même quelques uns qui s'extasiaient en criant sur les visiteurs. Des tableaux très vivants en somme. Les autoportraits du peintre étaient toutefois très peu nombreux et les rares qu'il y avait étaient sombres et tristes.

C'était, en tout cas, la première fois que Harry voyait une exposition sorcière et cela l'amusa beaucoup. En effet, il avait fallu aux organisateurs placer les tableaux de sorte à ce qu'ils ne se chamaillent pas entre eux ou qu'ils veuillent bien s'accorder. Un travail titanesque en somme. Harry en fut totalement subjugué et Draco ne manqua pas de le lui faire remarquer plusieurs fois, s'amusant de ses réactions.

Un flash les surprit tous deux. Harry se tourna vers l'origine du bruit, hébété. Un journaliste se tenait là. Il accourut vers eux et, son carnet dans la main, sa plume à papote flottant au-dessus, s'attaqua à Harry :

« Bonjour Monsieur Potter, vous êtes en belle compagnie à ce que je vois. Depuis quand vous et Monsieur Malfoy entretenez-vous une relation aussi proche ? Comment trouvez-vous l'exposition ? Ne regrettez-vous pas que l'on n'ait pas voulu exposer le tableau le plus célèbre de Van Gogh, L'Armoire invisible ? »

Draco regarda Harry avec perplexité et désarroi. Ce dernier, lui, sentait le poivre lui monter au nez. Il fixa le journaliste d'un œil froid.

« Donnez-moi votre appareil photo. »

L'homme d'âge moyen ne se doutant de rien, le lui tendit en vantant ses qualités :

« Il est beau, n'est-ce pas ? C'est le tout dernier modèle, il permet de très belles images animées en couleur. D'habitude, la couleur a dû mal à suivre les sujets mais avec une telle merveille, un nouveau monde de la photographie s'ouvre à nous. »

Sans l'écouter, Harry sortit sa baguette et d'une formule brisa en mille morceaux l'appareil. Le journaliste poussa un cri horrifié et se baissa pour récupérer les divers morceaux.

« Mais… pourquoi avez-vous fait ça ?

- J'ai déjà répété et répété que je ne voulais plus que l'on s'intéresse à moi dans ma vie privée ! La relation que j'entretiens avec Draco Malfoy ne vous concerne pas ! »

Sur ces mots, et devant les témoins qui étaient restés spectateurs immobiles, il empoigna le bras du blond et quitta la place. Au sortir du British Museum, il se tourna vers son compagnon et s'excusa :

« Je nous ai fait quitter l'exposition, je nous voyais mal continuer notre visite en paix, je suis désolé. »

Draco lui offrit un sourire qui l'adoucit. Il l'invita à continuer à marcher pour s'éloigner de la foule.

« Ce n'est pas ta faute. Mais il faut comprendre l'envie de ce journaliste. Il tenait de quoi faire la première page de demain. J'ai bien peur qu'il n'en restera pas là.

- Oh oui, c'est évident. J'ai beau avoir cassé son appareil, un simple reparus et c'est bon. Tu peux être certain qu'on l'aura notre première page. Avec une belle photo de nous en train de nous sourire.

- Ça te gêne ?

- Et toi ? répliqua Harry en détournant la question.

- Je suis plus inquiet de ta réaction à vrai dire.

- Cela ne me gêne pas qu'ils sachent notre relation… expliqua Harry. C'est que… ils vont pas arrêter de nous courir après maintenant. Je tiens à ma vie privée.

- "L'élu et un ex-mangemort : une relation inattendue"… quelque chose comme ça ? »

Harry lui fit un sourire contrit. Draco attrapa la main de celui-ci, les stoppant en plein milieu du Russel Square.

« Tu veux qu'on arrête de se voir ?

- Non ! » s'écria Harry aussitôt.

Il ne voulait absolument pas de ça. Pourquoi même Draco le proposait-il ? Blessé et triste, il lui demanda, peu assuré :

« Tu… tu veux qu'on arrête ?

- Non. Non, je ne veux pas. Je disais ça pour toi. »

Il resserra ses doigts autour de ceux du brun. Harry eut soudain une brusque envie de l'enlacer mais il n'en fit rien. À la place, il lui asséna une bien dure parole :

« Tu n'as vraiment aucune confiance en toi. »

Les yeux gris s'écarquillèrent.

« De quoi tu parles ? »

Encore cette question. Ne savait-il pas dire autre chose ?

« Draco, tu fais toujours tout en fonction de moi. Cela ne fait même pas si longtemps que l'on se fréquente à nouveau et je m'en suis rendu compte depuis un moment. Tu ne m'as même jamais dit "sors avec moi". C'est moi qui ai compris tout seul.

- Mais… c'est parce que c'était clair ! Justement, tu l'as compris tout seul. Et puis d'abord, je ne comprends pas pourquoi nous parlons de ça maintenant.

- Tu n'as aucune confiance en toi », répéta-t-il.

Visiblement fortement énervé par la tournure qu'avait pris la conversation, Draco souffla par le nez et fronça les sourcils. Se pinçant l'arrête du nez, il déclara :

« Je n'ai aucune confiance en moi ? Très bien ! Alors je vais te le demander "officiellement" puisque tu y tiens tant : Harry Potter, tu vas sortir avec moi ou je te promets les pires enfers. Et tu sais que j'en suis capable. »

Draco le regardait avec sérieux dans les yeux et avec un ton qui n'était définitivement pas à la rigolade. Pourtant Harry ne put s'empêcher d'éclater de rire.

« Quoi encore ?! s'énerva Draco.

- C'est… c'est pas comme ça que l'on fait une demande ! »

Harry sentit que Draco était à deux doigts de lui envoyer un mauvais sortilège. Mais heureusement pour sa peau, l'aristocrate réussit à se contenir. Il faut dire que l'idée de se prendre un blâme par la justice sorcière pour avoir fait de la magie devant moldus le ramena assez vite sur terre. La seule chose qu'il se contenta de faire fut d'agripper le col de Harry, le regard noir.

« Ne joue pas avec mes nerfs, Potter. »

L'agressé déglutit. Ça faisait un moment qu'il n'avait pas entendu son nom de famille dans la bouche de son vieux rival. Ce n'était définitivement pas quelque chose d'agréable.

« Désolé, souffla-t-il. Tu… tu peux me lâcher ? Les moldus nous regardent… »

Avec un soupir de dédain, le blond relâcha sa poigne.

« Des fois, je me demande vraiment comment je peux être amoureux d'une telle teigne.

- Hé ! s'exclama Harry. J'ai dit que j'étais désolé ! Tu es vraiment susceptible. »

Un nouveau regard noir le fit taire. Penaud, Harry murmura :

« J'accepte.

- De quoi tu parles ?

- De ta foutue demande, idiot ! »

Il eut encore droit à un regard noir.

« On dirait que tu le fais exprès. Je n'arrive même pas à me réjouir, vois-tu.

- Oui, bah moi non plus. »

Draco soupira et sans prévenir se dirigea vers un banc libre à une dizaine de pas d'eux. Il s'y installa avec sa grâce habituelle bien que celle-ci soit très tendue par rapport à ce dont Harry avait l'habitude. Ce dernier s'assit à son tour à ses côtés. Un silence gênant s'installa entre eux. Harry chercha encore et encore quelque chose à dire dans sa tête mais rien ne lui venait qui puisse ramener une meilleure entente entre eux deux. Ce fut finalement Draco qui trouva les mots :

« Notre relation a beau être différente aujourd'hui, on passe toujours notre temps à se disputer. »

Harry approuva d'un hochement de tête.

« On n'a pas vraiment grandi, on peut dire, poursuivit-il.

- C'est un peu notre marque de fabrique, en quelque sorte, plaisanta Draco.

- J'aimerais bien quand même qu'un jour on puisse parler normalement sans se lancer des vacheries.

- Seul le temps nous le dira », conclut Draco philosophiquement.

Un autre silence s'installa mais celui-ci était déjà plus calme. Harry se rapprocha imperceptiblement de Draco de sorte que leurs épaules se touchent. La grisaille qu'il y avait eu ce matin-là avait finalement laissé la place à un beau ciel bleu que quelques nuages gris venaient quand même troubler.

« J'ai faim, annonça Harry. On va rejoindre ta mère ?

- Hm, il est déjà cette heure-là ?

- Eh oui, on est quand même resté longtemps à cette exposition.

- Alors ? Tu as aimé ?

- Oui, j'ai passé un bon moment quand même. »

Il sourit à Draco et ce dernier lui prit la main.

« Dans ce cas, on y va ? »

Harry acquiesça et ils quittèrent le banc pour aller dans un endroit sans moldu où ils purent transplaner. Ils arrivèrent en chancelant devant le manoir de la famille Malfoy. Il n'avait pas changé depuis la dernière fois que Harry s'y était rendu. Le mauvais souvenir qui coïncidait n'était pas des plus agréables. Il se força à se rappeler que cette période était révolue et que Draco à côté de lui était animé des meilleures intentions. Ce dernier, voyant son malaise, lui passa une main rassurante dans le dos.

« Ne t'inquiète pas. Ma mère ne va pas te manger. »

Il s'était mépris sur le cours de ses pensées. Cela suffit à dégriser Harry qui lui sourit joyeusement.

« Eh bien dans ce cas, allons-y ! »

Ils entrèrent donc dans le manoir où un elfe les attendait pour récupérer leurs affaires. La maîtresse de maison ne tarda pas à faire son apparition et un sourire de circonstance collé au visage, serra la main de Harry.

« Ravie de vous recevoir chez nous, Monsieur Potter.

- Moi de même, Madame Malfoy. »

La main du jeune homme était crispée dans la poigne parfaitement maîtrisée de la mère de Draco. Il ne savait quoi penser de la façon qu'elle avait de l'accueillir. Tout était de circonstance. n'était-ce pas elle qui avait voulu le rencontrer ? Lorsque leurs mains se lâchèrent, Harry prit la parole :

« Madame, il y a quelque chose que je voulais vous dire depuis bien longtemps mais je n'en avais jamais eu l'occasion.

- Dites donc, réclama Narcissa avec intérêt.

- Merci. Merci infiniment de m'avoir sauvé ce jour-là. J'ai une dette envers vous, je vous dois la vie. »

Elle afficha un air surpris. Ou tout du moins, elle releva les sourcils. D'un geste plus doux qu'elle n'en avait eu pour lui depuis qu'ils étaient entrés dans sa maison, elle toucha son épaule.

« Monsieur Potter, vous avez payé votre dette il y a longtemps, en empêchant notre famille de finir à Azkaban. C'est plutôt à moi, à nous, se reprit-elle, de vous remercier. Vous vous êtes fait notre avocat alors que rien ne vous y obligeait. Je vous en suis reconnaissante. »

Harry en fut extrêmement gêné.

« Je… c'était normal de faire ça… je crois.

- Vous êtes un homme bon », termina Narcissa avec un sourire doux.

Son fils qui ne savait où se mettre au milieu de cet échange finit par s'exclamer :

« Nous n'allons pas rester dans le vestibule indéfiniment ! Entrons, entrons. »

Harry put alors capter pendant quelques secondes le sourire maternel que la mère offrit au fils. Un amour si fort, si puissant. Il en fut jaloux. Jamais il n'avait connu une telle chose. La seule marque d'amour qu'il possédait de sa mère était la protection qui coulait dans son sang.

Un peu dépité, il suivit Draco et Narcissa vers le salon où ils discutèrent de choses et d'autres, autour d'une tasse de thé, avant de passer à table dans la salle à manger. Le repas fut des plus délicieux, Harry ne se souvenait pas avoir un jour mangé quelque chose d'aussi bon. Il se régala et de plus, passa un très bon moment. La conversation de Narcissa était très particulière mais diablement intéressante. Le garçon ne s'ennuya pas un seul instant. Il avait craint un peu ce repas mais au final, tout se déroula à la perfection.

Lorsqu'il fut l'heure pour lui de partir, Draco le raccompagna jusque sur le palier. Il lui tendit ses affaires et Harry les enfila. Ce dernier ne voulait pas partir sur un simple au revoir mais ignorait comment le transmettre.

« J'ai passé un très bon moment, choisit-il de dire.

- Moi aussi. Ma mère semble avoir apprécié ta compagnie en tout cas. Elle a grandement admiré le fait que tu la remercies.

- Ah bon ?

- Oui. Elle ne t'en aurait pas voulu si tu ne l'avais pas fait, mais là, tu es considérablement monté dans son estime.

- Oh, tant mieux, alors j'imagine. Il ne me reste plus qu'à voir ton père maintenant. »

Draco le surprit lorsqu'il glissa sa main sur sa joue. Du pouce, il caressa la zone sous son œil. Harry en rougit.

« Ne parlons pas des choses qui fâchent. Harry, je ne suis pas sûr que tu te rendes compte de combien ce déjeuner était important pour moi.

- Je… je… je pense que si ? »

Un sourire d'une douceur intense lui fit rater un battement. Il avait envie de l'embrasser, là, tout de suite.

« Harry, je t'aime. »

La déclaration fit encore plus s'embraser le jeune homme. Peu assuré, il caressa à son tour la joue du blond et glissa sa main dans sa nuque, les rapprochant imperceptiblement. Draco s'était mis lui aussi à rougir. Ce qui amusa à Harry, se fut de se rendre compte que ce qui se teintait de rouge en premier était ses oreilles. Il murmura :

« Embrasse-moi. »

Le brun lui offrit son petit sourire malicieux et il put voir dans les prunelles de Draco le désir qui les avait enflammées. Alors, il se pencha. Harry ferma le yeux. Un battement. Deux battements. Le sang qui pulsait à ses oreilles. L'attente. Définitive attente. Et les délicates lèvres qui le touchaient enfin. Et la déception de les sentir sur sa joue. Pourtant… Harry ne put se retenir d'inspirer de contentement.

Draco voulut s'éloigner mais l'autre ne l'entendait pas de cette oreille. Ayant gardé sa main dans sa nuque, il plaça l'autre dans son dos et l'attira à lui pour l'enlacer. Il posa son menton contre son épaule et respira la délicate odeur du blond.

« Harry…

- Juste un moment. »

Il sentit alors Draco répondre à son étreinte en le serrant contre lui. Harry sentait son cœur battre un rythme endiablé. Il lui faisait donc tant d'effet que ça, au blondinet ? C'était une agréable sensation.

« Ton cœur bat super vite, se sentit-il obligé de dire.

- Le tien aussi.

- Hein ? Sérieux. »

Le corps de Draco se mit alors à trembler, celui-ci s'étant mis à rire. Puis, il lui chuchota :

« Tu es adorable. »

Harry frissonna au son qui chatouilla son oreille. Un autre baiser vint se poser sur sa tempe, s'y appuyant plus légèrement que le premier.

« Je t'aime, répéta-t-il.

- Je sais.

- Tu m'aimes ?

- De plus en plus. »

Il avait répondu sans même prendre le temps d'y penser. C'était vrai après tout. Il se sentait de plus en plus près de Draco. Tout avait un goût de nouveauté. C'était un sentiment délicieux.

Ils se séparèrent finalement, les joues rouges. Le blond passa une main dans la jungle qui formait les cheveux de Harry.

« Il va être temps que je rentre, hein ?

- Oui. Ton filleul doit te rejoindre, n'est-ce pas ?

- C'est vrai. »

Il soupira.

« Je ne vais pas avoir la tête à m'occuper de lui aujourd'hui.

- Et moi donc. »

Harry rit au ton accusateur du blond.

« Bon… allez, il est vraiment temps que j'y aille.

- Fais attention à toi.

- Bien sûr ! »

Et sur ces mots, il prit son courage à deux mains pour quitter la résidence. Le jeune homme fit un signe d'au revoir à Draco et transplana jusqu'à chez lui.

o0O0o

Ce soir-là, dans son lit, Harry était incapable de s'endormir. Il pensait et repensait à cette journée ô combien riche en émotions. Il n'arrivait pas à croire tout ce qu'il lui arrivait. Il flirtait avec Malfoy, mince ! Et le pire, c'est qu'il adorait ça. Il aimait être avec lui, se sentir important et aimé. Et même s'ils se disputaient souvent, cela ne donnait qu'encore plus envie à Harry de découvrir ce Draco qu'il ne connaissait pas.

Il réagissait vraiment comme un adolescent… Incapable de s'endormir parce qu'il pensait à une personne avec qui il avait commencé à sortir. La dernière fois que ça lui était arrivé, c'était après avoir embrassé Ginny pour la première fois. Cela remontait à si longtemps… Mince, se souvenir du baiser qu'il avait eu avec la petite sœur de Ron lui faisait regretter encore plus que Draco ne soit pas passé à l'action. Quel trouillard celui-là ! Vraiment aucune confiance en lui. Mais il aimait ce côté de son caractère. Ah, il avait envie de l'embrasser. Vraiment, vraiment. Pourquoi ne s'était-il pas lancé lui aussi ? Lui aussi était peut-être un peu trouillard sur les bords. Mais ce n'était pas possible, ça. Il avait toujours été le premier à se lancer dans l'aventure. Il voulait revoir Draco, être avec lui tout le temps. Oh là là… mais qu'est-ce qu'il lui dirait quand il le reverrait ?

Pour la première fois depuis longtemps, Harry envisageait enfin l'avenir sous une couleur radieuse. Et la personne qu'il voyait à ses côtés se trouvait être Draco. Il lui fallut un long moment pour réussir à s'endormir, toutes ses pensées concentrées sur son petit ami.


Et voilà c'est terminé ! J'espère que vous avez aimé. J'ai un peu peur de voir comment vous allez réagir pour la "réconciliation" avec Ron car étonnamment, beaucoup de personnes étaient intriguées de savoir ce qu'il s'était passé entre eux. Je ne m'y attendais pas du tout ! ^^'

Il faut que je vous fasse part d'une anecdote beaucoup trop amusante concernant l'appareil photo du journaliste et le fait qu'il "suit bien les couleurs". En fait, cette idée m'est venue d'une histoire que m'a raconté mon père et qui date de l'époque où il était interne et préposé aux ambulances. Un soir, l'ambulance trouve un mec nu qui tourne en rond dans les champs, visiblement drogué. Quand ils le récupèrent pour l'emmener à l'hôpital, cette personne dit à mon père "docteur, bougez pas trop vite, vos couleurs vous suivent pas". Et voilà l'origine de la description de l'appareil photo. XD

En tout cas, j'espère que ça vous a plu et que vous avez envie de lire la suite ! Une petite review pour le dire me fera toujours plaisir :) (et j'y répondrai).

À dans un mois !