Bonjour à tous. Ça y est, j'ai enfin terminé le chapitre. Je suis désolée pour le retard qu'il a pris, j'espère que le début du chapitre que j'avais mis sur mon blog vous aura fait patienter. Je vais essayer de ne pas me retrouver dans cette même situation pour le mois prochain ! (Février est si court, si j'avais eu ces deux petits jours supplémentaires… et encore, on est en année bissextile). Bon, je ne vous retiens pas plus, bonne lecture !
Chanson de fond : Stranded Lullaby de Miracle Musical
Chapitre 18 : Passé, présent
Harry cligna des yeux vers le plafond. Ils étaient tout sec de sommeil. Pourquoi s'était-il réveillé ? La réponse lui parvint par des petits sanglots à sa droite. Il se rapprocha de Teddy et le prit dans ses bras.
« Pourquoi tu pleures mon chéri ?
- Ma… Ma… Mamie. »
Son cœur se serra. Il caressa les cheveux de son fils.
« C'est normal que tu sois triste pour ta mamie. Tu peux pleurer autant que tu en as besoin, je suis là pour toi.
- Mais mamie… elle est plus là… sanglota Teddy.
- Je sais, chuchota Harry. C'est très dur de perdre quelqu'un qu'on aime. »
Teddy continua à pleurer et Harry à le consoler. Un enfant pouvait pleurer beaucoup plus longtemps qu'un adulte. Harry comprit cela cette nuit-là lorsque les minutes passèrent et que Teddy ne montra pas signe de se calmer.
« Tu veux manger ? Je peux te faire ce que tu veux, paniqua Harry.
- Ou… Oui. »
Harry soupira intérieurement de soulagement. Ça, il pouvait faire.
« Viens, on va aller dans la cuisine. »
Harry prit Teddy dans ses bras et les conduisit en bas. En voyant de la lumière dans la pièce qu'il était certain d'avoir éteinte avant de se coucher, Harry fronça les sourcils. Il ouvrit précautionneusement la porte. Une silhouette se tenait prostrée au milieu de la cuisine.
« Kreattur ? »
L'elfe de maison bougea une oreille et se tourna lentement vers Harry. Il avait une clémentine dans les mains.
« Maître… »
Sa voix n'était plus qu'un filet. Plus rien ne lui ressemblait. Il paraissait si… vieux.
« Où étais-tu passé ? Je ne t'ai pas vu depuis… depuis octobre !
- Le maître a-t-il eu besoin de Kreattur ? Kreattur est vieux Monsieur. Il faisait son nid. »
Harry se rappela la lointaine conversation qu'il avait eue avec Draco et son cœur se serra.
« Comment peux-tu être aussi certain que tu vas… »
Il ne voulait pas dire « mourir » devant Teddy. Teddy qui avait arrêté de sangloter en voyant l'elfe. Kreattur était intelligent, il comprit ce qu'il n'osait dire.
« Mon heure approche, Monsieur. Kreattur est désolé de devoir mettre fin à son service mais il est temps. »
Un vertige prit Harry.
« Est-ce que… Est-ce que tu préfères être seul ? Est-ce que tu veux que je reste à tes côtés ?
- Un elfe de maison se rend à la magie seul, Monsieur. C'est la tradition.
- Mais est-ce que c'est ce que tu veux ?
- Kreattur aime la tradition et veut respecter la tradition.
- Je comprends. »
Ça n'en était pas moins dur. Il s'était attaché à l'elfe de maison. Certes, il avait disparu de son champ de vision ces derniers mois mais il faisait partie de son environnement, il ne pouvait pas partir lui aussi. Le dernier élément de la vie de Sirius. Il serait véritablement seul chez lui alors. Il était égoïste. Kreattur demandait une chose pour lui-même et il ne voulait pas la lui donner.
« Dans… combien de temps ?
- Bientôt, Monsieur. La fin de la semaine.
- La fin de la semaine… »
Si tôt ? Harry déposa Teddy sur un plan de travail.
« As-tu… des dernières volontés ?
- J'en ai une, Monsieur. Kreattur voudrait que le maître lui fasse comme aux autres elfes de maison de cette famille. »
Harry retint un bruit de dégoût. Il voulait qu'il lui… coupe la tête ? Ça avait été suffisamment gore de les retirer du couloir.
« Il est hors de question que je fasse ça.
- C'est la dernière volonté de Kreattur, Monsieur. C'est la tradition. Kreattur aime la tradition et veut respecter la tradition.
- Je suis désolé, Kreattur, je ne peux pas faire ça.
- Le maître est ami des Malfoy, n'est-ce pas ? Le maître pourrait leur demander de le faire à sa place ? proposa-t-il.
- Les Malfoy ne pratiquent pas cette tradition.
- Kreattur le sait mais leurs elfes pourraient le faire pour Kreattur.
- Je… non !
- Demandez-leur, s'il vous plaît, Monsieur. »
Kreattur semblait déterminé à vouloir « respecter la tradition ». Sauf que la tradition était absurde, ridiculement vieille et… et ce n'était pas bien de décapiter des êtres vivants ! Même s'ils étaient morts. Harry ne pouvait pas faire ça. Et il ne voulait certainement pas demander à des innocents de le faire à sa place. C'était peut-être la dernière volonté de Kreattur mais il avait sa propre dignité !
« Non, Kreattur, je ne le fais pas. »
L'elfe de maison baissa les yeux.
« Kreattur comprend. »
o0O0o
« Comment avancent tes exercices ?
- Très bien ! se réjouit Draco. J'ai presque repris le contrôle de mes pieds. Je vais bientôt pouvoir sortir et enfin rentrer chez moi.
- Tu sais quand tu reprends le travail ? » demanda Harry.
Draco secoua négativement la tête.
« On m'a "encouragé" à prendre mon temps pour me reposer. Je crois surtout qu'ils veulent éviter de revoir tout de suite ma tête.
- Pourquoi ils feraient ça ?
- Tu me demandes sérieusement ? »
Draco était un peu sur les nerfs depuis son réveil. Bon, en soi, Harry comprenait. Mais il préférait quand il n'était pas la cible de l'irritation du blond. Il posa ses bras sur la table de la cafétéria où ils s'étaient retrouvés et dit :
« Oui, je te demande sérieusement. Pourquoi ?
- Parce que j'ai été un mangemort et que les mangemorts n'ont pas une très bonne publicité en ce moment et qu'ils veulent éviter de montrer un mangemort dans les rangs de la justice magique, s'énerva Draco en appuyant fortement sur chaque itération de "mangemort".
- Tu n'es plus un mangemort, Draco.
- Oui, mais je l'ai été et pour la société, ça sera toujours le cas. »
Bien, ils étaient dans le fond du problème.
« Les gens oublieront, Draco. Ça prendra peut-être un peu de temps mais ils oublieront. Et il ne tient qu'à toi de te montrer sous ton meilleur jour. Regarde ton père, il est toujours en train de faire des dons à droite et à gauche. Bientôt tout le monde finira par se dire que c'est un chic type qui donne aux pauvres et fait avancer la science. Moi, je te dis, tu es un peu parano sur les bords, chéri. »
Draco fit une moue.
« Toi, tu ne penses pas que mon père est un "chic type".
- Nous savons tous les deux que Lucius me fait peur et que je ne peux pas le voir autrement », dit Harry avec le plus grand sérieux.
Cela eut le mérite de faire rire son petit ami.
« Accepte ces vacances, ça ne peut que te faire du bien. Tu ne te plaignais pas la dernière fois que tu n'en avais pas assez ? »
Draco fit la moue, ne voulant pas reconnaître que Harry avait raison. À un autre moment, Harry l'aurait forcé à avouer qu'il avait raison mais il y avait quelque chose dont il devait parler d'abord.
« J'ai besoin de ton avis, annonça-t-il à Draco.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Kreattur m'a appris qu'il ne vivrait pas au-delà de cette semaine.
- Ton elfe de maison ? s'étonna Draco. Ah oui… il n'était plus vraiment dans les environs… Tu veux que l'on envoie un de nos elfes l'aider à faire ses affaires ? Ce n'est pas quelque chose dont est censé s'occuper un sorcier.
- Ah bon ?
- Oui, la mort d'un elfe est quelque chose de très sacré pour eux. Ce n'est pas très correct qu'un sorcier s'en mêle.
- Oh, je vois… Je veux bien de l'aide d'un de tes elfes alors, si ça ne les dérange pas.
- Ne t'inquiète pas pour ça ! déclara Draco en balayant sa main.
- Mais ce n'était pas vraiment pour ça que j'avais besoin de tes conseils. »
Draco se rassit dans son siège et d'un haussement de sourcil l'invita à développer.
« Kreattur m'a demandé… (Il soupira.) Il m'a demandé de lui couper la tête, comme cela avait été fait pour les autres elfes de la maison.
- Ouh… j'avais toujours cru que c'était une rumeur. Les Black faisaient vraiment ça ? Ma mère n'a jamais voulu me divulguer leurs secrets.
- Donc ce n'est pas une pratique courante, comprit Harry.
- C'est extrêmement archaïque oui. Mais chaque famille a toujours géré ses elfes à sa propre façon. Ce qui veut dire que beaucoup de choses étaient tenues secrètes.
- Qu'est-ce que je fais alors ? Il est hors de question que je coupe la tête de Kreattur.
- Je suis bien d'accord. Tu n'as qu'à mentir en disant que tu le feras sauf que tu ne le feras pas.
- Je ne vais pas mentir ! s'insurgea Harry.
- Et pourquoi pas ? Il sera mort de toute façon, ce n'est pas comme s'il pouvait savoir si tu as réalisé ta promesse ou non.
- Ce n'est pas correct.
- Cela apaisera son esprit », contra Draco.
Il n'avait pas tort. Mais au fond de lui, Harry ne pouvait s'empêcher de trouver cela sans morale. Ce n'était pas juste de faire une chose pareille. Draco soupira et prit les doigts de Harry. Plus aucune plume ne recouvrait ses bras mais un fin duvet apparaissait çà et là.
« Si tu ne mens pas, vas-tu le décapiter ? Il te faut choisir, mon amour.
- Je… je ne peux pas mentir sur les dernières volontés de quelqu'un, c'est mal.
- Donc tu vas lui couper la tête ? s'étonna Draco.
- Je ne sais pas… J'imagine que je n'ai pas le choix. »
Draco grimaça et déposa son autre main sur celles de Harry.
« Si tu as besoin que je sois là, je le serai. Ne compte pas sur moi pour regarder par contre.
- Mais tu seras encore à l'hôpital. »
Draco réfléchit puis dit :
« Demande à mon père. Il t'aidera. »
S'il y avait bien quelque chose que Harry n'avait pas envie de faire, c'était de décapiter un elfe de maison en compagnie de Lucius Malfoy !
« Ne fais pas cette tête, je suis sûr qu'il n'aura aucun problème pour t'aider.
- Si tu le dis… »
Dans quoi s'était-il lancé ? Non, non, non, il n'allait pas couper la tête de Kreattur. C'était horrible.
« Ah ! non, je ne peux pas
- Alors ne le fais pas, dit Draco avec évidence.
- C'est un choix cornélien !
- Tu trouves ? » s'étonna-t-il.
Harry soupira. Draco ne semblait pas comprendre son raisonnement.
« Amour, tu te prends trop la tête. Tu devrais y réfléchir un peu plus, après une bonne nuit de sommeil.
- Oui… j'imagine.
- Et honnêtement, parles-en à mon père, il saura mieux gérer ces vieilles traditions bizarres. »
Harry prit véritablement son conseil en compte. Il était incapable de parvenir à une décision et finalement Lucius était peut-être le plus à même à l'aider à se décider.
« D'accord, je vais voir avec lui. »
Un grand sourire envahit le visage de Draco. Si en plus, il pouvait lui faire plaisir en voyant son père, c'était toujours ça de gagné.
« Bon, maintenant que ça, c'est vu, est-ce qu'on pourrait discuter d'autre chose ? demanda Harry.
- Oui, bien sûr ! De quoi tu veux parler ?
- De notre rendez-vous. Celui que tu es censé choisir et où on fera tout ce que tu veux. »
Les oreilles de Draco rosirent gentiment.
« Ça fait un moment qu'on est censé faire ça, c'est vrai. J'aimerais bien faire une visite…
- Plus d'exposition de peinture, s'il te plaît.
- Haha, non. J'aimerais visiter un château ou quelque chose comme ça. Et que ce soit un endroit pas trop fréquenté.
- Pourquoi pas la France ? Ils en ont des châteaux là-bas et – moi, je ne sais pas – toi, on ne te reconnaîtra pas.
- Oh oui la France, ça fait quelques années que je n'y suis pas allé, se rappela Draco. On pourrait aller dans notre castel.
- Votre… combien vous avez de propriétés ? s'éberlua Harry.
- Eh bien quelques-unes, pas énormément non plus. »
Harry était sur le cul – et on était encore poli !
« Quelques-unes ? Mais… Mais… Vous n'en avez même pas besoin d'autant !
- Mais si, regarde, quand on veut passer du temps quelque part. C'est bien pratique.
- Mais… non… on peut aller dans un hôtel, chais pas.
- Un hôtel ? »
Draco éclata de rire, comme s'il lui était impossible d'envisager l'idée que des gens puissent aller à l'hôtel. À un hôtel cinq étoiles peut-être… mais le reste… Harry se fit une raison. C'était de la famille Malfoy dont on parlait. Ils vivaient dans un autre monde. Un monde dans lequel Harry était entré maintenant. Il ne savait pas s'il était capable de faire face à toute cette richesse. C'était… quelque chose.
« Très bien, rationnalisa-t-il. Tu as une demeure en France. On pourrait y passer un week-end.
- Un week-end ensoleillé, ça serait mieux.
- Ça, on ne peut pas le prédire à l'avance.
- Sauf si on sait prédire l'avenir.
- Ce que nous ne savons pas faire, plaça Harry en étalant ses mains sur la table.
- Non », ricana Draco.
Ils échangèrent un sourire puis Harry demanda :
« Donc, quand aimerais-tu partir ?
- En février, je pense que c'est bien. J'aurais normalement repris le travail. On en rediscutera.
- Oui, bien sûr. Tu veux que je t'aide dans le choix des visites ou tu préfères tout choisir toi-même.
- C'est mon rendez-vous, non ? »
Draco avait plissé les yeux et appuyé son menton sur son poing.
« Bon, j'en conclus que tu veux tout décider », abandonna Harry.
Son petit ami sourit narquoisement.
« Tout à fait.
- Bon, bah je te laisse les armes. »
o0O0o
Alors que l'elfe de maison le conduisait au bureau de Lucius Malfoy, Harry se mit à douter sur la soi-disant bonhomie que le maître de maison présentait ces derniers temps avec lui. Était-ce vraiment O.K. d'aller le voir pour lui demander des conseils ? Avait-il mal lu les signes ? Draco avait-il vu chez son père seulement ce qu'il voulait voir ? Que de questions et aucunes réponses. Enfin, il serait bientôt fixé parce qu'ils venaient d'atteindre la porte de son office.
L'elfe toqua sur le panneau de bois sombre et une voix les invita à entrer. Harry se glissa derrière le petit être qui le présenta :
« Harry Potter, Monsieur.
- Merci Digui, tu peux nous laisser. »
L'elfe disparut en refermant la porte derrière lui, les laissant seuls. Lucius fit un très mince sourire à Harry et lui désigna la chaise face à lui.
« Asseyez-vous. »
Harry tira le fauteuil et s'y installa. Des papiers très bien ordonnés envahissaient le bureau. Harry se sentit tout petit.
« Bonjour Lucius, dit-il.
- Bonjour Harry. Draco m'a brièvement parlé de votre dilemme. J'imagine que c'est pour cela que vous êtes là ?
- Ah, euh oui, c'est ça. »
Harry se lança nerveusement dans son explication, donnant beaucoup plus de détails que nécessaire. À la fin, Lucius, pensif, posa son menton sur le dos de ses mains et son air se fit calculateur. Ainsi, il ressemblait terriblement à son fils.
« Effectivement, c'est une situation plus complexe qu'elle n'y paraît. Mais je pense qu'il existe un moyen pour que vous n'ayez pas à faire cela sans pour autant offenser… Kreattur, c'est cela ?
- Vraiment ? C'est possible ?
- Oui, mais il faudrait que je parle directement avec votre elfe.
- Ah oui, bien sûr, pas de problème. »
Le soulagement envahit Harry. Une solution se présentait-elle finalement ? Cela le soulagerait tellement !
« C'est une affaire quelque peu pressante, continua Lucius. Cela vous irait-il que je vienne chez vous après dîner ?
- Oui, oui ! Absolument !
- Très bien, donc faisons cela. Vous restez dîner avec nous, n'est-ce pas ? »
Lucius lui proposait de manger avec eux ? Alors que Draco n'était pas là ? Si Harry s'était attendu à ça… La politesse était d'accepter, non ?
« Ça serait avec plaisir, si ça ne vous gêne pas.
- Mais pas du tout ! De plus, cela fera plaisir à ma femme. »
Harry passa donc sa soirée en compagnie des Malfoy, sans Draco. Et c'était là la situation la plus étrange qu'il ait jamais vécue. Il dînait avec les parents alors que le fils n'était pas là. Non, peu importe la façon dont il le disait, c'était toujours aussi déroutant.
Mais le repas tourna succulemment bien, notamment grâce à Narcissa qui savait trouver les parfaites conversations sans rien laisser paraître. Puis il fut l'heure de partir et Harry accueillit Lucius dans sa demeure. Il n'avait pas prévu d'inviter Lucius Malfoy chez lui sans Draco mais les circonstances étaient ce qu'elles étaient et il devait l'accepter. Cela ne servait à rien de ressasser tout ça. Il le conduisit dans le salon et ils appelèrent Kreattur. Quand l'elfe de maison apparut, il s'inclina profondément devant Lucius.
« C'est un honneur que de vous rencontrer, mon Lord.
- Trêve de mondanités, le coupa court Lucius. Je suis venu à la demande de ton maître pour t'informer qu'un de mes elfes va venir t'aider à régler tes dernières affaires.
- C'est un immense plaisir que vous offrez à Kreattur, mon Lord.
- J'aimerais également discuter de ta dernière volonté.
- Oui, mon Lord.
- Tu as demandé à Harry Potter ou un de mes elfes de te décapiter à ta mort, comme le veut la tradition de la maison Black. Ce ne sera malheureusement pas possible car cela doit être réalisé par un Black et Potter… n'en est pas un. »
Harry regarda Lucius avec étonnement. Serait-ce aussi facile ? Kreattur sembla décontenancé lui aussi.
« Ce n'est pas possible ? demanda-t-il.
- Non, dit fermement Lucius. Harry vit peut-être dans la maison des Black mais il n'est pas un Black. La tradition est morte avec le dernier des Black, ton dernier maître. »
Les oreilles de Kreattur retombèrent. Il était découragé. Puis son regard se perdit un instant et une étincelle ralluma ses yeux.
« Et votre femme, mon Lord ? C'est une Black, si je puis me permettre. »
Lucius ne se laissa pas émouvoir.
« Elle l'a été mais elle ne l'est plus. Elle a pris mon nom. C'est une Malfoy maintenant. »
Kreattur se perdit dans une longue contemplation. Puis la voix de la raison de Lucius étant sans appel, il capitula :
« Kreattur comprend. La tradition ne pouvant pas être respectée, je renonce à ma dernière volonté. »
Harry était désolé pour l'elfe. Il lui avait refusé sa dernière volonté mais Kreattur n'en paraissait même pas meurtri. Il cachait ses émotions, c'était sûr… Ou alors, il était juste tellement attaché à la tradition qu'une fois celle-ci se révélant irréalisable, elle perdait tout son intérêt. Il fallait qu'Harry croie cela. Il ne pourrait pas faire face à la culpabilité sinon.
On congédia Kreattur, Lucius rentra chez lui et Harry alla chercher Teddy chez les Weasley. Le matin suivant, un elfe de la maison Malfoy se présenta chez lui et disparut s'occuper de Kreattur. Maintenant, ce n'était plus qu'une question d'attente. Le week-end arriva et Harry préféra sortir Teddy que de rester enfermés dans une atmosphère morose mais lorsque vint dimanche, Harry eut peur de laisser Kreattur « tout seul ». Même s'il ne savait pas où l'elfe avait fait son nid, juste l'idée d'être sous le même toit le rassurait. Quand il proposa à Teddy de passer la journée chez les Weasley, Teddy refusa pour rester avec lui et parce que Kreattur s'était toujours bien occupé de lui. Harry laissa Teddy regarder la télévision le temps qu'il fasse ses devoirs puis ils préparèrent le repas ensemble et jouèrent à des jeux de société tout l'après-midi.
L'annonce fatidique arriva peu de temps avant le dîner quand l'elfe des Malfoy apparut dans le salon et leur apprit que Kreattur venait d'expirer son dernier souffle.
« Votre humble serviteur va préparer son corps pour vous le remettre », s'inclina l'elfe.
Harry acquiesça et proposa à Teddy d'attendre dans sa chambre. L'enfant refusa et demanda :
« Pourquoi il est mort ?
- Parce qu'il était vieux, c'était son heure.
- C'est triste.
- Oui, mais c'est la vie. »
Cela fit réfléchir l'enfant. L'elfe réapparut à ce moment-là, tenant dans ses bras le corps enveloppé dans un tissu. Il l'offrit à Harry et celui-ci le récupéra religieusement. Il proposa à l'elfe aux traits fatigués :
« Veux-tu manger avec nous ce soir ?
- Votre humble serviteur aimerait pouvoir rentrer chez lui, si vous le permettez.
- Oui, bien sûr, rentre chez toi. »
L'elfe s'inclina et disparut dans un pop. Le corps de Kreattur était léger dans ses bras. Teddy commença à faire preuve de curiosité. Harry allongea donc son fardeau, veillant à ce que le linceul recouvre bien tout le corps. Il ne voulait pas que Teddy revoie le visage de la mort aussi tôt. Lui-même voulait l'éviter.
Bien, qu'est-ce qu'ils faisaient maintenant ? Ils n'avaient pas de jardin où ils pourraient le mettre en terre mais il ne voulait pas l'enterrer ailleurs et ainsi l'éloigner de la maison qu'il avait toujours servie. Il fallait qu'il l'incinère. Comment on faisait ça ? Il n'avait vraiment pas assez réfléchi.
« Va me chercher mon téléphone, s'il te plaît », dit-il à Teddy.
Son fils se mit à la recherche de l'appareil et le lui ramena. Hésitant deux secondes, il composa le numéro d'Hermione. Il lui annonça la nouvelle et lui demanda de l'aide. Celle-ci lui répondit qu'elle venait tout de suite. Quand il raccrocha, Harry dit à Teddy :
« Il n'y a jamais de honte à demander de l'aide. »
Son fils accepta la leçon. Hermione, accompagnée de Ron, passa par sa cheminée quelques minutes plus tard. Elle enlaça rapidement les deux garçons et Ron fit de même. Puis ils regardèrent tous le tissu blanc au sol. Les yeux d'Hermione s'humidifièrent.
« Il n'était peut-être pas des plus gentils mais c'était une bonne personne », dit-elle.
Et personne ne dit rien de plus. Hermione sécha ses larmes et annonça :
« Il existe un sort d'incinération mortuaire. Il n'y a pas de risque que le feu se propage.
- O.K. Eh bien faisons ça, dit Harry.
- Je pense qu'il vaudrait mieux qu'on se mette dans le grenier pour faire ça. Pour la fumée. »
Pour l'odeur, pensa Harry.
« D'accord. Teddy tu vas attendre ici, O.K. ?
- Je veux venir avec vous.
- Non, ce n'est pas un spectacle pour les enfants. »
Teddy devait comprendre la gravité de la situation car il ne se plaignit pas. Ron se pencha à son niveau :
« Je vais rester avec toi, tu pourras me montrer où tu en es pour ta collection de chocogrenouille. »
Le visage de Teddy s'illumina.
« Est-ce que tu as un dernier mot à dire à Kreattur ? » s'enquit Harry.
Teddy leva les yeux vers son père. Timidement, il s'approcha du linceul. Il chercha encore une fois l'accord de son père et dit :
« Merci de t'être occupé de moi quand j'étais bébé. »
Bébé faisant référence à quand il avait deux ans. Harry caressa les cheveux de son fils et reprit Kreattur dans ses bras. D'un signe de tête, Hermione et lui montèrent dans les étages. Une fois dans le grenier, Harry déposa délicatement le corps sans vie. À ce moment-là, il se rendit compte qu'il n'avait aucune dernière parole à lui dire. Kreattur était-il donc aussi insignifiant pour lui ? Ils avaient pourtant vécu ensemble depuis la fin de Poudlard. Cela ne pouvait pas ne rien signifier. Hermione posa une main sur son épaule et dit :
« Je suis sûre que tu es en train de te culpabiliser, Harry. Ce n'est pas ta faute. »
Harry accepta les mots d'Hermione comme Teddy avait accepté les siens en disant qu'il n'y avait pas de honte à demander de l'aide.
« Je ne trouve pas de mots à lui dire. »
Les larmes lui montèrent enfin aux yeux et Hermione le prit gentiment dans ses bras. Elle frotta doucement son dos et dit :
« Cela veut dire qu'il n'y a pas de mots, rien de plus. Cela ne sert à rien d'en chercher s'ils sont vides de sens. »
Harry acquiesça. Hermione devait avoir raison, comme d'habitude.
« Est-ce que tu es prêt ?
- Oui, vas-y », l'autorisa-t-il.
Ils se relevèrent et Hermione lança le sort avec confidence pour quelqu'un qui ne l'avait jamais lancé. Le corps se mit à fumer puis à se consumer sous le tissu qui ne prit aucunement feu. Ce fut très rapide. Quelques secondes plus tard, une urne se construisit autour des cendres, les enfermant définitivement. Hermione souleva le tissu pour la récupérer et la tendit à Harry.
« Où est-ce que tu vas la mettre ?
- Dans sa "chambre" ou peut-être dans celle de Regulus, je pense.
- Je crois que celle de Regulus lui aurait fait plus plaisir.
- Alors ça sera elle. »
Hermione acquiesça et serra légèrement son bras.
« Allons chercher les autres. »
Ils rejoignirent Ron et Teddy et, ensemble, déposèrent l'urne sur le manteau de cheminée de la chambre de Regulus. Ils la regardèrent en silence puis refermèrent la porte à clef derrière eux.
o0O0o
Harry sourit. Aujourd'hui marquait la dernière semaine qu'un auror serait assigné à sa protection. Et il serait enfin libre ! Il était d'autant plus heureux que l'auror Parkinson avait réussi à convaincre sa nièce de témoigner et que Julian lui avait promis qu'ils pourraient regarder l'entretien, lui permettant de sécher officiellement un cours.
En début d'après-midi, Pansy Parkinson apparut donc dans leurs bureaux et fut amenée à la salle d'interrogation. Julian fit entrer Harry dans la salle adjacente qui, par une vitre teintée, permettait de voir le déroulement sans être vu. Lorsque Julian lui avait proposé d'être spectateurs, Harry avait douté du bien-fondé de l'action, étant en relation avec la victime mais l'argument de Julian avait été très convaincant :
« Quelqu'un dans ce bureau finira par te raconter ce qu'elle nous dira. Autant avoir l'information à sa source première. Tant que tu n'interfères pas avec le témoignage, il n'y a pas de problèmes à se faire. »
Et même si la curiosité était un vilain défaut, Harry n'avait pas contenu la sienne. Il se retrouvait donc assis à une table, devant la grande vitre teintée prenant tout le mur, un carnet à la main pour prendre des « notes » et légitimer sa présence. Pansy était installée à une table au milieu de la pièce, sa tante à ses côtés, Logan faisant l'interrogation.
« Bien, Miss Parkinson, pouvez-vous nous dire ce qui vous est arrivé la nuit du 31 décembre au 1er janvier ? »
Elle observa le bloc-notes de l'auror avant de commencer :
« J'étais au Bal organisé par le Ministère.
- Sur l'invitation de qui ?
- Ma tante m'a donné sa place car elle voulait aller voir le feu d'artifice au chemin de Traverse. »
Logan jeta un regard vers Isobel qui approuva.
« Très bien, continuez.
- Peu de temps avant le décompte, un groupe d'hommes m'a reconnue et m'a abordée.
- Connaissiez-vous ces personnes ?
- Ni de Vivianne, ni de Merlin.
- Seriez-vous capable de nous les décrire ?
- Je crois… Ils étaient tous bruns mais l'un d'eux avait des reflets blonds. Un avait les yeux bleus. Un autre était très grand. Il avait une robe argentée d'ailleurs. Les deux autres étaient en costume basique.
- Et leurs baguettes ?
- Je n'ai pas vraiment fait attention à cela… Ah mais l'un d'eux a appelé le grand Lucas.
- Lucas, nota Logan sur son papier. Connaissez-vous son nom de famille ?
- Non. »
Logan termina de prendre ses notes puis posa une autre question :
« Pourquoi vous ont-ils reconnue ? »
Parkinson parut gênée et mit un peu de temps à se décider à répondre :
« J'ai été jugée comme mangemort donc ma tête a souvent été dans les journaux pendant les procès.
- Vous pensez donc qu'ils vous ont abordée pour cette raison ?
- Oh oui, c'est ce qu'ils m'ont fait comprendre.
- Très bien, continuez. »
Pansy regarda sa tante avec inquiétude. Celle-ci posa une main rassurante sur son épaule.
« Ils ont commencé par vouloir savoir pourquoi j'étais, pourquoi j'osais, être là. Sans que je m'en rende compte, ils m'avaient fait reculer dans un couloir peu fréquenté.
- Vous étiez seule quand c'est arrivé ?
- Ou… Oui.
- Personne n'est venu vous aider ?
- Non, à part Draco, mais vous le savez déjà. »
Logan hocha la tête.
« Que vous ont-ils fait avant que Mr Malfoy n'intervienne ?
- Ils… Ils m'ont frappée… Plusieurs fois. »
Pansy tremblait maintenant. Isobel passa un bras autour de ses épaules.
« Avez-vous essayé de vous défendre ?
- Oui, bien sûr ! Je me suis débattue, je les ai mordus…
- Pourquoi ne pas avoir utilisé votre baguette ? »
Pansy rougit. Sachant que le sujet était difficile pour elle, Isobel répondit à sa place :
« Lors de son procès, du fait de son jeune âge, il a été décidé de ne pas faire de poursuites si elle rendait sa baguette pour cinq ans. »
Cela choqua Harry. Parkinson n'avait plus de baguette ? Il n'osait imaginer la honte que cela devait représenter pour la Sang-pure.
« Je vois, comprit Logan. Qu'avez-vous fait lorsque Mr Malfoy s'est fait attaquer à votre place ?
- Je… Je savais que je ne faisais pas le poids alors je suis partie… Chercher de l'aide. J'ai croisé Blaise et je lui ai expliqué que Draco se faisait attaquer. Il est parti le sauver et j'ai jugé plus sûr de rentrer tout de suite chez moi. »
Blaise Zabini ? Alors ça, c'était une surprise ! Pourquoi Blaise n'avait-il rien dit ? Tout ce qu'il avait raconté était-il un mensonge ? Qu'avait-il omis d'autre ? Il allait devoir avoir une longue discussion avec lui. Alors que Harry questionnait tout ce qu'il savait concernant Blaise, Logan terminait de prendre ses notes.
« Très bien, Miss Parkinson. Je pense que nous en avons fini. Nous vous préviendrons si nous apprenons quelque chose de nouveau. »
Pansy hocha la tête et Logan se leva de sa chaise. Il échangea un regard avec Isobel, se transmettant un message qu'eux seuls pouvaient comprendre. Il serra la main de Pansy et quitta la pièce. La jeune femme prit le temps de se remettre de ses émotions. Même si son visage ne dévoilait rien, Harry voyait qu'elle était chamboulée. Ce ne devait pas être facile de revivre tout cela. Draco était plein de colère par rapport à ce jour-là. Pansy ne devait pas être mieux lotie.
« Est-ce que je peux aller discuter avec Parkinson ? » demanda Harry à Julian.
Ce dernier le jaugea puis dit :
« Si tu veux. Mais ne sois pas trop insistant. Et n'oublie pas de revenir, tu as encore des cours.
- Si on s'installe quelque part dans le ministère, est-ce que j'ai besoin d'un auror ? »
Julian réfléchit et Harry s'en voulu pour avoir posé la question. Maintenant il était certain qu'on allait lui assigner quelqu'un. Et ça n'y manqua pas.
« Il vaudrait mieux. Et je pense qu'il faudrait que ce soit Isobel. »
Julian ne semblait pas trop lui faire confiance pour être seul avec Pansy. Ça… semblait compréhensible. Mais ça n'en était pas moins désagréable. Harry hocha la tête et ils quittèrent la pièce. Pansy était déjà à l'extérieur, en train de discuter avec sa tante. Harry s'approcha d'elles.
« Bonjour Parkinson », l'interpella-t-il, jouant la carte de la politesse.
Pansy se retourna avec surprise, ne s'étant pas attendue à le trouver là.
« Potter. »
Elle le regarda des pieds à la tête.
« Évidemment, tu es devenu auror.
- Apprenti. »
Il décida qu'il valait mieux laisser passer le venin avec lequel elle lui avait adressé la parole. Isobel parut légèrement mal à l'aise.
« Harry, que veux-tu ? intervint-elle.
- Je voulais discuter avec Park… Pansy », dit Harry, employant le prénom de Parkinson pour la première fois à l'oral, trouvant cela bizarre de l'appeler par son nom devant quelqu'un portant le même.
Pansy lui jeta un regard intrigué.
« N'as-tu pas des cours à suivre ? » demanda Isobel, plissant les yeux.
Elle protégeait sa nièce, c'était évident. Vu ce qui lui était arrivé, Harry ne pouvait pas lui en vouloir.
« Julian m'a autorisé à prendre une pause. Peux-tu venir avec nous d'ailleurs ? Il préfère que je reste sous protection. »
Le visage d'Isobel se radoucit. Elle lui sourit et dit :
« Ne devrais-tu pas demander l'avis de ma nièce d'abord ? Elle ne veut peut-être pas te parler. »
Ils se tournèrent tous les deux vers Pansy qui avait suivi leur échange en silence. Elle ferma les yeux et les rouvrit.
« Si 'Bel est là, je ne vois pas pourquoi je refuserais. »
Isobel se tourna vers Harry.
« Où pensais-tu aller ?
- La cafétéria ? À cette heure-là, on sera tranquille. »
Harry et les deux filles se rendirent donc au Clair de lune. Ils s'installèrent sur une table dans un coin tranquille et commandèrent du thé.
- Bien, de quoi voulais-tu discuter Potter ? »
Harry chercha un moyen de dire les choses avec tact mais ce n'était pas sa tasse de thé. Il demanda donc à brûle-pourpoint :
« Pourquoi n'es-tu pas allée voir directement les aurors ? »
Pansy lança très rapidement un coup d'œil à sa tante avant de répondre sans trop d'assurance :
« Je ne fais pas assez confiance aux aurors pour ça.
- Pourquoi ? » s'étonna Harry.
Elle lui jeta un regard noir.
« Parce que le monde n'est pas tout rose. Si moi, une ancienne mangemort, me présente pour porter plainte, on me rit au nez. »
Ce fut Isobel qui lui répondit :
« Et je continue à te dire que tu te trompes là-dessus. Pourquoi même à moi tu n'en as pas parlé ? »
Pansy rougit et se cacha dans sa tasse de thé. Elle marmonna :
« Je ne voulais pas t'inquiéter.
- Ne me dis pas que ça t'arrive souvent », eut peur Isobel.
Le silence de Pansy en dit long. Décidément, Pansy bouleversait Harry.
« Mais il faut m'en parler de ça, Pan, dit gentiment Isobel.
- J'ai compris… grommela Pansy. Je ne te le cacherai plus.
- La justice sorcière est pour tout le monde, intervint Harry. Peu importe ton passé, si tu es attaquée, on te protègera.
- Tu sonnes comme quelqu'un dont on a lavé le cerveau », l'attaqua-t-elle.
Encore une fois, Harry laissa passer, surtout qu'Isobel s'énerva pour lui :
« Tu ne devrais pas dire ça. Harry a raison et si plus de personnes pensaient comme lui au bureau, le monde s'en porterait mieux. »
Pansy fit la moue et cela la fit ressembler beaucoup à Draco. Lequel des deux avait influencé l'autre sur cette expression ? Harry voulait croire que c'était Pansy qui avait imité Draco mais il sentait qu'en réalité, son petit ami était celui qui s'était calqué sur l'autre.
« Pourquoi est-ce que vous ne vous parlez plus avec Draco ? s'enquit-il finalement, la curiosité le surpassant.
- Cela ne te regarde pas, claqua-t-elle aussi sec. Je t'ai déjà dit que tu n'avais qu'à lui demander si tu voulais vraiment savoir. »
Harry fut mal à l'aise. Il n'avait pas osé demander à Draco. Il avait préféré faire comme si Pansy n'existait pas. Étrangement, il la trouvait plus menaçante pour leur couple que ne l'avait été Astoria avec qui Draco s'était fiancé ! Mais ce n'était pas juste de sa part de penser ça. Déjà, ça faisait de lui quelqu'un de jaloux et il était hors de question qu'on l'affuble de ce défaut. Ensuite, cela montrait un manque de confiance envers son petit ami. Et enfin, Pansy ne méritait pas qu'il agisse comme l'intérêt amoureux d'une telenovela. Honteux de lui-même, il proposa à Pansy :
« Tu devrais en parler avec Draco. Il sort de l'hôpital ce soir, viens le chercher avec nous. »
Les yeux de Pansy s'agrandirent de surprise. Puis elle le regarda avec suspicion.
« Qu'est-ce que ça t'apporte de faire ça ?
- Rien. Je trouve juste triste que Draco ne parle plus avec toi alors que vous étiez si proche. C'est suffisamment dur de se faire des amis, si en plus on s'embrouille avec ceux qu'on a déjà…
- … C'est à Poufsouffle que tu aurais dû aller.
- Hé ! Il n'y a que les Serdaigle qui n'ont pas de valeurs en amitié. »
Pansy roula des yeux et l'ignora. Isobel les regardait avec intérêt et un sourire en coin.
« Bon, est-ce que tu viens ou pas ? insista Harry.
- … Je viens.
- Parfait, je termine à dix-sept heures, tu n'as qu'à me retrouver au bureau.
- Dans ce cas, c'est moi qui te suivrai, ajouta Isobel.
- Tu es sûre ? dit Harry. Ça te fera des heures supplémentaires.
- Mon tour a lieu dans pas longtemps de toute façon, j'échangerai avec quelqu'un d'autre. »
Ils terminèrent donc leurs tasses de thé et chacun retourna à ses activités. Enthousiaste à l'idée de revoir Draco et de le voir sortir de l'hôpital mais aussi inquiet quant à Pansy, Harry trouva le temps à la fois rapide et lent. Il ne savait pas à quoi s'attendre quand la petite aiguille atteignit le chiffre 5. Il rangea ses affaires et alla chercher Isobel pour lui signifier son départ. Elle le fit patienter quelques minutes, le temps de terminer rapidement ce qu'elle faisait, et ils se rendirent dans le hall d'entrée du bureau des aurors où Pansy était censée les attendre. Isobel fit un transplanage d'escorte avec sa nièce, laissant Harry se débrouiller. Ils signèrent les papiers d'entrée et se dirigèrent vers la chambre de Draco qui en avait changé depuis son réveil.
Harry toqua et entra sans attendre de réponse, suivi de Pansy alors qu'Isobel restait à l'extérieur et indiquait à l'auror chargé de protéger Draco qu'il pouvait rentrer chez lui et qu'elle prenait la relève. Narcissa et Lucius étaient déjà là et Draco était tout habillé et prêt à partir. Il lui fit un grand sourire en le voyant mais il se figea en voyant qui l'accompagnait.
« Pansy ? Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je l'ai invitée », intervint Harry.
Draco lui jeta un regard qui voulait dire « tu aurais pu me prévenir quand même ». Harry lui répondit avec un haussement d'épaules. Ses parents furent plus polis, saluant Pansy et s'intéressant à sa santé. Puis Narcissa annonça :
« Nous n'attendions plus que toi pour partir, Harry.
- Eh bien, allons-y ! lança-t-il joyeusement.
- Est-ce que Miss Parkinson nous suit au restaurant également ? demanda Lucius.
- Oh. J'avais oublié le restaurant. »
Draco se frappa le front du plat de la main. Harry l'ignora et se tourna vers Pansy :
« Est-ce que tu veux manger avec nous ? »
La jeune femme se tourna vers les parents de Draco pour répondre :
« Ce serait avec plaisir mais je n'aimerais pas m'imposer. J'étais juste venue pour parler avec Draco. »
Son ton charmant était assuré dans sa décision donc personne n'insista. Draco proposa :
« Discutons maintenant alors. On peut vous faire attendre ?
- Bien sûr », l'autorisa sa mère.
Ils s'éloignèrent d'eux, Draco referma les rideaux autour de son lit et dut placer un sortilège de silence car l'on n'entendit plus rien.
« J'espère qu'ils vont se rabibocher. Pansy a toujours été une bonne amie pour Draco », commenta Narcissa.
Les deux autres ne rajoutèrent rien et ils attendirent en silence que la conversation derrière les rideaux soit terminée. Celle-ci fut étonnamment assez courte et il ne fallut pas longtemps pour que les deux anciens amis émergent. Pansy s'excusa pour avoir pris de leur temps et s'en alla. Draco déclara :
« On y va ? »
Tout le petit groupe se rendit donc à l'accueil en compagnie d'Isobel signer les papiers permettant à Draco d'être à nouveau libre et ils se dirigèrent vers les cheminées. Harry prit son petit ami à l'écart.
« Qu'est-ce qui s'est passé ? Vous avez été très rapide.
- On a dit l'essentiel, haussa-t-il les épaules en réponse. Et on a convenu d'un rendez-vous demain pour en reparler plus en profondeur.
- Mais concrètement ? Vous vous êtes dit quoi ? insista Harry.
- T'es un curieux hein ? rit Draco. Je t'expliquerai plus tard, d'accord ? »
Harry accepta. Ils entrèrent chacun leur tour dans la cheminée, jetèrent la poudre de cheminette en énonçant « Chemin de Traverse » et se retrouvèrent tous au Chaudron Baveur. Cela ne faisait qu'un mois depuis les attentats et l'endroit avait déjà beaucoup changé. Suite à la mort de son propriétaire, un héritier était venu réclamer son héritage, à la grande surprise de tout le monde qui n'imaginait pas que Tom ait pu avoir de la famille. Cet héritier avait donc récupéré le Chaudron Baveur et tout était présentement en travaux.
Harry et les autres ne s'y attardèrent pas et se rendirent au Chemin, en direction du restaurant le plus luxueux du Londres sorcier. Et peut-être même de toute l'Angleterre. Ayant oublié pour le restaurant (comment avait-il pu oublier d'abord alors que c'était le but même de la sortie de Draco ?), les vêtements de Harry n'étaient pas forcément des plus adaptés pour un tel lieu. Et son petit ami ne manqua pas de le lui pointer.
« Ça devrait aller, non ? » rétorqua Harry en regardant son pantalon de toile et sa chemise blanche.
Draco grimaça.
« Fais au moins quelque chose pour tes cheveux. On dirait que tu ne les as pas coiffés depuis une semaine. »
En réalité, il ne les avait pas coiffés depuis deux semaines. Mais qu'il les coiffe ou non, ça ne changeait jamais rien…
« Sois un peu plus gentil avec ton petit ami qui est venu te voir tous les jours pendant un mois. »
Draco leva les yeux au ciel.
« J'imagine qu'ils fermeront les yeux puisque tu es accompagné de nous, dit Draco.
- Hé ! Moi aussi j'ai de l'influence.
- En quoi ? sourit le blond.
- Je suis maintenant officiellement le seul de tout le bureau à ne plus se faire ébouillanter par la machine à café, annonça fièrement Harry. Je crois qu'elle m'aime bien. »
Draco s'esclaffa et Harry entendit Isobel derrière eux laisser échapper un rire également. Ils étaient déjà arrivés devant le restaurant. Ils passèrent le hall, tout en marbre, avec un magnifique chandelier absolument gigantesque pendant du haut plafond. Lucius s'approcha de l'accueil où se tenait une dame en uniforme.
« Bonsoir, les salua-t-elle. Bienvenue au Croup Gambadant. Avez-vous réservé ?
- Bonsoir, au nom de Malfoy », dit succinctement Lucius.
La femme rechercha dans sa liste et, les trouvant, les invita à la suivre. Elle les mena dans la salle sur la gauche, les fit traverser toute une volée de table avant de pousser une porte donnant sur une salle rouge où elle les installa non loin de la fenêtre. Isobel se tint plus loin, prenant son rôle de garde du corps au sérieux. La dame de l'accueil leur montra une petite clochette posée sur la nappe blanche et expliqua :
« Veuillez sonner lorsque vous aurez fait vos choix et un serveur viendra prendre vos commandes. N'hésitez pas à faire appel à nous au moindre problème. »
Elle s'excusa et repartit vers l'entrée. Harry, mangeant pour la première fois dans un tel lieu qui respirait la richesse, était un peu mal à l'aise, surtout en étant regardé de loin par un auror. Il lissa la nappe déjà parfaitement lisse devant lui et toucha les couverts en argent autour de l'assiette en porcelaine. Le verre en cristal faisait vibrer les couleurs des bougies colorées posées au milieu de la table ronde. À sa droite, Draco ouvrit sa carte. Harry fit de même. Il y avait du choix. Sauf qu'il ne reconnaissait aucun des noms de plats apparaissant sur le papier. Il se pencha vers son petit ami et dit :
« Tu peux m'expliquer ce qu'il y a dans ces plats ? »
Draco allait lui répondre quand un serveur en livrée apparut. Il s'inclina devant eux et se présenta :
« Bonsoir, je m'appelle Justin et je serai votre serveur pour ce soir. »
Narcissa l'ignora, plongée dans sa carte, mais les garçons répondirent à sa salutation.
« Lorsque vous aurez décidé de vos commandes, faites sonner la cloche et je viendrai. Mais en attendant, puis-je vous proposer un petit apéritif ? Nous venons tout juste de recevoir des bouteilles de vin de Bordeaux. Un très grand cru. »
Lucius demanda l'année puis plein de petits détails insignifiants auxquels Justin se fit une joie de répondre et le chef de famille décida finalement de prendre une bouteille. Le serveur la fit apparaître d'un claquement de doigt qui fit siffler d'appréciation Harry et Draco. Ce n'était pas donné à tout le monde de faire appel à la magie de cette façon, sans même une baguette dans l'autre main. Justin leur sourit avec amusement et leur servit avec virtuosité leurs verres de vin. Quand il arriva à celui d'Harry, Draco posa sa main dessus.
« Pas pour Harry.
- Hé ! » se plaignit le lésé.
Justin se figea, attendant qu'on lui dise quoi faire. Draco regarda Harry droit dans les yeux.
« Nous savons tous les deux très bien comment tu finis en buvant de l'alcool. »
Harry voulut répondre mais, de un, il ne voulait pas faire une scène devant les parents de Draco, et encore moins devant un inconnu, et de deux, il s'était promis il y a plusieurs mois d'arrêter de boire. Pas qu'il avait vraiment arrêté de boire… il buvait un petit moins, c'est tout… Il ne s'était pas vraiment amélioré sur ce point-là, en réalité. Il soupira et se rencogna dans son fauteuil. Justin le prit comme la décision finale et posa la bouteille au milieu de la table. Il leur rappela de l'appeler quand ils auraient fait leurs choix, s'inclina et s'en fut.
Avoir laissé la bouteille de vin à leur disposition était terriblement cruel, trouva Harry. Maintenant, il ne voyait qu'elle et il avait terriblement envie d'y goûter. Quand pourrait-il avoir à nouveau l'occasion de boire un alcool d'une telle qualité ? Voyant son regard, Draco prit la bouteille et la mit le plus loin possible. Harry lui jeta un œil noir. Draco l'ignora, prit sa carte des mains et, en pointant chaque plat, lui expliqua leurs contenus. Harry ne put pas lui en vouloir bien longtemps parce qu'un Draco qui lui apprenait des trucs, c'était sexy et te faisait oublier tout ce pourquoi tu étais là.
Joueur, Harry tapota gentiment son pied contre le sien. Draco fit comme si de rien n'était mais Harry sut à son petit sourire en coin qu'il avait conscience de lui. Il avait hâte de se retrouver ensemble tous les deux. Ils n'avaient pas eu vraiment de temps rien que pour eux depuis bien trop longtemps et les baisers fougueux de Draco lui manquaient. Il comptait bien en obtenir un à la fin de la soirée !
Le repas se passa délicieusement. On retira leurs assiettes et couverts pour leur apporter des amuse-gueules au caviar pour les faire attendre, Draco passant le sien à Harry. En entrée, ils prirent tous quelques huîtres à l'exception de Draco qui prit un velouté de courgettes. En résistance, Harry et Lucius prirent tous les deux le plat intitulé « Venaison de plein hiver » et qui consistait en du cerf accompagné d'une purée telle qu'Harry n'en avait jamais mangé et d'une sauce glacée qui relevait avec délicatesse le goût de la viande dans une assiette préalablement chauffée. C'était la première fois que Harry mangeait du cerf. Le steak avait été rosé et était fin et consistant dans la bouche. Très étrange, trouva Harry, mais très bon. Narcissa avait eu une sole, agrémentée de plusieurs fruits de mer et notamment, une poignée de moule ayant été noyée dans une sauce au vin puis épicée une à une. Draco, lui, avait opté pour le pavé d'aubergines aux petits oignons à la présentation la plus élégante parmi tous leurs plats. Harry obtint de lui qu'il lui en donne un petit bout en échange de sa purée-qui-était-beaucoup-trop-bonne-pour-que-ce-soit-de-la-simple-purée. Le groupe avait proposé à Isobel de manger quelque chose mais elle avait refusé avec politesse, n'acceptant qu'un verre d'eau et se contentant de les regarder.
Avant l'arrivée du dessert, ils durent passer par le trou normand accompagné d'un sorbet au citron et ce fut le seul moment où Draco accepta qu'Harry ait accès à de l'alcool. Le digestif leur ayant allégé juste ce qu'il fallait pour faire place à la dernière étape du repas, Justin leur servit leurs desserts, tous plus spectaculaires les uns que les autres. Il servit tout d'abord un œuf à Draco qui se révéla ne pas en être un lorsque le serveur le cassa, dévoilant les merveilles cachées à l'intérieur. À Narcissa fut présentée une assiette sous cloche, retirée aussitôt posée, contenant un Golden Phoenix cupcake. Le petit gâteau était recouvert d'or alimentaire. Il rayonnait de partout. Harry n'osait imaginer le prix qu'il devait coûter. Lucius reçut une cassata, au décor en sucre glace absolument fabuleux, motifs tortueux et entrelacés. Harry n'était qu'extase devant tant d'art. Les desserts étaient magnifiques à regarder et, à tous les coups, à tomber par terre. Harry se sentit un peu ridicule avec la crème brûlée qu'il avait commandé, surtout quand elle fut déposée devant lui sans même avoir son brûlé caractéristique et même le sucre encore bien présent. Avait-il mal lu la carte ? C'était bien une crème brûlée qu'il avait demandé ? Son doute ne dura que quelques secondes quand, dans les mains de Justin apparurent une flamme d'un claquement de doigt. Il caramélisa le dessert sous les yeux ébahis d'Harry. Il disparut après leur avoir raconté « l'histoire » de chaque assiette, comme il l'avait fait à chaque plat depuis le début.
Harry brisa avec plaisir la couche de caramel et entama son dessert avec un enthousiasme enfantin. Que c'était bon ! Ça fondait en bouche, l'odeur envahissait ses narines, le goût était unique en son genre. Il dévora sa crème brûlée. Harry n'avait jamais aussi bien mangé et son ventre en redemandait. Avec un café final et du thé pour Draco et Narcissa, Lucius annonça qu'il les invitait, ce qui fit rougir Harry qui contesta maigrement. Lucius ne lui laissa même pas voir le prix total, ce qui confirmait ses pires peurs. Il ne put que baisser les armes, à moitié soulagé que Lucius paye ce qui devait être une somme astronomique.
Ils quittèrent le restaurant et Harry suivit les Malfoy à leur manoir. Isobel retourna au bureau, demandant à Harry de les avertir quand il déciderait de rentrer. Ce qui n'arriverait sûrement pas ce soir car il restait dormir chez les Malfoy, laissant Teddy entre les mains des Weasley. Il n'était pas encore tard et Harry voulait passer du temps avec Draco. Ce dernier devait en avoir envie lui aussi car il annonça presqu'aussitôt qu'il montait se coucher et prit la main de Harry pour le tirer avec lui dans sa chambre. Dès que la porte fut refermée sur eux, Draco l'embrassa fougueusement et si Harry se fit mal au dos en percutant le mur, il ne s'en plaignit par pour autant, trop intéressé par le baiser qu'il avait imaginé depuis le début du repas. Il enserra le corps de son petit ami contre lui, s'enivrant de son odeur et de sa bouche.
« Tu m'as manqué », réussit-il à glisser entre deux baisers.
Draco pouffa, l'embrassa à nouveau et dit :
« Me voir tous les jours ne t'a pas suffi ? »
Harry lui vola un autre baiser.
« Ce n'est pas la même chose.
- Si tu le dis. Embrasse-moi encore, amour. »
Harry ne se fit pas plus prier. Tout en bécotant ses lèvres, Harry glissa ses mains le long de son corps, jusqu'à aller caresser ses fesses. Était-ce la première fois qu'il les touchait ? Il en avait l'impression… Des pensées pas très catholiques envahirent son esprit et il fit reculer Draco jusqu'à son lit dans l'idée de les réaliser. Les jambes du blond tapèrent contre le sommier et ils tombèrent sur le lit. Draco rit.
« Qu'est-ce que tu me fais faire toi ?
- Des bêtises évidemment. »
Il embrassa le cou de Draco que cela chatouilla, ce qui le fit gigoter sous Harry en riant. Il le repoussa et renversa leurs positions.
« Qui est à ma merci maintenant ? » taquina Draco.
Harry ouvrit les mains pour montrer son abandon et se laissa emporter par la langue qui réclama passage contre ses lèvres. Le fabuleux derrière de Draco à nouveau à portée de mains, Harry y balada les siennes. Décidément, il était peloteur ce soir.
« Qu'est-ce que t'as avec mes fesses dis donc ? pointa son petit ami.
- Nooon, ne m'empêche pas de les apprécier…!
- J'allais pas t'en empêcher », gloussa Draco.
Harry murmura un « génial ! » amusé et ne se gêna plus pour empoigner à pleine main le postérieur tant désiré. Draco rougit et remit une de ses mèches derrière son oreille.
« Super, maintenant je ne sais plus quoi faire à cause de toi, grommela-t-il.
- Apprécie juste ? »
Draco haussa les épaules et rougit comme une pivoine lorsque Harry glissa une main sous son pantalon pour pouvoir véritablement le toucher. Sa deuxième le rejoignit bien vite.
« T'as les mains froides, se plaignit Draco.
- Désolé. »
Draco ne le regarda pas dans les yeux et laissa échapper un petit gémissement qui le fit encore plus exploser en couleurs.
« Tu aimes ça ? » s'enquit Harry en raffermissant sa prise sur ses fesses.
Draco se mordit la lèvre et acquiesça. Harry tourna la tête pour embrasser le creux de son bras, seul bout de peau qu'il pouvait atteindre dans leur position. Draco, semblant comprendre son message, se pencha pour délivrer un baiser sur ses lèvres. Une des mains d'Harry remonta dans son dos, emportant avec elle la chemise en lin de Draco. Le corps de ce dernier frissonna sous ses doigts traçant sa colonne vertébrale. Puis, se demandant comment Draco allait réagir, Harry glissa un doigt de sa main resté en bas à la suite de son coccyx et alla pour descendre plus loin lorsque Draco réagit :
« Non.
- Oh, O.K., dit Harry en retirant sa main. Trop rapide ?
- Non… Je n'ai pas très envie de ça, c'est tout.
- Tu veux faire quoi alors ?
- D'autres caresses ? Mais je n'ai pas envie de sexe.
- On peut faire ça, approuva Harry. Mais t'as dû le sentir, je suis déjà bien excité. »
Draco rougit et acquiesça.
« Comme si je ne pouvais pas m'en rendre compte alors que tu te frottes à moi, se moqua-t-il.
- Mon pantalon est trop serré, se plaignit Harry.
- Tu n'as qu'à l'enlever.
- Mais je croyais, pas de sexe ?
- Pas moi mais je peux te regarder. »
Cela enflamma les joues d'Harry tout en asséchant sa gorge.
« Mais t'es un pervers en fait. La toute première fois aussi, tu m'as regardé faire. C'était terriblement gênant et excitant », se rappela Harry avec un sourire.
Draco arrêta de se retenir avec ses bras pour s'asseoir pleinement sur Harry.
« Je ne suis pas un pervers, déclara-t-il en faisant la moue.
- Dit Monsieur en s'appuyant délibérément sur mon bassin. Tu le fais exprès, avoue. »
Draco rit et quitta sa position pour venir s'allonger à côté d'Harry, une main soutenant sa joue.
« O.K., j'avoue, j'aime bien regarder tes expressions.
- Pervers.
- Je refuse ce titre. »
Harry explosa de rire.
« Très bien, je veux bien me toucher devant toi si tu me dis où tu veux tes caresses.
- J'avais plus dans l'idée de te faire des caresses plutôt que d'en recevoir.
- Oh, O.K.
- Tu aimes quels endroits ?
- À toi de le découvrir », répondit Harry en haussant les sourcils d'un air joueur.
Draco rendit son sourire et glissa le dos de ses doigts le long de sa joue. Harry papillonna des yeux. Merlin, Draco avait vraiment une façon de le caresser qui allumait un feu en lui. Les longs doigts fins tracèrent sa mâchoire, s'arrêtèrent sur ses lèvres et coulèrent sur sa jugulaire. Harry ferma les yeux pour apprécier pleinement l'attouchement de Draco.
« Tu aimes comme ça ?
- Oui, murmura Harry.
- Et là ? »
Il glissa sa main sous sa chemise, touchant son torse.
« Ce n'est pas du jeu si je te donne les réponses, devine par toi-même », le réprimanda le brun en rouvrant les yeux.
Draco sourit, amusé, et retira sa main. Harry allait se plaindre mais son petit ami se mit à déboutonner sa chemise. Son corps ainsi dévoilé, Draco pinça ses abdominaux en fronçant les sourcils.
« Hé ! Ça fait mal, râla Harry en repoussant la vicieuse main.
- Je suis jaloux de tes abdos.
- T'as pas besoin de faire ça pour autant ! Recommence et je t'en mets une.
- Violence conjugale ?
- C'est toi qu'as commencé ! » fit Harry, outré.
Draco s'esclaffa et embrassa vivement les lèvres d'Harry. Ce dernier bougonna puis dit :
« Je te pardonnerai si tu m'embrasses là où tu m'as pincé. »
Draco leva les yeux au ciel puis se pencha pour baiser son ventre.
« T'es qu'un gamin, commenta-t-il, une fois terminé.
- Si tu faisais des bisous magiques qui guérissent à Teddy autant de fois que je l'ai fait, tu ferais pareil.
- Argh, n'amène pas ton fils dans la conversation quand on a ce genre d'activités.
- Si tu ne m'avais pas pincé à la base, tout ceci ne serait jamais arrivé.
- Ah, j'ai compris… Pardon.
- C'est mieux comme ça, sourit Harry. Maintenant, continue à me faire des câlins ou touche-moi mais fais quelque chose. »
Draco secoua la tête, désespéré. Il frotta gentiment son ventre là où il lui avait fait mal puis traça le contour de ses abdos.
« T'es obsédé par mon ventre ou quoi ?
- Chut, le fit taire Draco.
- T'as un moyen plus efficace pour me mettre au silence », sous-entendit Harry.
Draco se plia à sa demande et captura sa bouche. Tout en l'embrassant, il fit glisser sa main sur son ventre puis bas-ventre et enfin devant son pantalon. Harry laissa échapper un soupir lorsque son petit ami retira le bouton puis fit descendre la fermeture éclair. Sans plus de préavis, il posa sa main sur son boxer qui ne cachait rien de son plaisir. Harry s'étouffa dans son souffle et Draco lâcha enfin sa bouche.
« Tu me montres ? » demanda-t-il avec une voix qui devrait être illégale.
Harry s'exécuta donc sans même imaginer se plaindre, retirant tout d'abord son pantalon puis faisant glisser son boxer. Son érection se dévoila donc à leurs yeux. Draco embrassa sa joue et caressa son torse. Harry lui vola un baiser et commença à se toucher. C'était agréable d'être l'objet des attentions de son petit ami et, il devait l'avouer, se masturber sous son regard était très excitant. Sous ses caresses poussées, sa verge avait bien grossi. On était en bonne voie. Puis Draco bâilla.
« Oups, pardon, s'excusa-t-il.
- Roh, pas quand je suis prêt à jouir quand même.
- C'est pas comme si je le faisais exprès. Je suis un peu fatigué, c'est tout. »
Draco lui embrassa le front puis le creux de son cou. Une de ses mains effleura son téton et se mit à le taquiner. Harry eut un sursaut de plaisir et poussa un gémissement.
« Où tu as appris ça ? haleta-t-il.
- De toi, qui d'autre ? » rit Draco.
Harry aurait bien ri lui aussi sauf qu'il était arrivé à la délivrance et ne put que grogner de plaisir.
« T'as été rapide, remarqua Draco alors qu'Harry reprenait sa respiration.
- Comment veux-tu que je me retienne quand tu me fais ça ? Ne remue pas le couteau dans la plaie.
- Pourquoi ? Ce n'est pas grave si tu es rapide. »
Harry y réfléchit un instant, voulant argumenter, mais ne dit finalement rien parce que Draco avait raison.
« Faut que j'aille aux toilettes », déclara Harry.
Il se leva, se débarrassa de sa chemise qu'il avait toujours sur le dos, fit un clin d'œil à Draco qui le regardait attentivement et demanda :
« Tu as toujours mon pyjama dans ton armoire ?
- À moins que quelqu'un y ait touché, oui. Va me cacher ces fesses, beau gosse. »
Harry éclata de rire en allant dans la garde-robe le chercher et, une fois enfilé, alla aux toilettes alors que Draco partait à la recherche de sa baguette. Une dizaine de minutes plus tard, ils étaient tous les deux prêts à dormir et au fond du lit, enlacés. Draco frotta son nez contre son cou.
« Le sexe ne me fait plus aussi peur qu'avant, dit-il.
- C'est bien, répondit Harry. Ce n'est pas quelque chose dont on devrait avoir peur.
- Quand on ne connaît pas…
- Je sais.
- Je me rends compte que je ne déteste pas tout, continua Draco qui semblait d'humeur à partager ses pensées. Ça ne veut pas dire que j'en ai envie pour autant, hein, mais j'aime bien te faire plaisir.
- Merci, ça me rend heureux, sourit Harry.
- J'ai pensé à une analogie l'autre jour.
- Ah oui ? dis voir.
- Tu vois le baba au rhum ? Ce n'est pas un dessert qui me fait très envie mais si je l'ai dans mon assiette, ça ne me dérange pas de le manger. C'est compréhensible ?
- Oui, oui. Le sexe c'est le baba au rhum.
- C'est ça, approuva Draco.
- Elle était simpliste ton analogie.
- Oui, mais compréhensible. »
Harry rit et passa une main dans les cheveux blonds de son petit ami.
« Honnêtement, je ne sais pas comment notre relation aurait évolué si le sexe avait été complètement hors limite, avoua Harry. Pour toi, ce n'est peut-être pas important dans une relation mais pour moi si. Ce n'est pas pour te forcer à avoir du sexe avec moi, bien sûr. Mais j'aimerais bien qu'on fasse un petit peu plus de trucs tous les deux et pas juste moi qui me masturbe et toi qui regardes. J'aime bien ça, hein, se dépêcha d'ajouter Harry, mais ce n'est pas vraiment quelque chose qu'on fait ensemble. »
Draco le regarda en silence puis détourna le regard.
« Je comprends. Je suis désolé, je ne m'étais pas rendu compte que tu voyais les choses comme ça.
- Ne te fustige pas, sourit Harry en posant une main sur sa joue, le forçant à croiser ses yeux. C'est pour ça que je te le dis. »
Draco lui rendit son sourire et déposa un léger baiser sur ses lèvres.
« Est-ce que… est-ce que… »
Il rougit et termina dans un murmure :
« Est-ce que tu parles de… pénétration ? »
Harry rit avec nervosité, rosissant lui aussi.
« Je ne parlais pas de ça en particulier. Mais j'aimerais bien essayer aussi. Hé ! Ne fais pas cette tête comme si tu venais de creuser ta propre tombe, rit Harry. Ce n'est pas si terrible. … J'imagine ?
- Tu imagines ?
- Bah je l'ai jamais fait. »
Draco ne bougea plus pendant un instant avant d'exploser de rire. Il riait tellement que ses yeux se mouillèrent. Harry lui donna une petite tape sur la tête en pinçant la bouche et dit :
« T'es bête. »
Draco repoussa sa main.
« Laisse-moi me moquer de toi.
- Non ! C'est pas gentil. »
Draco pouffa à nouveau et Harry roula des yeux. Son petit ami était irrécupérable. Il ne pouvait plus rien faire pour lui.
« N'étais-tu pas fatigué ? Va dormir », trouva-t-il seulement à répondre.
Comme pour approuver ses mots, Draco bâilla et par effet de conséquences, Harry aussi.
« Maintenant qu'on s'est mis à parler, j'ai pas forcément envie d'aller dormir.
- Peut-être mais moi j'ai cours demain. »
Draco bougonna. Harry passa donc un bras autour de sa taille et l'approcha contre lui. Il lui embrassa le bout du nez. Dans un murmure, il lui susurra :
« Bonne nuit. »
Et voilà la fin du chapitre ! Désolée, il est assez court. J'ai un peu de mal à les écrire en ce moment…
Chali
P.S. : J'ai dépassé les 100 followers sur cette histoire ! C'est énorme ! Merci à tout le monde de me lire et d'aimer suffisamment pour vous abonner pour connaître la suite. Vous êtes supers !
