Bonjour tout le monde ! Après un début de chapitre en juillet et rien du tout en août, je vous présente enfin la fin du chapitre 13 ! J'ai suis officiellement en vacances (j'ai terminé de corriger les derniers détails de mon mémoire pas plus tard qu'il y a deux jours même si je suis techniquement en vacances depuis la première semaine d'août. Et dire que vous recommencez l'école de votre côté…) et j'ai donc enfin tout le temps du monde pour me concentrer sur l'écriture ! Comme je termine mes études, je vais faire six mois sabatiques donc je devrais pouvoir bien avancer sur mon histoire :)
Ceux qui regardent ma page facebook (venez me suivre !) ont peut-être vu que j'ai une petite surprise pour vous. Connaissez-vous la fanfiction "The Pureblood Pretense" de murkybluematter ? "Rigel Chronicles" ? Eh bien je l'ai dévorée. Et je veux que le monde entier la lise. Mais elle n'est qu'en anglais. Vous avez compris ? Oui, je vais traduire cette fanfiction en français ! J'ai obtenu l'accord de Violet (murkybluematter) donc attendez-vous prochainement à la sortie du premier chapitre ! Suivez mon compte FFnet (pas cette histoire, mon compte) pour recevoir un mail lorsque le chapitre sera publié.
Chanson du chapitre : You're not the only one (Redemption song) de Lukas Graham
Chapitre 13 partie 2 : Dépression
Le miroir lui renvoya l'image d'un visage défait. Ses traits étaient tirés, ses yeux verts ne brillaient d'aucun éclat et des cernes les entouraient. Harry passa ses doigts sur ses tempes, tirant sa peau en arrière. Il paraissait moins vieux comme ça.
Il était fatigué. Il ignorait depuis combien de temps il fixait son reflet mais cela devait faire un moment. Il tourna la robinet, plaça ses mains en coupe sous le filet d'eau et les passa sur son visage. La sensation glacée lui fit du bien et le ramena un peu sur terre. Ses pieds lui faisait mal. Il devait vraiment être debout depuis un long moment. Combien de temps ?
Il but à même le robinet puis arrêta le jet. Il contempla ses mains, les plis qui les formaient, la façon dont ses articulations se pliaient, ses lignes de la paume, ses ongles longs qu'il fallait qu'il coupe, la crasse qui s'était insinuée dessous suite au cours de pratique exceptionnel qu'ils avaient eu vendredi après-midi.
Il ne s'était pas lavé. Il aurait dû avoir du dégoût à l'idée mais étrangement, il ne ressentait rien. Depuis qu'il avait pleuré au boulot l'autre jour, ses émotions s'étaient faites la malle. Il était juste vide et fatigué. S'occuper de Teddy ce jour-ci s'était révélé être au-dessus de ses forces. Il avait donc décidé de s'accorder un instant seul. Un instant. Et voilà où il en était, à se fixer dans le miroir depuis il ne savait combien de temps. Il aurait dû retourner voir Teddy, s'occuper de son fils mais il se regardait, yeux dans les yeux, avec son reflet.
Ce que les gens notaient chez lui, au-delà de sa cicatrice, c'était ses yeux, les yeux de sa mère. Mais depuis quelques temps, ses yeux ne reflétaient plus rien et il doutait que quelqu'un les remarque ainsi. Ils étaient aussi vides que ses sentiments.
Il tira à nouveau sur la peau de ses joues faisant disparaître momentanément ses cernes. Il n'avait pas bien dormi ces derniers temps, ses cauchemars revenant en force. Il se sentait seul aussi, terriblement seul. Il était pourtant entouré, par ses camarades, ses collègues, Teddy. Mais personne ne semblait le comprendre.
Il soupira et se frappa les joues. Un peu de positif, bon sang ! Il s'assit par terre. Quitte à contempler tout ce qui n'allait pas dans sa vie, autant le faire confortablement. Sans savoir quand exactement, il se retrouva allongé, à fixer le plafond. Tiens, il y avait de la moisissure dans le coin.
Son ventre gronda. Depuis quand n'avait-il pas mangé ? Il avait oublié. Oh, il avait oublié de manger, ce n'était pas bon signe. Préparer à manger était une des seules choses qui lui procurait un peu de plaisir ces derniers temps. Et il avait oublié. Pourquoi ça lui arrivait ? Pourquoi n'avait-il même plus la force de se faire un repas ? Oh. Qu'est-ce qu'il allait faire à manger pour ce soir pour le petit ? Il se récita la liste des ingrédients qu'il possédait mais aucune recette ne lui venait à l'esprit. À part de l'omelette. C'était simple l'omelette. Des œufs, de la crème fraîche, tu mélanges, tu étales et c'était prêt. Mais il n'avait pas envie d'omelette. La simple idée de la préparer était exténuante.
Il sursauta lorsque la porte de la salle de bain s'ouvrit tout à coup. Il se mit en position assise pour voir un Draco fulminant entrer et refermer la porte derrière lui sans précaution. Il le fixa, la colère enflammant ses yeux d'acier.
« Je peux savoir ce que tu fais ?
- Hein ? fut la seule réponse qui lui vint.
- Ton fils ! Il aurait pu se casser la nuque !
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
Avec difficulté, Harry se releva. Il avait dû être allongé trop longtemps car le sang lui fit tourner la tête.
« Il était en train de grimper sur le comptoir pour atteindre les placards. Pourquoi n'étais-tu pas là pour surveiller ton gamin ?! Tu as de la chance que je sois passé pour éviter un accident !
- Kreattur le surveillait sûrement, marmonna Harry dont la culpabilité avait commencé à ronger son cœur.
- Ton elfe se fait vieux ! Depuis combien de temps ne l'as-tu pas vu ? »
La stupéfaction frappa Harry. Cela faisait en effet une éternité qu'il n'avait pas vu Kreattur. Un mois ? Deux mois ? Un frisson d'horreur alourdit soudain sa poitrine.
« Il est sûrement en train de préparer son nid pour mourir, tu ne peux pas le laisser en charge d'un enfant ! »
Harry était encore en train d'intégrer ce que Draco venait de lui dire. Kreattur était sur la fin de sa vie… Qu'était-il censé ressentir face à une information pareille ? Draco s'énerva à son inaction.
« Je vois que tu ne comptes rien faire, attaqua-t-il. Puisque tu n'es visiblement pas en état de t'occuper d'un enfant, j'emmène Ted chez moi. Viens le récupérer quand tu auras mis un peu de plomb dans ta tête ! Reprends-toi, par Morgane ! »
Et sur ces mots, il tourna les talons et claqua la porte derrière lui, laissant Harry seul avec lui-même. Celui-ci resta immobile, tentant de comprendre ce qui venait de se passer. À la lente compréhension, des larmes éclatèrent de ses yeux. Draco avait raison. Il avait mis en danger son fils, avait complètement oublié son existence et avait passé tout son temps à s'apitoyer sur lui-même.
Il renifla, essuyant ses yeux. Incapable de rester une seconde de plus dans cette salle de bain, il quitta la pièce. Sans but, il descendit les marches de l'escalier. Une fois dans le salon, il se laissa tomber sur le canapé. Il n'avait pas la force de faire plus que ça.
Il pleura un peu plus. Il n'était pas digne de s'occuper de Teddy. Les mots de Draco tourbillonnaient dans sa tête. Il voulait transplaner chez lui, récupérer Teddy, lui dire qu'il n'avait rien à dire sur son éducation car ce n'était pas son fils mais il savait. Il savait que Draco avait raison. Il voulait se laisser mourir.
Il contempla. Pendant plusieurs heures, il contempla. Tout et n'importe quoi. Ce qui l'entourait. Ses sentiments. Ses mains. Les battements de son cœur. La couture de sa manche. La mort. La vie.
Il n'était venu à aucune conclusion quand il se rendit compte qu'il faisait nuit. Il avait officiellement passé la journée entière à regarder des choses. Magnifique.
Devait-il aller chercher Teddy ? Draco allait-il laisser l'enfant dormir chez lui ? Il était si tard, il avait sûrement déjà mangé. Avait-il peur dans cette maison inconnue ? Appelait-il pour son père qui ne venait pas ?
Son nom dit à voix haute le sortit de ses pensées. Il baissa les yeux pour voir Draco agenouillé face à lui, tenant ses mains dans les siennes. Il avait eu la même position lorsque Harry avait trébuché sur ses bouteilles d'alcool.
« Draco, répondit-il, surpris de le voir.
- Je suis désolé, s'exclama-t-il. Je n'aurais pas dû te parler comme ça tout à l'heure. J'ai perdu mon calme. Excuse-moi. »
Harry ne sut que répondre. Pourquoi Draco s'excusait-il ?
« Je sais que c'est à cause de ta dépression que tu étais comme ça tout à l'heure, je ne m'en étais pas rendu compte. Je suis désolé de t'avoir dit de te ressaisir et de t'avoir laissé seul alors que tu avais besoin de moi. Tu m'avais dit que tu étais dépressif cet été mais je n'avais pas vraiment compris. J'ai honte de t'avoir parlé comme ça et de t'avoir laissé seul. »
Embarrassé, il cacha son visage en faisant tomber son front sur leurs mains. Harry s'était remis à pleurer, se rendit-il compte. L'entendant, Draco releva la tête.
« Oh Harry. »
Et il essuya ses larmes d'une main.
« Mon amour, ne pleure pas, s'il te plaît. »
Draco n'utilisait presque jamais ces petits noms. L'entendre l'appeler ainsi à ce moment-là déversa un torrent de larmes sur ses joues. Draco se leva immédiatement pour s'installer à côté de lui et le prendre dans ses bras. Harry bredouilla des excuses mais Draco le fit taire d'un chut, le balançant gentiment.
« Ce n'est pas de ta faute, lui murmura-t-il.
- Bien… bien sûr que si. Tu… tu as raison de… de dire que je ne peux pas m'occuper d'un… d'un enfant.
- Je n'aurais pas dû dire ça Harry, je suis désolé. Tu sais très bien t'occuper de Teddy, tu es un père formidable et ton fils t'adore. Il a passé tout l'après-midi à me demander quand est-ce que tu allais venir et où tu étais. Tous les jouets et bonbons que je lui ai donnés n'y ont rien fait. Il finira à Gryffondor, têtu comme il est. »
Harry fut secoué d'un rire à l'histoire de Draco.
« Il… Il n'a pas été trop difficile ? demanda-t-il entre deux hoquets.
- Non, c'est un ange, le rassura Draco. Même ma mère est tombée sous le charme. Et elle a du mal avec les enfants qui ne sont pas les siens.
- Ah, parce que tu n'es plus enfant unique ? »
Ses sanglots s'étaient calmés mais il ne se défit pas de l'étreinte de son petit ami pour autant. Le silence de Draco l'alerta toutefois.
« Je n'ai pas toujours été fils unique, tu sais. J'avais un petit frère mais il est mort de la dragoncelle. Il n'avait pas trois ans.
- Oh Draco, je suis désolé.
- Ce n'est pas ta faute et cela fait longtemps. Oh, pardon, je n'aurais peut-être pas dû parler de ça. Comment tu te sens ?
- Vide. Et triste. Quand est-ce que ça s'arrêtera à ton avis ?
- La dépression ? Je n'en sais rien, je n'y connais pas grand-chose.
- Moi non plus…
- Tu as pensé à… voir un docteur ? suggéra-t-il.
- Un docteur ? Pour quoi faire ? Je suis déprimé, pas malade.
- Harry… la dépression est une maladie. J'en suis à peu près sûr. Il y a des potions pour la combattre après tout. »
Harry resta silencieux. Il était malade ? Une maladie mentale ? Non, il ne pouvait pas être atteint d'une maladie mentale. Ce n'était qu'une dépression, cela passerait lorsqu'il serait à nouveau heureux. Mais quand est-ce qu'il serait à nouveau heureux ? Ses yeux le piquaient mais il n'avait plus de larmes pour pleurer.
Draco repoussa des mèches de cheveux de son visage. Il essuya les traces de ses larmes et embrassa son front.
« Ça va aller, lui promit-il. On va trouver un moyen pour que tu te sentes mieux. »
Harry acquiesça. L'idée de laisser la responsabilité de son état à quelqu'un d'autre était très attirante. Il n'aurait plus à s'en occuper…
« Harry, je veux que tu viennes chez moi. Je ne veux pas te laisser seul et j'ai peur que tu te laisses décrépir. Et l'homme dont je suis amoureux ne peut pas être décrépi », plaisanta-t-il.
Harry montra son accord d'un signe de tête.
« Pour combien de temps ?
- Autant que tu le souhaites. Et jusqu'à ce que je te juge capable de vivre seul. Ça te va ? »
Harry approuva. Draco prit donc ses mains et les releva tous deux du canapé.
« Dans ce cas, allons faire ta valise, viens. »
Une demi-heure et une valise prête plus tard, Draco les fit transplaner au manoir Malfoy. Il fit disparaître la malle et guida Harry à l'intérieur.
« Teddy est déjà couché ?
- Sûrement. Tu veux le voir ?
- S'il dort, je ne veux pas le réveiller.
- Allez, viens. Je t'emmène le voir. »
Harry se laissa faire et quelques instants plus tard, ils étaient face à la nurserie. Silencieusement, Draco ouvrit la porte. C'était la première fois que Harry entrait dans la chambre pour enfant du manoir. Elle était plongée dans la pénombre mis à part les petites étoiles de la taille de son pouce qui émettaient une lumière rassurante et virevoltaient autour du lit où une figure endormie l'attendait. Il y avait une quantité phénoménale de jouets magiques par terre ou en légère suspension et ce fut un parcours du combattant pour atteindre le lit où dormait son fils.
Il s'accroupit à son pied et, tout doucement, caressa ses cheveux ébouriffés. La respiration de Teddy était profonde et régulière. Il était comme un ange, ainsi endormi. Un violent sentiment d'amour le prit et il lui fallut toute la volonté du monde pour ne pas éclater à nouveau en sanglots. Il avait beaucoup trop pleuré aujourd'hui.
Draco posa une main affectueuse sur son épaule, le faisant relever la tête. Il embrassa le front de l'enfant et suivit son petit ami hors de la chambre, refermant la porte en silence derrière lui.
« Tu as mangé ? lui demanda Draco.
- … Non, avoua Harry.
- Alors direction les cuisines. »
Il les conduisit au rez-de-chaussée, passa nombre de portes et de couloirs pour finalement arriver dans les fameuses cuisines. Ce n'était pas celles de Poudlard, mais comme tout chez les Malfoy, c'était grandiose. Les plants de travail étincelaient, le sol miroitait, la lumière ruisselait et les services brillaient. Des elfes de maison nettoyaient les restes du dîner, certains mangeant enfin le leur. En les voyant entrer, ils arrêtèrent immédiatement ce qu'ils faisaient et entourèrent les deux sorciers.
« Le jeune maître a-t-il besoin de quelque chose ? demanda l'elfe qui semblait être en charge de la cuisine.
- Oui. Préparez de quoi manger pour Harry Potter. Quelque chose de rapide à préparer. »
L'elfe s'inclina et deux secondes plus tard, il donnait des ordres à droite et à gauche. Draco invita Harry à s'asseoir à l'une des tables que l'on avait débarrassé pour lui.
« Je vais prévenir mes parents que tu es là. Je reviens tout de suite. »
Avant que Harry ne puisse dire quoi que ce soit, il l'embrassa et quitta les cuisines. Harry avait envie de le supplier de rester avec lui mais c'était déjà trop tard. Il n'eut pas le loisir de se perdre dans de sombres pensées toutefois car des elfes vinrent aussitôt lui proposer des apéritifs en attendant que son repas soit prêt. Il accepta avec soulagement le verre de vin chaud qu'on lui proposa. Il en avait bien besoin. Il dévora avec appétit toute la nourriture qu'on mit devant lui. Il ne s'était pas rendu compte qu'il avait aussi faim.
Il était au milieu de son poulet aux petits pois lorsque Draco réapparut accompagné de ses deux parents. Harry avala difficilement. Que faisaient Malfoy père et mère ici ? Draco lui fit un sourire désolé. Harry se leva pour saluer le couple.
« Monsieur Malfoy, Narcissa. Excusez-moi de m'imposez ainsi sans prévenir.
- Que nenni ! s'exclama Narcissa. C'est un plaisir que de t'avoir ici, n'est-ce pas Lucius ?
- Qui sommes-nous pour refuser quoi que ce soit à notre fils, répondit-il gravement.
- J'espère que tu passeras un agréable séjour chez nous. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à le demander aux elfes ou à nous. »
Harry les remercia largement. Narcissa et lui échangèrent encore des banalités puis ils l'invitèrent à reprendre son repas. Mr Malfoy en profita pour s'excuser et quitter les cuisines. Draco et Narcissa s'assirent toutefois autour de la table, le regardant manger, ce qui était très gênant. Il fut d'autant plus embarrassé lorsque Draco souligna d'un mouvement de sourcil son verre de vin.
« Ton filleul est un enfant adorable ! Cela a été un vrai plaisir que de rencontrer mon petit-neveu, roucoula la blonde.
- Il n'a pas été trop turbulent ? s'inquiéta Harry.
- Rien d'exceptionnel chez un garçon de cet âge. Son don de métamorphagie est impressionnant, il le contrôle drôlement bien pour son âge.
- Il ne le contrôle pas vraiment, expliqua Harry. Il change surtout d'apparence en fonction de ses émotions et de ses envies. Il est incapable de se fixer sur un seul physique donc on ne peut malheureusement pas l'emmener dans le monde moldu où il pourrait rencontrer des enfants de son âge.
- Il n'a pas de compagnon de jeu ? s'étonna Narcissa. Mais il fallait me le dire ! Je vais organiser des réunions de jeu ! Je connais quantité de familles qui sont toujours à la recherche de compagnon de jeu pour leur enfant. »
Harry cligna des yeux à la soudaine exubérance de Narcissa. Il n'avait jamais imaginé un instant qu'elle puisse être intéressée au cas de Teddy. La reconnaissance fit battre son cœur un peu plus vite.
« Vraiment ? Cela serait avec plaisir.
- Laisse-moi m'occuper de tout. Oh ! cela remonte à si longtemps la dernière fois que j'ai organisé une réunion de jeu. Qui pourrai-je inviter ? »
Pendant plusieurs minutes, elle se repassa tout son carnet d'adresse, rejetant, choisissant. C'était très étrange à voir.
« Pourras-tu envoyer un hibou à Andromeda lui demandant de venir chercher Teddy ici ? Cela fait tant d'années que l'on ne s'est pas vu ! J'ai tant à lui dire. Comment se porte ma grande sœur ? demanda-t-elle soudainement.
- Elle… elle va bien, dit Harry, se sentant légèrement attaqué.
- Elle a dû tant vieillir », s'exclama-t-elle avec horreur.
Semblant se rappeler qu'elle aussi avait dû vieillir depuis la dernière fois qu'elle avait vu sa sœur, elle se mit à corriger sa coiffure et toucher ses joues. Draco rit de son désarroi et se moqua gentiment d'elle.
« Oh mon fils, cesse tes plaisanteries. C'était toi qui paniquais l'autre jour après avoir trouvé un cheveu blanc.
- Ce n'était pas un cheveu blanc ! répliqua Draco. Il était juste plus clair que les autres… » marmonna-t-il.
Narcissa arqua un sourcil suspicieux mais ne mena pas le débat plus loin.
« Oh je sais. Pourquoi ne pas l'inviter à déjeuner demain ? Andr', Harry, Teddy, mes amours… Un repas en famille, cela serait piquant. »
Harry rougit à l'idée d'être intégré dans cette famille. Narcissa était une perle. Son corps se réchauffa.
« Tu sais quoi Harry, c'est moi qui vais l'inviter. Bonne nuit les garçons, je vais à la volière. »
Elle embrassa son fils, salua Harry et partit dans un froufrou de robes.
« Eh bien… elle était excitée ce soir, nota Draco une fois qu'elle fut hors de portée de voix.
- Ta mère est une fleur rare, complimenta Harry.
- Si c'est une fleur, c'est une glycine.
- Pourquoi ?
- Car quand elle a une idée en tête, elle s'y accrochera jusqu'à ce qu'on ne voit plus qu'elle.
- Oh. C'est pas très… positif.
- C'est comme ça qu'elle a mis la main sur mon père.
- Je vois… »
Lucius Malfoy était donc la personne capturée sous les magnifique branches tombantes de la glycine. Étrangement, Harry trouva que cela faisait sens. Profitant de sa distraction, Draco prit son verre de vin presque vide et alla le vider dans l'évier. Harry n'osa pas se plaindre. Puis comme si de rien n'était, il se rassit à table et dit :
« Une chambre a été préparée pour toi, juste à côté de la mienne. Tu veux y dormir ou aller dans ma chambre ?
- Je veux dormir avec toi.
- Alors c'est décidé. Termine ton dessert et on va se coucher, d'accord ? »
Harry hocha la tête. Quelques temps plus tard, ils étaient dans la chambre de Draco et celui-ci le déshabillait. Harry ne lui avait rien demandé et pourtant son petit ami avait sans rien dire entreprit de retirer ses vêtements. Quelques jours plus tôt, il aurait trouvé cela terriblement émoustillant et aurait taquiné le blond. Là, il était juste fatigué et l'aide de Draco était plus que bienvenue. Une fois en pyjamas, il se glissa sous les couvertures et attendit que Draco vienne le rejoindre.
« Tu as envie de quelque chose avant que je n'éteigne les lumières ?
- Juste toi », répondit Harry.
Draco lui offrit un sourire amusé et le rejoignit dans le lit, éteignant les lumières d'un geste de la main. Harry vint se coller à lui, appréciant sa chaleur. Il faisait drôlement froid ces derniers temps. De façon automatique, Draco se mit à caresser ses cheveux.
« Ils commencent à être longs, remarqua-t-il.
- J'ai aucune idée de quand je les ai coupés la dernière fois, avoua Harry.
- Ce n'est pas désagréable.
- Mais ce n'est pas très pratique pour un auror. »
Draco accepta son avis en silence. Puis il changea de sujet :
« Tu veux en parler ? »
Évidemment, il fallait que le sujet vienne sur la table. Est-ce qu'il voulait en parler d'abord ?
« Il n'y a pas grand-chose à dire… La vie est déprimante et c'est tout.
- Tu n'as pas d'idée de l'origine de cette dépression ou c'est une façon de me dire que tu ne veux pas en parler ?
- Les deux ? grimaça Harry. La seule "origine" qui me vient à l'esprit, c'est la mort de Voldemort. Mais c'est il y a si longtemps, cela me semble improbable.
- Je n'en sais rien. Ça ne m'étonnerait pas que ce soit ça toutefois. Ou même quelque chose d'encore plus vieux. »
Il réfléchit un instant puis continua :
« Est-ce que ça n'aurait pas un lien avec ton enfance ? De ce que tu m'as dit, ça ne me semblait pas très joyeux.
- Je n'ai pas envie de parler de mon enfance. Ça n'a rien à voir.
- Mais si ça avait tout à voir ?
- Tu n'en sais rien.
- Toi non plus », pointa-t-il.
Harry se tortilla, mal à l'aise. Il n'avait pas envie d'en parler, décida-t-il.
« Je pense que tu devrais en discuter avec un docteur. Je suis inutile sur ce sujet et je ne sais pas comment t'aider. »
Harry sentit le regret dans la voix de Draco. La culpabilité le prit. Il ne méritait pas Draco, c'était clair.
« Si c'est ce que tu veux… »
Son petit ami soupira.
« Ce n'est pas ce que je veux qui est important mon amour, c'est toi. Je ne t'obligerai jamais à faire quelque chose que tu ne veux pas. Je saurai me montrer très persuasif toutefois », termina-t-il avec un rire.
C'était la deuxième fois en peu de temps que Draco l'avait appelé "mon amour". Cela réchauffa son cœur. Il était aimé, prit-il conscience.
« J'y réfléchirai, accorda-t-il. Appelle-moi encore par des petits noms, demanda-t-il après une hésitation.
- Quoi ? "Mon amour" ? »
Harry hocha la tête, acceptant de regarder Draco dans les yeux. Celui-ci se mit à rougir.
« Très bien, bafouilla-t-il, euh… mon chéri ? Désolé ça ne sonne pas du tout naturel.
- Non, c'est bien, continue.
- Si mes ancêtres me voyaient ! Bien, mon amour, mon ange, mon cœur… j'en ai pas d'autres et j'ai l'impression d'être un Poufsouffle. Es-tu en train de me punir pour quelque chose ? »
Harry laissa échapper un rire.
« C'était très bien. Tu peux arrêter, mon lapin.
- Urgh, maintenant je suis certain que c'était une punition ! Plus jamais de lapin, s'il te plaît. J'aurai des sueurs froides à cause des lapins jusqu'à la fin de mes jours, je crois.
- Tu exagères, s'amusa Harry.
- Un Malfoy n'est qu'exagération. Mais ne le dis pas à mon père. »
Harry rit à la plaisanterie. Avoir un Draco pour lui remonter le moral était tout ce dont il avait besoin. Ils discutèrent ainsi pendant un moment jusqu'à ce que Harry s'endorme sans préavis. L'exténuation l'avait finalement rattrapé. Cependant, lorsqu'il se réveilla au milieu de la nuit, c'est comme s'il n'avait pas dormi une seule minute. Seul dans le silence et le noir, ses pensées l'attaquèrent et ce ne fut l'affaire que de quelques secondes avant qu'il ne se mette à pleurer. Et même l'étreinte rassurante qui vint l'enlacer n'y changea rien.
o0O0o
Ce matin-là, Harry dut utiliser tout son courage et sa peur d'un Draco qui lui promit mille tortures s'il ne sortait pas du lit, s'habillait et allait petit-déjeuner, comme une personne normale. Mais finalement, il remercia mentalement Draco pour son insistance lorsqu'en entrant dans la salle à manger, un Teddy vint se jeter dans ses bras.
« Papa !
- Teddy ! Je t'ai manqué ? » demanda-t-il avec un sourire en soulevant le gamin pour l'embrasser.
- Très beaucoup.
- Et tu t'es bien comporté pendant que je n'étais pas là ? »
Le petit sorcier lui servit un visage angélique. O.K., il avait sûrement fait une ou deux bêtises que la famille Malfoy avait préféré ne pas lui dire.
« Tu t'es bien amusé ? »
Sa question déclencha un ouragan d'histoires et de parlottes. Alors que Teddy dissertait en long et en large sur tout ce qu'il avait fait, Draco et eux s'installèrent à table après s'être servi au buffet. Ils saluèrent les parents Malfoy. Narcissa écoutait avec grande attention son petit neveu. Harry s'occupait de ce dernier et veillait à ce qu'il ne mange pas comme un cochon, ce qui était un challenge en soi. L'atmosphère était… extrêmement familiale et Harry prit conscience qu'il en faisait partie. C'était terriblement réconfortant. Le plus proche qu'il avait été de ressentir cela, c'était lorsqu'il était avec les Weasley. Sauf qu'alors, il n'était que l'ami de la famille, un enfant parmi une tripoté d'autres. C'était un sentiment entièrement nouveau pour lui et cette simple idée lui fit monter les larmes aux yeux. Était-ce d'être heureux de faire partie d'une famille ? Était-ce le fait qu'il n'aurait pas dû ressentir ça pour la première fois à vingt-et-un ans ? Était-ce juste ses émotions qui n'en pouvaient plus de faire les montagnes russes ? Le fait était qu'il se mit à pleurer devant la famille Malfoy. Il était mortifié.
« Pourquoi tu pleures papa ? » demanda anxieusement Teddy.
Harry renifla et essuya ses larmes. Draco lui tendit avec compassion un mouchoir. Il caressa la tête de son fils.
« Ce n'est rien. Papa est juste fatigué. »
Cela ne sembla pas convenir à Teddy car ses yeux se mouillèrent. Harry sut qu'il allait faire une crise de larmes lorsque son apparence devint beaucoup plus enfantine, ses cheveux s'allongeant et ses iris devenant bleus. Il se mit à pleurer bruyamment. Harry entreprit aussitôt de le consoler, oubliant momentanément ses propres larmes.
« Mr Ted Lupin. »
La soudaine interpellation fit tourner tous les regards vers Lucius Malfoy. Teddy, surpris d'être appelé ainsi sanglota mais arrêta de pleurer.
« Pourquoi pleurez-vous ? »
Teddy chercha Harry des yeux. Le brun imaginait sans problème la terreur que devait lui inspirer Mr Malfoy. D'un regard, il encouragea son fils à répondre.
« Pa… pasque Papa il pleurait ?
- Et pourquoi pleurait-il ?
- Pa… pasqu'il est fatigué.
- Est-ce que votre père pleure encore ? »
Harry aurait voulu disparaître. L'humiliation était pour lui aussi. Teddy secoua négativement la tête.
« Alors pourquoi pleurez-vous encore ? »
Terrorisé, Teddy s'arrêta immédiatement de renifler. Son visage rougit sous l'effort qu'il mettait à ne pas verser une larme.
« Bien. Peut-on espérer finir ce repas sans autre crise de larmes ? »
Teddy hocha vivement la tête mais Harry savait que la question lui était tout autant destinée. Le silence qui s'imposa sur la table alourdit le moral de tout le monde. Sous la table, Draco frappa gentiment le bout de son pied. Ce début de journée entra facilement dans son top 10 des moments les plus gênants qu'il eût à vivre.
Il accueillit avec un immense soulagement la fin du petit-déjeuner et le départ de Mr Malfoy pour la bibliothèque. Sans la présence de son mari, Narcissa colla aussitôt un immense sourire sur ses lèvres et dit à Teddy :
« Et si on montrait à ton père ce que tu as construit hier ? »
La joie colora le visage de l'enfant et ses cheveux. Il avait déjà oublié le terrifiant Malfoy. Il prit la main de son père et le guida jusqu'à la nurserie où il entreprit de présenter en long et en large le château qu'il avait construit et que Harry avait failli écraser la veille. Ce dernier se jeta à cœur perdu dans la distraction. Finalement, ils laissèrent l'enfant à ses jeux sous la surveillance d'un elfe de maison et les adultes quittèrent la chambre. Narcissa soupira aussitôt et se tourna vers Harry.
« Je suis désolée pour la façon dont mon mari a sermonné petit Ted. Il a du mal avec les enfants… qui pleurent, rajouta-t-elle rapidement. Ce n'était pas à lui de gérer ça. »
Harry ignorait comment accepter cette excuse. Il hésita sur les mots à dire.
« Il pensait bien faire, accorda-t-il faiblement. C'est de ma faute après tout. »
Narcissa eut une série de mouvements assez étranges pour montrer son désaccord.
« Les émotions fortes, cela ne se contrôle pas. »
Elle réfléchit un instant puis continua :
« Je ne vais pas agir comme si j'ignorais pourquoi tu n'es pas… en forme ces derniers temps. »
Elle glissa un regard vers son fils qui rougit.
« Draco a jugé que tu serais mieux chez nous que tout seul chez toi et je crois en son jugement. Mon mari a ses propres… techniques pour gérer les émotions d'autrui mais sache que tu peux me parler quand tu le souhaites, sans craindre de critiques de ma part. »
Elle hésita puis conclut, à la surprise de son fils :
« J'ai le contact d'une très bonne psychomage que j'ai déjà contracté moi-même. Elle est très attentive à l'anonymat de ses patients. Je pense qu'elle saurait t'être utile.
- Une psychomage ? s'étonna Draco.
- Un docteur pour la tête, explicita-t-elle.
- Oh. Attends, tu as été voir une psychomage ? »
Un sourire très doux naquit sur les lèvres de Narcissa.
« Ah mon fils, si innocent… »
Elle posa une main affectueuse sur sa joue puis termina son discours vers Harry :
« Je vais chercher ses informations d'accord ? Je vais les mettre sur le secrétaire dans la chambre qu'on t'a préparé, c'est toi qui décides ce que tu en fais, d'accord ? »
Harry marqua son accord d'un mouvement de tête, incapable de dire un mot. Lorsque la longue chevelure blonde eut disparu au détour d'un couloir, Harry se tourna vers Draco qui eut le mérite de paraître embarrassé.
« Tu as parlé à ta mère de ma dépression ? »
Draco grimaça.
« Mon père aussi en fait. »
Au regard de Harry, il s'empressa d'ajouter :
« Je ne garde pas de secrets pour mes parents. Ils voulaient savoir pourquoi je t'avais amené ici et pourquoi ils devaient t'héberger plus d'une nuit et je leur ai expliqué.
- Tu aurais pu me demander avant ! Ou au moins me prévenir, dit Harry, blessé.
- Je suis désolé, je ne savais pas que tu voulais le garder pour toi.
- Quelque chose d'aussi embarrassant ! Évidemment que je veux le garder pour moi. Tu as vu comment ton père a parlé à mon fils ?
- Je suis désolé. Maman a raison tu sais, il déteste les enfants qui pleurent. »
Il grimaça comme se remémorant un souvenir.
« Et il ne t'aime pas trop, avoua-t-il.
- Sans blague, ironisa Harry.
- Pourquoi tu t'es mis à pleurer tout à l'heure ? interrompit-il.
- J'en sais rien. Juste mes émotions qui ont craqué. C'est pas comme si j'avais prévu de pleurer à table, pointa-t-il.
- Non, bien sûr. Tu veux te reposer ? Retourner dormir ?
- Oh non pitié, fais-moi faire quelque chose.
- Tu veux une activité qui bouge ?
- Oui, faut que je me vide la tête. »
Draco sourit largement.
« Je sais exactement ce que l'on va faire. »
Une dizaine de minutes plus tard, Draco lui lançait un balai et le défiait d'attraper le vif d'or en premier. Ils volèrent ainsi pendant plusieurs heures, se perdant complètement dans l'ivresse du sport. Harry appréciait le vent dans ses cheveux et la liberté qui l'accompagnait. Ils étaient à égalité lorsqu'un Teddy vint les interrompre en courant, les informant que Grand-mère était arrivée et que c'était l'heure de manger. Quand ils descendirent de leur balai, Teddy insista aussitôt pour essayer lui aussi et Harry ne s'en sortit qu'avec la promesse qu'ils voleraient après manger.
Le repas fut délicieux, ensoleillé par la présence d'Andromeda. Elle et Narcissa passèrent tout leur temps à papoter, à se faire des compliments et à raconter tout ce qu'il s'était passé dans leurs vies depuis toutes ces années. À la fin du repas, tout le monde se dirigea vers le jardin où Harry tint sa promesse et fit grimper Teddy sur un balai pour enfant qui appartenait autrefois à Draco. Celui-ci, tout excité, tourna en rond et en rond autour des adultes qui l'acclamaient. Bon, Mr Malfoy se contentait de taper dans ses mains, le visage aussi froid qu'un glaçon mais personne n'y prêta attention et sûrement pas le futur champion de Quidditch.
« Tu n'as jamais visité les jardins pas vrai ? »
Harry secoua la tête à la question de Draco.
« À part dans des occasions comme là, je n'ai pas vu grand-chose.
- Viens alors ! Je vais te faire visiter ! »
Harry jeta un œil anxieux vers son fils qui tentait de maîtriser ses montées et descentes. Andromeda, qui les écoutait, intervint :
« Va t'amuser Harry. On est bien assez pour surveiller un enfant de trois ans. Et on a du thé !
- Haha, d'accord Andro. Je compte sur vous tous. »
Narcissa leur fit un geste de la main qui voulait certainement dire "filez". Draco et lui s'en furent donc. La première chose que le blond lui fit visiter était la serre, non loin de la terrasse où ils étaient tous installés. L'endroit débordait de plantes tropicales et de plantes magiques qui nécessitaient une attention particulière. Les paons albinos adorés du maître de maison pouvaient entrer et sortir comme ils le voulaient. Les jours se rafraichissant de plus en plus, ils étaient presque tous à l'intérieur. C'était une image étrange que de voir ces oiseaux blancs vagabonder à travers les milles couleurs des plantes exotiques. Il y avait là quelque chose d'irréel.
« C'est magnifique, souffla Harry.
- On y prend régulièrement le thé, expliqua Draco. Des jardiniers viennent tous les matins s'occuper de toutes les plantes du manoir. Les jardins sont basés sur des modèles français. Viens, je vais te montrer le reste. »
Ils quittèrent la serre et Draco lui montra le reste des jardins. Le terrain était immense, il était donc évidemment impossible de tout voir dans la journée. Ils se promenèrent à travers les fontaines, les forêts miniatures, les jardins potagers et aromatiques, les allées fleuries et le lac artificiel. Puis Draco les emmena au labyrinthe. Les haies étaient toutes parfaitement taillées et à hauteurs égales. Draco les conduisit en son centre avec l'assurance que prodigue l'habitude. Le labyrinthe s'éclaircit pour leur offrir un petit banc de pierre, au pied d'un étang où un saule pleureur mouillait ses branches. Des buissons de fleurs aux boutons d'un rose pétant se mêlaient au bas des haies. Draco en cueillit une et l'offrit à Harry.
« Sais-tu de quelle fleur il s'agit ?
- Non », avoua Harry, prenant précautionneusement le bouton dans ses mains.
Ils s'assirent sur le banc.
« C'est un camélia japonais. Ils l'appellent sazanka, fleur de thé des montagnes. Elle fleurit tout l'hiver et autant dire que dans cette période où tout est mort et déprimant, son rose est un vrai plaisir pour les yeux. Selon le langage des fleurs japonais, elle signifie l'honnêteté et surmonter les difficultés.
- Oh, je vois, fit Harry, ne sachant que répondre. Merci pour la leçon.
- Je veux t'aider à surmonter tes difficultés, Harry. S'il te plaît, dis-moi quand tu n'es pas bien ou que tu as des problèmes. Même si je suis inutile, je veux au moins être là pour toi.
- Merci, balbutia Harry, touché. J'y penserai.
- Parlons d'autre chose ! décida-t-il. Je sais qu'on n'est qu'en novembre mais as-tu quelque chose de prévu pour Noël ?
- Ah oui, je suis toujours chez les Weasley à cette période-là.
- Ah… je vois. Je pensais t'inviter pour le réveillon.
- Hm… le réveillon, c'est toujours un grand dîner, je ne peux pas le manquer.
- Je sais, je sais. Et le 25 midi ? tu pourrais venir ?
- Ça oui, je pense.
- Tu peux emmener d'autres personnes, si tu veux.
- Qui je veux ? s'enquit Harry, suspicieux. Il y a beaucoup de monde de prévu ?
- Oh non ! Pas du tout. Noël est exclusivement familial chez nous. »
Encore une fois, l'idée d'être immédiatement associé à un membre de la famille Malfoy lui réchauffa le cœur. Il glissa une main sur celle gantée de Draco.
« Merci pour l'invitation, je viendrai avec plaisir. »
Un sourire fleurit sur les lèvres du blond. Il approcha son visage et Harry se laissa embrasser avec un frisson. Il ferma les yeux et se laissa emporter par le baiser. La main de Draco vint se glisser dans son cou, son pouce caressant sa jugulaire.
« Je t'aime », lui murmura Draco avant de l'embrasser à nouveau.
Ils étaient tellement perdus dans leur baiser qu'ils sursautèrent et se cognèrent les dents lorsqu'un "hum hum" les interrompit.
« Père ! s'exclama Draco, appliquant aussitôt un masque neutre sur son visage alors que Harry rougissait et s'éloignait vivement.
- C'est l'heure du thé, dit le sorcier après un moment. On vous attend dans le petit salon. »
Et il tourna les talons. Harry se retint autant qu'il put mais dès qu'il eut disparu, il explosa de rire alors que Draco se mortifiait :
« J'arrive pas à croire qu'il nous a surpris.
- C'est une situation que je n'aurais pas cru possible ! rit Harry.
- Oh arrête, qu'est-ce qu'il va penser de nous ? s'inquiéta-t-il.
- Qu'on s'aime, quoi d'autre ? Peut-être qu'il va enfin laisser tomber le vouvoiement.
- Tu rêves, le taquina Draco.
- Bon, on est attendu, on y va ? »
Ils se levèrent, s'époussetèrent et retournèrent vers le manoir. Tout le monde les attendait dans le petit salon avec du thé et des scones à profusion. Ils discutèrent joyeusement et Narcissa et Andromeda les délectèrent d'anecdotes croustillantes de le leur jeunesse et de leur temps à Poudlard. L'histoire du pauvre professeur de Défense contre les forces du mal qui subit farces sur farces tout au long de l'année les firent rouler sous la table, incapable de reprendre leur respiration.
Lorsqu'il fut l'heure pour Teddy et sa grand-mère de repartir, Harry passa un long moment à embrasser son fils. Dès que le départ se rapprochait, il reprenait l'enfant dans ses bras. Tant et si bien que ce fut le petit qui dut supplier son père de le lâcher pour qu'il puisse aller avec mamie. Alors Harry l'embrassa sur le front une dernière fois et les regarda partir par la cheminette les yeux humides. Il dut prendre une grande inspiration lorsqu'ils disparurent dans les flammes vertes. Draco vint placer une main rassurante dans le bas de son dos.
« C'est bientôt l'heure du dîner, viens », l'invita-t-il.
Harry le suivit docilement. Après un repas qu'il mangea sans appétit, Draco l'invita à rejoindre sa famille dans la pièce post-dînatoire. C'était, Draco expliqua-t-il, la salle dans laquelle ils se réunissaient tous les dimanches soirs pour passer un moment en famille avant la nouvelle semaine. Ce soir-là, Narcissa décida qu'ils allaient lire un livre ensemble. Chacun lut plusieurs passages jusqu'à ce que les bougies présentent une lumière plus vacillante. C'était un ouvrage philosophique et Harry eut toutes les peines du monde à comprendre ce qu'on lui lisait et ce qu'il lisait lui-même. Draco profita de l'exercice pour expliquer ce que l'auteur voulait dire. Lucius Malfoy le corrigea plusieurs fois et un débat s'ensuivit même entre les deux. Harry trouva cette pratique familiale pour le moins étrange. Les Weasley ne faisaient certainement pas ça et les Dursley avaient leur "moment familial" en regardant le match de rugby à la télévision. Une occasion où Harry devait les servir en snack et boissons, tante Pétunia brodant dans son fauteuil.
Lorsqu'ils se retirèrent dans leurs chambres, Harry se sentit épuisé comme il ne l'avait pas été depuis longtemps. Il s'endormit alors même que Draco s'amusait à démêler ses cheveux.
o0O0o
Au bout d'une semaine chez les Malfoy, Harry n'avait qu'une envie, rentrer chez lui. Son statut de semi-invité, petit-ami du jeune maître de famille se faisait pesant et il voulait dormir dans son lit, faire ses propres repas, faire des trucs sans crainte que cela ne soit mal vu et surtout, ne pas avoir de Draco sur le dos, s'inquiétant de ses moindres faits et gestes. Il lui fit part de cela le vendredi soir.
« Je veux rentrer chez moi.
- Je ne suis pas sûr que cela soit une bonne idée, lui répondit Draco, relevant la tête de son journal.
- Et pourquoi toi tu saurais ce qui est bien pour moi ? attaqua-t-il.
- Parce que tu t'énerves tout de suite après avoir simplement énoncé mon avis ? »
Harry fit la moue. Draco lui offrit un sourire compréhensif. Il referma son journal et rapprocha son fauteuil de celui de Harry.
« Pourquoi tu veux rentrer chez toi ?
- Mon lit me manque.
- Ton lit ?
- Et mon indépendance, avoua-t-il.
- Je vois…
- Qu'est-ce que tu vois ? »
Draco rit et repoussa gentiment la tête de Harry.
« Qu'est-ce que l'on pourrait faire pour que tu te sentes plus indépendant ?
- Je veux cuisiner.
- Bien sûr ! Tu n'avais qu'à demander.
- Justement… chez moi je n'aurais pas à demander.
- Hm… eh bien c'est la différence entre vivre seul et en communauté.
- C'est pour ça que je veux rentrer chez moi.
- … Dis-moi, est-ce que tu as contacté la psychomage que t'a conseillé ma mère ?
- … Non, avoua-t-il.
- Très bien, alors c'est très simple. Tu pourras retourner chez toi à la condition que tu prennes un rendez-vous avec elle.
- C'est du chantage !
- C'est un moyen de parvenir à mes fins. Je veux que tu ailles mieux et je n'ai pas la tête assez grosse pour croire qu'une semaine avec moi a réglé tous tes problèmes. Je ne fais guère que te tenir en laisse. »
Harry soupira. Puis il laissa tomber les armes.
« J'ai compris. J'accepte ta proposition. Ça m'apprendra à sortir avec un Serpentard. »
Draco eut un rire cristallin. Il prit la tasse de thé posée sur la table basse et conclut en sirotant :
« Ah… Ces Gryffondors. Si faciles à manipuler. »
o0O0o
Son cœur battait à toute allure. Il essayait de se calmer, de prendre des respirations mais ça continuait à faire boum boum boum boum dans sa poitrine et même ses oreilles. La salle d'attente lui rappelait les rares fois où il avait dû aller voir le docteur avec tante Pétunia et où il se faisait immanquablement enguirlander une fois la visite terminée. Son regard dériva sur les tableaux accrochés aux murs, une sorte d'impressionnisme sorcier. Rien de mieux pour améliorer son mal de tête. Ah tiens, c'est qu'il avait mal à la tête en plus. Ce n'est pas un vrai docteur, c'est un psychomage, tenta-t-il de se raisonner. Il ne va pas me demander de me déshabiller et il ne va pas mettre son stéthoscope froid sur ma peau. Ils allaient juste parler. Qui avait-il de grave à ça ? Mais qu'est-ce qu'il était censé dire ? En quoi parler aller l'aider ?
« Mr Potter. »
Harry releva la tête, se sentant soudain malade. Finalement, il voulait bien aller voir le docteur à la place. Il suivit néanmoins dans la pièce adjacente la femme à la queue de cheval dont les mots sortant de sa bouche n'atteignait pas ses oreilles. Elle l'invita à s'asseoir dans le pouf en face du sien. Mal à l'aise, Harry s'enfonça dedans en observant le "bureau". Les murs étaient d'un joli bleu pastel. Et c'était là tout ce qu'il y avait à dire. Contrairement à la salle d'attente, rien n'était accroché aux murs. À vrai dire, toute la pièce était impersonnelle. Il n'y avait qu'eux, les poufs sur lesquels ils étaient assis, et la table miniature plus proche de la table de chevet que de la table basse à la droite de la psychomage. Celle-ci y avait ouvert un carnet et sa main aux ongles courts y reposait tranquillement. Voyant qu'elle avait son attention, elle lui offrit un sourire qui se voulait rassurant.
« Bien, commençons. Mais tout d'abord, que préférez-vous ? Formalité ou familiarité ?
- Hum… familiarité, choisit Harry un peu au hasard.
- Très bien, Harry. Tu peux m'appeler Meredith. Tu as eu mon contact par Mrs Malfoy, c'est ça ?
- C'est ça », approuva-t-il, mal à l'aise.
Elle nota quelque chose rapidement dans son carnet tout en continuant :
« Aujourd'hui, on va surtout se présenter et voir si ça colle entre nous pour toi. Car même si je veux croire que j'ai une très bonne capacité d'adaptation, plaisanta-t-elle, cela peut ne pas être du tout ce qu'il faut. L'important c'est de t'aider alors si tu penses que je ne pourrai pas faire ça, je te passerai volontiers les informations d'un de mes collègues. À la fin de cette séance. Ou n'importe quand si tu juges que je ne te suis plus utile. Cela te va ? »
Harry acquiesça. Le voix entraînante de Meredith le faisait se sentir un peu mieux.
« Pour les présentations, tu veux commencer ou je commence ? »
Harry pouffa.
« Ai-je vraiment besoin de me présenter ? »
Meredith rit de bon cœur.
« Il est vrai que tu n'es pas n'importe quel sorcier. Mais ce qui m'intéresse, c'est comment toi tu te vois. Si tu ne le veux vraiment pas, je ne t'y obligerai pas bien sûr. »
Harry hésita un instant. Les yeux de la psychomage ne trahissaient aucune envie particulière. Elle attendait simplement que Harry prenne une décision. Cela le convainquit de tenter le coup.
« Euh… je m'appelle Harry Potter. Mes parents ont perdu la vie le soir où j'ai détruit pour la première fois Voldemort. Dumbledore a décidé de me faire vivre chez les Dursley, parce que Pétunia, hum, Pétunia Dursley était la sœur de ma mère et que la magie de ma mère qui me protégeait devait être renouvelée auprès de ma tante. J'ai appris que j'étais un sorcier à onze ans et la suite, vous connaissez.
- Merci Harry. »
Elle termina de prendre ses notes et prit la parole :
« C'est à mon tour, je suppose. Quel genre de présentation veux-tu avoir ?
- Comment ça ?
- J'essaie de m'accorder au mieux avec mes patients. Certains veulent être amis avec moi. Certains veulent connaître des bouts de ma vie privée pour se sentir moins vulnérables. Certains veulent juste savoir le minimum. Et certains, rien du tout. À ces derniers, je donne uniquement mon parcours professionnel.
- Pourquoi ne rien vouloir savoir de l'autre ?
- Pour certaines personnes, cela les aide à se projeter sans crainte de jugement, comme une toile blanche. Je ne suis là que dans mon rôle de docteure en quelque sorte. Alors que d'autres ont besoin d'être mon ami pour pouvoir s'ouvrir à moi. »
Harry réfléchit à ses propositions.
« Je crois que je veux bien ça ?
- Quoi donc ?
- La page blanche.
- Compris. Donc, Meredith Anthony, j'ai été assignée à Poufsouffle pour mon empathie pour les autres selon le Choixpeau. Après mes Aspics – j'ai particulièrement bien réussi ma métamorphose, étude des runes et étude des moldus – j'ai suivi une formation de cinq ans pour devenir Psychomage. Ma spécialité est dans l'impact des relations familiales sur le sujet. En cherchant un peu, tu tomberas sûrement sur mon mémoire sur les effets qu'un nouveau frère ou sœur a sur l'aîné de la famille. J'ai obtenu ma maîtrise il y a 13 ans et j'exerce depuis. J'écris parfois – à comprendre une fois tous les deux ans à peu près – dans une revue psychologique. Et voilà. »
Harry acquiesça sans penser. Meredith écrivit à nouveau une note rapide. Harry pointa le menton vers le carnet.
« Qu'est-ce que vous écrivez ?
- Ce sont mes notes sur mes séances. Ce carnet te sera entièrement dédié. J'ai une assez mauvaise mémoire alors j'ai besoin de tout noter. Tu veux lire ? »
Harry hocha positivement la tête. Meredith lui tendit le carnet et il le prit dans les mains. Il n'y avait pas grand-chose d'écrit.
Mal à l'aise
S'est légèrement détendu
Se présente en 1er
- détaché de ses sentiments
- explicative
- pas de détails
Moi : Ø
Harry rendit le carnet sans rien dire.
« Cela te gêne ? »
Il grimaça.
« Un peu, avoua-t-il.
- Je peux faire sans pendant la séance si tu préfères. Je noterai toujours ce qui s'y passe bien entendu mais je le ferai après que tu sois parti.
- Oui… j'aimerais mieux ça. »
Sans rien ajouter, Meredith sortit sa baguette et renvoya son carnet.
« Voilà. On continue ? (Harry hocha la tête.) Pourquoi as-tu décidé de me contacter, Harry ? »
Harry remua, mal à l'aise, dans son pouf. Jusqu'à cet instant, il ne s'était pas rendu compte qu'il était vraiment lancé là-dedans. Était-il vraiment prêt à se confier à une inconnue ? Meredith lui faisait un sourire encourageant.
« Je fais une… dépression », se lança-t-il.
Après tout, il était déjà là, autant aller jusqu'au bout.
« Je l'ai ignorée pendant des mois, voire des années, mais je ne peux plus l'ignorer, continua-t-il. Et puis Draco ne me laissera pas rentrer chez moi tant que je ne me ferai pas soigner », plaisanta-t-il.
Meredith sourit.
« Quelle est ta relation avec les Malfoy ? »
Harry hésita. Pouvait-il vraiment dévoiler cela, sans l'accord de Draco au préalable, à une première séance avec quelqu'un qu'il venait juste de rencontrer ?
« Est-ce important ? demanda-t-il.
- Là ? À l'instant présent ? Non. Mais pour te connaître et comprendre comment tu marches, oui. C'est toi qui vois. Et si tu veux que je t'aide, il faudra me dire ce genre de choses. »
Oui, c'était vrai, il était là pour ça à la base. S'il ne lui disait rien, comment serait-il censé avancer ? raisonna-t-il.
« Narcissa m'a dit que tu faisais très attention à l'anonymat… laissa-t-il entendre, abandonnant le vouvoiement.
- Ma clause de confidentialité est une des choses que je considère les plus importantes, oui. Rien de ce que tu me diras ne sortira de cette pièce. Mes carnets sont protégés par des runes complexes pour empêcher quiconque non concerné de les lire. Tout ce que tu me diras est protégé.
- O.K., je vois… Il n'y a pas de raisons que je le garde pour moi alors…
- Si tu ne veux pas en parler, c'est ton droit et je n'insisterai pas… ou pas trop. Pas aujourd'hui en tout cas. »
Harry accepta. C'était réglo. Il commençait à vraiment apprécier cette femme à l'enthousiasme contagieux.
« Je suis en couple avec Draco Malfoy. »
Cette information fut accueillit par des battements de cils rapides.
« J'étais loin de m'imaginer ça, avoua Meredith. Depuis combien de temps ?
- Quelque chose comme février dernier.
- Donc récent mais bien en route. Et du fait de ta relation avec Mr Malfoy, tu as côtoyé Mrs Malfoy et votre relation est suffisamment bonne pour qu'elle soit au courant de ta dépression et qu'elle te dirige vers moi. C'est cela ? »
Harry acquiesça. Elle était douée pour déduire les choses. Meredith lui plaisait. Et elle semblait digne de confiance. Après tout, elle était le choix de Narcissa et même son fils n'avait pas été au courant qu'elle voyait une psychomage.
« Très bien. J'ai un dernier détail concernant nos séances. Comme tu peux le voir, mon bureau n'a que le strict minimum. C'est parce que je l'adapte à chacun de mes patients, pour qu'ils se sentent au mieux. Je peux le transformer en ce que je veux, ou plutôt, ce que tu veux. J'aimerais que tu me dises à quoi tu voudrais que mon bureau ressemble et la prochaine fois que tu viendras, les changements seront prêts ! Je vais utiliser mon carnet pour noter toutes tes demandes, ça te va ?
- Oh, euh, oui.
- Alors, dis-moi tout. À quoi voudrais-tu que ce bureau ressemble ? »
Harry était perdu. Il n'arrivait pas à visualiser ce qu'il voulait.
« Je… je ne sais pas, avoua-t-il.
- Rien du tout ? Pas une petite idée ? »
Au hochement de tête négatif de Harry, elle tenta une autre approche :
« O.K. Qu'est-ce que tu n'aimes pas dans cette pièce ? Oh Merlin ! s'interrompit-elle. J'ai oublié de te proposer du thé ! Est-ce que tu veux du thé ? »
Harry paniqua. Devait-il d'abord répondre à la première ou à la seconde question ? Meredith plaça ses mains entre eux deux, paumes vers Harry et les écarta.
« Recommençons. Harry, veux-tu une tasse de thé malgré ma proposition tardive ?
- Hum, oui, avec plaisir. »
Un coup de baguette plus tard, une petite table apparut devant Harry avec en son milieu une tasse fumante dans sa coupelle. Du sucre et du lait dans leurs pots respectifs à son côté. Un peu craintif, il prit la tasse et souffla sur le breuvage un peu trop chaud.
« Excuse-moi. Comme je t'ai dit, je suis tête en l'air. Je fais de mon mieux mais il semble que j'oublie toujours quelque chose, se lamenta-t-elle.
- Mon ami Neville est pareil. Il a toujours un rapeltout avec lui.
- Si seulement ces billes de pacotille voulaient bien dire ce que l'on a oublié ! »
Ils échangèrent un rire. Puis Meredith se racla la gorge.
« Hm, hm. Nous disions donc. Mon bureau. Que n'aimes-tu pas ici ?
- C'est un bureau mais il n'y a pas de bureau, dit-il aussitôt, son cerveau ayant réfléchi à la question dans son coin pendant l'interruption.
- Tu voudrais donc un bureau.
- Oui. Ah, mais tu n'as pas à t'installer derrière. Quand j'avais rendez-vous avec Dumbledore, c'était très rare qu'il y soit installé. Mais le bureau était toujours à côté de nous.
- Donc un bureau mais inutilisé. Intéressant. Je t'avoue que c'est la première fois qu'on me fait une telle proposition. Es-tu en train de lier cette séance avec tes rendez-vous avec Dumbledore ? »
La question laissa Harry muet. Il ne s'en était pas rendu compte mais oui, l'image qui était en train de s'instaurer dans son esprit d'un endroit où il pourrait se confier était celle du bureau de Dumbledore.
« Je crois que j'aimerais bien que ton bureau ressemble à celui du professeur Dumbledore », se rendit-il compte.
Meredith nota ce qu'il venait de dire dans son carnet.
« Compris. Je ne te promets pas qu'il sera identique – ma mémoire, encore une fois, dit-elle en pointant sa tête, mais je vais faire de mon mieux. J'espère qu'il n'a pas trop changé entre l'époque où j'étais à Poudlard et ton époque. On fera des ajustements si tu veux. Rien n'est immuable. »
Harry hocha la tête et Meredith fit disparaître son carnet.
« Voilà, on a fait le tour de toutes mes questions basiques. Est-ce que tu as des questions ?
- Hm… non, répondit-il après un instant.
- Si tu en as, n'hésite pas à me les poser. Je pense que l'on va s'arrêter là pour cette première séance. Ça te va ? »
Harry approuva. Mine de rien, il était épuisé.
« Bon, j'ai beaucoup parlé aujourd'hui mais pour la suite, c'est toi que je vais faire parler, sourit-elle. Est-ce que tu es convaincu ? Est-ce qu'on planifie la prochaine séance ? »
Harry ne voyait aucune raison de refuser. Meredith était amusante, enthousiaste et elle avait l'air dédié à son travail.
« Parfait alors ! À quel rythme veux-tu que l'on se voie ? Une fois par semaine ? Une fois toutes les deux semaines ?
- Hm… je ne sais pas. Qu'est-ce que tu conseilles ?
- Pour commencer, on peut faire une séance toutes les deux semaines et si tu en sens le besoin ou que je considère que ce serait mieux pour toi, on pourrait passer à une fois par semaine.
- O.K. Alors disons une fois toutes les deux semaines.
- Très bien, c'est noté. J'aimerais toutefois te revoir la semaine prochaine pour notre première vraie séance, si cela te convient, puis nous passerons à une fois toutes les deux semaines.
- Euh d'accord. »
Elle fit apparaître un carnet différent de celui de Harry. C'était un agenda.
« Que dirais-tu de mardi ?
- Hm… j'ai mes cours. Je n'ai que le vendredi de libre.
- Le vendredi, hm… si je te case à 13h, ça t'irait ?
- Oui, je n'ai rien.
- Parfait !
- Hum… concernant le paiement…
- Ah oui ! Merci de me le rappeler. C'est vingt gallions la séance, tu me paies à la fin de celle-ci. Sauf aujourd'hui bien sûr. Première séance gratuite. »
Cher ! fut la seule pensée de Harry. Pourquoi était-ce aussi cher ? En même temps à quoi s'attendait-il avec une recommandation de Narcissa Malfoy ? Et puis, ce n'est pas comme s'il avait des problèmes d'argent. Il pouvait se le payer sans problème. Il acquiesça.
« Eh bien, c'était un plaisir de te rencontrer Harry ! J'espère que l'on va pouvoir faire un bon travail ensemble. »
Elle se leva, Harry fit donc de même, et lui tendit la main. Harry la serra et Meredith lui offrit un grand sourire avant de faire un visage horrifié.
« Oh non, j'ai oublié de te demander si les contacts physiques ne te gênaient pas ! Oh là là, je suis désolée, ma tête n'est vraiment pas à sa place aujourd'hui. C'est que cela fait une éternité que je n'ai pas eu de nouveau patient et j'ai tellement de questions à poser ! »
Harry rit de son horreur.
« Ce n'est pas bien grave. Serrer la main me va très bien.
- Haha, rit-elle maladroitement. Eh bien je te revois vendredi prochain !
- À vendredi. »
Et elle le ramena dans une salle qui n'était pas la salle d'attente – la salle de départ ? – et Harry rentra chez les Malfoy. À quoi sa prochaine séance allait ressembler ?
Et c'est enfin la fin de ce chapitre bien déprimant. J'espère que vous avez apprécié. Ça fait des années que je n'ai pas vu de psychologue mais j'en ai vu une tripotée jusqu'à mon adolescence (ils ne m'ont absolument pas aidé d'ailleurs) donc j'espère que la méthode de Meredith ne vous semble pas illogique. (Au passage, comme ça ne sortira jamais dans la fanfiction : Meredith a fait exprès de "surjouer" son côté tête en l'air pour paraître moins menaçante sous l'œil de Harry)
Concernant The Pureblood Pretense, je pense publier le premier chapitre ce 15 septembre (mais je ne promets rien). Mais sachez que "Au Fil des conversations" reste ma priorité et que le principal de mon temps reste centré sur cette fanfiction.
Sur ce, on se revoit en octobre !
