Bonjour tout le monde ! Voilà votre tant attendu chapitre 4 ! Il est un peu plus court que d'habitude (18 pages) mais j'espère qu'il vous plaira quand même. :) C'est sûrement le chapitre qui m'aura donné le plus de mal et j'ai passé un long moment dessus. J'ai mis une référence au jeux Les Sims Médiéval dedans donc dites-moi si vous la trouvez ^^
J'ai également une mauvaise nouvelle. Je vais bientôt partir en vacances à l'étranger et je n'aurais pas mon ordi avec moi (mes parents disent qu'il y a un trop grand risque de se le faire voler). Je vais continuer à écrire grâce à google doc et mon portable mais il y a un risque que je n'aie pas accès à internet et que je ne pourrai donc pas vous publier le chapitre 5 le mois prochain. Si j'ai de l'internet le 1er août, je publierai le chapitre sans problème mais si je n'en ai pas, on se retrouve le 1er septembre ! (Séchez vos larmes, je comprends votre douleur…)
En musique de fond, je vous avoue être complètement tombée sous le charme de la dernière chanson de l'album Pray for the wicked de Panic! at the disco : Dying in LA. Je n'arrive donc pas à imaginer une autre musique à la place. Mais d'une certaine façon, je dirais que ça colle à ce début de chapitre (?).
Bonne lecture !
Chapitre 4 : Draco
La tête dans les toilettes, Harry vomissait à n'en plus pouvoir. Il avait trop bu hier, beaucoup trop bu. Dans ses oreilles, il entendait les trompettes de l'apocalypse et sa gorge le faisait souffrir tant il avait vomi. Et cela faisait bien une heure qu'il était aux toilettes, en train de décéder doucement. Sa montre n'indiquait même pas six heures. Il allait mourir là, prostré au sol, à se tenir à ces foutues chiottes qui sentaient le dégueuli d'ivrogne. Quelle magnifique décadence. Ah, on peut dire que ça l'avait dessaoulé !
Mais qu'est-ce qui lui avait pris hier de descendre le reste de bouteilles qu'on lui avait offert pour le nouvel an ? N'avait-il pas bu assez pendant la journée ? Oh la réponse n'était pas bien compliquée. Il était déprimé. Et alcoolique aussi. Harry ne pouvait plus se voiler la face. Il était devenu dépendant de l'alcool, il s'en rendait compte aujourd'hui, le nez dans ses remugles de vomi. Le pire, c'est que boire ne l'aidait même pas à oublier ses problèmes ! Il était vraiment au fond du trou… littéralement.
Non, il devait se ressaisir. Si ses souvenirs étaient bons, il avait une potion à base de corne de Hodag quelque part dans un de ses nombreux placards. Le hic, c'est qu'il ne se sentait pas la force d'aller la chercher – c'était déjà un miracle qu'il ait pu atteindre les toilettes sans peindre le sol couleur vomi – et il avait trop honte pour prier Kreattur de la récupérer à sa place.
Une pensée horrible lui traversa l'esprit. Qu'est-ce que Draco allait penser de lui ? Un ivrogne incapable d'aller se chercher une potion anti-gueule de bois. C'était vraiment bien sa veine ! Il aurait toutes les raisons du monde de se moquer de lui. Attendez… mais est-ce que Draco allait le voir dans cette situation compromettante ? Réfléchir un moment en essayant de faire taire ce tintamarre dans son cerveau l'amena à en conclure que non, c'était peu probable.
Hermione, par contre… Si elle apprenait qu'il avait séché les cours, elle irait lui sonner les oreilles – comme si celles-ci ne sifflaient pas déjà assez. Il fallait qu'il soit en forme et à l'heure à l'étude. Il fallait qu'il soit là pour le déjeuner avec Hermione. Urgh… tant de maudites perspectives. Il fallait qu'il se lève, absolument. Et qu'il aille chercher cette potion.
Fort d'une nouvelle détermination, il s'appuya sur le mur pour se tenir tout branlant sur ses deux jambes. Un vertige le prit et il lui fallut un moment avant d'oser faire un pas. C'est ainsi que pas après pas, il atteignit le cellier. S'il avait été logique, c'était à cet endroit qu'il avait rangé la maudite potion. Encore lui fallait-il la chercher. Et hors de question de demander de l'aide à Kreattur. Il ne voulait pas affronter son regard jugeant.
Il eut beau chercher partout, impossible de trouver ce qu'il cherchait. Ne perdant pas espoir, malgré les dragons qui travaillaient le métal dans sa tête, il se rendit dans la cuisine où il espéra mettre enfin la main sur la potion anti-gueule de bois.
La cuisine était toutefois le domaine de Kreattur. Certes, depuis que Harry était devenu officiellement le maître de la maison, il avait sa propre chambre, mais le cœur du vieil elfe restait attaché à cette pièce. Harry dut donc faire face à celui qu'il essayait d'éviter depuis qu'il était levé. La langue pâteuse, qui semblait avoir doublé de volume, il baragouina :
« 'your K'eattur. »
Ce à quoi l'elfe lui répondit :
« Bonjour Monsieur. Le maître a-t-il besoin de quelque chose ? »
Ce qu'on pouvait traduire par : « Vous avez vu l'heure ? ». Mal à l'aise, alors qu'il avait tout fait pour éviter cela, Harry finit par capituler :
« Euh oui. T'sais où l'est, la potion cont' les nausées ?
- Le maître veut-il parler de la potion Au revoir Ivresse ?
- Ah oui, ça. J'la… j'la che'che partout.
- Elle est dans la boîte à pharmacie, là où le maître a dit qu'elle serait le plus utile.
- Ah… oui. C'est vrai. Bien… bien sûr, j'savais où l'était ! »
Sa tentative pitoyable de se trouver une excuse ne lui attira qu'un regard désespéré de son elfe de maison. Vaincu, Harry tourna les talons pour remonter jusqu'à la salle de bain où était rangée la boîte à pharmacie. D'une certaine manière, il voulait le respect de Kreattur. Mais il avait l'impression que tout ce qu'il faisait ne le rendait que plus désolant. Même pas capable d'être aimé de son elfe de maison.
Non, il fallait qu'il arrête avec les pensées noires, il en avait eu suffisamment la veille. Il devait passer à autre chose. Des choses joyeuses. Rien ne lui vint. Même les souvenirs qu'il avait l'habitude d'appeler lorsqu'il faisait appel à un patronus le rendaient triste. Depuis quand sa vie était-elle devenue une survie ?
Que dirait Draco s'il s'en rendait compte ? Se moquerait-il de lui, incapable de prendre soin de lui-même ? Draco… il ne s'était pas attendu à tomber aussi vite sous son charme. Peut-être le seul truc bien qui lui était arrivé ces derniers temps. Il repensa au moment où il avait accepté de sortir avec lui. Il s'était dit « allez, pourquoi pas ? De toute façon qu'y perds-tu ? », il voulait essayer. Et voilà qu'hier, il s'était rendu compte qu'il était devenu amoureux. Sans qu'il s'en rende compte.
Leur relation prit soudain un tour beaucoup plus concret. Ils sortaient ensemble mais ce qui jusque-là n'avait été qu'un amour à sens unique devenait partagé ! Et il lui avait dit qu'il n'aurait aucun problème à en parler à ses amis, que cela ne serait pas un secret… Preuve en était que non. Il était misérable… Pas digne de confiance. Comment pouvait-on encore l'aimer ? Qu'était devenu le Gryffondor qui faisait tout pour honorer ses promesses ? Stupide, stupide, stupide.
Sans qu'il ne puisse les empêcher, les larmes grimpèrent à ses yeux. Il secoua la tête dans l'espoir de les faire disparaître. Il devait se reprendre, absolument. Il ne pouvait plus continuer à être dans cet état de zombie. Et cela commençait par prendre cette maudite potion.
Ayant enfin mis la main dessus, il avala le flacon d'une traite. Il fit une grimace, c'était extrêmement mauvais. Mais n'est-ce pas là le propre des médicaments ? de ne pas être bon ? La nausée et les vertiges commencèrent lentement à s'estomper. Ses cernes se firent nettement moins visibles, et, grand pas en avant, le danse d'hippopotame dans son cerveau cessa. Harry prit une grande inspiration, il allait déjà mieux. Du moins physiquement. Les blessures mentales n'étaient pas de celles que l'on guérit avec une potion.
Sur sa montre, il était six heures et demi passées. Il avait donc encore environ deux heures à tuer avant de se rendre au ministère. Aucune envie de dormir et aucune envie de lire, il décida donc de passer le temps devant la télévision. L'activité parfaite pour ne penser à rien. Il ne mangea pas, il avait encore le ventre noué. Et pour une fois, il ne toucha pas à un verre d'alcool.
Puis l'heure fatidique arriva et il put enfin se rendre sur place. Comme d'habitude, la salle de transplanage était bondée des premiers arrivants qui se saluaient en soulevant leur chapeau. On pouvait y acheter la gazette et Harry grimaça en voyant la photo de Kingsley et lui se serrant la main qui s'étalait sur la première de couverture. Aujourd'hui aussi on allait l'aborder sans raison. Et effectivement un journaliste qui atterrit peu de temps après lui l'aperçut et alla lui taper causette. Ou plutôt… demandes d'éclaircissements de certains discours qu'il avait prononcés hier. Notamment concernant le jeune Malfoy.
Harry l'ignora et continua plutôt son chemin jusqu'à sa salle de classe. Il était le premier à être arrivé, ce qui n'était pas étonnant, vu l'heure. Il aurait le temps de travailler ses sorts de dissimulations. Il ne pourrait malheureusement pas toujours s'aider de sa précieuse cape d'invisibilité.
o0O0o
« Bonjour Harry ! Tu as une mine affreuse.
- Bonjour Hermione. Je n'ai pas très bien dormi. »
Le jeune homme s'assit à la table où l'attendait son amie. La jeune femme tenait le menu entre ses mains et l'avait rabattu en le voyant arriver.
« Je t'avoue que moi non plus. Trop de mauvais souvenirs qui m'ont tourmentée.
- Je comprends. »
Harry récupéra le menu et commença à se demander ce dont il avait envie ce jour-là. Bien entendu, il prit un verre de vin pour débuter le repas. Son entrée se composa d'une salade de chèvre chaud qu'Hermione avait également choisie. Le plat attendrait. Vu le regard de son amie, il allait devoir passer à table donc un repas complet dans toutes les règles de l'art s'imposait. Y compris le dessert.
Sirotant son jus de citronnelle, Hermione le regardait du coin de l'œil. Puis s'étant décidée, elle passa à l'attaque :
« Donc… Depuis quand exactement sortez-vous avec Monsieur Malfoy, Monsieur Potter ? »
Son ton ironique cachait sa déception de ne pas avoir été tenue au courant. Harry décida d'ignorer ce point et de répondre sur le même ton :
« Eh bien, voyez-vous, Madame Granger que c'est une date bien imprécise. Mais si je devais en donner une, cela serait début mars.
- Si longtemps ! On est en mai, ça fait… presque trois mois !
- Eh ouais. Mais je n'ai commencé à sortir romantiquement parlant avec lui il n'y a que deux semaines.
- Alors c'est sérieux ?
- Plutôt.
- Mais… tu l'aimais ? Quand tu as commencé à sortir avec lui ?
- Non. Je n'avais plus de ressentiment envers lui mais je n'étais pas non plus amoureux. C'est venu petit à petit. »
Hermione le regarda avec les yeux qui pétillaient.
« Tu te rends compte de l'impact de votre relation ?
- Bah ouais. Moi aussi je lis le journal.
- Le héros et le mangemort. C'est comme ça qu'on vous a appelés au bureau. Bien sûr, il y a aussi toute la tranche homophobe de la population. La tranche qui tuerait pour toi. Et la tranche qui considèrerait que votre relation montre un mauvais exemple. Bien entendu, il y a des personnes qui approuveraient. Mais un grand nombre serait contre. Tu devrais faire attention.
- Je fais ce que je veux quand même ! s'énerva Harry.
- Oui, mais dans ce cas, fais-le bien. »
Elle termina son verre et repoussa son assiette. S'essuyant la bouche, elle explicita :
« Le discours que tu as servi aux journalistes hier n'a fait qu'envenimer les choses. Tu n'as rien expliqué en profondeur, ce qui fait que toutes les personnes qui croient que tu es sous impérium sont confortées dans leur idée. Il faut que tu fasses une interview complète, et que tu fasses appel à la sensibilité des gens.
- Tu sais bien que je suis très mauvais pour ça.
- Eh bien, apprends ! N'hésite pas à mentir, si ça peut vous protéger. Tu n'aimerais pas que des détracteurs viennent attaquer Malfoy ?
- … Non. Non, c'est sûr.
- Alors fais quelque chose. Tu es loin d'en être sorti. »
Tandis que le plat principal apparaissait soudainement, Hermione le regarda droit dans les yeux et le morigéna:
« Mais aussi, qu'est-ce qu'il t'a pris d'agir aussi violemment contre le journaliste qui vous a pris en photo ? »
Harry baissa la tête, honteux. Il trifouilla son blanc de poulet avec sa fourchette, conscient qu'il était en tort.
« Je… Il m'avait énervé, O.K. ?
- Tu sais bien que c'est le rôle des journalistes… soupira-t-elle. Si tu lui avais simplement répondu que tu visitais l'exposition avec ton ami et que tu ne souhaitais pas être dérangé, le gros titre n'aurait pas été "il est sous impérium" mais plutôt "Harry Potter est ami avec Draco Malfoy ?!". Ce qui serait passé au rang de détail insignifiant beaucoup plus vite.
- Oui, bon, j'ai merdé, j'ai compris. Ça ne sert à rien de revenir sur le passé.
- Malheureusement non. Il va falloir que tu gères, Harry. Tu en es capable ? »
Le ton était devenu tendre et compatissant. Elle le regardait avec inquiétude, comme seule elle était capable de le faire. Harry sentit à quel point il comptait pour elle, même s'il était maladroit dans ses sentiments, qu'il n'était pas très doué pour la ménager.
« J'imagine que je le dois. »
Il haussa les épaules et but une gorgée de son deuxième verre de vin. Souriante, Hermione pressa son bras pour l'encourager. Harry lui sourit en retour.
« Bien. Passons à quelque chose de plus agréable. Est-ce qu'il arrive à Malfoy de ne pas rire de façon narquoise ? »
Surpris par le changement de sujet – bien que l'on restait toujours dans le thème –, Harry éclata de rire avant de répondre :
« Oh ça lui arrive. Quand il est amusé de ses propres blagues par exemple. »
C'était faux mais c'était plus marrant à raconter. Et Hermione semblait satisfaite de cette réponse.
« Et il ne te parle pas tout le temps de ces magnifiques sang-purs qui devraient être les seuls à avoir le droit à une baguette ?
- Mais non, Hermione ! Tu sais bien que le véritable problème, ce sont les elfes qui veulent être payés. Alors qu'ils sont le berceau du bon fonctionnement de la société magique… »
Ils échangèrent un rire franc qui fit pleurer la jeune femme. Lorsque l'un tentait de se calmer, l'autre repartait dans un fou rire. Alors qu'en soit, la blague n'avait pas été très bonne. Mais entre amis, débutez une période de rire et vous étiez bon pour une demi-heure à tenter de vous calmer.
Ainsi, après s'être remis de leurs émotions, ils continuèrent leur conversation sur un ton léger, Harry donnant à Hermione des informations sur leur couple au goutte à goutte. Le jeune homme s'étonna du nombre d'anecdotes qu'il connaissait déjà sur Draco. Petit à petit, sans s'en rendre compte, son petit ami devenait partie intégrante de sa vie. Est-ce qu'un jour, Harry serait complètement amoureux de lui ? Cela l'effraya un peu mais il décida de ne pas y penser plus que ça.
Au moment du dessert, Hermione l'enjoignit à contacter Ron au plus tôt, pour qu'ils évitent de repartir dans une nouvelle période de disputes, leur échange de la veille ayant été relativement froid. Harry grommela et promit qu'il allait s'en occuper. Mais quand même, Ron ne l'aidait pas beaucoup. Il aurait bien laissé passer un certain temps avant d'aller devoir s'occuper de son meilleur ami. S'il l'avait pu, il n'en aurait même plus jamais parlé. Mais Ron était Ron, il fallait soigner la plaie au plus tôt s'il ne voulait pas que leur relation s'envenime. Quand est-ce qu'il allait s'occuper de cela ?
Et Draco ? Quand est-ce qu'il allait pouvoir le voir ? Leur relation était maintenant à un tournant et au rythme où ils allaient, ils ne pourraient se voir que vendredi, à leur rendez-vous habituel. Pouvaient-ils même se permettre ce rendez-vous dans le climat présent ? Penser à tout cela lui rappela lundi soir quand le jeune homme était venu chez lui. Cela lui fit monter le feu au visage. Il avait dormi avec Draco ! Il avait dormi AVEC Draco ! Argh, comment une telle chose avait-elle pu arriver ? Et comment tout ce qui n'était pas arrivé n'était justement pas arrivé ? Urgh… voilà que tout un tas d'images dérangeantes vinrent lui envahir l'esprit. Et de toute la journée, il ne put s'en débarrasser.
Ce n'était définitivement pas le moment d'aller discuter avec Ron. Pas avec des telles pensées dans la tête. Draco pensait-il à la même chose que lui ? Est-ce qu'ils allaient pouvoir se faire face à nouveau sans rougir de honte ? N'allaient-ils pas s'éviter comme deux adolescents maladroits ? Ils ne s'étaient même pas embrassés ! À quoi est-ce qu'il pensait ?!
Harry s'obligea à prendre de grandes respirations. Il croisa le regard d'Hermione. Oh oh… il l'avait oubliée. Elle allait le disséquer pour savoir tout ce à quoi il pensait. Et il en était certain, son embarras se lisait sur son visage. La cuillère de Hermione écrabouilla son millefeuille. De la crème pâtissière dégoulina dans l'assiette à dessert et la pâte feuilletée se répandit en éclats sucrés. Harry était ce gâteau. Hermione était la cuillère. Comment pouvait-il éviter de se faire écrabouiller ?
« Toi… commença-t-elle d'un air menaçant, pointant sa cuillère pleine de crème vers lui. Toi, tu es en train de penser à quelque chose que tu n'aimerais pas que je sache. »
Harry secoua négativement la tête. Non, non, elle rêvait !
« Tu vas donc tout m'avouer maintenant ou je te promets que je t'arracherai chacun de tes secrets. À quoi, non, à qui pensais-tu ? »
Elle lui offrit un sourire sadique. Harry était mille fois embarrassé. Pourquoi sa meilleure amie était-elle aussi curieuse ? Un jour, il se ferait dévorer par son envie de tout savoir.
« Bon, laisse-moi deviner. C'est assez simple, il s'agit de Draco, pas vrai ? »
Son ami baissa la tête, vaincu. Il imagina plus qu'il ne vit la lueur de triomphe qui devait briller dans les yeux d'Hermione.
« Allez raconte, à quoi tu pensais ?
- Il me tuerait si je te le disais. »
Ce qui était sûrement vrai. Il en avait même à tous les coups déjà trop dit sur sa personne. Faites qu'il n'ait pas un jour à devoir faire face à la colère du dragon dont on a révélé les secrets. Et s'il baratinait sa copine en détournant le sujet ?
« Je me demande bien ce que cela peut être, ricana Hermione, un large sourire aux joues.
- Bon… écoute… je… je repensais au jour où Draco m'a fait… sa déclaration.
- Hm ? Développe. »
S'engouffrant dans la fissure, Harry raconta la façon dont le blond avait déboulé chez lui sans prévenir pour au final le laisser en plan dans l'entrée avec une information inattendue.
« Et… et en fait, conclut-il, je trouve que Draco est un fuyard dans l'âme. Je suis sûr qu'il avait tellement peur d'entendre ma réponse que c'est pour ça qu'il est parti en mode film de drame romantique après s'être déclaré.
- Hum… ça se tient, approuva Hermione. Il est vrai que j'ai toujours trouvé Malfoy assez peureux. Il avait toujours quelqu'un pour faire sa sale besogne. Quand il était seul, il me semblait toujours moins effrayant et plus fragile.
- Par Merlin, Hermione ! Ne lui dis jamais ça !
- Bien sûr que non ! Je tiens à ma vie, tu crois quoi ? Toi, tu as intérêt à ne jamais lui répéter ça.
- Je veux pas mourir ! Jamais je ne ferais ça ! »
Ils échangèrent un regard épouvanté avant de rire nerveusement. Décidément, ils restaient toujours sur la même longueur d'onde. Mû par une force extérieure, Harry eut soudain envie de se confier à la jeune fille :
« Hermione… Draco m'a plusieurs fois dit qu'il m'aimait. Sauf que moi, je ne lui ai encore jamais dit. Qu'est-ce que je suis censé faire ? »
Sa meilleure amie le regarda avec attention. Puis, avec un sourire en coin, elle lui asséna :
« Eh bien lui dire, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
- 'Mione… Tu m'aides pas du tout là.
- Harry, si tu dois dire quelque chose, il faut le dire. Peu importe si ce n'est pas le moment, qu'aucun de vous n'est dans le mood ou autre. Il faut dire avant de regretter de ne pas l'avoir fait. Regarde, tu as le meilleur exemple sous les yeux. Malfoy s'est retenu durant tout Poudlard de t'avouer la vérité. Je pense qu'il en a beaucoup souffert et je doute qu'il ait eu du monde avec qui en discuter. Il aurait vécu avec ce regret jusqu'à la fin de sa vie. Il a sauté sur l'occasion dès qu'il s'est rendu compte qu'il fallait qu'il passe à autre chose.
« Lui, il risquait tout en te disant qu'il t'aimait. Toi, que risques-tu ? Rendre Malfoy plus heureux qu'il ne l'est déjà. Et puis je suis sûre que ça lui ferait du bien au moral avec tout ce qui lui arrive en ce moment. Par Merlin ! Tu entends comme je parle de Malfoy, ça m'en fait des frissons.
- Comment ça tout ce qui lui arrive en ce moment ? demanda Harry en ignorant la remarque ironique de Hermione.
- Bah l'article, que veux-tu que ce soit d'autre ? Au cas où tu en douterais, je pense que cette situation est plus compliqué pour lui qu'elle ne l'est pour toi, tu ne penses pas ? »
Harry en resta bouche bée. Depuis le début il n'avait pensé qu'à lui et tous les malheurs qui s'abattaient sur lui. Certes, quand Draco était venu le voir lundi soir, il avait compris que son état n'était pas joyeux, joyeux, mais il ne s'était pas mis à sa place. En une phrase, Hermione venait de lui retourner l'esprit.
Harry était un sorcier considéré comme le héros de la société. Une relation avec un ancien mangemort entachait certes sa réputation mais on le lui passerait volontiers, on pourrait même s'émerveiller de tout ce qu'il faisait pour se poser en grand pacificateur entre ex-mangemorts et sorciers ordinaires.
Draco… Draco était un ancien mangemort, même s'il ne l'avait sûrement jamais souhaité. Sa réputation était salie depuis longtemps et tout le monde devait lui cracher au visage. Sa vie de tous les jours n'était peut-être pas des plus facile. En plus, au lieu de s'exiler ailleurs le temps que les choses se calment, il était resté sur place et il osait même travailler au ministère, dans la justice ! Oh oui, il devait en voir des vertes et des pas mûres. Et puis tout d'un coup, le voilà qui traînait avec Potter, le héros de la nation. Entre la jalousie et la haine, c'était sur lui qu'on s'acharnait le plus. Il était celui qui ferait sombrer Harry Potter. Et celui-ci d'ailleurs, cela faisait un moment qu'il sortait avec lui mais cette relation semblait n'être qu'à sens unique. Après tout, c'était Saint Potter, il était capable de tout faire en sorte pour qu'il se sente aimé alors qu'il ne servait que d'expiatoire.
Comprenant à présent un peu mieux les pensées qui pouvaient traverser l'esprit de son petit ami, Harry fut mortifié. Mais à quoi avait-il joué depuis le début avec lui ? Il n'était pas réglo, mais alors pas du tout.
« Je vais lui dire ce soir », annonça-t-il à Hermione.
Celle-ci acquiesça. C'était ce qu'il fallait faire.
« N'oublie pas qu'à Ron aussi, tu dois dire des choses. »
Harry grimaça. Puis il fléchit :
« D'accord, je vais m'en occuper. »
o0O0o
Ses cours terminés, Harry décida de se débarrasser de sa tâche la moins plaisante. Il se rendit à l'appartement que partageaient Hermione et Ron. Leur immeuble était situé dans le Londres moldu suite à la demande de son amie qui voulait pouvoir inviter ses parents quand elle le voulait, sans devoir passer par milles astuces sorcières. Il était vieux et semblait menacer de s'écrouler mais il avait un petit charme que seules les bâtisses traditionnelles pouvaient avoir.
Harry sonna à la porte et le nid de boucles de son amie vint l'accueillir. Elle le fit entrer et lui prit son manteau pour l'accrocher à un cintre. Le petit deux pièces du jeune couple était juste assez grand pour y vivre. Il ne permettait guère d'intimité mais ils n'avaient guère l'argent pour se permettre quelque chose de plus spacieux. C'était déjà très bien. Ce qui étonnait le plus, c'était la pile de livre qui tentait tant bien que mal de survivre. Ne rentrant plus dans la bibliothèque, laissés à même le sol, certains livres magiques grondaient de mécontentement. Et Harry n'aurait pas donné cher de sa peau s'il avait osé s'approcher de la petite montagne. Il avait pris l'habitude de s'en éloigner le plus possible.
Ron était assis dans un fauteuil que ses parents leur avaient offert. Il semblait s'être attendu à ce que son ami débarque chez lui. Il se leva et le salua froidement. Un peu mal à l'aise, Hermione proposa à Harry du jus de citrouille. Ensuite, pour les laisser tranquille, elle prétexta des dossiers à travailler et s'enferma dans la chambre à coucher.
La tension était palpable, à couper au couteau. Aucun des deux n'osait jeter un œil à l'autre. Le silence se faisait pesant et plus il s'étendait, moins Harry ne savait quoi dire pour le briser. Ron ne semblait faire aucun effort pour aller dans ce sens non plus. Qu'était-il censé dire ? Que pouvait-il dire ? Le mieux n'était-il pas d'enfoncer les portes ouvertes et de directement lui expliquer sa relation avec Draco ? Oui c'était ça, il avait juste à dire ça. Alors pourquoi n'ouvrait-il pas la bouche ? Ah, toute cette situation l'énervait ! Bon allez, il se lançait !
« Écoute, cela fait un moment que je suis ami avec Draco. Et cela s'est passé alors que l'on était en froid tous les deux. C'est mon ami maintenant alors même si je sais très bien que tu l'aimes pas, j'aimerais au moins que tu l'acceptes. »
Un regard incompréhensible fut sa réponse. Puis Ron soupira et s'enfonça encore plus dans son fauteuil. Il allait dire quelque chose. Harry bougea nerveusement ses pieds.
« Tu sais, parfois, j'ai l'impression que tu ne me comprends vraiment pas. Ce n'est pas que tu sois ami avec Draco qui m'énerve – enfin si, un peu –, mais que tu ne m'aies rien dit.
- Quand aurais-tu voulu que je te l'annonce ? Même après que l'on se soit réconcilié, on ne s'est que très peu parlé. Et sûrement pas assez longtemps pour que je t'explique ça. Et comment aurais-tu réagi ? Je te connais justement trop bien pour le savoir. »
Ron rougit de contrariété. Harry sentait que la conversation allait escalader et il ne le voulait pas. Il ne souhaitait pas se disputer à nouveau avec son ami. Comment pouvait-il éviter cela ? Ils se regardaient dans le blanc des yeux sachant aussi bien l'un que l'autre que ce qu'ils allaient dire pouvait les faire se jeter l'un sur l'autre. Aucun des deux ne souhaitait finir dans une telle situation. Leur amitié leur était tout de même chère.
« Très bien, lâcha Ron après un long moment. Tu ne me l'as pas dit, O.K., tant pis, on passe à autre chose. Mais j'aimerais que l'on mette les points sur les i. Je ne veux plus que tu me caches de telles informations ! »
Harry réfléchit un instant puis offrit un sourire à son ami. Quel soulagement, Ron avait décidé d'éviter l'affrontement.
« O.K., ça me va. Je te promets que tu seras le premier que je contacterai. »
Sentant que ce qu'il disait n'avait pas assez de force, il se sentit obligé de rajouter :
« Je suis désolé de ne pas t'avoir tenu au courant, O.K. ? C'est… je ne me voyais pas du tout te le dire.
- … Oui, j'ai bien compris ça. Je… je me suis senti trahi, tu comprends ? T'es mon meilleur ami et c'est par les journaux que j'apprends que tu côtoies Malfoy. Le chaudron a été dur à avaler… »
Le rouquin se rassit au fond de son fauteuil. Pattenrond qui jusque-là était resté invisible vint se poster en haut de la pile de livres, fier de son statut de félin. Harry s'installa sur une chaise de la table à manger.
« Explique-moi vraiment pourquoi tu n'as pas jugé bon de me prévenir de ton amitié avec la fouine. Ça ne peut pas être juste parce que l'on venait de se réconcilier. »
Harry regarda son ami avec intensité. La position de Ron était fermée. Il voulait une réponse et il n'en démordrait pas. Pour se donner une contenance, le brun but une gorgée de jus de citrouille. Avait-il une autre raison d'avoir tu son amitié avec Draco ? Oui, bien sûr, il se l'était avoué plus tôt. Les yeux bleus de son ami ne le quittaient pas.
« Je m'étais dit que je n'aurais aucun problème à annoncer ma relation avec Draco. Je le lui ai même dit. Je m'étais convaincu moi-même en fait. Si je ne l'ai pas fait, c'est que je pensais que ce n'était pas le moment, que le sujet n'était pas amené sur la table, ce genre de truc. »
Ron ne perdait pas une miette de ce qu'il disait. Son regard ne portait aucun jugement. Il attendait, tout simplement. Harry, lui, énonçait à haute voix pour la première fois ses pensées, ses sentiments. Il en était lui-même étonné.
« J'en étais persuadé. Jusqu'à hier tout du moins. Mais en fait… peut-être que je voulais garder cette information pour moi ? C'est assez grisant de vivre quelque chose dont personne d'autre n'est au courant. Tu te rappelles tout ce qu'on a fait à Poudlard avec 'Mione ?
- Ah çà c'est sûr ! Sur ce point-là, je peux comprendre.
- Voilà. Donc, ouais, je ne cache pas que je voulais garder ça pour moi. Et puis je me dis qu'en fait… euh… peut-être que je n'étais pas si à l'aise que ça, d'en parler avec des gens ? Non… au fond de moi, je voulais peut-être juste garder notre relation secrète, entre nous deux. »
Ron se gratta le menton. Il n'avait pas l'air d'être en accord avec ce que Harry lui disait. Est-ce qu'il avait trop parlé ? Est-ce qu'il s'était trop embrouillé dans ses sentiments ? Cela faisait un temps infini qu'il n'avait pas parlé directement, sans fard, de ce que son cœur ressentait. Et cela le faisait battre à une vitesse extrême.
« Mais… lui… il voit vraiment ça comme de l'amitié ? »
Harry regarda son ami avec surprise. C'était de l'inquiétude ! Ron était inquiet pour lui ! À ce moment-là, il s'était attendu à tout sauf à de l'inquiétude. Ron, inquiet… cela lui fit plaisir, étrangement. Et cela lui fit mal également, parce qu'il mentait. Il ne disait pas la vérité. Draco et lui n'étaient pas amis, ils étaient bien plus que ça. Il ne méritait pas l'attention du rouquin. Devait-il le lui annoncer maintenant ? Alors que leur relation était encore tendue ? Justement… s'il l'apprenait plus tard, il pourrait être véritablement en colère. Il prit une inspiration.
« C'est pas vraiment de l'amitié.
- Hein ? s'étonna Ron en se tendant sur son fauteuil.
- C'est plus que ça. »
Il laissa passer un moment.
« J'ai un peu peur de te le dire.
- Quoi ? Quoi ? C'est toi qui me fais peur, là. Parle sinon je te jure que tu vas le regretter.
- Ça va, j'ai compris.
- Accouche.
- Draco et moi… on n'est pas amis. On est en couple. »
Terriblement gêné par ce qu'il avait dit, il mit sa tête dans ses mains. Il ne voulait pas voir la tête de Ron. Mais le silence de ce dernier l'ennuyait encore plus. Rah, pourquoi avait-il avoué ça ? Harry s'imaginait déjà sous la colère de son ami. Après un temps qui lui parut immense, il entendit à nouveau la voix du rouquin :
« En… en couple ? Comme… comme dans "amoureux" ?
- Oui, lâcha-t-il dans un souffle étouffé.
- Par Merlin… tu es sérieux ? »
Harry ne se sentait plus de lui répondre alors il se contenta de hocher la tête. Ron paraissait soufflé. En même temps, il ne pouvait pas s'attendre à ça.
« Merlin, Merlin… Par Merlin ! En couple ?! Et avec Draco Malfoy ?! Je dois être en train de rêver. »
Harry quitta enfin ses mains, ses lunettes glissèrent et il les remit sur son nez. Il osa enfin jeter un coup d'œil à Ron. Celui-ci s'était effondré dans son fauteuil et le regardait, les yeux exorbités. Il continuait à répéter pour lui-même : « avec Draco Malfoy ». Le brun n'était pas sorti de l'auberge.
« Tu m'en veux ? »
Le cachalot qu'était devenu le garçon en face de lui cligna des yeux. Il sembla se reprendre et se réinstalla proprement dans son siège.
« N-Non. C'est juste… avec Draco Malfoy. De toutes les personnes avec qui tu pouvais sortir, il fallait que ce soit lui ?
- C'est arrivé comme ça, tenta de s'expliquer Harry.
- Je m'en fiche de comment c'est arrivé. J'essaie déjà d'intégrer l'idée que mon meilleur ami sort avec Draco Malfoy. Tu te rappelles que c'est un mangemort ?
- Ron. Cela fait longtemps qu'il a arrêté ça. Et il ne l'a jamais vraiment été de plein gré.
- Par la culotte de Merlin, voilà que tu le défends ! Je… je ne suis plus qu'étonnement !
- Çà, je peux le comprendre, marmonna amèrement Harry. J'ai quand même l'impression que tu m'en veux, là, reprit-il, plus fort. »
Ron leva la main pour l'empêcher d'en dire plus.
« Qu'on soit bien clair. Je ne t'en veux pas. Quand tu avais commencé à sortir avec Ginny, là, je t'en voulais. Je t'aurais bien étripé à l'époque. Mais là… je suis juste en état de choc. Tu sors avec le mec qui a passé son temps à nous faire des coups bas à Poudlard.
- Bon… et tu comptes arrêter quand d'être choqué ?
- Oh, c'est bon ! Laisse-moi tranquille. »
Énervé, Harry se leva de sa chaise.
« Si tu le prends comme ça, moi je m'en vais. »
Ron quitta son fauteuil à son tour.
« Ah non ! Attends. Je voulais pas dire ça comme ça.
- Bon, les garçons ! Là, ça suffit !
- Hermione ?! » s'exclamèrent les interpelés en même temps.
La jeune fille se tenait dans l'encadrement de la porte. Elle avait les sourcils froncés d'énervement. Elle n'avait pas changé depuis le temps. Ses cheveux étaient toujours un nid à boucle, un peu comme les siens. Ses formes apparues pendant l'adolescence se retrouvaient plus marquées maintenant qu'elle était adulte. Son visage ovale ne laissait apercevoir que ses yeux noisettes. Des traces de fatigues y laissaient des sillons. Et bien entendu, elle continuait à avoir son petit air de miss je-sais-tout.
Mais là, la tête qu'elle faisait, c'était celle qu'il fallait craindre. Silencieux, les deux garçons se rassirent en se lançant un regard inquiet. Hermione vint alors s'asseoir sur la chaise à côté de Harry. Troublé, Ron lui demanda :
« Tu nous écoutais ?
- Bien sûr. Pourquoi crois-tu qu'on m'a mise à Gryffondor ? Et même si je ne le voulais pas, vous étiez à un niveau vocal bien trop élevé pour ne pas vous entendre. »
Ron leva les yeux au ciel, pas effrayé pour une mornille. C'est qu'il la connaissait bien, son Hermione.
« Tu étais au courant, toi, que Harry sortait avec Draco ? »
Le-dit jeune homme poussa un soupir énervé. L'ignorant, Hermione répondit :
« Il me l'a dit hier.
- Hier…
- Oh, Ron, je te vois venir, avertit Harry. Non, je ne te l'ai pas dit à toi et oui, je l'ai dit à Hermione. Ne recommence pas.
- Rah c'est bon. Je ne vais rien dire, j'ai compris. »
Hermione eut un sourire soulagé. Posant ses mains sur la table, elle enchaîna :
« Bien, maintenant que tout ça est réglé, Harry, sache que tu manges avec nous.
- Quoi ? Mais j'avais prévu de faire quelque chose ! »
Le regard de son amie se fit menaçant. En appuyant bien sur chaque mot, elle tempêta :
« Tu. Manges. Avec. Nous. Ce. Soir. Capiche ?
- Oui madame, répondit Harry, effrayé.
- Hermione… c'est mon tour de faire la cuisine ce soir… se plaignit l'autre garçon.
- Ah toi, commence pas non plus ! On mange ensemble et l'on va tous se réconcilier comme des grandes personnes. »
Comme d'habitude, l'enthousiasme (?) de Hermione eut raison des deux jeunes hommes qui se plièrent à sa volonté. Harry proposa d'aider Ron à préparer le repas. Le premier aimait bien faire la cuisine. Il l'avait tellement faite lorsqu'il habitait encore chez les Dursley qu'il y était devenu bon. C'était un moment qu'il avait pris l'habitude d'apprécier.
Tout en épluchant les légumes, lui et Ron discutèrent de choses plus légères et essayèrent de se redécouvrir, sous l'œil attentif d'Hermione qui mettait la table. L'atmosphère était de surcroît plus plaisante et tout le monde passa un agréable moment. Après le dîner, ils décidèrent de concert de lancer un film qu'ils n'avaient pas vu ensemble depuis un long moment.
Alors que Ron avait un bras autour des épaules de Hermione qui se serrait contre lui, Harry se sentit un peu délaissé. Ils étaient tous les trois ensemble, leur trio habituel, qu'il adorait, mais il avait envie d'être avec Draco. Enfin, plus précisément, que Draco soit là, en ce moment, avec lui. Que leur trio devienne un quatuor. Il se faisait des illusions, bien sûr. Il faudrait un temps infini avant que ses deux meilleurs amis n'acceptent que l'ancien mangemort se joignent à eux pour une banale soirée. Harry se demanda un instant s'il faisait bien de continuer dans cette relation.
Il se fustigea mentalement pour avoir pensé une chose pareille. Oui, il faisait bien. De lui-même, il s'était engagé dans cette relation et il savait – à peu près – à quoi il devrait s'attendre. Il fallait qu'il croie en celle-là et qu'il surmonte les difficultés. Il avait envie de voir Draco. Il voulait lui dire qu'il l'aimait. Et l'embrasser.
o0O0o
Harry se réveilla en sursaut, après un cauchemar des plus éprouvants. Son cœur battait à vive allure et il lui fallut un moment pour se calmer. Sur son réveil, il était six heures et des poussières. Pour une fois, ses mauvais rêves le tiraient du lit assez tard. Sachant qu'il ne se rendormirait pas, il quitta l'édredon. En sueur, il partit prendre une douche qu'il espérait vivifiante.
Habillé à présent d'un tee-shirt et d'un short, il se rendit dans la cuisine à la recherche d'un casse-croute. Le whisky pur feu traînant sur le comptoir lui faisant de l'œil, il s'en servit également un verre. Il apprécia la douce chaleur qui se répandit en lui, tirant un trait définitif avec l'épreuve de la nuit. Il déchira l'emballage d'un paquet de pancakes et en fit dorer deux dans le grille-pain. Dans le placard, il trouva une confiture de coing bien entamée. Puis il lança sa machine à café.
Il alla dans le salon pour manger son petit-déjeuner tout en regardant les premières informations de la journée. Ça promettait d'être une longue journée. Il fallait qu'il voie Draco ce jour-même. Il ne voulait pas attendre leur déjeuner habituel du lendemain. Il avait envie d'être avec lui là, maintenant.
Depuis qu'il s'était avoué ses sentiments pour le blond, il avait l'impression de ne penser plus qu'à lui. Sa tête était remplie de l'image de son petit-ami. Il ignorait avoir tant d'attachements pour lui. Comment était-ce déjà au début de leur relation ? Maintenant qu'il savait ce que cela faisait d'être amoureux de Draco, il se demandait comment celui-ci avait pu paraître aussi distant et lui parler calmement. Enfin… calmement… Non, il se faisait sûrement des idées.
Il se montait la tête tout seul. Il n'arrivait plus à réfléchir normalement. Il fallait qu'il voie Draco. Enfin, cela, il se le disait depuis la veille. En fond, la télévision informait des températures qui allaient en s'augmentant. Il pourrait peut-être l'inviter à sortir ? Avoir un rendez-vous, juste eux deux, cette fois du côté moldu de sorte qu'ils ne soient pas agacés par ces maudits journalistes. Cela serait agréable. Une balade dans le Londres moldu pourrait leur changer les idées et mettre à plat leurs sentiments respectifs. Et peut-être partir sur quelque chose de plus sérieux.
Harry prépara ses affaires pour ses cours de la journée. Le jeudi était réservé aux cours pratiques, il ne serait pas au ministère. Quand pourrait-il croiser Draco ? Il avait beau y réfléchir, il ne voyait pas de « bonnes raisons » de se rendre au bureau. Cela allait nécessairement faire jaser. Et il ne voulait pas porter l'attention sur eux plus qu'elle ne l'était déjà. Il avait réussi tant bien que mal à éviter ses collègues/camarades, il ne voulait pas les refaire partir à l'attaque.
Le jeune homme grimaça. Avec les cours pratiques, ils allaient devoir se mettre en groupe. Cette fois, c'était sûr, on allait bien l'asticoter avec sa relation avec Draco. Encore heureux qu'ils ignoraient quelle était la nature exacte de celle-ci. Sinon, il allait en entendre parler pendant encore des mois. Vivement que les vacances arrivent. Elles étaient grandement attendues.
Après avoir préparé son sac, Harry saisit sa baguette et transplana. Il arriva sur le terrain d'entraînement des aspirants aurors alors que la Terre tournait autour de lui. Merlin, ce qu'il détestait transplaner ! Une main secourable se présenta devant lui pour lui permettre de se ressaisir. Harry s'y appuya pour reprendre pied sur terre.
« Salut Harry ! Toujours aussi en forme à ce que je vois.
- M'en parle pas, Neville. Je ne m'y habituerai jamais je crois.
- Ahah ! Tu verras, un jour ça passera.
- J'espère bien. »
Harry posa son sac à terre et mit ses mains sur ses hanches.
« Et sinon comment tu vas ?
- Oh toujours pareil tu sais. Ça sert à rien de me poser la question tous les jours ! plaisanta Neville.
- Tu sais bien que je suis incapable de démarrer une conversation sans ça, voyons. Ta grand-mère va mieux ? »
Le visage enjoué du garçon s'assombrit. Il regarda Harry dans les yeux.
« Ses hanches continuent à la faire souffrir. J'ai peur qu'elle ne marche plus comme avant. C'était vraiment une vilaine chute.
- Je suis sûr qu'elle s'en remettra ! C'est une warrior ta grand-mère, elle continue à me faire peur tu sais. »
Neville eut un rire nerveux.
« Tu n'es pas sérieux ! rétorqua-t-il.
- Bien sûr que si ! Je sais pas comment tu fais pour vivre au quotidien avec elle. Moi, je serais tétanisé dès que j'croiserais son regard.
- Bah, elle a tant fait pour moi. Et puis c'est ma grand-mère, je ne peux pas avoir peur d'elle. Enfin, si, un tout petit peu. »
À ce moment, la personne qui leur faisait cours apparut sur le terrain vague, coupant court aux conversations.
« Bonjour à vous ! Approchez s'il vous plaît, que je puisse lancer le sortilège. »
Les élèves se regroupèrent autour d'elle et la professeure joua de sa baguette magique pour les faire entrer dans le lieu d'entraînement qui remplaça soudainement la plaine d'herbe haute. Le type de magie utilisée était le même que pour le chemin de traverse ou la voie 9 3/4. Dans un espace très réduit, on avait aménagé une étendue étirée à l'extrême, prévue pour accueillir l'intense entraînement des futurs aurors. C'était ce cours-ci qui faisait abandonner bon nombres d'aspirants. Ron avait été l'un d'entre eux même s'il avait encore beaucoup de mal à l'avouer. Cela lui restait en travers de la gorge, bien que Harry estimait que son travail chez son frère semblait lui plaire plus que ne l'aurait été celui d'auror.
Ils passèrent toute leur matinée à transpirer et pousser des grognements. Quand midi arriva, tous les élèves étaient en nage et au bout de leur vie. Ils poussèrent un soupir de soulagement lorsque la professeure les libéra en leur souhaitant une bonne journée. Alors que certains restèrent sur place, entamant un semblant de pic-nique, Harry, Neville et d'autres personnes se rendirent ensemble dans un restaurant moldu qui se trouvait non loin de là et qui s'était habitué à les voir tous les jeudis midis.
Nécessairement, avec l'arrivée des plats fumants, la conversation se tourna vers Harry. Bien que gêné, celui-ci n'eut d'autres choix que de répondre aux questions de ses camarades curieux.
« Alors comme ça tu es vraiment ami avec Draco Malfoy ?
- Comme je l'ai dit aux journalistes, oui.
- Mais comment c'est possible ? Je veux dire, vous n'avez rien en commun.
- Ça tu n'en sais rien. »
La jeune femme qui avait posé la question rougit sous le reproche. Mais aussitôt un jeune homme qui l'admirait de la même manière que Colin Creevey le faisait auparavant lui demanda, tout angoissé :
« Tu es certain que ce n'est pas un sort ou une potion qui te fait penser comme ça ? Je veux dire, tu n'as en soi, aucune raison d'être ami avec une telle personne ! »
Harry soupira. Si c'était ce que des personnes qu'il côtoyait tous les jours pensaient, Hermione avait raison. Il fallait qu'il fasse une réelle interview et qu'il s'explique clairement. Mais pour lui, il n'y avait rien à expliquer. Il était « ami » avec Draco et c'était tout ! Pourquoi venait-on l'embêter, nom d'un hibou ?
« Me prends-tu vraiment pour un débutant ? Comme si je pouvais tomber sous le charme d'un sort. Est-ce que tu sais que lorsque j'étais en quatrième année, on a appris à contrer un impérium ? »
Un murmure glissa entre les convives. Ils semblèrent soudain remettre en question tout ce qu'ils pensaient jusqu'à présent. Le rappel des cours de Fol Œil – ou plutôt des cours de Barty Croupton Jr. – semblait avoir son petit impact. Peut-être qu'il fallait qu'il raconte ce genre de détails pour qu'on le croie ?
Il allait faire cette interview. Pour que tout revienne à la normale. Parmi tous les courriers qui ne parvenaient pas à son bureau, il y avait certainement les demandes de rendez-vous. Il allait falloir qu'il les récupère et qu'il choisisse de répondre à une. Ou alors, peut-être devrait-il passer par le Chicaneur comme en cinquième année ? Cela avait eu un impact assez important. Et cela serait l'occasion de revoir Luna. Oui, c'était peut-être la meilleure des solutions.
Ses camarades continuèrent à lui poser quelques questions indiscrètes mais autrement, le reste du repas se passa bien. L'après-midi fut consacré au cours de combat avec un professeur certes dans la fleur de l'âge mais terriblement ronchon qui les épuisa jusqu'à leurs derniers retranchements.
o0O0o
Harry arriva chez lui complètement épuisé et courbaturé. Mais ce soir, il devait voir Draco. Il allait se rendre au manoir des Malfoy, y entrerait et dirait ce qu'il avait à dire. Mais avant, il fallait qu'il prenne une douche, jamais on ne le laisserait passer le seuil de la porte s'il sentait le furet mort.
Enfin propre, il s'habilla sobrement et alla se chercher un casse-croute dans la cuisine. À sa grande joie, il trouva des restes de cookies qu'il avait préparés avec Teddy l'autre jour. Il en grignota quelques uns puis son regard tomba sur une bouteille de cidre brut posée en évidence. Elle attirait son regard comme si elle brillait de milles feux. Malgré ses résolutions de la veille, il avait continué à boire de l'alcool au moment des repas. L'habitude. Il devait résister.
Mais ce n'était que du cidre, on en faisait même boire aux enfants. Et puis il avait besoin de courage pour aller tout avouer à Draco. Allez, juste un verre. Pour se donner courage.
Harry ouvrit la bouteille et se servit un verre. Juste un verre. Il le but et sentit avec plaisir la chaleur couler le long de son œsophage. Il allait mieux maintenant, il était prêt. Il mangea un dernier cookie et se prépara à transplaner. Il regarda à nouveau la bouteille. Allez, un dernier petit verre ne faisait de mal à personne. Il l'avala d'une traite et cette fois-ci se transporta devant le manoir.
Il était face aux grandes grilles du portail qui menait directement à l'entrée principale de la demeure. Des ifs taillés à la perfection marquaient le sinueux chemin sur lequel Harry se tenait. Au loin, on pouvait voir le manoir, grand et magnifique, vieux de plusieurs siècles. Comment est-ce que le sorcier devait-il s'annoncer ? Il était chez les Malfoy, il n'y aurait définitivement pas de sonnette. Il s'approcha des grilles et les effleura de la main. Aussitôt un elfe de maison transplana devant lui, de l'autre côté du portail.
« Bien le bonsoir Monsieur Potter. Quel est l'objet de votre visite ?
- Bon… bonsoir. J'aimerais m'entretenir avec Draco… Malfoy, s'empressa-t-il d'ajouter.
- Je crains que cela ne soit possible. Le jeune maître et ses parents sont justement de sortie.
- Oh.
- Souhaitez-vous que votre serviteur lui transmette un message ? Vous pouvez faire confiance à Jingle pour sa grande discrétion.
- Désolé Jingle, cela ne peut qu'être dit en personne. Pourrais-tu toutefois dire à Draco que je souhaitais lui parler.
- Cela sera fait comme votre désir. »
L'elfe lui souhaita une bonne soirée et Harry fut contraint d'abandonner ses projets et retourna chez lui. Il n'était vraiment pas chanceux ! Lui qui s'était enfin décidé à tout avouer à son petit ami… Pour se consoler, le jeune homme termina la bouteille de cidre et passa le reste de son temps à regarder la télévision, incapable de se trouver une autre occupation. Il se sentait tristement seul.
Demain. Il lui dirait demain. Au moment du repas. Comme Hermione l'avait dit, peut importe le moment, l'atmosphère, il fallait le dire. Lui dire. Lui dire. Dire, dire, dire. Harry s'endormit devant la télé sur ce verbe.
o0O0o
Harry écouta avec désespoir la vieille sorcière expliquer pour la troisième fois que son chat était très intelligent et qu'il rentrait à la maison tous les soirs et que ce n'était pas normal qu'il ait disparu depuis quatre jours. L'auror qu'il accompagnait pour découvrir le travail sur le terrain semblait maîtriser tranquillement la situation. Mais depuis le temps qu'ils passaient leurs vendredis matins ensemble, Harry savait que le pli au coin de ses yeux indiquait un certain énervement.
Après avoir assuré pour la quatrième fois qu'ils se chargeaient de récupérer le pauvre chat, la vieille dame les libéra enfin. Les deux sorciers purent alors tout à leur aise fouiller le lieu du « crime ». Après tant de temps d'attente, Harry lâcha enfin la question qui lui brûlait les lèvres :
« Pourquoi est-ce que c'est aux aurors de s'occuper de chercher les animaux perdus ?
- Qu'est-ce que tu veux dire ? »
Julian était un sang-mêlé qui avait principalement vécu du côté sorcier. Et étant auror depuis plus de dix ans, il ne s'étonnait plus de ce genre de missions. Évidemment, il ne pouvait pas comprendre.
« Dans le monde moldu, quand un animal disparaît, on prévient la SPA, la Société Protectrice des Animaux et on poste des affiches. Et quand l'animal se trouve difficile à attraper une fois retrouvé, on peut faire appel aux pompiers. Mais jamais on n'appelle la police.
- La police, c'est l'équivalent moldu des aurors, c'est ça ? Ma réponse est très simple. C'est que si nous, nous ne le faisons pas. Qui le fera ? Les sorciers ne forment pas une communauté si grande que ça, nous ne pouvons pas nous permettre de créer des départements pour de tous petits détails. Il y a déjà suffisamment à faire en gérant nos contacts avec les moldus. J'ai répondu à ta question ?
- Euh oui je crois. Mais pourquoi désigner les aurors ? Notre rôle est surtout de retrouver les mages noirs pour les envoyer à Azkaban. À côté de ça, chercher un chat… »
Julian éclata d'un rire franc. Harry le regarda s'amuser de sa situation, un peu irrité. Il aimait bien son mentor mais celui-ci avait un peu trop tendance à se moquer de lui, ce qui mettait le jeune homme sur les nerfs. De plus, il avait mal dormi, réveillé encore une fois par un cauchemar.
« Écoute Harry, pour ce qui est de chercher des choses, ne penses-tu pas que nous sommes les plus appropriés ? »
Pour marquer ses mots, il montra le tronc d'un arbre du jardin, qui devait servir de grattoir pour les griffes du chat. Grâce à sa baguette, il récupéra de minuscules bouts de griffes qui s'étaient coincés dans l'écorce du bois. Il les rajouta au petit pot où qui contenait déjà des poils blancs et noirs qu'ils avaient récupérés dans la maison. Lui montrant le contenant avec contentement, Julian continua :
« Vois-tu, je nous vois comme des chercheurs professionnels. Notre boulot consiste à chercher. Des choses ou des êtres vivants. Tout ce qui est course-poursuite, ou combat à coup de sortilège ne sont que des ajouts. Notre véritable travail, c'est de chercher. Ce n'est pas pour rien que la moitié de nos effectifs est composé d'anciens Gryffondor. La curiosité qui les pousse à trouver, découvrir en fait de très bons détectives.
- Je croyais que les Gryffondor qui devenaient auror le devenaient pour les émotions fortes, le courage que peuvent procurer certaines situations.
- Eh bien une partie peut-être, oui. Après tout, qui suis-je pour parler ? J'étais à Poufsouffle à Poudlard. Nous, nous sommes connus pour trouver les choses. Mais ne va pas t'imaginer que le travail d'auror ne soit qu'une série de combats contre des mages noirs. Il consiste principalement, comme aujourd'hui, à aller chercher des chats qui se sont un peu trop éloignés de chez eux. Le travail d'auror est ennuyeux, Harry. Et je suis prêt à parier que celui de la "police" l'est tout autant.
- Hum… je crois que je comprends. »
Julian lui sourit et lui donna une tape amicale sur l'épaule. Puis il lui fourra le petit pot dans les mains.
« Allez, maintenant qu'on a assez de "bouts" du chat, essaie de découvrir où est-ce qu'il se cache. »
Harry réfléchit à quel sortilège utiliser. Il en connaissait maintenant tant qu'il se demandait lequel serait le plus approprié. Il se décida finalement pour celui de Revelio, qui révélait ce qui est dissimulé. Et le chat était bien dissimulé quelque part, non ? Il prononça la formule avec la gestuelle adéquate. Après un moment où rien ne se passa, une série d'image traversa sa tête. Le chat qui se prélassait sur le canapé et y laissait ses poils, le chat qui faisait ses griffes sur le tronc d'arbre. Mais rien de plus. Il regarda son mentor, sans parvenir à cacher sa déception.
« Je n'ai pas réussi à voir où il était. Pourquoi ?
- Le sortilège de Revelio ne fonctionne que sur ce qui est devant toi. Il ne peut te révéler que ce que cachent ces poils en particulier et ces grains de griffes en particulier. Mais bien tenté.
- Qu'est-ce que j'étais censé utiliser alors ?
- Comme on cherche un chat qui correspond à l'ADN que nous avons là, il faut utiliser un sort d'appel.
- D'appel ?
- Oui. Cela attirera le chat jusqu'ici s'il n'est pas trop loin. À l'origine, ce sort était utilisé pour attraper des fées des bois. Les abeilles étant leurs protégées et portant donc leur trace, les sorciers en capturaient et lançaient le sort d'appel pour attirer les fées jusqu'à eux. Mais il n'y en a presque plus aujourd'hui. »
Sur ces mots, Julian exécuta le sort, plus compliqué qu'il n'y paraissait. Puis ils attendirent pendant un assez long moment où ils en profitèrent pour parler d'autre chose que du travail. Environ une demi-heure plus tard, un chat obèse noir et blanc s'approcha d'eux, la queue dressée.
« Je suis étonné que sa maîtresse n'ait pas tenté de le faire venir avec de la pâtée. Pour être aussi gros, il doit passer son temps à manger, exprima Harry à haute voix alors qu'il prenait l'animal lourd de plusieurs kilos dans ses bras.
- Et imagine qu'il vient de passer quatre jours dehors, sans manger à sa faim ! Il aurait fini par rentrer tout seul, s'amusa l'auror.
- Bon, c'est en tout cas une bonne chose de faite. Le pépère va pouvoir rejoindre sa maman.
- Ahah, j'ai peur de me retrouver entre elle et le chat. »
Les deux sorciers retournèrent dans la petite bâtisse où les attendait la vieille dame qui écoutait la radio. En voyant son animal de compagnie, et sûrement son unique famille, elle poussa un cri de joie et se dépêcha d'aller récupérer le gros chat des bras de Harry. Les larmes aux yeux, elle remercia les deux hommes.
« Merci ! Merci beaucoup ! Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans vous.
- De rien madame. Puis-je toutefois vous donner un conseil ? s'enquit le mentor de Harry.
- Bien sûr, bien sûr !
- Faites maigrir un peu votre chat, il pourrait avoir des problèmes de santé un jour. Ce serait triste de le perdre alors que vous tenez tant à lui. »
La vieille dame le regarda avec des yeux ronds et la bouche bée face à la grossièreté de l'auror. Avant qu'elle ne puisse répondre, Harry et Julian prirent congé d'elle et retournèrent au Ministère de la magie. L'auror fit un sourire au jeune homme et l'enjoint à se joindre à lui pour écrire le résumé de leur mission. Depuis le temps, Harry avait appris à écrire de lui-même ces résumés et il était devenu rare que Julian lui propose de le faire ensemble. Le brun se demanda pourquoi sur une mission aussi simple, il tenait à ce qu'ils s'y attèlent conjointement.
« Plutôt que nos bureaux pleins de poussières, que dirais-tu qu'on écrive ce rapport au Clair de lune ? »
Julian était bien le seul à appeler la cafétéria par son nom. Ils leur étaient déjà arrivés d'y déjeuner ensemble, au début de l'année, lorsque son mentor voulait mieux le connaître.
« Il n'est que onze heures. Ce n'est pas encore l'heure de manger. Et puis je mange déjà avec quelqu'un ce midi.
- Pas pour manger voyons ! Le décor y est simplement plus agréable que celui de mon bureau, se plaignit-il.
- Oh, eh bien d'accord. Mais ne doit-on pas y consommer pour avoir le droit d'y rester ?
- On commande un café et ça fera l'affaire. Allez, ne trouve pas d'excuses pour dire non à ton auror préféré ! »
Il appuya sa phrase par un clin d'œil et Harry finit par laisser un sourire couvrir son visage.
« D'accord, d'accord, je capitule. Je vous suis.
- Qu'est-ce que je t'ai déjà dit Harry. Pas de vouvoiement avec moi ! Si je te tutoie, tu me tutoies. Si je te vouvoyais, tu me vouvoierais. Autrement, cela instaure une relation inégale et je n'aime pas ça.
- Désolé… Ça continue à me sembler un peu étrange de te tutoyer.
- Ahah ! Parfait ! Sur ce, allons-y ! »
Harry ne comprenait pas trop d'où lui venait son « parfait » mais soit, il le suivit jusqu'à la cafétéria. Seulement une ou deux personnes y étaient présentes, le nez dans le journal ou dans une pile de lettres.
Julian et lui s'installèrent à une table en plein milieu de la salle, à l'opposé complet de celle que Harry et Draco avaient l'habitude de prendre. Cela lui fit bizarre. Ils commandèrent leurs cafés puis se mirent au travail. Bien évidemment, le rapport fut assez rapidement écrit et Harry finit par comprendre que le piège de la cafétéria était que Julian voulait discuter avec lui. Et une discussion avec Julian… c'était long et ça ne vous lâchait pas.
« Réponds-moi honnêtement, Harry. Comment te sens-tu ? »
Surpris par la subite question, l'interpelé hésita sur la réponse à donner. Il n'avait pas forcément envie de s'étaler sur sa vie avec son mentor. Harry était du genre à séparer vie privée et vie professionnelle. Mais un simple « ça va » ne suffirait pas à Julian. Le mieux était encore d'être flou :
« Bien, j'imagine.
- Écoute, je comprends très bien que tu n'aies pas envie d'en parler. Je ne sais pas ce que c'est d'être célèbre comme tu l'es. Mais je suis certain que parfois, se confier à une oreille qui sait écouter peut faire du bien. Et je pense que tu dois être plutôt tourmenté de partout en ce moment. »
La colère s'empara de Harry.
« Vous aussi, vous allez me demander des explications ? N'y a-t-il pas UNE personne sur Terre qui ne m'interrogera pas et fera comme si de rien n'était ? »
Julian ne se laissa pas démonter même si l'usage du vouvoiement sembla le blesser.
« Tu veux faire comme si de rien n'était ?
- Bien sûr ! C'est vous tous qui n'arrêtez pas de vouloir transformer ma relation, saine et normale, avec Draco en une affaire d'État ! Je commence à en avoir marre, moi. Il n'y a rien à dire.
- Tu as quand même conscience que tu t'acoquines avec un ancien mangemort ? Avec celui qui a fomenté le complot qui a mené Dumbledore à être tué ? »
Harry le regarda avec dégoût.
« Vous ne savez rien de ce qu'il s'est passé. Vous ne pouvez pas parler comme ça. Je vous croyais meilleur que ça. Vous me décevez. »
Julian poussa un soupir, semblant cette fois véritablement blessé. Mais il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Il n'avait qu'à pas amener le sujet après tout, pensa Harry.
« Très bien, répondit son mentor. Je me devais de te poser ce problème. Je n'en parlerai plus.
- Encore heureux… grommela Harry.
- Sache toutefois que si un jour, tu as besoin de parler, tu pourras toujours te confier à moi.
- Comme si vous n'alliez pas tout raconter après derrière, répliqua le jeune homme, de mauvaise foi.
- C'est vraiment ce que tu penses de moi ? »
Harry prit le temps de regarder l'auror. Il le fixait droit dans les yeux. Il aimait bien son mentor, il ne voulait pas que leur relation s'envenime. Et qu'au passage, Julian écrive un mauvais commentaire sur son dossier qui l'empêcherait de passer en troisième année.
« Non, finit-il par répondre, sur un ton un peu coupable. Mais c'est ce que me fait penser cette conversation. »
Julian soupira. De soulagement peut-être ?
« Écoute, excuse-moi d'avoir amené le sujet. Je ne le ferai plus. Mais est-ce que tu comprends qu'en tant que ton mentor, je me dois de bien te connaître ? »
Harry ne sut que répondre à cela. Il ne savait même pas s'il voulait vraiment lui répondre. Le sorcier sortit soudain une enveloppe décachetée de sa poche et la posa au centre de la table. Il la tapota du doigt.
« Vois-tu ceci ? C'est une plainte contre toi. Je te laisse deviner de qui. »
Un éclair de surprise traversa le visage du jeune homme.
« Le sorcier à qui j'ai cassé l'appareil photo ? demanda-t-il.
- Exact.
- Pourquoi n'est-ce pas moi qui l'ai reçue ?
- Elle ne t'était pas adressée. Regarde le destinataire. »
Harry retourna l'enveloppe et vit le nom du chef du bureau des aurors. Il pâlit brutalement.
« Il n'a pas osé…
- Et si. M. Robards m'a demandé de te la transmettre. Ne t'inquiète pas. Pour l'instant, seulement nous trois sommes au courant.
- Je vais passer devant la Cour ! Tout le monde va être au courant. Et il n'y a aucun moyen que je gagne contre lui. »
La panique commençait à le prendre. Qu'allait-il faire ? Comme s'il n'avait pas déjà suffisamment de choses à se préoccuper.
« Ne t'emballe pas trop vite, voulut le rassurer Julian. M. Grilled a proposé un accord entre vous deux, qui le "découragerait" de véritablement porter plainte.
- Oh Merlin. Qu'est-ce qu'il demande ?
- Un interview complète avec toi et M. Malfoy. Ainsi qu'une journée type de Harry Potter, en gros te suivre toute une journée. »
Harry prit sa tête dans ses mains, désespéré.
« Qu'est-ce que je vais faire ?
- Il aurait pu te demander bien pire. Je pense que tu t'en sors plutôt bien. Bien entendu, cela reste ta décision mais pour moi, tu devrais accepter.
- Il faut que j'en parle avec Draco d'abord. Je peux pas accepter comme ça.
- Bien sûr. Sache cependant que l'on doit rendre ta réponse avant la fin de la journée. »
Harry poussa un gémissement. Quelle journée pourrie ! Comment est-ce qu'il allait annoncer ça à Draco ? Julian lui fit un sourire qui se voulait encourageant et posa brièvement sa main sur celle du brun.
« Tout va bien se passer. Il n'y a pas mort d'Homme. »
Le jeune homme soupira et se ressaisit.
« Tu as raison. Ça va aller. »
Julian sourit à l'utilisation du tutoiement.
« Il faut toutefois que je te redemande. Comment te sens-tu ? »
Harry eut un sourire ironique auquel répondit son mentor.
« Comme si le monde entier était contre moi.
- Bien. Enfin je veux dire, c'est bien que tu le dises clairement. Et comme je te l'ai déjà dit, tu peux te confier à moi quand tu veux. Je suis sûr que je pourrai t'être utile.
- Ahah, et qu'est-ce que tu demandes en échange ?
- Hum… un dîner en compagnie de ma femme et de ma fille ? Elles rêvent de te rencontrer.
- Urgh, désolé, je ne fais pas dans le fan service.
- Tant pis, j'aurais essayé. Ma petite Séraphina va être inconsolable. »
Il rit un bon coup, poussant Harry à le suivre. Une idée en profita pour germer dans l'esprit de celui-ci.
« Julian, rappelle-moi quel âge a Séraphina.
- Elle va avoir cinq ans en août. Qu'est-ce qu'elle grandit vite ! s'exclama-t-il, comme nostalgique.
- Il se trouve que j'ai un filleul qui a récemment eu trois ans. C'est un métamorphomage donc on n'ose pas le sortir ailleurs que dans les milieux sorciers. Il n'a donc pas vraiment d'amis.
- Je crois que je te vois venir. Tu veux qu'il se lie d'amitié avec ma Séraphina ? »
Il avait le regard du père protecteur qui refuse que quiconque s'approche de trop près de sa progéniture. Harry sourit et acquiesça de la tête.
« Eh bien… si cela pouvait t'amener à venir dîner chez moi, je ne vois pas trop de raisons de dire non. Ahah très bien ! C'est décidé ! Toi et ton filleul êtes invités chez moi ! »
Harry sourit de toutes ses dents, content de voir enfin une solution pointer le bout de son nez pour le petit Teddy.
« Dis-moi quand est-ce que tu serais libre, qu'on s'organise ça. Elles vont être tellement heureuses !
- En ce moment, ce n'est pas trop possible. J'aimerais qu'on fasse ça après avoir réglé le problème avec… M. Grilled.
- Oui bien sûr, ce n'est pas urgent. On a tout notre temps. Mais ne me fais pas attendre une année complète non plus hein. »
Ils échangèrent un sourire qui acheva de mettre derrière eux la dispute qu'ils avaient eue plus tôt. Harry était soulagé que tout se termine bien avec son mentor. Il n'était cependant guère content de ce qui se dressait à présent devant lui. Il espérait qu'après avoir abattu ce mur, il pourrait enfin tourner la page sur tout ce qu'il s'était passé.
Julian et Harry continuèrent à discuter un peu, parlant notamment de la mission qu'ils allaient devoir exécuter cet après-midi et qui s'avérait un peu plus délicate que celle qu'ils avaient eu ce matin-là.
Puis son mentor regarda soudain un point au loin, derrière Harry et annonça :
« Je crois que ton rendez-vous de ce midi est arrivé, Harry. »
Ce dernier se retourna pour apercevoir Draco qui se dirigeait vers eux, avec un visage si fermé qu'il créa de bruissants papillons dans le ventre de Harry.
Eh oui, c'est un chapitre sans Draco ! C'est pour ça que j'ai choisi le titre de "Draco" car même s'il est absent, il est toujours présent au détour d'une conversation ou dans les pensées de Harry. J'avais vraiment écrit ce chapitre dans l'optique de ne pas faire apparaître du tout Draco (et c'était plus dur que je n'aurais cru, de devoir placer des obstacles sur le chemin de Harry pour l'empêcher d'aller le voir). Désolée pour le cliffhanger mais c'est pour la bonne cause XD Si vous avez trouvé la référence aux Sims Médiéval, dites-le moi en review et même si vous n'avez pas trouvé, n'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce chapitre, qu'on en discute ensemble ! (Harry a une tendance à être trop facilement en colère, vous ne trouvez pas ?) Vos reviews sont vraiment plaisantes à lire alors je voulais remercier toutes les personnes qui en avaient laissées jusque-là. Vous êtes de belles personnes et je vous envoie de l'amour ! ^^
Sinon, on se retrouve (avec chance) en août ou alors en septembre ! Profitez bien de vos vacances.
Chali
