Bonjour à tous ! On se retrouve aujourd'hui pour le chapitre 11 de notre histoire. Vous vous rendez compte que cela fait un an que j'ai commencé à publier ici ? Que le temps passe vite. Et je me rends compte qu'en écrivant aussi régulièrement, mon écriture s'améliore et il est certain que je n'écrirais pas du tout le premier chapitre de cette histoire comme je l'avais fait.

Je vais commencer à publier cette histoire sur Wattpad (même pseudo) également, si certains préfèrent lire là-bas.

J'en profite pour vous dire que j'ai commencé un blog sur tout ce qui concerne mon écriture (et les rares fois où je dessine un truc). Si ça vous intéresse, j'ai mis le lien sur mon profil.

Pour ce chapitre, je vous recommande d'écouter Where have you gone de Christoffer Franzen


Chapitre 11 : Relations

Tout tournait autour de lui, et de plus en plus vite. Les rires incontrôlés du gamin lui collait un grand sourire sur le visage. Puis lorsqu'il avait suffisamment fait le « manège », il balançait le petit vers le matelas sur lequel il retombait avec un pouf et toujours plus de rire.

« Encore ! Encore ! » réclama Teddy.

Harry reprit sa respiration. Ses mandibules lui faisaient mal tant il souriait. Mais il était épuisé. C'est que ça demandait de la force que de maintenir un môme par les jambes et tourner sur soi-même à une vitesse suffisamment élevée pour que la force centrifuge le fasse « voler ». Il avait toujours un instant d'angoisse au moment de lâcher Teddy vers le matelas qu'ils avaient installé au sol, de peur que son filleul retombe ailleurs et se casse quelque chose. Mais celui-ci adorait ça et en redemandait.

« Ça fait trois fois que c'est la dernière fois, Teddy. Là, on arrête, j'en peux plus. »

Et pour appuyer ce qu'il venait de dire, il alla s'affaler dans le fauteuil qu'ils avaient repoussé dans un coin de la salle d'été avec d'autres fournitures.

« Encoooore ! » répéta Teddy.

Il n'y avait qu'un moyen de mettre fin à ce jeu. Harry se leva et s'empressa d'aller le faire souffrir sous une pluie de guilis.

« Arrête ! Arrête ! » Teddy demanda grâce entre deux hoquets de rire.

Mais Harry n'arrêta que lorsque Teddy sembla vraiment au bout. Pour se venger, l'enfant lui donna un coup de pied dans la cuisse.

« Eh ! Qu'est-ce qu'on a dit sur frapper les gens ?

- Mais t'es méchant et t'as pas arrêté. J'ai dit arrête et t'as pas arrêté. »

Ah, il était vexé.

« Et j'ai failli faire pipi dans ma culotte », marmonna-t-il.

Il n'y avait qu'une solution pour se faire pardonner. Il prit Teddy dans ses bras, entre ses jambes en tailleur. Celui-ci fit un « hmpf » désapprobateur mais se laissa faire.

« Tu veux un bisou pour me faire pardonner ? »

Teddy acquiesça et Harry embrassa son front puis passa une main dans ses cheveux décoiffés qu'il avait bouclés ce jour-là. Fatigué, Harry se laissa tomber sur le matelas, emportant avec lui le petit qui poussa un cri de surprise. Celui-ci voulut se défaire de Harry mais ce dernier l'enserra un peu plus dans son étreinte.

« Lâche-moi, gronda-t-il.

- Quoi ? Tu ne veux pas me faire un câlin ? s'amusa Harry.

- C'est pas un câlin. Moi, j'veux un vrai câlin.

- Oh ? Et c'est quoi un vrai câlin ?

- C'est quand tu me prends dans les bras et que tu me serres très fort mais que ça fait pas mal.

- Je te fais mal ? » s'inquiéta Harry.

Il libéra aussitôt de son étreinte. Il ne se rendait vraiment pas compte de sa force. Teddy en profita pour s'asseoir sur son ventre, l'empêchant de se lever.

« Mais non !

- Alors c'est quoi un vrai câlin ? Parce que ce qu'on faisait, c'est un vrai câlin, non ? »

Cela perturba Teddy qui réfléchit un moment. Pour montrer son intense réflexion, il joua avec sa bouche de son index puis leva le coude, glissant son index sur son menton. Il n'y avait qu'un enfant qui pouvait faire ça.

« C'était pas un vrai câlin parce que moi, j'étais comme ça. »

Il croisa les bras sur sa poitrine.

« Alors qu'un vrai câlin, c'est quand je suis comme ça ! »

Et il ouvrit les bras en grand.

« Oooh, je vois, fit Harry. Maintenant que je sais faire les vrais câlins, tu veux m'en faire un ?

- Mais t'es bête. C'est pas les enfants qui font les câlins. Tu sais rien, toi. »

Harry était beaucoup trop amusé pour le reprendre sur sa soi-disant intellectualité. Alors il laissa passer.

« Très bien, alors c'est moi qui vais faire le câlin. Viens là. »

Il l'invita à venir se rallonger contre lui et c'est ce que fit Teddy, ouvrant les bras pour que ce soit un « vrai » câlin. Harry le serra fort contre lui, appréciant la chaleur et les battements de cœur du petit. Il embrassa le haut de sa tête.

« Dis-moi, mon chéri, tu te rappelles quand tu m'as demandé pourquoi tu ne pouvais pas m'appeler papa ? »

Il ignorait quel était le moment le plus propice pour aborder le sujet alors pourquoi pas maintenant ? Qu'est-ce que cela changeait ? Teddy ne répondit pas à la question alors Harry continua :

« Pourquoi tu veux m'appeler papa ? »

Le petit fut moins lent à réagir.

« Parce que t'es mon… t'es comme mon papa.

- Et mamie, elle le sait que tu veux m'appeler papa ?

- Je sais pas. »

Ça l'avançait beaucoup…

« Tu veux m'appeler papa ? questionna-t-il plus directement.

- … Moui », chuchota Teddy.

Puis, inquiet, il demanda :

« Tu vas me gronder ?

- Bien sûr que non ! Pourquoi je te gronderais ? » s'étonna Harry.

Qu'est-ce qu'il se passait dans sa tête pour qu'il en vienne à penser une chose pareille ?

« Pa'ce que, en vrai de vrai, t'es pas mon papa. Et que mamie, elle a dit qu'il fallait pas appeler les choses autrement que ce qu'on a dit que c'était. »

Il faisait définitivement référence à cette fois où il avait tenu absolument à savoir pourquoi un chien c'était un chien et pas un chat et vice-versa. Et ses pourquoi avaient été tellement vindicatifs et colériques – comme pouvaient l'être les pourquoi d'un enfant qui ne comprend pas – qu'Andromeda, n'en pouvant plus, l'avait enguirlandé à coup de « c'est parce que c'est comme ça ».

« Et elle a raison », dit prudemment Harry.

Teddy eut un regard horrifié.

« Mais on peut faire des exceptions, s'empressa-t-il de dire. Parce que je te donne l'autorisation.

- Je peux t'appeler papa ? » s'exclama Teddy en se relevant soudainement, un grand sourire aux lèvres.

Harry eut un sourire attendri.

« Oui, tu peux. Parce que j'ai dit que tu pouvais. »

Teddy se trémoussa sur son ventre, tout content.

« Mais j'ai une condition. Tu peux m'appeler papa mais tu ne dois pas oublier que ton vrai papa, ce n'est pas moi mais Remus.

- Oui, papa ! » s'exclama-t-il.

Okay, c'était vraiment bizarre à entendre. Il allait falloir qu'il s'habitue. En tout cas, il ne pouvait pas rendre son filleul plus heureux qu'il ne l'était à l'instant présent. Celui-ci se leva d'ailleurs et courut à l'autre bout de la pièce où ils avaient déplacé la petite table. Harry se releva sur un coude.

« Qu'est-ce que tu fais ?

- Je vais dessiner papa ! »

Et il prit sa trousse remplie de feutre puis trottina jusqu'à l'endroit où étaient rangées les feuilles blanches. Harry eut un soupir heureux et se laissa retomber sur le matelas. Teddy était heureux, il était heureux, tout était parfait.

Et pendant tout le week-end Teddy l'appela papa dès qu'il put.

o0O0o

Comme souvent quand il était seul et n'avait pas de choses prévues, Harry avait mangé son déjeuner plus tard que d'habitude. Et comme toujours, il avait allumé la télévision pour le simple plaisir du fond sonore. Il était en train de faire la vaisselle quand ce fond sonore se fit pressant, loin de l'habituel bourdonnement des informations.

Il termina d'essuyer son assiette et la rangea avant d'aller voir ce qu'il se passait. Pour un moment, il ne comprit pas trop les images qu'il avait devant lui. Mais lorsque l'information monta à son cerveau, un frisson horrifié le parcourut. Il s'assit sur le canapé et augmenta le son pour entendre clairement ce qu'il se disait.

Juste lorsqu'il faisait cela, un avion percuta la deuxième tour encore debout. Des flammes avalèrent aussitôt celle-ci. Il y avait eu des projectiles s'écrasant sur les bâtiments alentours. Des tours jumelles de New York s'élevaient à présent une sinistre fumée noire.

« Oh Merlin ! » s'exclama Harry.

Cela parlait d'un attentat et cela ne pouvait qu'en être un. Horrifié, Harry n'arrivait pas à détacher ses yeux de l'écran. Comment cela pouvait être possible ? Il n'était pas sur place, il était chez lui, en sécurité, après avoir mangé un bon repas et pourtant son cœur battait la chamade. Il était de l'autre côté du monde et pourtant il vivait ça comme si cela se passait sous ses yeux. Et dans un certain sens, oui, c'était devant ses yeux.

Une pensée le glaça soudain. Luna, Neville, ils étaient encore à New York ! Ou était-ce Chicago ? Dans tous les cas, aux États-Unis. Il se leva soudain incapable de tenir en place et se mit à faire les cents pas sans pouvoir quitter un instant l'écran des yeux. Qui montrait à présent une personne sauter du haut du gratte-ciel. Il était horrifié, horrifié.

Il se rassit et en se mordillant les ongles regarda le supplice des images. Et il était désœuvré, écœuré de ne rien pouvoir faire. Puis un troisième avion s'écrasa sur le pentagone. N'en pouvant plus, Harry alla jusqu'au téléphone et composa le numéro de chez Hermione. Mais cela sonna dans le vide. Elle, comme Ron, étaient au travail. Il avait besoin d'en parler avec quelqu'un, d'être rassuré, mais peu de ses amis avaient un téléphone. Et combien parmi les sorciers avaient une télévision ou même accès aux informations moldues ?

Oh Neville, Luna ! Qu'est-ce qui leur était arrivé ? Étaient-ils saufs ? Il tenta de se raisonner, il y avait peu de chances qu'ils se soient trouvés dans les parages. Mais si c'était le cas ? Il passa plusieurs mains nerveuses dans ses cheveux. Il voulait les contacter, savoir s'ils allaient bien mais ce n'était pas possible. Il ne connaissait aucun moyen pour pouvoir les joindre. Il ne connaissait pas le nom de leur hôtel et ils ne lui avaient pas confié de numéro de téléphone pour pouvoir les appeler.

Oh, il était comme un animal en cage. Il n'osait pas sortir de chez lui et aller directement voir quelqu'un. Est-ce que Draco était au courant ? Est-ce que, seulement, les sorciers étaient au courant ? Il alluma la radio sorcière et une sorte de soulagement le prit quand il entendit les animateurs débattre de ce qu'il se passait.

La télé confirma qu'il s'agissait bien d'un attentat d'un certain groupe terroriste qui le revendiquait déjà. Quelques minutes plus tard, la première tour s'effondrait sur elle-même. On annonça qu'un autre crash avait eu lieu et une dizaine de minutes plus tard, ce fut au tour de la tour jumelle de s'effondrer sur elle-même. C'était terrible de voir ces images. Des géants de fer qui s'écroulaient d'un coup, comme si absolument rien ne les retenait, emportant avec eux les pauvres innocents coincés à l'intérieur. Un nuage de poussière. Ce qui restait au sol interdisait de penser qu'un jour un bâtiment aussi haut s'était tenu là.

À la radio, le Ministre de la magie demanda à tous de rester prudent. Il y avait une possibilité qu'un attentat ait également lieu ici, même si pour l'instant rien ne semblait en donner l'impression. Il recommanda de n'utiliser la magie qu'en ultime recours si cela se produisait. Que protéger le secret du monde sorcier était encore plus vital.

Finalement, rester dans cette pièce devint insupportable. Harry décida de partir. Un sort plus tard, il était devant le magasin de farces et attrapes le plus populaire du chemin de traverse. Il rentra à l'intérieur et trouva avec soulagement Ron qui discutait avec George. Il n'y avait presque aucun client vu l'heure et le fait que les jeunes étaient tous à Poudlard. Quand les deux rouquins le virent arriver, ils interrompirent leur conversation. Harry les prit l'un après l'autre dans ses bras.

« Vous avez entendu la nouvelle ?

- Oui, tout à l'heure, à la radio. C'est une sale affaire ce qui se passe chez les Ricains, soupira George en secouant la tête.

- Je suis hyper inquiet pour Neville et Luna…

- Pourquoi ? interrogea Ron, curieux.

- Ils sont aux États-Unis en ce moment. »

Ron plaqua une main sur sa bouche.

« J'avais complètement oublié. Ils vont bien ?

- Justement, j'en sais rien, paniqua-t-il.

- Okay, intervint George. Vous deux, vous allez dans l'arrière-boutique boire une tasse de thé. Je vais attendre que les derniers clients partent et je fermerai. C'est pas comme si on avait beaucoup de monde aujourd'hui ! »

Ron hocha la tête. Il prit Harry par le bras et le conduisit jusque dans l'arrière-boutique. Il le fit s'asseoir sur une chaise et alla mettre la bouilloire sur le feu. Harry sentit tout le stress qui s'était accumulé en lui se relâcher face à la présence réconfortante de son meilleur ami. Ce dernier tira une chaise près de lui et posa une main rassurante dans son dos.

« Tu es sûr que Neville et Luna sont à New York ?

- Non, pas du tout. Mais comme je n'ai aucun moyen de le savoir, ça m'inquiète encore plus.

- Tu sais, ils sont très bien capables de se débrouiller seuls. S'ils se sont retrouvés sur la corde raide comme tu le crains, je suis sûr qu'ils s'en sortiront sans problème. »

Les mots de Ron apaisèrent un peu Harry. C'était vrai après tout. Neville et Luna étaient des sorciers plein de ressources. Neville allait bientôt être auror ! Il saurait parfaitement réagir à ce genre de situation. Et ce n'était même pas dit qu'ils se trouvaient sur les lieux. La bouilloire se mit à siffler et Ron alla la récupérer et leur servir deux tasses de thé.

« Pour l'instant, on ne peut rien faire donc même si on est inquiet, cela ne nous avance à rien », intervint George en fermant la porte de l'arrière-boutique derrière lui.

Il s'assit sur le bord de la table et sourit gentiment à Harry.

« Donc, à défaut de pouvoir faire quelque chose, on peut arrêter de s'inquiéter. On n'aura de toute façon aucune nouvelle avant plusieurs jours. »

Pour marquer ces mots, les frères Weasley l'emmenèrent boire un coup au Chaudron Baveur. Ils forcèrent la conversation sur d'autres sujets, le distrayant de ses pensées. Et même si, au fond, dans l'esprit de chacun d'entre eux, la question de Luna et Neville restait présente, ils la reléguèrent en arrière-plan. Il ne pouvait rien y faire alors il valait mieux qu'ils se concentrent sur autre chose en attendant.

Le lendemain, Harry rejoignit Draco pour manger et put lui faire part de toutes ses inquiétudes. Draco fut très compréhensif et partagea ses appréhensions sans pour autant le laisser se noyer dans ses émotions.

Les jours passèrent et le trafic aérien américain se remit très lentement en marche. Samedi arriva bien vite et avec lui le hibou de Ron, lui apportant une note lui demandant de venir expressément au Terrier. Ni une ni deux, Harry prit Teddy dans ses bras et il transplana chez les Weasley. Toute la famille l'attendait dans le jardin. Et avec eux, deux personnes que Harry rêvait de voir. En apercevant les cheveux blonds de Luna et Neville caché derrière elle, il courut vers eux et les prit dans ses bras avec des cris de joie. Luna rigola et Neville lui rendit son étreinte. Le cœur battant la chamade de jubilation, Harry mit une main dans ses cheveux.

« J'avais peur de ne plus jamais vous voir ! » s'exclama-t-il.

Sa gorge était serrée par l'émotion. Derrière ses deux amis, Hermione rit nerveusement. Ses yeux étaient rouges et ses joues portaient les marques de larmes. Ron glissa une main sur sa taille et elle lui sourit tendrement.

« On est bien heureux d'être enfin rentré ! lui répondit avec humour Neville.

- Ne restez pas debout ici, intervint Molly. Venez vous asseoir. J'ai préparé du thé et des gâteaux. »

C'est donc ce qu'ils firent. Et alors que Harry buvait son thé à la camomille tout en grignotant des petits sablés sur la table de jardin, Neville raconta leur histoire :

« On était à San Francisco lorsque les attentats ont eu lieu. Dire qu'on était à New York seulement une semaine plus tôt ! C'était plutôt la panique dans la rue et on se demandait tous si un avion ne viendrait pas s'écraser sur nous. On était censé rentrer le lendemain mais on a vite compris que tous les vols seraient annulés pendant au moins quelques jours.

- On a donc demandé au réceptionniste de notre hôtel si on pouvait rallonger notre séjour, continua Luna. Et heureusement, il a dit oui ! Par contre, on n'a pas pu garder la chambre que l'on avait déjà car elle était déjà réservée par quelqu'un d'autre… »

Le ton de Luna était amer au souvenir et cela fit rire Harry. Il n'y avait que Luna pour s'offusquer d'une trivialité pareil alors que le monde était en alerte rouge.

« Du coup, on a dû attendre que les avions soient à nouveau autorisés à décoller, soupira Neville.

- Mais on a pu visiter San Francisco plus en détail ! C'était bien, ça.

- Bref, hier soir, on a pu prendre un avion et on est arrivé il y a deux heures.

- J'ai pas pu dormir une seconde ! J'avais trop peur qu'on se fasse détourner. Imaginez si on nous avait fait exploser sur Big Ben ! Je leur aurais fait goûter de ma baguette, moi ! s'exclama Luna. Onze heures de vol, c'est long…

- Surtout sans dormir, bâilla Neville. Madame m'a empêché d'avoir plus de deux heures de sommeil d'affilé. »

Et effectivement, tous deux n'avaient pas une bonne tête avec leurs cernes noires comme s'ils s'étaient pris un coquard.

« J'avais besoin que tu sois vigilant ! »

Luna en particulier semblait plutôt à cran.

« Mais on a eu aucun problème, se plaignit Neville. Et avec toute la sécurité qu'ils ont rajouté, un détournement n'est pas prêt d'arriver de sitôt. »

Arthur les coupa dans leur argument pour poser une question à propos de ces fameux avions. Harry était juste heureux de les voir rentrés, sains et saufs. Et son après-midi chez les Weasley se passa avec une douce tranquillité mettant fin à une douloureuse période d'attente et de stress. Neville et Luna ne restèrent pas longtemps, épuisés. Ils étaient venus seulement parce qu'ils se doutaient qu'on s'inquiétait pour eux. Mais même après leur départ, Harry resta au terrier pour passer le reste de sa journée avec les personnes qui lui étaient chères. Il aurait donné n'importe quoi pour qu'à l'instant présent, Draco soit également là et qu'ils soient tous réunis.

o0O0o

Lundi eut lieu la journée d'information concernant leur dernière année d'études avant de pouvoir passer les examens finals et devenir auror. Ils auraient encore le reste de la semaine de libre mais les cours et l'intégration professionnelle commenceraient dès le lundi suivant. On leur donna les emplois du temps prévus mais on annoncerait à chacun l'auror qu'il flanquerait seulement lors du premier jour. Les emplois du temps étaient susceptibles de changer selon les périodes de l'année donc il était recommandé d'aller vérifier le panneau d'affichage en début de semaine.

Lorsqu'ils furent relâchés, Harry eut la désagréable surprise de trouver un certain journaliste qui l'attendait nonchalamment. Il avait réussi à oublier l'existence de Grilled mais cela ne voulait pas dire pour autant que ses obligations avaient disparu elles aussi. Et Harry savait exactement ce que voulait ce journaliste de misère.

« Bonjour Monsieur Potter. »

Grilled tendit une main et son sourire le plus affable. Avec réticence, le jeune homme répondit à son salut.

« Je me disais que la fin de votre réunion d'information était le meilleur moyen de vous attraper, plaisanta-t-il. J'ai discuté avec votre responsable éducatif et nous avons convenu de plusieurs dates et horaires qui nous conviendraient tous deux et les personnes concernées par notre petit reportage. Il ne nous manque plus, Monsieur Potter, que vous choisissiez la fameuse date parmi celles que je vais vous proposer. »

Harry était bouche bée et incapable de répondre quoi que ce soit. Tout avait été décidé sans qu'il ait son mot à dire, sans même qu'il soit au courant ! Il sentit la colère monter en lui. Il n'était pas une putain de marionnette que l'on traînait en spectacle ! Non, il ne fallait pas qu'il se laisse déborder par sa colère, cela n'amènerait que des problèmes en plus. Il se contint et fit un sourire crispé.

« Et quand sont ces fameux jours ?

- Vous ne voulez pas vous installer quelque part pour qu'on en discute plus tranquillement ?

- Non, trancha Harry à la surprise de Grilled. On détermine ça ici et maintenant. »

Le journaliste eut un sourire mal à l'aise. Il semblait vexé du comportement de Harry mais tentait de ne pas le montrer.

« Très bien. Faisons ça ici alors. »

Ils passèrent une dizaine de minutes à discuter du jour. Grilled tenait absolument à ce que les cours aient bien commencé. De plus, il voulait, en vérité, deux jours de reportage. Un de cours et un où Harry serait avec son auror responsable, « pour présenter un article complet ». Harry tint ses positions et ils s'arrêtèrent sur un seul jour, un mardi, jour où il avait cours le matin et son apprentissage l'après-midi. Après vint la question de quel mardi. Harry voulait se débarrasser de cette histoire le plus vite possible mais le deux octobre était « trop tôt » selon Grilled. Ils se décidèrent donc sur le 9 octobre.

Fatigué de cette conversation, Harry put enfin quitter l'ennuyeux personnage. Il bouillait encore d'énervement et se dit qu'une promenade dans Londres lui ferait le plus grand bien. Il vérifia sa montre. Grilled l'avait retenu plus d'une demi-heure avec toutes ces histoires ! Ah, mais s'il était cette heure-là, cela voulait dire que Draco avait bientôt terminé le travail. Il pouvait peut-être aller le chercher et faire la promenade ensemble. Depuis que son petit ami avait repris le travail, ils n'avaient pas pu passer énormément de temps ensemble. Il lui manquait. Il voulait le voir, l'embrasser, l'embrasser partout. Non, il ne pouvait pas faire ça. Draco était asexuel. Il ne voulait pas de ça. Combien de fois fallait-il qu'il se le rappelle ? Mais il avait terriblement envie de lui…

Ses pas l'avaient porté jusqu'au bureau de Draco. Maintenant qu'il avait officiellement fini son "apprentissage", il avait eu son propre bureau. Qu'il partageait tout de même avec quelqu'un mais son propre bureau. C'était classe. Harry aussi voulait son propre bureau. Ses pensées le firent sourire. Il toqua à la porte.

« Entrez ! » l'autorisa une voix de femme.

Harry ouvrit la porte. C'était la première fois qu'il rencontrait la partenaire de Draco. Elle était assise derrière son secrétaire. C'était une femme tout en longueur et très grande. Elle ouvrit de grandes yeux en le voyant entrer. Assurément, elle ne s'était pas attendue à voir débarquer une célébrité dans son bureau. Elle balbutia :

« Ha… Harry Potter ! »

Draco, installé dans l'angle de la pièce, leva aussitôt la tête.

« Harry ! s'exclama-t-il, étonné. Qu'est-ce que tu fais là ?

- J'ai terminé ma réunion d'informations tout à l'heure. Je me disais qu'on pourrait peut-être passer un moment ensemble. »

Les yeux de la jeune femme n'arrêtaient pas de passer de lui à Draco. Cela le mettait mal à l'aise. Et Draco aussi, semblait-il.

« Maintenant ? Je n'ai pas encore tout à fait terminé ce que j'avais prévu.

- Oh, une fois de temps en temps, tu peux bien partir un peu plus tôt, Malfoy », susurra la femme.

Harry sursauta. Ses mots avaient beau avoir coulé comme miel, il avait senti tout le venin qu'il y avait derrière. Qui était cette femme ?

Draco la regarda, neutre. Harry avait oublié à quel point son petit ami était capable de cacher ses émotions.

« Si tu n'y vois pas d'inconvénient…

- Mais aucun voyons ! Ce n'est pas comme si cela me retardait sur mon travail », plaisanta-t-elle.

Il se tourna vers Harry.

« Tu peux attendre cinq minutes que je règle mes affaires ?

- Bien sur ! »

Harry ne bougea pas, attendant. Draco lui fit les gros yeux et un court signe vers la porte. Harry fit un « oh » silencieux. Mais alors qu'il s'apprêtait à sortir, la jeune femme l'arrêta.

« Voyons, pourquoi attendre dehors, Monsieur Potter ? Nous avons plus de chaises qu'il n'en faut. Asseyez-vous. »

D'un geste suave du bras, elle lui désigna la chaise en face de son bureau. Harry chercha de l'aide de la part de Draco mais celui-ci l'ignora. Il aurait mille fois préféré s'asseoir sur le siège du côté du bureau de son aimé mais la jeune femme avait spécifiquement désigné sa chaise. Il ne pouvait pas s'enfuir. Il s'assit.

La jeune femme était tout mots doux et tendres. Ils roulaient sur sa langue, savamment dorlotés. Tout dans sa posture respirait ses appas. Et elle en usait à profusion. Elle lui fit une délicieuse conversation, blaguant, racontant des anecdotes sur un ton de conspiratrice.

Mais Harry n'était pas à l'aise. Rien ne semblait pourtant le pousser sur la voie du doute mais il y avait quelque chose de mauvais chez elle. Que son apparence extérieure et son langage ne laissaient en rien suggérer. Mais était-ce les années de déceptions, Harry sentait un truc clocher.

Il fut éternellement soulagé lorsque Draco l'annonça être prêt à partir. Il bondit sur ses pieds, lança un au revoir et prit le pas. Quand ils furent dans le couloir et loin du bureau, Harry explosa :

« Oh mon dieu, Draco, qui était cette femme ?

- Malindra Abril, deux ans plus vieille que nous. Ses parents ont été tués par une attaque de mangemorts, avant que le Seigneur des Ténèbres ne s'empare du Ministère », dit-il d'un ton neutre.

Mais un petit sourire se forma sur ses lèvres en voyant l'air choqué de Harry.

« Et… Et ils t'ont mis dans le même bureau qu'elle ? »

Draco s'arrêta.

« Harry, je te l'ai déjà dit. Personne dans le département ne veut de moi. Je ne dois ma place qu'au travail acharné que je fais. »

Il y avait de la rage et du dégoût dans sa voix.

« En tout cas, je suis impressionné de voir que ses charmes ne t'ont pas atteint. »

Outré, Harry demanda :

« Pourquoi tu dis ça ?

- Tu m'as mal compris, soupira Draco. Je suis véritablement impressionné que ses charmes ne t'aient pas atteint. Elle possède une magie innée qu'elle peut utiliser à l'envi pour se faire apprécier des gens qu'elle veut séduire. Vraisemblablement, un de ses ancêtres devaient être vélane. Je suis surpris que tu aies pu y résister, ce n'est pas le cas de tout le monde. »

Draco se remit en route et Harry le suivit.

« Je ne sais pas… s'interrogea Harry. Il y avait un truc en elle qui me gênait. C'est comme si je voyais à travers ses… charmes. Peut-être que c'est le fait de côtoyer régulièrement Fleur. Je dois m'être habitué à la magie vélane. »

Draco eut un rire qui le surprit.

« Pourquoi tu ris ?

- Elle doit être si énervée de ne pas avoir pu mettre la main sur toi ! »

Puis son air se fit soudain plus grave.

« Oh, elle va me le faire payer.

- Quoi ? s'écria-t-il. Comment ça ?

- Elle me hait. Et le sentiment est réciproque. Quand on nous apporte des jugements, elle me refile toujours les plus durs, les moins intéressants, etc. Je suis sûr qu'elle va trouver un truc bien mesquin pour me pourrir la vie. Mais ne t'en fais pas, rajouta-t-il précipitamment en voyant l'inquiétude de Harry, ce n'est rien que je ne peux gérer.

- Tu es sûr ?…

- Certain. Alors, qu'avais-tu prévu pour ce rendez-vous surprise ?

- Je pensais à une simple promenade dans Londres, profiter de la fin de l'été.

- Avec ces vêtements ? » fit-il, un sourcil levé.

Il tendit les bras, mettant en évidence sa robe de sorcier. Harry s'était habillé comme d'habitude, un haut simple et un jean.

« Oh, je n'avais pas pensé à ça. On peut utiliser un sort de confusion pour que les moldus n'y prêtent pas trop attention.

- Bonne idée. »

Draco sortit immédiatement sa baguette et lança le sort puis envoya sa sacoche chez lui pour avoir les mains libres.

« Tu m'avais manqué… avoua soudain Harry.

- On s'est vu mercredi dernier, rappela-t-il, surpris.

- Oui mais je sais pas, j'ai l'impression que cela fait super longtemps qu'on n'a pas été tous les deux. »

Draco eut l'air dérouté pendant un instant mais finalement un sourire se dessina sur son visage.

« Moi aussi tu m'as manqué. Bon, on y va ? »

Ils étaient arrivés devant la cabine téléphone qui les ramènerait à la surface. Ils montèrent dedans et quelque temps plus tard, ils étaient dans les rues de Londres.

« On m'a parlé d'une nouvelle pâtisserie qui fait des éclairs à tomber par terre paraît-il. Ça te dit ?

- Avec plaisir, accepta Draco. J'avais justement une envie de sucre.

- Alors on est parti ! »

Maladroitement, Harry prit le bras de Draco dans le sien. Le blond lui sourit. Harry lui raconta la conclusion de l'histoire de Neville et Luna. Draco fut plus que content que tout se soit bien terminé et Harry le taquina sur ses véritables sentiments par rapport à ses amis. Draco prit la mouche et lui retourna la critique. Harry rit.

« Puisque l'on parle d'amis, mercredi, c'est l'anniversaire de Hermione. Est-ce que tu veux venir ? »

Draco ouvrit grand la bouche de surprise.

« Et pourquoi tu m'inviterais à l'anniversaire d'une personne qui doit probablement me détester ?

- Elle ne te déteste pas… » contra Harry.

Draco secoua la tête et mit une main pensive sur sa joue, semblant se rappeler de quelque chose.

« Je croyais que tu voulais faire complètement partie de ma vie. Apprendre à connaître mes amis en fait partie. Je ne te demande pas d'être amis avec eux, juste de les supporter… »

Cela n'était pas bien de sa part d'utiliser ce que Draco lui avait confié pour le manipuler ainsi. C'était malhonnête, du chantage et Harry s'en voulut dès qu'il eût terminé sa phrase.

« Je suis désolé, s'excusa-t-il. J'aurais pas dû utiliser ce que tu m'as confié comme ça.

- Non, tu as raison. Je viendrai. Si tu m'assures que je ne serai pas mal reçu.

- Je suis sûr qu'Hermione et Ron n'y verront aucun problème et je ferai en sorte que tout le monde soit tout du moins cordial avec toi.

- Merci. Maintenant, qu'est-ce que je suis censé offrir à Granger ?

- Oh, tu n'as pas besoin de lui offrir quoi que ce soit.

- C'est la bienséance Harry.

- J'ai compris, j'ai compris. Tu peux lui offrir n'importe quel livre, elle sera contente.

- Vraiment ? fit Draco, peu convaincu.

- Ah, on est arrivé ! »

Ils étaient devant la nouvelle pâtisserie. La vitrine débordait de sucreries plus délicieuses les unes que les autres. Un nombre raisonnable de clients attendait patiemment leur tour de passer commande. Il y avait un coin où des tables étaient disposées, permettant à ceux qui le voulaient de manger sur place. Mais la grande majorité des clients repartait avec une petite ou grande boîte dans les mains.

Harry et Draco entrèrent dans la boutique faisant tinter un carillon. Ils firent le tour des vitrines et présentoirs. Harry était déjà décidé sur un éclair au café car c'était ce qu'on lui avait recommandé mais Draco était perdu dans son choix.

« Tout à l'air beaucoup trop bon, soupira-t-il. Je ne sais pas quoi prendre. Choisis pour moi.

- Hors de question ! refusa Harry. Si tu n'aimes pas au final, tu vas me le reprocher. Pourquoi tu ne prends pas plutôt un assortiment ? Comme ça tu mangeras le reste chez toi.

- Hm, c'est que tu as de bonnes idées aujourd'hui. »

Harry mit une main aux doigts écartés sur sa poitrine.

« Mais évidemment !

- Arrête ton cirque, le réprimanda gentiment Draco. Puisque l'on part sur du à emporter, je vais aussi en prendre pour mes parents pour ce soir.

- Oh, tu manges avec eux ? demanda Harry, déçu.

- Quoi, tu voulais qu'on dîne ensemble ? Tu n'as qu'à venir à la maison. Père a quelque chose d'important à nous annoncer qu'il ne voulait pas nous dire ce matin mais je suis sûr que ce n'est rien que tu ne puisses entendre. »

Harry grimaça à l'idée d'un dîner chez les Malfoy et Draco lui fit une tête absolument adorable visant à se moquer de lui.

« Avez-vous décidé ? les interrompit la caissière.

- Ah oui ! J'aimerais un éclair s'il vous plaît. Au café.

- Sur place ou à emporter ?

- Sur place. »

Elle alla chercher la douceur.

« Mais j'ai pas encore décidé ! angoissa Draco.

- Bah décide-toi vite. »

La caissière revint avec l'éclair et Harry paya. Elle se tourna vers Draco.

« Et vous, monsieur ? »

Draco prit aussitôt un air de personne qui maîtrise la situation et énonça :

« Un parfait à la myrtille, sur place. Et, euh, à emporter… une religieuse au chocolat, un jésuite, le bavarois citron framboise, un flan, oh et puis une forêt noire, ma mère adore ça. Et un chausson au pomme.

- Ça sera tout ?

- Hum… oui. »

Harry ne pouvait contenir le petit rire qui avait commencé à le prendre. Pour quelqu'un qui n'arrivait pas à choisir, il s'était vite décidé ! Draco paya et, les joues légèrement roses, se dirigea vers une des tables libres, suivi par Harry.

« Je te hais », lui annonça-t-il en s'asseyant.

Harry rit.

« Et pourquoi cela ?

- Je n'étais pas prêt et tu m'as pressé, se plaignit-il.

- Et comment puis-je retrouver votre amour, mon cher et tendre ?

- Dis que tu viens dîner à la maison.

- Tu y tiens vraiment ?

- Oui.

- Alors je viendrai. Pour toi.

- Merci. »

Harry mordit dans son éclair et laissa échapper un soupir de contentement. C'étaient pas des bananes, leurs éclairs étaient à tomber. La pâte feuilleté était moelleuse et mordante comme il se devait, la crème était onctueuse et légère sur la langue, l'équilibre entre le sucre et le café était juste parfait tandis que le glaçage n'avait jamais été aussi bien réussi. Harry n'avait jamais mangé d'éclairs aussi bons. Et ce n'était qu'une bouchée.

« Eh bah, il doit être bon, nota Draco.

- Plus que ça, il est magique ! … Tu en veux un bout ?

- Non merci, je ne suis pas très café. Et je ne voudrais pas te priver de ton plaisir.

- T'aimes pas le café ? s'étonna Harry.

- Pas particulièrement.

- Hm. Et ton parfait ?

- Bon, mais j'en ai mangé des meilleurs.

- Monsieur est difficile je vois.

- Monsieur est connaisseur plutôt », répliqua Draco.

La conversation dériva sur la pâtisserie française et les desserts typiquement anglais. Harry raconta en riant l'obsession de Luna pour les puddings. À partir de là, la conversation retomba nécessairement sur les événements du 11 septembre et ce que cela signifiait pour le monde sorcier. Et sans comprendre comment ils en étaient arrivés là, Harry expliqua les sages mots de Jack et comment il n'avait pas osé retourner à la piscine le mercredi suivant ni ceux d'après, ni à aucune activité depuis le jardinage avec Teddy. Draco était choqué d'entendre cette histoire après tout ce temps et il le fit comprendre à Harry.

« J'étais trop concentré sur le fait que Teddy voulait m'appeler papa ! voulut s'expliquer Harry.

- Ça non plus, tu ne m'as pas raconté comment ça s'est fini, le gourmanda Draco.

- Bah il n'y a pas grand-chose à dire, maintenant il m'appelle papa.

- Donc, c'est ton fils maintenant.

- C'est pas mon fils, c'est mon filleul. »

Le choc qui s'étala sur la figure de Draco mit Harry mal à l'aise. Il avait dit un truc qu'il ne fallait pas ?

« Tu veux dire que tu le laisses t'appeler papa mais tu ne le vois pas comme ton fils ?

- Je l'aime beaucoup mais ce n'est pas mon fils. Je ne l'ai pas enfanté. Pourquoi ? Ça te pose un problème ?

- Je croyais que tu le considérais comme ton fils. Je ne t'aurais jamais poussé à accepter sa demande sinon.

- Je le considère comme mon fils ! »

Draco commençait à lui taper sur les nerfs.

« Mais tu ne veux pas l'appeler "mon fils".

- Pourquoi tu tiens tellement à ce que j'aie un fils ? s'énerva Harry.

- Parce que c'est ce que tu as toujours voulu, non ? une famille ! Mais moi, je ne peux pas t'offrir ça ! »

Éberlué, Harry regarda Draco engouffrer une énorme cuillère de son parfait sur le coup de la colère et… de la tristesse ? Ils avaient réussi plus ou moins à garder le ton de leur discussion bas mais les autres clients commençaient à les fixer. Discrètement, alors que Draco continuait à manger furieusement son parfait, il sortit sa baguette et, sous la table, lança un sort de silence autour d'eux.

« À cause de toi, il n'a plus aucun goût », se plaignit Draco.

Harry eut un petit sourire nerveux à la rebuffade.

« Je vais l'appeler "mon fils" si tu y tiens tant.

- Je ne veux pas que tu fasses ça pour moi. Fais-le pour toi. J'aurais dû me douter que tu n'avais pas réfléchi à tout ce que ça signifiait. Je ne comprends pas pourquoi ça me touche autant…

- Je ne pensais pas que Teddy t'intéressait autant. Je croyais que tu n'aimais pas les enfants.

- Je t'ai déjà dit que ça n'a rien à voir ! C'est ton… rah, j'allais dire "c'est ton fils". Regarde jusqu'où j'ai cru ça ! »

Harry se tut, incapable de trouver quelque chose à répondre. Puis un autre élément du discours de Draco revint à son esprit.

« Pourquoi tu dis que j'ai toujours voulu une famille ? On n'a jamais parlé de ça.

- Voyons, c'est évident ! Je te connais. Tu es un orphelin, tu passais tes vacances de Noël à Poudlard avec une tête de chien battu, tu traînes toujours avec la famille de ton meilleur ami et tu prends le rôle de père pour un gamin à qui il était attendu que tu n'offres que de quoi manger, des vêtements, une éducation et une fois de temps en temps une sortie. »

Il termina dans un murmure :

« Et puis une fois en quatrième année, je t'ai entendu dire à Granger que tu espérais que ton parrain et toi vous alliez former une famille. »

Harry resta silencieux, impuissant quant à savoir ce qu'il devait conclure de tout ça. Était-ce effrayant que Draco arrive à déduire autant ses désirs de quelques bribes d'informations ? Oui.

« Mais je ne peux pas t'offrir de famille », conclut Draco, dévasté.

Cela faisait exactement six mois et deux jours que lui et Draco avaient commencé à sortir ensemble. Pourquoi est-ce qu'il pensait à ça maintenant ? Ça ne faisait que six mois, ils ne couchaient même pas ensemble et Draco parlait de fonder une famille ? C'était bien trop tôt. Harry n'y avait même pas pensé une seule fois. Avec Ginny, cette question n'avait été posée que bien plus tard. Et puis il avait une famille. Tous les gens qu'il aimait, c'était sa famille. Ce n'était peut-être pas la famille que la Société attendait mais c'était sa famille. Il s'était fait à l'idée il y a longtemps.

Mais Draco l'aimait depuis bien plus longtemps, beaucoup plus longtemps. Ce n'était pas étrange finalement qu'il ait déjà imaginé qu'ils aient tous les deux une famille. Est-ce qu'il s'était imaginé Teddy comme leur fils ? Est-ce que c'était pour ça qu'il se montrait si compréhensif par rapport à leur relation ?

« Dis quelque chose… dit-il d'une voix coassante.

- Draco… toi et moi, on n'aura pas de famille, énonça-t-il durement. On est deux hommes, on ne peut pas avoir d'enfants. Et Teddy n'est pas mon fils. Il ne peut pas l'être. Son père, c'est Remus. Fais-toi à l'idée, ça sera juste nous deux. »

Draco papillonna violemment des yeux et des myriades de petites larmes qui s'étaient accrochées à ses cils tombèrent comme de la poussière d'étoiles. Il resta ainsi, les poings crispés sur la table à pleurer silencieusement des perles. Aussi stupide que cela lui semblait à ce moment, Harry ne put s'empêcher de penser qu'il n'avait jamais vu d'aussi belles larmes. Il était stupéfié devant le tableau. Il n'avait pas voulu prononcer de paroles aussi dures. Il ne pensait pas que cela toucherait autant Draco. Il était horrible. Qu'est-ce que ça faisait qu'il appelle Teddy son fils ? Il l'élevait déjà comme son enfant ! Il savait déjà très bien que ce que la Société considérait la famille modèle était très loin de ce qu'il pourrait jamais avoir. Il avait toujours regardé Molly et Arthur comme les parents qu'il n'avait jamais pu avoir. Pourquoi refuser un fils quand la vie lui en offrait un sur un plateau ? Et de quel droit s'était-il permis de parler comme ça à Draco ? De le blesser comme il venait de le faire ? Il avait honte, terriblement honte.

Il ne pouvait plus regarder Draco en face, qui continuait à fixer résolument la table. Son nez s'était mis à couler et il l'essuya distraitement. Il ne faisait toujours aucun bruit, si ce n'est sa respiration saccadée. Pourquoi est-ce qu'il continuait à le dévisager ? Il avait si honte de lui avoir fait mal comme ça. Il voulait retirer ses paroles, lui dire qu'ils créeraient une famille ensemble, qu'ils trouveraient un moyen, si c'était ce qu'il voulait, qu'il pourrait venir s'occuper de Teddy quand il souhaitait. Il fallait qu'il s'excuse. Il ne pouvait pas. S'il y avait bien une chose qu'il n'était pas, c'était un couard, un lâche. Et pourtant, il se leva et partit.

o0O0o

Qu'est-ce qu'il faisait là ? Pourquoi Draco était à l'anniversaire d'Hermione ? Après ce qu'il s'était passé, c'était bien le dernier endroit où il s'attendait à le voir.

Harry avait passé deux jours vraiment infernaux. Il avait eu à nouveau un cauchemar avec Voldemort mais cette fois, Draco était également dedans. Celui-là avait été d'une violence inouïe, comme il n'en avait pas eu depuis une éternité. Il l'avait laissé pantelant pour tout le reste de la journée et Harry avait plusieurs fois sursauté à un simple bruit. Un deuxième cauchemar l'avait évidemment assailli la nuit suivante.

Mais pourquoi était-il là ? Il s'était installé à une des tables et patientait tranquillement que tout le monde arrive. Il ne semblait pas s'être encore rendu compte que Harry était arrivé. Qu'est-ce qu'il devait faire ? Aller le voir directement ? L'ignorer ? Il avait terriblement envie de l'ignorer. C'était l'option la plus simple. Et repoussait la confrontation à plus tard.

Il alla saluer Hermione, lui souhaitant un bon anniversaire. Elle était gênée que ses parents aient organisé une telle fête alors qu'elle considérait qu'elle n'avait plus l'âge pour de telles choses. Harry la taquina en disant qu'elle serait toujours le petit bébé de ses parents. En riant, elle lui donna un léger coup dans le bras pour se venger.

« Dis-moi, pourquoi Draco est là ? demanda abruptement Harry.

- Il est venu me voir à mon bureau plus tôt. Il m'a dit que tu l'avais invité mais que tu ne lui avais pas précisé ni l'heure ni le lieu. Franchement Harry, je ne peux même pas dire que ça m'étonne de toi. Bref, je lui ai proposé de venir avec moi. Pourquoi ? Il y a un problème ?

- Non, non, aucun problème », mentit-il effrontément.

Hermione ne parut pas convaincue mais elle laissa couler.

« À chaque fois que je discute avec lui, je suis toujours plus surprise, dit-elle plutôt. Il a tellement changé par rapport à Poudlard. Tu crois qu'on aurait dû essayer d'apprendre à le connaître à l'époque ?

- Je ne peux pas te dire. Peut-être. Mais cela ne nous est jamais venu à l'esprit. Et c'est pas comme si on pouvait y changer quelque chose.

- Tu as raison. Allez, je te laisse le rejoindre. On commencera le repas dans un peu moins d'une heure. »

Harry s'éloigna d'Hermione. Il était temps qu'il fasse face à ses problèmes. Qu'il avait fui lamentablement l'autre jour. Ce n'était pas digne de lui. Urgh, il avait si honte. Il voulait s'enterrer dans du sable et laisser la marée l'éroder. Il se prit une flûte de champagne – pour le courage – et se dirigea vers Draco. Il tira la chaise à sa gauche.

« Cette place est libre ? »

Pourquoi il demandait un truc pareil ? Il pouvait pas juste la fermer et s'asseoir ? Draco lui indiqua d'un geste du bras qu'il pouvait prendre place. Harry s'assit et but une gorgée de champagne. Il était bon. Qu'est-ce qu'il pouvait bien dire ?

« Je ne pensais pas que tu viendrais.

- Tu m'as invité », répondit laconiquement Draco.

O.K., Monsieur n'était pas là pour la discussion. Après sa brève réponse, Draco l'ignora ouvertement et mangea plutôt des rillettes d'aubergine. Pourquoi il était là ? Les secondes s'égrenèrent entre eux et aucun des deux ne semblait être prêt à lâcher un mot. Oh, cette soirée promettait d'être géniale.

Le dîner commença finalement et Harry fut soulagé de se retrouver entouré de ses amis. Neville s'était assis à côté de lui et semblait vivre très mal son décalage horaire. Seamus et Dean s'étaient installés en face de lui et cela faisait au moins depuis le jour du pique-nique qu'ils ne s'étaient pas vus. Ils les regardaient, Draco et lui, avec un intérêt tout particulier et chuchotèrent entre eux. Harry se douta vite de la raison. Ils n'étaient pas là lors de son anniversaire et n'avaient pas appris la nouvelle de leur mise en couple. Mais certainement, des rumeurs leur étaient parvenues.

« Qu'est-ce qu'il y a ? s'interrogea Neville. Pourquoi vous me regardez comme ça ?

- C'est pas toi qu'on regarde, rit Dean. C'est Harry et Malfoy.

- C'est vrai que vous êtes en couple ? » demanda Seamus.

Harry jeta un œil à Draco qui les ignorait royalement.

« C'est vrai, répondit-il précautionneusement.

- Je t'avais dit que c'étaient pas des craques ! s'exclama Dean. Tu me dois cinq mornilles. »

Seamus soupira et lui passa l'argent. La conversation sur ce sujet n'alla pas plus loin. Ginny venait de passer les portes de la salle en lançant un :

« Désolée ! Je suis en retard ! »

Il y eut des rires. Draco s'étouffa dans sa nourriture et ce n'était manifestement pas parce qu'il riait. Oh là là. Est-ce que c'était la première fois qu'ils se voyaient ? Harry eut soudain très peur de ce qui pourrait arriver. Luna désigna à Ginny une chaise libre à sa table et Harry respira à nouveau. Elle était trop loin pour la discussion. Harry ne put s'empêcher de la contempler. Elle s'était coupée les cheveux très courts, au ras de la nuque, ce qui la rajeunissait énormément. C'était clairement pour le Quidditch qu'elle les avait coupés ainsi mais cela lui allait très bien. Elle était toujours aussi belle.

Il arrêta de la fixer autant lorsqu'il se rendit compte du regard de Draco posé sur lui. Alors comme ça, il décidait de l'ignorer mais quand il regardait quelqu'un d'autre, il se permettait de le juger ? Non, il était mauvaise langue. Il ne savait même pas si Draco était vraiment en train de le juger. Et c'était de Ginny dont on parlait. De son ex. Ah, il avait honte de son comportement, de ses pensées. Pourquoi il agissait comme ça ? Mais ce qu'il comprenait le moins, c'est pourquoi Draco était venu si c'était pour ne pas lui adresser un mot ?

Oh, il avait hâte que cette soirée se finisse et qu'il puisse se réfugier dans son lit. Il rendit son regard à Draco avec un air de "tu veux te battre ?" mais le blond ne portait déjà plus attention à lui. Harry se sentit stupidement vexé. Il se demanda à nouveau pourquoi Draco avait pris la peine de venir. Ce n'est pas comme s'il était heureux d'être là. Tout chez lui disait qu'il préférerait mille fois être ailleurs. Lorsque l'on servit le plat principal, Harry se pencha vers lui.

« Pourquoi tu es là ?

- J'ai cru que tu ne demanderais jamais », répondit aussitôt Draco.

Et ce fut tout. Harry attendit qu'il s'explique mais Draco continua à l'ignorer et à manger son assiette. Harry soupira et laissa tomber, se concentrant sur sa propre assiette. Le temps sembla s'étirer à l'infini jusqu'à ce que le gâteau d'anniversaire arrive et que tout le monde se mette à chanter. On força Hermione à faire un discours et elle s'exécuta avec dépit. Elle remercia ses parents qui avaient organisé la fête et ses amis qui étaient venu malgré que l'on soit un soir de semaine. Elle se serait rassise si Ron ne lui avait pas refourgué un gros paquet dans les bras.

« Un cadeau commun avec tes parents », lui expliqua-t-il avec un clin d'œil.

Hermione eut un sourire mi-attendri, mi-amusé. Elle ouvrit l'emballage et tomba des nues face au contenu.

« Comment vous avez compris que je voulais un ordinateur ? » s'exclama-t-elle.

Ses parents rirent et dirent que c'était évident étant donné que ces derniers temps elle ne parlait que de ça. Harry n'avait jamais vu d'ordinateur portable, c'était beaucoup plus petit que ce qu'il imaginait. Il n'avait en tête que les ordinateurs qu'avait possédés Dudley. Et aucun n'était portable. Mais cela avait l'air de peser un petit poids vu comment Hermione le portait. Le design de l'objet était amusant. Fermé, on aurait dit une mallette. Il ne manquait plus qu'une poignée pour pouvoir le porter comme un attaché-case. Il avait un joli turquoise.

« C'est un modèle sorti il y a deux ans d'après le vendeur mais on ne sait pas trop ce que ça change, expliqua le père d'Hermione.

- C'est parfait, lui répondit sa fille. Je l'utilise au travail dès demain. »

On apporta les autres cadeaux qui avaient été déposés par les invités dans un coin à part pendant le repas. Gênée d'être ainsi le centre de l'attention, Hermione ouvrit un à un les cadeaux, remerciant chaque personne individuellement.

« Oh Harry, tu m'as tellement comprise », dit-elle en ouvrant son cadeau.

Elle porta le livre contre elle. Quand il l'avait vu chez Fleury et Bott, il s'était dit que c'était parfait pour Hermione. L'ouvrage s'intitulait Les Technologies moldues surpasseront-elles la magie ? — De l'avion au téléphone —. Elle le montra à tout le monde, déjà toute excitée à l'idée de le lire. Draco se tourna vivement vers Harry, étonné. Celui-ci lui lança un regard interrogateur mais déjà il était reparti pour l'ignorer. Agacé, il croisa les bras et se rencogna dans sa chaise. Il ne comprenait vraiment pas Draco à l'instant présent. Il l'aurait bien secoué mais on était en public.

Deux autres cadeaux passèrent dans les mains de la sorcière. Puis un petit paquet fut le suivant. Sa taille laissait présumer sans trop de crainte qu'il s'agissait d'un livre. Hermione lut tout haut le nom qui y était inscrit :

« Draco. Je ne sais pas où tu l'as trouvé mais ton papier cadeau est vraiment magnifique. »

Elle ne savait pas trop à quoi s'attendre et avait vraisemblablement préféré faire un compliment avant de l'ouvrir. Elle l'avait appelé Draco, remarqua Harry. Sans trop savoir pourquoi, cela lui fit chaud au cœur. L'intéressé était figé comme un piquet. Il devait être anxieux de la réaction d'Hermione. Celle-ci ouvrit le paquet-cadeau.

« Ah bah », fit-elle, étonnée, avant de rire.

Elle mit en évidence le cadeau pour que tout le monde puisse le voir. Abasourdi, Harry dévisagea Draco dont les oreilles étaient devenues rouges.

« Vous ne vous êtes pas concertés ? » demanda Hermione en riant.

Draco secoua la tête.

« Tu as choisi le même livre que moi ? parvint enfin à s'étonner Harry.

- Haha, s'esclaffa George. Je vois enfin pourquoi vous sortez ensemble !

- Quoi ?! »

Ginny sauta littéralement de sa chaise. Tout le monde la regarda avec surprise. Elle était pantoise et ne pouvait détacher son regard du couple.

« T'étais pas au courant ? s'étonna Harry.

- Tu ne lui as pas dit ? intervint Draco presqu'en même temps.

- Je croyais que c'était avec Neville que tu sortais !

- Moi ? »

On ne tenait plus George qui tomba de sa chaise. Harry était juste liquéfié. Pourquoi Ginny n'était pas au courant ? La nouvelle aurait dû lui parvenir depuis le temps. Bon, elle ne paraissait pas en colère, c'était déjà ça, juste… extrêmement choquée. Elle se rassit sous les rires de la salle. Luna lui passa un verre de vin qu'elle but avec avidité.

« Pourquoi elle a cru qu'on sortait ensemble ? s'enquit Neville, aussi choqué que Harry.

- J'en ai aucune idée et je veux pas savoir pourquoi. Uh. »

Il frissonna à l'idée de lui et son ami en couple. Neville lui renvoya la même image de dégoût en secouant la tête.

« Comment je suis censé le prendre ? » rit Draco.

C'était la première fois depuis le début de la soirée qu'il lui sortait un sourire. Heureux de le voir ainsi, Harry le lui rendit. Le sourire de Draco se figea un peu et il détourna le regard. Harry était éberlué. Draco était vraiment en colère contre lui. Évidemment, après ce qu'il lui avait dit. Mais il n'arrivait pas à comprendre Draco. Qu'est-ce qu'il voulait ?

Le rire fort de Ron le ramena sur terre. Il se moquait ouvertement de sa petite sœur. Harry allait devoir avoir une discussion avec elle. En privé. Son regard accusateur d'avoir été laissé dans l'ignorance le lui assurait. Mais d'autres regards étaient également posés sur lui et Draco. C'étaient des amis d'Hermione, de son lieu de travail, pas les siens. Il ne les connaissait pas particulièrement. Oh oh. Est-ce que sa véritable relation avec Draco allait faire la Une des journaux ? Ou est-ce que les amis d'Hermione avaient un peu de bon sens ? Et sauraient garder leur bouche close ? Argh, il y avait trop d'ennuis qui venaient lui poser problèmes, là ! À commencer par Draco.

Lorsque les premiers invités commencèrent à rentrer chez eux, Draco se leva et Harry l'imita. Il alla dire au revoir à Hermione et Ron. Même si Harry serait bien resté un peu plus longtemps pour passer un moment avec ses meilleurs amis, il suivit l'exemple de Draco. Ce dernier récupéra sa longue veste et sortit du restaurant. Il jeta un œil à Harry et continua sa route. Où est-ce qu'il se rendait ? Lorsqu'ils entrèrent dans une ruelle, Draco se retourna brusquement, obligeant Harry à s'arrêter, et croisa les bras.

« Tu comptes me suivre jusqu'à chez moi ?

- Tu veux pas me parler, je vais être bien obligé, rétorqua Harry.

- Ah parce que maintenant, c'est moi qui ne veux pas te parler ? »

Harry hoqueta de surprise.

« Tu m'as ignoré pendant toute la soirée !

- Et toi tu m'as ignoré pendant deux jours ! Après m'avoir laissé en plan à la pâtisserie ! Si je n'étais pas venu aujourd'hui, est-ce que tu serais seulement venu me voir ?

- On s'est engueulé ! C'est pas comme si je pouvais me pointer d'un coup.

- On ne s'est pas engueulé ! Tu m'as dit des choses odieuses ! Et même pas un pardon !

- On s'est engueulé, rectifia Harry. Et je suis désolé.

- Trop tard. Je n'aurais pas dû avoir à te demander. »

Draco se détourna et reprit sa marche. Harry lui cria :

« Tu n'es pas en reste non plus ! Tu n'as aucun droit de me dire comment je dois voir mon filleul ! Ce ne sont pas tes affaires ! »

Draco eut un reniflement de dédain. Il sortit sa baguette.

« Oh non, l'avertit Harry. Ne pense pas à t'enfuir maintenant.

- Qui c'est qui s'enfuit ? lui rétorqua Draco. Je vois que c'était une erreur de venir. »

Et il transplana. De rage, Harry donna un coup de pied dans une poubelle et poussa un juron en se tenant le pied de douleur.

« Putain, mais on peut pas être aussi têtu que lui ! »

Il soupira et se laissa tomber par terre. C'était un désastre. Mais pourquoi, au nom de Merlin, Draco était venu à cette fête d'anniversaire ? se demanda-t-il pour la énième fois. À quoi est-ce qu'il s'attendait ? Et puis d'abord, pourquoi est-ce que Draco faisait toujours la victime quand ils s'engueulaient ? Une dispute, c'était à deux ! Draco aussi avait ses torts… À commencer par s'occuper d'affaires qui ne le concernaient pas. Oh mais pourquoi il avait fallu qu'ils se prennent le chou ? Pourquoi leur relation était aussi compliquée ?

Soudain allumé par un feu intérieur, Harry se leva. Leur "discussion" n'était pas terminée, il allait voir ce qu'il allait voir. Il saisit sa baguette et quelques secondes plus tard, il était devant le portail du manoir Malfoy. Un elfe de maison arriva quelque temps plus tard. En le reconnaissant, la créature lui ouvrit aussitôt. Visiblement, il avait encore ses privilèges que Draco lui avait accordés quelques mois plus tôt. Il entra en trombe dans le manoir et grimpa deux par deux l'escalier. Il fallait juste qu'il ne se trompe pas de pièce.

Mais il n'eut pas besoin d'ouvrir de portes car l'une d'entre elle s'ouvrit en grand, dévoilant un Draco fulminant. Le voyant, il s'approcha rapidement vers lui. Il siffla entre ses dents :

« Je peux savoir ce que tu fais ici ? »

La rage habitant Harry retomba. Qu'est-ce qui lui avait pris de venir là ? Mais il se reprit.

« Mettre fin à cette dispute stupide.

- Je ne veux pas te voir. »

Il tenta d'agripper son bras mais Harry l'évita. Les yeux de Draco lançaient des éclairs.

« Faut savoir ! Tu me reproches de n'être pas venu et maintenant tu me chasses ? »

Draco eut un rire moqueur.

« Sérieusement ? Va-t'en. Je suis sérieux.

- Mais moi aussi ! »

Ils se regardèrent en chien de faïence. Draco croisa les bras et montra le menton.

« Très bien, qu'est-ce que tu veux ?

- Qu'on arrête cette dispute.

- Et comment tu comptes t'y prendre ?

- Dis-moi ce que tu veux que je fasse.

- Tu rigoles ? C'est ça ta solution ? se moqua Draco.

- Tu en as une meilleure ?

- Oui. Rentre chez toi.

- Non. »

Draco soupira.

« Tu es insupportable.

- Toi aussi, lui rétorqua Harry, piqué.

- Faut-il vraiment que tu sois aussi gamin ?

- Je peux savoir ce qu'il se passe ici ? »

Harry et Draco sursautèrent en entendant la voix qui les avait interrompus. C'était Narcissa, dans son kimono de nuit. Elle avait l'air de quelqu'un qui venait de se réveiller ou qui avait tenté de s'endormir sans succès. Harry avait la désagréable impression d'être un adolescent qui avait fait une connerie et que les parents venaient de prendre sur le fait.

« C'est rien, Mère, dit piteusement Draco.

- On vous entend jusque dans la chambre. Ce n'est pas rien.

- Juste une dispute, Madame Malfoy », intervint Harry.

Narcissa inclina légèrement la tête sur le côté.

« Narcissa, lui rappela-t-elle.

- Narcissa, répéta-t-il.

- Bien. Pourquoi vous êtes-vous disputés ? »

Seul le silence lui répondit.

« Très bien, affaire privée, je vois. Bon, vous allez me faire le plaisir d'aller régler cette histoire dans votre chambre. Et je veux vous voir demain réconciliés.

- Mais…

- Pas de mais, Draco. »

L'ordre de Narcissa était sans appel. Draco et Harry échangèrent un regard. Accompagnés de la mère Malfoy, ils se rendirent jusqu'au devant de la porte encore ouverte de la chambre de Draco.

« Je suis navré que l'on t'ait réveillée, Mère. »

Elle balaya l'excuse d'un geste de la main.

« Sois heureux que ce soit moi qui sois venue plutôt que ton père. Bon maintenant, vous êtes bien trop jeunes pour vous disputer donc réglez-moi ça. Je vous vois demain matin. Bonne nuit. »

Draco eut à peine de le temps de retourner la salutation que déjà Narcissa refermait la porte de la chambre sur eux. Il y eut un silence gêné entre le couple. Puis Harry eut un rire nerveux qui bientôt se propagea chez Draco. Toute la colère qui habitait Harry avait fondu comme neige au soleil avec l'interruption de Narcissa. Et en regardant dans les yeux de Draco, il put voir que c'était pareil chez lui.

« On dirait que je vais devoir dormir ici ce soir.

- On dirait.

- Je vais rentrer chez moi, proposa-t-il.

- Non, reste. Il faut qu'on parle.

- Comme tu veux. »

Il s'assit sur le bord du lit alors que Draco restait debout.

« Comment on fait ça sans en venir aux mains ? demanda le blond.

- J'en sais rien. Oh si, je sais ! Dans la série que je regardais l'autre jour, ils utilisaient un ours en peluche.

- Un… Un ours en peluche ?

- Oui. Seule la personne qui a dans les bras la peluche a le droit de parler. Les autres doivent attendre leur tour.

- C'est stupide.

- Mais non ! Allez, on peut bien essayer. »

Draco soupira.

« Très bien. Essayons ton… truc.

- Tu as une peluche ?

- Bien sûr que non ! Pourquoi j'en aurais une ?

- Oh ça va, c'était juste une question. On n'a qu'à utiliser un coussin à la place. »

Harry tendit le bras et attrapa l'oreiller.

« Hm, peut-être un peu gros. Bon, ça fera l'affaire. Assis-toi. Tu veux commencer ? »

Draco le regarda, circonspect, mais tira un fauteuil et s'installa face à Harry. Il prit l'oreiller et le posa sur ses genoux, étalant ses mains dessus.

« De quoi je suis censé parler ? demanda-t-il.

- De ce que tu veux, tes sentiments, ce que tu veux me dire, et je n'ai pas le droit de t'interrompre. »

Draco soupira, réfléchissant. Puis il raffermit sa position dans son siège et dit :

« Je t'aime mais parfois tu es vraiment très énervant. Et tu es difficile à vivre. »

Ça commençait fort. Harry lui aurait bien renvoyé la critique mais il se contint. Il était décidé à suivre la règle de l'ours en peluche – du coussin en l'occurrence – à la lettre. Et puis leur dispute ne valait pas la peine de s'étendre encore. D'un mouvement de la main, il invita Draco à continuer.

« Hum… Et j'imagine que c'est normal parce qu'on est deux personnes très différentes. Mais on peut être similaire sur beaucoup de choses aussi. Regarde le livre qu'on a offert à Granger aujourd'hui. Je ne m'y attendais pas du tout. Mais ce n'est pas le sujet, se reprit-il. Je suis très en colère par rapport à ce que tu m'as dit l'autre jour. On avait certes un argument mais ce n'était pas une raison pour que tu me parles comme ça. Je voulais juste mieux comprendre ce qui se passait dans ta tête. Mais tu as complètement nié mes sentiments. Et en plus tu me dis que ton filleul, ce n'est pas mes affaires. Alors, oui, je suis d'accord que je n'ai pas à m'occuper de son éducation, des valeurs que tu lui inculques, etc., mais c'est toi qui es venu me parler de ton problème avec lui. Tu m'as demandé mon avis. Alors que Teddy t'appelle papa ou non et que toi, tu l'appelles fils ou filleul, ça devient mes affaires. Tu ne peux pas décider jusqu'à quel point j'ai le droit de donner mon avis. Même s'il est contraire au tien. »

Les joues rouges d'avoir tant parlé, il tendit le coussin à Harry qui le prit avec hésitation. Comment allait-il répondre à cela ?

« Au moment de notre… argument, comme tu dis, je ne pense pas que j'étais en colère. Enfin si, mais pas vraiment. Après, oui, j'étais clairement en colère, mais pas sur le moment. Draco, tu ne m'as pas donné ton avis, tu m'as jugé. Et ça, je n'ai pas du tout aimé. Alors oui, effectivement, je n'aurais pas dû te dire que ce n'était pas tes affaires. Mais tu n'as certainement pas le droit d'émettre un jugement sur moi. Mais cela n'empêche pas que je me suis mal comporté. J'en ai honte et je suis désolé. J'aurais dû rester et m'excuser au lieu de partir lâchement. Oh. Et je t'aime aussi bien sûr même si toi non plus t'es pas facile à vivre », termina-t-il avec un sourire.

Draco eut un court rire à la tentative d'humour et récupéra le coussin tendu. Il se racla la gorge et répondit :

« Je ne m'étais pas rendu compte que tu avais perçu mes questionnements comme un jugement. Je suis désolé, ce n'était pas mon intention. Mais tu as raison, je t'ai jugé et je n'aurais pas dû. Quand on aura pris du recul par rapport à tout ça, j'aimerais qu'on reparle de Teddy et de ta relation avec lui. Et promis, je ne donnerai que mon avis. Merci d'avoir reconnu que ton comportement aussi n'était pas des plus corrects. On a eu tous les deux nos torts. Et j'aimerais qu'on passe à autre chose maintenant que c'est dit. »

Il rendit l'oreiller à Harry.

« Euh… je ne vois pas trop quoi dire de plus. Je pense qu'on a tout dit. Ah si, pourquoi tu m'as ignoré tout à l'heure ? »

Il renvoya le coussin à Draco. Ce dernier regarda l'objet et le laissa finalement tomber au sol. Il quitta son fauteuil pour s'installer à côté de Harry sur le bord du lit.

« C'est stupide, répondit-il. J'étais juste vexé et énervé et t'ignorer m'a semblé être une bonne façon de te le faire comprendre.

- C'est un peu… gamin.

- Parce que toi, tu ne l'es pas ?

- Mais moi, je l'assume, plaisanta Harry.

- Tu es un horrible petit ami », dit Draco d'un ton pince-sans-rire.

Harry s'esclaffa.

« On est O.K. ? voulut vérifier Draco.

- On est O.K., confirma Harry.

- Tu dors ici ?

- D'après ta mère, oui. C'est ce que tu veux ? »

Draco haussa les épaules et répondit :

« Si ça ne te gêne pas.

- Alors je reste. Ça fait une éternité qu'on n'a pas dormi ensemble, ça me manquait. »

Draco acquiesça. Il se leva et alla ouvrir une porte que Harry n'avait pas remarqué la première fois qu'il était venu dans sa chambre. C'est qu'elle était plutôt bien dissimulée ! Elle donnait sur le dressing et son propriétaire y entra pour se changer.

Laissé seul dans la chambre, Harry s'allongea sur le lit. Leur dispute s'était terminée en un clin d'œil. Mettre la colère de côté réglait-il vraiment aussi efficacement les problèmes ? Tout s'était fini en un battement de cil et l'intervention de Narcissa y était définitivement pour quelque chose. Est-ce parce qu'ils avaient tous les deux envie d'y mettre rapidement un terme ? Ils avaient après tout chacun avoué leurs torts, s'étaient excusés et avaient promis de ne plus recommencer. Et puis en soi, leur dispute n'était pas si grave que cela. Ah, Harry n'avait pas dit qu'il ne recommencerait plus. Il fallait qu'il le dise à Draco. Mais il avait la flemme de se lever, le lit de son petit ami était si confortable. Il ferma les yeux.

« Harry, lui susurra la douce voix de Draco.

- Hm ?

- Tu t'étais endormi. Mets-toi correctement sous les couettes et dormons.

- J'ai oublié de te dire que je ferai en sorte de ne plus nier tes sentiments », annonça-t-il en retirant son haut.

Il se débattit avec son pantalon dont il réussit finalement à se débarrasser et suivit Draco au fond du lit.

« Merci », se contenta-t-il de répondre.

Harry se colla à Draco et enfouit son nez dans son cou. Son petit ami l'entoura de ses bras.

« Tu m'en veux ? demanda-t-il.

- Je t'en voulais, rectifia Draco. Mais maintenant, je veux juste qu'on mette ça derrière nous. Mère a raison, ça ne vaut pas la peine qu'on se dispute.

- J'adore ta mère, rit Harry.

- Elle t'aime bien aussi.

- Et ton père ?

- Oh… il te tolère. Il lui faut du temps pour apprécier quelqu'un et tu n'as pas vraiment été des plus… charmeur avec lui. Il t'en veut encore pour avoir libéré notre elfe de maison.

- Sérieux ? Ça fait au moins dix ans !

- Il est très rancunier.

- Il me fait peur. »

Draco éclata de rire.

« Mais je suis sûr que tu sauras le convaincre.

- Hmpf, j'en doute.

- C'est sûr que si toi non plus, tu ne fais aucun effort pour t'entendre avec lui, on ne va jamais s'en sortir.

- Chut… le fit taire Harry avec un sourire. Fais-moi un bisou de bonne nuit plutôt. »

Draco leva les yeux au ciel, amusé, et embrassa son front.

« Pas là », se plaignit Harry.

Draco rit et, une main sur la jugulaire de Harry, l'embrassa tendrement. Puis il resserra son étreinte autour de son corps.

« Allez, bonne nuit. »


Alors ? Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

On se retrouve le mois prochain !