Bonne fête du travail ! Vous avez tous reçu votre petit muguet ?

Aujourd'hui, c'est le début de la nouvelle ère du Japon mais aussi l'heure de poster ce chapitre 12 ! J'ai eu du mal à le terminer celui-là… mais j'ai enfin pu y mettre une scène (Un indice, "lapin".) que j'avais en tête depuis les premiers chapitres donc j'en suis très heureuse.

Pour la musique de fond, je vous conseille "You, me & gravity" de Jim Guthrie et JJ Ipsen.

Bonne lecture !


Chapitre 12 : Pour toi

Harry se réveilla avec une agréable sensation dans le bas-ventre. Une trop agréable sensation. Il regarda en bas et soupira. Il avait la trique. Et il était collé contre Draco qui, Merlin merci, était encore en train de dormir. Ils venaient tout juste de se réconcilier, pourquoi son corps le trahissait-il comme ça ? Il n'avait aucune idée de comment son petit ami réagirait s'il s'en rendait compte mais il ne voulait pas le savoir. Tentant de se défaire des bras de Draco, il ne réussit qu'à frotter son érection contre la jambe du blond. Bon, ça n'allait pas du tout. Il allait juste rester tranquille et attendre que ça passe.

Mais les secondes, puis les minutes défilant, rien ne passa. Harry rejetait évidemment la faute sur Draco qui lui soufflait de manière régulière dans l'oreille. Pourquoi il le tenait aussi fort dans ses bras ? Harry ne pouvait pas bouger d'un iota sans craindre de réveiller le dragon. Il soupira. Il n'avait plus qu'à se rendormir et oublier tout ça. Alors pourquoi Draco continuait-il à lui respirer dans l'oreille ? Ça lui provoquait des frissons dans tout le corps.

Il rouvrit les yeux et les fixa sur le plafond. Il ne pourrait pas se rendormir. Et il était passé d'une simple érection matinale à une excitation irrépressible. Oh oui, à l'instant présent, il avait terriblement envie de faire des trucs coquins avec l'homme endormi à côté de lui.

Draco grommela dans son sommeil et Harry retint sa respiration. Mais le blond se mit tout de même à bouger et sans s'en rendre compte glissa une jambe entre celles de Harry. Ce dernier laissa échapper un petit gémissement qui était à moitié rempli de désespoir. Pourquoi Draco devait-il être asexuel ? Si seulement il était attiré par tout ça… Harry l'aurait réveillé par des baisers, Draco aurait souri en découvrant son excitation et ils auraient fait des trucs cochons dès le matin. Mais Draco n'était pas attiré par tout ça et Harry se retrouvait dans cette terrible position.

Tiens, pas une seule fois il avait réveillé Draco par un baiser. Ah, pourquoi il pensait à ça maintenant ? Mais à présent, il avait envie d'embrasser Draco. Pas pour s'amuser plus en profondeur, non, se persuada-t-il. Juste parce qu'il n'avait encore jamais utilisé de baisers pour le réveiller. Mais il avait une érection qui ne voulait pas se calmer alors il ne pouvait absolument pas faire ça.

« Hm… Salut », murmura la voix endormie de Draco.

Harry sursauta. Il ne s'était même pas rendu compte que son petit ami s'était réveillé.

« Bonjour, toi », croassa-t-il.

Oh non, il allait définitivement se rendre compte de son problème. Allez, il fallait qu'il prenne le taureau par les cornes. Il était un Gryffondor oui ou non ? Ex Gryffondor, certes.

« Draco… commença-t-il. J'ai un petit problème. Et tu le rends encore plus problématique. »

Le blond fronça les sourcils, tentant de comprendre ses propos sibyllins. Puis il ouvrit de grands yeux et regarda dans la fameuse direction, soulevant la couette.

« Désolé. »

Draco lui rendit un regard amusé et s'éloigna un peu de Harry, lui permettant de respirer à nouveau.

« Ça arrive à tout le monde, le rassura-t-il avec un sourire.

- Ça ne te gêne pas ?

- C'est pas comme si tu avais fait exprès, non ?

- Oui mais… »

Je me suis imaginé des choses grivoises avec toi. Il ne pouvait pas dire ça. Les lèvres de Draco qui se posèrent sur les siennes le prirent au dépourvu. Il répondit au baiser. Sa partie basse eut un sursaut d'énergie. Instinctivement, tout en continuant à embrasser Draco, il le repoussa dans le lit et se plaça sur lui, enfermant son visage dans ses mains. Draco se défit de ses lèvres.

« Attends… »

Harry revint sur terre et regarda, horrifié, l'air confus de son petit ami.

« Je suis désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris. »

Draco lui offrit un regard doux et plaça la joue de Harry dans sa main droite. Harry la caressa et y déposa un baiser.

« Pourquoi tu m'as embrassé ?

- C'était juste pour te faire comprendre que ce n'était pas grave. Je ne m'attendais pas à ce que tu réagisses comme ça.

- Je suis beaucoup trop excité pour penser correctement. »

Le rire cristallin de Draco remplit la chambre.

« Je n'en doute pas une seconde », dit-il d'un air entendu.

Rougissant, Harry se rendit compte de son érection que son caleçon cachait difficilement et du fait qu'il était encore assis sur le ventre de Draco. Mais il ne se dégagea pas.

« Est-ce que c'est non ? »

Draco réfléchit un instant, fixant un point au-delà de Harry.

« J'imagine que c'est un "pas trop".

- Vraiment ? s'étonna Harry.

- Tu as l'air d'en avoir très envie.

- Mais toi ? Tu n'aimes pas ça, non ?

- Je ne sais pas si j'aime ou non. Aimer quelque chose et en avoir envie sont deux choses très différentes.

- Je ne comprends pas. Tu veux qu'on le fasse ou non ? »

Draco soupira et ancra ses yeux dans ceux de Harry.

« Si ça ne tenait qu'à moi, on ne ferait rien et on jouerait plutôt aux cartes. Mais tu n'es pas moi et tu as des envies qui te sont propres. Pour toi, je suis d'accord pour faire ce que tu veux.

- Donc tu veux pas », conclut Harry, embrouillé.

Il descendit de son perchoir et Draco s'assit.

« Si tu continues comme ça, c'est sûr que je n'aurai envie de rien du tout.

- Ah ! Donc c'est oui. »

Draco se prit la tête dans les mains.

« Laisse tomber. Je voulais juste te faire plaisir mais si tu joues les idiots… »

La lumière se fit enfin dans l'esprit de Harry.

« Tu veux dire que tu serais d'accord pour coucher avec moi juste parce que j'ai envie ?

- Pas "coucher", rougit Draco. Mais oui. »

Il aurait dû être content, Draco était d'accord pour qu'ils aient des moments coquins ! Mais cela l'alerta plus qu'autre chose.

« Est-ce que je t'ai trop pressé ? Je sais que je viens littéralement de te monter dessus mais jusque-là, je pensais avoir réussi à ne pas te pousser à accepter, comme la dernière fois. Je ne veux pas que tu acceptes qu'on fasse des trucs ensemble juste parce que j'en ai envie. »

Draco prit la main de Harry pour l'inciter à se calmer.

« Tu ne m'as pressé en rien du tout et je n'en attendais pas autant de ta part. Je te suis vraiment reconnaissant de m'avoir accepté comme ça. Je ne pensais vraiment pas que tu serais aussi compréhensif. Parce que des fois, tu peux être très obtus, se moqua-t-il gentiment. J'ai beaucoup réfléchi et j'en suis venu à la conclusion que ça ne me dérangerait pas si, une fois de temps en temps, tu avais envie qu'on ait un moment à deux, comme là. Je veux bien essayer, parce que c'est toi. Ça ne veut pas dire que j'en ai envie, juste que je suis d'accord si toi, tu en as envie. »

Il ne méritait pas un petit ami comme Draco. Dire que la veille encore il se demandait pourquoi il s'était lancé dans une telle relation. Mais c'était tout ça qui faisait qu'il était tombé amoureux de Draco.

« Merci d'avoir pensé à moi comme ça. Désolé d'avoir paniqué. »

Draco rit et tapota gentiment la main de Harry.

« Ceci dit, je vois que ça s'est un peu calmé chez toi et toute cette discussion m'a vraiment sapé l'envie de faire quoi que ce soit, même te faire plaisir. De plus, mon ventre crie famine. Donc on ne fera rien aujourd'hui, c'est d'accord ?

- Euh, bien sûr. »

L'érection de Harry s'était effectivement calmée et il ne doutait pas qu'elle aurait totalement disparue d'ici quelques instants. Il aurait toutefois bien eu envie d'un moment coquin avec Draco mais il accepta le refus de bon cœur. Draco était d'accord pour avoir du sexe avec lui ! Même juste un peu ! C'était décidément une très bonne nouvelle. Pour lui. Draco était-il vraiment O.K. avec tout ça ? La prochaine fois qu'ils sortiraient ensemble, c'était décidé, ils feraient quelque chose que son petit ami avait envie de faire.

Il embrassa rapidement Draco et quitta le lit, renfilant ses vêtements de la veille. Le blond, lui, alla choisir dans son dressing sa tenue pour la journée. N'ayant rien à faire en l'attendant, il le rejoignit et le regarda se changer. Puis une fois prêts, ils descendirent pour se rendre dans la salle à manger où la table était servie. Narcissa et son mari étaient déjà installés et les deux jeunes hommes rougirent en se rappelant leur stupide dispute de la veille.

« Bonjour les garçons. »

Il n'y avait bien que Narcissa pour les appeler "garçons". Draco salua ses parents et s'assit. Harry fit de même en disant :

« Bonjour Narcissa, Monsieur Malfoy. »

Lucius Malfoy tiqua à l'utilisation du prénom de sa femme mais il se contenta de répondre cordialement à la salutation. Ceci fait, Harry se servit dans les plats alors que Draco avait déjà commencé à manger. Alors que Harry gardait le silence, il discutait avec ses parents. Ce n'était pas le même genre de discussion que Ron pouvait avoir avec ses parents le matin mais l'atmosphère était identique. Une discussion en famille, autour du petit-déjeuner. Harry en était presque jaloux.

« Je dois vous laisser, j'ai des affaires pressantes dont je dois m'occuper », s'excusa Lucius Malfoy en posant sa serviette sur la table.

Il embrassa la joue de sa femme, posa une main paternelle sur la tête de Draco et n'offrit qu'un signe de tête à Harry. Puis il quitta la salle. Malfoy père parti, Harry osa enfin poser la question qui lui était venue en voyant le patriarche :

« Draco, c'était quoi du coup l'annonce que ton père allait faire l'autre jour ?

- Tu ne lui as pas encore dit ? s'étonna Narcissa, un sourire sur le visage.

- Je n'ai pas vraiment eu l'occasion. Père nous a simplement annoncé que la fortune familiale était à nouveau à son plus haut.

- Et que presque tous nos contacts sont revenus ! s'enthousiasma Narcissa. La famille Malfoy est à nouveau dans les bonnes faveurs de la haute société sorcière.

- Vraiment ? s'étonna Harry, stupéfait. En seulement moins de trois ans ?

- Oh oui, Père a beaucoup travaillé pour ça.

- Maintenant que tout cela est derrière nous, j'aimerais bien qu'il prenne du temps pour lui et sa famille, soupira Narcissa. Il n'a plus besoin de partir aussi tôt… »

Elle était visiblement esseulée de l'absence de son mari. La famille Malfoy était beaucoup plus soudée par l'amour qu'il l'avait cru. Et encore, à Poudlard, Harry était persuadé qu'il n'y avait pas d'amour du tout. N'y avait-il donc que chez lui qu'il n'y avait jamais eu d'amour ? Et pourquoi cela continuait-il à le toucher après toutes ces années ?

o0O0o

Avec le retour des cours, Harry retrouva soudain un certain rythme auquel il eut du mal à s'adapter. Enfin, il ne pouvait guère parler de "cours", le terme alternance aurait été plus correct vu que plus de la moitié de sa semaine se passait sur le terrain. Il fut content d'apprendre que l'auror qu'il devrait assister n'était autre que Julian qui avait déjà été son référent l'année passée. Ce n'était pas le cas de tout le monde, certains se retrouvant parfois avec des aurors qu'ils n'avaient jamais vus. Le service éducatif avait peut-être jugé préférable que quelqu'un qui connaissait déjà bien Harry Potter serait plus adapté pour être son auror référent pour l'année à venir.

Une fois la première semaine passée, Harry et Draco comparèrent leurs emplois du temps pour décider quels jours ils passeraient le midi ensemble. À leur grand dépit, ils ne purent se caler qu'un seul jour, le jeudi. Harry ne put même pas trouver de moment libre avec Hermione – comme d'habitude, débordée – et tous deux convinrent de se faire un dîner ensemble le lundi soir où ils terminaient tous deux à vingt heures passées.

La deuxième semaine, la nouveauté de son travail se fit moins présente et Harry s'habitua à passer presque tout son temps avec Julian qui était un joyeux luron, complètement gaga de sa femme et sa fille. Il l'appréciait déjà avant mais il put le découvrir plus en profondeur et petit à petit, une véritable amitié se forma entre les deux hommes.

Vint le jour du reportage de Grilled. Il interrogea tous ses professeurs, toutes les personnes avec qui il échangeait plus d'un mot et évidemment Harry lui-même. Il perturba la tranquillité de la classe avec le crépitement de son appareil photo. L'après-midi fut encore plus désagréable, Harry, Julian et Grilled étant juste tous les trois. À la fin de la journée, Harry n'avait jamais été aussi fatigué de toute sa vie et il était juste content de voir la fin du chapitre Grilled. Le journaliste lui promis par ailleurs que l'article paraîtrait dans le courant de la semaine suivante ou celle d'après. Harry avait l'impression d'être une de ces personnalités des magazines people qu'il y avait dans la salle d'attente du docteur que Pétunia l'emmenait voir quand il était trop malade pour guérir de lui-même. Il ne voulait pas que sa vie soit sujet de distraction. Qu'est-ce qui allait se passer quand sa relation avec Draco éclaterait au grand jour ? Il préférait ne pas y penser.

Jeudi arriva et pour une fois, Harry était en avance, Julian ayant voulu prendre sa pause déjeuner un peu plus tôt pour pouvoir commencer le travail de l'après-midi plus tôt. Ils allaient devoir se déplacer et Julian voulait arriver sur place en avance. Se doutant qu'il n'aurait pas le luxe d'attendre Draco pour commencer à manger, Harry avait déjà commandé son repas.

Il commençait tout juste son bœuf Wellington lorsqu'il vit Draco arriver. Et Harry ne put détacher ses yeux de lui. À vrai dire, tout le monde le regardait. Il avait… des oreilles de lapin. Roses. Sur la tête. Sa mâchoire se décrocha. Draco prit place face à lui et lui fit un sourire amusé.

« C'est ma beauté qui te fait cet effet-là ? Tu vas avaler des mouches. »

Harry balbutia et pointa du doigt les oreilles à la Bugs Bunny, incapable de prononcer un mot. Draco fronça les sourcils et posa une main sur sa tête. Ses doigts passèrent au travers comme si elles n'étaient qu'une illusion… Ce n'était qu'une illusion ! Quelques personnes rirent sous barbe. Harry était tellement choqué par l'idée d'un Draco avec des oreilles de lapin qu'il était impossible pour lui de trouver ça drôle. Oh, à Poudlard, assurément il se serait fendu la poire mais à l'instant présent, il ne ressentait rien d'autre que de la confusion.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » s'agaça Draco.

Harry déglutit, retrouvant sa voix.

« Tu… as des oreilles de lapin. »

Draco fronça les sourcils et tenta de sentir lesdites oreilles sur sa tête.

« De quoi tu parles ?

- Je suis sérieux. »

Ennuyé, Draco prit le verre d'eau qui était apparu quand il s'était assis et en renversa le contenu sur la table. Harry sursauta. Qu'est-ce qui lui prenait ? Mais déjà son petit ami prenait sa baguette et lançait un sort réfléchissant qui transforma l'eau en miroir. Il se pencha et eut un glapissement de surprise en voyant son reflet. Sa main vola au-dessus de sa tête alors qu'il essayait d'attraper les oreilles insaisissables.

« Enlève-moi ça », ordonna-t-il avec une voix paniquée.

Harry ratterrit sur terre et sortit sa baguette.

« Finite incantatem. »

Mais rien ne se passa.

« Pourquoi ça ne part pas ? Oh non, ne me dis pas que c'est quelque chose que j'ai ingéré ?!

- Draco, calme-toi. »

Harry posa une main rassurante sur son bras.

« Ça ne pouvait être que dans mon thé. Oh Merlin, depuis combien de temps j'ai ça ? »

Un silence horrifié le traversa.

« C'est pour ça que tout le monde me regardait comme si j'étais un veracrasse. Et qu'on riait dans mon dos.

- Tu as une idée de qui a fait ça ?

- Abril. Ça ne peut être qu'elle. Non, c'est trop évident, ce qui veut dire que ça ne peut pas être elle. Oh non… j'avais un jugement tout à l'heure. L'accusé me regardait comme si… comme si j'avais des saloperies d'oreilles de lapin sur la tête ! Et personne ne m'a rien dit. »

Draco se prit le visage dans les mains de honte. Harry n'avait jamais vu l'aristocrate aussi désespéré.

« Ce… ce n'est pas si grave, tenta-t-il de le raisonner.

- Pas si grave ?! Moi, Draco Malfoy, ai des oreilles de lapin. Rose bonbon en plus ! Le peu qui restait de ma crédibilité vient d'être enterrée sous une tonne de purin de dragon ! »

Draco se leva d'un bond.

« Je rentre chez moi, déclara-t-il.

- Tu ne vas rien faire de la sorte. »

Harry attrapa le bras de Draco et le força à se rasseoir.

« T'es un Malfoy, oui ou non ? Agis comme si tu n'en avais rien à faire de ce que les autres pensent. »

Draco le regarda, éberlué. Il désigna le haut de sa tête et asséna:

« J'ai des oreilles de lapin. »

Harry ne put se retenir. Il explosa de rire. Draco rougit de rage.

« Désolé, je voulais pas, s'excusa-t-il. C'était plus fort que moi. »

Il prit une inspiration, reléguant son envie de rire en arrière-plan.

« Si même toi tu te moques de moi… déprima Draco.

- Je ne me moque pas. Je n'ai pas pu m'en empêcher. Avoue que si c'était moi dans ta situation, tu aurais ri tout ton saoul.

- … Tu as raison.

- Bon. Une idée de comment enlever ces oreilles ?

- Si ce n'est pas un sort, il n'y a que deux solutions. Attendre que les effets de la potion disparaisse. Ou aller à Sainte-Mangouste. Urgh, ni l'un ni l'autre ne me semblent plaisants.

- J'ai une troisième proposition, proposa Harry.

- Je t'écoute, fit Draco, suspicieux.

- George et Ron font beaucoup d'expériences pour leur boulot et ça leur pète parfois au nez. Donc ils se retrouvent parfois dans le même genre de situation que toi.

- Et ?

- Et ils ont des remèdes "maisons" pour régler ça. Je suis sûr qu'ils pourront t'aider. »

Draco souleva un sourcil interrogateur.

« Vraiment ?

- Vraiment. Si tu as le temps après manger, tu pourras y aller. Je ne peux pas t'accompagner aujourd'hui par contre. Je suis pressé.

- J'y vais maintenant.

- Maintenant ?

- Hors de question que je passe une minute de plus avec des oreilles de lapin sur la tête. »

Harry ne pourrait pas le convaincre de rester, même pour un déjeuner avec lui. Leur moment à deux tant attendu !

« Viens chez moi ce soir, l'invita-t-il.

- Seulement si je parviens à faire disparaître ce maléfice. Sinon, je pars en ermitage. »

Draco rassembla ses affaires, salua Harry d'un mouvement de tête et partit, laissant le brun tout seul avec un plat qui avait refroidi. Harry avait encore du mal à croire ce qui venait de se passer.

Il passa le reste de la journée les pensées tournées vers l'homme qu'il aimait, un peu soucieux. Mais il ne pouvait qu'attendre et espérer voir Draco chez lui ce soir-là. Il ignorait comment ce dernier réagirait si le mauvais sort ne pouvait pas être annulé mais Harry voulait être là pour lui. Qui pouvait bien avoir osé faire une chose pareille ? Harry fit rapidement taire la petite voix qui lui murmurait que si l'occasion lui avait été donnée à Poudlard, il aurait réalisé cette farce lui-même. Qu'est-ce qu'il avait changé tout de même ! Cela l'étonnait toujours de revoir ce qu'il faisait quand il était plus jeune. Il était si immature. Pas qu'il avait l'impression d'être plus mature aujourd'hui, mais…

De retour chez lui, il commença à préparer le dîner, en espérant voir bientôt apparaître Draco qui était censé avoir terminé le travail environ une heure plus tôt. Peut-être avait-il décidé de passer d'abord par chez lui ? Il avait vraiment envie de passer un moment avec lui. Ils s'étaient seulement vus pour leur déjeuner hebdomadaire depuis l'anniversaire d'Hermione, c'est-à-dire quatre fois si l'on comptait le court moment de ce jour. Le temps passait beaucoup trop vite.

Le bruit d'une porte que l'on ferme le ramena sur terre. Il était enfin arrivé ! Harry essuya ses mains sur son tablier et se rendit vers l'entrée pour accueillir son petit ami. Il fut toutefois étonné de le voir en compagnie de Ron.

« Bah, qu'est-ce que tu fais là ?

- Sympa. Je vois que tu es content de me voir », le taquina son meilleur ami.

Harry lui lança un regard peu impressionné.

« Malfoy m'a dit que vous dîniez ensemble, j'ai décidé de me rajouter. Et Hermione. Je lui ai envoyé un hibou pour la prévenir. Elle arrivera sûrement dans un peu moins d'une heure. Ça ira pour le repas ?

- Je vais augmenter les portions mais il n'y a pas de problème, j'ai prévu large. Mais je vois que vous avez réussi à régler ton problème, Draco.

- Cela a pris un temps infini, se plaignit-il aussitôt.

- On a pu véritablement s'en débarrasser que tout à l'heure, intervint Ron. C'était une sacrée potion. Mais ce n'est pas pire que la fois où George a voulu faire des bonbons tire-langue.

- Oh là là, ces bonbons tire-langue. Plus jamais ! Attends, tu as dit "tout à l'heure" ? Tu n'es pas retourné travailler cet après-midi Draco ? »

L'intéressé grimaça et déposa son manteau sur la patère.

« Je n'avais que des dossiers de prévu. Ce n'est pas comme si j'avais séché un jugement ou une réunion. Et j'ai prévenu le directeur de notre département.

- J'espère que ça ne va pas te retomber dessus, s'inquiéta Harry.

- Il n'y a pas intérêt ! Ce n'est pas moi qui ai lancé le maléfice. Je ne suis qu'une pauvre victime ! »

Draco était remonté. Harry préféra ne pas répondre à cela de peur de jeter de l'huile sur le feu. Il invita donc plutôt ses invités à venir s'installer dans la cuisine pendant qu'il continuait à préparer le repas. Il était étrange de voir Draco et Ron assis l'un en face de l'autre autour d'une tasse de thé. Et c'était quelque chose qu'il espérait voir devenir habituel se rendit-il compte. Ron raconta leurs diverses tentatives pour mettre fin aux oreilles de lapin de Draco.

Le dîner était tranquillement en train de cuire dans le four quand Hermione arriva, son énorme sacoche de travail avec elle. Ron alla aussitôt l'embrasser pour lui souhaiter la bienvenue et récupéra sa sacoche. Harry était content de la voir, il avait l'impression que cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas eu de repas tous ensemble. Et à vrai dire, c'était la première fois qu'ils étaient tous les quatre. C'était complètement imprévu mais c'était pour le mieux. La mésaventure de Draco avait eu du bon.

Quelques minutes plus tard, ils avaient dressé la table et commencé à manger. L'affaire des oreilles de lapin les amena à parler de toutes les farces, sorts et autres pitreries qu'ils avaient faits ou tout du moins constatés à Poudlard. Avec les jumeaux Weasley, c'est qu'il y en avait eu des événements marquants ! Cela permit de dérider un peu Draco qui finit enfin par moquer sa propre infortune. C'est ainsi que Harry prit conscience que sans qu'il ne s'en soit rendu compte, Draco et Hermione s'étaient étonnamment bien rapprochés. Ils utilisaient leurs prénoms et se parlaient sans trop de retenue, alors que ce n'était pas du tout le cas avec Ron. Est-ce qu'une amitié était en train de naître entre sa meilleure amie et son petit ami ? Qui l'aurait cru ? Certainement pas lui ! En même temps, il n'aurait jamais cru sortir un jour avec Draco Malfoy, ce qui était encore plus incroyable, à son humble avis.

« Et sinon, comment se passe votre relation ? demanda Hermione avec intérêt.

- J'avoue que j'suis intrigué moi aussi. Au passage, Ginny attend toujours son explication.

- Ah oui, c'est vrai. Je lui parlerai à Noël. Elle revient bien pour les vacances ?

- Normalement, confirma Ron. Mais répondez à la question.

- Oh mais je sais pas quoi dire… dit Harry, mal à l'aise.

- On se dispute facilement mais tout semble aller bien jusqu'à présent, expliqua rapidement Draco.

- Tiens, comment tes parents voient votre relation ? s'enquit Hermione.

- Mes parents ? » s'étonna Draco.

Il prit le temps de réfléchir un peu.

« Hum, ma mère semble beaucoup apprécier Harry et elle me dit régulièrement qu'elle est très contente pour moi. J'ai l'impression qu'elle savait que j'avais des sentiments pour toi depuis longtemps.

- Ah bon ?

- Depuis longtemps ? C'est quand "longtemps" ? » demanda curieusement Ron.

Ah. C'est vrai qu'il n'avait dit qu'à Hermione que Draco était amoureux de lui depuis Poudlard. Son cœur se réchauffa d'amour pour sa meilleure amie qui avait gardé sa confidence pour elle. Qu'allait donc répondre Draco ? Il était curieux de le savoir. Allait-il être honnête ou vague ?

« Oh, réfléchit le sujet de ses pensées. Depuis la quatrième année peut-être ? »

Ron ouvrit de grands yeux.

« Quatrième année ? Nooon… Si longtemps ? »

Draco se contenta d'hocher la tête. Ron revint sur le sujet de départ :

« Et ton père du coup ? Que pense Lord Malfoy de la relation de son cher fils unique ? »

Harry eut un sourire à l'ironie de son meilleur ami. Draco ne prit pas la mouche, heureusement, et ignora la moquerie.

« Il me déteste, répondit Harry.

- Il ne te déteste pas, tempéra Draco. Il respecte notre relation mais cela ne va pas plus loin. Je sais qu'en soi il n'approuve pas mais mon bonheur lui est plus important.

- Ça veut dire que t'as encore une chance de charmer ton beau-père, Harry ! » ricana Ron.

Harry pinça les lèvres et donna un coup de pied sous la table à Ron qui grogna alors que Draco et Hermione échangèrent un rire.

« Parler de belle famille me fait penser à quelque chose que j'aimerais vous annoncer.

- … Maintenant ? » demanda Ron.

Il avait l'air de savoir de quoi il s'agissait.

« Maintenant, confirma Hermione. Ron et moi, nous avons décidé de nous marier. »

Harry en resta pantois. Ses deux plus proches amis, se marier ? Pourquoi était-il aussi surpris ? Ils sortaient ensemble depuis plus de trois ans, ils étaient tous les deux dans la vie active, ils vivaient ensemble depuis un peu plus d'un an, c'était une suite logique. Alors quel était ce sentiment qui lui serrait la poitrine ?

« Félicitations, les congratula Draco. Vous comptez vous marier quand ?

- On aimerait bien faire cela au printemps prochain. Ça m'a l'air un peu rapide en terme de temps mais Ron m'assure qu'on est large. »

Avec un sourire, elle plaça sa main sur celle de son petit ami. De son fiancé, se corrigea Harry.

« Tu n'as rien à dire Harry ? demanda avec inquiétude Hermione.

- Si bien sûr ! Désolé, j'étais juste étonné. Je suis très content pour vous deux. Vous avez décidé ça quand ?

- Il n'y a pas très longtemps, le week-end dernier, répondit Ron.

- Vous êtes les premiers au courant. On va trouver un prétexte pour réunir mes parents et la famille de Ron la semaine prochaine et leur annoncer.

- Je viendrai avec Teddy alors.

- Bien sûr ! »

Draco proposa alors de porter un toast et Harry alla chercher une de ses meilleures bouteilles de vin pour célébrer l'événement. Il servit tout le monde et ils trinquèrent. Le reste de la soirée fut joyeux et bon enfant. Harry but plus que de raison. Mais c'était pour fêter ça. Il avait bien le droit de boire pour l'annonce d'un mariage, non ?

Quand il commença à se faire tard – ils travaillaient demain après tout – Hermione et Ron firent leurs au revoir. Harry proposa à Draco de rester dormir et celui-ci accepta. Ils passèrent donc le reste de la soirée à discuter sur le canapé avant d'aller finalement se coucher. Harry aurait bien voulu faire quelques galipettes avec son petit ami mais il n'osa pas proposer. Il avait le sentiment que Draco n'aurait pas été pour et il n'avait pas envie de s'essuyer un refus.

Il éteignit la lumière et Draco vint se coller à lui. Dans la pénombre de la chambre, Harry poussa un long soupir sans le vouloir. Draco caressa le haut de son bras doucement.

« Qu'est-ce qui ne va pas ?

- Pourquoi ça n'irait pas ?

- Ne me prends pas pour un idiot. »

Harry soupira à nouveau. Draco commençait à devenir doué pour comprendre ce qui se passait chez lui. Alors que lui avait encore l'impression de tâtonner. Les caresses sur son bras lui firent quitter ses pensées.

« Je n'arrive pas à être heureux pour Ron et Hermione.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas trop. Ce sont mes meilleurs amis, je devrais être heureux pour eux. Mais j'ai comme l'impression d'être laissé derrière.

- C'est parce qu'ils font leur vie tous les deux sans toi.

- C'est ça. Je sais bien que ce sont mes amis et qu'ils ne me laisseront pas tomber mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir l'impression d'être mis de côté. Ils sont pourtant en couple depuis longtemps. Je ne sais pas, peut-être le côté officiel d'un mariage qui rend tout ça trop réel. »

Draco quitta son bras pour caresser sa joue.

« Et tu ne peux rien y faire.

- Non, confirma Harry. Et même si je pouvais, je ne ferais rien. Ils ont le droit d'être heureux sans que je ne les retienne pour une raison aussi égoïste et irraisonnée que de vouloir garder notre amitié telle qu'elle l'a été du temps de Poudlard et les garder pour moi. Mais ça n'empêche que je me sens délaissé. »

Draco prit son visage entre ses mains et le regarda. Leurs yeux s'étaient habitués à la nuit.

« Je ne te laisserai jamais », déclara Draco d'un ton possessif.

Cela rassura étrangement Harry et il rapprocha ses lèvres de celles de son petit ami. Ils échangèrent un baiser. Harry n'avait jamais ressenti ça. Draco le possédait et clamait qu'il était sien et Harry se complaisait dans cette domination. Draco lui appartenait tout autant. Harry cligna des yeux et revint sur terre quand leurs lèvres se séparèrent.

« Tu es toujours triste ? demanda Draco.

- Plus maintenant. »

Et il captura à nouveau les lèvres de son partenaire.

o0O0o

Harry ouvrit les yeux. Il lui fallut un moment pour se replacer. C'étaient les gémissements de Draco qui l'avait réveillé. Il se débarrassa de la couverture qui le gênait et secoua gentiment l'épaule de Draco. Mais Draco continuait à murmurer des choses indiscernables et à trembler. Il le secoua plus franchement et cette fois Draco ouvrit des yeux terrifiés. Il se débattit violemment.

« Lâche-moi », cria-t-il désespérément.

Harry obéit aussitôt.

« Ce n'est qu'un cauchemar », le rassura-t-il.

Il allait pour le prendre dans ses bras mais Draco s'écria :

« Ne me touche pas ! »

Il se réfugia le plus loin possible de lui et replia ses genoux contre lui, tremblant toujours. C'était la première fois qu'il voyait Draco faire un cauchemar. Lui-même ne réagissait pas aussi violemment quand ça lui arrivait.

« Ce n'est qu'un cauchemar, répéta-t-il.

- Ce n'était pas un cauchemar », réfuta Draco.

Il plaqua ses mains sur ses oreilles. Comment était-il censé réagir ? Il voulait l'enlacer pour lui faire prendre conscience de son environnement et pour le rassurer mais Draco semblait contre n'importe quel attouchement.

« Draco, dit-il doucement. Tout va bien. Je suis là. Tu es chez moi, dans ma chambre. On n'est que tous les deux. Tu es en sécurité. Tu as fait un mauvais rêve mais c'est fini maintenant.

- Ce n'était pas un cauchemar. »

Sa voix s'était faite régulière. Il semblait à nouveau prendre conscience de ce qui l'entourait. Il respira profondément. Harry jugea qu'il était à présent sûr d'enlacer Draco. Un léger raidissement l'accueillit mais Draco finit par se détendre dans son étreinte.

« Si ce n'était pas un cauchemar, qu'est-ce que c'était ? chuchota-t-il.

- Un souvenir. »

Harry frotta gentiment ses bras et Draco soupira.

« Tu veux en parler ?

- Non… c'est trop dur. Juste… l'époque où j'étais prisonnier dans ma propre maison. »

Harry attendit que Draco développe mais il n'en fit rien. Il n'allait pas le forcer à raconter, décida-t-il.

« Tu te sens capable de te rendormir ?

- … Non. Pas maintenant.

- D'accord. Tu as envie de faire quelque chose ? Manger quelque chose ? Il reste du flanc.

- Je veux bien un peu de flanc, murmura Draco avec un sourire.

- Je vais t'en chercher alors.

- Je viens avec toi. »

Il prit la main de Harry et ne la lâcha pas. Ils descendirent jusque dans la cuisine et Harry sortit le flanc du frigidaire. Il servit une grosse part à son petit ami et une plus petite pour lui-même. La pendule indiquait quatre heures passées.

« Oh c'est froid », grimaça Draco en mordant dans le gâteau.

Harry rit.

« Ça va mieux ?

- Un peu. Désolé.

- Pourquoi tu t'excuses ?

- Pour t'avoir réveillé. Tu vas être crevé demain. Aujourd'hui.

- Toi aussi. T'inquiète, c'est pas bien grave. Et puis d'habitude, c'est moi qui te réveille. »

Ils discutèrent un peu tout en continuant à manger. Leurs assiettes finies, ils retournèrent dans la chambre. Ils ne se rendormirent pas de suite mais le sommeil finit par les rattraper.

o0O0o

« Harry, laisse tomber ces papiers. On a une urgence. »

L'interpellé regarda, étonné, Julian qui avait parlé d'un ton commanditaire. Cela ne lui ressemblait pas. Il se leva de sa chaise, abandonnant le document qu'il était en train de remplir.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Il y a eu une attaque de mangemort. Ils ont attaqué une famille et nous deux devons nous occuper de récupérer les témoignages des témoins et de la famille.

- Des mangemorts ? s'étonna Harry. Ils ont réussi à s'enfuir ?

- Malheureusement oui. Mais peut-être que les témoignages nous mettrons sur la route de l'un d'entre eux. »

Harry enfila son manteau et suivit l'auror.

« Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- J'en sais autant que toi. On aura plus de réponses une fois sur place. Miller va nous transplaner là-bas. »

Harry hésita.

« Ça… ça ne pose pas problème que je vienne ?

- On m'a assigné l'enquête, ce qui veut dire que tu en fais partie. Tu connais certains mangemorts, tu pourras peut-être nous aider à en débusquer un. »

Harry acquiesça. Il n'avait pas vu de mangemort depuis les jugements qui avaient pris place après la bataille de Poudlard. Serait-il vraiment utile ? Quelque part en lui, Harry se dit que c'était le moment de montrer ce qu'il valait comme auror et que ce n'était pas une erreur s'il était dans cette filière.

Ils arrivèrent finalement devant un auror chauve en train de boire un café dans un gobelet, les attendant. Les apercevant, il avala le reste de sa boisson et salua du chef les deux hommes. Sans un mot, il attrapa chacun d'eux d'une main et ils transplanèrent.

Ils atterrirent dans une rue barricadée par des bandeaux de police. Des moldus se tenaient devant, espérant voir quelque chose, n'importe quoi. Miller les fit passer en-dessous. Harry fronça les sourcils.

« La police moldue est là aussi ?

- Non, c'est juste pour que les moldus ne viennent pas traîner leurs nez dans nos affaires. Ils savent qu'il s'est passé quelque chose. C'est plus simple de faire ça que de devoir tous les faire oublier, expliqua Julian.

- C'est une famille moldue qui a été attaquée ?

- Non, intervint Miller, ce sont vraisemblablement des sorciers vu ce que l'on a trouvé dans leur maison. »

Ils atteignirent une femme qui était accroupie devant la porte d'entrée. Prenant conscience de leur présence, elle se releva et leur serra la main. C'était la coordinatrice de l'enquête, apprit Harry. Elle leur expliqua ce qu'elle était en train de faire :

« Il y avait des sortilèges devant l'entrée pour empêcher les personnes avec de mauvaises intentions d'entrer. Je n'arrive pas à comprendre comment ils sont passés au travers. Trystan, essaie pour voir, dit-elle à l'intention de Miller. Je vais faire le tour de la maison. Julian, toi et ton apprenti, vous vous chargez du témoin.

- On m'a parlé de plusieurs témoins, nota l'auror.

- Je les ai envoyés à Sainte-Mangouste. C'étaient les enfants, deux petites filles. Elles étaient cachées dans un placard. J'ai préféré les faire attendre là où sont leurs parents. Le témoin restant, c'est le moldu qui les a découverts.

- Je vois. Comment est-ce que l'on sait que ce sont des mangemorts qui ont fait ça et pas d'autres sorciers mal intentionnés ? Je m'attendais à trouver la marque des ténèbres flotter au-dessus de la maison.

- Effectivement, c'est inhabituel mais on a retrouvé la marque dessinée à la craie dans la chambre des parents. J'ai rapidement fait une analyse et seuls les sorciers peuvent la voir.

- C'est complètement inhabituel ! s'exclama Julian sur le coup de la surprise.

- Oui. C'est pour ça que je ne suis pas entièrement sûre que ce soient des mangemorts qui aient fait le coup.

- Je vois… eh bien je ne vais pas plus te retenir. Viens Harry. »

Ils entrèrent dans la maison. L'intérieur avait été saccagé. Bouts de verre au sol, meubles renversés, papiers volants. Qu'est-ce qui avait bien pu pousser les mangemorts à faire une chose pareille ? Ils atteignirent le salon où les attendait le témoin. Il affichait un air perturbé. Julian s'approcha de lui en lui tendant la main.

« Bonjour, je suis l'inspecteur chargé de cette enquête, Julian Fitzmartin. Et voici mon assistant, Harry Potter. J'aimerais vous poser quelques questions.

- Michael Avery », répondit-il en serrant la main des deux sorciers.

Harry était étonné par le mensonge que Julian avait sorti sans même battre un cil. C'était également un talent qu'il allait devoir développer s'il s'impliquait avec les moldus.

« Est-ce que vous pouvez nous décrire ce qu'il s'est passé ?

- Euh… je ne sais pas exactement.

- Pour vous, je voulais dire. Comment en êtes-vous arrivé là ? Harry, tu notes. »

L'interpellé acquiesça et sortit un calepin qui s'était retrouvé il ne savait comment dans sa poche. Julian avait pensé à tout. Le témoin commença son histoire :

« Ah ! Eh bien… je suis traducteur depuis le russe et je travaille à domicile. Les Smith m'invitent souvent chez eux pour le thé et donc aujourd'hui aussi, je me rendais chez eux. J'ai sonné la cloche mais personne ne venait m'ouvrir. J'ai ressonné, toujours rien. J'essaie de voir si la porte est fermée mais elle s'est ouverte sans problème et… bref, vous avez vu comment est l'entrée. Je sais que j'aurais dû appeler la police à ce moment mais je n'y ai pas pensé. J'étais juste inquiet pour les Smith. Je suis arrivé dans le salon et ils étaient là, allongés sur le sol. »

Michael eut un sursaut au souvenir et poussa un soupir qui ressemblait à un sanglot.

« Il n'y avait pas de sang et ils n'avaient pas de blessures, c'était si bizarre ! Ils étaient juste… choqués et comme si on les avait battus. Ils gémissaient et tout mais ils n'étaient pas conscients ou alors sur le point de sombrer, je sais pas. J'ai immédiatement appelé le Samu, je leur ai dit ce que je vous ai dit et ça m'a rappelé que les filles n'étaient pas là. Le premier truc que j'ai pensé, c'est qu'elles avaient été kidnappées. J'ai cherché partout et je les ai finalement trouvées. Elles étaient cachées sous l'évier de la cuisine et complètement terrifiées. Elles ne comprenaient pas ce qu'il se passait. Elles m'ont dit que leur père les avait cachées quand leur mère avait crié. J'imagine qu'il y a des gens qui sont entrés et qui ont blessé Juliet et que le premier réflexe de Bob a été de mettre les filles en sécurité. Elles m'ont dit qu'elles avaient entendu des voix et leurs parents crier. Je n'ose imaginer ce qu'ils leur ont fait… »

Il renifla. Harry avait plusieurs fois eut envie de l'interrompre pour demander plus de précisions mais, un, ce n'était pas son rôle et deux, si Julian ne posaient pas de questions, c'est qu'il y avait une raison. Vraisemblablement, il ne voulait pas interrompre le témoin.

« J'ai bien été obligé de leur dire que leurs parents avaient été blessés mais j'ai préféré les empêcher de les voir. Elles sont trop jeunes pour ça. Donc j'ai essayé de les rassurer jusqu'à ce que l'ambulance et votre collègue arrive. Ils ont aussitôt pris les parents en charge et votre collègue a décidé de faire partir les filles avec eux. On m'a dit d'attendre ici pour qu'on puisse m'interroger et vous êtes arrivés. Est-ce que je pourrais les voir ?

- Une fois qu'on les aura interrogées, vous pourrez. Vous voulez venir avec nous ? proposa Julian. C'est notre destination suivante. »

Michael accepta et Julian entreprit alors de lui demander plus de détails par rapport à ce qu'il s'était passé. Quelques dix minutes plus tard, le témoignage était terminé. L'auror s'excusa pour avoir un moment privé avec Harry.

« Alors, que penses-tu de cette affaire ?

- Les parents ont été visiblement victimes du sortilège Doloris. Dis, changea-t-il de sujet, pourquoi les moldus ne sont jamais arrivés sur la scène ? La police, l'ambulance…

- On a eu de la chance, ça n'arrive pas souvent. Notre témoin, en appelant le Samu, a très bien décrit les effets de l'endoloris. Les moldus ont quelque chose qu'ils appellent un logiciel où ils enregistrent ces informations. On a deux personnes qui sont chargées de vérifier cela régulièrement. Et c'est comme ça qu'on a pris les devants. Bon maintenant, réponds plus en détail à ma question.

- Euh… la maison étant mise à sac, peut-être que les mangemorts cherchaient quelque chose.

- C'est ce que l'on imagine en premier hein ? Mais peut-être qu'ils ont voulu nous faire croire qu'ils cherchaient quelque chose.

- Donc comment on sait si c'est l'un ou l'autre ?

- Malheureusement pour ça, il va falloir attendre que les parents nous disent si quelque chose manque. Viens, je suis intrigué par cette marque des ténèbres. »

Ils se rendirent à l'étage et trouvèrent la chambre des parents. La marque n'était pas aussi grande que ce à quoi Harry s'était attendue. Elle avait été dessinée sur le mur, à côté de l'armoire dont le contenu avait été déversé dans la pièce. C'était sans nulle doute la marque des ténèbres mais très infantilisée. Comme si ce n'était, finalement, qu'un simple dessin sur le mur. Julian et Harry l'observèrent un long moment mais absolument rien ne se dégageait de la marque. On était loin de se douter qu'elle possédait suffisamment de magie pour être indétectable des moldus.

Ils croisèrent la coordinatrice en descendant et celle-ci leur appris que tous les verrous avaient volé en éclat. Ils allaient encore continuer à chercher mais ils doutaient trouver d'autres éléments utiles à l'enquête. L'auror enjoignit le duo à se rendre à Sainte-Mangouste pour questionner les filles et leurs parents. Julian prévint qu'il emmenait le témoin avec lui et ils partirent tous trois dans la voiture de police du ministère de la magie.

Ils se trouvaient dans la banlieue londonienne et l'heure de pointe commençait tout juste. Ils auraient mis habituellement un temps infini à rejoindre le centre mais Julian s'amusa en mettant la sirène en route et ils arrivèrent sur place avec de l'avance. L'auror gara la voiture tant bien que mal et ils se dirigèrent non pas vers l'entrée sorcière de Sainte-Mangouste mais vers l'entrée moldue qui faisait apparaître l'hôpital comme une petite clinique de l'extérieur. Harry n'était entré par là qu'une fois, lors d'une sortie d'information pendant sa première année au bureau des aurors.

Le moldu fut pris en charge et prié d'attendre dans la salle d'attente alors que Harry et son mentor se rendaient au quatrième étage où se trouvait le service de pathologie des sortilèges. On leur apprit que les parents étaient encore en train d'être soignés mais que les filles attendaient dans l'espace commun.

Ils allèrent donc rejoindre les petites qui paraissaient exténuées. Elles étaient jeunes, beaucoup plus jeunes que ce que Harry s'était imaginé. La plus grande devait avoir quelques mois de plus que Teddy alors que la plus jeune avait encore une tétine en bouche. Julian se montra très gentil avec elles et son côté père de famille ressortit énormément. Il leur donna des sucreries mais bien évidemment, les petites n'avaient rien à rajouter à l'histoire de Michael. Julian demanda s'il y avait eu des choses inhabituelles ces derniers temps ou si elles avaient vu des personnes étranges. À cela, l'aînée répondit une seule chose :

« L'autre jour, papa il a reçu une lettre. Il l'a montrée à maman et ils se sont disputés.

- Tu sais pourquoi ? »

La cadette se mit à chouiner, ce qui amena sa sœur à pleurer aussi. Il leur fallut un moment pour les calmer mais une fois ceci fait, l'aînée refusa de prononcer un mot de plus. Julian jugea qu'il ne pourrait pas obtenir plus d'informations que ce qu'ils savaient déjà et n'insista pas plus. On fit finalement descendre les filles dans la salle de visites où elles purent voir Michael qui tenta de les rassurer du mieux qu'il put.

Après un long moment à attendre de pouvoir parler avec les parents, un infirmier vint les voir pour leur annoncer que les deux patients étaient dans le coma et qu'il ne servait à rien d'attendre. Il était envisagé qu'il leur faudrait une petite dizaine de jours avant d'en émerger. On les contacterait à ce moment-là. Michael demanda à ramener les filles chez lui mais on le lui refusa, n'étant pas un membre de la famille. Ils avaient réussi à contacter une tante en voyage au Costa Rica et qui rentrait dès qu'elle pouvait. Mais il était autorisé à rester auprès des filles au sein de l'hôpital jusqu'à son arrivée. Le premier chapitre de leur enquête se termina ainsi.

o0O0o

Draco était en retard. C'était inhabituel. Teddy et lui l'attendaient depuis une quinzaine de minutes. En soi, ce n'était pas beaucoup mais ce n'était pas ce à quoi son petit ami l'avait habitué. Il lui était déjà arrivé d'attendre Ron plus longtemps sans commencer à s'inquiéter. Mais c'était Draco. Et surtout, Teddy commençait à bouillir sur place. Il s'était tout habillé mais le faire s'asseoir dans le canapé à ne rien faire d'autre avait le don d'énerver l'enfant. Harry n'allait pas pouvoir le retenir longtemps.

Avec soulagement, il entendit finalement le bruit de la porte d'entrée qui s'ouvrait. Teddy bondit sur ses pieds et quitta le salon à toute vitesse. Harry le suivit, le cœur en fête. Quand il atteignit le couloir de l'entrée, Teddy était en train de courir en sens inverse. Il attrapa le petit qui enroula ses petits bras autour de son cou. Il croisa le regard de Draco. Ce dernier affichait un air confus qui semblait demander "qu'est-ce que j'ai fait ?"

« Tu es en retard. »

Ah… il ne voulait pas sonner réprimandeur.

« Ma mère m'a tenu la jambe, s'excusa Draco. Et je suis allé te cueillir ça. »

De derrière son dos, il sortit un petit bouquet. C'étaient des fleurs ressemblant à des marguerites mais plus grandes et aux pétales violets, des fleurs des champs mais que l'on appréciait également dans les jardins. Harry prit le bouquet.

« Pourquoi tu m'offres ça ?

- J'en avais envie. Et puis on ne s'est encore jamais offert de fleurs. »

Harry n'avait pas envie de lui avouer que les fleurs, ce n'était absolument pas son truc. Comment était-il censé réagir ?

« Merci… se souvint-il de dire. J'vais les mettre dans un vase et on y va.

- Ah, attends. J'ai aussi un cadeau pour Teddy. »

Un cadeau ? Pour Teddy ? Mais qu'est-ce qui lui prenait ? À ces mots, l'enfant se tortilla pour échapper aux bras de son parrain et pouvoir recevoir son cadeau. Draco sortit de sa poche un bilboquet. Il l'offrit à Teddy avec un sourire.

« Ma mère me l'avait offert quand j'avais ton âge.

- C'est quoi ?

- Tu n'as jamais vu de bilboquet ? Le but, c'est de faire rentrer la boule dans ce bout de bois. Attends, je vais te montrer. »

Il reprit le jouet de bois des mains du garçon et tenta de faire atterrir la boule sur la tige. Sans grand succès. Draco s'excusa et recommença. Harry, se disant qu'il en avait pour un moment, alla mettre les fleurs dans un vase. Il lui fallut un instant pour se rappeler où il les avait rangés. Il regarda les petits pétales violets, le cœur bien jaune. Pourquoi Draco s'était soudain mis en tête de lui offrir des fleurs ? Comment avait-il pu se dire que cela lui ferait plaisir ? Bon, oui, il était content que Draco ait pensé à lui au point de lui faire une surprise mais pourquoi des fleurs ? C'était niais.

Harry revint dans le couloir de l'entrée pour voir son filleul se prêtant à l'exercice du bilboquet sous le regard attentif de Draco. C'était beaucoup plus difficile que ce que l'on pouvait croire. Le Noël où Dudley avait eu sa NES, il avait reçu un bilboquet comme unique cadeau. Il y avait joué pendant des heures jusqu'à ce que chacune de ses tentatives soit une réussite. Il demanda le jouet à Teddy qui lui donna avec réticence.

Harry immobilisa la boule au bout de son fil et, d'un mouvement du bras, l'envoya voler. Ses réflexes étaient encore là car le trou de la boule trouva sans soucis la tige de bois. Teddy comme Draco poussèrent une exclamation de surprise. L'enfant battit des mains. Avec un sourire, Harry lui rendit son jouet.

« On y va ? »

Des hochements de tête lui répondirent. Il prit la main de Teddy, referma la porte d'entrée derrière eux et ils transplanèrent au terrier. Harry poussa le petit portail qui délimitait l'entrée du terrain. Teddy lâcha sa main et courut vers la maison, laissant derrière lui Harry et Draco. Le couple le regarda galoper à toute vitesse.

« Ton fils ne m'aime pas, déclara Draco.

- Ce n'est pas…

- Ton fils, oui, je sais. Désolé, c'est sorti tout seul.

- Pourquoi tu dis qu'il ne t'aime pas ? décida d'ignorer Harry.

- Quand il m'a vu tout à l'heure, il a fait aussitôt demi-tour. »

Harry éclata de rire.

« Il fait ça avec tout le monde, le rassura-t-il. Ça ne veut pas dire qu'il ne t'aime pas. Et puis si tu continues de l'acheter avec des jouets, je t'assure qu'il va finir par t'adorer. »

Ils aperçurent au loin Molly sortir de la maison après que Teddy y soit rentré pour leur faire un signe de la main. Quelques secondes plus tard, ils étaient à son niveau. Elle prit chacun d'eux dans son étreinte habituelle. Draco qui n'aimait guère ce genre de démonstration se contint toutefois de refuser.

Les salutations faites, ils purent entrer dans la chaleur de la maison. C'est qu'il commençait à faire de plus en plus froid au dehors ! Ils passèrent le bonjour aux parents de Ron et ceux d'Hermione. On leur apprit que Percy était, comme à son habitude, calfeutré dans sa chambre. Hermione et Ron étaient déjà arrivés et discutaient avec George. Harry et Draco s'installèrent avec eux autour du foyer et Molly leur servit une tasse de thé. Teddy avait déjà disparu dans les étages. George demanda aussitôt des nouvelles à Draco par rapport à ses oreilles de lapin. L'incident remontait maintenant à une dizaine de jours et Draco ne s'en était toujours pas remis.

« Je n'arrive toujours pas à croire que quelqu'un m'ait fait une chose pareille ! s'exclama-t-il. Enfin non, ça ne m'étonne pas tant que ça mais qu'on ait fait ça sur mon lieu de travail ? Je trouve celui qui m'a fait ça, il va regretter d'être né.

- Tu n'as pas une idée du coupable ? s'enquit George.

- Tous mes collègues sont suspects.

- Eh bien… je vois que la confiance règne, remarqua Ron.

- Rassure-moi, tu as remonté le problème ? voulut savoir Hermione.

- J'ai hésité un moment à le faire, avoua Draco. Mais on est le département de la justice magique. La justice doit également s'effectuer dans nos rangs. »

Il avait dû se décider récemment car Harry n'en avait pas entendu parler.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il, curieux.

- On m'a promis que la lumière serait faite sur cet événement. Ils ont interrogé chacune des personnes avec qui j'avais eu des contacts ce jour ou la veille mais aucun résultat à part que maintenant mes collègues me détestent encore plus.

- Oh non… compatit Hermione.

- Bah, rien de bien nouveau », tempéra Draco.

Harry passa un bras affectueux autour de sa taille.

« Je suis sûr que tout se finira bien, l'encouragea-t-il.

- Ah ! Harry, j'aurais besoin de ton opinion », les coupa George.

L'interpellé eut un sourire amusé. Que lui voulait-il donc ?

« Seulement la mienne ?

- Oh, j'ai déjà demandé celle d'Hermione plus tôt.

- Oh O.K. Qu'est-ce que tu veux du coup ?

- Ce qu'il s'est passé avec Neville et Luna l'autre fois, lors de l'attentat, ça m'a fait réfléchir. Tu sais, on n'avait aucun moyen de les contacter et ça m'a vraiment perturbé que l'on soit si démuni alors que les moldus ont leurs téléphones et tout. Alors je me suis dit que j'allais créer une version sorcière pour les… SMS, c'est ça Hermione ?

- Oui, c'est ça.

- Oh mais c'est une bonne idée, ça ! approuva Harry. Mais pourquoi ne pas utiliser un téléphone portable directement ? J'en ai un, Hermione en a un. »

George eut un rire moqueur.

« Tu es bien naïf pour croire que les sorciers vont faire confiance à de la technologie moldue ! Et Hermione m'a expliqué qu'il fallait payer en argent moldu chaque mois l'actionnaire…

- L'opérateur, le corrigea-t-elle.

- Oui bref, c'est bien trop compliqué.

- Je vois… Eh bien en tout cas, c'est une très bonne idée ! Mais cela ne correspond guère à la marque de Farces pour sorciers facétieux, non ?

- Au contraire ! Quoi de plus malicieux que de pouvoir fomenter des plans en cours avec ses amis sans se faire prendre par McGonagall ? »

Hermione voulut dire quelque chose mais Ron l'en empêcha en prenant sa main et en lui faisant une tête qui se voulait moralisatrice. Ron qui faisait la morale à Hermione, ce n'était pas un spectacle qu'on voyait tous les jours.

« Et comme on est des influenceurs de jeunes, continua George, le système se propagera comme un feu follet.

- Ça, je n'en doute pas. Et euh… pour quoi tu veux mon opinion ?

- Hermione pensait à quelque chose comme les faux gallions qu'on utilisait au temps de l'AD mais je pensais à un "simple" parchemin. Ton avis ? »

Harry éclata de rire.

« Tu as besoin de mon avis pour ça ?

- Bien sûr ! Tu es mon actionnaire numéro un après tout. Et en quelque sorte notre fondateur.

- Comment ça, fondateur ? »

Alors qu'il n'avait pas prononcé un mot depuis tout à l'heure, Draco tourna des yeux curieux vers Harry.

« C'est toi qui es à l'origine de Weasley, Farces pour sorciers facétieux ?

- Quoi ? Non ! Bien sûr que non. Je leur ai juste donné mon prix du tournoi des trois sorciers pour que Fred et George puissent ouvrir leur boutique.

- Ouais, on a fait tout le boulot ! plaisanta George.

- J'y crois pas ! s'exclama Draco, ignorant le rouquin. Tu es derrière tout ça ?

- Pourquoi tu es aussi impressionné ? s'amusa Harry.

- J'ignorais que tu avais le sens des affaires.

- Ce que Malfoy ne te dit pas Harry, c'est qu'il est en fait un fan de notre travail.

- Quoi ? Absolument pas !

- Oh oui Harry, si tu savais, entra Ron dans le jeu. Il vient tous les jours à la boutique. Tous. Les. Jours. On ne sait plus quoi faire de lui.

- On sait Malfoy, c'était censé être un secret. Mais tu connais mieux que de te confier à un Weasley. »

Harry explosa de rire, immédiatement suivi par Hermione qui fut très rapidement à bout de souffle. Draco était en total rejet à l'idée d'être pris pour cible de moqueries. Il arborait son masque d'aristocrate outré et ce n'en était que plus comique. Après s'être moqué de tout leur saoul, Harry conforta Draco en caressant son visage puis en l'embrassant gentiment.

« Oh non ! s'exclama George.

- Yurk, confirma Ron.

- J'aurais souhaité ne jamais voir ça. Urgh, ça va me hanter jusqu'à la fin de mes jours », en rajouta George.

Harry attrapa le premier coussin qui lui tomba sous la main et le balança à la tête du rouquin qui avait osé critiquer leur couple. George évita le deuxième en se laissant glisser au sol.

« Tu n'as pas réagi ainsi quand c'est ta sœur que j'embrassais ! rigola Harry.

- Urgh, crois-moi, je trouvais ça tout aussi dégoûtant. Mais Ginny fait peur. Jamais je me serais moqué devant elle.

- Oh ! Mais devant moi, cela ne pose pas problème ? »

Draco avait un petit sourire en coin en disant cela. Il se leva. Oh, oh. George sentant aussitôt la menace, il bondit sur ses pieds et s'enfuit à l'extérieur de la maison alors qu'Hermione laissait échapper des rires hystériques. Satisfait de lui, Draco se rassit dans le canapé. Le rouquin repassa la tête par la porte et lança :

« Tu ne m'as pas dit ce que tu préférais comme méthode Harry ! Gallion ou parchemin ?

- Parchemin », répondit-il.

Et George s'en fut.

« Oh ! Tu me trahis Harry ? s'offusqua Hermione.

- Bah quoi, c'est plus simple d'écrire que de taper sur un T9. Un gallion c'est trop petit.

- Je te prenais pour un ami.

- Voyons ma chérie, c'est évident qu'on ne peut pas faire confiance à quelqu'un qui fricote avec un Malfoy. »

Draco souleva un sourcil vengeur à Ron et le rouquin se cacha immédiatement derrière un coussin pour éviter quelques représailles.

« Bon les enfants, si vous arrêtiez vos bêtises et aidiez Molly à mettre la table ? »

Tout le monde sursauta à la soudain apparition d'Arthur Weasley. George se tenait derrière lui et leur tira la langue. Harry se retint de lui renvoyer la pareille. Les "enfants" quittèrent le foyer et se rendirent dans la salle à manger pour dresser les assiettes à dessert et les tasses de thé. Seule la famille proche était prévue pour ce "petit goûter".

À vrai dire, la présence de Draco devait leur sembler étrange mais ils l'acceptaient sans rien dire. Après tout, ils allaient devoir s'habituer à ce que Draco soit son "plus un" et qu'il soit de plus en plus présent dans sa vie. En tout cas, Harry était soulagé que Ron et George soient suffisamment à l'aise avec lui pour se moquer de lui. Bon, en soi, ce n'était pas très étonnant de la part de George qui n'avait jamais vu Draco que comme un sale gosse.

Harry se dirigeait vers le buffet pour en sortir un dessous de plat lorsque Draco se glissa derrière lui et déposa une main dans le bas de son dos.

« Je ne suis pas sûr que les Weasley apprécient ma présence, lui chuchota-t-il.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? demanda-t-il sur le même ton.

- L'ironie dont j'ai fait les frais tout à l'heure m'a semblé être plus que de l'ironie… »

Draco l'avait vécu comme ça ? Harry n'avait vu que des petites moqueries dans le but de faire rire.

« Tu te fais des idées, voulut-il le rassurer. George et Ron ne sont pas comme ça.

- Tu es sûr ?

- Mais oui, amour. »

Il se retourna et déposa un rapide baiser sur les lèvres de Draco.

« Tiens, va mettre ça sur la table. »

Et Harry lui tendit le dessous de plat. Draco le récupéra avec un sourire et alla le poser. Quelques minutes plus tard, ils étaient tous installés et Molly arriva avec une énorme tarte tatin qu'il leur serait impossible de manger entièrement. On servit le gâteau et du thé et chacun profita de ce moment familial. Même Percy était sorti de sa chambre. Les parents d'Hermione qui étaient peu habitués à se trouver dans une maison sorcière avaient l'attention tournée ailleurs.

Lorsque les tasses se refroidirent et qu'un trou s'élargit dans la conversation, Ron s'éclaircit la gorge. Tous les yeux se tournèrent vers lui. Envahi par un soudain stress inexplicable, Harry attrapa la main de Draco sous la table. Ça y est, Ron allait dévoiler la nouvelle.

« Hermione et moi, on a quelque chose à vous dire.

- Oh par Merlin ! s'exclama Molly. Est-ce un enfant ?

- Quoi ? Non, rit Ron. On a décidé de se marier.

- Ooooh… ! »

Il y eut des exclamations de joie. Visiblement, ils n'avaient pas prévenu George. Seuls Draco et lui étaient au courant. Cela lui réchauffa le cœur. Percy fut le premier à donner ses félicitations et… sa bénédiction. Cela ramena immédiatement Molly sur terre, la faisant se précipiter sur Hermione pour la prendre dans ses bras et lui souhaiter la bienvenue dans la famille. Tout le monde était en joie et Arthur se mit même à imaginer quelle tenue il allait porter pour le mariage. Les parents d'Hermione prenaient l'annonce avec une grande joie.

« Quelle bonne nouvelle ! Quelle bonne nouvelle ! Tu as prévenu ta sœur ? Et tes frères ? s'enquit Molly.

- Personne en-dehors de cette pièce n'est au courant.

- Il va falloir que tu leur dises. Oh ils vont être tellement heureux ! Et toute la famille va se rassembler, cela fait si longtemps ! »

Molly continua pendant un long moment sur tout ce qu'ils allaient devoir faire avant le mariage et Ron ne tenta même plus de lui répondre, se laissant emporter dans le courant de ses mots. À ce moment-là, Harry était profondément heureux et l'arrière-goût amer qu'il avait ressenti lorsqu'il avait entendu la nouvelle la première fois avait complètement disparu. Il se laissa aller et posa sa tête sur l'épaule de Draco. Celui-ci sourit et serra doucement sa main qu'il tenait toujours.

« Papa, je peux ravoir du gâteau ? demanda Teddy que toute cette cérémonie n'avait guère ému.

- Papa ? » nota Percy.

Pourquoi il n'en avait pas parlé avec les Weasley ? Pourquoi fallait-il toujours qu'il repousse les discussions importantes comme celle-ci ? À présent, ce n'était plus ses meilleurs amis qu'on regardait mais lui-même. Il en avait parlé avec Hermione et puis Ron, c'était déjà ça. Harry ignora leurs regards et servit une autre part de tarte à Teddy.

« C'est la dernière d'accord ? Tu vas tomber malade sinon. »

Ou plutôt, le sucre dans son organisme allait en faire une vraie pile électrique et Andromeda lui en voudrait à mort pour le lui rendre dans cet état-là.

« Il t'appelle papa ? demanda Arthur avec intérêt.

- Oui. C'était important pour lui. »

C'était tout ce qu'il y avait à dire et les autres le comprirent à son ton. George s'exclama tout de même :

« Il était temps ! »

Et ce fut tout. Hermione détourna la conversation en demandant des conseils à Molly sur le lieu où pourrait se tenir la cérémonie.

« Mais ici bien sûr ! »

Et l'on ne revint plus sur le sujet. Harry soupira de soulagement, il n'y avait eu aucun coup d'éclat. Mais après tout, cela ne changeait pas grand-chose pour eux. Ils voyaient Harry élever Teddy depuis sa sortie à Poudlard. Ils devaient déjà le considérer comme son père. La réalisation de ceci lui fit tourner la tête. Il était normal que Teddy l'appelle papa. Il était vu comme son père et cela ne leur posait aucun problème. Il tira la main de Draco à lui pour attirer son attention et lui glissa en aparté :

« Tu avais raison Draco. Que je le veuille ou non, je suis son père. Et cela ne peut que faire de Teddy mon fils. »

Un sourire tendre éclaira le visage de son petit ami.

« Il était temps que tu t'en rendes compte. »

Et il glissa une main affectueuse dans ses cheveux.

o0O0o

Harry déposa le vase sur sa table de nuit. Draco le regardait faire avec satisfaction.

« Elles sont magnifiques, tu ne trouves pas ?

- Ce sont de jolies fleurs, se contenta de répondre Harry.

- Je leur ai appliqué un sort de conservation, elle ne devrait commencer à faner que dans une dizaine de jours.

- Merci je suppose », rit Harry.

Il ouvrit son armoire pour en sortir son pyjamas aux couleurs de Gryffondor. Sous le regard de Draco, il se déshabilla et entreprit de l'enfiler.

« C'est la première fois que je te vois mettre un pyjamas.

- C'est qu'il commence à faire vraiment froid. Et j'aime pas avoir froid avant de m'endormir.

- Hum… je m'étais habitué à tes abdos, dit-il, pince-sans-rire.

- Mes abdos ? »

Harry ne savait que répondre à cela. Il était bieeeen loin de se douter que ses abdominaux plaisaient à Draco. C'était la première fois qu'il y faisait même allusion.

« Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de Draco Malfoy ?

- Quoi ? C'est si étonnant que je veuille voir ces parfaits abdos ?

- Nous ne sommes pas en train d'avoir cette conversation, non, non, non. »

Draco éclata de rire et invita Harry à le rejoindre dans le lit. Il l'attira dans une étreinte ensuivie par un baiser.

« Pourquoi tu m'as jamais dit que tu aimais mes abdos ?

- Je croyais que nous n'avions pas cette conversation.

- Réponds-moi, se plaignit-il en secouant le bras de Draco.

- Ah ah, O.K., O.K. C'est juste que je ne suis pas très doué pour donner des compliments. Je n'aime pas en recevoir et ne pas savoir quoi répondre, j'imagine que ça joue.

- Tu veux voir mes abdos ? »

Draco éclata de rire.

« Je rêve où ça sonnait comme une technique de drague pourrie ?

- J'avoue, j'ai pas pu résister.

- O.K., montre-moi ces fameux abdos. »

Amusé par l'attitude de Draco ce soir, Harry obéit et retira son haut. Peut-être que Draco était d'accord pour aller plus loin.

« Franchement, comment tu fais pour avoir des abdos aussi parfaits ?

- Je me tiens en forme. C'est nécessaire si on veut être auror.

- Oui mais quand même. »

Harry prit la main de Draco et la guida sur sa peau. Il frissonna au contact des doigts fins de son petit ami. Celui-ci se mit à caresser son ventre du dos de son index, ce qui provoqua des contractions agréables dans son estomac. Il inspira profondément. Draco croisa ses yeux et Harry y lut une légère hésitation.

« Est-ce que… tu es d'accord pour aller plus loin ? » vérifia-t-il.

Draco ne répondit pas mais Harry comprit sans qu'il eut besoin de dire quoi que ce soit. Harry comprenait enfin ce qui pouvait se passer dans la tête de son petit ami. Il l'embrassa tendrement.

« Juste comme ça c'est bien aussi. »

Il se colla contre Draco, le prenant dans ses bras.

« Désolé… alors que je t'ai dit l'autre fois que c'était d'accord.

- Ne te prends pas trop la tête. Tu seras prêt quand tu seras prêt.

- Merci. »

Draco tendit la main et éteignit la lampe de chevet, les plongeant dans le noir.

« Les asters étaient vraiment le bon choix, se chuchota-t-il à lui-même.

- Quoi ?

- Les fleurs, explicita Draco.

- Oh, ça s'appelle des asters ? Je croyais que c'était une sorte de marguerite.

- Eh bien techniquement oui mais… Attends, tu savais pas quelle fleur c'était ? Tu n'as pas compris le sens du bouquet alors ? »

Il se releva sur son coude, non pas tant pour le regarder mais pour marquer sa surprise.

« Ah parce que y avait un sens ?

- Bien sûr ! Comment peux-tu te considérer comme un sorcier et ne pas connaître le nom des plantes et ce qu'elles représentent ?

- J'ai jamais été très bon en botanique.

- Ni en potion.

- Oui bon. Tu m'expliques du coup ?

- Oh non, c'est trop gênant. »

Harry poussa une exclamation outrée.

« Explique-moi ! Si tu ne le fais pas, j'appelle Hermione et j'lui dis que t'avais un crush sur elle quand on était jeune.

- Tu n'oserais pas !

- Oh que si.

- Très bien, très bien, rit Draco. L'aster est une fleur de l'amour, rien de très original de ce côté-là mais c'est aussi le symbole de la patience. C'était juste pour te remercier d'être aussi patient avec moi. »

Il tira sur la couette et se cacha dessous.

« Content ? » demanda-t-il d'une voix étouffée.

Harry glissa la tête sous la couverture et embrassa Draco. Du bout de la langue, il lui demanda l'entrée et se faufila entre ses lèvres ouvertes. Il l'embrassa passionnément, appréciant le contact humide de leurs bouches. Ils se séparèrent lorsque leurs respirations se firent difficiles. Draco eut un petit rire nerveux.

« La prochaine fois, je te ramène des roses.

- Ah, les roses, ça je sais !

- Tout le monde connaît les roses. »


Et un nouveau chapitre de terminé ! J'espère que vous l'avez apprécié. Dites-moi ce que vous en pensez :)

J'en profite pour vous rappeler que j'ai créé un blog ( : / / promenadedemots. weebly. com (sans les espaces et au début SPTTH à l'envers parce que FFnet est décidément extra chiant avec les liens)) donc n'hésitez pas à y jeter un œil.