Bonjour à tous !
Je reviens vers vous avec un nouveau chapitre en poche :D Il est le plus long écrit depuis le début de cette histoire et la première partie aura été dure à écrire. (Notamment à cause de Harry que j'avais envie de jeter par-dessus un pont tant il m'a énervée.) La deuxième grande partie de ce chapitre m'aura été beaucoup plus simple, plus fluide je trouve et plus sympathoche. On arrive cette fois vraiment dans le début de leur relation. Vous connaissez les problèmes auxquels ils vont devoir faire face en tout cas.
J'ai glissé une petite référence à un certain livre (et un film sorti récemment du coup), j'espère que vous la trouverez ! :)
J'espère que votre rentrée s'est bien passée (école comme boulot) et que vous faites ce que vous aimez ! J'ai eu aujourd'hui mes premiers cours à l'université de Kyôto (eh oui, en octobre ! Mais ça veut dire que j'ai pas de vacances avant fin janvier T_T ) et j'espère que j'arriverai à tenir un certain rythme d'écriture mais j'ai toujours eu du mal à faire deux choses en même temps. ^^'
Pour la musique de fond, je vous propose Weak de AJR (que vous pouvez trouver sans souci sur YouTube ou Spotify). Le comportement de Harry m'a vraiment fait penser à cette chanson. En espérant que vous ne l'étranglerez pas, je vous souhaite une bonne lecture !
Chapitre 6 : Quatre vérités
Le temps était à la couleur de l'humeur de Harry, maussade. Et ça, personne ne voulait y faire face. Pas même la maudite cafetière du bureau qui, pour une fois, se laissa faire docilement. On était mardi et ç'allait barder pour un certain blond pédant. Harry avait toujours en travers de la gorge la fuite de celui qui se disait son petit ami et il n'était pas prêt à pardonner.
Aujourd'hui, nous étions mardi et avait lieu leur rendez-vous bi-hebdomadaire à la cafétéria. Harry ne doutait pas que les yeux seraient, pour ainsi dire, rivés sur eux, suite à l'article de Grilled qui était sorti la veille. Celui-ci semblait avoir fait son boulot car pour l'instant, personne n'était venu lui poser de questions malvenues malgré les regards insistants. Il espérait que cela continue ainsi, la page définitivement tournée.
Harry regarda sa montre, impatient, n'en pouvant plus de tous les dossiers qu'il devait traiter et qui pourtant n'étaient guère nombreux quand on comparait avec ceux des aurors confirmés. Sa nervosité se transmettait jusque dans sa jambe qui tremblait furieusement. Sa prise sur sa plume était tout aussi violente et ses collègues étaient étonnés qu'elle ne se soit pas déjà cassée, brisée en deux, écrabouillée dans son poing.
Oh, il avait mal dormi. Très mal depuis samedi dernier. À ses cauchemars habituels s'était glissée la silhouette d'un Draco fuyant. D'un Draco auquel il avait envie de tordre le cou. Un éclair de lucidité le traversa, lui demandant si c'était vraiment une bonne idée d'aller rejoindre le blond dans cet état d'esprit. Il le chassa d'un coup de main, s'il ne le voyait pas aujourd'hui, il ne prévenait plus de rien pour le reste du million d'années à venir.
Arriva finalement midi. Harry fut le premier à quitter le bureau, marchant d'un pas lourd et rapide. Oh, Draco ne savait pas ce qui l'attendait ! En chemin, le brun prit tout de même une grande inspiration, il ne voulait pas non plus lui exploser à la figure. Mais qu'est-ce qu'il attendait après tout ? Il voulait s'énerver contre lui et après ? Recevoir enfin ce baiser tant attendu ?
Le pas de Harry se fit plus lent, alors qu'une bile se coinçait dans son œsophage. Après tant de colère, il était soudain perdu à l'idée de faire face à son petit ami. Un peu effrayé aussi. Les innombrables questions qu'il s'était posé depuis l'incident lui revinrent en tête. Draco refusait-il de l'embrasser ? S'était-il rendu compte qu'en fait, il ne l'aimait pas ? Était-il simplement bouleversé ? Par quoi ? Le détestait-il ? Avait-il un tant soi peu envie de l'embrasser ? Pourquoi était-il parti comme ça ? S'était-il imaginé le blesser autant ?
Sa colère était toujours présente mais moins brutale quand il arriva à la cafétéria. Comme à son habitude, l'objet de ses pensées était assis à leur table, dans ce coin excentré de la salle. Sur les nerfs, ayant patienté trois jours, il se pointa face à lui et posa vivement ses poings sur la table qui branla un instant. Draco avait dégluti et détourné le regard quand Harry avait approché méchamment son visage de lui.
Le blond sortit sa baguette et murmura un sort pour les isoler des autres. Énervé de le voir agir ainsi, de façon si pointilleuse, Harry la lui prit des mains. Draco ne fit pas un geste pour la récupérer, il se contenta de fermer les yeux, son front se plissant.
« Calme-toi et assis-toi, lui ordonna-t-il toutefois clairement.
- Me calmer ? Tu es sérieux ? Tu m'demandes sérieusement d'me calmer ?
- Assieds-toi au moins », le supplia-t-il, regardant autour de lui comme si, d'un coup, le regard des autres était tout ce qui comptait.
Fulminant, Harry s'exécuta tout de même et le fusilla du regard.
« Peux-tu me rendre ma baguette, s'il te plaît ? »
Son ton était froid mais pourtant tout empli d'émotion. Il semblait désespéré. Tout ce que Harry ne voulait pas voir en ce jour. Il hésita deux secondes à la lui balancer à la tête mais il n'était pas violent à ce point. Il se contenta de la faire rouler sur la table. La baguette termina sa roulade en le pointant, lui. Draco s'empressa de la récupérer et de la ranger dans la poche de sa robe. Il ne l'avait toujours pas regardé dans les yeux. Harry comprit rapidement qu'il ne dirait rien si lui-même ne faisait pas le premier pas.
« Alors ? lança-t-il laconiquement.
- Alors quoi ? le questionna-t-il, un air d'ironie dans la voix.
- Tu sais très bien quoi. Alors maintenant tu t'expliques tout de suite ou j'pars dans la minute !
- Je n'aime pas le ton sur lequel tu me parles, le gronda-t-il.
- Tu n'es pas en position de dire quoi que ce soit, Draco. Parle ou je réponds plus de rien. »
Cette saloperie de petit… aristocrate se contenta de prendre le menu et de commander son repas, comme si de rien. Mais Harry remarqua sans problème ses mains qui tremblaient. Un élan de culpabilité l'atteignit mais il le repoussa. Tout ça, c'était sa faute à lui, après tout. Ses doigts se mirent à tapoter la nappe. Il ne quittait pas le blond des yeux, qui refusait toujours de le regarder.
« Draco, ma patience a des limites.
- Comme si tu étais quelqu'un de patient », se moqua-t-il.
Le ton de Harry se fit dur, très dur :
« Tu. T'es. Barré. Sous. Mes. Yeux. J'exige. Des. EXPLICATIONS. »
Draco fut pris d'un frisson qu'il s'efforça de vite maîtriser, un sourire nerveux venant se coller sur son visage.
« J'étais mal à l'aise, O.K. ? débita-t-il.
- Et ça nécessitait que tu t'ENFUIES devant moi ?
- J'ai pas réfléchi », bredouilla-t-il, regardant définitivement ses pieds.
Ah, il était loin le Serpentard hautain qui le regardait de haut ! Oh oui, Harry pouvait faire peur quand il voulait.
« Eh bah c'est pas les excuses qui t'écorchent la langue », cracha-t-il.
Les yeux du blond s'écarquillèrent.
« Pardon, excuse-moi, s'empressa-t-il de dire.
- Trop tard, asséna Harry. As-tu pensé un seul instant à ce que j'ai pu ressentir ? Tu m'as largué misérablement devant chez moi ! Il faut le dire si tu veux plus qu'on soit ensemble ! »
Le cœur de Harry se mit à battre furieusement. Il n'aimait pas du tout la situation inextricable dans laquelle ils se trouvaient. Il ne voulait pas que Draco en profite pour se débarrasser de lui. Pourquoi se sentait-il autant contradictoire ?
« Je t'aime Harry, depuis toujours, je ne veux pas qu'on se sépare, se précipita de dire le blond, une pointe de peur dans la voix.
- Et tu m'aimes tellement que t'as même pas eu les couilles de m'embrasser ! »
Ils perdaient pieds tous les deux et la chute n'en paraissait que plus mauvaise.
« Ne me quitte pas, je suis désolé… »
Un air de désespoir s'était emparé du blond. Ne l'ayant jamais vu ainsi, Harry en fut bouleversé. Cela ne ressemblait pas au Draco qu'il connaissait. Il en fut on ne peut plus mal à l'aise. Il était en train de pousser à bout son petit ami, il fallait qu'il se calme ou jamais ils n'arriveraient à mettre fin à leur dispute.
Incapable de savoir quoi faire d'autre, la colère était trop forte, Harry se contenta de prendre la carte dans ses mains et de commander son plat. Celui de Draco était arrivé sans que ni l'un ni l'autre ne s'en rende compte. Pour la première fois depuis le début, celui-ci croisa enfin son regard. Ses perles d'orages étaient dilatées et transpiraient la malaisance. Et malgré tout ce qui se passait, Harry ne put s'empêcher de penser qu'elles étaient toujours et envers tout, magnifiques.
« Je n'étais pas prêt, j'ai paniqué, je suis désolé. »
Draco, toujours propre sur lui, droit, hautain, pédant, se tordait les mains sans s'en rendre compte. Harry soupira et enleva ses lunettes pour se pincer vivement l'arrête du nez. Il expira puissamment pour tenter de se calmer.
« Pourquoi tu ne me l'as pas dit alors ? Au lieu de t'enfuir et d'me laisser comme un con ?
- J'ai… j'ai paniqué, répéta-t-il. Je ne voulais pas te blesser, je te le jure. Je ne peux pas t'expliquer, je suis désolé. »
Il ne faisait que ressasser cela à tout bout de champ. N'en pouvant plus, Harry détourna la conversation :
« Et t'avais prévu de faire quoi en m'revoyant ? »
Draco écarquilla les yeux.
« Je… je ne sais pas.
- Oh purée… tu es sérieux ? Tu pensais vraiment que j'allais laisser passer ça comme ça ? Tu m'connais mal ! Déjà que j'ai attendu jusqu'à aujourd'hui.
- J'ai la tête toute retournée depuis samedi, je n'arrive plus à penser, tenta-t-il de s'expliquer.
- Bah moi aussi ! Tu croyais quoi ?
- Arrête s'il te plaît, se recroquevilla-t-il. Je ne recommencerai plus, je suis désolé pour ce qu'il s'est passé. »
Il y eut un silence mortel. Qui s'éternisa. Après un instant d'hésitation, Draco osa enfin prendre sa fourchette pour commencer à manger difficilement son plat. Celui de Harry apparut alors enfin mais celui-ci n'y toucha pas. Voyant cela, Draco fit retomber aussitôt ses couverts.
Harry se sentait au plus mal. La situation entre eux deux avaient enfin semblé sous de bonnes auspices et voilà que tout était à recommencer. Une inquiétude se mit à gronder en lui. Il fallait qu'il remette leur relation sur ses pieds. Il ne voulait pas perdre Draco. Tout était si à vif entre eux deux et lui avait mis de l'huile sur le feu. Que pouvait-il donc bien dire ?
« Tu… tu as lu l'article ? »
Harry regarda Draco, étonné. Il ne s'était pas attendu à ce qu'il ouvre à nouveau la bouche.
« Oui, répondit-il, plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu. On devrait être tranquille, maintenant, tenta-t-il de se rattraper.
- Je l'espère. Qu'est-ce que l'on fait si ce n'est pas le cas ? »
Son but était de le faire parler, de le faire penser à autre chose. Sa question n'avait pas d'autre but, Harry s'en rendait bien compte. Mais c'était par là qu'il fallait qu'ils aillent avant de pouvoir parler calmement de l'incident. Il prit une bouchée de ses lasagnes avant de répondre :
« Il n'y a pas trois mille solutions. Ou il faudra qu'on fasse une nouvelle interview ou on ignorera tout ça. Mais je pense que ça ira.
- Si tu le dis. »
L'aristocrate avait repris des couleurs et se tenait déjà plus droit dans sa chaise. Il s'était mis à picorer son plat, un flan de courgette.
« Comment s'est comporté Teddy ? » changea-t-il de sujet.
Harry se retint de lui balancer à la figure l'état dans lequel il l'avait laissé juste avant que n'arrive ledit Teddy. Il répondit plutôt laconiquement :
« Comme toujours, il aime faire des bêtises et croire que je ne l'ai pas vu faire. »
Un léger sourire se peignit enfin sur le visage de Draco.
« Il est plein de vie, hein ?
- Oui, comme sa mère. »
Le regard de Harry se fit nostalgique.
« J'ai peur de ce qu'il va nous faire à l'adolescence, commenta-t-il.
- C'est surtout le personnel de Poudlard qu'il va embêter. Je plains ses professeurs.
- Je suis sûr qu'on recevra plein de courriers nous expliquant en long et en large toutes les conneries qu'il a faites et les heures de colle qu'il a écopées. »
Le ton s'était détendu et ils semblaient enfin pouvoir se parler correctement, malgré un mal-être traînant dans l'air. Ils continuèrent un moment sur Teddy avant de dériver sur leurs boulots respectifs. Le repas était bien entamé quand Harry posa à nouveau la question qui fâche :
« Draco, je comprends toujours pas pourquoi tu as jugé nécessaire de t'enfuir plutôt que de rester pour en parler. Explique-moi, s'il te plaît. »
Le blond se crispa, ayant redouté le retour à ce sujet. Il reposa sa fourchette, le visage fermé.
« Je suis désolé de m'être emporté tout à l'heure, continua Harry, voyant que Draco n'allait pas répondre. Cette fois, j'écouterai tout jusqu'au bout sans m'énerver.
- Sans t'énerver ? questionna Draco, moqueur.
- Oui bon, je vais essayer. S'il te plaît, je n'aime pas cette situation. »
Il eut encore droit à un léger silence avant que Draco ne se lance :
« Je te l'ai dit tout à l'heure, je n'étais pas prêt.
- Mais pourquoi ? L'autre fois, c'était toi qui voulais m'embrasser !
- Ne me coupe pas. À ce moment-là, j'étais dans l'émotion. Samedi, je me suis rendu compte de ce que cela voudrait vraiment dire. Enfin, quelque chose comme ça. Cela m'a fait peur. Et puis j'étais encore sous le stress de tout ce qu'il s'était passé. Tu as dû le comprendre depuis un moment j'imagine, mais je n'ai jamais embrassé personne.
- Non… je ne le savais pas », réagit-il, étonné.
Il ne pensait pas Draco comme ça, aussi attaché à de petites choses. Puis il se rappela de son premier baiser avec Cho, de la peur au ventre qu'il avait eu. Et Draco qui, en 20 ans bientôt 21, n'avait jamais échangé cela avec quiconque et de la pression que cela pouvait représenter pour un homme de sa classe sociale. Mais sa réaction lui semblait toujours beaucoup trop excessive.
« Moque-toi si tu veux, je m'en fiche, continua avec verve Draco, montrant bien qu'en réalité il ne s'en fichait pas. Voilà, tu as ta réponse : je n'ai jamais embrassé personne alors quand… quand il a fallu, j'ai paniqué et je me suis enfuis parce que je ne sais faire que ça.
- Ah çà, je m'en étais bien rendu compte, marmonna Harry. Déjà avec ta déclaration d'amour quand tu t'es pointé chez moi sans prévenir. Quoique paradoxalement, tu avais été bien courageux au début. »
Une rougeur s'empara des oreilles du blond.
« Je n'étais pas prêt, décida-t-il d'ignorer.
- Mais pourquoi ? Je veux dire, ouais, c'est quand même important un premier baiser mais pas à ce point, on dirait que tu veux protéger tes lèvres de tout ce qui pourrait les toucher !
- Je suis le premier énervé par ma réaction de "vierge effarouchée", O.K. ? Pas besoin de me le rappeler.
- O.K., O.K., mais je ne comprends pas. Ça fait un moment qu'on est en couple et encore plus qu'on se fréquente, tu devrais être assez à l'aise avec moi pour qu'on s'embrasse.
- Ne me demande pas, je n'en sais rien.
- Je te répulse ?
- Quoi ? Non ! Au contraire.
- Alors pourquoi ?
- Mais je ne sais pas, je te dis ! »
Harry sentait que Draco avait la réponse quelque part mais qu'il refusait, ou n'osait pas, la dire. Qu'est-ce qu'il pouvait faire pour que le blond lui fasse un tant soit peu confiance et se confie à lui ? Il n'aurait pas dû perdre son calme…
« Si je t'embrassais, là, tu t'enfuirais ?
- Nous sommes en public, Harry.
- Imagine qu'on soit juste tous les deux. Je pourrais t'embrasser ?
- Je ne sais pas… grommela Draco, irrité. Tu me perds dans mes sentiments, là. Arrête.
- J'ai envie qu'on s'embrasse », insista Harry.
Les oreilles de Draco devinrent un peu plus rouge, et il détourna le regard, les sourcils froncés. Voyant qu'il le perdait un peu, Harry rajouta :
« Mais si tu veux pas, je te ferai jamais rien. Mais il faut que tu me parles, Draco. Je peux pas savoir moi quand tu veux pas. Même si j'ai très envie. »
Son amoureux le regarda à nouveau, un léger pétillement dans les yeux.
« Tu attendrais ? s'étonna-t-il.
- Bah oui, je veux pas forcer les choses entre nous. Avec Ginny, on avait tendance à ne pas prendre l'autre en compte et faire ce que l'on voulait. Ça s'est mal terminé. Mais j'ai besoin que tu me parles. Bon, j'attendrai pas toute l'éternité non plus, hein. »
Draco lui sourit, balayant les dernières traces de colère qui voguaient encore dans la tête de Harry.
« D'accord. Merci. Et toi aussi, tu dois me parler, ajouta-t-il avec le ton de celui qui en sait plus qu'il ne veut le dire.
- Oui, oui », répondit-il rapidement.
Le blond toucha alors le dos de la main de Harry, mettant un point final à leur réconciliation et la promesse de mieux faire la prochaine fois.
o0O0o
Draco était un personnage véritablement complexe. Lorsqu'il l'avait revu en février, il semblait si sûr de lui, hautain, et déterminé dans ses actions. Il avait quand même réussi à lui dire qu'il l'aimait en face ! Avant de s'enfuir, certes, mais cela avait demandé un courage certain. Et voilà qu'à présent, face à un simple baiser, il s'enfuyait sans mot dire. Pourquoi un tel changement de comportement ? Où était passé le Draco à la forte confiance en lui ? Celui qui s'était jeté pêle-mêle dans leur relation et l'avait, mine de rien, poussé à prendre une décision ?
Quelque chose avait changé chez Draco, ça, il en était certain. La question était, était-ce lui-même, dans son comportement, ou sa façon de se comporter avec lui ? Dans le premier cas, Harry ne voyait qu'un élément extérieur qui aurait pu bousculer le caractère de Draco. Dans le deuxième, il se demanda si c'était une sorte de laisser-aller, une espèce de marque de confiance étrange envers lui. Ou alors, Harry se fourvoyait complètement et Draco avait toujours été comme ça et le début de leur relation n'était qu'une façade.
Que de questions sans réponse que Harry n'osait poser à son petit ami. Depuis leur dispute, ils évitaient ce sujet comme la peste, parlant de tout sauf de ça. Harry doutait que cela soit la bonne façon de faire mais lui-même ne voulait pas se hasarder à faire le premier pas.
Il avait longtemps réfléchi à tout cela et s'était demandé si sa colère n'avait pas été « trop ». Il avait l'impression de s'être montré un peu injuste et peu à l'écoute de ce que Draco aurait pu essayer de lui dire. Il n'avait pensé qu'à lui. Certes, il avait été blessé et après tout, sa réaction était plutôt normale mais il avait oublié d'essayer de comprendre la situation du point de vue de Draco.
Suite à cela, ils ne s'étaient plus vus, en-dehors de leurs déjeuners habituels et des occasionnelles rencontres dans les couloirs. La fin de l'année administrative approchant nécessairement, ils s'étaient retrouvés chacun avec un emploi du temps beaucoup plus lourd. Harry d'autant plus que ses examens finaux approchaient. Cet état de fait en plus, leur relation lui semblait un peu branlante. Et Harry ne savait trop comment y remédier.
Avec Ginny, ils avaient tendance à se balancer à la tête tout ce qui n'allait pas, d'un coup, puis de réparer tout ça au creux de l'oreiller. C'était direct, simple, un peu violent. Finalement, à y repenser, peut-être qu'ils s'étaient séparés à cause de ça. Ah, mais il fallait qu'il arrête de comparer sa relation actuelle avec l'ancienne. Elles étaient ô combien différente et ce qui avait marché avec l'une n'allait pas forcément marcher avec l'autre. Et puis, à tout bien réfléchir, ce n'était peut-être pas très sain de résonner comme cela. Harry se força donc à ne plus comparer ses relations mais ce n'était pas le plus simple.
Fin mai, alors que Harry était en plein dans ses examens et qu'il carburait au café, il se vit contraint d'annoncer à Draco qu'il lui serait impossible de déjeuner avec lui le vendredi suivant et le mardi d'après. Celui-ci afficha un air surpris. C'était la première fois que l'un d'eux annulait leur rendez-vous habituel.
« Pourquoi ? lui demanda-t-il.
- Oh tout simplement que j'ai mon examen pratique sur l'heure du repas vendredi. Et mardi, je termine plutôt tard donc je ne veux pas te faire attendre. Et comme je reprends assez tôt, je pense que je ne mangerai qu'un sandwich. Mais après, j'en aurais fini avec mes exams donc on pourrait même faire une sortie si tu veux ! »
Il avait lancé l'invitation au passage, de façon un peu nonchalante, mais son cœur battait fort à l'idée que Draco la décline. Il voulait vraiment passer un moment avec lui, loin du Ministère et des autres sorciers, se redécouvrir un peu. Mais Draco avait une tête difficile à comprendre. Les commissures de ses lèvres étaient retournées et il regardait résolument son assiette de purée de carottes.
« Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit Harry, en lui caressant la main.
- Non, non, rien. »
Quelque chose n'allait définitivement pas.
« T'es si déçu que ça qu'on ne puisse pas se voir ?
- Non, c'est pas ça.
- C'est quoi alors ? Dis-moi. »
Draco prit une goulée d'air et finit par lâcher le morceau :
« J'aurais voulu qu'on soit ensemble pour mon anniversaire.
- Ton… anniversaire?!
- Oui bon, d'accord, ce n'est qu'un anniversaire. Je savais que je n'aurais pas dû dire ça. Tu dois me prendre pour un gamin maintenant.
- Draco ! l'interrompit Harry alors qu'il était parti dans ses plaintes. Je ne sais pas quand est on anniversaire !
- Oh. »
La bouche de Draco forma également un magnifique O de surprise. Il cligna deux fois des yeux avant de partir dans un rire nerveux. Harry, lui, complètement abasourdi était en train de se morigéner pour ne pas avoir pensé à lui demander sa date d'anniversaire. C'était un élément de base à savoir, non ? Lorsque Draco se fut calmé, il repartit dans une de ses diatribes :
« Évidemment que tu ne pouvais pas savoir, suis-je bête. Je ne te l'ai jamais dit ! Comme si tu pouvais le savoir d'un claquement de doigt. Et moi qui…
- Draco, stop, stop, stop. Réponds-moi du coup, c'est quand ?
- Le 5 juin. Ça tombe mardi prochain.
- Ah. Ah oui d'accooord, je vois. »
Il était dans la mouise. À la limite, il pouvait toujours passer le voir le soir. Ah mais non, il avait cet examen le lendemain super tôt. Oh, c'était vraiment pas bon tout ça. Mais après tout, il pouvait bien aller le voir en soirée, même pas longtemps.
« Harry, je vois ce qui se passe dans ta tête. Ce n'est pas grave, laisse tomber. Ce n'est qu'un anniversaire.
- Oui mais c'est le premier qu'on peut fêter ensemble. Ça la fout mal quoi… J'suis désolé.
- Ce n'est pas grave, te dis-je. »
Il réfléchit un instant.
« Tu peux toujours venir à ma fête organisée le week-end d'après. Je ne voulais pas t'y inviter parce que je crois que ce genre de soirée ne t'intéresse guère mais j'aimerais bien que l'on passe un moment ensemble.
- J'adore les fêtes d'anniversaire Draco ! Pourquoi tu as pensé ça ?
- Hum, je n'en doute pas, mais pas ce genre de fête. Il y aura un sacré gratin tu sais. Et pas forcément des personnes que tu apprécies.
- Ah. C'est plus une soirée… mondaine en fait ?
- On peut dire.
- Je viendrai quand même, pour toi. »
Les oreilles de Draco rosirent légèrement.
« Merci… Tu peux amener un ou une amie avec toi si tu veux. Mais pas Granger s'il te plaît ? »
Harry tiqua. Il n'aimait pas ce qu'il sentait qui aller arriver.
« Hermione ? Parce que c'est une née-moldue ? »
Draco évita son regard donc Harry comprit aussitôt que c'était là le problème. Non, il ne fallait pas qu'il se mette en colère.
« Hermione est ma meilleure amie.
- Je sais. Ce n'est pas ça le problème.
- Oui hein ! C'est sa naissance le problème ! Draco, tes propos me blessent ! Est-ce que tu te rends compte de ce que tu me dis ?
- Tu l'as dit tout seul », négocia-t-il.
Harry leva les yeux au ciel. Il ne fallait pas qu'il s'énerve.
« Rah, dans ces moments-là, je me demande vraiment comment on a pu finir ensemble », ne put-il s'empêcher de lâcher.
Draco pinça les lèvres mais ne répondit rien. Sentait-il qu'il était en tort ? En marmonnant il lâcha finalement quelques mots :
« Je ne veux pas qu'elle subisse les remarques de mes connaissances. Pourquoi tu ne me laisses jamais parler ? C'est toujours à un sens les conversations avec toi. »
Ce fut au tour de Harry d'avoir la bouche en O. Il sentit ses joues rougir de honte.
« Je suis désolé Draco. La… La situation m'a énervé.
- Je m'en suis bien rendu compte…
- C'est un sujet délicat en même temps.
- Je vais te dire un secret », chuchota soudain Draco sur un ton de confidence.
Intrigué, Harry se rapprocha de son petit ami pour mieux entendre. Celui-ci, la main faisant obstacle au monde extérieur, lui murmura :
« J'ai toujours été jaloux de Granger. »
Surpris, le brun se renfonça dans sa chaise en s'écriant :
« Toi ?!
- Oui, moi. J'étais toujours le deuxième en cours, le deuxième en magie. Comment ne pouvais-je pas être jaloux ?
- Je n'avais pas souvenir que tu était aussi bon à Poudlard… fit Harry, dubitatif.
- Comme si tu allais faire attention à ça, s'amusa Draco. J'étais le deuxième de notre promo et évidemment Granger était première. Tu es au courant que tu ne fais pas assez attention à ce qui se passe autour de toi, rassure-moi ?
- Hum… On me l'a peut-être déjà dit quelques fois, avoua Harry.
- Ah, je m'en doutais !
- Roh, c'est pas ma faute.
- "Je ne fais pas exprès".
- Hein ?
- On ne dit pas "c'est pas ma faute". C'est toi qui le fais, donc évidemment que c'est toi qui fais la faute. »
Draco avait réussi à le perdre.
« Tu aimes bien parler, hein ? voulut-il se venger.
- D'où tu sors ça, toi ?
- Hm, une impression.
- Alors là, on en est loin ! Si je pouvais, je resterais loin de toute personne et ne parlerais qu'à mon hibou. »
Cela avait été dit avec tant de flegme que Harry ne put s'empêcher de rire. Draco le regarda avec une jolie moue, sûrement vexé que son petit ami se moque de lui. Il était toujours comme ça le blond, il se vexait pour un rien et le boudait. Toujours de la même façon : en refusant de le regarder et en se pinçant les lèvres. Avec le temps, le jeune homme avait trouvé ça de plus en plus adorable. Il ne l'aurait toutefois pas avoué pour une mornille.
« Bien, M. Draco Malfoy, que souhaitez-vous que je vous offre comme cadeau ? Je n'ai malheureusement pas le temps pour te faire une surprise alors dis-moi quelque chose qui te plairait. »
Harry lui offrit un sourire ravageur qui, c'était certain, lui venait de son père. Finalement, en prenant son petit air de Malfoy, le nez plissé, le blond lui répondit :
« La politesse voudrait que je te dise que je n'ai besoin de rien mais à vrai dire, il y a un livre qui me plairait beaucoup.
- Et quel est-il ?
- C'est un roman un peu ancien de Steven Queen « Un Épouvantard chez les moldus ». J'en ai lu récemment une critique et j'ai eu envie de le lire.
- O.K., attends, je vais l'écrire sinon je vais oublier. »
Il sortit un agenda de son sac et nota le titre de l'œuvre. Puis il le referma avec un sourire de contentement.
« J'espère que tu seras content de l'avoir même si c'est pas une surprise.
- Harry, c'est déjà beaucoup, fit Draco, touché. J'ai toujours en travers de la gorge le fait que je ne t'ai pas prévenu pour mon anniversaire par contre… Et de te l'avoir reproché.
- Tu ne me l'as pas reproché !
- Dans ma tête, si. »
Harry éclata de rire. Draco avait dit ça de sa façon si particulière que cela ne pouvait qu'être immensément drôle. Et bien entendu, il lui fit la tête pour avoir ri. Finalement, Harry commençait à le connaître, petit à petit. C'est que cela faisait déjà plus d'un mois qu'ils étaient officiellement ensemble après tout. Il restait un mystère mais, à la vitesse d'une tortue, il se dévoilait un peu plus.
« Bon, pour ne pas perturber tes invités si susceptible, je ne demanderai pas à Hermione de m'accompagner. Mais ils ne vont pas s'en sortir comme ça alors ça sera Luna ! Si elle veut bien, bien sûr. »
Draco grimaça mais acquiesça de la tête. Ah s'il ne voulait pas de né-moldus, ils auraient du Luna ! C'était peut-être pire. Harry espérait juste qu'elle accepterait de venir.
« Ce n'est pas très gentil pour ton amie, commenta Draco. C'est comme si tu te servais d'elle.
- Ah… c'est pas faux… je n'y avais pas pensé. Tu es vraiment gentil, en fait.
- Gentil ? Moi ? » fit-il, offusqué.
Harry éclata à nouveau de rire. Décidément, il était de bonne humeur ce jour-là.
« T'es gentil, adorable, droit… tout ce que tu veux ! Le nie pas ! »
Draco en rougit au point que deux boutons de rose eurent éclos sur ses joues. Cette vision fit battre particulièrement vite le cœur de Harry qui déglutit. Pour la première fois depuis leur dispute, il eut tout particulièrement envie des lèvres de son petit ami. Elles étaient là, pincées de gêne, du même rose que ses joues. Si délicates et si masculines, légèrement mangées. C'était bien Harry qui les aurait mangées, là, sur le moment.
« Je n'aime pas quand tu me complimentes, je ne sais que répondre », finit-il par dire calmement, comme s'il avait repris le contrôle de ses émotions.
Harry attrapa la main de Draco et y déposa un baiser. Un sourire taquin sur le visage, il lui répondit :
« T'as qu'à dire que tu m'aimes. »
Draco afficha d'abord un visage surpris avant de se mettre à rire, de son rire traînant.
« Ahah, si tu y tiens tant : je t'aime Harry. »
Le brun qui avait voulu tourner son amoureux en bourrique ne put que prendre un air brave et de répondre :
« Moi aussi je t'aime Draco. »
Ça aussi depuis leur dispute, ils ne se l'étaient pas redit. Il était bien content de l'avoir fait en sentant une douce chaleur s'emparer de son ventre. Ils se sourirent un peu bêtement. Ils étaient juste… bien.
« Tu vas me manquer, finit par soupirer Draco après un moment.
- Une fois mes exams terminés, je réclame une journée entière rien qu'à nous !
- Ahah, si tu veux. Mais je travaille encore jusqu'à mi-juillet, je te préviens.
- Oh mon pauvre, se moqua Harry.
- Ne rigole pas. Dans deux ans, tu seras au même régime que moi.
- Urgh, il ne me tarde ABSOLUMENT pas d'y être. Comment peux-tu vivre sans vacances ?
- Mais j'en ai, très cher, commença Draco sur le ton de l'irrespect. Elles sont simplement plus courtes que les tiennes. Espèce de flemmard, va.
- Oh ! s'exclama Harry, outré. Un flemmard, moi ? Et puis quoi encore ? »
Pour une fois, ce fut lui qui se mit à bouder. Draco, visiblement fier de son exploit, dégusta une cuillère de son fraisier avec son regard d'aristocrate supérieur. Harry ne trouva rien de mieux que de lui tirer la langue, son attaque ultime.
o0O0o
Ces deux semaines d'examen furent un stress permanent, en particulier pour les épreuves théoriques. Harry avait l'impression de repasser ses Aspics… comme lors du semestre précédent. L'école supérieure, c'était vraiment pas de la gnognotte. Pourtant son nombre de cours était moindre par rapport à Poudlard. Alors pourquoi ? Pourquoi la pression était-elle aussi forte ?
Pendant toute la durée de ses examens, il s'était retenu de toucher à une goutte d'alcool, ne voulant pas que cela influe sur ses capacités. Mais il n'avait jamais rejeté une invitation de ses amis à la fin d'un examen à aller le fêter dans un bar. Et évidemment, les boissons alcoolisées étaient de la partie.
Le jour de l'anniversaire de Draco, il n'avait trouvé le temps que d'envoyer une lettre de félicitations entre deux révisions. Il ne lui restait que deux examens, un le mercredi et un le jeudi mais ils faisaient partie des plus compliqués, ou plutôt… des plus théoriques. Mais c'était bientôt fini, il se raccrochait à cette simple pensée. Après il aurait tout le temps qu'il voudrait pour aller embêter Draco de sa présence. Il n'allait pas le lâcher une seconde. Il voulait le comprendre. Toujours plus. Et même si l'incident du baiser était relégué en arrière-plan, Harry voulait toujours découvrir la véritable raison de Draco.
Puis arriva enfin le jeudi et la fin des examens. Quand ils sortirent de la salle Harry et ses amis hurlèrent de bonheur et décidèrent de partir immédiatement faire la fête. Il faisait encore bien jour et la nuit ne tomberait pas avant plusieurs heures mais cela ne les empêcha pas de se rendre à pied vers la boîte de nuit que chaque jeune sorcier recommandait. C'était certes un endroit où les moldus pouvaient se rendre mais une pièce leur était interdite. L'endroit parfait pour se mélanger avec eux tout en pouvant également ne passer son temps qu'avec les sorciers.
La boîte de nuit était en plein cœur de la capitale et se démarquait par sa façade très… colorée. Un gigantesque papillon aux multiples couleurs battait paisiblement ses ailes. Pour les sorciers, c'était définitivement un sort qui le faisait vivre dans la brique mais pour les moldus, cela n'était qu'une simple projection numérique. Pour la couverture, de faux projecteurs étaient posés à des endroits bien visibles depuis que le gérant – un sang mêlé – avait eu quelques visites du bureau de protection des moldus.
On voyait la boîte de nuit d'assez loin car elle était en coin de rue et attirait tous les sorciers alentours comme des… papillons, d'où le symbole et logo de l'établissement. Son nom était toutefois un peu plus abscons « The Understander ». Il avait vu le jour depuis un peu plus d'un an et avait presqu'aussitôt atteint une grande popularité. Le gérant était un ami d'un ami de Harry et c'est comme cela qu'il avait pris l'habitude d'y aller avec ses camarades, généralement les jeudis et vendredis soirs. L'ambiance lui plaisait grandement.
Malgré l'heure précoce, le gérant accepta de les faire entrer, saluant chacun d'entre eux comme si c'étaient des amis, ce qui était devenu un peu le cas en effet. Harry l'appréciait bien parce qu'il n'avait jamais réagi sur le fait qu'il était LE Harry Potter, il le traitait comme un client comme un autre. Il les amena dans la salle réservée aux sorciers, qui était la seule déjà prête pour la soirée. En attendant que leurs commandes arrivent, Harry et ses amis commencèrent à jouer aux cartes, puis ils enchaînèrent sur les bavboules et encore les cartes. Ils jouèrent, jouèrent, jouèrent tout en buvant et mangeant des cochonneries, riant, s'amusant, fêtant la fin de leur année. Ce n'est qu'après un long moment que la boîte de nuit ouvrit officiellement ses portes et que les gens commencèrent à entrer.
La musique s'étant faite plus palpable, Harry se décida à aller danser du côté des moldus. Acceptant chaque personne qui venait l'aborder, il dansait avec un entrain qu'augmentait le niveau d'alcool, lui aussi augmentant. Se déhanchant, tournant, flirtant, il passait d'agréables moments avec ses partenaires qui riaient avec lui. Ce n'était que de la danse et si les invites se montraient un peu plus fortes, Harry expliquait être déjà avec quelqu'un. Et on acceptait et tout se passait bien. Lorsqu'il se reposait en buvant un coup au bar, pris d'assaut, il discutait avec ses voisins et leurs discussions pouvaient partir sur des niveaux que seul l'alcool permettait. C'est-à-dire, qu'elles semblaient extrêmement bien pensées, politique ou philosophique mais qu'en réalité, elles n'avaient aucun autre sens que celui que des ivrognes pouvaient donner. C'était agréable donc.
Harry se débarrassait du stress qu'il avait accumulé pendant tout ce dernier mois, il s'amusait. De temps en temps, il allait rejoindre un ami ou une amie qui l'avait accompagné et ils chantaient ensemble à pleine voix lorsqu'une chanson qu'ils connaissaient passait. Tout en continuant à boire.
Harry commençait à avoir chaud et plusieurs fois il se retrouva torse nu avant que Neville n'arrive à chaque fois à la rescousse pour l'obliger à renfiler son tee-shirt. Lors de ce genre de soirée, son cher Neville était toujours là pour veiller sur lui. C'était définitivement un bon ami. Le cœur gonflé de ce sentiment il alla chercher le sorcier pour lui faire un câlin dont il ne ressortirait pas vivant. L'ayant attrapé et malgré ses protestations, Harry se mit à le couvrir de mots d'amour, le remerciant pour être toujours présent pour lui même s'il n'en valait pas la peine.
Le regard de Neville passa d'énervé à compatissant alors que Harry quittait la congratulation pour l'apitoiement. L'alcool lui ayant finalement monté à la tête pour qu'il devienne triste, Neville le fit asseoir à une table vide pour le consoler. Harry était entré en mode dépression, comme à chaque fois qu'il avait atteint son niveau d'acceptation d'alcool et Neville en ramassait les morceaux. Ce n'était pas qu'il était particulièrement au courant du problème de dépression de Harry mais il le voyait souvent dans cet état en soirée, il avait donc sûrement mis ça sur une tendance à l'alcool triste.
« J'me sens pas bien… fit soudain Harry en se tenant le ventre et mettant une main devant la bouche.
- Ouh là ! Alors tu vomis pas sur moi ! Viens, on va aux toilettes. Tu peux y arriver ? »
Fermant les yeux, Harry hocha légèrement la tête. Il s'appuya sur Neville qui le guida jusqu'aux sanitaires où il se vida de tout son saoul. Quand plus rien ne sortit, il hoqueta et rota, les larmes aux yeux.
« Chuis… pô bien…
- Là, là, murmura Neville en lui frottant le dos. C'est passé maintenant. Tiens, de l'eau. »
Il lui tendit un verre sortit de nulle part que Harry avala goulument. Sa vision commençait à être plus claire.
« Pa'don… Neville. Pa'don, pa'don. »
Il continua sa litanie un temps infini pendant que son ami lui frottait toujours le dos et lui chuchotait de douces paroles. Après un certain temps, il lui demanda :
« Ça va mieux ? »
Incapable de répondre, Harry acquiesça du chef.
« Tu te sens capable de transplaner avec moi ? »
Il secoua frénétiquement la tête.
« J'vais enco' vomir…
- Je vois… On va prendre un taxi alors, ça te va ?
- Oui… »
Après avoir nettoyé les toilettes d'un coup de baguette sans rien pouvoir faire pour l'odeur, Neville ramena Harry à leur table où ils récupérèrent leurs affaires. Le laissant là, son ami alla au bar pour demander à appeler un taxi. Harry le vit de loin obtenir la carte contre une petite somme qui lui permettrait d'utiliser le téléphone de la boîte de nuit. Il faudrait qu'il le rembourse, se surprit-il à penser. Il avait beau avoir la tête dans les vapes, comment arrivait-il à penser à quelque chose d'aussi trivial ?
Neville revint peu après en lui annonçant avoir appelé un taxi qui devait arriver dans une dizaine de minutes. Prenant leurs affaires dans les bras, il invita Harry à le suivre dehors pour attendre. À l'extérieur, il faisait froid. En juin, les nuits étaient encore très fraîches. Mais cela permit à Harry d'avoir les idées plus claires et de dessaouler. On entendait encore la musique faire vibrer les murs bien que son son soit plus étouffé. Lui et Neville ne s'échangèrent pas une parole, engourdis par le froid.
Finalement, le taxi arriva. Ils s'avancèrent aussitôt vers lui avant que quelqu'un n'y monte. La conductrice fit une étrange tête en comprenant que Harry était bien alcoolisé.
« Il ne va pas me vomir dans mon taxi ? » demanda-t-elle à Neville.
Celui-ci entreprit de la rassurer et après un dernier mauvais regard, elle mit le moteur en marche.
« Où je vous dépose ?
- Square Grimmaurd, s'il vous plaît », répondit le sorcier.
Harry regarda par la vitre la ville aux couleurs de nuit. Son esprit était déjà parti ailleurs et il finit par s'endormir en cours de route. Il se réveilla lorsque Neville lui secoua l'épaule alors qu'ils étaient arrivés. Il paya le taxi et aida Harry à sortir. Il faudra encore une fois qu'il le rembourse… il le ferait lorsqu'il aurait décuvé le lendemain.
Ils attendirent que le taxi ne soit plus dans leur champ de vision pour appeler la maison à faire son apparition. Ceci fait, Harry batailla pour trouver la poignée de la porte pour que finalement, ce soit Neville qui l'ouvre. Machinalement, Harry appuya sur l'interrupteur qui illumina le hall d'entrée. Il avait fait installer l'électricité lorsqu'il s'était installé définitivement au 12, square Grimmaurd.
« Tu vas arriver à monter jusque dans ta chambre ?
- Chais pas…
- Bon, bah on va essayer. Allez viens, appuie-toi sur moi. »
Docile, Harry se laissa faire et ils se dirigèrent vers les escaliers. Ils entendirent soudain la porte du petit salon s'ouvrir. Tournant la tête vers la source du bruit, quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils aperçurent Draco Malfoy !
« Ah ! » firent-ils tous les trois en même temps.
Un immense sourire se colla aux lèvres de Harry qui lâcha Neville pour se jeter sur Draco qui eut un mouvement de recul. Harry le prit dans ses bras en murmurant à l'infini son prénom. Neville eut un regard soupçonneux. Draco finit par répondre à l'étreinte de son petit ami, plus par soucis de les faire tenir debout qu'autre chose.
« Qu'est-ce tu fais là ? » demanda Harry, de la joie dans la voix.
Draco jeta un regard sur Neville avant de répondre :
« Tu m'avais dit que tes examens se terminaient aujourd'hui et comme cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus, j'avais envie de te voir. Je t'ai envoyé un hibou mais comme tu ne répondais pas, je me suis dit que je pouvais tout aussi bien venir te voir directement. Comme… comme tu avais dit que je pouvais venir quand je voulais chez toi… Je suis désolé, je n'aurais pas dû ? »
Il avait débité cela rapidement, comme pour s'excuser de sa présence, en regardant plus particulièrement Neville, qui ne disait rien. Harry serra encore plus fort la taille de Draco.
« Je voulais te voir moi aussi ! s'exclama-t-il. Oh ! Oh ! Attends ! »
Il s'éloigna de Draco et appuya ses mains sur les joues du blond, brisant ainsi sa face imperturbable. Celui-ci, pas à l'aise du tout, grommela :
« Hawy…
- Bon anniversaire ! »
À travers ses joues écrasées, Harry le vit sourire, ou plutôt, être ému.
« Mechi… maint'nant lâche-moi. »
Harry obéit mais seulement pour l'enlacer à nouveau. Draco soupira, en frottant sa mâchoire endolorie. Puis s'adressant pour la première fois à Neville, demanda :
« Que lui est-il arrivé ? »
D'abord surpris d'être interrogé, Neville reprit vite contenance et répondit :
« On est allé fêter la fin des examens, il a simplement trop bu.
- Je vois. Merci Londubat. Je vais m'en occuper maintenant.
- Hm… Harry ? Comment tu te sens ?
- Y'ai mal à la tête… se plaignit l'intéressé.
- Est-ce que tu veux que je reste avec toi ? Est-ce que tu préfères rester avec Malfoy ?
- Ngn… Draco, murmura-t-il, en train de s'endormir.
- Compris. Bon, je le laisse entre tes mains Malfoy, occupe-toi bien de lui.
- Merci Londubat… de me faire confiance.
- Je suis juste le désir de Harry. C'est en lui que j'ai confiance. »
Draco ne répondit pas. Harry était en train de comater et c'étaient les bras du blond qui l'empêchaient de tomber par terre. Neville les salua et s'en alla en fermant la porte derrière lui. Il ne resta plus qu'eux deux. Draco secoua son petit ami.
« Harry ? Tu dors ?
- Hm… » marmonna le sorcier.
Draco soupira.
« Allez viens, on va te mettre au lit. »
Harry s'astreignit à ouvrir les yeux et à aider Draco à le diriger vers sa chambre. Après moult grognements, un Harry qui se prit un buffet en plein dans le ventre et un Draco qui lâcha un juron, ils atteignirent enfin le lit de Harry où celui-ci s'effondra suivi du blond qui reprit son souffle.
« Ah non, t'endors pas encore, il faut que tu mettes ton pyjamas. »
Harry utilisa ses dernières forces pour enlever son pantalon. Quand il tenta d'enlever son tee-shirt, il en fut bien incapable, si bien que Draco dut venir à la rescousse. En caleçon, Harry se faufila sous les draps. Alors que Draco partait dans un coin pour se changer à son tour – il avait vraisemblablement amené des affaires avec lui – Harry lui murmura :
« Draco… tu m'aimes ? »
L'intéressé ayant boutonné le dernier bouton de sa chemise de pyjamas vint le rejoindre dans le lit. Repoussant les cheveux du visage de Harry, il répondit :
« Bien sûr que je t'aime. Pourquoi ?
- Des fois, je me demande ce qui t'attire chez moi… »
Harry semblait un peu plus lucide.
« Je croyais que c'était moi qui devais me poser ce genre de questions ! plaisanta Draco.
- Tu m'aimes ? répéta Harry.
- Oui. Allez viens, il faut que tu dormes. »
Harry se rapprocha de Draco et se nicha dans ses bras. Il était bien, là, contre sa chaleur.
« Est-ce que… est-ce que tu m'en veux ?
- Pour quoi ? s'étonna Draco.
- J'ai été méchant.
- Quand ? demanda gentiment le blond.
- Quand j'ai été méchant parce que tu voulais pas m'embrasser. Tu m'en veux ? »
Draco soupira contre les cheveux de Harry, ce qui le fit frissonner.
« Je ne t'en veux pas, le rassura-t-il. Tu m'as blessé c'est vrai, mais je ne t'en veux pas. C'est plutôt à moi que j'en veux.
- Pourquoi ? Y faut pas t'en vouloir. C'est ma faute.
- Non, c'est de la mienne. Parce que je suis trop peureux… et que j'ai peur des grands changements.
- Un bisou, c'est un grand changement ?
- Oui, un très grand. J'ai peur de finir blessé.
- Par quoi ? s'étonna Harry qui commençait à s'endormir.
- Par toi, par mes sentiments… finit-il par avouer.
- Hm… »
Harry s'était finalement endormi. Draco eut un sourire triste et l'enlaça avant de fermer les yeux à son tour.
o0O0o
La lumière du soleil vint agresser les pauvres yeux de Harry, le réveillant. Il avait un mal de crâne absolument horrible. Il lui fallait une potion pour faire passer ça… Il se mit en position assise et se prit la tête dans les mains. Il geignit de douleur. Un bruit à côté de lui le fit sursauter. C'était Draco. Qu'est-ce qu'il faisait donc dans son lit ? Ils n'avaient quand même pas… À force de se torturer les méninges, il finit par se rappeler par à-coups de ce qu'il s'était passé la veille. Il soupira de soulagement. Ils n'avaient rien fait. Ç'aurait été définitivement trop triste que leur première fois se passe ainsi.
Il se rappela toutefois de leur dernière conversation et il en rougit de honte… Il était vraiment bourré, hein ? Dire qu'il était certain qu'il ne finirait jamais bourré devant Draco… stupide ! Stupide, stupide ! Il était trop… stupide ! Il avait trop honte… Plus jamais, plus jamais il ne boirait !
Draco marmonna dans son sommeil et tira un peu plus la couette à lui. À bien y penser, c'était quand même une image des plus rarissime. Un Draco dans son lit. Qui aurait cru que ça arriverait un jour ? Il n'y avait que sa tête blonde décoiffée par la nuit qui dépassait de sous la couverture. Il avait l'air bien endormi, paisible. Il était beau. Mais ça, ce n'était pas nouveau. Harry en profita pour l'observer à son aise.
Pour continuer dans la blondeur, ses sourcils étaient si clairs et si fins qu'on aurait pu croire qu'il n'en avait pas. Ses cils, blonds eux aussi – forcément – étaient courts et bougeaient au rythme des rêves de Draco. Il avait des pommettes hautes, qui lui faisaient des creux sexy aux joues. Ses oreilles étaient petites et adorables. Blanches à l'état actuelle mais avec une propension à rougir en premier. De jolis coquelicots. Quant à son nez, en pointe, on y aurait volontiers fait courir le doigt, dessiner l'arrête. Il avait vraiment un nez ravissant. Quant à sa bouche, une terrible envie de l'embrasser l'habitait. Il était incapable de la décrire tant il en avait envie.
Mais quelle heure était-il ? Il se tourna vers son réveil-matin. Il indiquait sept heures trente-sept. Il était tôt… sa tête lui faisait un petit peu moins mal mais il se sentait encore faiblard. Il se cacha à nouveau sous les couettes et s'éloigna de la méchante lumière en allant enlacer Draco qui marmonna mais se laissa faire. Il sentait bon aussi. Ce mec était physiquement parfait ou quoi ? Il avait une bonne odeur de violette et de tilleul. Était-ce son shampooing, son eau de toilette ? Ou simplement son odeur naturelle ? Parce que cela semblait peu probable qu'il se soit parfumé avant d'aller se coucher, il aurait de toute façon perdu son odeur pendant la nuit. Ou pas ? À vrai dire, il ne savait pas vraiment. Mais il aimait son odeur, ça c'était sûr. Lui-même ne devait pas vraiment sentir la rose.
Il était heureux que Draco soit venu de lui-même chez lui. Même s'il lui avait dit qu'il pouvait venir n'importe quand, il pensait que Draco serait trop pudique pour oser le faire. Alors que, contre toutes attentes, il soit venu et surtout qu'il l'ait attendu, cela le remplissait de joie. Il aimait le voir chez lui. C'était agréable d'avoir quelqu'un dans cette maison trop grande. Et que cette personne soit son petit ami. Il en était venu à l'aimer plus profondément qu'il ne l'aurait cru, se surprit-il à penser. Ils s'étaient mutuellement ouverts leurs cœurs et avaient prononcé des mots d'amour. Oui, Harry était bien amoureux de Draco. C'était arrivé il ne savait comment mais le résultat était là.
Qu'est-ce qu'il aimait sentir la chaleur de Draco contre lui. Harry était une personne tactile, alors forcément, pouvoir toucher autant qu'il voulait (ou presque) son petit ami le mettait en joie. Il faut dire que Draco avait la peau douce typique des aristocrates qui prennent soin d'eux, donc le contact était d'autant plus agréable. Sous la couette, Harry caressa les poignets du blond puis son cou, ses joues. Sous le contact, les cils de Draco papillonnèrent avant de laisser la place à deux quartz fumés fatigués qui se refermèrent avant de se rouvrir.
« Bonjour mon beau. »
Draco lui répondit par un grognement avant de se coller contre son torse pour éloigner la lumière. Il glissa ses bras autour de la taille de Harry.
« Quelle heure ? murmura-t-il.
- Presque huit heures je pense.
- Hum… il va falloir que je m'habille.
- Tu commences à quelle heure ?
- À dix heures le vendredi.
- Bah t'as encore du temps alors ! On reste dans le lit. »
Draco ne discuta pas et se laissa plutôt câliner. Il demanda plutôt :
« Tu vas mieux ?
- Hum… oui. Mais j'ai un mal de crâne horrible, je vais pas sortir de chez moi aujourd'hui.
- Même pas pour manger avec moi ce midi ?
- Ah ! J'avais oublié… je ne pensais qu'à mes vacances…
- C'est pas grave, de toute façon, on se voit demain.
- Désolé… je pense pas être d'attaque pour midi. »
Il lui offrit un sourire désolé. Il lui caressa la joue d'un air taquin et proposa :
« Tu veux dormir chez moi ce soir plutôt ?
- Hm, je ne sais pas… je vais être plutôt pris samedi, pour préparer mon anniversaire.
- Ça ne va quand même pas te prendre toute la journée. Tu pourras repartir dans la matinée… deal ? »
Draco le regarda les yeux froncés puis après avoir passé une main dans le nid de cheveux de Harry lui fit un sourire à tomber par terre.
« Puisque tu ne me laisses pas le choix… Mais promets-moi de me laisser partir tôt demain.
- Je te le promets. »
Il agrémenta sa promesse par un baisemain en fixant Draco droit dans les yeux. Celui-ci en laissa fleurir le rouge de ses joues.
« Je t'aime Draco.
- Moi aussi, murmura-t-il en réponse, gêné.
- Je suis désolé que tu aies vu mon côté pitoyable hier… dit-il brusquement.
- Oh non, ce n'est pas grave. Tu étais étonnamment assez… mignon. »
Harry en rougit de honte.
« Mais euh… dis-moi, Harry. Est-ce que… tu as un problème avec l'alcool ? »
Harry le regarda, surpris. Est-ce qu'il… avait tout découvert ? Son cœur battit un peu plus fort.
« Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Tu es… souvent en train de boire de l'alcool et hier… tu étais plutôt éméché. »
Que d'euphémismes ! Il avait tout compris ! Non, Harry ne voulait pas qu'il sache, qu'il se rende compte qu'il n'était qu'un idiot d'alcoolique, qu'il n'était pas… digne de lui.
« Hier c'était exceptionnel, s'empressa-t-il de dire. C'est vrai que j'aime bien boire un verre quand je mange mais je n'ai pas de problème avec l'alcool ! »
Menteur. Avec une telle explication, Draco avait sûrement compris qu'il racontait n'importe quoi. Mais heureusement pour lui, celui-ci fit celui qui le croyait. Ou peut-être le croyait-il vraiment ? Il se sentait nul, il avait même menti à son petit ami pour cacher son problème d'alcoolisme. En même temps, il venait juste de reconnaître que ce problème existait, c'était encore trop tôt pour oser en parler avec des gens. Il sourit à Draco dans l'espoir de faire disparaître les doutes qui devaient sûrement l'habiter et changea de sujet :
« Tu veux petit-déjeuner ?
- Oh oui, je meurs de faim. »
Et comme pour approuver, son ventre émit un tel gargouillement que Harry ne put s'empêcher de rire alors que Draco gémit de honte.
« Vu qu'il est tôt et qu'on a le temps, je peux nous faire du pain perdu. J'avais prévu d'en faire dimanche avec Teddy vu qu'il me reste pas mal de pain rassis. J'en ferai avec de la brioche avec lui. Je suis sûr qu'il préfèrera en plus.
- Oh arrête, tu me donnes faim. »
Harry éclata de rire. Puis grimaça alors que son mal de crâne se fit plus fort.
« Aw ma tête…
- Tu as une potion Au revoir Ivresse ?
- Je crois que je n'en ai plus… mince…
- Ahah, sers-toi bien !
- Pourquoi tant de méchanceté ? se plaignit Harry.
- Pour ne pas savoir arrêter de boire quand tu atteints ton maximum. Allez debout, moi j'ai faim.
- Oui votre majesté… » bougonna-t-il.
Harry passa le reste de la journée à décuver. Il aurait bien fait un peu de ménage mais dès qu'il se levait, la tête lui tournait. Ses seuls compagnons furent donc la télévision, le lecteur cassettes-DVD et des bouteilles d'eau pour diluer l'alcool dans son sang. Il ne retrouva des forces que pour faire le dîner. Kreattur aurait pu s'en occuper mais il fallait qu'il fasse au moins quelque chose dans la journée. Sinon il se sentait inutile.
Draco arriva avec son petit sac d'affaires dans la soirée. Après lui avoir demandé comment s'était passée sa journée et ce qu'il avait fait, ils se mirent à table dans la cuisine pour un dîner informel. Le courant passait bien et ils discutaient de choses et d'autres. Harry ne toucha pas à une goutte d'alcool même si ce n'était pas l'envie qui le démangeait.
« D'ailleurs, est-ce que tu veux ton cadeau maintenant ?
- Mon cadeau ? Ah, non, pas la peine, tu pourras me le donner demain.
- Mais puisque tu es là… autant te le donner non ?
- Ça pourrait faire bizarre que tu viennes les mains vides à la soirée, expliqua Draco.
- Ah effectivement, maintenant que tu le dis. »
Draco eut un petit rire à la surprise de Harry.
« Tu vas avoir une vraie pile de cadeau, j'suis sûr ! Il y aura beaucoup de monde ?
- Plutôt oui. Des amis, leurs amis, des connaissances, des relations de mes parents… Certaines personnes me seront sûrement inconnues !
- Oh je vois… c'est pas très…
- Pas très quoi ?
- Je sais pas ? Pas très amusant ?
- C'est une façon de le voir.
- Tu dors avec moi ? changea-t-il soudain de sujet.
- Eh bien… oui ? Je n'ai jamais dormi dans ta chambre d'amis après tout, pourquoi ?
- J'aime bien dormir avec toi.
- Ça n'explique pas pourquoi, Harry. »
Il lui fit un de ces sourires qu'on offre aux enfants qui racontent n'importe quoi mais qui sont beaucoup trop mignons pour leur bien. Un sourire attendri. Harry, quant à lui, partit dans une réflexion intérieure, à se demander le pourquoi du comment. La seule réponse qu'il finit par donner à Draco fut un « Je ne sais pas », autant dire, d'une grande aide. Mais une ambiance tendre s'était installée. Le silence prit place et resta calme jusqu'à ce qu'ils se décident à monter se coucher.
Dans la chaleur du lit, ils se chuchotèrent quelques mots d'amour. Draco caressait la joue de Harry qui se laissait amoureusement faire. Le doux contact des doigts du blond l'endormait.
« Je suis tellement jaloux de tes doigts… » marmonna Harry.
Draco arrêta son mouvement mais quand le brun poussa une plainte, il reprit ses caresses.
« Pourquoi ça ? »
Il y avait de l'amusement dans sa voix.
« Ils sont longs… et fins, et bien entretenus. J'aimerais avoir les mêmes. Les miens sont courts et boudinés. Ils sont pas beaux quoi.
- Si tu vas sur ce terrain, moi c'est ton visage qui me rend jaloux.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- J'ai la peau très élastique, je tiens ça de ma mère. Pince-moi la joue et la peau suit sans problème. »
Il argumenta son explication en se pinçant justement la joue.
« Alors que toi… »
Il tira gentiment sur la joue de Harry.
« Tu vois, c'est plus dur. Tu n'as pas du tout le visage élastique. Tu vieilliras mieux que moi, ça c'est certain.
- T'as peur de vieillir ?
- Oh non, enfin pas plus qu'un autre. Disons que je sais que je ne ferai pas partie de ces personnes qui ont "le charme de l'âge mûr".
- Tu peux pas dire ça, Draco. On sait pas de quoi le futur est fait. Regarde tes parents, je trouve qu'ils vieillissent bien.
- Oh mon père, ça c'est certain. Mais ma mère utilise des potions et sortilèges tous les jours pour sa peau. Et comme c'est d'elle que j'ai hérité, je sais à peu près à quoi m'attendre.
- Hm… si tu le dis. Je trouvais que tu ressemblais à ton père pourtant…
- Ahah, c'est normal ! Je suis son fils après tout. »
Harry poussa soudain un cri d'horreur et pressa sa paume sur sa bouche. Draco sursauta et retira sa main.
« Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Ton père ! Il sera là demain ? »
Draco éclata de rire.
« C'est ça qui t'inquiète ? Eh bien malheureusement pour toi, oui, il sera là. Il n'allait quand même pas rater ma fête d'anniversaire. Mon père te fait si peur que ça ?
- Il est terrifiant ! se plaignit Harry. Bien sûr qu'il me fait peur ! »
Draco n'arrivait pas à calmer son rire, si bien que des larmes commencèrent à perler au coin de ses yeux.
« Anh, te moque pas.
- Ah ! Pour une fois que c'est l'inverse. »
Et il repartit de plus belle dans son rire. Terriblement communicatif car un sourire se transmit sur les lèvres de Harry. Alors que Draco commençait à avoir du mal à respirer à cause de son fou rire, Harry se mit à glousser. Si bien que quelques secondes plus tard, ils se tenaient le ventre de douleur et que des larmes ruisselaient sur les joues de Draco. Celui-ci essaya de reprendre son sérieux mais un seul regard vers Harry le renvoya aux rires.
« Oh ! J'en peux… plus ! parvint à dire le brun entre deux hoquets.
- Je vais… mourir… renchérit Draco.
- Non… meurs pas… C'est triste… la mort. »
Cette phrase eut le don de renforcer encore une fois leur hilarité. Finalement il leur fallut plus de dix minutes pour arriver enfin à se calmer. Mais entre temps, Harry tomba du lit et Draco faillit s'étouffer. Mais ils étaient bien vivants et, miracle ! leur coup de folie était passé.
« Oh, ça faisait longtemps que j'avais pas ri comme ça, avoua Harry, un rire encore au fond de la gorge.
- Moi non plus, approuva Draco. Ça fait du bien… je crois ?
- Ah non, tu vas encore me faire rire.
- Non, il ne faut pas ! Combats-le !
- Mais comment ? »
Il allait rire. Il allait encore rire. Ses tripes n'étaient pas prêtes.
« Tu n'as qu'à m'embrasser. »
Un rire nerveux prit Harry.
« Hein ? Pour de vrai ? »
La tension était retombée. Ou remontée ? Le fait est que Draco avait les oreilles ET les joues rouges.
« Puisque je te dis », lui sourit-il, embarrassé.
Alors Harry ne se fit pas prier, il remonta sur le lit, prit le visage de Draco dans ses mains et sans lui laisser le temps de retirer ses paroles, l'embrassa passionnément. Les lèvres de son aimé étaient douces et il pouvait encore sentir le rire qui les avait nourries quelques temps plus tôt. Sa langue goûtait l'embarras mais se laissait docilement faire. Une main vint s'accrocher à son dos tandis que l'autre venait se poser sur une des siennes.
Finalement, essoufflés, leurs lèvres se séparèrent. Ils avaient tous deux le visage en feu. Draco avait fermés les yeux mais Harry ne perdait pas une miette du spectacle sous les siens. Le baiser avait été aussi long que bref. Mais délicieusement bon. Il faut dire qu'il s'était fait attendre et que Harry en rêvait – dans tous les sens du terme – depuis longtemps.
« Je t'aime, lui murmura-t-il au coin des lèvres.
- Je t'aime aussi, répondit Draco.
- On peut encore s'embrasser ? »
Draco acquiesça de la tête. Ce deuxième baiser fut plus délicat et moins passionné mais tout autant palpitant. Draco tenta de répondre plutôt que de se laisser faire mais Harry le sentait un peu perdu. Sans rien dire, il le guida, l'incitant à répéter ce que lui-même faisait. Les bras de Draco s'étaient enroulés autour de sa taille, le serrant si bien que Harry avait fini au-dessus de lui. Sentir son petit ami sous lui commençait à l'exciter, mais Harry préféra se concentrer entièrement sur leurs bouches. Vu comment Draco avait été mal à l'aise rien qu'à l'idée de s'embrasser, il le voyait mal prêt à des caresses plus… intimes. Mais il était heureux. Pouvoir échanger des baisers, là comme ça, dans sa chambre, rien ne le rendait plus heureux.
Ils s'embrassèrent encore un long moment avant, qu'enfin, ils ne se séparent, les lèvres rougies et humides, les yeux brillants et la respiration courte. Harry se cala alors entre les bras de Draco, qui se mit à câliner ses cheveux. Ils se mignotèrent un moment, se remettant doucement des émotions qui les avaient pris.
« Alors ? finit par demander Harry.
- C'était bien.
- Aw, juste bien ? se moqua-t-il.
- C'était si bien que je ne peux pas te dire comment c'était, rétorqua Draco.
- Hourra !
- Ahah. »
Harry le récompensa d'un baiser chaste avant de retourner dans la chaleur des bras de son amoureux. La fatigue lui retomba alors dessus et il ferma les yeux, prêt à changer de bras pour ceux de Morphée.
« Harry ? Tu t'es endormi ?
- Hmm… répondit celui-ci.
- Je voulais te dire… Je suis désolé pour l'autre fois.
- L'aut'e fois ? marmonna-t-il, émergeant à nouveau.
- … Quand je n'ai pas voulu t'embrasser.
- Oh, ça. C'est pas grave, c'est du passé maintenant. Je t'en veux plus.
- À cause de nos embrassades ? »
Embrassades… d'où il sortait ses mots, lui ? rit Harry.
« Mais non… bien avant, le rassura-t-il.
- Mais tu n'as pas arrêté d'en parler…
- C'est pas parce que j't'en voulais… C'était juste… de la curiosité et une envie d'explication, je pense. »
Il y eut un silence avant que Draco n'avoue :
« Tout à l'heure, quand je t'ai dit de m'embrasser, j'ai eu peur que tu ne veuilles pas… pour te venger… ou un truc dans le genre. »
Harry en fut soufflé. Il leva la tête pour croiser les yeux de Draco. Ce dernier était de toute évidence, gêné. Il évita son regard.
« Tu… tu penses vraiment que je serais capable de faire ça ?
- Eh bien…
- Bah mince alors… Je te donne si peu confiance que ça ?
- Non… c'est pas ce que je voulais dire… ah je n'aurais rien dû dire.
- Ne dis pas ça Draco. Tu as bien fait, au contraire. Qu'est-ce qui t'a poussé à penser ça ? Je te promets de ne plus le faire.
- Rien… c'est juste moi, qui me crée des histoires.
- Mais enfin, ça ne peut pas venir de nulle part ! Je ne me mettrai pas en colère alors dis-moi. »
Draco hésita un instant avant d'avouer :
« C'est… justement quand t'étais en colère… ça m'a vraiment fait peur…
- Oh non, Draco… je suis désolé… »
Il caressa le bras qui l'entourait.
« Je sais vraiment pas contrôler mes colères… et j'étais particulièrement énervé. Et je me croyais légitime, on se croit toujours légitime quand on est en colère. Je suis vraiment désolé. Pardonne-moi.
- C'est bon Harry… comme tu l'as dit tout à l'heure, c'est du passé. Je m'en veux de m'être monté tout ça à la tête.
- Je n'aurais jamais dû me mettre en colère comme ça. C'était… immature. Je te promets de faire de mon mieux pour que ça n'arrive plus.
- Je te crois. Allez, n'en parlons plus et dormons. Je dois partir tôt demain. »
o0O0o
Les portes s'ouvrirent sur la salle de bal, décorée du sol au plafond. Un orchestre jouait dans un coin mais pour l'instant, personne ne dansait. Luna poussa une exclamation d'admiration. La pièce était vraiment magnifique, sortie tout droit d'un livre de la Belle Époque. Harry ne savait où aller, il avait l'impression de faire tâche. Il avait pourtant mis sa plus belle robe, celle avec des motifs de constellations, mais à côté des autres invités, il n'était que peu de choses.
Luna, elle, était fidèle à elle-même, comme à son habitude. Alors nécessairement, elle détonnait. Mais Harry l'aimait pour ça, pour être capable de faire ce qu'elle voulait peut importe ce que les autres pourraient en penser. Nécessairement, les têtes se tournèrent vers eux. Mais était-ce à cause de la robe couleur carotte de Luna ou simplement du fait de leur présence ? Le fait est qu'il ne fallut pas longtemps avant qu'un certain Blaise Zabini ne vienne vers eux.
« Bonsoir vous deux. »
Harry et Luna répondirent à sa salutation avec diplomatie.
« Draco m'a demandé de garder un œil sur vous ce soir, j'espère que cela ne vous dérange pas ? »
Harry prit un air surpris. Draco lui avait vraiment demandé ça ? Il ignorait que les deux garçons s'entendaient à ce point-là. Luna les sauva d'une situation qui aurait pu devenir très gênante en demandant :
« J'ai faim. Quand est-ce que l'on peut manger ? »
Zabini se tourna vers son amie et lui offrit un sourire charmeur.
« Le buffet n'a pas encore commencé mais cela ne devrait plus tarder, veux-tu que je te montre où il aura lieu ?
- Oh oui, s'il te plaît. »
Eh bien décidément… Bon il ne savait pas trop pourquoi « décidément » mais il avait envie de dire ça, ou plutôt penser. Il se demanda où Draco pouvait bien se trouver. Un elfe de maison les avait faits entrer et prit leurs affaires puis les avait accompagnés jusque-là mais où étaient les maîtres de maison ? N'était-ce pas la bienséance d'accueillir ses invités ?
« Zabini.
- Oui ?
- Euh… Où est Dra… Malfoy ? »
D'un geste de la main, le sorcier désigna un endroit à l'autre bout de la salle.
« Draco est par là-bas, en délicieuse compagnie. »
Zabini avait un sourire incompréhensible mais Harry était certain qu'il se jouait de lui. Et c'était quoi ce « délicieuse compagnie » ?
« Si j'étais toi, Harry, j'irais le sauver de ses griffes. »
Il lui fit un sourire entendu. Oh oh. Harry comprit. Il savait ! Et il était en train de se moquer de lui, c'était sûr. Comme pour le conforter dans ses idées, il plaça un bras autour des épaules de Luna qui ouvrit de grands yeux et fit rouler les mots :
« Vas-y, je m'occupe de ton amie. »
Sauf que Luna n'avait pas l'air à l'aise du tout. Elle se dégagea de son bras et se rapprocha de Harry. Zabini eut un soupir de dépit puis haussa les épaules.
« Non merci, je reste avec elle », rétorqua Harry.
Luna lui offrit un sourire de gratitude. Il ne pouvait quand même pas la laisser avec ce malotru ! Pour qui se prenait-il ?
« On va aller saluer Draco ensemble », asséna-t-il enfin.
Et sur ces mots, ils partirent tous les deux bras dessus bras dessous dans la direction que Zabini leur avait donnée plus tôt. Mais celui-ci, au lieu de repartir d'où il venait, se mit à les suivre. L'énervement se mit à monter au nez de Harry mais il tenta de n'en rien montrer.
« Pourquoi est-ce que tu nous suis ? On est capable de se débrouiller seuls.
- Hn hn, comme je l'ai dit, je dois garder un œil sur vous, et il est hors de question que je manque à ma mission. Donc je vous accompagne, que cela vous plaise ou non. »
Il agrémenta sa palabre d'un clin d'œil qui se voulait charmeur, en direction de Luna. Celle-ci l'ignora en regardant le plafond et plus particulièrement le gigantesque lustre de verre. Et dans cette atmosphère gênante, ils arrivèrent au niveau de Draco qui était, effectivement, en délicieuse compagnie. Ou plus particulièrement, en compagnie d'Astoria Greengrass. Cela ne pouvait pas être plus gênant.
Quand Draco s'aperçut de leur arrivée, il eut vaguement un regard embarrassé avant de leur servir un sourire de circonstances. Glissant sa main sur la taille de la jeune femme, il l'invita à se tourner vers eux, pour les présentations. Mais il s'éloigna d'elle presqu'aussitôt au regard jaloux de Harry.
« Astoria, permets-moi de te présenter Harry Potter et Luna Lovegood. »
Un grand sourire sur le visage (c'est qu'elle était belle en plus), elle tendit la main à Harry.
« C'est un véritable plaisir d'enfin vous rencontrer.
- Moi de même, miss Greengrass. »
Pourquoi ce ton si formel ? Harry était tellement mal à l'aise. La paume d'Astoria était douce mais sa poigne ferme, c'était une femme qui savait ce qu'elle voulait. Elle alla saluer ensuite Luna à qui elle offrit un si beau sourire que celle-ci en rougit. C'était rare de la part de Luna, dites donc. Quelle femme ! Et elle était pourtant plus jeune qu'eux. Était-ce cela la classe aristocrate ?
« Harry, je suis content de te voir. »
Draco serra la main de Harry. C'était terriblement perturbant. À quand remontait la dernière fois qu'il lui avait serré la main ? N'était-ce pas seulement aux débuts de leur nouvelle relation ? Arf, trop gênant. Mine de rien, Draco lui caressa le poignet avant de séparer leurs mains. O.K., ça, c'était excitant. Ah, voilà qu'il avait envie de l'embrasser, devant tout ce gratin d'invité.
« Moi aussi, répondit-il, la voix rauque.
- J'aimerais qu'on aille saluer mes parents, ça te va ?
- Ah euh, oui ? »
Et avec une flegme que Harry aurait tué pour avoir à cet instant présent, Draco s'éloigna pour aller saluer personnellement Luna. Celle-ci avait repris ses esprits et était à nouveau digne de la Luna qu'il connaissait. Draco ne lui faisait donc pas peur… intéressant.
« Ça va mieux ? » lui demanda-t-elle.
Tout le monde eut un air interrogatif sauf Draco qui ne se laissa pas démonter.
« Beaucoup mieux.
- Bien. Moi aussi. Mais c'est parce que Harry est là.
- Ah. Je vois. »
Il voyait pas du tout ! C'était évident ! Harry eut une envie folle de rire qu'il tenta tant bien que mal de calmer.
« Hm… je vais t'emprunter Harry un moment, annonça-t-il.
- Oh… fit-elle d'un ton triste.
- C'est pas pour longtemps, vint le brun à la rescousse. Je te promets de revenir vite fait.
- Si tu le promets alors d'accord.
- Ne t'en fais pas pour elle Potter, je m'occupe d'elle ! » s'immisça Zabini.
Harry en fut mal à l'aise. Il ne voulait pas laisser son amie entre les pattes de cet homme.
« Ne vous inquiétez donc pas, je lui tiendrai également compagnie », annonça soudainement Astoria.
Comment avait-elle pu comprendre en si peu de temps ? C'était une personne magnifique ! Ah… voilà qu'il congratulait la personne qui avait failli être la femme de Draco. Elle était terrible… elle savait se faire apprécier. C'était là un pouvoir redoutable !
« Eh bien, merci beaucoup… je la laisse à vos petits soins. »
Il quitta donc le petit groupe aux côtés de Draco, qui était tout souriant. Ils se rendirent vers le centre de la pièce où rayonnait le couple Malfoy. Narcissa portait une magnifique robe couleur soleil couchant, un collier d'un prix que Harry n'osait imaginer, dans le creux de son cou. Ses traits étaient détendus mais elle paraissait moins libre que lorsque Harry l'avait rencontrée quelques semaines plus tôt. En le voyant, elle lui offrit toutefois un sourire maternel, tout à fait chaleureux.
Le père toutefois… Malfoy père avait le visage glacial, les yeux froid, une tenue froide, tout en contraste avec sa femme qui éblouissait. Quels sentiments pouvaient l'habiter en le regardant, Harry l'ignorait, son visage n'avait pas bougé d'un iota entre le moment où il discutait avec Narcissa et le moment où il avait posé le regard sur lui. Si Draco avait appris à cacher ses émotions, c'était évidemment de lui. Son sourire par contre, il le tenait selon toutes mesures, de sa mère.
« Monsieur Potter, commença Malfoy père de sa voix traînante, votre présence ici nous honore. »
D'un geste lent et contrôlé, il tendit la main à Harry qui la serra avec appréhension. Avait-il les mains moites ? Lucius Malfoy lui faisait beaucoup trop peur.
« C'est un honneur d'avoir été invité, monsieur. »
C'était quoi la bienséance ? Dire du bien de la maison, de la soirée ? Dire quelque chose ? Leurs mains se séparèrent enfin et Harry dut user de toute sa volonté pour ne pas essuyer sa main sur sa robe. De toute façon, il n'aurait pas eu le temps, Narcissa s'en empara de ses deux mains.
« C'est un vrai bonheur de t'avoir ici, Harry. J'espère que tu passeras un bon moment. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à nous le demander. »
Elle était terriblement chaleureuse. Il n'avait pas souvenir qu'elle l'appréciait autant. Draco lui avait tout dit hein ? C'était ça, hein ? Oh, qu'est-ce qu'il lui avait dit ? Pas tout quand même ? C'était beaucoup trop gênant… que répondre ?
« Me… merci. Je n'hésiterais pas. »
Alors là… il n'hésiterait pas parce qu'il ne leur demanderait rien du tout. Hors de question de jouer avec ses nerfs, il voulait survivre à cette soirée, nom d'un chien.
Eh oui, je vous laisse en plein dans la soirée d'anniversaire de Draco ! Mouahaha.
Alors ? Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Avez-vous eu envie de baffer Harry ? De secouer Draco ? Comment avez-vous trouvé leur premier baiser ?
Et sinon, avez-vous trouvé cette référence au livre/film ? De quoi s'agit-il ?
Sur ce, faites péter les reviews (encore merci aux anonymes à qui je ne peux pas répondre, votre avis est tout aussi important :) ) et on se donne rendez-vous le mois prochain pour le chapitre 7 (je l'ai presque terminé, promis) !
