Bonjour à tous !
Eh oui, on se retrouve deux mois après le dernier chapitre. Le pire, c'est que j'avais internet pour pouvoir publier ce chapitre 5 ! Mais quand est arrivée la date fatidique, que je n'avais que mon téléphone pour accéder à internet, je me suis rappelée qu'il fallait un document texte pour le transférer à FFnet… -_- Donc je n'ai pas pu… désolée…
Mais le voilà enfin ! Alors j'espère que vous l'apprécierez, surtout après le cliffhanger que je vous avais mis la dernière fois. Pauvres de vous, spoiler, il y en aura un autre à la fin de ce chapitre. Oh et grand honneur de ce chapitre ! on atteint la page 100 avec lui :D Ça y est, on est déjà dans des numéros à trois chiffres ! Et au rythme où va cette histoire, même quand on arrivera à 200, je n'en aurai pas terminé… D'ailleurs, mauvaise nouvelle, comme j'étais à l'étranger sans mon ordi, malgré le clavier bluetooth que j'avais emporté, je n'ai pas eu la foi de continuer l'écriture et je n'ai donc pas pu m'avancer comme je l'avais prévu T_T Arrivera donc peut-être bientôt le moment où vous devrez subir mon rythme d'écriture navrant de lenteur et ne plus vous contenter d'un chapitre par mois. Mais on n'y est pas encore donc hauts les cœurs !
Pour la suggestion de musique de ce chapitre, je vous conseille la version de Twenty One Pilot de "Can't Help Falling in Love" que vous pouvez trouver sur YouTube, sur leur propre chaîne. Je l'aime vraiment beaucoup et pour le coup, va tout à fait de pair avec ce début de chapitre (qui j'espère vous plaira beaucoup !)
Ce chapitre est séparé en deux moments et, d'une certaine façon, ressemble un peu à un huis clos par certains aspects je dirais. (Ou peut-être est-ce juste moi qui m'imagine des trucs ? dites-moi si vous avez eu la même impression.) Vous trouverez une discussion très importante à l'histoire entre Harry et Draco, qui devrait mieux vous permettre d'appréhender la personnalité de Draco qu'on ne connaît pas très bien pour l'instant ^^ Ma licence pro de communication m'aura pas mal aidé dans ce que diront Draco et Harry (oh tiens ! mais c'est le titre de ce chapitre !).
Sur ce, bonne lecture !
Chapitre 5 : Draco et Harry
Draco s'approcha de leur table et se planta devant Harry, ignorant superbement Julian. Le brun se leva vivement et déclara à brûle-pourpoint :
« Draco, il faut que je te dise quelque chose. »
Ce dernier afficha un regard surpris. Surprise que l'on ne pouvait remarquer que par la pointe de son sourcil gauche qui s'était légèrement relevé. C'est qu'ils n'étaient pas seuls.
« Qu'as-tu de si pressant à me dire ? »
Sa voix glacée perturba un instant le jeune homme. Celui-ci sentit soudainement le rouge monter à ses joues. Il balbutia :
« Oh… euh… eh bien… »
Ses yeux tombèrent sur son mentor qui sirotait tranquillement son café en les regardant d'un air curieux. S'apercevant qu'on l'observait, il reposa sa tasse, et regarda sa montre avec une horreur feinte.
« Ouh là, les jeunes. Il va falloir que je file si je ne veux pas me faire taper sur les doigts par la daronne. Amusez-vous bien ! »
Il se leva, remballa ses affaires et s'apprêta à partir mais s'arrêta.
« Harry, je te laisse la lettre. Tu me donneras ta réponse tout à l'heure. »
L'intéressé acquiesça puis souhaita un bon repas à l'auror. Lorsqu'ils se retrouvèrent enfin tous les deux, Harry, gêné, s'adressa au blond :
« C'est… c'était mon mentor, je dois passer tous mes vendredis matins avec lui. Euh… viens. Déplaçons-nous vers notre table. »
Draco hocha la tête et prit le sac de Harry avant que celui-ci ne puisse dire quoi que ce soit. Ils s'installèrent en silence. Puis le blond demanda :
« Alors ? Qu'est-ce que tu avais de si important à dire ?
- Je t'aime. »
Toute une panoplie d'émotion traversa le visage de Draco. Harry n'avait pas pu retenir les mots plus longtemps. Il n'avait tellement fait que penser à cette simple phrase ces derniers jours qu'il avait fallu qu'il la dise. Et la réaction de Draco en valait la chandelle. Alors que ce dernier contrôlait plutôt bien ses expressions, il avait à ce moment-là, le visage aussi rouge qu'une tomate et les oreilles d'une belle couleur cerise.
Incapable de se contrôler, il offrit son profil à Harry, bien que ses yeux se tournaient vers lui par instants. Il porta sa main droite à sa bouche, avant de la refaire tomber rapidement. Il s'éclaircit la gorge pour commander un verre d'eau. Harry ne l'avait pas quitté du regard, ses joues le brûlant tout autant que les mots qui avaient allumé un brasier chez son petit ami.
Ce dernier but son verre entier d'une seule gorgée avant de déglutir difficilement. Puis il demanda finalement :
« Pour de vrai ?
- Pour de vrai, répéta Harry du tac au tac.
- Oh Merlin. »
Il commanda un nouveau verre d'eau.
« Je… Tu ne peux pas imaginer à quel point tes mots me rendent heureux Harry.
- Dis-moi les tiens. »
C'était presque une supplication. Draco respira fortement par le nez. Puis laissant tomber le barrage de ses lèvres, il déclara :
« Je t'aime. Depuis très longtemps. »
Pris dans l'instant du moment, Harry attrapa la main de Draco et la serra vigoureusement. Heureusement qu'il n'y avait encore que très peu de personnes dans la cafétéria, pensa un instant le brun. Draco porta son autre main à son cœur, comme s'il voulait empêcher celui-ci de partir en vacances.
« J'étais persuadé que… pas que tu ne m'aimais pas, mais que tu n'étais pas véritablement amoureux de moi. Oh Merlin, tu n'imagines pas le soulagement et le bonheur qui m'habitent en cet instant. Ces années d'attente auront valu le coup.
- Excuse-moi d'avoir été si lent à m'en rendre compte. J'ai peur de t'avoir blessé au passage.
- Oh non, sûrement pas ! Je me doutais bien que tu ne pouvais pas avoir, d'un claquement de doigt, des sentiments pour moi comme par magie. »
Draco regarda leurs mains enlacées et un grand sourire s'étala sur son visage.
« Est-ce qu'on peut dire que l'on est véritablement un couple, maintenant ? plaisanta-t-il.
- Bien sûr ! Mais on l'a toujours été, répondit Harry qui n'avait pas saisi la plaisanterie.
- C'était une boutade, Harry.
- Oh. »
Le jeune homme rougit d'embarras. Mais il était vrai qu'il y avait quelque chose d'officiel qui flottait entre eux à présent. Peut-être pour la première fois depuis le début, il eut la certitude tangible qu'il était en couple avec Draco Malfoy.
« Mince, moi aussi je suis heureux. »
Le blond eut un rire grinçant, comme seul lui était capable de le faire.
« Parce que tu n'étais pas heureux jusqu'à présent ?
- Roh, commence pas à me taquiner.
- Ahah, d'accord, j'arrête. Mais n'oublie pas qu'embêter Harry Potter fait partie de ma nature. Tu ne t'en tireras pas comme ça, sourit-il.
- Mais qu'est-ce qui m'a pris de tomber amoureux de Draco Malfoy ?
- Mes charmes sont infaillibles, se vanta-t-il.
- Oh non ! Maintenant les gens vont vraiment croire que tu m'as ensorcelé ! »
Harry avait voulu faire là une blague et s'était attendu à ce que le blond lui réponde quelque chose comme « je t'ai ensorcelé de mon amour ». Oui, il espérait beaucoup de choses. Mais le visage de son amoureux s'était légèrement fermé et avait retiré sa main de la sienne.
« Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit-il aussitôt.
- Non… rien. Tiens, commandons du champagne pour fêter ça ! »
Sans plus attendre, Draco s'exécuta et avant que Harry ait pu dire quoi que ce soit, ils s'étaient tous les deux retrouvés avec une coupe entre les mains. Le blond leva son verre en direction du sorcier.
« À notre relation. »
Pris dans l'action du moment, Harry se retrouva à prononcer les mots suivants :
« Qu'elle dure longtemps.
- Ah non, tu vas nous porter malheur. Tu n'as décidément que peu de jugeote. »
Pour adoucir ses propos, Draco rit doucement. Finalement ils firent tinter leurs verres et y trempèrent leurs lèvres. Le champagne pétilla délicieusement dans la bouche de Harry. Puis il reposa sa coupe brutalement.
« Draco, je suis désolé.
- Comment ça ? s'inquiéta-t-il.
- De toute cette histoire avec la presse. Je n'avais pas réfléchi à tout ce que tu pouvais ressentir et comment tu devais le prendre.
- Cela ne me gêne pas tant que ça, tu sais. »
Draco mentait avec un aplomb étonnant. Harry était sûr et certain que son petit ami était loin de l'apparence tranquille qu'il voulait lui offrir. Il ne voulait pas l'inquiéter, comprit-il soudain. Il jouait les durs. Harry décida de réagir comme s'il croyait le blond, pour ne pas le blesser dans sa fierté, ne sachant trop comment percer sa carapace sans finir par l'énerver.
« Oh, d'accord. Si tu le dis. Ah ! Il faut que je te parle de quelque chose.
- Une autre déclaration ? s'amusa le blond. Pitié, ne me dis pas que tu as un enfant caché.
- Si, et il s'appelle Teddy. Mais plus sérieusement, lis ça. »
Il sortit la lettre de Grilled et la fit passer à Draco. Celui-ci souleva un sourcil inquisiteur, comprenant qu'il s'agissait de la même lettre que celle que lui avait confié son mentor tout à l'heure. Il la retourna et ouvrit les yeux avec étonnement en voyant à qui elle était adressé. Il interrogea Harry du regard.
« Est-ce que je peux vraiment la lire ?
- Oui, tu es concerné. »
Définitivement intrigué, Draco sortit les feuillets de l'enveloppe et commença sa lecture. Il poussa une exclamation de surprise et chercha aussitôt les yeux du brun.
« Par Merlin ! Il veut te faire passer en justice ?
- Continue », lui commanda Harry.
Le blond s'exécuta. Il ne dit cette fois plus rien jusqu'à avoir lu la totalité de la lettre. Puis il la reposa et but une gorgée de la coupe de champagne pour faire passer ses émotions.
« Tu vas accepter ?
- Je ne le ferai pas si tu ne veux pas. »
Draco ferma les yeux et se pinça l'arrête du nez. Harry avait rarement l'occasion de le voir aussi désemparé. Il lui faisait faire un rodéo d'émotions ce jour-ci dites donc.
« La question ne se pose pas, finit par répondre le blond. Je te suivrai dans cette histoire… d'interview. Salazar, cela sera la première interview de ma vie. Je ne vais jamais être prêt en un jour.
- En un jour ? »
Draco le regarda surpris.
« Tu n'as pas lu la lettre ?
- Non, mon mentor m'a seulement expliqué rapidement le contenu de la lettre.
- Si tu acceptes, l'interview aura lieu demain midi, non négociable, lui apprit-il.
- Histoire qu'on ne puisse pas se préparer…
- Exactement. »
Harry soupira profondément. Il n'était vraiment pas chanceux. Avec un sourire sur les lèvres, Draco posa sa main sur celle de Harry, en signe d'encouragement.
« Tout va bien se passer. Si tu acceptes, cela sera la fin de tous ces ennuis.
- Pff… tu as raison. Très bien, très bien. Je vais l'faire et on sera enfin tranquille. »
Sans prévenir, la carte des menus frappa le bras de Harry. Surpris, celui-ci poussa un cri de surprise. Draco regarda l'objet étonné puis eut un léger rire.
« Je crois qu'il est temps de commander notre repas.
- Oh là là, oui. Je m'étais encore jamais fait agresser par une carte ! »
Pour calmer cette dernière, il s'empressa de faire son choix et Draco fit de même.
« Ah oui ! s'exclama ce dernier. Il y a quelque chose que je voulais te demander. Toutes ces histoires ont failli me faire oublier.
- Quoi donc ? demanda Harry, curieux.
- Pourquoi est-ce que tu voulais me voir au manoir hier ? J'étais de sortie avec mes parents, il fallait que l'on… parle. »
Harry rougit, au souvenir de la veille.
« Oh… euh… je… j'voulais te dire que je t'aime. Mais du coup j'te l'ai dit aujourd'hui. »
Ce fut au tour de Draco de rougir. Pas autant que tout à l'heure mais Harry s'était habitué à ses petites oreilles rouges. Il trouvait cela terriblement adorable.
« Oh, je vois. »
Pour se donner contenance, il termina de boire son verre de champagne. Harry le suivit et commanda même un deuxième verre. La situation était quelque peu… gênante pour une raison qu'il ne s'expliquait pas.
Heureusement, les plats apparurent à ce moment-là, les distrayant suffisamment pour se reprendre. Harry avait commandé ces boulettes de viande qu'il appréciait tout particulièrement et Draco, un sauté de légumes. Ils commencèrent à manger avant que Draco ne dise soudain :
« Est-ce que je peux rester chez toi, ce soir ? »
Harry le regarda, surpris, ne s'étant pas attendu à une telle demande. Son petit ami prit une position gênée et tenta de s'expliquer :
« Je veux dire… histoire que l'on s'accorde sur ce que l'on va dire au journaliste demain, que l'on crée une sorte de "plan d'attaque" si tu vois ce que je veux dire.
- Oh… euh eh bien, oui, bien sûr, y a pas de problème. Tu veux venir directement après le travail ou tu veux d'abord passer par chez toi ?
- Je rentrerai d'abord chez moi, récupérer des vêtements et prévenir mes parents.
- O.K., O.K. Très bien. Tu peux venir quand tu veux. Je préviendrai Kreattur de faire à manger pour deux.
- O.K. »
Le repas se continua en silence. Un étrange sentiment flottait sur eux deux, que Harry n'arrivait pas à définir. Pour la première fois, il se demanda ce qu'il pourrait dire à Draco, histoire de faire reprendre la conversation et mettre fin à cette situation embarrassante. Ô Merlin… Draco allait dormir chez lui ! Leurs sentiments étant maintenant complètement réciproques, qu'est-ce qui allait se passer ? Le visage de Harry s'embrasa alors qu'une série d'image lui traversa l'esprit. Du coin de l'œil, il regarda Draco, qui avait sa parfaite posture d'aristocrate, et la tête de quelqu'un qui ne pensait absolument pas à ce genre de choses. Ou alors qui le cachait bien.
Mais quel pervers il faisait ! Si ça se trouve, Draco avait fait sa demande de manière complètement ingénue. Et lui qui trouvait aussitôt le moyen de détourner ça avec son esprit lubrique. Oh, il était mal barré. Il avait envie de l'embrasser. Ils ne s'étaient encore jamais embrassés, ça commençait à faire long après un mois. Il fallait qu'il se reprenne. Voyons, il ne pouvait pas décemment embrasser Draco Malfoy en public. Qu'il se reprenne, que diable !
Inconscient de toutes les pensées qui l'agitaient, l'objet de celles-ci prit la parole :
« J'ai croisé Granger ce matin.
- Ah bon ? s'étonna Harry qui tentait de se calmer.
- Elle m'a dit de prendre soin de toi et de ne pas te faire pleurer.
- Elle a vraiment dit ça ?
- Non, juste de prendre soin de toi », se moqua Draco.
Harry eut un sourire amusé. Draco était une personne si divertissante. Comment n'avait-il pas pu s'en rendre compte à Poudlard ?
« Ça lui ressemble bien, répondit-il.
- J'en conclus que tu lui as dit pour nous deux.
- Oui, elle et Ron. Je ne pensais pas leur dire si tôt mais disons que les… circonstances ont fait qu'ils m'ont poussé à cracher le morceau.
- Je pensais que tu le leur aurais dit bien plus tôt.
- Il faut croire que non. Je me suis persuadé que le moment n'était jamais le bon.
- Je vois ce que tu veux dire. »
o0O0o
Harry tressautait sur place, incapable de se contenir. Draco allait bientôt arriver et il lui était impossible de se calmer. Draco allait dormir chez lui ! Il se sentait comme un adolescent. Et le pire, c'est qu'il était déjà venu chez lui, deux fois. Et qu'ils avaient dormi ensemble une nuit ! Oh là là, est-ce qu'ils allaient faire des trucs cochons ? Non, il n'était pas prêt, ils ne s'étaient même pas encore embrassés. Il fallait faire les choses dans l'ordre.
Non mais qu'est-ce qu'il s'imaginait ! Draco n'avait sûrement pas la tête à ça, à tous les coups angoissé pour le lendemain. Angoissé, Draco ? Oh et puis oui, pourquoi pas ? Il était bien loin de l'image qu'il voulait se donner. Évidemment qu'il devait être angoissé ! Comme lui à l'instant présent en fait.
Harry vérifia pour la troisième fois que sa chambre était impeccablement rangée et que, oh, comme par hasard, deux petites bougies romantiques brillaient sur la table à manger. Il ne s'était pas lavé les dents se rendit-il soudain compte ! Il fallait qu'il se les lave. Imaginez qu'ils allaient s'embrasser, Harry ne pouvait pas sentir mauvais de la bouche.
La sonnette de sa porte retentit donc alors qu'il avait la bouche pleine de dentifrice. En poussant un juron, Harry cracha et se rinça. Il se précipita au rez-de-chaussée pour voir Draco confier son manteau à Kreattur. Son amoureux lui offrit un sourire éclatant. Harry était jaloux. Lui aussi il aurait aimé avoir des dents d'acteurs télé.
« Kreattur peut-il également prendre le sac de Monsieur ?
- Oh non, pas besoin. Je m'en occupe.
- Viens, je vais t'amener dans ta chambre », dit Harry en prenant la main libre du blond.
Celui-ci se laissa faire sans rien dire. Ils se retrouvèrent devant la chambre qu'avait brièvement occupé Draco la dernière fois qu'il était venu. L'aristocrate y déposa son sac à main, qui contenait son nécessaire, puis se tourna vers Harry.
« Bien, maintenant, que faisons-nous ? »
La question prit de surprise le brun qui ne s'y était pas attendu. Il avait pensé à tout sauf à préparer un plan d'activités. Il se sentait stupide mais se reprit tant bien que mal.
« Nous passerons à table dans à peu près une heure. Je n'ai rien prévu jusque-là, tu as quelque chose en tête ?
- Je me doutais que tu ne penserais pas à prévoir, déclara Draco avec un certain aplomb. Je me suis donc dit que cela serait le moment de préparer ce que nous allons dire à ce journaliste. J'ai ramené quelques papiers avec, marqués, nos droits et les différentes lois qui entourent ce genre d'entretien. »
Harry en fut bouche bée.
« Tu veux faire ça maintenant ?
- Bien sûr, pourquoi perdre notre temps ? Je veux être prêt à n'importe quelle question qu'il me posera.
- Euh… bah… O.K.
- Très bien. Où est-ce que l'on s'installe ? »
Harry était bien loin de se douter que sa soirée romantique se transformerait ainsi. Draco était implacable et ne perdait pas de vue une seule seconde l'objectif de cette rencontre. À certains moments, le ton monta entre eux deux mais, après le repas mangé et l'interview du lendemain décortiquée, ils purent enfin profiter d'un moment tranquille.
Draco, sentant sûrement que Harry était sur le point de casser quelque chose tant il tendu, accepta sans rechigner la proposition de ce dernier de regarder un film. Le blond émit toutefois la condition qu'il ne soit pas compliqué à comprendre. Sachant que Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain était en ce moment au cinéma et que Hermione l'avait enjoint à le voir, Harry proposa la sortie à Draco.
« Au cinéma ? Qu'est-ce que c'est que ça ?
- C'est l'endroit où on voit des films en grand écran, généralement ceux qui viennent de sortir. Les gens payent pour entrer. Tu sais qu'Amélie Poulain est un succès mondial ? Je suis sûr qu'il y aura des cinémas qui le jouent à cette heure-là.
- Les gens qui payent… jouer… c'est une sorte de théâtre en fait mais avec un écran à la place de la scène, c'est ça ?
- Oui c'est ça ! Exactement, s'exclama Harry, ravi que Draco comprenne.
- Mais quel est l'intérêt de regarder un film alors que tu pourrais voir une pièce avec de vrais acteurs ?
- Tu as pourtant bien vu un film avec moi ! Tu te rends bien compte que ça ne serait pas possible de réaliser une telle chose avec juste une scène de théâtre.
- Très bien, très bien. Emmène-moi à ce cinéma ! »
Avec un sourire, Harry rendit son manteau à Draco puis lui attrapa le bras avant de transplaner au cinéma où Hermione, Ron et lui avaient l'habitude de se rendre. Ils avaient de la chance, la prochaine et dernière séance de la journée d'Amélie Poulain commençait dans une quinzaine de minutes. Harry acheta leurs billets et ils s'installèrent dans la salle.
Draco était hilarant à regarder. Il n'avait pas l'air à l'aise du tout et s'était vexé lorsqu'il avait compris qu'il n'y avait pas de places en balcon. Devoir se mêler avec le reste de la populace était au-dessus de ses forces et il avait juré qu'il ne retournerait plus jamais dans un tel lieu. Il poussa également un glapissement de surprise lorsque les lumières s'éteignirent et qu'une pub agressive se lança. Harry en fut bon pour un fou rire qui ne se calma qu'avec le début du film.
Lorsqu'ils sortirent du cinéma, il eut droit à toutes les plaintes de Draco qui, semble-t-il, avait détesté et l'histoire et l'actrice. Mais qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir lui faire aimer à ce garçon, dites donc ? Il était bien compliqué.
Ils rentrèrent chez Harry et, comme il était tard, ils se séparèrent là, chacun se rendant dans sa chambre. Bien entendu, Harry espérait dur comme fer que Draco vienne le rejoindre. Mais celui-ci n'apparaissant toujours pas sur le seuil de sa porte, il se décida à aller le chercher. En simple caleçon, il hésita un moment devant la chambre de son petit ami avant d'oser enfin frapper. Il ouvrit ensuite silencieusement, sans attendre de réponse. La lampe de chevet était allumée et Draco était simplement plongé dans un livre qui semblait vivement le passionner.
Il leva les yeux à l'entrée de Harry et eut un mouvement de la lèvre inférieure que le brun ne put décrypter avant de glisser un marque-page et de refermer son bouquin. Prenant son courage à deux mains, Harry s'expliqua :
« Tu ne venais pas dans ma chambre, j'ai cru que tu n'osais pas. »
Draco le regarda, surpris.
« Tu voulais que je vienne te rejoindre ?
- Eh bien… oui !
- Tu aurais dû me le dire dès le début. Je ne pouvais pas savoir.
- Bon bah maintenant tu sais, s'énerva Harry. Est-ce que tu veux dormir avec moi, oui ou non ?
- Je n'aime pas trop quand tu me mets des ultimatums, Harry, mais puisque tu me le demandes, oui je veux bien dormir avec toi. »
Sur ces mots, Draco quitta son lit, qu'il refit correctement et éteignit la lampe de chevet. Dans la chambre sombre, il n'y avait plus que les ombres étirées par la lumière du couloir qui se faisaient face. En silence elles se rendirent dans la chambre de Harry. Celui-ci, soudain gêné, l'invita à prendre place sur le lit. La situation était, somme toute, gênante. Ils se glissèrent sous les couettes et se regardèrent dans le blanc des yeux. Draco finit par laisser échapper un rire.
« Arrête de me regarder comme ça, on dirait que tu t'attends à ce que je te mange.
- Je suis pas à l'aise, O.K. ?
- Mais alors pourquoi tu m'as demandé de dormir avec toi ?
- J'aime bien être avec toi… bougonna Harry.
- Moi aussi. Allez viens. »
Draco glissa ses bras autour de la taille du brun pour l'attirer contre lui. Il déposa un baiser sur son front.
« Embrasse-moi, l'enjoignit Harry.
- Pas ce soir. Si je le fais, tu ne vas pas dormir de la nuit et tu seras incapable de te concentrer pour demain. Un autre jour.
- Urgh, t'es pas marrant. Comment tu fais pour me connaître aussi bien ?
- Si ça peut te consoler, je serai moi aussi incapable de m'endormir.
- Ahah. »
Harry appuya son front contre celui de Draco et caressa sa nuque, faisant rougir les oreilles de ce dernier. Ils fermèrent les yeux et s'endormirent quelques instants plus tard.
o0O0o
« Harry… Harry ! »
Harry ouvrit les yeux en sursaut. Son corps était trempé de sueur et sa respiration, saccadée. Il faisait nuit noire mais il arrivait à discerner la silhouette de Draco au-dessus de lui, qui l'avait secoué pour qu'il se réveille.
« Tu gémissais et tu avais l'air de souffrir. Tu as fait un cauchemar ? » chuchota le blond avec l'air de vouloir s'excuser.
Son souffle commençait à se calmer. Le stress du rêve redescendant tout à coup, ses yeux s'embuèrent. Il ne voulait pas que Draco le voie pleurer. Sans y réfléchir plus, il le prit dans ses bras et cacha son visage derrière sa nuque.
« Que… Harry. »
L'instant de surprise passé, Draco répondit à son étreinte et lui caressa le dos du mieux qu'il pouvait. C'est-à-dire qu'il lui caressa plutôt les épaules.
« Ça va aller, lui murmura-t-il. Ce n'était qu'un rêve. Regarde, tout va bien. »
Les battements de cœur de Harry récupérèrent lentement un rythme normal. Après encore un moment où Draco lui prodigua de douces paroles, il reprit enfin le contrôle de ses émotions. Il se détacha alors de l'étreinte de son petit ami.
« Désolé, d'habitude je me calme plus vite.
- D'habitude ? Ça t'arrive souvent. »
Harry grimaça. Il ne voulait pas se diriger sur ce terrain-là.
« Ouais, on peut dire », répondit-il vaguement.
Puis, changeant de sujet :
« Quelle heure est-il ?
- Attends… quatre heures passées. Ça va mieux ?
- Oui, oui. Désolé de t'avoir fait subir ça.
- Ne t'excuse pas. Je suis content de t'avoir été d'une quelconque aide. Tu penses pouvoir te rendormir ?
- Ouais… je crois. »
Draco replaça les couettes au-dessus d'eux et se serra contre Harry. Ce dernier passa un bras autour de sa taille et plongea le nez dans ses cheveux blonds et fins, respirant avec plaisir son odeur.
L'aristocrate se rendormit vite mais il fallut beaucoup plus longtemps à Harry, que le cauchemar avait bien chamboulé. Depuis mardi dernier, il faisait des cauchemars toutes les nuits, cela commençait à devenir lassant et à l'exténuer. Quand serait-il enfin libéré de l'autre ? Son fantôme allait le poursuivre jusqu'à la fin de sa vie à ce rythme-là.
o0O0o
Le réveil de Harry les tira du sommeil alors que le soleil s'installait tranquillement au-dehors. Après une nuit mouvementé, Harry était tout sauf prêt pour la journée qui s'annonçait. Sa tête le lançait. Draco, lui, malgré le réveil, restait allongé, les yeux ouverts sur le plafond. Il se passa une main sur le visage qui termina dans les cheveux.
« Bonjour amour », lui sourit Harry.
Draco posa ses yeux sur lui et répondit à son sourire.
« Que me vaut un tel accueil ? Ah non pardon, pas accueil. Oh, je n'ai plus l'expression… »
Harry pouffa et se rapprocha de son petit ami.
« Juste une envie. On est en couple, on peut bien se donner des petits surnoms.
- Je te jure, si tu m'appelles ton lapin, je demande le divorce.
- Ahah ! Mon…
- N'essaie même pas, le coupa Draco.
- Très bien, très bien, mon chaton. »
Draco poussa un gémissement de désespoir.
« C'est terrible parce que je ne peux pas me venger ! se plaignit-il.
- Comment ça ? se moqua Harry.
- Quel que soit le surnom pourri que je te donnerais, tu en seras forcément content.
- Ahah, ça tu n'en sais rien !
- Je connais les gens de ton espèce.
- De mon espèce ? »
Harry partit dans un fou rire inarrêtable. Et face à la tête catastrophée de Draco, il ne pouvait que repartir de plus belle. L'aristocrate, outré, finit par lever les yeux au ciel et quitter le lit. Il lança un regard désespéré au sans-gêne qui s'était laissé aller sur le lit, incapable de calmer son rire. Harry se tenait le ventre tant celui-ci lui faisait mal.
« Ce n'est même pas drôle », se plaignit Draco avec une moue boudeuse.
En vérité, son visage ne montrait nullement une telle chose mais Harry pouvait la lire derrière le masque de sérieux qu'il essayait désespérément de garder. Finalement, Draco poussa un soupir et se rassit sur le lit, lui tournant le dos. Harry, malgré un grand sourire sur le visage, se rapprocha par derrière et l'enlaça.
« Tu sais que je t'adore quand tu fais ça ? lui chuchota Harry au creux de l'oreille.
- Ah… tu te joues de mes sentiments, là. »
Il avait frémi à la voix du brun et fermé les yeux. Sa main glissa sur celle de son amoureux et la porta à ses lèvres, lui embrassant le bout des doigts. Harry répondit à la caresse en enfouissant son nez dans la nuque du blond.
« Je n'en reviens pas de la vitesse à laquelle j'ai pu tomber amoureux de toi, exprima le brun à haute voix.
- Et moi donc. Je m'attendais à ce que l'on se déteste cordialement jusqu'à la fin de notre vie. »
Un léger rire reprit Harry. Puis il colla un baiser claquant sur la joue de son petit ami et se retira vivement de leur étreinte.
« Allez ! Je vais cuisiner des pancakes ! »
Draco, tout perdu par le soudain revirement de situation bloqua un instant. Mais il se reprit bien vite de ses émotions et suivit Harry jusque dans la cuisine, ce dernier étant toujours en simple caleçon. Alors que ce dernier sortait les différents matériaux qu'il comptait utiliser pour leur petit-déjeuner, Draco resta les bras ballant, ne sachant visiblement que faire.
« Ne devrais-tu pas t'habiller avant toutes choses ? Le temps n'est pas encore entièrement réchauffé, tu pourrais attraper froid.
- Je ne suis jamais tombé malade de cette façon, c'est pas aujourd'hui que ça va arriver », lui rétorqua Harry.
Bien incapable de répondre à ça, Draco conclut :
« Comme tu veux. Moi, je retourne m'habiller. »
Et il s'en fut à l'étage. Harry laissa un sourire taquin se dessiner sur son visage, alors qu'il entamait sa pâte à pancakes. Il était bien avancé lorsqu'un Draco tout préparé vint se coller à lui, le prenant par surprise. Il rit pour se remettre de ses émotions.
« Je n'ai jamais fait de pancakes, lui avoua le blond.
- Cela ne m'étonne pas de mon petit aristocrate.
- Nous, nous faisions des crêpes, continua-t-il.
- Ah bon ? O.K., là pour le coup, je suis étonné, s'exclama Harry. Je pensais que tu n'étais qu'un petit gamin pourri gâté incapable de cuisiner quoi que ce soit.
- Ne me prends pas pour n'importe qui, l'avertit-il. Mes parents ont mis un point d'honneur à ce que je sois capable de me débrouiller seul. Effectivement, il est rare que je cuisine étant donné qu'on emploie des elfes de maison, mais je sais cuisiner.
- Eh bien… tu m'en diras tant ! »
Harry restait très étonné de l'information, qu'il n'aurait jamais cru possible. Mais après tout, pourquoi pas ? Si cela faisait partie de l'apprentissage pour être un bon petit aristocrate, tout était possible.
« Et… tu aimes cuisiner ? lui demanda-t-il.
- Pas plus que ça. Je pense que c'est beaucoup de travail qui finit mangé en peu de temps, ce que je trouve particulièrement frustrant. De plus, je préfère largement le goût de la cuisine des elfes de maison, ils sont beaucoup plus compétents.
- Eh bien… je vais de surprise en surprise. Tu les penses plus compétents que toi ? Je croyais que la "noblesse au sang pur" était forcément meilleure qu'eux.
- Nous ne sommes pas meilleurs, nous leur sommes supérieurs. C'est différent. Il faut reconnaître leurs capacités si l'on ne veut pas un jour se retrouver avec une révolte sous les bras parce qu'on les aurait sous-estimés. Si nous les récompensons correctement au vu de leur travail, ils n'y penseront même pas.
- C'est amusant de voir à quel point nos avis diffèrent », se réjouit Harry.
Le brun trempa sa louche dans la pâte à pancake et la versa dans la poêle où de l'huile grésillait tranquillement. Une bonne odeur de cuisson mélangée au gras emplit l'air, faisant remuer le ventre vide des deux garçons.
« Pourquoi ? le questionna Draco. Pourquoi est-ce amusant ?
- Hum… comment expliquer ? Disons que penser que dans ce monde, alors même que l'on sort ensemble, qu'on est véritablement deux entités différentes, deux personnes avec des façons de penser différentes, c'est assez… bah, amusant ? Ne serait-ce pas ennuyeux si l'on pensait tous pareil ?
- Il n'y aurait pas de guerres.
- Hum certes. Mais comme le disent si bien les philosophes, l'être humain est un animal intelligent et discuter avec l'autre – je dis bien discuter et pas débattre, ça, c'est pas cool – discuter avec l'autre permet au cerveau de pousser ses fonctions de réflexions, tout ce genre de truc. Et cela nous amène à comment améliorer le monde pour qu'il corresponde à notre vision des choses. Et c'est comme ça que l'on choisit ses amis et ce qui nous entoure. Parce que personne ne peut changer le monde mais on peut se créer sa bulle, notre zone de confort. Mais parfois, c'est amusant, intéressant d'en sortir pour se frotter aux autres manières de voir le monde pour remettre au goût du jour notre pensée et pour que nos journées soient plus… piquantes. C'est pour ça que l'on a à la fois "qui se ressemble s'assemble" et "les opposés s'attirent". Les deux ne forment qu'un tout. Et regarde, on sort ensemble alors qu'en réalité, eh bien, on est quand même grandement différent. »
Draco avait tout écouté sans piper mot, prenant le temps de réfléchir aux mots de son petit ami. Pendant qu'ils parlaient, la pile de pancake s'était accumulée et il n'y avait maintenant presque plus de pâte dans le bol.
« Hum… cela mérite réflexion, finit par dire Draco. Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle-là.
- Ah, tu vois ! C'est ça aussi de s'ouvrir aux autres.
- Et il y a un détail qui m'échappe qui m'empêche d'y adhérer complètement, continua-t-il sans se préoccuper de Harry. En tout cas, c'est très intéressant que tu associes… eh bien "intéressant", et "amusant".
- Hermione m'a dit un jour qu'il existait en japonais un mot qui regroupait ces deux idées. Je ne me rappelle évidemment plus ce que c'était mais voilà, à l'autre bout du monde, des personnes ont pensé comme moi et de là, a été créé un mot. »
Harry éteignit le feu sous la plaque et attrapa l'assiette de pancakes pour l'amener sur la table de la cuisine, Draco étant chargé d'apporter les condiments que l'on pourrait ajouter dessus. Ils s'installèrent côte à côte et commencèrent à manger.
« Je crois que ce genre de conversation n'est bien possible qu'à deux, commença Draco.
- C'est-à-dire ?
- À deux, on écoute l'autre parler, on prend le temps de réfléchir pour répondre. Sauf si bien sûr, il y a une relation inégale. Par relation inégale, j'entends entre une personne avec une position de supériorité, pas forcément de classe sociale, mais par exemple quelqu'un qui aime donner son avis et s'écouter soi-même parler, quelqu'un qui est confident envers lui-même tandis que l'autre non. Si le "supérieur" ne permet pas à la personne, disons sans confiance en soi, de s'exprimer, il n'y a là qu'une conversation dans un seul sens et personne n'en retirera rien. Le supérieur aura eu l'impression qu'une conversation a eu lieu alors que l'inférieur se sera senti méprisé de bout en bout, ce qui l'amènera sûrement à ne jamais remettre le sujet sur la table, par crainte de devoir à nouveau passer par une épreuve où il ne peut agir que soumis.
« À partir de trois personnes, il y aura nécessairement, à un moment X, un deux contre un. Qui peut changer très rapidement mais qui existera quand même. Et dans ces moments-là, voulant à tout prix donner son avis, on se parlera les uns sur les autres, et là aussi, une conversation solitaire se déroulera, où aucun ne trouvera de réconfort. Personnellement, en groupe, ou face à un supérieur, je n'ai jamais vraiment su m'exprimer et j'ai toujours été incapable de pouvoir avancer mon opinion car face à l'autre, je ne peux qu'hocher la tête. On ne me donne jamais la parole et c'est juste quelque chose de si terrible ! Je me sens si… ah, comment dire, si… inutile, imbécile, ignorant parce que l'autre sait utiliser ses mots et les poser et me refuse tout droit à la parole. Rah, non, désolé, ce que je dis n'est plus très clair.
- Si, si. Je crois que je comprends, un peu. Je ne sais pas trop quoi te répondre là-dessus, par contre.
- Hm, ne t'en fais pas. Que tu m'aies écouté suffit, c'est suffisamment rare. »
Draco sourit à Harry. Et celui-ci, pris d'un élan d'affection, colla son épaule et sa tête contre lui, la bouche pleine de pancake et de pâte à tartiner. Ils mangèrent en silence un moment, appréciant cet instant à deux. Puis, alors que Harry étalait sa confiture de pomme, il demanda :
« C'est pour ça que tu es devenu mangemort ? »
Draco ne réagit pas, terminant seulement d'avaler sa bouchée.
« Peut-être. »
o0O0o
Le journaliste à qui Harry avait cassé l'appareil photo leur avait donné rendez-vous dans un café peuplé du Londres moldu. D'un aspect jazzy, il était le repère des habitants du quartier, qui y avaient leurs habitudes. Faisant partie d'un vieux bâtiment datant d'après le grand incendie de la ville, l'isolation y était pauvre. Au mur était accrochées des peintures d'art moderne qui, paraît-il, avaient été peintes par le patron lui-même, qui en faisait son second métier. Depuis les fenêtres, on pouvait apercevoir au loin la grande roue de la capitale.
Harry aurait aussitôt apprécié l'endroit si ce n'avait été pour la raison pour laquelle ils étaient venus. Draco, quant à lui, eh bien Draco avait arboré son masque de glace, donc Harry ne pouvait le percer. Mais il sentait qu'il était mal à l'aise dans ce genre de lieu, trop éloigné des endroits dont il avait l'habitude. Le bruit, l'odeur et les moldus devaient y être pour quelque chose.
Ils repérèrent immédiatement M. Grilled qui les attendait à une petite table ronde, un café fumant devant lui. Les apercevant, celui-ci se leva aussitôt et les invita à s'approcher, un grand sourire sur le visage. Harry comme Draco arborèrent un sourire hypocrite que l'on aurait pu sans problème qualifier de sourire de vendeur. Le journaliste semblait vouloir, visiblement, apaiser d'entrée de jeu la situation qui s'annonçait. Ou qui se poursuivait de la semaine précédente. Ils se serrèrent la main.
Après une hésitation, le couple s'assit face à l'homme. Un silence gênant s'installa alors qu'ils attendaient qu'un serveur arrive récupérer leurs commandes. Celles-ci faites et les boissons arrivées, M. Grilled se lança :
« Bien, par quoi est-ce que vous voulez commencer ? »
o0O0o
« Qu'on soit clair, on ne dit surtout pas que l'on est en couple, hein ? »
Draco regarda Harry avec de grands yeux.
« Bah bien sûr que non, s'exclama-t-il. Tu veux qu'on parle de nous pour le millier d'années à venir ?
- C'est juste que je me disais qu'un jour ou l'autre, les sorciers seront bien au courant de notre relation, s'expliqua le brun.
- Eh bien… le plus tard sera le mieux. Habituons-les déjà à ce que l'on soit amis.
- C'est sûr… »
Harry joua avec ses doigts un moment puis continua :
« Toute cette situation… ne te dérange pas ?
- Bien sûr que si.
- Non, je veux dire… tu veux encore rester avec moi ? »
Le regard de Draco s'attendrit.
« Évidemment que je veux rester avec toi. C'est pas quelques imbéciles qui vont nous séparer.
- Je suis désolé… Je n'aurais jamais dû agir comme je l'ai fait.
- Harry, le passé c'est le passé. Tu ne peux rien y changer.
- Sauf si j'ai un retourneur de temps, ironisa-t-il.
- Oh ! tu m'as compris, hein ! »
Harry éclata de rire et prit la main de Draco dans un élan d'affection. Ils se regardèrent en silence, puis se sourirent tendrement. Le blond serra les doigts de son petit ami et lui dit :
« Tout va bien se passer. »
o0O0o
« Bien, par quoi est-ce que vous voulez commencer ? »
Les amants se regardèrent et Harry fut celui qui répondit :
« Par des excuses. Je tenais sincèrement à vous demander de m'excuser pour le comportement odieux que j'ai eu envers vous samedi dernier. J'ai agi de façon irréfléchie et immature, sous le coup de la colère. Excusez-moi. »
Avec un dernier regard pour Draco, Harry sortit une enveloppe de sa poche. Il la tendit au journaliste en expliquant :
« J'aimerais vous offrir une compensation financière pour votre appareil photo. J'espère que cela pourra atténuer le choc affectif que vous avez dû ressentir lorsque je l'ai cassé. »
M. Grilled avait les sourcils relevés mais il ne dit rien. Comprenant qu'il ne prendrait pas l'enveloppe, Harry la posa sur la table devant lui. Le journaliste croisa les jambes, prit une gorgée de café tout en zyeutant sur le couple. Puis un grand sourire se colla sur son visage. Il récupéra l'argent, remercia d'un geste de la main et le glissa dans sa veste, posée sur le dossier de sa chaise.
« Vous êtes quelqu'un de très droit, M. Potter. Merci pour votre geste. Vous avez agi comme j'espérais que vous le fassiez. »
Draco bougea sur sa chaise. Harry lui jeta un œil, celui-ci semblait avoir mis le doigt sur quelque chose.
« C'est pour cela que vous n'avez pas demandé d'excuses dans votre lettre, commença le blond. Je trouvais cela bizarre. Vous vouliez des excuses sincères et non dictées par un chantage, c'est cela ?
- Perspicace, commenta Grilled. Oui, vous avez raison M. Malfoy. Bien que je trouve que le mot "chantage" soit un peu fort. Je sépare les gens dans deux cases. Ceux qui s'excusent d'eux-mêmes et ceux qu'il faut pousser. Autant vous dire que j'ai plus d'estime pour les premiers. Vos excuses sont acceptées M. Potter. Votre argent servira à rembourser la réparation de mon appareil.
- Un reparus n'a pas suffi ? s'étonna Harry.
- Voyons M. Potter, pour une machine aussi délicate qu'un appareil photo – surtout tel que le mien –, il faut faire appel à des professionnels. J'étais très en colère que vous l'ayez cassé sans y repenser à deux fois.
- Excusez-moi, bafouilla Harry, qui se sentait soudain stupide.
- Ce qui est fait est fait, plus la peine de s'excuser. »
L'homme d'âge mûr termina son café d'une traite, alors que ni Harry ni Draco n'avaient encore touché à leurs boissons.
« Voyez-vous, M. Potter, ma carrière n'était pas au beau jour, se mit à raconter le journaliste. On ne me donnait que de petits articles à écrire. Et, comme vous avez pu le constater, je n'étais plus bon qu'à être critique d'expositions. Mon éditeur m'avait même prévenu que je serais bientôt mis sur la touche. Comprenez que le papier que j'ai pu écrire sur vous deux a permis de me remettre sur les rails. Donc d'une certaine façon, je vous en suis reconnaissant. Ma carrière profite d'un nouveau souffle ! »
Harry et Draco se regardèrent, surpris. Ils ne s'attendaient pas à cela. Ceci expliquait donc pourquoi Grilled avait un grand sourire depuis le début de l'entretien. Celui-ci continua d'ailleurs :
« Cette interview exclusive avec vous deux, bien que poussée par certaines… circonstances, ne me rend donc que plus heureux. Je compte donc sur vous pour les réponses que vous allez me fournir. Donnez-moi de quoi écrire un bon article et je nous promets la une. »
Ne sachant que répondre, le brun secoua doucement la tête. D'une certaine façon, ce journaliste lui paraissait… un peu barré. Il croisa les doigts pour qu'il ne soit pas du même genre que Rita Skeeter, il en avait eu plus qu'assez avec elle. Leurs repas arrivèrent à ce moment-là, tout fumants. M. Grilled poussa un cri de ravissement quand un bar fut placé sous son nez. Ils commencèrent à manger en silence, le couple toujours un peu mal à l'aise par la situation, et le journaliste semblant s'amuser de tout. La bouche pleine, celui-ci finit par leur demander :
« Bien, est-ce que cela vous dérange si nous commençons l'interview maintenant ? »
Harry et Draco échangèrent un regard avant d'acquiescer tous deux.
« Très bien ! Ça vous gêne si j'enregistre notre conversation avec ceci ? »
Il sortit de sa sacoche posée au sol un dictaphone. Draco fronça les sourcils, il ne devait pas comprendre ce que c'était.
« Je n'y vois pas d'inconvénient, répondit Harry.
- Moi non plus », dit aussitôt l'aristocrate.
Harry faillit éclater de rire car il était certain que le blond avait donné son accord sans savoir ce qu'était l'objet, juste pour ne pas faire mauvaise figure. Il tenait là un argument irréfutable de pourquoi il était important d'avoir des liens avec le monde moldu. Il le lui ressortirait un jour, tiens.
« Parfait ! »
M. Grilled mit en marche l'instrument et prit son carnet où étaient déjà notées quelques questions que Harry ne pouvait voir de là où il était. Un crayon dans une main et sa fourchette dans l'autre, il demanda :
« Vous préférez d'abord les questions individuelles ou ensemble ?
- Ensemble, s'il vous plaît, répondit Draco.
- Très bien. Alors… commençons par le début : depuis quand est-ce que vous entretenez votre relation ? Quand est-ce que vous avez commencé à vous parler de façon régulière ? »
Le couple se regarda un instant. Ils avaient convenu de laisser principalement Harry parler, ce fut donc lui qui prit la parole :
« On s'était pas parlé depuis Poudlard, donc plus de deux ans. Et puis un jour, je crois que c'était fin février, début mars, j'ai croisé Draco et sans raison particulière, on s'est mis à discuter. Puis on s'est recroisé au Ministère et depuis on s'entend plutôt bien. »
Draco eut un tic nerveux au « plutôt bien ». Harry le sentait qui se moquait intérieurement de lui. S'ils avaient été seuls, il lui aurait écrasé le pied. Mais ils ne l'étaient pas. Donc Harry continua son histoire :
« Voilà, il n'y a pas de vraiment de trucs particuliers, on s'est juste rendu compte que maintenant que l'on était plus mature, on pouvait très bien discuter sans se taper dessus.
- Hm, hm, je vois. Cela va en décevoir plus d'un.
- Et pourquoi ? lança froidement Draco.
- Oh les gens aiment le sensationnel, expliqua Grilled sans se démonter. Deux personnes qui deviennent amis simplement, ce n'est pas très intéressant. »
Draco eut un reniflement dédaigneux mais ne répondit pas, préférant manger une nouvelle bouchée de son gratin de légumes. Assistait-on là à l'une de ces situations où l'interlocuteur était un « supérieur » comme en avait parlé Draco ce matin-là ?
« M. Malfoy d'ailleurs, que pensez-vous de ces accusions disant que vous avez soumis M. Potter au sortilège de l'impérium ?
- C'est bien évidemment faux, répondit le blond de tout son pédant.
- Pourquoi ?
- Vous me demandez pourquoi ? Mais qu'aurais-je à y gagner ?
- Eh bien… beaucoup de choses M. Malfoy, selon les sorciers. À commencer par une réévaluation de votre influence dans les hautes sphères de la magie.
- Pf, j'obtiens mon influence de moi-même et certainement pas par le biais d'autres personnes.
- Certes, certes… Et vous M. Potter ?
- Quoi donc ? répondit l'intéressé.
- Votre amitié avec M. Malfoy a-t-elle des répercussions positives sur votre influence ?
- Pardon ?! s'exclama Harry, outré qu'on lui pose une telle question. Je ne suis pas devenu ami avec Draco dans un quelconque but politique !
- Oui, oui, bien sûr, ce n'est pas du tout ce que j'insinuais », s'empressa de s'excuser le journaliste, peu désireux de voir à nouveau quelque chose lui être cassé.
Discrètement, Draco glissa brièvement sa main sur la cuisse de Harry. Celui-ci, comprenant qu'il devait se calmer, fit passer sa colère en buvant une gorgée de sa bière. Grilled s'éclaircit la gorge soudain mal à l'aise avant de continuer :
« Vous affirmez donc tous deux que M. Potter n'est pas sous l'influence d'un sortilège d'impérium.
- Oui, répondirent les deux jeunes hommes en même temps.
- Avez-vous un moyen de le prouver ? »
Le couple échangea un regard, ne s'étant pas attendu à cela. Finalement, Harry tenta :
« Il n'y a pas vraiment de moyens de le prouver mais sachez qu'en quatrième année, alors que Barty Croupton Jr. nous faisait cours de Défense contre les forces du mal sous l'identité d'Alastor Maugrey, j'ai appris à résister à ce sortilège impardonnable. Je ne peux pas être sous son influence, asséna-t-il.
- D'accord, j'ai bien compris, nota le journaliste. Bien… j'ai donc les deux réponses qu'attendent le plus le public. Je vais continuer sur ma lignée. Comment était votre relation à Poudlard ? »
Pourquoi posait-il une question de ce genre ? Cela n'avait rien à voir avec la situation. Draco prit aussitôt le contrôle sans que Harry puisse dire quoi que ce soit :
« Je vais être honnête avec vous, M. Grilled, nous nous détestions au plus haut point.
- O.K., mais alors pourquoi est-ce que ça a changé ?
- Mais enfin… on vous l'a dit plus tôt. Nous sommes devenus adultes. Il était stupide de rester sur de vieilles querelles, soupira le blond.
- Je continue à trouver que cela sort de nulle part.
- Ça ne sort pas de nulle part, le coupa Harry.
- C'est-à-dire ? s'interrogea le journaliste, soudainement très intéressé.
- Notre haine, l'un envers l'autre, était… rah, comment dire ? J'avais beau le détester à l'époque, j'étais toujours obsédé par ses moindres mouvements et à chercher des raisons de le surveiller.
- Et il y en avait ? des raisons ? »
Draco lança à Harry un regard noir mais celui-ci l'ignora.
« Bien sûr que non. C'était un simple élève, qui se retrouvait dans les situations étranges que j'ai pu connaître… en grosse partie. J'avais refusé son amitié en première année, je pense que j'ai, d'une certaine façon, voulu que quelque chose la remplace. À l'époque c'était par la haine et aujourd'hui j'ai de nouveau son amitié. C'est tout.
- Je vois, murmura Grilled en prenant des notes sur son calepin. Et vous M. Malfoy, votre mot là-dessus ? »
L'air qu'il arborait fit comprendre à Harry qu'il n'avait pas manqué l'échange de regard que le couple avait eu. Le blond resta un moment silencieux. Puis il ferma les yeux pour les rouvrir.
« J'ai effectivement offert mon amitié à Harry en première année et j'ai été très vexé qu'il rejette ma main tendue. Il faut dire que peu de choses m'étaient refusées à l'époque. Voyez-vous, il s'agissait de Harry Potter, celui qui avait défait Vous-savez-qui. Je me devais d'être son ami, c'était une évidence. Donc oui, je suis devenu son "ennemi" d'école. Mais au fond de moi, j'ai toujours voulu être son ami. Je suis plutôt heureux que cela soit le cas maintenant. »
Harry regarda son petit ami, bouche bée. Il ne s'était pas attendu à cela. Draco continuait à le surprendre encore et encore. Il n'aurait jamais pensé qu'il se divulgue ainsi à un inconnu qui allait raconter toute sa vie au reste du monde. Une bouffée d'amour le prit.
« Okay… et là, aujourd'hui, comment gérez-vous vos différends ? Pas vos disputes, hein. Mais plutôt ce que vous êtes.
- Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? s'interrogea Harry.
- Eh bien… vous savez ! Le sauveur et le mangemort ! Qu'est-ce que cela fait ? »
Harry vit aussitôt rouge et se leva d'un bond, faisant tomber sa chaise. Aussitôt le café devint silencieux autour d'eux. Draco saisit le bras du brun et lui dit durement :
« Harry, tu te rassoies tout de suite. »
Le jeune homme sembla reprendre ses esprits, se rendant compte de ce qui l'entourait. Il se débarrassa de la prise de son petit ami et remit sa chaise sur ses pieds. Avec un dernier regard pour le blond, il se rassit sèchement. Les conversations avaient déjà repris, comme si rien ne s'était passé. Draco, affichant son masque glacé, glissa à l'intention du journaliste :
« M. Grilled. Nous sommes enclins à répondre à vos questions. Ne laissez pas passer cette chance. »
Ce dernier était devenu blafard, comprenant la menace sous-jacente de l'aristocrate. Tremblant légèrement, il but son verre d'eau pour se donner bonne mesure. Il ne réussit guère qu'à s'étouffer avec. Toussant, il jeta un regard au couple. Harry se sentait prêt à lui foutre une beigne et faisait de son mieux pour se contrôler.
« Kof, kof… eh… eh bien, passons à la question suivante. »
Le journaliste leva un œil anxieux au brun avant de continuer :
« Quel message aimeriez-vous transmettre au public ? »
Harry toujours bouillonnant, ce fut Draco qui prit la parole :
« Notre amitié est tout ce qu'il y a de plus normal et nous aimerions que les gens arrêtent de venir s'en enquérir.
- Pas… pas d'autres choses à dire ?
- Non, rien de plus. Si… je ne vais pas changer ma manière d'être juste pour eux. Les personnes qui m'entourent m'acceptent pour ce que je suis, je n'ai pas besoin de l'approbation d'inconnus. »
Le journaliste avait repris des couleurs. Il remercia Draco d'un signe de tête et mangea un autre morceau de son poisson qui refroidissait et qu'il n'avait guère touché depuis le début. Harry avait presque terminé son burger et Draco était à la moitié de son gratin.
« Bien, j'en ai terminé avec les questions pour vous deux. J'aimerais passer aux questions personnelles. Est-ce que vous voulez y répondre seul à seul ou avec l'autre présent.
- Je ne resterai pas seul avec vous », grinça Harry.
Grilled déglutit mais tenta de n'en rien montrer.
« Ensemble, cela sera bien, adoucit Draco.
- O… O.K. Qui veut commencer ? M. Potter ou M. Malfoy ?
- J'y répondrai en premier, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, se lança le blond avant même que Harry puisse dire quelque chose.
- Aucun, aucun. Bien, première question : quelle est votre situation aujourd'hui ? Où en êtes-vous ? Que faites-vous ? Ce genre de questions.
- Eh bien, je travaille comme apprenti au Département de la justice magique, au Ministère. Je vis comme je peux. Je ne vois pas trop ce que je peux dire de plus.
- Pourquoi avoir choisi le droit comme métier ?
- Je n'ai jamais aimé… les injustices. J'ai toujours été intéressé par le droit sorcier d'aussi loin que je me souvienne en tout cas. »
Harry s'abreuvait des paroles de Draco. Il n'avait jamais pensé à lui demander cela. Pourquoi ne l'avait-il pas fait avant ?
« Comment voyez-vous l'avenir de la famille Malfoy ?
- … Depuis la fin de la guerre, elle a subi des difficultés, mais je suis certain que nous saurons à nouveau être une composante essentielle des hautes sphères, peu importe le temps que cela prendra.
- Et Harry Potter est-il un moyen d'y arriver ?
- Non mais vous êtes sérieux ? s'exclama ledit Harry. Draco, tu n'as pas à répondre à ça. »
Ce dernier posa sa main sur son bras une seconde. Un simple contact, le plus bref possible, qui lui demandait de le laisser gérer la situation.
« Harry est mon ami, jamais je n'utiliserais son influence dans la société sorcière. Je ne peux pas vous laisser insinuer cela, menaça-t-il.
- Ce n'était pas… commença le journaliste. Je… bon… dernière question : pour quelle raison M. Potter a plaidé en votre faveur lors du procès de votre famille il y a maintenant trois ans ? »
La surprise frappa le visage de Draco. Enfin… quand on peut parler de surprise. Ses yeux seulement s'étaient légèrement écarquillés.
« Je… ne sais pas. »
Il se tourna vers Harry, attendant que celui-ci réponde.
« J'ai plaidé en ta faveur parce que tu étais manipulé par Tu-Sais-Qui et que tu n'avais pas le choix. Et parce que tu nous as aidé en faisant croire que tu ignorais qui j'étais lorsque nous avons été emprisonné dans ton manoir. Ta mère aussi, qui a sauvé ma vie. »
Les yeux de son petit ami pétillèrent et il fronça les sourcils puis tourna la tête. Pourquoi agissait-il comme ça ? Harry avait-il dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Il aurait voulu avoir un geste doux mais les circonstances l'en empêchaient. Le journaliste, quant à lui, terminait de prendre ses notes.
« Très bien. Merci beaucoup M. Malfoy. Est-ce que l'on peut passer à vos questions M. Potter ? »
Celui-ci soupira puis lâcha :
« Allons-y.
- O.K., alors, nous connaissons déjà tous plutôt bien votre parcours donc je vais passer directement aux questions précises. Je me suis fait une petite liste mais elle n'est pas très thématique. Quelles mesures comptez-vous prendre par rapport aux mangemorts toujours en liberté, une fois devenu officiellement auror ?
- Ce que ferait n'importe quel autre auror, me mettre à leur recherche pour les faire passer en procès.
- Hm. Que pensent vos amis concernant votre relation avec M. Malfoy ?
- Ils sont heureux de voir que j'ai dépassé mes différends avec Draco. »
Un mensonge bien évidemment. Préparé à l'avance, évidemment. Ça, c'était le genre de questions qu'ils avaient attendu car il était évident qu'elles allaient tomber.
« Votre amitié est-elle un moyen de dire aux sorciers qu'il faut laisser le passé de côté et accueillir à nouveau les ex-mangemorts dans la société ?
- Mais… je suis pas devenu ami avec Draco en pensant à des trucs comme ça ! Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que vous alliez chercher une raison à tout alors que des fois, il y en a juste pas ? »
Grilled sembla un peu gêné et préféra ne pas répondre pour poser une nouvelle question :
« Pen… Pensez-vous un jour vous marier et avoir des enfants ? »
Mais c'étaient quoi ces questions ? Harry en resta bouche bée.
« Je… Je ne sais pas. J'ai déjà mon filleul…
- Oh oui, le petit orphelin. Comment s'appelle-t-il déjà ?
- Ted…
- Dans ce cas, comptez-vous vous occuper en tant que son parrain du jeune Ted de la même façon qu'un père le ferait ?
- Bien… bien sûr. C'est ce que j'aurais voulu qu'on fasse pour moi. »
Harry fronça les sourcils, il n'avait pas voulu dire cette dernière phrase. Il s'était fait avoir par le rythme des questions. Il avait hâte que tout ça finisse, il n'en pouvait plus.
« Plus que deux questions et j'en aurai fini, promit Grilled, semblant se rendre compte de la fatigue mentale de Harry. Tous les jeunes à Poudlard rêvent de devenir comme vous, M. Potter. Avez-vous quelque mots à leur dire ?
- … N-Non ? Qu'ils profitent de leur jeunesse tant qu'ils le peuvent encore.
- Très bien et dernière question : comment vivez-vous depuis la mort de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ? »
Cette question le glaça, lui rappelant de multiples souvenirs dont il se serait bien passé. Il balbutia :
« Comment… comment je ? »
Il essaya de capter le regard de Draco à côté de lui. Celui-ci répondit à sa détresse en touchant son genou contre le sien. Harry déglutit.
« Je fais avec », se contenta-t-il de répondre.
o0O0o
Ils transplanèrent sur le perron du 12, square Grimmaurd. Il s'était mis à pleuvoir depuis quelques minutes alors ils se précipitèrent à l'intérieur. En silence, Harry se dirigea vers la cuisine pour préparer du thé, sous le regard inquisiteur de Draco. Lorsque leurs tasses furent remplies et qu'ils s'assirent autour de la table, ils poussèrent un même soupir.
« Tu vas bien ? s'enquit Draco.
- Oui, ça va.
- Tu es sûr ?
- Puisque je te dis ! »
Draco caressa le visage de son petit ami.
« Harry… tu as le droit de ne pas te sentir bien, après tout ça.
- Mais ça va… je te jure. »
Draco lui offrit un sourire indulgent. Il lui ébouriffa les cheveux et but une gorgée de son thé.
« Sache que si tu veux parler, je suis là. »
Seul le silence le répondit. On n'entendait que le cliquetis de l'horloge et la douce odeur de la camomille envahissait la pièce. Draco rapprocha sa chaise de Harry et posa sa tête sur son épaule. Une agréable chaleur enveloppa le brun qui poussa un soupir.
« Merci Draco. »
Ils restèrent ainsi, tranquillement, appréciant leur moment à deux que personne ne pouvait leur prendre. Un sentiment intangible se tissait autour d'eux, les enfermant dans leur propre monde. Ils discutèrent doucement, tendrement, parlant de détails inutiles mais si précieux. Des détails de vie, des détails d'amour. La lumière chaleureuse d'après la pluie baignait la cuisine gentiment.
« Mon filleul va bientôt arriver, chuchota Harry en regardant l'horloge.
- Il est déjà si tard ? Il vaudrait mieux que je parte.
- Tu ne veux pas rester ?
- J'ai déjà dormi chez toi, je ne veux pas inquiéter plus que de mesure mes parents.
- Tu… tu t'entends vraiment bien avec tes parents, hein ?
- On est une famille soudée, expliqua Draco qui n'avait pas réellement compris la question de Harry.
- Je t'envie.
- Tu m'envies ? »
Leurs mains enlacées se caressaient mutuellement. Draco se plongea dans les émeraudes de Harry, à la recherche d'une réponse. Celui-ci détourna le regard, pour le poser sur leurs mains, sur ce contact amoureux.
« Bah tu sais bien, murmura-t-il, moi, je n'ai pas de parents. Je ne connais pas ça.
- Oh Harry, je n'ai pas dit ça pour que tu te sentes triste.
- Je sais bien. Mais je ne peux pas m'empêcher de t'envier. »
Draco, de sa main libre, effleura la joue de son petit ami. Il l'attira à lui pour l'embrasser sur le front, sur sa cicatrice.
« Ma famille sera plus qu'heureuse de t'accueillir comme un de ses membres. »
Harry ferma les yeux, baignant dans les douces paroles de son amant.
« Draco, c'est pas contre toi mais je doute que tes parents m'accueillent aussi bien que tu le penses.
- Tu ne les connais pas, lui sourit-il. Tu serais surpris.
- Hm, si tu le dis », répondit-il, plus par désir de ne pas se disputer avec son petit ami que par réelle conviction.
Draco se leva de sa chaise et lâcha la main de Harry pour la passer dans ses cheveux ébouriffés.
« Allez, je vais y aller. »
Le brun soupira.
« D'accord. »
Il se mit debout à son tour et suivit le blond qui partait chercher ses affaires. Harry n'avait pas envie de le voir partir aussi vite. Il voulait encore rester avec lui, le découvrir un peu plus, apprendre à le connaître, toutes ces choses que l'on fait au commencement d'une relation. Le brun se sentait esseulé sans Draco, il aurait voulu rester tout le temps avec lui. Dormir ensemble était déjà d'une grande satisfaction.
Le sac de voyage à leurs pieds, ils se trouvaient dans l'entrée, seuls. L'aristocrate revêtait son manteau français, qui mettait en valeur sa taille et sa coupe de cheveux carrée. Harry l'aurait cru sorti d'un vieux film. La porte ouverte, ils discutèrent encore sur le perron, ne voulant pas se quitter.
Draco riait légèrement quand Harry attrapa sa manche et, honteux des mots qu'il allait prononcer, dit :
« Maintenant que tout est fini, je peux avoir mon baiser ? »
Aussitôt, le visage de son petit ami vira au rouge braise. Le regard qu'ils échangèrent fut long et vibrant d'une attente insupportable. Draco cligna des yeux et les détourna, les replongea dans ceux de Harry, les referma. Il semblait pris dans un dilemme impossible. Le brun n'y comprenait rien et était à deux doigts de passer à l'action, et, lui, l'embrasser. Cela en devenait malaisant ! Les sourcils du blond se tordirent en une grimace étrange.
Et un crac retentissant envahit l'atmosphère. Harry en resta coi, bouche bée, pétrifié, choqué. Draco venait de disparaître sous ses yeux et l'avait laissé là, comme un con. La colère monta brutalement à la tête du jeune homme. Énervé au plus haut point, il n'arriva qu'à balbutier :
« Espèce de… de… de… de couard ! Peureux ! Poule mouillé ! Poltron ! Lâche ! Dégonflard ! Pleutre ! Tu… tu vas voir ce que tu vas voir ! C'est la deuxième et dernière fois que tu me fais le coup, Malfoy ! »
Et voilà la fin d'un chapitre qui devrait en énerver plus d'un-e-s (dont Harry XD). Dites-moi ce que vous en avez pensé !
J'aimerais qu'en review vous me disiez quel a été le passage qui vous a le plus plu, et pourquoi. Et quel passage vous a le moins plu, et pourquoi ? Pour un-e auteur-e, c'est vraiment important d'avoir ce genre de retour car ça me permet de comprendre ce qui vous plaît dans ce que j'écris ou non et de m'améliorer. Cela me permet aussi de savoir quels endroits mériteraient que je les travaille plus en profondeur pour mieux les faire passer. Par exemple, je sais que j'ai beaucoup de problèmes avec les dialogues et cette histoire est d'ailleurs là pour que je m'entraîne dessus car c'est seulement écrire écrire qui augmente la qualité. Alors vraiment, n'hésitez pas à m'écrire une review, s'il vous plaît !
Au passage, j'ai corrigé quelques fautes de français qui m'ont faite saigner des yeux dans le premier chapitre et vraiment, si vous en voyez d'autres (quelque soit le chapitre !), dites-le moi. Je n'ai vraiment pas de problème avec le français mais on n'est jamais à l'abri d'une faute d'inattention. Je n'ai pas de bêta pour me corriger et il est toujours plus compliqué de voir ses propres fautes.
J'aurais beaucoup blablaté aujourd'hui ^^ Alors on se retrouve le mois prochain avec le chapitre 6 (qui m'aura été très dur à écrire -_-).
