Et voici le chapitre qui a failli ne pas sortir ! J'ai eu un mal fou à me poser pour l'écrire, celui-là. Une méchante page blanche comme on les aime. Heureusement que j'avais ma date butoir du 1er. Rien de tel qu'une petite deadline pour forcer l'inspiration ^^'

Je pensais que j'atteindrais les 200 mille mots avec ce chapitre mais non, j'en suis à 198 401 mots et 334 pages LibreOffice. Un vrai monstre !

J'espère que votre début d'année se présente bien, sur ce, je vous laisse avec votre chapitre.

Fond musical : "pourquoi la mort te fait peur" de Pomme

Bonne lecture !


Chapitre 17 : Conséquences

Le temps passa comme un mirage. Teddy fut inconsolable, l'enterrement, froid et morose. Harry, dont les sentiments s'étaient faits la malle, se retrouva soudain avec un enfant entièrement à sa charge, qui ne riait plus et faisait de plus en plus de colères. Les Weasley et Narcissa, très touchés eux aussi par l'événement, lui furent d'une aide immense et il ne savait comment il aurait fait sans eux.

Tous les jours, il passait voir Draco, qui n'était jamais laissé seul. La crainte que ceux qui l'avaient attaqué finissent le travail n'avait jamais été dite à haute voix mais une entente tacite les avait poussés à avoir toujours quelqu'un dans la chambre de Draco.

Un Draco que les soigneurs avaient un mal fou à soigner et à inverser les maléfices dont il avait été victime. Ils allongèrent son coma. Harry se sentait de plus en plus désemparé à chaque fois qu'il venait le voir. Il tenait sa main, lui racontait sa journée et attendait. Mais Draco ne bougeait pas, ne fronçait pas un sourcil, ne frissonnait pas d'un cil. Il ne faisait que respirer. Inspirer. Expirer. De façon régulière et à l'infini. Au moins, il n'avait plus de branchies et respirait de nouveau comme un humain se devait de le faire. Ses plumes n'étaient plus aussi touffues, ses écailles étaient plus parsemées, ses mains avaient repris apparence humaine bien que la sensation soit toujours celle de serres d'oiseau.

Lucius entra dans la pièce. Cela voulait dire qu'il devait être dix-huit heures. Il posa une main sur l'épaule de Harry et s'assit à côté de lui.

« Bonjour Harry, le salua-t-il. Comment allez-vous aujourd'hui ?

- Ça peut aller. Comment s'est passée votre journée ? »

Leurs conversations commençaient tout le temps ainsi. Harry avait toujours une appréhension à discuter seul à seul avec le père de Draco mais il avait commencé à s'habituer à sa présence. Ils ne discutaient jamais très longtemps, ni beaucoup. Mais ce jour-là, après avoir caressé les cheveux de son fils avec une tendresse que Harry aurait cru impossible auparavant, Lucius se dévoila :

« Je savais que mon fils était amoureux de vous bien avant qu'il ne me le dise lui-même. J'aimerais pouvoir dire que c'est parce que je suis perspicace mais c'est surtout parce que ma femme et moi n'avons pas de secrets l'un pour l'autre. Ça n'a pas été facile à accepter, vous vous en doutez. Mon fils unique, amoureux d'un homme ? Cet homme n'étant qu'autre que l'ennemi de l'homme que j'admirais ? »

C'était la première fois que Harry entendait Lucius avouer son appartenance aux mangemorts. Il devait vraiment en être venu à lui faire confiance.

« Mais c'est mon fils et je ne vois pas pourquoi je le priverais de son bonheur. Je l'ai toujours soutenu, quoique vous pensiez.

- Je n'en ai jamais douté », dit Harry.

Il n'avait certes pas toujours été très agréable avec Harry et n'avait pas approuvé leur relation au début mais il n'avait jamais rien fait pour les séparer. S'il y avait une chose que Harry avait toujours sue sur Lucius, c'est que son fils représentait tout pour lui.

« Je vous suis reconnaissant pour avoir donné sa chance à Draco, Harry. »

Il ne s'était, par contre, pas attendu à ce que Lucius lui fasse des compliments.

« J'ai fini par comprendre ce que mon fils vous trouve. Que vous veniez le visiter chaque jour alors qu'il est dans cet état-là a fait disparaître mes derniers doutes. J'en suis venu à vous apprécier Harry. »

Harry ne savait que répondre. Il ne s'était certainement pas attendu à cette déclaration, toute Malfoyenne.

« Hum, merci. »

Qu'est-ce qu'il était censé dire ? Lucius posa une main sur son épaule et ses lèvres se retroussèrent légèrement.

« Je n'ai pas dit cela pour vous mettre mal à l'aise Harry. Ce n'est guère qu'une façon de vous inviter dans la famille. »

À sa plus grande horreur, Harry se mit à sangloter. La main de Lucius se crispa sur son épaule. Il n'avait évidemment pas prévu ça.

« Oh, pardon, cafouilla Harry entre deux sanglots. Je ne sais pas pourquoi… »

Lucius se mit à lui frotter maladroitement le dos.

« Ai-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

- Non, non ! Je… je crois que c'est le stress. Et… et tout ça. »

Mal à l'aise, Lucius lui tendit son mouchoir. Honteux d'avoir pleuré devant Lucius Malfoy, par la barbe de Merlin, Harry se cacha dedans et pria pour qu'il s'arrête de pleurer rapidement. Il ne pleura que plus fort.

« Désolé, bafouilla-t-il.

- Ne vous excusez pas. Des fois, il faut juste tout laisser sortir. Est-ce que cela vous rassurerait si je vous disais que tout ira bien ? »

Harry rit à travers les larmes. C'était tellement évident que Lucius ne savait pas quoi faire pour le consoler.

« Me… merci mais je peux m'en passer. »

Il riait en même temps qu'il pleurait, c'était si bizarre ! Il n'avait pas souvenir d'avoir un jour pleuré ainsi devant un adulte. Même devant Molly, il ne s'était jamais autant laissé aller. C'était une première. Et oui, les petites caresses dans le dos que Lucius lui faisait lui réchauffaient le cœur. Ses pleurs finirent par se calmer. Il avait complètement trempé le mouchoir de Lucius.

« Je vous le laverai, dit-il avec embarras.

- Gardez-le. Cela sera votre cadeau de bienvenue dans la famille. »

En sentant les larmes revenir, Harry dut admettre qu'il y avait une corrélation entre les paroles de Lucius et ses pleurs.

« Merci. »

Il ravala ses larmes. En sortant avec Draco, il ne s'était pas attendu à obtenir une famille aussi. Mais il fallait croire que c'était ce qu'il s'était passé. Sans qu'il ne s'en rende compte. Son regard tomba sur sa montre.

« Il ne faudrait pas que je tarde, je dois aller chercher Teddy.

- Je ne vous retiens pas plus alors ! »

Harry hocha la tête, rassembla ses affaires et se leva. Il tira les rideaux quand Lucius dit :

« Si élever Teddy se révèle compliqué, n'hésitez pas à nous demander de l'aide. On sait ce que c'est d'élever un petit garçon.

- Merci… Je m'en souviendrai.

- Passez une bonne soirée, Harry.

- Merci, vous aussi. »

Il n'allait quand même pas se mettre à rougir ?! Il referma le rideau derrière lui, rejoignit l'auror qui l'attendait dans le couloir et s'en fut.

o0O0o

Élever Teddy était effectivement compliqué. Garder un enfant tous les week-ends était une chose, le garder tous les jours en était une autre. Cela n'arrangeait pas les choses que Teddy vive très mal la mort de sa grand-mère – ce qui était normal en soi. Outre ses colères à répétition, il s'était refermé sur lui-même et ne parlait plus que si l'on s'adressait directement à lui. Harry n'avait aucune idée de ce qu'il était censé faire pour l'aider à surmonter ça. Il ne se rappelait que de la colère et de la sensation d'être seul au monde lors de la mort de Sirius.

Sa première semaine de cours était annulée suite aux récents événements hormis ses heures de travail. Il passait donc tout son temps avec Teddy et les Weasley, allait voir Draco après avoir mis le petit à la sieste et revenait chez les Weasley pour dîner puis ramenait Teddy à la maison pour la nuit. Teddy ne dormait plus dans sa chambre mais avec lui. Harry n'avait qu'une peur, qu'il le terrorise avec l'un de ses cauchemars. Mais son fils avait les siens propres et c'était presque chaque nuit qu'il se levait pour le rassurer.

Harry avait appelé sa psy mais chacun de ses appels tombaient sur le répondeur. Il devait lui être arrivé quelque chose. Était-elle blessée ? … Morte ? Il se refusait à y penser. Il n'était pas assez stable mentalement pour une autre mauvaise nouvelle.

Mercredi arriva et lorsque ses camarades et lui sortirent de leur longue journée à faire de la statistique sur les attaques du nouvel an, Harry accepta leur proposition de se retrouver et d'oublier tout ça à leur lieu habituel, The Understander. Harry décida de le prendre également comme un signe. Si Meredith ne répondait plus, la seule autre personne à qui il se voyait demander conseil pour Teddy se trouvait être le patron de la boîte de nuit.

Il avait un peu honte par contre de se pointer après n'avoir plus jamais essayé les activités que Jack lui avait proposées en septembre dernier. Merlin, que ça remontait ! Bon, il avait repris la musculation, ça comptait, non ? Avoir un auror collé aux pieds n'était pas non plus quelque chose qui le rassurait…

Une fois sur place, il lui fallut un moment pour trouver Jack et plus d'une tentative pour pouvoir parler avec lui. Au bout de la troisième fois, il obtint finalement son oreille :

« Salut Jack ! Je me demandais si je pouvais avoir un mot en privé avec toi.

- Harry ! Ça fait longtemps. Bien sûr, je suis à toi dans une dizaine de petites minutes.

- O.K., pas de problème. »

Harry s'installa au bar et but sa bière en attendant que Jack se libère. L'auror qui l'accompagnait s'était installé à côté de lui mais ne buvait que de l'eau. N'ayant que lui avait qui parler, ils échangèrent quelques formalités puis, un peu plus de dix minutes passèrent et le patron de la boîte revint enfin.

« C'est bon, je me suis libéré pour un petit moment. Tu veux qu'on monte à l'appartement ?

- Oui, si ça ne te dérange pas. »

Il ne se voyait pas parler de ses problèmes dans le brouhaha ambiant. Il se leva de son siège et l'auror également. Jack souleva un sourcil et murmura à Harry :

« Ton ami va nous suivre ?

- C'est un auror, il est chargé de ma protection. »

Jack poussa un sifflement d'exclamation. Il s'inclina avec une légère moquerie tout en disant :

« Par ici, Monsieur l'auror. »

Jack les conduisit tous les deux dans l'arrière-boutique puis les mena à son appartement. Sur le chemin, il prévint :

« Ma petite amie est sortie de l'hôpital aujourd'hui et squatte donc mon appart. Ça ne te dérange pas, j'espère ?

- Non, non, bien sûr que non. »

Déjà qu'il s'imposait et interrompait Jack dans son travail. Ils arrivèrent devant la porte et pendant que Jack se débattait avec ses clefs, Harry dit à l'auror :

« Pouvez-vous attendre dehors, s'il vous plaît ? »

L'auror acquiesça et se plaça à côté de la porte. Jack trouva enfin la bonne clef et l'inséra dans la serrure. Il entra dans l'appartement en lançant un joyeux :

« Coucou mon ange, c'est moi ! J'amène de la compagnie. »

Le son et l'image de la télévision s'arrêtèrent. Harry entra à son tour dans l'appartement et referma la porte derrière lui.

« Désolé de déranger. »

Il se retourna et sa mâchoire se décrocha.

« Meredith ?

- Harry ? »

Il cligna des yeux. C'était bien elle avec sa chevelure blonde remontée habituellement en queue de cheval mais dans le cas présent, laissée tombée. Elle était bien installée dans le canapé, un paquet de chips à la main. L'autre était plâtrée au niveau du poignet. Sa jambe gauche, plâtrée elle aussi, reposait sur un repose-pied.

« Vous vous connaissez ? » demanda Jack, un sourire aux lèvres.

Meredith lui fit les gros yeux.

« Oh, oooh… je vois, je vois. Tu me diras, c'est pas étonnant. Bon, bah, dit-il en s'adressant à Harry, j'imagine que tu n'as plus besoin de moi. Je te laisse dans les mains expertes de ma petite chérie.

- Jack ! rougit la "petite chérie".

- Quoi ? Tu te plaignais que tu t'ennuyais ferme dans cet "appartement de vieux", pour te citer. »

Harry n'était pas sûr de comprendre exactement ce qu'il se passait. Mais le fait est que Jack partit et qu'il se retrouva seul avec Meredith qui s'empressa de cacher son paquet de chips et de se recoiffer.

« Désolé, se sentit-il obligé de dire. Je… je peux partir si tu préfères.

- Non, installe-toi. Jack a raison, il faut que je trompe l'ennui. Même si cela signifie travail. Bon, raconte-moi tes problèmes. Attention, je te fais payer.

- Désolé, répéta Harry en tirant un fauteuil vers le canapé. Ça ne te gêne pas, tu es sûre ?

- Certaine ! Désolée, je me suis montrée un peu vindicative. »

Il y eut un silence.

« Donc… hum, tu es la petite amie de Jack.

- C'est vraiment ce dont tu veux parler ? »

Harry hésita. Meredith sourit et répondit tout de même :

« Oui, on est ensemble. On s'est rencontré lors de notre première année de psychologie. Il n'a pas continué mais cet idiot croit qu'il est suffisamment doué pour jouer au psychomage. Non mais je te jure. »

Harry rit à son tour.

« J'imagine que tu as déjà fait les frais de ses conseils absolument pas professionnels ?

- Touché. Pour ma défense, c'était avant de te rencontrer.

- Encore heureux, je l'aurais mal pris, plaisanta-t-elle.

- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

- La curiosité est un vilain défaut, Monsieur le Gryffondor. »

Harry la regarda avec des gros yeux. Son sourire se figea et elle soupira.

« J'étais au mauvais endroit, au mauvais moment. Comme tout le monde ce nouvel an, on dirait. Plus personne ne le fête chez soi ou quoi ? »

Elle était amère et Harry la comprenait bien. Elle soupira à nouveau.

« Une des boules de feu s'est écrasé sur un bâtiment et celui-ci a eu la bonne idée de s'écraser sur moi et une dizaine d'autres personnes. Je n'ai jamais autant attendu de ma vie. Voilà, c'est mon histoire. Fais-nous donc du thé Harry et raconte-moi la tienne. »

Harry s'exécuta. Meredith ne lui avait pas laissé le temps de la plaindre mais si c'était ce qu'elle voulait… Tout en mettant les feuilles séchées dans la théière, Harry lui raconta ce qui lui était arrivé. Après une semaine depuis les événements, Harry les trouva plus durs à expliquer. Certains moments étaient devenus un peu flous et d'autres le peinaient à raconter. Meredith était une oreille attentive et l'interrompit seulement quand elle ne comprenait pas quelque chose. Il termina sur ses préoccupations avec Teddy.

Il s'arrêta de parler. Meredith eut un « Hm… » et ne dit rien. Elle réfléchissait. Elle avala une gorgée de thé, faisant intentionnellement du bruit au passage. Ça avait l'air de l'aider à se concentrer. Elle replaça sa tasse sur la couverture qui la recouvrait.

« Ça a dû être très éprouvant », dit-elle.

Commentaire basique. Mais étrangement, sauf lorsque cela venait d'elle. Harry acquiesça.

« Si j'ai bien compris, ce que tu veux savoir à l'instant présent, c'est comment gérer Teddy. C'est cela ?

- Oui.

- Mon premier conseil, c'est évidemment de ne pas le laisser seul. Mais de ce côté-là, ça semble plutôt bien aller, non ? Il est toujours avec quelqu'un ?

- Oui, on ne le laisse pas seul.

- Cela pourrait être bien de le faire rencontrer d'autres enfants de son âge alors. Il n'a… pas vraiment d'amis avec qui jouer, non ? Il n'est toujours qu'avec des adultes de ce que tu m'as dit.

- Narcissa m'avait un jour proposé de faire des réunions de jeu.

- Eh bien, c'est une bonne idée ça ! Fais-lui faire ça.

- Mais… euh… hésita Harry. C'est vraiment ça qui va euh… "calmer" son deuil ?

- Bien sûr que non ! Vois-tu Harry, il n'y a pas de méthode miracle. Chacun fait son deuil à sa façon. Et seul le temps soigne les blessures. Écoute juste ton fils, ce qu'il veut, mais surtout, ce dont il a besoin. C'est important que tu en parles avec Teddy d'ailleurs. Fais-lui comprendre qu'il peut s'exprimer sans crainte, que tu es là pour lui, tout ce charabia. »

Décidément, la Meredith du bureau et la Meredith de tous les jours étaient deux personnes très différentes. Harry n'en acquiesça pas moins pour autant. Meredith se réinstalla difficilement dans le canapé.

« Bon et toi Harry ? Tu ne m'as pas beaucoup parlé de tes ressentis. Comment est-ce que tu vis tout ce qui s'est passé ?

- … Je ne le vis pas mal.

- Mais pas bien non plus ?

- Je ne vois pas trop comment on peut bien le vivre…

- Pas faux. Donc ni bien ni mal ?

- Je ne suis pas sûr que ce soit les bons mots en fait…

- Hm, je vois ce que tu veux dire. Ça serait mon job de t'aider à mettre des mots sur ces sentiments mais je t'avoue que rien ne me vient.

- Ce n'est pas très grave si tu vois ce que je veux dire. »

Meredith lui envoya une grimace.

« Bon. Donc pas de PTSD pour l'instant ?

- PTSD ?

- Syndrome de stress post-traumatique. Ce que tu vis depuis la mort de Voldemort. »

Harry la regarda avec des gros yeux. Sa situation… avait un nom ? Vraiment ?

« C'est à cause de… ça que j'ai des cauchemars ?

- Tout à fait. C'est un effet secondaire courant. J'avais prévu de t'en parler plus sérieusement un peu plus tard. Je voulais être sûre de mon diagnostique. Faut croire que le destin en a voulu autrement. Mais je suis à peu près certaine que c'est ça.

- C'est… quoi ? Une sorte de maladie ?

- Oui. C'est une maladie mentale. Chez certaines personnes, ça peut se traduire physiquement aussi. »

Elle le regarda droit dans les yeux. Elle les avait bleu-vert se rendit-il compte.

« Il faut que tu comprennes Harry. Ce que tu vis n'est pas normal. Tu es malade. Ton cerveau est malade si tu préfères cette formulation. Venir me voir était la première étape pour ta reconstruction. Tu peux être fier de toi Harry. Ce n'est pas facile à faire, tu sais. Ça demande de reconnaître une certaine vulnérabilité, chez soi. Ça demanda beaucoup de courage. Ne fais pas cette tête, on va soigner ça ensemble, O.K. ? »

C'était… Il ne savait quoi penser. Il était tourmenté. Il était blessé d'entendre ça. Ce n'était pas agréable, clairement. Et en même temps… il y avait du soulagement. Meredith l'avait… compris. Mieux que lui en tout cas.

« Et… ma dépression ?

- Pour moi, c'est en corrélation directe avec ton PTSD. Un effet secondaire si tu veux. Imagine ton PTSD comme un rhume. Ta dépression, ce serait ton nez qui coule. Si l'on soigne ta dépression, on ne soigne pas le véritable problème. Comme si tu te mouchais tout le temps au lieu de prendre une potion anti-rhume.

- C'est… logique, acquiesça Harry.

- C'est pour ça que je pense qu'il faudrait nous concentrer d'abord sur ton PTSD. La dépression est importante aussi et oui, ça aidera grandement, de s'y concentrer dessus. En fait je doute qu'on puisse enlever l'un sans l'autre. Bref, faut qu'on travaille sur les deux, en même temps. Ça te semble correct ? »

o0O0o

RODOLPHUS LESTRANGE DERRIERE LES ATTAQUES DU NOUVEL AN ! L'ENQUETE CONFIRME.

En interrogation depuis les attaques de ce premier janvier, les mangemorts appréhendés sur les lieux des différentes attaques ont finalement avoué le nom de leur nouveau leader. Mangemort reconnu et anciennement dans le cercle proche de Vous-Savez-Qui, Rodolphus Lestrange se trouve être le cerveau derrière ces attaques !

En fuite depuis la bataille de Poudlard il y a maintenant bientôt 4 ans, il avait été perdu de vue par les équipes d'aurors. Si pendant toutes ces années où il est resté caché, nous n'avons plus entendu parler de lui, il n'en a pas moins été actif. Les mangemorts interrogés ont ainsi dévoilé sous veritaserum qu'il a entamé une reconstruction de l'ordre des mangemorts dont nous pensions être enfin débarrassés suite à la mort de Vous-Savez-Qui. Certains aurors à l'époque avaient affirmé que Vous-Savez-Qui faisait l'objet d'un culte fort et qu'il était inenvisageable qu'un nouveau chef se présente pour remplacer cette figure mais les événements récents semblent démentir cela complètement !

Lestrange n'a malheureusement pas été arrêté – ni même aperçu ! – et erre dans la nature, impuni ! Tout laisse à croire qu'il recommencera à s'attaquer à d'innocents sorciers s'il n'est pas bientôt arrêté. Notre enquête personnelle nous a d'ailleurs mis en évidence qu'il est fort probable qu'il soit également la personne responsable des agressions récentes sur d'anciens mangemorts ayant tourné leur dos à Vous-Savez-Qui. À ce jour, trois familles en ont été victimes, dont une complètement décimée et les autres dans le coma. Dans leur maison avaient été retrouvées des marques des Ténèbres écrites à la craie.

Gawain Robards, chef du bureau des aurors, a annoncé avoir mis ses meilleurs éléments sur l'affaire et s'attend à des résultats rapides. Il déclare : » Nous ne laisserons pas leurs idées morbides de valeur du sang nous effrayer. Ces actions doivent cesser et nous ferons tout pour les empêcher. »

La phase interrogatoire des mangemorts étant terminée, le procès va bientôt s'ouvrir et se déroulera sur plusieurs semaines. Il nous semble évident qu'Azkaban va bientôt recevoir de nouveaux membres. Le procès sera ouvert au public, affaire à suivre donc !

o0O0o

Lorsque la troisième semaine de janvier arriva, le monde reprit un rythme normal et les cours de Harry recommencèrent. Certes, certains de ses professeurs étaient encore absents et des systèmes de surveillance avaient été installés aux entrées du Ministère. Avec un auror aux pieds dès qu'il dérivait du trajet maison-Weasley-travail-Weasley-maison, Harry se sentait oppressé. C'était terriblement désagréable et lorsqu'il se surprit à penser qu'il commençait à s'habituer à la situation, il s'en trouva terrorisé.

Mais ce qui l'embêtait le plus, c'était lorsque l'auror le suivait à l'hôpital. Même s'il attendait à l'extérieur de la chambre de Draco, Harry ne pouvait s'empêcher d'avoir l'impression d'avoir son intimité violée. Ses protecteurs changeaient de plus régulièrement, ce qui voulait dire qu'à présent, tout le bureau devait être au courant qu'il visitait Draco Malfoy tous les jours. Ça allait soulever des questions, c'était évident.

Mercredi, ce fut Julian qui l'accompagna à l'hôpital, après avoir déjà passé toute sa journée avec lui. Il l'abandonna à la porte et entra seul dans la chambre. Narcissa était installée dans le fauteuil, un livre à la main. Quand elle le vit, elle y glissa son marque-page et lui offrit un grand sourire.

« Bonjour Harry, lança-t-elle, toute fleurie. Comment vas-tu ? »

Ils échangèrent quelques banalités puis Harry alla embrasser le front de Draco. Il avait presque entièrement retrouvé apparence humaine.

« Les médico-sorciers sont passés, lui annonça Narcissa.

- Et donc ? s'enquit Harry, tout de suite intéressé.

- L'état de Draco s'est pleinement stabilisé alors ils vont mettre fin à son coma.

- Vraiment ?! Enfin ! Ça fait une éternité. »

Narcissa lui sourit de toutes ses dents, un véritable sourire, rare de sa part. Ses yeux s'embrumèrent.

« Je sais bien que cela ne pouvait pas durer mais je ne l'attendais plus », avoua-t-elle.

Harry s'installa à côté d'elle et prit sa main avec délicatesse.

« Quand est-ce qu'ils vont y mettre fin ?

- Samedi matin. Ils envisagent qu'il se réveillera donc dans la matinée.

- Je serai là tout samedi », décida-t-il aussitôt.

Narcissa le remercia d'un sourire. Elle posa son autre main sur celle d'Harry qui la tenait.

« Je ne crois pas t'avoir déjà dit que j'étais très heureuse de t'avoir comme gendre.

- Je… On n'est pas encore marié », trouva seulement Harry à dire.

Narcissa lui fit un sourire malicieux et ne releva pas. Harry se sentit rougir. Décidément, les Malfoy s'y mettaient à l'embarrasser ces derniers temps. Ça lui faisait chaud au cœur. La conversation dériva puis Narcissa rentra chez elle, le laissant seul avec Draco. Comme à son habitude, Harry prit sa main et lui raconta sa journée. Samedi. Samedi il allait pouvoir véritablement le revoir, lui parler, l'embrasser. Avoir une date rendit la silhouette endormie de Draco encore plus insupportable. Il voulait qu'il se réveille tout de suite.

Il passa le temps en faisant ses devoirs. N'ayant pas eu de cours, les professeurs leur avaient tous donné en même temps des leçons à apprendre, en comptant les devoirs habituels. Harry en avait un peu marre et il espérait qu'une fois devenu véritablement auror, il serait définitivement débarrassé de ça.

Son esprit vagabonda et il se retrouva à penser à l'article sorti vendredi dernier sur Lestrange. Il avait été surpris de la corrélation entre les attaques du nouvel an et l'enquête à laquelle il participait. Il en avait discuté avec ses collègues et ceux-ci lui avaient confirmé que c'était une hypothèse envisageable mais que pour l'instant, il n'y avait aucune preuve. Et cela n'expliquait toujours pas que la marque des Ténèbres soit tracée à la craie et non flottante au-dessus des maisons qui avaient été attaquées. Avec le nouvel an, c'étaient sûrement les plus gros dossiers du moment. Harry n'était que sur le premier cas découvert mais Isobel Parkinson était la tête derrière toutes les enquêtes. Autant dire qu'elle était débordée et que sa mauvaise humeur commençait à se faire ressentir dans le bureau.

Harry fut sorti de ses pensées quand une autre Parkinson fit son apparition. Harry en tomba de sa chaise… façon de parler, il n'en tomba pas vraiment. Mais il tomba clairement des nues. Il n'avait pas vu Pansy Parkinson depuis la bataille de Poudlard. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Celle-ci semblait tout aussi surprise de le voir. Elle raffermit un visage neutre et dit :

« Le garde du corps à l'extérieur est là pour toi, Potter ou pour Draco ?

- Pour moi, répondit-il avec précaution.

- Je vois. »

Harry, lui, ne voyait vraiment rien.

« Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je suis venue voir un ancien ami d'école. Qu'est-ce que tu fais là ? »

Elle ne semblait pas au courant de leur relation. Draco ne lui en avait pas parlé ? À vrai dire, à aucun moment il ne lui avait parlé à lui de Pansy Parkinson. Étaient-ils… en froid ? La jeune femme attendait sa réponse mais Harry ne savait quoi lui donner.

« Pourquoi tu es là ? demanda-t-il plutôt.

- Je viens de te le dire, dit-elle, ennuyée.

- Non. Pourquoi tu es là ? Cela fait bientôt trois semaines que Draco est là, pourquoi n'es-tu pas venu avant si tu voulais juste voir "un ancien ami d'école" ? »

Parkinson eut le bon goût de paraître gênée.

« En quoi ça te regarde ? cracha-t-elle. Toi, tu n'as absolument rien à faire ici.

- Au contraire, lui dit-il avec force. Je suis là pour le protéger des opportunistes. »

Comme toi, était sous-entendu et la brune le saisit tout de suite.

« Je ne suis pas une opportuniste ! s'énerva-t-elle. Qui crois-tu être pour m'empêcher de voir mon ami ?

- Quelqu'un de présent pour lui », lui jeta Harry.

Parkinson l'énervait et Harry avait peur que si ça continuait, il finirait par dire quelque chose de malheureux qui finirait sur les journaux. Parkinson le jaugea, jeta un œil à Draco.

« Oh », fit-elle.

Harry frissonna. Oups.

« Alors comme ça il a vraiment fini par t'avoir. »

Son ton était plein de venin. Donc elle savait… en partie. Si ça se trouve, tous les Serpentard de l'année de Draco était au courant de ses sentiments pour lui.

« J'imagine qu'il doit bien se rire de moi maintenant après que je lui ai dit que ça n'arriverait jamais. »

Le venin l'avait quittée pour n'être plus que blessé.

« Tu savais…

- Bien sûr que je savais ! rétorqua-t-elle. Ce n'est pas quelque chose que tu caches à ta meilleure amie. »

Son visage s'était tordu à « meilleure amie ». Harry se rappela toutes les fois où il avait vu Draco et Parkinson ensemble et les théories qui couraient à l'époque disant qu'ils étaient en couple.

« Tu es amoureuse de lui… » comprit-il.

Elle rougit et détourna le regard.

« Ce ne sont pas tes affaires.

- Pourquoi vous ne vous parlez plus ?

- Tu n'auras qu'à lui demander », cracha-t-elle en lançant un regard à Draco.

La discussion s'arrêta là. Parkinson regardait tour à tour Draco puis lui. Que devait-il faire ? Lui demander de partir ? La laisser voir Draco ? Il n'avait pas suffisamment de détails pour pouvoir choisir. Quand elle se laissa tomber dans une chaise en face, Harry ne protesta pas. Il ne la laisserait pas seule avec lui, toutefois.

Pansy ne disait rien et se contentait de regarder Draco. Au bout d'un moment, Harry se reconcentra sur ses devoirs. Rien d'autre ne se passa et lorsque Lucius arriva, il les trouva ainsi.

« Miss Parkinson ? s'étonna-t-il.

- Bonjour Mr Malfoy, le salua-t-elle avec une petite courbette. Je suis venue m'enquérir de la santé de Draco.

- Les médico-sorciers font de leur mieux, il a été gravement attaqué. »

Le sourire de Parkinson se figea.

« J'ai entendu dire… Est-ce qu'on sait qui a fait ça ?

- Malheureusement non. On attend que Draco se réveille pour savoir.

- Lucius », intervint Harry.

Parkinson tiqua à l'utilisation du prénom tandis que l'interpellé se tournait vers lui.

« Oui, Harry ?

- Narcissa vous a-t-elle transmis ce que les médecins lui ont dit tout à l'heure ?

- Non, je n'ai pas encore eu l'occasion de la voir aujourd'hui.

- Ils vont mettre fin au coma. Draco devrait se réveiller samedi.

- Oh mais c'est une excellente nouvelle. Nous allons finalement finir par savoir. »

Parkinson parut mal à l'aise. Ce n'était quand même pas elle derrière cette vendetta ? Non… ça ne se pouvait pas. Harry ne la connaissait pas vraiment mais il était à peu près sûr que ce n'était pas du genre de la jeune femme. Du moins, l'espérait-il. Même s'ils étaient en froid, cela tuerait Draco que son ancienne amie se soit retournée contre lui. L'histoire était sûrement plus compliquée que cela. Inutile de faire des conclusions hâtives.

« Puisque vous êtes là Lucius, je vais rentrer chercher Teddy.

- Bien sûr Harry. D'ailleurs, votre fils a-t-il apprécié la petite réunion de jeu du week-end dernier ? Narcissa m'a dit qu'il ne s'était pas du tout exprimé.

- Fils ? Tu as un fils, Potter ? »

Harry l'ignora et répondit à Lucius :

« J'ai essayé de lui tirer les vers du nez mais il ne m'a pas dit grand-chose à part que ça avait été amusant.

- C'est déjà ça.

- Oui, au moins c'est positif. J'espère que ça continuera comme ça. Il fait un peu moins de colère mais il se laisse enfin pleurer. Honnêtement, je vois ça comme une amélioration.

- Teddy est un petit garçon courageux. Il surmontera ça, dit Lucius, encourageant. Bon, je ne vais pas vous retenir plus longtemps, allez dîner. »

Harry s'excusa et rejoignit Julian à la sortie. Celui-ci lui dit immédiatement :

« Je vous ai entendu vous disputer, toi et la nièce d'Isobel. Est-ce que tout va bien ?

- Oui, oui, lui assura-t-il. Juste… un conflit d'intérêt. Mais pas de problème.

- Ouf, tant mieux. J'aurais fait un bien piètre garde du corps, laisser ainsi passer une amie de Mr Malfoy pour que vous finissiez par vous bagarrer…

- Je t'assure, ce n'était pas grand-chose.

- Je te crois. Tu vas à la salle de sport ?

- Non, je n'ai pas très envie aujourd'hui. Je vais rentrer chez les Weasley.

- Très bien, je t'y raccompagne. »

Ils quittèrent l'hôpital et Julian les transplana devant le Terrier. L'auror lui souhaita une bonne soirée et partit chez lui. Harry poussa le petit portail et se dirigea vers la maison biscornue. Dès qu'il ouvrit la porte d'entrée, il entendit un joyeux « Papa ! » qui fonça sur lui et l'enlaça. Harry prit son fils dans ses bras et l'embrassa.

« Alors coquin, tu as passé une bonne journée ? »

Teddy avait l'air tout particulièrement content et cela lui amena un sourire au visage. Il ne le voyait pas suffisamment heureux ces derniers temps.

« Mamie Molly et moi, on a joué aux cartes ! Et puis on a fait des crêpes. C'est bon les crêpes, hein ? Tu aimes les crêpes Papa ?

- Oh oui j'adore ! Et si c'est toi qui les as faites, j'imagine qu'elles sont super bonnes.

- Y a tout le monde qui pourra en manger ce soir. Donc y a pas besoin de se disputer.

- Pourquoi on se disputerait ?

- Parce que toi et tonton Ron, vous voulez toujours tout manger. Mais là, "y en a assez pour nourrir une armée". »

Harry rit à l'expression. Où est-ce qu'il avait été chercher ça ? Sûrement en écoutant Molly. Qui avait l'habitude de « nourrir une armée ». Tenant toujours Teddy dans ses bras, Harry se rendit dans la cuisine où Molly était en train de peaufiner le dîner.

« Bonsoir Molly ! lança-t-il.

- Oh Harry, tu arrives pile à l'heure, le repas est presque près.

- Est-ce qu'on peut t'aider à faire quelque chose ?

- Vous pouvez mettre la table. Et demander à Ron de descendre.

- Teddy ? Tu sais ce qui te reste à faire ? »

Il déposa l'enfant à terre et celui-ci lui fit un salut militaire avant de foncer vers les étages. Harry se chargea de mettre la table. Hermione arriva du travail peu de temps après que Ron soit venu les rejoindre.

« Harry, tu ne devineras jamais ce que j'ai appris, lui dit-elle.

- Quoi donc ?

- Tu n'as pas lu la Gazette du sorcier, pas vrai ? (Harry secoua la tête.) Tu te rappelles quand je t'avais parlé du projet de deux potionnistes de créer une potion permettant à un homme d'enfanter ?

- Ça a avancé ?

- Ça, je ne sais pas. Mais ils cherchaient des fonds, tu te souviens ?

- Oui, je m'en souviens… »

Où voulait-elle en venir ?

« Eh bien, le sujet m'a intrigué donc j'ai regardé un peu leurs recherches et je suis tombée sur la liste des personnes ayant fait des dons. Harry, tu ne devineras jamais. »

Son visage était extra sérieux, signe qu'elle mourait d'envie de lui dévoiler la supercherie.

« Je ne devinerai jamais. Accouche.

- Haha, elle est bonne. Plus sérieusement, un de leurs investisseurs majeurs n'est autre que Lucius Malfoy ! »

Sa bouche se décrocha. Hermione continua :

« La liste indiquait également les dates de leurs dons. Et Malfoy a fait le sien juste avant Noël !

- Avant Noël ? »

La soudaine affinité de Lucius prenait soudain plus de sens. S'il le soutenait maintenant inconditionnellement, ce n'était pas tant parce qu'il s'était pris d'affection pour lui mais parce que si cette potion se faisait, cela signifiait la continuation de la lignée Malfoy. Une GPA aurait fait le travail mais à tous les coups, pour un Malfoy, la progéniture se devait d'être directement liée par le sang.

À bien y penser, c'était… gênant. Qu'il ait décidé de soutenir cette entreprise sans même leur en parler avant, sans même que Harry en ait discuté avec Draco au préalable. Ils n'en avaient jamais parlé…

« Draco va sortir du coma samedi, annonça-t-il, ses pensées étant retournées à sa plus grande préoccupation du moment.

- Vraiment ? s'enthousiasma Hermione.

- C'est génial ! s'exclama Ron.

- J'espère que son corps ne ressentira pas trop les conséquences de ces vilains sortilèges, commenta Hermione.

- J'espère aussi. Je veux juste le voir et m'assurer qu'il va bien », conclut Harry.

Molly appela à table et tous les membres de la famille se réunirent. Les conversations furent animées. George donna la peur de sa vie à sa mère – ce qui n'était pas peu dire – avec un de ses nouveau produit de farces et attrapes. Hermione se lança dans une diatribe sur la partialité de la Gazette du Sorcier. Teddy découvrit qu'il pouvait transformer son nez en trompe d'éléphant et la fit tomber dans sa soupe. Les choses revenaient à la normale.

o0O0o

Samedi, Harry se leva tôt. Il se sentait d'humeur joyeuse et il sifflota en descendant dans la cuisine. Teddy lui avait demandé du pain perdu la veille alors c'est ce qu'il allait faire. Il récupéra de la brioche qui avait commencé à durcir, mélangea œuf, lait et sucre et y trempa des tranches. Il mit un peu de beurre au fond de la poêle et attendit qu'elle se mette à chauffer. Puis il fit griller ses pains perdus. Il les empilait dans une assiette quand Teddy apparut dans la cuisine, le visage tout ensommeillé. Il bâilla.

« Cha chens bon, baragouina-t-il.

- Votre demande spéciale a été entendue, petit Lord. »

Les yeux de Teddy s'illuminèrent.

« C'est du pain perdu ? »

Harry lui montra l'assiette et Teddy cria de joie. Il se mit à danser dans la cuisine et partit sur une chanson de pains perdus :

« Pains, pains, pains ! Où sont-ils perdus ? Dans le ventre de moi ! »

Harry rit et lui servit une tranche qu'il recouvrit de sirop d'érable puis de chantilly. Teddy s'installa tout de suite sur la table de la cuisine et la tambourina de ses petits poings.

« Manger, manger, manger !

- Oui, oui. Et voilà, le petit-déjeuner de Maître Teddy est servi. »

Le petit garçon y plongea tout de suite sa cuillère et émit des petits sons de plaisir en dévorant son assiette. Harry éteignit la poêle après avoir fait une dernière tranche et s'installa aux côtés de son fils. Quand ils furent bien avancés sur leur repas, Harry dit :

« On va aller voir Draco aujourd'hui.

- Y dort encore ?

- Non, justement, il va se réveiller.

- Trop bien ! »

Teddy avait pris l'habitude de copier George qui était toujours en train de dire » trop bien ». Harry n'était pas sûr qu'il comprenne vraiment les moments adéquats pour son utilisation…

« Est-ce qu'y aura aussi Mamie Nana ? »

Harry était toujours amusé du surnom que Teddy avait donné à Narcissa. Il attendait avec impatience le moment où il dirait « Papi Lulu » rien que pour voir la tête de Lucius. Mais son fils était encore effrayé par le père Malfoy, ce n'était donc pas près d'arriver.

« Bien sûr, c'est la maman de Draco après tout.

- Est-ce qu'elle sera ta maman aussi quand tu te marieras avec Draco ? »

C'était la deuxième fois en quelques jours qu'on voulait le marier à Draco, qu'est-ce qu'ils avaient tous ?

« Si je me marie avec Draco, Narcissa sera ma belle-mère, pas ma maman.

- C'est quoi belle-mère ? C'est parce que Mamie Nana elle est belle ? C'est une belle maman ? »

Harry ne gagnerait pas.

« C'est une façon de dire qu'elle n'est pas vraiment ma mère mais qu'étant marié à son fils, c'est comme si je l'étais. Narcissa sera ma belle-mère et moi je serai son beau-fils. On rajoute "beau" devant parce que… euh… parce que c'est comme ça.

« Alors quand que tu te marieras avec Draco, ça veut dire que je serais un beau-petit-fils ? »

Harry réprima un rire.

« Non, tu seras juste un petit-fils. »

Le sourire de Teddy disparut et il serra les lèvres.

« Je voulais être un beau-petit-fils… »

Harry passa une main dans les cheveux du garçon.

« Tu n'auras qu'à demander à Narcissa. Je suis sûr qu'elle dira oui.

- Vraiment ? »

Son grand sourire réapparut.

« Oui. Allez, termine ton assiette, il faut qu'on aille à l'hôpital. »

Pendant que Teddy finissait son petit-déjeuner, Harry alla s'habiller et sortir les affaires de son fils. Il prépara également quelques livres d'images et des jeux. Il ne savait pas exactement combien de temps ils allaient devoir attendre. Il redescendit dans la cuisine où Teddy lavait ses mains pleines de sucre et de chantilly.

« Regarde Papa, je fais la vaisselle ! »

O.K., donc il n'était pas en train de se laver les mains. Pourquoi est-ce qu'il y avait autant de mousse ?

« Pourquoi est-ce qu'il y a autant de mousse ? »

Elle envahissait complètement l'évier et commençait même à déborder sur les plans de travail.

« L'éponge, elle moussait pas comme toi alors j'ai mis plein de savon. »

Clairement, même avec toute la bouteille de savon vidée sur la pauvre éponge, il était insensé que cela produise autant de mousse. Celle-ci continuait sa lente progression— non, rapide progression sur le mur et le sol. Harry comprit tout de suite. Teddy avait fait de la magie involontaire. Il chercha dans ses poches sa baguette, la trouva après les avoir toutes faites et la pointa vers le monstre de bulle d'eau qui commençait à recouvrir son fils :

« Finite Incantatem. »

La mousse arrêta sa démarche inéluctable mais ne disparut pas pour autant. Harry soupira. Un nouveau sort plus tard, la cuisine était immaculée. Bon. Point positif, il n'aurait pas besoin de faire le ménage dimanche.

« T'as fait disparaître ma mousse ! se plaignit Teddy.

- Elle devenait trop envahissante. Et puis il faut qu'on y aille. Viens que je t'habille. »

Il regarda son fils d'un œil critique. Il était complètement trempé. Il le fit sécher d'un coup de baguette et Teddy s'en montra très vexé.

« Même que je peux m'habiller tout seul ! »

Il vola ses vêtements des mains de Harry et commença à se déshabiller. Harry eut un sourire indulgent. Teddy s'en sortit plutôt bien jusqu'au moment où il dut enfiler sa chemise dont il avait déjà boutonné tous les boutons. Sa tête se coinça à la sortie et Harry dut venir en grand renfort le sauver. Quelques cheveux se coincèrent dans les boutons et il cria « Aïe, aïe, aïe ». Une fois libéré, Harry appela un auror via cheminette et ils purent partir pour Sainte-Mangouste.

En signant son entrée, Harry remarqua que Narcissa et Lucius étaient déjà arrivés peu de temps auparavant. Tenant la main de Teddy, ils montèrent dans les étages puis arrivèrent devant la chambre de Draco. Harry demanda à l'auror de les laisser et entra à l'intérieur. Teddy lâcha sa main pour foncer sur Narcissa en criant :

« Mamie Nana ! Est-ce que je peux être ton beau-petit-fils ? »

Celle-ci, surprise de le voir d'un coup, écarquilla les yeux puis lui sourit avec douceur. Elle prit Teddy dans ses bras, embrassa sa joue et le posa sur ses genoux.

« Haha, bien sûr que tu peux être mon beau petit-fils. Tu es déjà très beau, d'ailleurs.

- C'est vrai ? sourit-il de toutes ses dents.

- Évidemment. »

Harry sourit au joli tableau qu'ils faisaient tous les deux. Il salua Lucius. Ce que lui avait appris Hermione revint à ce moment-là à sa mémoire et il rougit. Il ne pouvait sûrement pas demander les raisons qui avaient poussé Lucius à faire cela. C'était beaucoup trop gênant, rien que d'y penser. Lucius mit fin à ses pensées en disant :

« La médico-sorcière est passée tout à l'heure pour lever le sort. Il ne devrait pas tarder à se réveiller. »

Harry posa son regard sur Draco, toujours aussi endormi que ces dernières semaines. Il chercha quelque chose, quelque part qui indiquerait qu'il allait bientôt ouvrir les yeux mais ne trouva rien. Il allait falloir attendre la nature, semblait-il. Il s'installa sur l'un des sièges, regardant Lucius regarder sa femme qui lisait un livre d'image à Teddy. Harry lisait un instinct protecteur sur son visage, ainsi que de l'affection. Comme quoi, il avait fini par apprécier son fils. Il sortit un jeu de cartes et proposa une partie au père de l'homme qu'il aimait. Ça serait bien s'ils finissaient par former une véritable famille.

Ils passèrent le temps ainsi. Le soleil monta plus haut dans le ciel, recouvrant la chambre d'hôpital de son manteau doré. C'était un beau jour de janvier. Lorsqu'un rayon tomba sur le visage de Draco, ses paupières cillèrent. Tous les regards se tournèrent vers le corps qui se réveillait. Teddy sauta sur le lit avant qu'on ne puisse l'en empêcher. Il se roula en boule à la façon d'un chat et regarda fixement Draco. Il n'était pas installé sur ce dernier donc on ne le fit pas descendre.

Draco cligna des yeux. Une fois, deux fois. Il fronça les sourcils et regarda lentement autour de lui. Narcissa fut la première personne qu'il vit distinctement.

« Maman ? » croassa-t-il.

Sa voix était toute rouillée et si petite… Des larmes coulèrent sur les joues de Narcissa et elle se jeta sur son fils avec un gros sanglot. Elle l'enlaça contre lui.

« Mon fils ! Mon tout petit fils ! »

Harry sentit les larmes lui monter aux yeux à lui aussi. Lucius s'approcha et posa une main affectueuse sur l'épaule de sa femme. Une unique larme s'échappa de ses yeux. Teddy regarda Harry, l'air de dire » Qu'est-ce qu'il se passe ? ». Harry prit délicatement la main de Draco et lui sourit. Celui-ci, juste un peu desserré de l'étreinte de sa mère, plongea ses yeux dans les siens et lui fit un petit sourire un peu perdu. Teddy caressa gentiment les couvertures recouvrant les jambes de Draco. Après avoir regardé tout autour de lui, Draco dit :

« Où… où est Pansy ? »

Tout le monde se regarda, incertain. Pansy ? Pourquoi parlait-il de Pansy ? Draco se redressa sur ses coudes. Narcissa l'aida à mieux s'installer dans son oreiller.

« Je crois l'avoir vu s'enfuir mais je ne suis pas sûr… Est-ce qu'elle s'en est sorti ? »

Lucius fut le premier à se reprendre.

« Ton amie va bien, fils. Elle est même venue te voir il y a quelques jours.

- … Quelques jours ? »

Narcissa serra son épaule. Son visage se fit triste.

« Mon tout petit… tu as été dans le coma pendant presque trois semaines.

- Deux semaines et quatre jours », précisa Harry.

Le choc envahit le visage de Draco.

« Ce… ce n'est pas possible.

- Tu as été attaqué lors du bal du nouvel an, lui expliqua Lucius. Ton ami Zabini est à peu près certain que c'est l'œuvre d'autres invités et non des mangemorts.

- Des mangemorts… »

Draco semblait complètement perdu. Lucius s'assit sur le bord du lit et prit la main de son fils. Ce dernier sembla alors se rendre compte pour la première fois les quelques plumes qui restaient sur ses bras.

« De quoi te rappelles-tu ? s'enquit gentiment Lucius.

- Il y a eu des explosions… »

Le regard de Draco se perdit.

« J'ai faim, dit-il soudainement.

- Je vais demander qu'on t'apporte quelque chose », proposa aussitôt Narcissa.

Elle se leva, appliqua une dernière pression au bras de Draco et quitta la chambre.

« Tu nous raconteras tout après manger, d'accord ? » dit Lucius.

Son ton laissait tout de même sous-entendre qu'il comptait bien tirer les vers du nez à son fils.

« Comment tu te sens ? demanda Harry.

- Déboussolé… »

Draco se mit à tousser et il porta sa main à la gorge. Harry produisit aussitôt un verre d'eau et le tendit à Draco.

« Tu peux le tenir tout seul ?

- Je peux quand même boire tout seul, Harry », lança-t-il avec mécontentement.

Il prit le verre et but à grande goulée. Mais ses mains tremblaient et il renversa un peu d'eau sur sa tenue d'hôpital. Draco soupira. Teddy attira son attention :

« Dracooo, si Mamie Nana est la belle-mère de papa, est-ce que ça veut dire que tu es le beau-papa de moi ?

- Quoi ?! »

Draco vissa son regard sur Harry alors que Lucius laissait échapper un rire.

« Depuis quand on est marié ? »

Harry explosa de rire.

« On ne l'est pas. C'est juste la nouvelle obsession de Teddy depuis ce matin.

- Ouf… j'ai cru que j'étais victime d'amnésie en plus de tout ça. Cela m'aurait vraiment déçu d'avoir oublié qu'on soit marié. »

Harry rougit. La conversation dérivait sur un terrain qu'il n'était pas sûr de vouloir aborder devant son fils et le père de son petit ami.

« Pourquoi que vous êtes pas marié ? intervint évidemment Teddy.

- Parce que c'est une décision à laquelle il faut beaucoup réfléchir et on n'en a encore jamais parlé tous les deux, répondit Harry du tac au tac.

- Comme quand j'ai dû décider les fleurs que Mamie elle aimait pour qu'elle ne se sente pas seule ? »

La tristesse des funérailles d'Andromeda lui revint en mémoire.

« Oui, une grosse décision comme ça, dit-il avec peine.

- Ma tante… » commença Draco.

Harry planta ses yeux dans les siens. Draco comprit de lui-même. Ses sourcils se froncèrent.

« Comment ?

- Lors de l'attentat au chemin de Traverse.

- Le chemin de Traverse… Là aussi ?

- Ils ont attaqué tous les endroits majeurs. Seul le stade de Quidditch s'en est sorti sans dommage.

- Ça a dû être horrible, compatit Draco.

- Parle pour toi. Sais-tu ce qui t'es arrivé ?

- J'ai été ensorcelé…

- Les médico-sorciers ont eu beaucoup de mal à renverser les sorts », précisa Lucius.

Draco regarda ses bras déplumés.

« C'est pour ça que j'ai… des plumes ?

- Il y a deux semaines, tu avais des serres en guise de main », acquiesça Harry.

La douleur se peignit sur le visage de Draco. Il ferma les poings et les yeux.

« Ça va ? s'inquiéta Harry.

- Non…

- Où as-tu mal ? voulut savoir Lucius.

- Je n'ai pas mal… C'est juste, toute cette situation. »

Harry caressa gentiment le dos de sa main et lui fit un sourire compatissant.

« Ça va passer. Je te promets que tout ira mieux. »

Draco lui sourit sarcastiquement. Narcissa réapparut à ce moment-là et dit :

« J'ai demandé à un infirmier, on t'apportera bientôt un repas, mon chéri. »

Elle passa une main douce dans les cheveux blonds de son fils puis grimaça.

« Je crois que tu as besoin d'un bon bain également. Les gants de toilettes ne font pas tout. Et regarde-moi ces cheveux, ils sont d'un terne !

- Merci mère, tes commentaires sur mon physique m'avaient manqué, rit narquoisement Draco.

- Maintenant que ta mère est là, intervint Lucius, peux-tu nous raconter ce qu'il t'est arrivé ? »

Draco se rassit plus confortablement dans le lit d'hôpital. Il engloba son audience du regard puis se posa sur Teddy.

« Est-ce vraiment une bonne idée d'en parler devant le petit ? »

Tous les yeux se tournèrent sur l'enfant. Celui-ci, comprenant qu'on parlait de lui, s'énerva :

« Moi aussi je veux écouter l'histoire. »

Il croisa les bras pour faire bonne mesure. Harry se pencha vers lui :

« Draco a raison mon chéri. Tu es trop jeune pour entendre tout ça.

- C'est pas juste ! Moi aussi je suis grand ! Regarde, fit-il en dépliant ses doigts, j'ai trois ans.

- Oh, mais regardez l'heure, s'exclama Narcissa avec entrain. C'est l'heure de manger ! Ta Mamie Molly doit t'avoir préparé un bon repas, pas vrai Teddy ? »

Teddy plissa les yeux. Il regarda Narcissa avec suspicion mais l'attrait d'un repas était sans appel. Cet enfant finirait à Poufsouffle, c'était obligé. Teddy se tourna vers Harry, les yeux brillants :

« Est-ce qu'on va manger ?

- Oui ! acquiesça Harry, sautant sur l'occasion. Viens, je vais te ramener chez ta mamie. »

Harry échangea un regard avec les Malfoy. Lucius hocha la tête. Ils attendraient qu'il revienne.

« Manger ! » s'écria Teddy.

Harry prévint l'auror attendant devant la porte qu'ils allaient au Terrier et quelques minutes plus tard, un Teddy très déçu de comprendre que Harry ne mangerait pas avec lui fit une grosse crise de nerf. Ce fut Arthur qui l'aida à se calmer et à lui expliquer les choses simplement. Harry le remercia et revint à l'hôpital.

« Désolé de vous avoir fait attendre », dit-il en tirant les rideaux derrière lui.

Il s'installa au plus près de Draco. Celui-ci avait reçu son plateau-repas et le mangeait sur la tablette flottant devant lui. Narcissa tendit un plateau à Harry.

« Nous t'avons pris à manger aussi. »

Harry la remercia et toute la petite famille se mit à manger dans le décor froid de l'hôpital.

« J'imagine qu'il faut que je vous raconte maintenant, commença Draco.

- Oui, s'il te plaît », dit Lucius.

Draco se racla la gorge et prit une gorgée de son verre d'eau.

« Je commence par où ?

- Quand il y a eu les explosions ? proposa Narcissa. C'est à partir de là qu'on ne t'a plus vu. Pourquoi est-ce que tu n'as pas transplané à la maison ?

- Je vous cherchais en fait… ça ne m'est pas venu à l'esprit que vous soyez partis.

- Ton ami Zabini est persuadé que ce ne sont pas des mangemorts qui t'ont attaqué mais des sorciers lambda, intervint Lucius. Est-ce vrai ? On ne comprend pas trop comment il en est venu à cette conclusion.

- C'est pas parce que les mangemorts ont presque tout de suite été arrêtés ? réfléchit Harry. Et que c'est arrivé trop tard pour que ce soit eux qui l'aient fait ?

- Je peux répondre ? ironisa Draco.

- Oui, laissez-le parler, approuva Narcissa.

- Pour répondre à ta question, père, oui, ce ne sont pas des mangemorts qui m'ont attaqué. C'est… Ah, non, vous comprendrez mieux si j'explique tout.

- Vas-y », l'encouragea Harry.

Draco mangea une nouvelle bouchée et se gratta la tête.

« Donc… dit-il. Il y a eu l'explosion et il y a eu plein de monde qui criait et se bousculait. Je vous ai perdu de vue. Alors je me suis mis à votre recherche. »

Il grimaça.

« Je me suis retrouvé dans les couloirs. Et il n'y avait presque plus personne. Puis j'ai vu Pansy se faire traîner par trois hommes. »

Il frissonna.

« Miss Parkinson ? » s'étonna Lucius.

Draco l'ignora et continua :

« Nous ne nous parlions plus depuis un moment mais je ne pouvais pas la laisser comme ça. Elle criait et se débattait. »

Ses traits se durcirent et il serra les poings.

« Je ne sais pas ce qu'ils comptaient lui faire mais je me suis interposé. Elle n'avait plus sa baguette, elle ne pouvait rien faire. J'en ai pétrifié un et les autres se sont retournés contre moi. J'ai crié à Pansy de s'enfuir et je crois qu'elle a réussi à s'échapper. Je me suis battu avec les deux autres mais ils m'ont pris par surprise. Après, je sais que j'ai été touché par plusieurs sort et je n'arrivais plus à respirer et je me suis évanoui. J'imagine qu'ils se sont enfuis. »

Draco laissa échapper un gros soupir, sûrement la seule chose qui l'empêchait de se mettre à pleurer nerveusement. Narcissa caressa tendrement ses bras.

« C'est fini, le rassura-t-elle. Tu es là maintenant, sauf.

- Donc ce n'était pas une vendetta contre toi… conclut Lucius.

- Peut-être que ça l'était contre Parkinson, supposa Harry.

- Est-ce que tu réussirais à décrire ces hommes ? s'enquit Lucius. Leurs actions ne peuvent pas rester impunies.

- Je… crois. Je t'avoue que mes souvenirs sont un peu flous.

- Essayons toujours. Harry, pouvez-vous aller chercher votre auror ?

- Lucius, gronda Narcissa, est-ce que cela ne peut pas attendre la fin du repas. Ton fils n'a pas besoin de tout ce stress maintenant. »

Lucius, touché par une colère froide depuis le récit de son fils, se radoucit aussitôt.

« Oui, oui tu as raison ma chère. Excuse-moi. Termine ton repas, Draco, et dis-nous s'il y a quoi que ce soit qui te ferait plaisir. »

Celui-ci eut un petit sourire.

« Je sais que le médico-sorcier a dit d'éviter tout sucre mais… j'ai très envie d'un cheesecake. Juste une toute petite part ?

- Fait. Je vais te chercher ça tout de suite. »

Lucius se leva de son siège, faisant nonchalamment disparaître son plateau vide et quitta la chambre. Narcissa se pencha vers son fils.

« Excuse ton père. Il est sur les nerfs depuis ton hospitalisation.

- Je ne lui en veux pas, la rassura-t-il. Harry, explique-moi ce qu'il s'est passé. Et comment ma tante est… morte. S'il te plaît. »

Il semblait si mal à l'aise. Tant de choses, tant de nouveautés. Tant de mauvaises nouvelles. Harry se lança dans son récit, lissant le plus qu'il pouvait les événements. Il ne voulait pas rendre Draco malade. Lucius revint pendant qu'il racontait et offrit joyeusement la part de gâteau à Draco qui la mangea en silence. Quand Harry eut terminé son histoire, Draco resta pensif un moment avant de dire :

« Je ne comprends pas comment les mangemorts peuvent – comment j'ai pu ! – être aussi intolérants envers les nés-moldus. Ils ont mis fin à la vie de tellement de personnes qui n'avaient rien à voir. Juste pour faire passer leurs idées et apeurer une partie de la population contre une autre… Ça me dégoûte. Harry… je ne comprends même pas comment Hermione peut accepter d'être amie avec moi.

- Elle sait que tu as changé, le rassura-t-il aussitôt. Et aussi, tu es le seul à suivre ses délires intellectuels, finit-il en riant. Elle ne se passerait de toi pour rien au monde. »

Un petit sourire revint sur les lèvres de Draco.

« Merci. »

Sans même s'inquiéter des parents de Draco qui les regardaient, Harry embrassa gentiment ses lèvres. Draco rougit et Harry dit :

« Je suis juste content que tu sois là, bien vivant. J'ai eu terriblement peur pour toi. »

Lucius se racla la gorge.

« Est-ce que nous pouvons faire appel à votre auror, Harry ?

- Ah, oui, bien sûr.

- Ton auror ? » nota Draco.

Harry lui fit un sourire contrit.

« Je t'expliquerai plus tard. »

Il se leva, ouvrit la porte et demanda à l'auror :

« Excusez-moi, est-ce que vous pouvez nous rejoindre, s'il vous plaît. »

L'auror acquiesça après un froncement de sourcil et Harry le fit entrer dans la chambre, vers le lit de Draco. Lucius fit les explications :

« Mon fils est prêt à faire un descriptif des hommes qui l'ont attaqué.

- Hm… ce n'est pas pour ça que je suis là, rappela l'auror.

- Mais puisque vous êtes là, pointa Harry, autant le faire, non ? Ça sera plus simple que d'aller faire une demande au bureau.

- Eh bien… j'imagine que oui. Mais ce n'est pas très réglementaire.

- Est-ce que cela pose véritablement problème ? demanda Lucius, la parfaite image de l'homme qui ne voulait pas gêner les autres.

- Non, non, pas tant que ça », se reprit immédiatement l'auror.

Il s'installa sur un des fauteuils et produisit un carnet. Il regarda un instant Harry et commença :

« Bien, Monsieur Malfoy, pouvez-vous me dire qui vous a attaqué ?

- Je ne les connaissais pas. C'étaient trois hommes, la quarantaine. Ils étaient tous plutôt normaux…

- Pas de signes distinctifs ? La couleur des yeux, même des cheveux peuvent aider à les rechercher, Monsieur Malfoy.

- Les yeux, je ne sais pas mais ils avaient tous les cheveux bruns.

- Hm, ça n'aide pas beaucoup. Des éléments qui vous ont surpris peut-être ? »

Draco secoua la tête. Harry le vit réfléchir à toute vitesse, faisant marcher les engrenages de sa mémoire.

« C'est un peu confus, avoua-t-il. Mais je crois que l'un d'eux avait une baguette en orme…

- En orme ? Très bien, cela diminuera le champ de recherche. Rien d'autre ?

- … Non. Peut-être que Pansy Parkinson pourra vous donner plus de détails.

- Pansy Parkinson ? La nièce de l'auror Isobel Parkinson ? »

Lucius hocha la tête pour répondre.

« C'est elle qui se faisait attaquer par ces hommes quand je me suis interposé », précisa Draco.

L'auror nota précipitamment quelque chose dans son carnet et dit :

« De ce que je sache, elle ne s'est pas présentée au bureau pour porter plainte.

- Peut-être a-t-elle ses propres raisons pour ne pas l'avoir fait ? suggéra avec délicatesse Narcissa.

- C'est tout de même étrange ! pointa Lucius.

- Je demanderai à Mrs Parkinson, proposa l'auror. Peut-être pourra-t-elle en apprendre plus. »

Et l'interrogation s'arrêta là car une médico-sorcière apparut et fit toute une batterie de test à Draco. N'ayant pas été congédié, l'auror resta malaisément dans les environs.

« Pensez-vous pouvoir marcher ? demanda la soigneuse à Draco.

- Bien sûr. »

Il repoussa ses couvertures et posa ses pieds nus sur le sol, frissonnant en les trouvant froids. Il se leva, fit deux pas, se fit un croche-pied et serait tombé si la médico-sorcière n'avait pas été là pour le récupérer.

« Mes pieds », fit Draco avec incrédulité.

La soigneuse fronça les yeux et força Draco à se rasseoir. Elle sortit sa baguette et lança un sort sur ses jambes.

« Levez la jambe droite. »

Draco leva la jambe gauche. Il regarda ses jambes comme si elles venaient de le trahir. Il leva à nouveau la jambe gauche.

« Je ne comprends pas, bredouilla-t-il. Je me sens lever la jambe droite pourtant…

- Visiblement, il restait un maléfice que nous n'avons pas repéré. Vos jambes ont été inversées.

- Qu'est-ce que cela veut dire ? s'inquiéta Lucius, prenant la main de sa femme.

- Cela veut dire que votre cerveau croit que votre jambe gauche est votre droite et votre droite votre gauche, s'adressa-t-elle à Draco. C'est un maléfice miroir. Physiquement, vos jambes sont tout à fait normales, c'est juste votre cerveau qui envoie des données incorrectes.

- Comment est-ce qu'on s'en débarrasse ? s'énerva Draco.

- La marche. Il vous faut marcher, tout simplement. Plus vous marcherez, plus votre cerveau remettra les connexions en marche.

- Pendant combien de temps ? s'enquit Narcissa.

- Oh, d'ici une semaine. »

Le soulagement assouplit les traits de la mère de Draco. Mais la tristesse envahit sa voix quand elle parla :

« Nous qui espérions te voir à la maison dès lundi.

- Et moi donc, marmonna Draco, amer.

- Ce n'est pas grave, dit-elle, passant une main maternelle dans ses cheveux blonds. Ce n'est que repoussé. »

o0O0o

Harry discutait avec Neville, attendant que le professeur veuille bien arriver et leur ouvrir la salle de cours. Cet auror avait tendance à arriver en retard mais si c'était un élève qui était en retard… ça ne rigolait plus. Harry détestait commencer le lundi matin par ce prof. Surtout qu'il avait une légère tendance à les attaquer par surprise pour « vérifier leurs réflexes ». Bref, quelqu'un qui abusait de son pouvoir.

Un auror arriva et les élèves mirent fin à leur conversation mais fausse alerte, c'était Julian. Il s'arrêta devant Harry. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Harry le salua et Julian dit :

« Je viens te chercher Harry. Robards veut te voir dans son bureau. »

Harry fronça les sourcils.

« J'ai fait quelque chose ?

- Non, pas vraiment. Viens, tu comprendras.

- Mais, mon cours…

- Tu es dispensé, c'est important Harry. »

Intrigué, Harry mit son sac sur le dos et fit promettre à Neville d'expliquer la raison de son absence. Il suivit Julian jusqu'au bureau du directeur des aurors. Son mentor entra avec lui et ferma la porte derrière eux.

« Ah, Harry, bonjour ! Assieds-toi. Toi aussi, Julian. »

Harry s'exécuta. Que pouvait bien lui vouloir Gawain Robards ? Ah ! Peut-être qu'il allait enfin mettre fin à sa garde rapprochée ? Mais ça n'expliquait pas pourquoi Julian était là.

« Ah, Harry. Il semblerait que tu ne nous aies pas tout dit. »

Harry fronça les sourcils. De quoi parlait-il ? Julian intervint :

« Il ne pensait peut-être pas que c'était important ?

- De quoi parlez-vous ? s'impatienta Harry.

- Ah Harry, de ta relation avec Draco Malfoy, héritier de la famille Malfoy, bien sûr. Quelle est-elle exactement ? »

Cela coupa le clapet à Harry. Évidemment. Évidemment que ça allait finir par amener des soupçons. Il ne se cachait pas, se rappela-t-il brusquement. Il ne cachait pas sa relation avec Draco. Il ne le criait juste pas sur tous les toits. Mais il n'aimait pas que son travail s'occupe de sa vie privée.

« Qu'est-ce que cela peut vous faire ? C'est ma vie privée.

- Ah Harry, ça ne l'est plus lorsque l'on doit te protéger. N'importe quel élément de ta vie peut être retourné contre toi. Ces mangemorts sont capables de tout. Donc quelle est ta ra relation avec Mr Malfoy ? »

Harry soupira et regarda ses pieds. Il n'avait pas envie de parler de sa relation avec son patron… Julian prit gentiment la parole :

« À peu près tout le bureau t'a surveillé ces dernières semaines, Harry. Même si certains ne divulguent rien sur les personnes qu'ils protègent, d'autres considèrent qu'entre collègue de bureau – qui t'ont eux aussi surveillé – discuter ne fait pas bien mal. Tu vas voir Mr Malfoy tous les jours, beaucoup en concluent que cela ne peut pas être une simple amitié.

- Si vous craignez pour votre sécurité, sachez que nous sommes là pour vous protéger, ajouta Robards.

- Quoi ? Vous ne croyez quand même ce que disent les journaux ? Draco ne me menace pas. »

Harry croisa les bras. Oh, ça l'énervait !

« Nous ne disons rien de tel, le calma Julian, en jetant un regard au directeur. Nous voulons juste savoir ce qu'il en est. »

Harry regarda son mentor. Il faisait confiance à Julian. On ne le laisserait pas partir tant qu'il n'aurait pas craché le morceau en tout cas. Il soupira.

« On sort ensemble.

- Vous… s'étonna Julian.

- Vous sortez ensemble ? » répéta Robards, incrédule.

Harry grimaça.

« Ça explique beaucoup de choses, fit Julian, penseur.

- C'est un ancien mangemort ! » s'abasourdi Robards.

Harry tiqua.

« Il l'a été parce qu'il ne connaissait pas mieux et n'avait pas vraiment le choix ! Ne faites pas comme si vous savez tout mieux que moi, Monsieur. »

Robards eut le mérite de paraître mal à l'aise.

« Bien, hum, nous allons donc prendre des décisions en conséquence, ah.

- Comment ça ?

- Nous allons attribuer un autre auror pour protéger Mr Malfoy, le temps que ta protection à toi Harry se termine.

- C'est la dernière semaine, n'est-ce pas ? vérifia Harry.

- Ah Harry, non. Jusqu'à la fin de janvier. Il te reste encore la semaine prochaine puis nous envisagerons si tu as encore besoin de protection à ce moment-là.

- Je vois… »

Harry ne le sentait pas trop. Il allait finir avec des aurors aux pieds jusqu'à la fin de sa vie si ça continuait. Il devrait prouver qu'il n'avait pas besoin d'escorte. Mais si pour l'instant, cela signifiait que quelqu'un protègerait Draco, il était prêt à l'endurer encore un peu plus.


Et c'est la fin d'un nouveau chapitre ! J'espère que vous l'avez apprécié, on se retrouve le mois prochain (en croisant les doigts pour que notre déesse à toute, Inspiration, veuille bien me visiter).

Chali