Bonne année à tous ! J'espère que vous avez passé un bon réveillon. Et moi, je vous offre un nouveau chapitre qui, coïncidence, se passe aussi un 1er de l'an ! Mais il est loin d'être très joyeux joyeux. Enfin, vous devez vous en douter vu le cliffhanger sur lequel je vous ai laissé il y a deux mois. ^^' Promis, il n'y a pas de cliffhanger à la fin de ce chapitre.
Pour la musique de fond, je l'ai choisie il y a bien six mois maintenant. C'est Trance 4 de Michael Gordon. Une musique un peu particulière mais qui colle parfaitement.
Chapitre 16 : Les attaques
Les étincelles qui formaient la marque des Ténèbres s'abattirent sur eux.
Harry ne comprit pas tout de suite. Il fallut que les boules de feu s'écrasent dans la foule et mélangent feu, sang, bruit, lumière pour qu'il intègre ce qui venait de se passer. Les cris commencèrent à atteindre le fond de ses oreilles. Ça poussait, bousculait, tout pour s'éloigner des impacts de fumée noire. Même si l'air qui gonflait ses poumons était chargé d'impureté, Harry prit une grande inspiration. Il reprit ses esprits. Il se tourna aussitôt vers George, scotché lui aussi par le spectacle.
« George ! Transplane ! Sauve Teddy ! »
Le roux cligna des yeux et reprit conscience de ce qui l'entourait. Ils se faisaient bousculer de toutes parts et George devait tenir d'une main de fer un Teddy terrifié. Ron tenait le bras de son frère, muet. Ce dernier attrapa la baguette dans sa poche et lança aussitôt l'incantation. Un coup de coude faillit faire tomber Harry qui mit toute sa force dans ses appuis. S'il tombait, il se ferait écrabouiller. Le visage de George se fit paniqué. Il relança l'incantation.
« Mais transplane putain !
- Je… Je peux pas ! Ça marche pas !
- Papa, j'ai peur », sanglota Teddy.
Ron essaya à son tour, sans succès. Harry fixa les deux rouquins avec désespoir. Ils ne pouvaient pas transplaner ? Il regarda autour de lui. Ils n'étaient pas les seuls à essayer de lancer le sort mais personne ne disparaissait. Puis une réalisation rajouta un poids à l'horreur. Les autres n'étaient plus là. Ron, ayant eu le même cheminement de pensée, s'écria :
« On a été séparé ! »
Il y eut une nouvelle explosion non loin d'eux et les cris reprirent de plus belle. Harry attrapa George par le bras.
« Cours ! Prends Teddy et va-t'en ! Au Chaudron Baveur tu devrais pouvoir transplaner.
- Mais et vous ?
- On te suit ! Protège Teddy sur ta vie. »
George acquiesça gravement et fit demi-tour sans un mot, faisant descendre Teddy de ses épaules pour le prendre dans ses bras.
« Papa ! cria l'enfant.
- Ça ira, Teddy. Tonton George va te ramener à la maison. »
Les larmes coulaient sur son visage noir de poussière. Il le regardait avec terreur par-dessus l'épaule de George alors qu'ils trottaient, à défaut de pouvoir courir en direction du Chaudron Baveur. Ils n'étaient pas les seuls à être parvenus à la même conclusion qu'eux. Tout le monde se rendait là-bas. Pourquoi Merlin n'y avait-il qu'une seule sortie au chemin de Traverse ?
Le souffle d'une explosion renversa Harry. Il eut toutes les peines du monde à respirer alors que Ron le relevait sans ménagement.
« On ne va jamais y arriver, désespéra-t-il.
- Les cheminées ! On a oublié les cheminées ! s'exclama soudain Ron.
- Elles sont à l'opposé ! lui rétorqua George.
- On fait du sur place, tout le monde va chez Tom ! On s'est mis en route trop tard ! On ne sait même pas s'il y a des mangemorts qui nous y attendent. »
Ils ne trottaient plus mais marchaient, serrés les uns contre les autres. Un vertige prit Harry. Teddy pleurait en silence. Il fallait qu'il le sorte de là. Il devait sauver son fils.
« S'ils sont au Chaudron Baveur, ils seront aussi au réseau de Cheminette. Et ce n'est pas comme si on pouvait faire demi-tour maintenant », conclut George.
Ils avaient atteint la rue qui menait à leur porte de secours. Ils ne bougèrent plus. Il n'y avait plus un seul espace libre. Ça criait. Ça se bousculait. Dire qu'Harry avait trouvé qu'il y avait du monde quand il avait essayé de voir les balais.
« Pourquoi ça n'avance plus ? » se désespéra Ron.
Un enfant appela sa mère. Quelqu'un répondit à la question de Ron :
« Il paraît que c'est fermé. Ils vont nous tuer comme des lapins ! »
Les balais. Cette déclaration fit pleurer nombre de personnes aux alentours.
« Les balais ! s'exclama Harry. Ron, j'ai une idée mais il faut qu'on arrive jusqu'au magasin d'accessoires de Quidditch.
- Les balais ? Mais tu sais bien qu'on ne peut pas quitter le chemin de Traverse en balai !
- Je sais ! Fais-moi confiance. »
Il ne voulait pas énoncer son idée à haute voix. Cela pourrait créer une émeute. Ils firent des coudes et des mains pour remonter la foule jusqu'à la boutique de Quidditch. Harry se refusa de regarder à ses pieds lorsqu'il marcha sur quelque chose de mou et qui ne bougeait plus. George cachait la tête de Teddy dans sa poitrine.
Sales, épuisés, désespérés, ils arrivèrent devant la boutique. La grande vitrine était brisée et plusieurs personnes s'étaient réfugiées dans le magasin. Avec précautions, ils enjambèrent les débris de verre.
« Donc, c'est quoi ton plan ? s'enquit George en déposant Teddy au sol et qui se précipita dans les bras d'Harry.
- On va prendre les balais et voler jusqu'à l'entrée du chemin. On voit le problème et on le règle.
- T'as pas mieux ? commenta Ron.
- Non. T'as une meilleure idée ? »
Ron secoua la tête. Harry se concentra alors sur son fils. Il l'enlaça fort contre lui et calma ses pleurs. Il lui dit tout gentiment :
« Tu vas rester ici avec tonton George, d'accord ? Papa va nous trouver un moyen de partir d'ici.
- Non, pars pas ! Je veux aller avec toi. »
La détresse dans la voix de Teddy fit prendre conscience à Harry de tout ce qui venait de se passer. Ils fêtaient le passage d'une nouvelle année et on les avait attaqués sans qu'ils puissent se défendre. Il n'y avait bien que des mangemorts pour faire ça ! Cette attaque ressemblait beaucoup trop à celle de la coupe du monde de Quidditch. Il n'allait pas les laisser s'en tirer comme ça.
« Ça sera peut-être dangereux. Tu seras plus en sécurité ici avec ton tonton pour te protéger. »
Il fit taire ses doutes. Il devait se montrer fort pour son fils.
« Mais pourquoi tu dois y aller ? Tonton George a qu'à y aller à ta place ! s'exclama-t-il avec une innocence toute enfantine.
- Bah alors ! Je pue ou quoi ? plaisanta George. Il est auror ton papa. Il attrape les méchants. »
Une vague de honte envahit Harry. Oui… il était auror. C'était dans ce genre de situation qu'il devait changer la donne. Et qu'est-ce qu'il avait fait ? Il était resté hébété puis s'était enfui en ayant perdu les personnes qu'il était censé protéger. Il aurait dû immédiatement se mettre à arrêter les attaques. C'était trop tard pour ça mais il pouvait toujours s'engager à faire évacuer tout le monde. Il allait permettre aux gens de s'enfuir. Et pour ça, il lui fallait d'abord débloquer l'unique sortie.
Ron arriva avec deux balais dans les mains. Il ne l'avait même pas vu s'éloigner. Il lui tendit un éclair de feu avec un sourire.
« Je me suis dit que tu préfèrerais un balai que tu connais. »
Harry lui rendit son sourire et prit le balai. Il enlaça d'une main Teddy qui n'était toujours pas d'accord qu'il s'en aille mais qui avait compris que quoi qu'il dise, rien ne changerait.
« Attends, dit George à son frère. Je ne sais pas si ça sera utile mais prends quand même ça. »
Il lui transmit la quasi totalité du contenu de ses poches qui débordaient d'objets en tout genre. Quelques personnes autour d'eux qui avaient suivi en silence leur conversation se proposèrent pour aider mais Harry refusa.
« Vu comment c'est serré à l'extérieur, je ne suis même pas sûr qu'on va pouvoir atterrir correctement. »
Une pointe de soulagement traversa ces personnes mais Harry ne leur en voulut pas. Lui aussi aurait préféré rester là et attendre qu'une autorité compétente se charge du sale boulot. Sauf qu'il était l'autorité compétente. Harry se tourna vers Ron.
« Merci », lui dit-il.
Il n'était pas sûr qu'il aurait été capable d'y faire face seul.
« Ne me remercie pas maintenant, plaisanta Ron. Fais-le quand j'aurai sauvé tes fesses. »
Ils s'enlacèrent rapidement, offrirent un dernier au revoir à George et Teddy et décollèrent depuis l'intérieur du magasin. Ils eurent des difficultés à sortir mais quelques temps plus tard, ils étaient au-dessus de la foule. Harry prit une grande goulée d'air. Il ne s'était pas rendu compte à quel point sa respiration avait été oppressée. Et quand il regarda en bas, la densité de la foule lui parut encore pire que ce qu'ils avaient vécu. Certains les pointèrent du doigt mais la grande majorité ne pouvait même pas relever les bras.
Le mur de brique, l'entrée du chemin de Traverse, menant à la cour arrière du Chaudron Baveur, apparut peu à peu dans leur champ de vision. Il y avait un peu d'espace entre le mur et la foule. Des personnes lui faisaient face en lui bloquant le passage. Il y avait beaucoup plus de cris et de protestations que là où ils s'étaient retrouvés auparavant. En s'approchant, Harry reconnut sa professeure d'activités pratiques et l'auror chargée de l'enquête des Crossman. Pourquoi des aurors empêchaient-ils les gens de sortir ? C'était dangereux. Et pourquoi le mur était-il fermé ?
Ils atterrirent sur l'espace libre à la surprise de tout le monde. Harry ne reconnut pas d'autres personnes parmi ceux qui faisaient barrage. Était-ce des civils ?
« Potter ? s'exclama sa prof.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? » demanda-t-il aussitôt.
Elle parut hésiter puis se mit à lui expliquer.
« Des mangemorts attendent derrière le mur. Thomas qui était chargé de le surveiller s'est fait tuer au début des attaques. Quand on a tenté une sortie, on s'est tous fait canarder. Ils sont au moins cinq. Deux personnes sont tombées et nous avons un blessé. (Des larmes aux yeux, elle désigna l'homme à qui l'on avait mis un garrot à la jambe et deux corps recouverts de leurs manteaux.) On a préféré fermer la sortie de notre côté mais nous n'allons pas tenir longtemps avec tous ces gens, dit-elle en montrant la foule qui se pressait contre le barrage humain. Des témoins nous aident à garder l'ordre mais si nous ne faisons pas bientôt une forcée, cela va vite dégénérer en bain de sang. »
Alors qu'elle disait cela, une nouvelle marque des Ténèbres monta dans le ciel, recouvrant de son aura menaçante la foule qui s'était réfugiée dans ce qu'elle avait cru être son salut.
« Par les couilles de Merlin ! Vous avez des balais, allez m'arrêter ça tout de suite ! » cria la prof.
Ni une ni deux, Harry et Ron foncèrent sur leurs balais en s'élancèrent dans les airs.
« Comment on arrête ça ? paniqua Ron.
- Je ne sais pas. Il faudrait détruire les boules de feu avant qu'elles ne tombent sur nous. »
Il n'y eut jamais de boules de feu. À la place, une voix caverneuse sortit de la bouche du crâne :
« Nous ne voulons pas faire couler du sang de réels sorciers. Nous ne voulons nous débarrasser que des sang-de-bourbes. Cela ne sert à rien de les protéger. Ils ternissent la magie. Donnez-les-nous sinon… vous savez ce qu'il vous attend. »
Et la marque disparut sur ces mots. La foule frissonna. Il n'y avait plus un bruit. Harry et Ron ratterrirent. La responsable de l'enquête Crossman les accueillit aussitôt par une décision ferme :
« On ne tergiverse plus. On fait une forcée et on passe. Pas de compromis.
- Mais ils ont l'avantage du terrain, contesta Harry.
- Nous n'avons plus le choix. La situation va dégénérer si l'on apporte pas de solutions tout de suite.
- Attendez. J'ai quelque chose qui pourrait nous aider », intervint Ron.
Il fouilla dans sa poche et en sortit quelques billes de la taille d'un ongle.
« Ce sont des boules Ninja, expliqua-t-il. Quand on les écrase au sol, elles font un écran de fumée. Seul celui qui les a lancées est capable de voir à travers.
- Oui ! Cela pourrait marcher. Mais cela veut dire qu'une seule personne sera fonctionnelle.
- Laissez-moi y aller ! se proposa aussitôt Harry.
- Non. Vous n'êtes encore qu'un apprenti, j'irai.
- Très bien, intervint la prof. Si l'on est décidé, on y va ! Isobel… pas de quartier ! Dis-nous où attaquer et on lancera des sorts dans la direction, d'accord ? »
Isobel acquiesça et l'autre auror s'approcha du mur de briques. Elle fit un décompte avec ses doigts et ouvrit le mur en même temps qu'Isobel lançait les billes. Il y eut des éclairs verts lancés à l'aveugle. Isobel leur criait des directives qu'ils s'empressaient d'exécuter. Il n'y eut plus d'éclairs verts, les mangemorts ne voulant pas toucher leurs compagnons. Isobel évitait de se montrer trop précises dans ses ordres de peur que les mangemorts devinent leurs positions.
« Will ! Ta gauche ! Potter, droit devant ! »
C'était très dérangeant de tirer dans le flou mais petit à petit, la fumée se dissipa. Harry vit trop tard le mangemort à sa droite qui lança son sort sans qu'il ne puisse l'éviter. Le sang jaillit de ses mains. Sa baguette tomba par terre. À travers la douleur, il vit le mangemort se faire emprisonner par des lianes. Ron se précipita sur lui.
« Où est-ce que tu es blessé ? »
Il lui montra ses mains qui saignaient en abondance. Ron les nettoya d'un sort. Il avait comme des centaines de petites coupures sur la peau. Elles ne s'arrêtaient pas de saigner. Sa prof apparut dans son champ de vision.
« C'était le dernier. Beau boulot vous deux. Weasley, sans vos billes, nous ne nous en serions pas aussi bien sortis. Vous auriez fait un bon auror si vous aviez continué. Bel esprit d'initiative. »
Les oreilles de Ron rougirent mais il avait d'autres préoccupations.
« Madame, la blessure de Harry ne s'arrête pas de saigner. »
Elle fronça les sourcils.
« Faites-moi voir ça. Oh, Will est doué pour ce genre de blessure. Will ! »
Le malabar qui les avait suivis dans la mêlée s'approcha. Il jeta un regard aux mains de Harry et d'un coup de baguette referma les coupures.
« Cela tiendra le temps qu'un guérisseur te soigne vraiment. Évite d'utiliser trop tes mains », prévint-il.
Harry acquiesça et chercha sa baguette des yeux. Ron fut plus rapide que lui et la rangea dans une de ses poches.
« Aidez-moi à rassembler ces mangemorts », les rappela à l'ordre Isobel.
Tout le monde s'exécuta à l'exception de Harry. Il y avait six mangemorts dont deux inconscients. Ils les attachèrent, les privèrent de leurs baguettes et l'interrogatoire commença :
« Pourquoi le transplanage est impossible ? »
Un mangemort ricana alors que les autres restaient silencieux. Isobel hocha la tête.
« Mary, Will, enlevez leurs masques. »
L'auror et l'armoire à glace s'exécutèrent. Face à leurs visages nus, Isobel eut un murmure de satisfaction. Elle était furieuse.
« Évidemment, que des recherchés. On va pouvoir remplir la prison ce soir, dit-elle joyeusement. Enfin ça, c'est seulement si je vous laisse vivants. »
Les mangemorts échangèrent des regards inquiets.
« Vous ne pouvez pas ! s'exclama le plus jeune d'entre eux.
- Oh moi ? Nooon, je n'en ai pas le droit. Il y a par contre là-bas une foule enragée et affolée qui vient d'être privée de ses festivités. Je ne vous laisse même pas une minute pour survivre. Maintenant, vous allez répondre à mes questions et je vous promets seulement la prison. Pourquoi. Le. Transplanage. Est. Impossible ? martela-t-elle.
- On a volé les dispositifs anti-transplanage que le ministère est en train de créer, déballa aussitôt le plus jeune.
- Tais-toi ! lui asséna un autre. Tais-toi !
- Je ne veux pas mourir, je suis trop jeune pour mourir ! S'il vous plaît, je ne faisais que suivre les ordres.
- Où sont ces dispositifs ?
- Je ne sais pas, on en a mis un peu partout, ça a une portée de quelques maisons seulement. S'il vous plaît, ne me jetez pas en prison, je surveillais juste l'entrée.
- Est-ce que quelqu'un surveille le Chaudron Baveur ?
- N-Non, il n'y avait que nous. S'il vous plaît, madame.
- On verra ça à ton procès. »
Isobel se tourna vers la professeure d'Harry.
« Mary, emmène-les au bureau. Les autres, vous allez m'aider à faire passer la foule de ce côté-ci. On va d'abord vérifier le Chaudron Baveur. Will, vérifie que tout va bien du côté des civils. »
Tout le monde s'exécuta. Mary tenta de transplaner dans l'arrière-cour mais cela ne donna rien. Il fallut donc traîner les prisonniers dans le bar pour que cela devienne possible. C'est là qu'ils découvrirent les corps sans vie des malheureux qui s'étaient trouvés là lors des attaques. Il y eut un lourd silence lorsqu'ils prirent conscience de l'horreur devant eux. Puis ils les firent monter à l'étage pour libérer le passage. Harry avait la nausée chaque fois qu'il soulevait un corps avec l'aide de Ron. Will réapparut au bout du troisième qu'ils montèrent. Il entra dans une colère noire en voyant le massacre et donna un coup de poing au dernier mangemort qu'il restait encore à transporter. Isobel l'éloigna et le prit dans ses bras alors qu'il éclatait en sanglots.
Lorsqu'il se fut calmé, ils reprirent leur macabre tâche. Au bout de dix corps, les mains de Harry se remirent à saigner. Will le rafistola à nouveau et l'interdit de continuer à aider. Ils avaient de toute façon bientôt fini. Lorsque tous les corps eurent été entassés en haut, ils poussèrent les tables contre les murs pour faire de la place. Parmi tous les morts qu'ils venaient de voir, c'était celui du barman Tom qui avait le plus chamboulé Harry. Il le connaissait depuis son entrée dans le monde magique. Il faisait partie de son paysage habituel. Il ne pouvait PAS être mort.
Il était exténué et aurait juste voulu s'allonger et dormir. Faire comme si tout cela n'était qu'un mauvais rêve.
« Potter, le rouquin, les interpela Isobel. Utilisez vos balais et surveillez la foule d'en haut. L'un de vous ira tout à la fin de la foule transmettre l'information d'être patient et de, par pitié, ne pas pousser. »
Elle n'eut pas sitôt terminée sa phrase qu'un patronus informe apparut devant elle.
« Logan ! s'exclama-t-elle. Je l'avais oublié. »
Le patronus délivra son message :
« Nous avons sécurisé les cheminettes et avons commencé à faire passer les gens. Nous avons trouvé une sorte de machine, c'est elle qui empêche les transplanages. Nous l'avons détruite. À vous. »
Il y eut des soupirs de soulagement. Cette soirée interminable commençait à en voir le bout. Isobel se mit à créer son propre message lorsque Mary réapparut. Will s'exclama :
« Où étais-tu passée ? Tu en as mis du temps.
- J'expliquais toute la situation au sous-directeur. Oh, Will, c'est terrible, il y a aussi eu une attaque au bal de fin d'année ! »
Le cœur de Harry se décrocha.
« Quoi ?!
- Mais cela a été beaucoup plus vite endigué qu'ici, continua-t-elle. Il paraît que les dispositifs anti-transplanages n'ont pas fonctionné. Mais on compte encore les victimes. »
Oh non, Draco… Est-ce qu'il s'en était sorti ? Isobel termina son message et envoya son patronus, une toute petite chouette.
« On parlera plus tard, intervint-elle. Le sous-directeur avait-il des directives ?
- Il voulait qu'on emmène tout le monde au Ministère.
- Impossible.
- Évidemment. Il veut qu'on recense les civils à la place.
- Ça va être compliqué mais on peut essayer. Est-ce qu'il nous envoie du monde ?
- Bientôt.
- Qu'il se dépêche ! Bon, eh bien allons-y ! »
Mary fit apparaître un parchemin et une plume à papote et s'installa à l'entrée. Will se plaça au mur de brique et Isobel prit la main avec ses volontaires civils qui jusqu'à présent avaient fait barrage. La foule était intenable, elle ne pourrait plus tenir longtemps. Isobel pointa sa baguette sur sa gorge et d'une voix qui recouvrait le brouhaha ambiant expliqua la situation :
« Sorciers, sorcières, je suis l'auror Parkinson. Mon équipe et moi-même venons d'arrêter les mangemorts qui nous empêchaient d'atteindre le Chaudron Baveur. Il est possible d'y transplaner et nous allons commencer à vous faire entrer de façon calme et ordonnée. Nous vous demanderons vos noms et adresses, veuillez donc coopérer s'il vous plaît. Il est inutile de pousser et forcer le passage, nous sommes là pour vous protéger. »
Elle retira sa baguette et dit à Harry et Ron :
« Surveillez la foule. Potter, vous avez l'autorisation d'utiliser la magie si vous le jugez nécessaire. Le rouquin, techniquement, vous n'en avez pas le droit, mais si la situation se présentait dangereuse, je vous y autorise, cela sera de ma responsabilité. Nous ne savons pas si nous avons arrêté tous les mangemorts alors soyez très prudents. »
Les deux amis acquiescèrent et s'envolèrent pour surveiller la foule. L'annonce d'Isobel avait créé deux comportements distincts. Les uns s'étaient aussitôt pliés à ses ordres tandis que les autres étaient devenus violents et poussaient, voulant être les premiers à quitter cet enfer. C'était difficile d'intervenir depuis les airs mais ils firent de leur mieux pour calmer le jeu.
Lorsqu'ils approchèrent de la boutique d'accessoires de Quidditch, Harry n'hésita pas et fondit à travers la vitre brisée.
« Papa ! » s'écria aussitôt Teddy en le voyant.
Harry le prit dans ses bras et le serra fort contre lui. Il allait bien, ils allaient s'en sortir. George posa une main sur son épaule.
« On a entendu l'annonce. Vous avez réussi !
- Oui mais on n'en a pas encore terminé. Restez-là jusqu'à ce qu'il y ait moins de monde. Ça sera plus prudent.
- Tu repars ? s'étonna George.
- Oui, je dois veiller à ce que tout se passe bien.
- N'est-ce pas dangereux ?
- Je pense qu'on a vu le pire. Il ne devrait plus y avoir de problèmes. Une autre équipe d'auror s'est chargé des cheminettes. Il paraît que des dispositifs anti-transplanage ont été disposés un peu partout. C'est eux qui nous empêchent de transplaner.
- Le nouveau projet du département des transports magiques ?
- Tu connais ? » s'étonna Harry.
George acquiesça.
« Ils l'ont commencé il y a plusieurs mois. Je suis tombé sur un article là-dessus il y a un moment. Mais le projet est encore en cours, il était prévu pour la commercialisation.
- Les mangemorts ont dit qu'il les avait volés.
- Ou quelqu'un travaillant de l'intérieur les leur aurait donnés… »
Harry cogita. Cela ne présageait rien de bon s'il y avait des traîtres dans le Ministère.
« Je transmettrai tout ça. Prends soin de Teddy.
- Compte sur moi. Fais attention à mon petit frère. »
Harry embrassa une dernière fois Teddy qui était bien silencieux et penaud. Il avait l'air fatigué. Le pauvre avait vraiment eu une sale journée. Comme tout le monde ici.
« Tout va bien se passer, chuchota Harry à son fils. On sera bientôt tous ensemble à la maison. »
Avec horreur, il vit Teddy fondre en sanglots. Il s'accrocha à ses vêtements et pleura contre lui. Il ne pouvait pas partir comme ça. Il avait négligé l'état de Teddy depuis que tout avait commencé, il fallait qu'il console l'enfant. Il le serra donc dans ses bras et lui murmura des mots doux pour le rassurer. Voir Teddy exploser dans ses émotions fit remonter les siennes. Son cœur battait si vite. Il avait peur. Il était sale et poussiéreux. Il n'avait pas vécu de situations pareilles depuis tant d'années. Il était dépassé. Il voulait juste se poser quelque part et dormir pendant un mois.
Ses yeux le piquaient mais il ne pleurerait pas. Teddy avait besoin de se reposer sur lui, il ne pouvait pas lui montrer qu'il était tout aussi chamboulé. Il n'y avait plus d'adultes sur qui compter. Il était l'adulte.
« Harry, ta main », dit George avec inquiétude.
Sa main droite s'était remise à saigner. Magnifique.
« Ce n'est pas grave. Je vais me la faire soigner. Il faut que j'y retourne.
- Tu es blessé ? demanda Teddy.
- Ce n'est pas grave, répéta Harry.
- Il faut aller à l'hôpital.
- J'irai plus tard.
- Non ! Maintenant ! » dit l'enfant avec autorité.
Harry échangea un regard avec George qui n'était évidemment pas dupe. Il soupira et dit :
« D'accord, j'y vais maintenant. »
Teddy ne le lâcha pas pour autant.
« Chéri, je ne peux pas partir si tu m'en empêches.
- Ensemble ! s'exclama-t-il.
- Ce n'est pas possible voyons.
- La dame, elle a dit que maintenant on peut partir. On va à l'hôpital ensemble. »
Harry connaissait son fils, il n'en démordrait pas. Il échangea un regard désespéré avec le rouquin qui lui fit comprendre que Teddy n'avait pas tort. Il était blessé – et c'était une blessure magique. Et s'il y avait bien une chose qu'il avait appris à leur formation, c'est qu'il était plus dangereux de rester sur le terrain avec une blessure que de battre en retraite. Ça ne voulait pas dire pour autant qu'il aimait ça.
« Très bien, abandonna-t-il. On va à l'hôpital ensemble.
- Je ne reste pas là seul, déclara aussitôt George, empêchant Harry de lui imposer quoi que ce soit. Je pars avec vous. »
Harry voyait déjà tous les problèmes que cela présentait. Que lui se présente avec un enfant dans les bras passe encore mais qu'un homme en bonne santé passe devant tous les autres allait forcément créer des problèmes.
« Cela n'est peut-être pas une bonne idée, commença-t-il.
- Si c'est pour me dire d'attendre mon tour comme tout le monde, je te ferais dire que depuis que tu es arrivé, tous ceux qui étaient ici ont volé des balais et sont partis. »
L'incrédulité se peignit sur le visage d'Harry quand il se rendit compte que, oui, plus personne n'était dans la boutique à part eux. Oh non. Ça ne présageait rien de bon.
Il prit Teddy dans ses bras et s'installa sur son balai.
« Monte », dit-il à George.
Celui-ci se glissa derrière lui et Harry les fit décoller. Le balai n'était pas fait pour supporter tant de poids – c'était un balai de course après tout – et l'obliger à défier la gravité lui demandait toute sa concentration. Ils sortirent. Il n'avait quitté la foule que quelques instants mais cela avait suffi pour qu'elle devienne un monstre. On se poussait, se griffait, se lançait des sorts, se marchait dessus. Tout pour atteindre la sortie. L'attroupement de balais au mur de brique avait envenimé les choses et l'on se bagarrait férocement.
« Harry ! Enfin ! Je te cherchais ! s'exclama Ron en l'approchant. On a un problème.
- Je vois ça…
- Il faut trouver le dispositif anti-transplanage si l'on veut éviter que ça n'empire, décréta George.
- On ne sait même pas à quoi ça ressemble, se désespéra Ron. Ce n'est pas comme si on pouvait lancer un accio…
- Réfléchissez ! Où est-ce qu'un mangemort aurait mis un tel truc ? dit George.
- Pas à la vue de tout le monde, évidemment », ironisa Harry.
Sa main commençait à le gêner avec tout le sang qui s'y écoulait. Allait-il se vider de son sang, d'une simple blessure à la main ? Foutue magie noire.
« Faites-moi un garrot », demanda-t-il.
Ron sembla se rendre compte de l'état de Harry et fronça les sourcils. D'un coup de baguette, il produisit une bande de tissu et s'approcha autant qu'il put de Harry. George l'aida à remonter sa manche et Ron serra fortement le tissu sur son biceps. Le sang continuait à couler mais seulement par petites gouttes. Cela ferait l'affaire.
« Il est peut-être dans une maison, envisagea George.
- On n'en aura jamais fini si l'on doit chercher chaque maison…
- Ils ne fonctionnent que sur une certaine distance, non ? commença Ron. Cela veut dire que pour pouvoir empêcher le transplanage de façon optimale, il faut les placer à des endroits stratégiques.
- Tu as raison, approuva Harry. Si les dispositifs n'atteignent pas le Chaudron Baveur, c'est qu'il faut qu'ils soient suffisamment loin.
- Le mangemort avait dit que la portée était de quelques maisons, ajouta Ron.
- De quelques maisons ? fit George. J'avais cru comprendre que ce serait de la taille d'un manoir, comme c'est à destination des particuliers riches… À moins que la portée ne soit personnalisable…
- Effectivement, réfléchit Ron. Ça doit plus être de la taille d'un manoir. Et un truc pareil, la portée ne peut qu'être circulaire, non ?
- Forcément », répondit Harry.
Avec ça en tête, ils pouvaient réduire leur champ de recherche. Suite à leurs suppositions, ils délimitèrent un pâté de maisons où le dispositif anti-transplanage devait se trouver et s'y rendirent.
« Ça ne peut pas être à l'intérieur des maisons, si ? demanda Ron d'une voix fatiguée.
- Je ne sais pas. Peut-être. »
Harry n'eut pas sitôt terminé sa phrase que son balai eut un sursaut et fondit de plusieurs mètres vers le bas. Il reprit le contrôle dessus et les empêcha de s'écraser au sol. Ils étaient heureusement en queue de file et les sorciers s'étaient éloignés d'eux. Ron les rejoignit. George dit :
« On ne va pas tenir longtemps comme ça. Je vais descendre. »
Harry descendit le balai et George posa pied à terre.
« Je vais chercher dans les maisons. Je me charge de trouver des volontaires pour m'aider. Vous vous chargez des toits. Tenez, prenez ça. »
Il sortit de sa poche plusieurs plaques transparentes. Il en donna une à chacun d'eux et rangea le surplus. Elles faisaient la taille de la paume de Harry et ressemblaient à des vitres miniatures.
« Qu'est-ce que c'est ?
- Faut vraiment que tu lises les rapports qu'on t'envoie, se moqua George en lui tapant l'épaule.
- Ce sont les futurs téléphones pour sorcier, répondit Ron à sa place. Mais je croyais qu'ils étaient encore inutilisables, fit-il les gros yeux à son frère.
- Oui bon, ils continuent à exploser après usage mais ça peut nous être utile. Le premier qui trouve le dispositif prévient les autres. »
Harry acquiesça. Cela valait le risque. George lui expliqua leur fonctionnement. Il resserra sa prise autour de son fils qui, malgré tout ce qui se passait, commençait à dodeliner de la tête. Est-ce qu'il y aurait un mangemort protégeant le dispositif ? Non, ils ne pouvaient pas être aussi nombreux. Ils n'étaient que des réminiscences d'un vieux passé.
Ils se séparèrent et Harry se mit à examiner les toits. C'étaient des toits, tout ce qu'il y a de plus normal. Rien d'intéressant à voir. Un chat errant, des feuilles mortes de plusieurs saisons passées coincées dans les recoins, de rares antennes de télévision moldue, des tuiles déplacées… Une seconde. Cette antenne-là. Ce n'était pas une antenne de télévision. Ou même quoi que ce soit d'autre de technologie moldue. Il les connaissait bien les antennes, le nombre de fois où il avait dû monter sur le toit du 4, Privet Drive pour corriger de soit-disant interférences. Ça, ça y ressemblait mais ce n'en était pas une.
Sa main droite ne répondait plus. Elle était blanche ou violette, le sang ne coulait plus. Sa tête se faisait légère. Il fallait qu'il se dépêche.
Harry atterrit avec précaution sur le toit. Il recommanda à Teddy de rester sur le balai. Il prit sa baguette dans sa main gauche et s'approcha de cette fausse antenne. Il avait bien raison, ce n'était pas un bout de technologie moldue adaptée à une utilisation sorcière. Le câble ne rentrait pas dans le toit mais était en fait relié à un bloc noir. Dans l'ensemble, elle ressemblait plus au bloc de commande d'une voiture télécommandée. En beaucoup plus grand.
Harry vérifia d'un sort qu'aucun maléfice n'habitait le dispositif anti-transplanage – car c'était lui, non ? Il n'y avait qu'un simple sortilège de protection qu'un première année aurait contourné sans problème. Harry trouva bizarre que les mangemorts n'aient pas mieux protégé la clef de voûte de leur plan mais il n'allait pas s'en plaindre.
D'un coup de baguette bien placé, il détruisit l'objet. Il s'était attendu à quelque chose, il ne savait pas quoi, mais pas le vide d'avoir un objet qui avait fait du mal à tant de monde ce soir simplement brisé, devant lui.
Il rejoignit son balai où Teddy le regardait avec attente.
« On peut rentrer maintenant ?
- Oui. Je vais prévenir tes oncles. »
Il sortit la plaque de verre – le téléphone – de sa poche et utilisa sa baguette pour le mettre en marche. Le visage de Ron apparut le premier sur… l'écran ? Harry fut surpris.
« Ouah, on dirait une télé miniature, se dit-il pour lui-même.
- T'as vu ? lui répondit Ron. C'est un sacré truc, non ? »
Le son qui sortait de la plaque ne collait pas avec le mouvement des lèvres de Ron mais le voir ainsi lui parler directement le fit sursauter et il faillit faire tomber le… téléphone ? George apparut à son tour et l'écran se partagea entre les deux frères.
« Tu l'as trouvé, Harry ?
- Ah euh oui ! Je viens de détruire le dispositif. »
Il tourna l'écran vers les débris. L'image allait se transmettre, non ? C'était comme une caméra, en fait. Une caméra qui tenait dans sa main et retransmettait en direct. George avait les idées les plus folles.
« Parfait ! s'écria l'inventeur. On se retrouve à notre point de départ ? »
L'image se vrilla et Harry n'entendit pas la réponse de Ron. Deux secondes plus tard, l'instinct lui fit lâcher le téléphone qui explosa. Teddy et lui sursautèrent.
« Il était bizarre ton truc, papa.
- Haha, oui. Viens, on va enfin pouvoir partir d'ici. »
Teddy lui fit son premier sourire depuis le feu d'artifice et Harry lui embrassa le front, soulagé. C'était fini.
Ils retrouvèrent les deux rouquins ainsi qu'une poignée d'inconnus. Harry leur tomba dans les bras et ses amis le félicitèrent.
« Donc on peut transplaner maintenant ?
- Normalement, oui.
- Je vais essayer », dit Ron.
Il disparut et réapparut quelques mètres plus loin, sans désartibulation. La joie se répandit dans le groupe de personnes. Elles remercièrent Harry et disparurent les unes après les autres, chez eux.
« Je vais aller à Sainte-Mangouste, dit Harry. Ron, peux-tu dire à Isobel qu'on a réglé le problème du transplanage ?
- Bien sûr !
- George, peux-tu ramener Teddy au Terrier ?
- Non ! intervint l'enfant. Je veux aller avec papa !
- Je vais aller à l'hôpital, chéri, lui expliqua-t-il. Il va y avoir plein de personnes blessées, tu n'es pas blessé, ce n'est pas ta place. »
Et surtout, Harry ne voulait pas que Teddy voie des choses qui lui donneraient des cauchemars.
« Ton papa a raison, dit George. Ne t'inquiète pas, il nous rejoindra plus tard. On va rentrer et tu pourras dormir et quand tu te réveilleras, ton papa sera là, tout guéri ! »
Teddy fit la tête mais accepta. George échangea un regard avec Ron.
« On se retrouve au Terrier ? »
Il y avait de l'inquiétude dans sa voix.
« Bien sûr. »
La même inquiétude transparaissait dans celle de Ron. Harry comprit soudain. Les autres seraient-ils au Terrier à les attendre ? Ou la maison serait-elle vide ?
« Bon ! fit George. Je rentre et je dors ! À plus tard. »
Teddy dans les bras, il les salua et transplana. Ron se tourna vers Harry.
« Tu veux que je t'accompagne à l'hôpital ?
- Non, ça ira. Ne t'inquiète pas. »
Ron lui serra l'épaule et ils se sourirent. Harry sortit sa baguette. Il allait transplaner et il allait partir d'ici. Il lança le sort et il sentit la désagréable sensation d'être coincé dans un tuyau. Il n'avait jamais été aussi content de la sentir.
Il disparut.
o0O0o
La salle d'arrivée débordait de gens et fourmillait de toute part. C'était un désordre des plus complets. Cependant, un désordre organisé. Harry n'eut pas sitôt intégré ce qui l'entourait qu'une dame avec un brassard orné du logo de Sainte-Mangouste, une baguette et un os croisés, arriva devant lui.
« Êtes-vous blessé ? » demanda-t-elle sèchement.
Ce devait être une volontaire car elle ne portait pas la robe des médico-sorciers.
« Euh, oui. Un mangemort m'a lancé un maléfice et le saignement ne s'arrête pas. »
Il alla pour lui montrer ses mains et son bras garrotté quand la volontaire eut une brusque inspiration.
« Harry Potter ! »
Des têtes se retournèrent. La volontaire balbutia et reprit un visage sérieux.
« Excusez-moi. Il y a des rumeurs qui disent que vous êtes… eh bien, mort.
- Quoi ? »
Le monde serait damné pour ses ragots ! La volontaire griffonna sur son carnet, déchira la feuille et la tendit à Harry.
« Présentez-vous à ce bureau, on vous soignera. »
Harry récupéra le papier et hésita.
« On peut aller au chemin de Traverse maintenant. Vous devriez y envoyer des soigneurs.
- Nous sommes au courant. Nous avons déjà envoyé un petit groupe. On a besoin de tout le monde ici. »
Elle eut un soupir de personne fatiguée par tout ce qu'elle venait de vivre et dit :
« J'ai d'autres personnes à aller voir. Allez vous faire soigner. »
C'était sec mais Harry ne s'en formalisa pas, ils n'en étaient pas à ça de politesse ce soir. La politesse ne faisait que perdre du temps. Il fit la queue à l'endroit qu'indiquait le papier. Contrairement aux autres files, celle-ci avançait vite. Était-il dans celle des grosses urgences ? Il ne se trouvait pas en si mauvais point pourtant.
Il changea vite d'avis quand quelqu'un ruisselant de sang et criant de douleur apparut dans une cheminette. Un brancard apparut aussitôt avec un petit groupe de soigneurs. On courut l'amener dans une salle, sûrement pour l'opérer. Finalement, la file d'Harry n'était pas si urgente que ça.
Une dizaine de minutes plus tard, il se retrouva devant un sorcier vêtu de la robe de l'hôpital avec des poches sous les yeux.
« Votre problème ? »
Harry lui expliqua ce qui lui était arrivé et le soigneur le conduisit à l'infirmerie des urgences. Il y avait quantité de monde, séparé par de simples rideaux. Aucun lit, juste des chaises. Le soigneur le fit asseoir dans un bloc vide et commença à l'examiner. Il retira son garrot et Harry ne put s'empêcher d'exhaler au soudain retour du sang dans son bras. Sa main droite se remit à saigner. Le soigneur lui maintint fermement la main, paume vers le haut et utilisa sa baguette pour inspecter les dommages.
« Sacré maléfice », murmura-t-il.
Il pointa sa baguette tout le long de son bras puis lança un sort que Harry ne comprit pas. Il se sentit toutefois beaucoup plus léger et sa main arrêta de saigner. Il soupira de contentement.
« Merci, dit-il.
- Votre bras gauche », lui répondit le médico-sorcier.
Harry le lui tendit et le sorcier l'examina à nouveau.
« Qui vous a soigné ?
- Hm, je ne sais pas trop. Will. Il nous a aidés avec les autres aurors à forcer le passage au Chaudron Baveur. »
Cela brisa la carapace du soigneur. Il le regarda soudain. Le regarda vraiment.
« C'est vous qui avez libéré le passage ? Vous êtes Harry Potter ! s'exclama-t-il soudain.
- Euh oui. »
Le soigneur se racla la gorge et remit son masque de médecin.
« Ce Will vous a sauvé la vie. Sans le sortilège qu'il vous a appliqué, vous vous seriez vidé de votre sang.
- Ah… »
Il ne savait que répondre à ça. Il avait encore une fois frôlé la mort. Ça se faisait vieux.
« Je vais vous soigner, dit le soigneur et il lança le même sort que tout à l'heure. Le maléfice qu'on vous a lancé est assez vicieux. Même avec ce que je viens de vous faire, il y a un risque que vos pores se "rouvrent" pour laisser place au sang. Votre corps va avoir besoin de temps pour se remettre. »
Il fit apparaître des bandages et les métamorphosa en des sortes de gants qu'il fit enfiler à Harry.
« Gardez ça, ça minimisera les contacts directs avec le monde extérieur. Utilisez vos mains le moins possible si vous ne voulez pas qu'on vous ampute. Plus de magie. Laissez-moi voir votre niveau de sang. »
Il lança un sort au corps de Harry et des informations que Harry ne pouvait pas comprendre apparurent devant le soigneur.
« Hm… votre niveau de sang a pas mal baissé. Je vais vous faire une transfusion. Votre groupe sanguin et type de magie… ah voilà ! dit-il en trouvant les données qu'il voulait. Restez tranquille s'il vous plaît. »
Il fit apparaître une bonbonne de sang et, à l'aide de sa baguette, dirigea le sang de la bouteille jusqu'à Harry. Il s'infiltra dans sa peau de la même façon qu'il s'était échappé avec le maléfice. C'était une sensation unique en son genre. Un moment il manquait de sang, l'autre il était soudain rempli.
« J'aurais préféré vous en transfuser plus, dit pourtant le soigneur, mais nous manquons de sang ce soir. Bien ! Vous êtes soigné. Je vais vous garder en garde à vue cette nuit mais nous n'avons pas de lits à vous proposer. Il n'y a rien que je puisse faire là-dessus.
- Où est-ce que je vais alors ?
- Vous pouvez aller dans les salles de repos du quatrième et cinquième étage, il y aura des sièges, canapés et de la nourriture. Vous avez besoin de manger.
- Est-ce que je peux emprunter un hibou ?
- Bien sûr, ils sont au cinquième étage. Tenez, prenez ça. C'est un bon pour un repas. Revenez voir un soigneur au matin. »
Harry accepta le bon et remercia le médico-sorcier qui le raccompagna à l'extérieur de la salle. Il le salua et partit prendre un nouveau patient. Son travail à lui était loin d'être fini. Harry, lui, aurait préféré rentrer au Terrier mais il était coincé ici. Une chape de fatigue s'abattit sur ses épaules. Oui, il allait trouver un bon fauteuil et somnoler dessus. Son regard tomba sur une horloge. Il était trois heures passées. Trois heures du matin. Tout s'était passé si vite, il n'en revenait pas.
Son ventre grogna. Le soigneur avait raison, il fallait qu'il mange quelque chose. Il monta donc dans l'ascenseur et disparut dans les hauteurs. Le cinquième étage le surprit pour son silence, en opposition au hall et salle des urgences qui avaient fourmillé de bruits. Il comprit vite quand il vit des personnes endormies sur des matelas à même le sol dans les coins et recoins. Les gens éveillés chuchotaient entre eux. Harry atteignit la cafétéria, un peu plus active. Il se commanda un petit repas – il avait quand même l'estomac noué – et s'installa sur une table libre près de la machine à café.
Être véritablement assis lui fit prendre conscience de l'engourdissement de ses jambes. Il ne se relèverait pas avant un moment. Il mangea sans grand appétit. Une bouchée. Mâcher. Avaler. Répéter. Il fallait qu'il envoie un hibou au Terrier, qu'il prévienne de ce qu'il faisait et où il était. Il avait menti à Teddy… il ne serait pas là lorsqu'il se réveillerait.
Il posa sa main contre sa joue, se rappela qu'il devait éviter de faire ça alors il croisa les bras et posa sa tête dessus et ferma les yeux. Il était fatigué.
o0O0o
« Harry… Harry. »
Harry cligna des yeux. Sa nuque cria misère et il posa une main dessus. Il s'était endormi sur la table. Il faisait encore nuit à l'extérieur. Il se tourna vers la personne qui venait de le réveiller.
« Zabini ?
- Blaise.
- Blaise. Qu'est-ce que tu fais là ?
- C'est ma question plutôt.
- J'étais au chemin de Traverse et un mangemort m'a attaqué.
- Tu vas bien ? s'inquiéta Blaise.
- Oui, j'ai été soigné. Mais tu ne m'as pas répondu. Qu'est-ce que tu fais là ? »
Le sourire de Blaise se figea. Il posa son café sur la table et s'installa en face de lui.
« C'est Draco ? comprit Harry.
- C'est Draco », reconnut Blaise.
Harry sentit la peur se frayer un chemin à coup de poing dans son œsophage jusqu'à tomber dans son estomac et rester là.
« Est-ce qu'il va bien ?
- On l'a pris en charge mais bon… c'est pas glorieux, grimaça Blaise.
- Raconte-moi tout. »
Blaise le jaugea puis se leva.
« Je suis censé ramener du café pour tout le monde. Aide-moi à le transporter et je te raconte en chemin. »
Harry acquiesça. Il prit son plateau pour aller le ranger alors que Blaise faisait marcher la machine à café. Quatre tasses dans les mains plus tard, ils quittèrent la cafétéria. Blaise commença à raconter :
« Draco a été victime d'une affreuse vendetta.
- Des mangemorts ?
- Non… Des sorciers lambda qui ont décidé que Draco était le responsable de l'attaque au bal.
- Quoi ?!
- Oui, dit gravement Blaise. Avec la panique, on a été séparé et quand on l'a retrouvé… je les aurais tous tués ! »
La peine, la colère et la honte transparaissaient dans la voix du meilleur ami de Draco.
« Qu'est-ce qu'ils lui ont fait ? »
Il bouillonnait.
« Tu verras par toi-même. »
Au ton de sa voix, Blaise ne lui en dirait pas plus. Harry soupira.
« Comment les attaques au bal se sont produites ?
- Eh bien… on était en train de regarder le feu d'artifice intérieur quand il y a eu des explosions aux sorties de la salle. On ne s'en est pas tout de suite rendu compte, on était au milieu de la pièce. Puis il y a eu des cris et ça a commencé à courir dans tous les sens. C'est un peu confus, je ne sais plus trop ce qu'il s'est passé. Il y a eu quelques soucis avec le transplanage et beaucoup de monde s'est désartibulé.
- Au moins, vous pouviez transplaner.
- Vous ne pouviez pas ? »
Harry hocha la tête.
« Ça a dû être pire que nous alors… Même de façon dangereuse, on a pu partir.
- Mais, et Draco ? Pourquoi n'est-il pas parti ?
- Ça, c'est ce que je veux savoir ! Quand on est arrivé au Manoir Malfoy et que Draco n'était pas là, on a attendu un peu, il allait peut-être arriver, tu sais ? Mais quand on a compris qu'il n'arriverait pas, Lucius et moi sommes retournés là où se déroulait le bal. Lucius s'est désartibulé en arrivant donc c'est moi qui suis parti chercher Draco. Les aurors ont été rapide, les mangemorts avaient déjà été arrêtés. Ils étaient en train de chercher je ne sais pas quoi.
- Les dispositifs anti-transplanage à tous les coups. C'est ce qui nous a empêché de transplaner au chemin de Traverse. Ceux utilisés au bal n'ont pas fonctionné, paraît-il. Ils étaient peut-être défectueux.
- Ah… ce serait ça ?
- Et c'est là que tu as trouvé Draco.
- Oui… Il avait été laissé pour mort dans un coin… »
Le visage de Blaise se fit triste. La peur de Harry avait augmenté d'un cran. Ils discutèrent encore un peu de ce qui leur été arrivé quand ils s'arrêtèrent devant la chambre 445. Blaise poussa la porte comme il put avec ses deux cafés. Ils entrèrent et Harry referma la porte derrière lui avec autant de difficultés que Blaise. Ils se dirigèrent vers le lit de Draco, protégé par des rideaux. Blaise les tira en lançant un joyeux :
« J'apporte les cafés et un Potter. »
Un petit comité était installé autour du lit. Il y avait Narcissa et Lucius Malfoy et… Luna. Il n'eut pas le temps d'être surpris de sa présence car Mr Malfoy se leva et se jeta sur lui. Un Lucius Malfoy qui n'avait plus de sourcils et manquait de cheveux par endroits.
« Harry ! Merlin merci, vous allez bien. »
Il ne savait pas ce qui le perturbait le plus. Que Lucius Malfoy soit inquiet pour lui ou qu'il l'appelle par son prénom.
« Merci… Lucius. Je vais bien.
- Tu es blessé ! s'écria Narcissa en pointant ses mains bandées.
- C'est soigné. Draco ? »
Narcissa lui désigna le lit de la main. Elle avait des cernes. Son attention se porta sur le corps endormi. Il ne reconnut Draco qu'à ses cheveux blonds. Son visage était devenu reptilien. En guise de peau, il avait des écailles. Il posa les cafés qu'il tenait sur la table de chevet et posa une main sur son visage.
« Il a été ensorcelé à de multiples reprises, dit Narcissa, la voix humide. Des sorts de métamorphoses de toute évidence. »
Lucius souleva la couverture pour dévoiler le buste de Draco. Il portait la tenue des patients et c'était bien là la seule chose normale dans son corps. Ses mains avaient été remplacées par des serres d'oiseaux et ses bras étaient recouverts d'épaisses plumes bleues. Quant à son cou, des branchies avaient poussé et au vu du collier rempli d'eau, il respirait grâce à elles.
« Qui a fait ça ? gronda Harry.
- Nous n'en savons rien, répondit Lucius. Dès que Draco sera sorti du comas, je vais retrouver ces bouses de veracrasses et leur faire regretter d'être nés. »
La violence des propos de Lucius le surprit. Lui qui paraissait toujours si calme. Puis ce qu'il avait dit entra finalement dans son cerveau.
« Comas ? Draco est dans le comas ?
- Artificiel, le rassura Luna. Il semblait éprouver beaucoup de douleur alors les médecins ont préféré le mettre dans le comas le temps de le soigner. »
Les sentiments de Harry tourbillonnaient dans son ventre. Il ne savait plus ce qu'il ressentait. Il voulait balancer une chaise par la fenêtre, se rouler en boule, pleurer, rire nerveusement.
« Pourquoi tu es là Luna ? » fut la seule chose sensée à laquelle parvint son cerveau.
Elle rougit et se réfugia dans sa tasse. Blaise répondit pour elle :
« Je l'ai invitée au bal. »
Harry cligna des yeux. Il avait manqué une scène. Luna sortit de sa tasse et, rougissante, dit :
« On a commencé à sortir ensemble. »
Blanc. Puis surprise. Il était sur le cul pour le dire tout simplement. Luna et Blaise ? Ensemble ? Dans quelle timeline se trouvait-il ?
« Mais… depuis quand ? »
C'était insensé.
« Après mon retour des États-Unis.
- Mais je la courtisais depuis un moment déjà ! précisa Blaise.
- J'arrive pas à y croire… »
Blaise rit et lui donna un grand coup dans le dos.
« Ta tête est à mourir de rire », s'esclaffa-t-il.
Le rideau s'ouvrit soudain sur une soigneuse.
« Un peu de silence, je vous prie. Vous n'êtes pas seuls. »
Elle parut surprise de voir autant de monde autour d'un seul lit et son visage s'éclaira comme si elle comprenait enfin où étaient passées toutes les chaises. Ses traits se fermèrent.
« Qui est patient ici ? »
Harry leva la main et Luna pointa Draco du doigt. La médico-sorcière se tourna vers Harry, le reconnaissant.
« Mr Potter ! Il y a eu un message urgent pour vous. Cela fait des heures qu'on vous cherche.
- Moi ?
- De la part du bureau des aurors. Vous y êtes convoqué tout de suite. »
Qu'est-ce qu'on pouvait bien lui vouloir ? La situation avait dû être complètement réglée maintenant, non ? Son regard se posa sur Draco. Il ne voulait pas le laisser. Il avait besoin de lui. Et s'il se réveillait et que Harry n'était pas là ? Une main se posa sur son épaule.
« Nous le surveillons, dit Lucius. Partez sans crainte. »
La soigneuse s'approcha de lui.
« Faites-moi voir vos mains. On a eu mot de faire un bilan avant de vous laisser partir. »
Harry lui présenta ses mains et la laissa faire son affaire. Avant de partir, il salua tout le monde et passa une dernière fois une main dans les cheveux de Draco. La soigneuse l'accompagna jusqu'aux cheminettes et le regarda disparaître. Harry arriva au Ministère, bien bruyant pour une heure aussi tôt. La grande horloge indiquait bientôt sept heures. Il se dirigea vers le bureau des aurors. La quasi totalité du service était présente. Quand on le vit, on l'envoya toquer à la porte du bureau du directeur.
« Ah Harry, c'est toi ! Entre et ferme la porte derrière toi », lui dit Gawain Robards.
Harry s'exécuta puis le chef des aurors l'invita à s'asseoir dans le siège devant lui. Il avait, Harry remarqua, une blessure récente à l'arcade sourcilière.
« Ah Harry, je suis content de te voir sain et sauf. Mrs Parkinson m'a raconté comment toi et ton ami ont permis de retourner la situation en notre faveur.
- On n'a pas fait grand-chose… »
L'auror rejeta sa déclaration de la main.
« Sans vous deux, l'équipe de secours aurait eu du mal à passer le front des mangemorts. Nous vous remercions tous les deux pour ça. Tu n'es pas encore officiellement un auror mais tu as agi en tant que tel ce soir. Nous nous en souviendrons lors de tes épreuves finales. »
Un goût amer emplit la bouche de Harry. Il allait avoir de bonnes notes car il avait réagi – avec retard – à une situation de danger ?
« Est-ce pour cela que vous m'avez convoqué ?
- Non, pas seulement, dit Robards avec un peu plus de sérieux. Après les événements de ce soir, j'aimerais t'assigner une garde rapprochée.
- À moi ? Pourquoi moi ?
- Ah Harry… Car tu t'appelle Harry Potter et qu'après cette démonstration de force, je crains que tu ne sois visé prochainement.
- Mais… je n'ai pas besoin de quelqu'un pour me protéger. J'ai toujours su me débrouiller par moi-même.
- Ah Harry, ce n'est pas négociable.
- Mais pour combien de temps ? »
Il ne voulait pas avoir toujours quelqu'un sur les talons.
« Pour l'instant ? Un mois. On adaptera selon l'évolution de la situation. Je vais avoir besoin de ton emploi du temps pour ces prochains jours.
- Vous allez me faire suivre où que j'aille ?
- Ah Harry, c'est une protection. On te laissera tranquille quand tu seras chez toi mais n'espère pas faire le mur pour semer ton garde. C'est de ta propre sécurité qu'il s'agit Harry. »
Ça lui déplaisait mais il n'avait pas le choix, n'est-ce pas ?
« Et tu ne feras plus que des transplanages d'accompagnement, sauf lorsque tu vas de chez toi à ici. »
Robards passa la demi-heure suivante à lui donner des règles et des interdictions et à lui expliquer le protocole. Harry n'était pas sorti de l'auberge.
Harry se retrouva donc avec un auror sur les talons lorsqu'il rentra au Terrier. Ce n'est qu'une fois devant la maison biscornue qu'il repartit après que Harry lui promit qu'il contacterait le bureau s'il venait à se déplacer. Harry fut soulagé de le voir partir. Il était enfin de retour dans un lieu familier et il se sentait fatigué. Oh, il avait oublié d'envoyer un hibou. Tant pis, c'était trop tard. Il ouvrit la porte d'entrée qui n'était pas verrouillée et entra. Arthur se leva aussitôt du canapé où il était assis et sourit largement en le voyant.
« Harry ! Quel plaisir de te voir ! Les autres sont partis se coucher mais j'ai préféré attendre.
- Tout le monde est rentré ? »
Le soulagement s'infiltra dans son corps fourbu. Ils étaient sains et saufs. Mais Arthur secoua la tête.
« Il manque encore Andromeda. On l'a perdue de vue lors de notre fuite – comme avec vous – et elle n'est toujours pas rentrée. J'ai peur qu'il ne lui soit arrivé le pire.
- N-Non, elle doit être à l'hôpital et c'est pour ça qu'elle n'est pas rentrée. »
Arthur lui fit un sourire indulgent.
« Peut-être. On ira voir à l'hôpital tout à l'heure, d'accord ? Repose-toi d'abord. Tu as besoin de dormir.
- Toi aussi, lui renvoya Harry.
- Ne t'inquiète pas pour moi, je dors sur le canapé. »
Harry voulut protester mais c'était vrai qu'il était fatigué.
« Draco est à l'hôpital. Quand on ira se renseigner pour Andro, je resterai là-bas. »
Arthur cligna des yeux.
« Ton petit ami a été blessé ? On ira le voir avec toi, si tu veux. »
Harry le remercia et monta se coucher. Quand il entra dans la chambre de Ron, il vit les silhouettes endormies de celui-ci et Hermione. Il fut soulagé de les voir. Ses meilleurs amis étaient là, bien vivants. Il se sentait enfin en sécurité et loin de toutes les horreurs de cette nuit. Il se glissa dans son sac de couchage et s'endormit aussitôt. Son sommeil se fit sans rêve et c'était probablement pour le mieux.
o0O0o
Il se réveilla, une sensation douce à son poignet. Il ouvrit les yeux pour voir ce que c'était et tomba sur la main d'Hermione. Celle-ci lui fit son plus beau sourire et des larmes envahirent ses yeux. Elle avait un bras en écharpe.
« Harry, je suis si contente de te voir. J'étais si inquiète. »
Elle essuya de sa main valide les larmes qui coulaient sur ses joues. Cela émut Harry et lui donna une envie de pleurer à son tour.
« Moi aussi. J'aurais aimé que l'on soit ensemble.
- On vous a vus, tu sais. Sur vos balais. On était dans la foule et l'on n'a pas pu vous interpeller. Mais ça nous a grandement rassuré de voir que vous étiez là. Mais George, Teddy et Andromeda n'étaient pas là alors on a eu peur.
- Andromeda n'était pas avec nous. »
Hermione inspira une larme.
« Je sais. Je ne comprends pas comment on a pu être séparé.
- Ce n'est pas de ta faute 'Mione.
- Je préfèrerais que ça le soit, je me sentirais moins inutile et cruche.
- Comment tu t'es blessée ? »
Hermione grimaça.
« Lorsque le message des mangemorts a été retransmis, on m'a "malencontreusement" poussé et lorsque je me suis retrouvée par terre, on m'a "accidentellement" marché sur le bras.
- Vous n'avez pas vu qui t'a fait ça ?
- Il y avait trop de monde. Et difficile de voir les gens quand tu es entourée de jambes. Mon agresseur avait des baskets en tout cas. Je ne ferai plus jamais confiance aux gens avec des baskets maintenant, plaisanta-t-elle.
- Tu vas garder ton bras comme ça pendant combien de temps ?
- Je suis censée appliquer une potion tous les matins et tous les soirs et dans une semaine, ça sera réparé selon le médecin.
- On a dû se retrouver à Sainte-Mangouste au même moment en fait.
- Oui, rit-elle. C'était quoi ton problème ? J'ai pas très bien compris le charabia de Ron. »
Harry lui expliqua en détails, en profitant pour raconter ce qui leur était arrivé de leur côté et finit sur l'horrible état de Draco.
« Oh mais c'est affreux. Comment des gens peuvent-ils faire une chose pareille ?
- De la même façon qu'on va te pousser parce que tu es une née-moldue.
- Cela me révolte tellement. »
Ils descendirent prendre leur petit-déjeuner et ils retrouvèrent tout le monde. Teddy lui fit la fête et refusa de le lâcher de tout le repas. La gazette du sorcier trônait sur la table et racontait déjà les péripéties de la nuit. Elle expliqua en détail les attaques et c'est comme ça qu'Harry apprit que le stade où Ginny avait son match amical de nouvel an avait failli en faire partie aussi mais les équipes sur place avait repéré les mangemorts avant qu'il ne se passe quoi que ce soit. De ce côté-ci, un mort. Un auror. Les morts pour le chemin de Traverse se comptaient déjà en centaines et les blessés encore plus. Quant au bal, ce n'était « qu'une dizaine ». Des chiffres monstrueux pour la société sorcière. Et qui augmenteraient avec les heures. Les journalistes rejetaient la faute sur le Ministère et son manque d'investissement dans la sécurité des sorciers et d'avoir laissé un programme comme les dispositifs anti-transplanage libre au public. On reprocha également aux aurors d'avoir « traîné » à repousser les mangemorts au Chaudron Baveur, leur collant sur le dos la mort des malheureux qui s'étaient retrouvés écrasés par la foule. Et d'un autre côté, on congratula Harry pour sa réaction au chemin de Traverse. Harry se refusa à en lire plus, ça lui donnait mal au cœur.
On se prépara alors pour aller à l'hôpital. Molly réussit à amadouer Teddy à rester au Terrier en lui proposant de faire ensemble le dessert pour midi, qui aurait sûrement lieu à quinze heures vu l'heure tardive. Leur groupe se composa donc de Harry, Ron, Hermione et Arthur. Ce dernier paraissait exténué, il avait sûrement très peu dormi.
Harry dut prévenir qu'il se déplaçait et ils durent attendre qu'un auror arrive. Ils se retrouvèrent donc ainsi à l'hôpital. Celui-ci tournait toujours à pleine vitesse mais il s'était un poil apaisé par rapport au milieu de la nuit. Ils se présentèrent à l'accueil, l'auror à une distance respectable, et Arthur dit :
« Bonjour, nous étions au chemin de Traverse hier et nous avons perdu de vue une personne, qui n'est toujours pas rentrée chez nous. On se demandait si elle n'avait pas été reçue ici.
- Son nom et prénom, je vous prie.
- Tonks. Andromeda. »
La standardiste parcourut des feuilles et des feuilles de noms – ils feraient mieux de passer à l'informatique – et les reparcourut encore une fois.
« Je suis désolée, je ne trouve rien. Pouvez-vous me la décrire physiquement ? »
Arthur s'y essaya et les autres rajoutèrent des détails. La standardiste parcourut un nouveau feuillet. Puis elle leur annonça :
« J'ai plusieurs personnes non identifiées à la morgue provisoire qui correspondent à votre description. Voulez-vous faire une reconnaissance du corps ? »
Ils se regardèrent, mal à l'aise. Arthur finit par accepter. La standardiste leur expliqua alors le chemin à faire pour se rendre à la morgue. Le ventre noué, ils s'y rendirent. Une porte à double battants en marquait l'entrée. L'intérieur ressemblait à un gymnase. Cette pièce avait dû être agrandie pour pouvoir être aussi grande dans un tel bâtiment. Et pour pouvoir accueillir tous les cadavres allongés au sol en rang d'oignon. Des personnes passaient, cherchant un membre de leur famille, un ami, un collègue.
L'émotion les prit tous les quatre et peut-être l'auror aussi.
« Je crois qu'on devrait se séparer », dit Arthur, avec sa voix de père de famille.
Harry était si reconnaissant qu'il soit là. Ils acquiescèrent et se mirent à chercher, regardant chaque visage, craignant d'y voir celui qu'ils redoutaient. Andromeda ne pouvait pas être ici. Elle avait encore tant de choses à faire. Un petit-fils à élever, une sœur à redécouvrir…
Le cœur de Harry sombra quand Ron leur cria de venir. L'auror sur les talons, témoin de leurs émotions, Harry le rejoignit. Il regarda le corps que désignait Ron. Un corps brûlé par l'impact d'une boule de flamme. Un brûlé vif. Une brûlée vive. Dont le visage à moitié intact rappelait les traits de la famille Black. Andromeda Tonks.
Et voilà la fin de ce chapitre. C'est un chapitre que je voulais écrire depuis plusieurs mois, j'ai donc apprécié l'écrire même si c'est pas très joyeux. Certes, il est un peu plus court que les autres mais il devait se terminer là.
On se retrouve dans un mois !
Prenez soin de vous et faites attention aux intoxications alimentaires avec tous ces repas de fête.
Chali
P.-S. Je vous rappelle que j'ai créé un compte Instagram ( arobase chalilodimun), plutôt centré sur l'écriture. N'hésitez pas à me suivre :D
