Bonjour ! Voilà le chapitre 15 ! Il est un poil moins long que d'habitude mais c'est parce qu'il fallait que je coupe à un moment bien précis (préparez-vous au cliffhanger).
NaNoWriMo commence aujourd'hui (un défi consistant à écrire 50 000 mots en un mois). Cette année, je veux me lancer dans une histoire originale que j'ai préparée depuis avril. Pour pouvoir me concentrer sur elle, je ne publierai pas de chapitre le mois prochain (et j'ai aussi besoin d'une petite pause avec cette histoire) mais je reviendrai normalement à partir de janvier. Merci de votre compréhension ! (Et désolée de vous laisser sur un cliffhanger…)
Bonne lecture !
Musique de fond : "Love too much" de Keane
P.-S. J'ai créé un compte Instagram ( chalilodimun ) ! N'hésitez pas à me suivre :D
Chapitre 15 : Une fin
Une explosion verte et il s'écrasait au sol. Il se relevait difficilement mais ce n'était que pour mieux retomber. Sous ses pieds, c'était le vide abyssal. Et il tombait, tombait. Puis il s'écrasa sur le sol blanc. Toussotant et s'appuyant sur ses bras pour se relever. Son regard croisa celui d'un monstre humanoïde, se lamentant sous un banc de King's Cross.
Sous le choc, Harry ouvrit les yeux. La nuit l'accueillit, étrange et pénétrante. Il paniqua lorsqu'il bougea mais son corps ne répondit point. Des larmes commencèrent à percer ses yeux. Ce ne fut que lorsqu'il put prendre une profonde inspiration qu'il retrouva le contrôle de son corps. La main tremblante, il prit sa baguette sur la table de nuit et fit apparaître un verre d'eau de la cuisine. Il en renversa la moitié sur lui-même en le buvant. Il le posa en soupirant.
Qu'est-ce qu'il détestait cauchemarder ! Et encore, cette fois-ci, ce n'était pas parmi les plus terrifiants qu'il ait eus. Mais les yeux du bout d'âme de Voldemort le faisaient frissonner même maintenant. Il savait bien qu'il n'existait plus mais cette chose mourante qui avait vécu dans sa tête depuis presque toujours restait terrifiante.
Il se rallongea dans son lit, s'enfouit sous les chaudes couvertures mais son sang était encore glacé. Il voulait être dans les bras de Draco. Il voulait une chaleur humaine. Il hésita sur quoi faire puis se lança finalement. Il enfila ses chaussons qu'il ne mettait presque jamais et se rendit jusqu'à sa cheminée. Une poignée de poudre de cheminette jetée plus tard, il se retrouvait à l'intérieur du manoir Malfoy. Comme d'habitude avec ce moyen de déplacement, il faillit tomber. Dans la grande maison silencieuse, il monta à l'étage et se rendit jusqu'à la chambre de son petit ami. Ne voulant pas le réveiller, il ouvrit tout doucement la porte et la referma tout aussi doucement derrière lui.
Ses yeux s'étant habitués à la faible luminosité, il n'eut pas trop de problèmes à trouver son chemin jusqu'au lit. Relevant les couettes, il se glissa contre Draco. Ah, il se sentait déjà mieux. Celui-ci dormait comme une masse et avait même la bouche entr'ouverte. Il devait couver un petit rhume. Harry se pelotonna contre lui et instinctivement, Draco passa un bras au-dessus de lui et mélangea un pied avec les siens. Il s'endormit.
Et Draco eut une peur bleue à son réveil, ce matin-là.
o0O0o
« Tiens Harry, cadeau.
- Un cadeau mais pourquoi ? »
Harry regarda la petite boîte dans ses mains que Julian venait de lui donner. Elle était joliment emballée mais cela ne le rassurait pas sur son contenu. Connaissant son mentor, il aurait sûrement droit à une frayeur en l'ouvrant.
« Pour Noël voyons ! On ne va plus se revoir avant l'année prochaine, p'tit gars.
- Oh c'est vrai, c'est ce soir les vacances.
- Ça va Harry ? s'inquiéta Julian. Tu n'as pas l'air très aux faits.
- Ça va, ça va. J'ai juste zappé.
- Les vacances ? T'as zappé les vacances ? »
Il éclata de rire et le frappa dans le dos.
« Faut le faire ça !
- Roh ça va, j'ai juste momentanément oublié. Je le sais que ce sont les vacances.
- Oh, fais pas cette tête. Allez, comme c'est notre dernier jour ensemble, je t'offre le restau. Où tu veux aller ? »
Harry accepta l'invitation tout en prévenant Julian qu'il avait un rendez-vous et qu'il ne fallait pas qu'il traîne trop. N'ayant pas précisé de quel genre de rendez-vous il s'agissait, son mentor mal interpréta et crut qu'il avait dédié son vendredi après-midi à une fille. Bon, en soi, Meredith était une fille mais on était loin d'une entrevue romantique comme le sous-entendait Julian.
Penser à sa psy ramena le souvenir mortifiant de leur dernier rendez-vous où il avait pleuré comme un bébé en racontant la mort de Cédric Diggory. Il grimaça et Julian mal interpréta de nouveau.
« Promis, je ne vais pas te taquiner à ce sujet. Mais si tu as des problèmes de cœur, tu peux tout me dire. Ça fait neuf ans que je suis marié, tu sais !
- Je sais, je sais. Je te rappelle que tu m'as parlé en long et en large de votre anniversaire de mariage le mois dernier.
- Violet est une femme si incroyable… »
Et ça y est, il était reparti dans ses délires amoureux. Harry coupa court à ses envolées en lui indiquant où il voulait qu'ils déjeunent. Cela eut le mérite de changer la conversation. Et après un repas bien lourd, Harry se rendit donc pesamment chez Meredith. Celle-ci l'accueillit comme à son habitude, c'est-à-dire, avec un grand sourire. Cela faisait maintenant plus qu'un mois qu'il avait commencé à voir Meredith et déjà il sentait de légères différences dans son comportement. Il n'avait pas encore vaincu la dépression, loin de là, mais il avait appris à la détecter avant qu'elle n'arrive en force. Il ne se fustigeait plus trop lorsqu'il n'arrivait pas à faire quelque chose et il essayait de passer le plus possible de son temps avec des personnes qu'il aimait ou à faire des activités qu'il aimait. Il avait même recommencé à aller à la salle depuis deux semaines. Cela faisait au moins un an qu'il n'avait pas soulevé de poids ou fait des abdos en dehors des cours et son corps le lui avait fait payer. Mais la sensation était délicieusement agréable. Une vraie fatigue, due à une utilisation positive de son corps. Cela valait tout l'or du monde.
C'est ce qu'il raconta à Meredith et celle-ci s'enthousiasma pour lui. Elle était très heureuse de voir de tels changements opérer chez lui en si peu de temps. Elle l'avertit toutefois que cela n'empêchait pas la dépression d'arriver sans prévenir et de détruire tout son formidable travail. Il lui faudrait juste ne pas désespérer et recommencer. Mais cela n'en serait que plus facile. Ou plus dur. Cela dépendait des personnes.
« Puisqu'on en est dans les activités positives, j'ai un nouveau devoir pour toi. »
Harry la regarda avec curiosité sortir sa baguette et faire apparaître un pot de fleurs dans ses mains. Elle le tendit à Harry. Il le prit avec précaution. Il était vide, à l'exception du terreau. Il lui jeta un regard inquisiteur.
« J'aimerais que tu fasses pousser une fleur – celle que tu veux – mais sans l'aide de la magie. Juste avec ces bonnes vieilles mains. Je te conseille de prendre une fleur d'intérieur vu qu'on vient d'entrer dans l'hiver. »
Harry contempla le pot de fleur. Il repensa à la fois où il avait fait du jardinage avec Teddy. Il avait bien aimé mettre les mains dans la terre.
« Ton exercice pour les vacances, c'est donc de choisir des graines et de les planter. J'espère que d'ici à la prochaine fois, elle aura commencé à pousser.
- On ne va pas se voir pendant les vacances ? » demanda Harry, étonné.
Meredith laissa échapper un rire.
« Non, je suis fermée jusqu'au 6. Mais si jamais il y a un problème grave et que tu as besoin de me parler, mon réseau de cheminette et ma ligne téléphonique restent ouvertes.
- Donc notre prochain rendez-vous…
- Est quand tu veux à partir du 7. Mais ne parlons pas de ça maintenant. As-tu une idée de la fleur que tu voudrais ?
- Non, pas du tout. Je pense que je vais en parler à Draco, c'est lui le spécialiste des plantes.
- Ah bon ?
- Ouais, ça doit être parce que c'est un romantique dans l'âme. Il est du genre à mettre des fleurs dans ses lettres.
- Harry, sais-tu que dans toute haute société qui se respecte, parfumer ses lettres est quelque chose d'attendu dans une relation amoureuse ou une relation amicale de longue date. Ce n'est pas juste parce que Draco est un romantique.
- Oh, ah bon ? Je l'ignorais. Est-ce que ça veut dire que je suis malpoli à ne pas rajouter de fleurs dans mes lettres ? »
Meredith tapota son genou, compatissante.
« Oui », répondit-elle, pince-sans-rire.
Harry soupira.
« J'en apprends tous les jours.
- C'est bien. Si tu n'apprenais plus rien, cela voudrait dire que tu es un ignare arrogant. »
Harry explosa de rire.
o0O0o
Ce soir-là, Harry prépara sa valise. Il partait s'installer chez les Weasley pour toutes les vacances, comme à chaque Noël depuis qu'il était sorti de l'école. Le Terrier promettait d'être bondé, tout le monde revenant à la maison pour cette occasion particulière qu'étaient les fêtes de fin d'année. Harry ignorait où il allait dormir. Sûrement avec Ron. Mais Hermione et lui étant maintenant fiancés, peut-être qu'il dormirait en compagnie de la goule. Il préférerait cela à George, honnêtement. Une autre possibilité : la chambre de Ginny. Il grimaça. Celle-ci était censée revenir juste quelques jours pour Noël avant de repartir et il savait qu'il devait avoir une conversation avec elle concernant Draco. Il grimaça encore plus. C'était une chose pour laquelle il n'avait clairement pas hâte. Harry pria pour qu'il se retrouve avec Ron et que les filles dorment ensemble.
Au Terrier, on l'accueillit comme le fils prodige longtemps parti et enfin rentré. Alors qu'il était venu déjeuner pas plus tard que le week-end dernier. C'était émouvant. Toute la famille n'était pas encore là mais d'ici dimanche, la maison était censée craquer sous le poids. Pour peu qu'elle ne craque pas avant. À son grand soulagement, on l'invita à s'installer dans la chambre de Ron. Au détour d'un couloir, il aperçut Molly Weasley créer une pièce… de toutes pièces. Harry continuait à être impressionné par son pouvoir et sa capacité à faire faire à la maison ce qu'elle voulait. Il doutait que la maison Black se laisse ainsi faire. Elle avait un caractère beaucoup plus sterne.
Il déposa ses affaires puis redescendit dîner avec tout le monde. La salle à manger était décorée aux lumières de Noël et par conséquent, l'ambiance était festive. Harry se sentait comme rentré à la maison. Le repas fut rapidement dévoré – on se préparait pour le réveillon – mais l'on resta à table pour discuter. Et comme dans tout repas de famille qui se respecte, la politique fit même une apparition. Toutefois, personne n'avait la tête à se monter le chou alors on n'aborda que les actualités avant de passer au dessert. Puis à une heure indue, on alla se coucher. Et même dans la chambre à coucher, Harry et Ron discutèrent encore pour un long moment avant de décider qu'ils n'allaient jamais réussir à dormir comme ça et coupèrent court à leur conversation.
Le samedi, Teddy et sa grand-mère firent leur apparition. Il s'avéra que la chambre que Molly avait créée la veille était pour eux. Harry s'enchanta à l'idée d'avoir le petit Teddy avec lui pour toute la durée des vacances. Et celui-ci était enchanté par la perspective des cadeaux. Il était intenable mais avoir tant de monde regroupé en un seul lieu permit au gamin de dépenser son énergie auprès de multitude de personnes différentes. Le seul événement marquant fut, quand entousiasmé par le bambin Victoire, Teddy lui montra ses jouets et, par un malheureux hasard, lui frappa la tête avec l'un d'eux sans le vouloir. S'ensuivit une crise de larmes comme le savent si bien le faire les tous petits ainsi qu'un gamin énervé de se faire remonter les bretelles par son père. Incapable de le calmer, Harry s'enferma avec lui dans sa chambre. Il entreprit tout d'abord de faire redescendre sa colère, le prit dans ses bras puis Teddy, à nouveau lui-même, il eut une longue conversation avec lui sur l'importance de faire attention à son environnement. Puis il lui fit faire un jeu plus calme. Hermione vint leur rendre visite et s'ajouta au jeu de société. Lorsqu'arriva l'heure du goûter, le gâteau fit disparaître les dernières traces du malheureux événement et Teddy alla s'excuser auprès de Victoire sans même que Harry ne le lui demande. Il lui offrit même un de ses jouets. À défaut de lui faire dire "je te pardonne", ses parents réussirent à faire dire à la petite fille "merci".
Le reste de la journée se passa sans incident majeur et comme la veille, on se coucha tard. Harry discuta encore une éternité avec Ron. Tant et si bien qu'une fois dans le silence de la nuit, Harry fut réveillé par une soif extrême. Il chercha sa baguette mais elle n'était ni sous l'oreiller, ni dans la poche de son pantalon, ni dans les environs de son lit. Ne voulant pas réveiller Ron, il se leva sans faire de bruit en maudissant son incapacité à ranger sa baguette et sortit dans le couloir. Il descendit dans le noir les marches de l'escalier branlant avec précaution.
Quand il s'approcha de la cuisine, il remarqua la lumière allumée. Un compagnon de nuit, se dit-il. Des cheveux roux mi-courts, une musculature élancée… Quelle ne fut pas sa surprise quand son compagnon de nuit se révéla être Ginny. Assise sur le comptoir, elle mangeait les restes du dîner. Il y eut un temps de battement lorsqu'ils prirent conscience de la présence de l'autre. Harry fut le premier à rompre le silence :
« Ginny ? Je croyais que tu arrivais demain ?
- Salut Harry. J'ai été libéré plus tôt donc je suis rentrée en balais.
- Pourquoi pas en transplanant ?
- J'avais envie de voir le paysage.
- De nuit ? Par ce froid ? » pointa Harry.
Ginny lui fit son sourire en coin habituel et haussa les épaules. Il n'aurait pas sa réponse ce soir. Harry se servit un verre d'eau et tira une chaise à côté de la rouquine. Il attrapa une de ses mèches et dit :
« Tes cheveux ont poussé. »
Intriguée, Ginny passa une main dans sa chevelure flamboyante.
« Ah bon ? C'est vrai que ça fait un moment que je ne les ai pas coupés. Mais tu peux parler ! Tu les as plus longs que moi. »
Harry rit.
« Tout le monde me le dit. Il faut que je les coupe. Mais je trouve qu'ils font plus de jolies boucles depuis. J'hésite un peu du coup, tu sais comme je hais ma coupe de juste levé du lit. »
Ginny éclata de rire.
« Oh ça oui, je m'en souviens ! Tu as toujours tous tes produits pour les cheveux et tout ? »
Harry pinça les lèvres.
« N'importe quoi. J'ai juste un shampooing et un après-shampooing.
- Oh allez, fais pas la tête, je te taquine. »
Harry laissa tomber sa fausse bouderie et sourti chaleureusement à Ginny.
« Je suis heureux de te voir. Cela fait une éternité que l'on ne s'est pas vraiment vus, c'est toujours en coup de vent.
- Moi aussi, je suis contente qu'on se voie. Le temps passe si vite… »
Elle prit une bouchée de nourriture mais garda sa fourchette dans la bouche, pensive.
« Est-ce que ma chambre est occupée ? s'enquit-elle soudain.
- Non, ta mère l'a laissée libre pour toi. Enfin, y a Hermione dedans, mais vous êtes censées dormir ensemble. »
Un léger sourire peignit son visage.
« Tant mieux, je n'avais pas envie de dormir sur le canapé. »
Un bâillement incontrôlable envahit Harry.
« Tu dois être fatigué, va te coucher, l'enjoignit Ginny.
- J'ai envie qu'on discute encore un peu…
- On peut faire ça demain. Ou tout le reste de la semaine. J'ai un match pour le Nouvel An – pour célébrer – mais sinon, je suis là pour toutes les vacances.
- Tu m'as manqué », lâcha-t-il sans le vouloir.
L'avoir là, sous les yeux, lui avait fait s'en rendre compte. Ils avaient été ensemble pendant près de deux ans. Ses sentiments pour elle ne pouvaient pas disparaître d'un claquement de doigt. Il savait qu'il ne l'aimait plus, romantiquement parlant, mais l'amour revêtait mille formes, toutes différentes les unes des autres.
« Moi aussi, lui répondit-elle. Mais comme je l'ai dit, on a le temps. Donc va dormir. On parlera plus tard. De toute façon, je dois te cuisiner sur ta relation avec Draco. Je n'arrive pas à croire que j'ai été la dernière au courant.
- Tu n'as qu'à venir plus souvent, tu aurais tous les potins, la taquina-t-il.
- Je suis une personne très prise, mon cher, je ne peux pas me libérer comme ça.
- Je sais, rit Harry. Bon, je vais me coucher, on reparle demain. »
Ginny pointa deux doigts sur ses yeux et les tourna en direction de ceux de Harry. Puis elle lui fit un clin d'œil en riant. Harry la salua de la main et monta dans sa chambre.
o0O0o
Le dimanche fut semblable à la veille. Beaucoup de monde, beaucoup de bruits, peu d'intimité, peu de repos, de la bonne nourriture, de la bonne compagnie, de bonnes conversations… Harry aimait cette atmosphère mais il serait soulagé de retrouver son chez-lui. Noël n'était guère des vacances reposantes. Et il avait des examens peu de temps après la rentrée. Certes, moins que l'année précédente mais il ne devait pas pour autant laisser tomber les révisions. Bah il aurait plus de temps la semaine suivante.
Il pensait pouvoir passer un peu de temps avec Ginny ce jour-là mais les préparations pour le réveillon le lendemain allaient bon train et tout le monde était en train de courir faire quelque chose. Ce n'était pas qu'il ne pouvait pas parler avec Ginny mais il n'était jamais seul avec elle, ce qui coupait court à toute discussion un peu intime. Le dimanche passa ainsi, à une vitesse impressionnante, digne d'un film faisant découler les mois aux notes d'une musique. Et un clin d'œil plus tard, ils étaient en train de manger le repas du réveillon. Molly lui resservait de la dinde avec un grand sourire malgré son refus poli.
« Non, non, non, tu dois manger plus Harry chéri. Regarde comme tu es maigrichon. »
Harry, lui, trouvait qu'il avait bien pris en poids depuis toutes ces années mais il savait qu'il était inutile de discuter avec Molly quand il était question de nourriture. Il accepta avec grâce son assiette.
« Quand c'est qu'on ouvre les cadeaux ? demanda Teddy pour la millième fois de la journée.
- Après minuit, lui répondit Harry pour la millième fois de la journée.
- Et c'est quand minuit ? »
Harry retira sa montre de son poignet et la donna à son fils.
« C'est quand la petite aiguille sera là », expliqua-t-il en pointant le numéro 12.
Teddy loucha sur la montre, la fixant avec intensité. Harry retourna à son verre de pétillant.
« Ça bouge pas, se plaignit le garçon.
- C'est parce qu'il faut que la grande aiguille fasse le tour du cadran encore quatre fois.
- C'est looong euh !
- Eh oui, faut être patient, fiston. »
Teddy pinça les lèvres, vexé.
« Mais je veux ouvrir les cadeaux !
- Moi aussi, mais regard, j'attends. »
Cela sembla clouer le bec au petit qui retourna à sa purée dans laquelle il fit un puits et y mit le jus de la viande avec sa petite cuillère. Harry le laissa faire, il savait bien que les longs dîner de famille pouvaient être ennuyeux pour un enfant de son âge. Il se servit un verre de vin aux fruits – il avait le droit, c'était Noël.
Les conversations traînèrent et ce fut l'heure du fromage. De vache, de chèvre, de brebis. Des doux, des forts. Des ronds, des triangulaires, des rectangulaires… Il y en avait pour tous les goûts. On sortit les miches de pain, les baguettes et tout le monde se goinfra joyeusement. Le dessert suivit bien vite, des bûches évidemment, mais pas que. Des brownies et autres gâteaux au chocolat agrémentaient la table. La petite Victoire poussa des roucoulements de plaisir. Quant à Teddy… il bavait sur place. On servit donc bien évidemment les enfants en premier.
George décida que c'était son moment et fit un discours sans queue ni tête qui fit rire tout le monde. Il accorda une dernière parole pour son frère, ce qui amena des larmes aux yeux de sa mère et proposa de trinquer en sa mémoire. Une fois ceci fait, George allégea l'atmosphère d'une blague et l'on entama le dessert.
Lorsque les conversations moururent à table, on se déplaça au salon où trônait le magnifique arbre de Noël. Harry aperçut plusieurs fois Teddy bâiller. C'est qu'il était bien tard pour un enfant de son âge.
« Tu veux aller dormir ? lui demanda-t-il.
- Non ! s'exclama-t-il aussitôt. Veux pas.
- On te réveillera pour les cadeaux, mon chéri. Personne ne les ouvrira sans toi, tu sais.
- Veux paaas, geignit Teddy.
- Même si on te réveille ? s'étonna Harry.
- VEUX PAS ! »
Harry sentit l'agacement lui monter au nez. Il n'avait même pas obligé le gamin à aller se coucher !
Teddy… fit-il de sa voix d'adulte. Qu'est-ce qu'on a dit sur la colère ? »
Le petit ferma vigoureusement les lèvres et croisa les bras. Harry soupira.
« Pourquoi tu es en colère Teddy ? demanda-t-il en tentant de masquer son propre énervement.
- Veux pas dormir.
- Est-ce que je t'ai dit "c'est l'heure de dormir" ?
- … Non…
- Alors tu n'as pas de raison d'être en colère, non ? »
Teddy s'enferma dans un silence boudeur. Un élan d'amusement envahit Harry. Avoir un gamin, c'était quelque chose. Un sourire lui échappa.
« Allez, viens faire un câlin à ton papa. »
Toujours boudant, Teddy ouvrit pourtant les bras. Harry l'attrapa et le prit dans les bras. Qu'est-ce qu'il avait grandi ! Et qu'est-ce qu'il était devenu lourd ! Il se rappelait encore quand il avait du mal à marcher et ne prononçait pas de phrases cohérentes. Il caressa ses cheveux qu'il avait longs ce soir.
- Eh bah Teddy ! On est dans les bras de son papa ? » se moqua gentiment l'oncle George.
Teddy lui tourna la tête et la cacha dans le cou de Harry. Celui-ci répondit d'un air malicieux au rouquin :
« Notre cher Teddy ici présent n'est pas du tout fatigué, vois-tu. »
George fit un "oooh" de compréhension avant d'éclater de rire. Puis changeant de sujet, il dit :
« Viens donc t'asseoir avec nous Harry, on va faire une partie de boules puantes avec les autres.
- J'arrive, accepta-t-il. Tu voudras jouer avec moi Teddy ?
- Vi…
- Non ! s'exclama George. Avec le puissant Teddy à tes côtés, on ne va jamais pouvoir gagner ! »
Teddy rit et changea son visage pour celui qui faisait toujours rire George, celui de Molly. Le rouquin éclata d'un rire tonitruant. Tenant toujours Teddy dans ses bras, Harry rejoignit les autres avec George. On lui laissa une place assise alors que la grande majorité était à en tailleur à même le sol. Teddy s'installa correctement sur ses genoux et ils commencèrent à jouer.
Et parce que Teddy était effectivement fatigué, quelques parties plus tard, il glissa à côté de Harry et s'endormit, roulé en boule sur le canapé. Hermione alla aussitôt chercher l'appareil photo pour immortaliser le moment. Du côté des adultes, la fatigue se tenait à distance, même si Percy avait souhaité une bonne nuit à tout le monde et était monté se coucher à 22 heures tapantes. Cette anomalie mise à part, tout le monde faisait la fête et s'amusait gaiement, attendant les douze coups de minuit.
Une farce de Ron et George qui tourna mal pétarada dans le salon, réveillant en sursaut l'enfant qui dormait. D'une voix endormie, celui-ci demanda :
« C'est l'heure des cadeaux ? »
Harry regarda sa montre qu'il avait récupérée lorsque Teddy s'était endormi.
« J'imagine qu'on peut commencer. Qu'en dis-tu Molly ? »
Cette dernière était encore en train de frapper l'air en toussant pour faire disparaître la fumée de la papillotte piégée des démons rouquins.
« Oh oui, pourquoi pas. Laisse-moi récupérer ma baguette. »
Teddy, comprenant que son vœu se réalisait se mit debout sur le canapé, le visage rayonnant de joie… rayonnant tout court. Tiens, c'était nouveau ça. Harry ne connaissait pas assez bien la métamorphagie pour savoir tout ce qui l'attendait avec un enfant pareil. Le visage lampadaire de Teddy obtint l'attention de tout le monde mais nous étions dans un monde de magie, personne n'y prêta plus d'attention que cela. Et puis Molly et sa baguette intéressaient plus les gens. D'un revelio, elle fit apparaître les cadeaux sous le sapin. Teddy poussa un cri de joie et quitta le canapé pour se jeter sur le gros tas.
« Je peux les ouvrir ? cria-t-il.
- Seulement ceux avec ton prénom. »
Son prénom étant la seule chose qu'il savait écrire, Teddy partit à la recherche de ses cadeaux. Harry l'aida dans sa quête et quelques minutes plus tard, il avait une belle petite pile. Teddy était joie. Harry le regarda avec plaisir commencer à déchirer les emballages pour découvrir ses jouets tous neufs. Il faisait des bruits appréciateurs chaque fois que Teddy lui en montrait un. Alors qu'il était en train d'en déballer un autre, le garçon s'inquiéta pour lui :
« Tu n'as pas de cadeau, papa ?
- Si, bien sûr ! J'attends juste que tu termines d'ouvrir les tiens pour qu'on aille les chercher ensemble. »
Le visage de Teddy se peignit sous le choc. Il secoua la tête comme il avait vu faire sa grand-mère quand elle était déçue de quelque chose. Il abandonna son massacre de papier cadeau.
« C'est pas come ça qui faut faire, le sermonna-t-il en prenant la main de son père. C'est nul si tu fais que de me regarder. »
Et il traîna Harry jusqu'au sapin où ils cherchèrent les cadeaux de Harry. Mais Teddy ne savait pas reconnaître son prénom alors en fait, ce fut principalement Harry qui chercha. Teddy eut tout de même le mérite de lui tendre les paquets les uns après les autres.
« T'as que ça ? s'étonna-t-il quand ils eurent terminé la recherche.
- C'est parce que je suis adulte, sortit Harry.
- Pff, c'est nul d'être adulte. Moi je veux pas être adulte.
- On verra ce que tu dis dans vingt ans, petit coquin ! Allez, ouvre le reste de tes cadeaux. »
Le gamin ne se fit pas prier et retomba dans sa folie des papiers. Harry, quant à lui, ouvrit d'abord le paquet qu'il savait être celui d'Hermione. C'était un téléphone portable. De grosses touches qui s'enfonçaient, un petit écran, la pointe de la technologie ! Il tourna un regard intrigué à Hermione. Il n'avait pas vraiment besoin de téléphone portable… Hermione était bien l'une des seules avec qui il communiquait par appel. Mais peut-être son plain machiavélique était de pouvoir l'appeler à toute heure et ainsi l'assaillir à chaque nouvelle théorie pouvant changer le monde qui se formerait dans son esprit. Il allait devoir trouver un moyen pour que la magie n'interfère pas avec l'appareil comme elle avait tendance à le faire pour chaque objet électrique. Qu'est-ce que ç'avait été compliqué pour sa télé !
Tout le monde termina d'ouvrir ses cadeaux, de se remercier les uns les autres. Bien que les discussions semblaient aller bon train et que personne ne semblait prêt à aller se coucher, Harry décida qu'il était temps pour Teddy d'aller dormir. Il l'avait laissé jouer un peu avec ses nouveaux jouets – il n'était pas aussi cruel – donc Teddy ne devrait pas réagir trop négativement… espérait-il. Un enfant à Noël était une bête affamée tombant soudain sur une gazelle endormie. Inévitable.
« Alors chéri, tu aimes tes cadeaux ?
- Oui !
- Lequel tu aimes le plus ?
- Çui-là ! »
Teddy lui brandit une poupée qui marchait toute seule et capable d'une conversation très basique. Elle suivait son "maître" un peu partout comme un petit chien.
« Tu vas pouvoir encore t'amuser beaucoup avec demain, pas vrai ? »
Teddy plissa les yeux, sentant où Harry essayait de l'amener.
« Si tu es trop fatigué, tu ne vas pas pouvoir jouer autant que tu veux, non ? Et si on allait dormir maintenant pour être en forme pour y jouer demain ? »
Les yeux de Teddy n'étaient plus que deux plis. Il fixait Harry et celui-ci commençait à se demander si son appât avait fonctionné. Il n'était pas très doué pour improviser. Teddy arrêta finalement de le fixer et caressa les cheveux de sa poupée, à qui il demanda :
« Est-ce l'heure de dormir ?
- Les bons enfants vont dormir à cette heure-là », répondit-elle d'une voix trop humaine pour ne pas être terrifiante.
Mais la poupée convainquit Teddy d'écouter son père. Heureusement que la magie qu'on avait influé dans le jouet était du côté des parents… Teddy tendit les mains vers Harry. Celui-ci accepta de le prendre dans les bras. Ils firent une dernière ronde de bonne nuit à tout le monde et ils grimpèrent à l'étage. Harry déshabilla Teddy, lui fit enfiler son pyjamas et le borda. Fatigué comme il était, Teddy s'endormit presque aussitôt, serrant sa poupée contre lui. Harry sentait qu'il n'allait pas tarder à le rejoindre dans les bras de Morphée lui aussi.
o0O0o
Tiling tiling tiling.
Avec un grognement, Harry éteignit le réveil. Il renfouit sa tête dans l'oreiller et ramena la couverture sur lui. Il entendit Ron pester contre lui dans son lit. Il fallait qu'il se lève. Et en même temps, pourquoi le ferait-il ? il s'était couché tard. Sûrement n'avait-il pas besoin de se lever tôt.
Pourquoi devait-il se lever tôt ? Il y avait une raison, il était sûr… Ses yeux s'ouvrirent violemment et il s'assit tout aussi vite. Comment avait-il pu oublier le repas de Noël chez les Malfoy ?! Urgh, sa tête lui faisait mal. Il avait peut-être un peu trop bu. Un tout petit peu trop. O.K., d'accord, il avait la gueule de bois.
Du café. Il lui fallait du café. Il n'allait pas pouvoir tenir sinon. Mais avant, une mission dangereuse l'attendait. Il se leva et s'approcha du lit de Ron.
« Ron », chuchota-t-il.
Son meilleur ami grogna.
« Ron, dit-il un peu plus fort.
- La ferme…
- Debout. »
Ron lui tourna le dos et se roula en boule. Aux grands maux les grands remèdes. Harry le secoua.
« Nooon… se plaignit Ron.
- Si.
- Urgh, je te hais », lâcha-t-il en acceptant finalement de se lever.
Il bâilla bruyament.
« J'espère que tes Malfoy ont fait un repas du feu de dieu.
- Ce ne sont pas mes Malfoy.
- Ouais, si. Rappelle-moi pourquoi tu nous as invités ?
- Parce que je veux que nos relations avec les Malfoy soient amicales, lui répéta-t-il. Je ne veux pas avoir Draco d'un côté et toi et Hermione de l'autre. Je vous veux en même temps.
- Non merci, les partouze, très peu pour moi. »
Harry rougit et lui jeta son coussin à la tête alors que Ron explosait de rire.
« Bon, on va réveiller Mione ? » proposa Ron.
Un sourire joueur apparut sur le visage de Harry.
« Tu sais à quoi je pense ?
- Oh oui ! »
Ainsi donc, ils entrèrent en hurlant dans la chambre de Ginny, faisant hurler les filles de peur en retour. Ils se reçurent coussins et objets de table de chevet mais cela valut la peine rien que pour voir leurs têtes. Lorsque Ginny commença à faire des menaces sur base de sortilèges de chauve-furies, ils s'enfuirent dans la cuisine. Ils s'offrirent un high-five en arrivant. Fiers comme des coqs, ils se firent un petit-déjeuner de champion en se servant généreusement dans les restes de la veille. Les filles vinrent les rejoindre plus tard en jurant de se venger.
« Je viens même pas avec vous, espèce de veracrasses ! M'avoir réveillée aussit tôt est un crime ! s'enflamma Ginny.
- On ne t'empêche pas d'aller te recoucher, se moqua son frère.
- Va te rendormir après un réveil comme ça ! Ma vengeance sera terrible. Hermione, dès que tu rentres, opération stratégique.
- Compte sur moi », dit-elle en beurrant sa tartine.
Qu'avaient-ils lâché sur ce monde ? Sur eux ? Ils étaient cuits. Harry soupira. Ils n'avaient plus qu'à y faire face vaillamment. Hermione était terrifiante quand elle paraissait calme.
« On aurait pu se lever plus tard quand même, se plaignit Ron.
- Le temps qu'on mange, qu'on se prépare, je t'assure que ça passe vite, philosopha Harry.
- C'est à quelle heure votre truc, s'enquit Ginny.
- On a rendez-vous à midi trente.
- Bah. Vous avez le temps !
- Seulement deux heures.
- On aurait pu se lever à onze heures plutôt, soupira Hermione.
- Je préfère être large.
- Et c'est toi qui dis ça ? s'exclama Ginny.
- Oui j'avoue, renchérit Ron. D'habitude t'es toujours "levons-nous juste avant de partir".
- Faut que je prépare Teddy aussi… s'expliqua-t-il.
- Mais oui c'est ça ! se moqua Ron. Alors qu'Andro vient avec nous et qu'elle t'a spécialement dit hier qu'elle s'occuperait du gosse.
- T'es stressé à l'idée qu'on "rencontre" les Malfoy, en fait », pointa Hermione.
Harry grimaça et haussa les épaules.
« Ah ! Tu as visé juste Hermy, rit Ginny.
- Je vous hais tous.
- Mais oui, mas oui, se moqua Ginny en lui tapotant l'épaule.
- Ça va bien se passer, le rassura Hermione, soutenue par un Ron qui hochait la tête. Il n'y a pas de raisons que ça se passe mal. Et d'après ce que tu nous as dit, Mrs Malfoy est très gentille.
- Ouais mais c'est des puristes sang-purs. Et toi tu es…
- Une née-moldue. T'inquiète pas, je m'en rappelle. »
Son regard se fit lointain pendant un instant.
« Mais il n'y a pas de raisons qu'ils abordent le sujet pour un repas de Noël.
- Tout se passera bien », conclut Ron.
o0O0o
« Oh bonjour Harry. Que plaisir de te voir. »
Narcissa se pencha vers lui pour l'embrasser.
« Bonjour Narcissa. Je te présente officiellement Hermione Granger et Ron Weasley. Ils vont bientôt se marier.
- Oh ! Quelle nouvelle délectable ! Je vous souhaite tous mes vœux de bonheur.
- Ron, Hermione. Voici Narcissa Malfoy.
- Comment allez-vous ? dit Ron en lui serrant la main.
- Merci beaucoup Madame, dit Hermione en faisant de même.
- Oh voyons, appelez-moi Narcissa. Les amis de Harry sont nos amis.
- Où sont Draco et Lucius ? » s'interrogea Harry.
Harry s'était mis à appeler le maître de maison par son prénom depuis que Draco s'était plaint d'entendre "Mr Malfoy" à tout bout de champs. Harry s'était donc plié à ses exigences bien qu'il ne l'utilisait pas devant le propriétaire dudit nom. Leur relation était toujours au "vous" après tout.
Narcissa embrassa sa sœur puis Teddy avant de lui répondre :
« Aux dernières nouvelles, ils se bataillaient du regard pour savoir qui tiendrait le plus longtemps. Ils y sont peut-être encore. »
Ron éclata d'un rire nerveux à l'explication. Oh, ce repas promettait d'être drôle. Teddy tira sur la robe de Narcissa et demanda d'une petite voix charmante :
« Tu as des cadeaux pour moi ?
- Voyons Teddy ! s'exclama Harry. Ça ne se demande pas ça.
Du côté d'Hermione, on pouffa légèrement.
« Ce n'est pas grave Harry. (Elle se tourna vers Teddy.) Parce que oui, nous avons des cadeaux pour toi, petit coquin.
- Ouiii ! Donne, donne.
- Tututu. Après manger papillon. Comme ça tu auras tout le temps pour jouer avec.
- O.K. », accepta-t-il beaucoup trop facilement.
Pourquoi ne pouvait-il pas être aussi conciliant avec lui ? Il croyait rêver ! Il devrait demander à Narcissa son secret.
« Ne restons pas dans l'entrée et allons nous installer jusqu'à ce que le repas soit servi », invita Narcissa.
Elle les guida jusqu'au petit salon, accolé à la salle à manger et où l'on prenait l'appéritif. Rien d'autre. Harry s'y était habitué après avoir habité trois semaines chez eux mais il ne pouvait s'empêcher de penser que les riches étaient quand même des gens bizarres. Tout en oubliant qu'il était lui-même riche. Mais cela ne comptait pas. Il n'avait pas eu l'éducation qui allait avec après tout.
Narcissa et ses meilleurs amis avaient entamé une conversation civile lorsque les deux hommes Malfoy entrèrent finalement dans la pièce. En voyant Draco, son cœur s'arrêta et une bouffée d'amour l'envahit. D'une telle puissance et si soudaine qu'elle le surprit lui-même. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Il avait vu Draco assez récemment en plus. Il croisa ses yeux et y lut la même passion.
Alors que tout le monde se levait pour se saluer, Harry se dirigea vers Draco. Ce dernier ouvrit les bras. Harry s'y réfugia avec joie. Plus rien d'autre ne comptait qu'eux deux. Harry prit le visage de Draco en coupe et déposa un baiser sur ses lèvres.
« Bonjour mon amour, le salua Draco.
- Bonjour chéri.
- Pouah ! Papa et tonton se font des bisous ! »
Il y eut des rires gênés de la part des fiancés et des rires amusés des Black. Et une personne qui ne rit pas du tout.
« J'ai le droit d'embrasser mon amoureux, non ? sourit Harry à Teddy.
- C'est ton namoureux ?
- Bah bien sûr ! Je ne te l'ai pas dit ? »
Teddy secoua la tête. Harry était perplexe.
« Bah ! … Bon bah maintenant tu le sais. »
Andromeda eut un rire et ébouriffa son petit fils qui protesta. Draco caressa la joue de Harry avant d'aller saluer le reste de la famille. Avec Hermione, ce fut une bise et avec Ron, une main serrée. Les salutations faites, Draco prit le verre de kir des mains de Harry et le but à sa place. Harry voulut protester qu'il n'y avait presque pas d'alcool dedans mais laissa tomber et s'assit à côté de lui. Draco plaça une main autour de ses épaules. Les conversations avaient repris autour d'eux.
« Qui a gagné ? » s'enquit Harry.
Draco le regarda pendant deux secondes sans comprendre puis il releva les sourcils.
« Mère a craché le morceau ?
- Oh oui. Alors ?
- Père évidemment. Personne n'excelle autant que lui à ça.
- Tu as tenu longtemps au moins ? demanda-t-il en laissant sous-entendre qu'il aurait honte si ce n'était pas le cas.
- Bien sûr. N'importe qui d'autre aurait abandonné.
- Sauf que ton père n'est pas n'importe qui.
- Exactement », soupira-t-il.
Un elfe de main apparut dans la pièce, obtenant ainsi l'attention de tout le monde.
« Le repas est servi. Si ces Messieurs Dames veulent bien passer à table… »
Narcissa fut la première à se lever, en tant que bonne maîtresse de maison et invita les autres à la suivre dans la salle adjacente où les attendait une magnifique table dressée aux couleurs Noël. Chacun s'assit à la place qui lui était attribué. Harry était bien évidemment aux côtés de Draco et Teddy. Il prit la serviette de table du petit et l'accrocha autour de son cou. Il était si cracra quand il mangeait. Teddy protesta pour la forme mais accepta d'être traité comme un enfant.
Les entrées apparurent devant eux. Un potage de potiron. Teddy fit aussitôt la grimace face à la couleur. Pour montrer l'exemple, Harry prit une cuillérée et l'avala. C'était parfaitement salé. Lui qui avait toujours tendance à resaler ce genre de plat, cela le surprit agréablement. Il fit un honnête « miam, c'est bon » en regardant Teddy. Mais celui-ci boudait toujours son plat. Harry reprit donc une cuillérée mais cette fois en l'ignorant. Comme prévu, l'enfant se mit à le regarder avec circonspection. À la troisième cuillère, Teddy prit la sienne et, tout lentement, se servit de son potage. Avec appréhension, il la déposa dans sa bouche. Il l'avala en déglutissant, autrement dit, il dévoila son don pour le théâtre.
Tout le monde regardait l'enfant à présent, attendant de connaître sa réaction en retenant leurs respirations. Ayant avalé, Teddy fit une grimace éloquante. Mais Harry le vit comme une réussite car il n'avait pas frissonné avant de grimacer. La grimace n'était donc là que pour donner le change. Et sous le regard insistant de son père, Teddy se resservit. L'enfant allait manger son potage. Tout le monde se remit à respirer.
Et les conversations commencèrent. À la surprise de toute la tablée, ce fut Lucius Malfoy qui s'enquit du travail des jeunes fiancés. Et il parut tout à fait surpris quand Hermione lui avoua travailler pour le département de contrôle et de régulation des créatures magiques.
« Ce n'est pas un travail facile pour une sorcière de votre âge », la complimenta-t-il.
Harry était estomaqué. Lucius Malfoy ? Complimenter Hermione Granger ? Le monde était à l'envers ! Mais il n'eut pas le temps d'être plus surpris car Narcissa prit le contrôle de la conversation en disant :
« Savais-tu que ces deux jeunes gens vont se marier, Lucius ? N'est-ce pas merveilleux ?
- Vraiment ? Mes félicitations. Cela ramène des souvenirs, continua-t-il en s'adressant à sa femme. Nous avions le même âge lorsque nous nous sommes mariés, non ?
- Après cinq ans de cour intensive de ma part, plaisanta Narcissa avec un tel ton qu'elle fit rire tout le monde.
- Il m'a fallu longtemps pour comprendre qu'elle était véritablement sérieuse », dit-il sur le ton de la confidence.
Si Harry avait cru un jour voir Lucius Malfoy plaisanter… il aurait mangé son chapeau. Et il fut servi car pendant tout le repas, le maître de maison fut un hôte tout à fait délectable. Harry ne l'avait jamais vu autant parler en si peu de temps. Quel était ce revirement de situation ? Draco ne paraissait pas étonné. Était-il au courant de quelque chose ? Harry lui chuchota :
« Ton père a bu une potion d'amabilité ?
- Quoi ? Non ! C'est juste qu'il adore Noël.
- Tu me fais marcher ?
- Oui. Non, il m'a juste dit qu'il avait compris combien nous tenions l'un à l'autre et qu'il allait arrêter de faire son vieux ronchon. Enfin… il ne l'a pas exactement dit en ces termes.
- Mais… pourquoi maintenant ?
- Va savoir. Mais je ne m'en plains pas. »
Harry se perdit dans ses pensées. Pourquoi un tel revirement ? Enfin, il ne s'en plaignait pas. Ce n'est pas comme s'il avait attendu son accord pour sortir avec son fils unique.
Lorsque arriva le dessert, Harry demanda à Draco :
« Tu fais quelque chose pour le nouvel an ?
- Oui, je vais au bal organisé par le Ministère.
- Ah…
- Tu voulais m'inviter quelque part ?
- Non… enfin, si. On va tous aller au chemin de Traverse voir les feux d'artifice. Je me disais que ça pourrait être sympa que tu viennes aussi.
- J'aurais bien voulu, déclara Draco avec tristesse.
- C'est pas grave. Passons une journée ensemble, rien que tous les deux, une fois la nouvelle année entamée.
- Si tu penses au premier de l'an, je te le dis tout de suite. Je ne serai pas d'attaque avant la fin d'après-midi. »
Harry se mit à rire.
« Et moi donc ! Non, faisons plutôt ça le 2.
- Le 2 ça me va.
- Parfait. On fait comme ça.
- Tu as une idée d'où aller ? s'interrogea Draco.
- Je te dois toujours un rendez-vous, alors à toi de choisir.
- Hm… j'ai bien envie d'une promenade en forêt.
- Alors faisons ça. »
Ils se sourirent et Harry plaça une main sur sa cuisse. On termina le dessert et immédiatement, Teddy devint intenable. L'heure d'avoir ses cadeaux avait approché et il le faisait savoir. Comme si tous les cadeaux qu'il avait reçus la veille n'étaient pas suffisants… Narcissa invita donc tout le monde à se rendre dans le salon. Celui-ci était décoré du sol au plafond aux couleurs de Noël. Le sapin était si grand qu'il touchait presque le plafond bien qu'il ait sa petite étoile à sa cime. Les guirlandes étaient d'un joli argent pour qu'avec le vert de l'arbre, cela rappelle les couleurs de Serpentard, maison où toute la famille Malfoy avait été placée. Que ce serait-il passé si Harry s'était retrouvé dans cette maison, comme l'avait tout d'abord suggéré le choixpeau ? Serait-il devenu ami avec Draco ? Peut-être pas tout de suite car Draco Malfoy à cette période-là était un petit con arrogant mais une fois qu'ils auraient appris à se connaître du fait d'une cohabitation forcée… Bah, il ne pourrait jamais savoir, ce n'est pas comme s'il pouvait retourner à cette époque.
Teddy fonça sur les quelques cadeaux au pied du sapin, joliment emballés. Vraisemblablement, les cadeaux qui étaient là étaient tous à l'attention de Teddy. Harry chuchota à Draco :
« Vous l'avez trop gâté… C'est beaucoup trop.
- Plains-toi à ma mère. Même moi je n'ai pas eu autant de cadeaux étant petit. »
Il y avait une pointe de jalousie dans sa voix qui donna très envie à Harry de le taquiner. Mais Draco reprit la parole avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit :
« Mais tous ne sont pas pour ton fils.
- Oh non Draco. Ne me dis pas que vous vous avez fait des cadeaux. Nous n'avons rien apporté pour vous, nous.
- Quoi ? Tu ne m'as pas fait de cadeau ? » s'exclama Draco d'un ton faussement outré.
Harry baissa la voix et se pencha vers lui :
« Pour toi oui, mais pas pour tes parents… tu avais dit que ce n'était pas la peine…
- Oh, ne t'inquiète pas de ça. Ils n'en attendaient pas.
- Oui mais je ne peux pas en recevoir sans leur en offrir non plus. C'est malpoli. »
Draco rejeta ses inquiétudes d'un mouvement de la main.
« Si ça t'embête vraiment, tu pourras toujours leur offrir quelque chose plus tard. »
Harry s'apprêtait à répliquer quand une petite boule rousse se jeta sur lui, vidant l'air de ses poumons au passage.
« Regarde, regarde ! lui cria Teddy en tendant un de ses nouveaux jouets.
- Teddy, qu'est-ce que je t'ai déjà dit à propos de foncer sur les gens comme ça ? » dit sévèrement Harry.
Le visage de Teddy se fit immédiatement déconfit.
« Pardon, marmonna-t-il en baissant les yeux.
- Je te pardonne. Allez, montre-moi comment marche ton jeu. »
Des étoiles scintillèrent dans les yeux de Teddy et il entreprit d'expliquer en long et en large son nouveau jouet. Draco en profita pour s'éloigner et aller discuter avec Hermione. Et par extension, Ron. Harry n'eut pas l'occasion de s'inquiéter, Teddy demandant de lui une attention totale.
« Et tu as remercié grand-tata et grand-tonton pour tous ces cadeaux ? » finit par demander Harry quand il se lassa de la présentation détaillée de l'hypogriffe miniature.
Teddy balança d'un pied sur l'autre.
« Non… avoua-t-il.
- Alors vas-y fissa. Il faut remercier les gens qui nous font des cadeaux. »
Teddy hocha la tête et crapahuta jusqu'au couple Malfoy. Il avait encore très peur de Lucius Malfoy alors il ne se contenta que d'un merci rapide avant d'embrasser Narcissa et de la remercier chaleureusement. C'était un spectacle très amusant à voir. Se retrouvant seul, Harry se dirigea vers ses amis.
« Ah te voilà Harry ? On parlait justement de toi, dit Ron.
- De moi ?
- Oui, on demandait à Draco si tu lui avais parlé de tes cours. Tu ne nous parles que de ton travail, expliqua Hermione.
- Ah, c'est parce que ce ne sont que des cours, il n'y a rien d'intéressant.
- Mais enfin, Harry. Tu sais combien de gens aimeraient être à ta place ? Entrer dans la formation d'auror est si dur… Évidemment que je veux tous les détails ! s'exclama Hermione.
- Mais c'est ennuyeux… on ne fait que de la théorie.
- Tu sais bien que notre Harry est un pratique, Mione, le soutint Ron.
- Merci ! »
Ayant trouvé un allié, Harry se rangea à ses côtés en regardant méchamment les deux autres.
« Je vois qui sont mes vrais amis. »
Hermione pinça les lèvres alors que Draco étouffait un rire.
« Tu n'es pas marrant Harry, se vexa-t-elle.
- Chut, chut. Tu as perdu ton droit de me parler. »
Hermione fronça les sourcils. Draco se pencha alors vers elle pour lui chuchoter quelque chose à l'oreille. Ron s'éloigna légèrement de Harry. Ah bah, merci l'amitié !
Hermione sortit sa baguette.
Deux secondes plus tard, Harry se mettait à faire des claquettes.
« Hermione ! »
Un grand sourire lui répondit. Bon, il l'avait un peu cherché.
« Ça y est ? Tu es contente de ta vengeance ? »
Elle rit à gorge déployée.
« Tout à fait.
- Enlève-moi ce sort alors. »
Il commençait à attirer l'attention des adultes.
« Seulement si tu dis "Hermione Granger, vous êtes la meilleure sorcière de tous les temps". »
Essoufflé par sa danse, Harry soupira et s'exécuta. Hermione étant malgré tout une gentille personne, elle le libéra aussitôt. Ron et Draco étaient morts de rire et Harry entendit même le rire étouffé d'Andromeda. Il rougit… mais c'était la faute de la danse !
« Contente ? dit-il avec humeur.
- Très », répondit-elle avec un large sourire.
Elle vint l'embrasser pour s'excuser tout de même. Hermione était vraiment une fille adorable. Narcissa surgit tout à coup derrière eux.
« Teddy a terminé de faire le tour de ses cadeaux. Et si vous ouvriez les vôtres ? »
La bouche d'Hermione forma un O.
« Oh mais nous n'avons rien… commença-t-elle.
- Voyons ma chère, ne vous préoccupez pas de telles choses. »
Hermione chercha le regard de son fiancé et de son meilleur ami mais les deux garçons ne lui répondirent que par un haussement d'épaules. Ils suivirent donc Narcissa jusqu'au sapin et Hermione chuchota rapidement à Harry :
« Je croyais que l'on ne ferait que manger. Tu aurais pu nous prévenir qu'ils allaient nous offrir des cadeaux. On aurait apporté quelque chose.
- Je viens de l'apprendre aussi, Mione. »
Hermione grommela dans sa barbe. Harry avait déjà décidé que dès qu'il aurait le temps, il achèterait quelque chose pour les remercier. Narcissa s'était penché pour récupérer des boîtes de tailles similaires et les tendit aux trois compères qui en prirent chacun une.
« On ignorait ce qui vous ferait plaisir alors on s'est rabattu sur quelque chose de simple. J'espère que ça vous plaira », énonça Narcissa.
Ils déballèrent leurs paquets. Harry soupira de soulagement en voyant le contenu. Ce n'étaient que des boîtes de chocolat. De luxe. Mais de chocolat quand même. Il avait crain que ce ne soit quelque chose de cher. Il respirait à nouveau.
Et sa respiration se bloqua quand il vit le gros paquet que Draco avait dans les mains. Alors que ses amis remerciaient Narcissa et son mari, Harry recevait un lourd cadeau que Draco refourga dans ses mains après lui avoir pris ses chocolats.
« Mais qu'est-ce que tu m'as offert ?
- Ouvre et tu verras », lui sourit Draco.
Harry lui jeta un œil soupçonneux mais s'assit par terre pour déballer le papier cadeau.
« Attention, c'est fragile.
- Mais qu'est-ce que c'est ? » s'interrogea-t-il
Tout le monde s'était mis à le fixer et c'était terriblement gênant. Précautionneusement, Harry ouvrit son cadeau. Et explosa de rire. On le regarda sans comprendre.
« Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? demanda Draco, certain que Harry avait pêté un boulon.
- C'est une plante !
- … Et ?
- Meredith m'en a donné une aussi.
- Ta psy ? s'étonna Ron. Pourquoi elle te donnerait une plante ?
- Pour que je m'occuper d'un truc vivant sans que ce soit trop grave si ça meurt. Enfin… je n'ai pas encore de graines…
- J'arrive pas à croire que je t'ai offert le même truc que ta psy, s'effondra Draco, démoralisé.
- Oh Draco, fais pas cette tête. C'est un très beau cadeau. »
Il se releva et l'embrassa gentiment sur les lèvres.
« Je voulais justement ton avis sur quelle fleur je pourrais acheter. C'est quoi d'ailleurs ce que tu m'as offert ?
- Un aloès. Ça ne demande pas beaucoup d'entretien, je me suis dit que ça serait idéal.
- Et puis ça ne fera pas de mal à ta maison d'avoir un peu de verdure, intervint Ron.
- Tu vois Draco ! Que des bénéfices.
- Je crois que ce n'était pas un compliment », rit Draco.
Puis Hermione demanda à savoir de quelle sous-espèce exactement faisait partie cet aloès et Lucius Malfoy fut plus rapide que son fils pour y répondre. Harry et Ron tentèrent de suivre la conversation intellectuelle sur les plantes qui s'ensuivit mais abandonnèrent bien vite et allèrent plutôt jouer avec Teddy et sa grand-mère.
o0O0o
Harry ouvrit violemment les yeux et chercha aussitôt de l'air. Il était glacé. Qu'est-ce qu'il s'était passé ? Les rires de deux filles qu'il connaissait bien le ramenèrent un peu sur terre. Il toucha son visage et ses couettes. C'était trempé. Il frissonna.
« Je vais vous tuer ! » gronda Ron.
Hermione et Ginny n'en rirent que plus fort, tenant leurs baguettes en main.
« Qu'est-ce que vous avez fait ? » demanda bêtement Harry.
Cela ne les fit que pouffer encore plus de rire. Ses neurones firent enfin le lien entre l'eau et son réveil brutal. Les filles leur avaient balancé de l'eau dessus pendant qu'ils dormaient. Entre deux hoquets, Ginny les pointa du doigt et dit fièrement :
« En représailles de la dernière fois. On est quitte maintenant. »
Ron poussa un cri énervé et sortit de son lit avec la grâce d'un éléphant. Harry eut peur que cela en vienne aux mains mais Ron attrapa sa serviette de bain et sortit en claquant la porte et en hurlant des insanités.
« Ça va Harry ? s'inquiéta Hermione en réprimant un sourire.
- Ça va, ça va. J'ai juste pas encore atterri. On l'avait cherché. Mais vous y avez été fort quand même.
- Haha, rit Ginny. Le bon vieux coup du réveil par un seau d'eau en valait le coup. »
Harry leva les mains pour accepter l'argument irréfutable de la rouquine. Il mit ses lunettes et chercha sa baguette qui, comme d'habitude, n'était pas à l'endroit évident où elle aurait dû être rangée.
« Qu'est-ce que tu cherches ? demanda Hermione.
- Ma baguette, je suis gelé.
- Oh, laisse-moi faire. »
Elle pointa sa baguette sur Harry et prononça le sort qui le sécha en deux secondes. Puis d'un accio, la baguette de Harry se retrouva dans ses mains. Elle la lui rendit avec un sourire.
« Bon, on va manger ! » dit joyeusement Ginny.
Oh, elle était fière de son coup. Bah, c'était Ginny après tout, fallait pas venir la chercher. Harry attrapa un sweat et l'enfila au-dessus de son tee-shirt avant de descendre manger avec les filles. Il avait le nez dans son café quand Ron réapparut, frais comme un gardon. Sans rien dire, il prit son petit-déjeuner et s'installa à table.
« Qu'est-ce que vous allez faire aujourd'hui ? » demanda Hermione.
Ron l'ignora délibérément.
« Je pensais aller au chemin de traverse acheter mes graines et en profiter pour refaire le plein de mon kit de potion.
- T'as encore des cours de potion ? s'étonna Ginny.
- Bah ouais, c'est important qu'on sache reconnaître les poisons et savoir faire des potions de premiers soins rapidement. Franchement, sans Snape et avec de bonnes instructions, je ne suis pas si mauvais que ça.
- C'est assez proche de la cuisine après tout, remarqua Ginny.
- Ouais. Tu vas faire quoi Hermione ?
- J'aimerais terminer un livre qui traite de l'évolution du système judiciaire sorcier russe. Il est assez compliqué.
- Tu m'étonnes, fit Ginny.
- Et toi ? demanda Harry en se tournant vers elle. Ça te dit de venir avec moi ?
- Oh ouais, j'ai rien de prévu. Je te suis, décida la rousse en un quart de seconde.
- Super ! On pourra en profiter pour prendre le thé. Il y a cette nouvelle boutique qui a ouvert et je n'ai toujours pas pu y aller. »
Et surtout, Draco ne voulait plus sortir avec lui en public. Harry étant Harry, il ne voulait pas aller tout seul dans un salon de thé. Ginny était donc la personne idéale pour l'accompagner.
Cet après-midi-là, ils se retrouvèrent donc ensemble sur le chemin de traverse, emmitouflés dans leurs manteaux. Il allait sûrement bientôt neiger. Gelés, ils se collaient l'un à l'autre. Cela rappelait à Harry leurs vieilles sorties quand ils étaient encore un couple. La conversation avec elle était si simple. Mais c'était là la mélancolie qui parlait car leurs disputes avaient été tout aussi simples.
Chez l'apothicaire, il acheta son nécessaire à potion et des bulbes d'iris. Il écouta attentivement les recommandations du vendeur pour l'entretien et le remercia avant de quitter la boutique. Ginny voulut voir les balais mais quand ils arrivèrent devant le magasin, la masse de personnes faisant leurs achats post-Noël le fit reculer avec déception.
Tristes, ils allèrent donc dans le salon de thé de Harry qui, heureusement, n'était pas aussi comblé. Ils n'attendirent presque pas avant d'être installés à une chouette petite table.
« Ça me rappelle lorsqu'on allait dîner ensemble, dit Ginny.
- Quand on trouvait le temps de se voir.
- C'est vrai que c'étaient mes débuts, se souvint-elle, un sourire aux lèvres.
- On est pas tant que ça sorti dîner ensemble en soi. On s'est séparé peu de temps après Poudlard.
- Bah, ça reste de bons souvenirs.
- C'est vrai », sourit Harry.
Il regarda la carte. Les boissons avaient toutes des noms loufoques. Comment pouvait-il savoir quel thé il commandait ? À la lecture de la composition, il admit qu'il ne saurait pas ce qu'il buvait.
« Ils mettent quoi dans leurs trucs ? se vexa Ginny. Tu sais quoi, je vais prendre une pâtisserie.
- Haha, tu ne veux pas qu'on décide chacun notre boisson ?
- Hm, ça peut être amusant. O.K. »
Ils passèrent donc commande, se choisissant l'un l'autre les plus obscurs noms que la carte proposait. Quand la serveuse fut repartie, Ginny posa les mains à plat sur la table.
« Alors, toi et Malfoy, hein ? »
Et c'était parti.
« Eh ouais.
- Je croyais que tu n'étais attiré que par les filles qui te mettaient la raclée au Quidditch. »
Harry éclata de rire.
« Draco n'était pas si mauvais en Quidditch non plus.
- Ouais mais il t'a jamais battu.
- Pas faux.
- Dire que maintenant je suis au même niveau que le seul mec qu'Hermione n'ait jamais baffé, s'attrista Ginny.
- Oh, ce jour-là était exquis.
- J'aurais tant aimé être là pour le voir.
- Tu aurais dû voir sa tête ! Mon meilleur souvenir de lui à l'école.
- Qu'est-ce que tu aimes chez lui alors ? »
Comment devait-il lui répondre ? Allait-il la blesser en lui parlant des sentiments qu'il avait pour Draco mais n'avait plus pour elle ? Son visage parsemé de taches de rousseurs était franc et dans l'attente de sa réponse.
« Je l'aime tout entier.
- Non mais qu'est-ce qui t'a fait dire "ah je l'aime" ?
- Euh, tu me demandes ça mais je ne me souviens plus. J'ai l'impression que ça s'est fait comme ça. Et puis il était déjà amoureux de moi, j'avais juste à accepter son amour et me rendre compte que j'en étais capable aussi. Enfin, quelque chose comme ça ?
- Attends, attends, c'est lui qui était amoureux de toi ?
- Pourquoi tu voudrais que ce soit l'inverse ?
- Ouais, nan, t'as raison. T'es tellement obtus que ça ne pouvait qu'être lui.
- Hé ! Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Rien, rien », sourit innocemment Ginny.
Elle remercia la serveuse qui déposa leurs commandes devant eux. Harry regarda avec suspicion son thé qui avait une étrange couleur jaunâtre. Il le refroidit en soufflant légèrement dessus et but une gorgée. Ses yeux s'agrandirent et ses sourcils se soulevèrent. C'était bon. Même très bon.
« Mais c'est délicieux ! s'extasia Ginny.
- Carrément, je ne m'y attendais pas du tout.
- Comme quoi, il ne faut pas se fier à la couverture.
- Haha. »
Elle reposa sa tasse pour découper un bout de framboisier avec sa petite fourchette.
« Revenons à nos moutons. Ça fait quoi de sortir avec un mangemort renégat ?
- Ginny…
- Bah quoi, c'est vrai…
- Il n'avait pas le choix. C'était un adolescent effrayé.
- Ce n'est pas ce que tu aurais dit dans ta sixième année.
- J'avais des œillères. Et puis le passé est le passé. Ça ne sert à rien d'y revenir. Draco a changé. Moi aussi. »
Ginny haussa les épaules, peu convaincue.
« La société sorcière ne va pas te le pardonner si ça se fait savoir. Déjà qu'elle n'aime pas trop votre "amitié". »
Elle est seulement inquiète pour toi. Oui sauf qu'il y avait une manière de dire les choses.
« Tu n'approuves pas, donc ?
- Je n'ai jamais dit ça, se défendit-elle.
- Mais tu préférerais que je ne sorte pas avec lui.
- Non ! Ce n'est pas ce que je dis ! Je m'inquiète pour toi. Tu ne sais pas gérer l'opinion publique.
- Je me débrouille. »
Elle souleva un sourcil.
« Parlons d'autre chose, décida Harry, mal à l'aise.
- Je n'ai pas de problèmes avec votre relation, tu comprends ? l'ignora-t-elle. S'il te rend heureux, je n'ai rien à redire. Je suis désolée, je me suis mal exprimée. »
À sa voix, Harry comprit qu'elle était sincère.
« Donc ça ne te dérange pas que je sorte avec lui ?
- Non. Ce qui me dérange, ce sont les répercussions que votre relation peut avoir. Sortir avec le sauveur du monde sorcier n'est pas chose facile. Je suis bien placée pour le savoir. Surtout que c'est un ancien mangemort.
- On compte le garder cacher.
- Et laisser George le crier sur tous les toits à l'anniversaire d'Hermione était le plan ? Il y avait des gens que tu ne connaissais pas. Comment sais-tu qu'ils ne l'ont pas divulgué après ?
- Parce qu'il n'y a pas eu de Une ?
- Peut-être que ce n'est pas encore remonté jusqu'à une personne que cela intéresserait. Mais pour tout ce que je sais, tu pourrais très bien avoir un paparazzi qui te suit sans que tu ne t'en rendes compte, attendant le bon cliché.
- Pff, n'importe quoi. Personne ne me suit.
- Comment tu le sais ? »
Harry ouvrit la bouche puis la referma. Il ne pouvait pas savoir, Ginny avait raison.
« Ça sonne un peu comme une théorie du complot… dit-il tout de même.
- Sauf que tu es une personnalité connue. Pas du genre à qui on va demander des autographes mais qu'on reconnaît. Tout le monde ici a conscience que Harry Potter est en train de prendre le thé avec son ex. »
Face au silence de son compagnon, elle continua, plus gentiment :
« Harry, il faut que tu prennes conscience que les gens sont intéressés par ta vie. Tu n'es plus à Poudlard.
- Mais j'en ai conscience…
- Tu ne m'en donnes pas l'impression.
- Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
- Juste… promets-moi de faire attention. Je ne veux pas que tu finisses blessé. »
o0O0o
« Teddy ! Ne t'éloigne pas trop.
- Mais papa ! Y a des lapins en sucre ! »
Harry prit derechef la main de Teddy. Il était hors de question de le laisser vadrouiller avec tout ce monde dans les rues. Mais les stands ne nourriture et de jeux étaient bien trop tentant pour un enfant. Et Teddy était surexcité. Comme d'habitude en soi. Mais son excitation était renforcée par la foule, les lumières, le bruit. C'était la saint-sylvestre après tout. Il ne restait plus que quelques heures avant la fin d'une année qui s'était révélée riche en événements. Que lui apporterait la nouvelle qui s'annonçait ?
Harry se rappelait encore la ferveur qu'il y avait eu lors du changement de millénaire. Cette année ne la battrait certainement pas mais la joie générale au changement d'année était toujours un de ses moments préférés. Faire le décompte en même temps qu'autant de gens le poussait à faire le passage du nouvel an au chemin de traverse plutôt qu'au bal de Ministère qui avait l'air rasoir à mourir.
Harry donna une poignée de noises au gérant du stand de tir version sorcière. Celui-ci refourga à Teddy une fausse baguette qui faisait des étincelles violettes quand on prononçait lumos. Mais c'était bien la seule chose qu'elle était capable de faire. Teddy la pointa sur le jouet qu'il voulait et essaya de diriger les faisceaux lumineux dans la bonne direction. C'est seulement à son dernier essai qu'il toucha la cible. Avec de grands cris de joie, Teddy récupéra la peluche loup-garou dans ses bras.
Quelques stands plus loin, Harry achetait pour eux deux et la grand-mère des marrons chauds. Ils avaient perdu de vue les Weasley – fallait le faire quand même – peu de temps après leur arrivée sur le chemin de traverse mais ils étaient de toute façon censés se retrouver pour le spectacle qui aurait bientôt lieu sur la place centrale. Ils en profitaient donc pour faire un petit tour des stands avant. Et puis, il fallait bien contenter le monstre qui leur tenait compagnie.
Ainsi, lorsque se rapprocha l'heure du début du spectacle, ils se rendirent sur leur lieu de rassemblement. Ils marchaient très lentement, devant se frayer un chemin à travers la marée humaine. Ce n'était pas facile pour Teddy alors Harry le prit sur ses épaules, au plus grand plaisir du petit qui dominait maintenant tout le monde. Après ce qui leur parut une longue marche, ils retrouvèrent les Weasley qui les attendaient comme prévu au lieu de rendez-vous. En voyant Ron, Harry éclata de rire.
« Qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux ? »
Ron grimaça et passa une main dans ses cheveux verts vifs.
« J'ai perdu à un tournoi de bras de fer.
- Je lui avais dit qu'il ne pourrait pas gagner, précisa Hermione.
- J'aimerais que tu croies un peu plus en moi, Mione ! s'attrista Ron. J'aurais pu gagner.
- Sauf que tu as perdu, chéri.
- T'as vu comment elle me traite ? se plaignit Ron à Harry.
- À quoi tu t'attends Ron ? Elle a raison !
- Ah ! » fit joyeusement Hermione.
Ils rirent alors que Ron croisait les bras.
« Teddy, je vais te descendre, tu commences à être lourd.
- Ton père est un faiblard, se vengea Ron. Je vais te porter, moi. »
Harry leva les yeux au ciel. Ils firent donc un passage d'enfant qui leur foutu des coups de pieds accidentels.
« On essaye de se rapprocher ? » proposa Arthur Weasley.
On acquiesça et on entama donc une lente remontée de la foule qui, comme eux, tentaient d'obtenir des places plus proches de la grande scène qui avait remplacé la place. Le spectacle n'allait pas commencer avant une vingtaine de minutes. Ils auraient peut-être dû se retrouver un peu plus tôt.
Lorsqu'il devint évident qu'ils ne pourraient pas s'avancer plus, ils s'arrêtèrent. Ils étaient suffisamment proches de la scène pour voir correctement ce qu'il s'y passait. C'était déjà ça.
Ils durent attendre encore un moment qui parut bien long, le bruit ambiant rendant les conversations difficiles. Puis des explosions de lumières et de confettis démarèrent le spectacle. Comme c'était devenu l'habitude depuis la coupe du monde de Quidditch de l'été de ses quinze ans, des Veelas commencèrent la représentation en ravissant les cœurs de tout le monde. Les journaux allaient encore s'en régaler demain.
Puis le présentateur reprit le contrôle de la foule en faisant crier tout le monde du fond de leurs poumons pour célébrer cette fin d'année. Une blague bien placée fit rugir les spectateurs. Ron transmit Teddy à Harry.
« Je sais que vous n'attendez qu'une chose ! Nos fameux feux d'artifices ! Eh bien sachez que cette année, nous nous sommes dépassés ! Quoi ? On me dit que ce que vous voulez, c'est la fin de cette satanée année ? »
Des "non !" lui répondirent suivis de quelques "les feux d'artifices !".
« Oh mais je vous taquine ! Vous les aurez vos feux d'artifices. À la fin de notre décompte ! »
Dans un pop qui assourdit tout le monde, un décompte apparut, haut dans les airs, en chiffres lumineux.
« Et sans plus attendre, laissez-moi vous présenter nos premiers intervenants ce soir. C'est le groupe préféré de sorciers, ils ont raflé tous les prix de musique ces dernières années, ce sont les Bizarr' Sisteeeers ! »
La foule explosa en liesse alors que le groupe apparaissait et en chevauchant la brume aux premières notes de This is the night. Harry balançait Teddy au rythme de la musique alors que George et son père chantaient les paroles en chœur. Ils commençaient fort cette année.
À la déception d'un grand nombre de personnes, le groupe ne resta pas aussi longtemps qu'ils le souhaitaient. Mais la troupe de magie à effets spéciaux qui les remplaça s'octroya les faveurs du public par leurs tours plus que spectaculaires. Il n'y avait pas à dire, la vraie magie en mettait plein les yeux.
« Ils ont utilisé un de mes produits ! lui cria George dans l'oreille.
- Ah ouais ?!
- Ouais ! La pierre qui les a fait paraître comme des fantômes.
- Mais je ne le connaissais pas celui-là ! »
Harry dut répéter sa phrase deux fois avant que George ne le comprenne enfin.
« C'est parce qu'il ne sera en vente que l'année prochaine! Et si tu lisais les rapports que je t'envoyais, tu le saurais ! »
Harry préféra lui répondre par une grimace et la passe d'un enfant qui se faisait lourd.
Le spectacle continua, tout en grandeur, lumière et magie. Les intervenants s'enchaînèrent, toujours entrecoupés par le rire et la bonne humeur du présentateur. Le décompte au-dessus de leurs têtes se rapprochait toujours plus de minuit. La joie et l'enthousiasme de la foule allaient en grandissant. Puis il ne resta plus qu'une minute. Les intervenants se rejoignirent tous sur scène, on les applaudissait et un clin d'œil plus tard, on chantonnait au même rythme que le présentateur :
« 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 ! Bonne année ! »
Et deux énormes fleurs de feu illuminèrent le ciel. On poussa des oh d'admirations à ce début de feu d'artifice en beauté, tout en félicitant ses voisins et se souhaitant la bonne année. Le ciel se calma un instant. On entendit et vit un feu d'artifice monter vers l'Empyrée. Il explosa en une lumière verte.
Un tête de mort vomissant un serpent.
Hoquets de stupeur. Incompréhension.
Puis les étincelles qui formaient la marque des Ténèbres s'abattirent sur eux.
Fin du chapitre !
S'il vous plaît, ne me jetez pas de tomates pourries… Il fallait que je coupe là !
Je vous dis donc rendez-vous au 1er janvier (tiens, l'histoire aura lieu en même temps). … Rangez ces tomates. Les fourches aussi.
Chali
