Bonsoir à tous ! Voici le nouveau chapitre d'AFDC ! Vous êtes nombreux à aimer Meredith (et ça me fait très plaisir de voir qu'elle est aussi appréciée) donc vous serez content car elle apparaît pendant un moment :)

Concernant le petit défi du mois passé, le salon de thé parisien auquel je faisais référence sera indiqué dans ce chapitre-ci !

Autrement, aujourd'hui, c'est le début du Camp NaNoWriMo donc je vais le passer à continuer à écrire mon histoire originale. Il n'y aura donc pas de nouveau chapitre le mois prochain. Le suivant sera donc le 1er septembre !

Fond musical : The Place Where Lost Things Go, la version de JJ Heller


Chapitre 21 : Lettres et secrets

« Papa… Papa », murmura une toute petite voix.

Harry serra les yeux et se tourna vers la source du bruit, repoussant Draco qui dormait contre lui.

« Hm ?

- Je peux dormir avec toi ? » demanda Teddy.

Harry ouvrit enfin les yeux, bouffis de sommeil. Il n'avait pas pu voir Teddy en rentrant de week-end, déjà couché dans la nurserie. Comment pouvait-il savoir qu'ils étaient de retour ? Il bâilla et tapota l'espace qui s'était créé entre lui et Draco. Teddy ne se fit pas prier et grimpa dans leur lit pour dormir entre eux. Draco grogna et s'éloigna pour lui laisser de la place. Il cligna des yeux, maintenant réveillé.

« Rendors-toi », lui dit-il.

Draco referma les yeux et c'est comme il n'avait jamais arrêté de dormir. Harry serra Teddy contre lui. L'enfant se mit à sucer son pouce mais Harry ne songea même pas à l'en empêcher. Il avait repris ses vieilles habitudes enfantines depuis la mort de sa grand-mère. Il allait mieux mais il n'était pas près de lâcher son pouce, de maîtriser de nouveau sa métamorphomagie ou de dormir seul dans son lit.

Mais il ne pouvait pas réfléchir plus longtemps. Une grosse journée l'attendait le lendemain. Harry se rendormit.

o0O0o

Quand ils se réveillèrent ce matin-là, la Gazette du Sorcier les attendait sur la table à manger. Harry la récupéra pour empêcher Teddy de voir leur photo en grand en train de s'embrasser. Puis, parce qu'il le fallait bien, il lut ce qui avait été écrit sur eux, Draco lisant par-dessus son épaule.

Une relation fougueuse entre le héros national et l'ex-mangemort ?!

Cette photo a fait la Une de tous les journaux français hier avant de nous parvenir. Vous pouvez y voir Harry Potter, notre héros national, et Draco Malfoy, un ex-mangemort et héritier de la famille Malfoy, en train de s'embrasser. Tout laisse à croire qu'ils sont en relation depuis un moment. Notre journal a reçu plusieurs fois ces derniers mois des courriers anonymes nous disant que Mr Potter et Mr Malfoy entretenaient des relations plus qu'amicales. Sans preuve concrète (notre direction reçoit tous les jours des dizaines de courriers sur les "relations" de notre héros national), nous n'en avions pas tenu compte. Jusqu'à aujourd'hui. D'après ces courriers, Mr Potter et Mr Malfoy sont en relations depuis au moins six mois et ont très souvent été vus ensemble à des événements particuliers, comme par exemple, l'anniversaire d'Hermione Granger, la meilleure amie de Mr Potter.

Ils étaient en France ce samedi et ont été reconnus par un journaliste français lorsqu'ils sont passés par la Place Cachée – l'équivalent de notre Chemin de Traverse – qui les a donc suivis pour obtenir cette photo que vous voyez à présent. Au programme, du shopping de marque à la Place Cachée, un goûter au salon de thé parisien "Chez Angelina" et une promenade dans les jardins du Louvre. Ils ont ensuite transplané, marquant là la fin de ce que l'on sait de cette journée.

Tous ces déplacements laissent donc penser à un rendez-vous amoureux – à Paris, rien que ça ! Rien n'est encore officiel mais Messrs Potter et Malfoy semblent bien être en relation amoureuse ! Nous n'avons réussi qu'à contacter Lucius Malfoy, le père de Draco Malfoy et actuel chef de famille, qui a refusé de répondre à nos questions mais nous a promis une interview avec notre couple pour aujourd'hui. Restez donc à l'affut de notre édition de demain pour avoir les réponses à toutes vos questions. N'hésitez d'ailleurs pas à nous en envoyer par…

Le téléphone portable de Harry sonna, le coupant dans sa lecture. Il donna le journal à Draco qui continua à lire les yeux froncés l'article qui était encore long et décrocha.

« Oh Harry, je viens de voir la Gazette ! s'écria Hermione dans son oreille. Je suis tellement désolée que ça vous soit arrivé ! Je suis terriblement désolée aussi pour avoir des amis qui aient couru dévoiler votre relation dès la première occasion.

- Hermione, calme-toi, ce n'est pas ta faute.

- Est-ce que ça va ? demanda-t-elle d'un ton un poil plus calme.

- Oui. Oui, ça va. Lucius nous a prévenus hier que notre relation avait fuité.

- Au moins tu ne l'as pas découvert ce matin comme tout le monde… C'est déjà ça. Passe-moi Draco. »

Surpris par la demande d'Hermione, il tendit le téléphone à Draco.

« Hermione veut te parler. »

Il souleva un sourcil mais prit l'appareil et alla répondre à ses questions frénétiques un peu plus loin. Harry soupira. Encore une journée de plus qui allait être bien longue. Mais il se sentait prêt à y faire face. Qu'avait-il à craindre après tout ? Il n'allait pas finir en prison pour sortir avec Draco. Il se trouvait plutôt calme et il n'était pas sûr qu'il aurait réagi ainsi il y a quelques mois. Était-ce dû à ses séances avec Meredith ? Il s'acceptait mieux maintenant. Cela devait avoir un lien. Il faudrait qu'il l'appelle d'ailleurs pour voir s'il ne pouvait pas la voir cette semaine plutôt que d'attendre la suivante. Il réagissait mieux qu'avant mais il fallait qu'il la voie quand même sinon il risquait de craquer sous la pression.

Draco commençait le travail une heure plus tôt que ses cours. Ne voulant pas le laisser seul pour faire face au Ministère, Harry décida de l'accompagner lorsqu'il fut l'heure pour lui de partir. En sortant des cheminettes, tous les regards se tournèrent sur eux. Draco les ignora royalement et Harry fit de son mieux pour l'imiter. Ils se dirigeaient vers la sortie de la pièce quand un collègue de Harry les intercepta.

« Harry, Malfoy, les salua Logan. Venez avec moi au bureau, s'il vous plaît.

- Je suis désolé, déclara Draco, mais on m'attend dans mon bureau.

- Vos supérieurs ont été prévenus. Cela ne prendra pas longtemps. »

Draco ferma les yeux en acceptation. Harry parvint à lire derrière ses traits lisses son énervement et la peur qui commençait à s'installer chez lui. Il frôla gentiment sa main et lui fit un petit sourire pour l'encourager. Ils suivirent Logan jusqu'au bureau des Aurors où il les laissa seuls. Qu'est-ce qu'il allait voir souvent le directeur du département ces derniers temps ! Harry se fit-il la réflexion. Gawain Robards les attendait en buvant son café, assis dans son fauteuil, des journaux étalés devant lui.

« Ah vous voilà, asseyez-vous. »

Draco regarda discrètement autour de lui, découvrant l'endroit pour la première fois.

« J'imagine que vous avez lu la Gazette », dit-il en tapotant de son doigt le journal.

Ils acquiescèrent.

« Vous n'avez vraiment pas été assez soucieux de votre environnement. Ah, Harry, qu'est-ce que cela veut dire sur votre qualité d'auror ? »

Harry rougit. Effectivement, il aurait dû s'en rendre compte… c'était lui qui était censé filer les gens, pas l'inverse !

« Mr Robards, intervint Draco. Si c'est pour nous disputer comme des enfants que vous nous avez appelés, je vais m'en aller. Du travail m'attend.

- Ah, Mr Malfoy, j'ai une vraie raison pour vous avoir fait venir.

- Eh bien, dites-la-nous au lieu de nous faire perdre notre temps. »

Harry regarda Draco avec de gros yeux. Ce n'était pas le moment de se mettre le directeur du bureau des aurors à dos. Robards souleva les sourcils d'un air critique et but une gorgée de son café.

« Si vous aviez eu un auror pour vous suivre, cela ne serait pas arrivé, dit-il enfin en s'adressant surtout à Harry. Le contenu de ce message dans le journal, je m'en contrefiche, nous savons déjà que vous êtes en couple. Ah Harry, toutefois, il indique quelque chose, dit-il en tapotant de nouveau le journal. Il indique que tu es sans protection et donc que n'importe qui peut t'attaquer.

- Vous… commença Harry.

- Ah Harry, je veux vous remettre à tous les deux une protection.

- Hors de question ! protesta-t-il aussitôt. Il ne s'est rien passé le mois dernier, ce n'est pas maintenant qu'on va m… nous attaquer.

- Ah Harry, ce n'est pas négociable. »

Harry faillit pousser un gémissement de désespoir. Cela avait été SI embêtant d'avoir quelqu'un qui le suivait partout, ne plus avoir de vie privée… Et ce n'était pas comme s'il était incapable de se protéger. Certes, il ne remarquait peut-être pas qu'on le suivait mais il avait vaincu Voldemort ! Il n'était pas sans défense.

« Selon la loi, il faut le consentement de la personne que l'on veut protéger », dit Draco.

Oh là là, qu'est-ce qu'il l'aimait. Merci Draco pour être une personne de bon sens. Et d'être juge. Robards laissa échapper une grimace, son jeu déjoué.

« Pourquoi refusez-vous une protection ? » demanda-t-il.

Harry lui lista toutes les raisons auxquelles il parvint à penser, se concentrant surtout sur le manque d'intimité. Il était déjà constamment sous le feu des projecteurs. Il avait besoin d'être laissé tranquille. Et il savait se défendre.

« Très bien, j'ai compris. Je ne t'assignerai pas d'auror. Mr Malfoy, que décidez-vous ?

- J'accepte la protection. »

Harry ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais un regard de son petit ami le fit taire.

« Très bien, très bien. Un sur deux, je m'en sors plutôt pas mal », plaisanta-t-il.

Harry et Draco ne lui firent pas le plaisir de rire à sa blague. Effectivement, il s'en sortait « plutôt pas mal ». En faisant suivre Draco, il aurait facilement accès à Harry également car ils étaient souvent ensemble. Harry comprenait pourquoi Draco avait accepté la proposition de Robards, lui n'avait pas su se protéger, mais il n'aimait tout de même pas ça.

« Je vais vous assigner Logan pour aujourd'hui, dit-il. Vous lui transmettrez votre emploi du temps et tout ce qui pourrait nous aider dans notre tâche.

- C'est entendu », approuva Draco.

Logan escorta Draco jusqu'à son bureau, laissant Harry à attendre dans l'amphithéâtre où avait lieu son cours. Au moins, ça lui permettait de se préparer à la tête qu'allaient faire ses camarades. Quoiqu'un bon nombre devait savoir depuis un moment. Il ne s'en était jamais vraiment caché avec sa classe et n'importe qui aurait pu entendre lui et Neville en parler. Les premiers qui arrivèrent étaient un groupe avec qui il allait souvent boire. En le voyant, ceux-ci l'accueillirent par des « mais pourquoi tu nous as pas diiiit », « j'en étais sûr ! » Dans l'ensemble, c'était plutôt positif. Harry rit et répondit à leur taquinerie. Leur présence amicale en tout cas, empêcha quiconque de venir lui dire quelque chose de vraiment négatif. Il ne doutait pas que certains mouraient d'envie de lui faire des remarques mais avec le bouclier humain de ses amis, personne n'osa. Et ça le soulagea grandement.

Quand Neville leur apprit qu'il savait depuis un long moment maintenant, il eut droit à des « traître », « je croyais que tu disais tout à tes amis » qui, avec le ton, le firent rire aux éclats. Il avait de la chance d'avoir des amis qui prenaient ça avec amusement.

Quinze heures arriva beaucoup trop vite. N'ayant pas vraiment de raison « valable », Harry sécha tout simplement ses cours. Et… ne sut où aller. Lucius devait lui avoir dit le lieu de rendez-vous mais il ne l'avait pas retenu. Bon, il n'avait plus qu'à aller chercher Draco et espérer que lui, l'ait retenu.

Il toqua à son bureau. Quand il y entra, Abril, la collègue de Draco, ne lui jeta qu'un regard assassin avant de retourner à ses dossiers. C'était… très différent de la dernière fois qu'il était venu ici. Il l'ignora et rejoignit Draco et Logan, qui s'était fait apparaître son bureau non loin de celui qu'il protégeait, agrandissant la pièce au passage.

« Tu vois, dit Logan à Draco, je t'avais dit qu'il valait mieux l'attendre ici. On le connaît notre Harry.

- Harry, dit Draco d'un air grave, tu me déçois beaucoup. »

Harry resta perplexe jusqu'à ce que Draco soupire et donne quelques Mornilles à l'auror.

« Vous avez parié sur moi ? » s'exclama Harry, incrédule.

Logan acquiesça avec un large sourire et Draco haussa les épaules. Les deux hommes se levèrent après avoir vaguement rangé leur bureau et ils sortirent tous les trois de la pièce.

« Harry, je t'ai surestimé, plaisanta Draco.

- Pourquoi ?

- Je t'avais prévenu, dit Logan. C'est le genre de détail qu'il ne retient pas. »

Draco se tourna vers Harry pour lui donner enfin des explications :

« J'ai parié que tu irais directement au lieu de rendez-vous. Mais Logan m'a assuré que tu n'aurais pas retenu où c'était et que tu viendrais directement ici. Il faut croire qu'il te connaît mieux que moi.

- Mais… et si j'avais voulu qu'on y aille ensemble ? »

Draco ne lui répondit que par un sourire désolé et Harry soupira. Laissant tomber le sujet, ils se rendirent vers le lieu de rendez-vous, une salle de réunion non loin du kiosque officiel de vente de la Gazette du sorcier. Ils y entrèrent. Une sorcière y était déjà, les attendant de toute évidence, la journaliste qui allait les interviewer. Au moins, ce n'était ni Rita Skeeter, ni Grilled. Elle leva un sourcil en notant la présence de l'auror mais ne dit rien. Elle s'approcha du couple et tendit la main tout d'abord vers Draco.

« Ravie de vous rencontrer. Je suis Linda Parker, reporter à la Gazette du sorcier.

- Draco Malfoy, lui répondit succinctement Draco.

- Harry Potter, dit à son tour Harry lorsqu'elle tendit la main vers lui.

- Lord Malfoy m'a désignée pour faire cet entretien, j'espère que cela vous convient. »

Ils hochèrent la tête. Elle avait un air très professionnel mais Harry ne pouvait guère juger de son caractère après seulement une courte interaction. Elle les invita à prendre place autour de la table ronde non loin de la fausse fenêtre qui présentait un joli champ de tournesols. Logan alla s'installer dans un coin de la pièce pour les surveiller sans être trop présent.

« Puis-je prendre une photo ? » demanda-t-elle avec respect.

Harry et Draco échangèrent un regard. Cette photo serait la prochaine Une du journal. Est-ce qu'ils voulaient vraiment qu'elle leur tire le portrait ? Non. Mais ils étaient censés donner le meilleur d'eux-mêmes pour qu'on ne vienne pas les harceler de questions après. Ils en avaient déjà suffisamment eues. Ils acquiescèrent. Parker sortit donc son appareil photo.

« Pouvez-vous vous rapprocher un peu plus ? »

Gênés d'être ainsi dirigés, ils rapprochèrent leurs chaises.

« Regardez-vous, s'il vous plaît. »

Harry surmonta son envie de détruire son appareil d'un coup de baguette magique et regarda Draco dans les yeux. Tous ses soucis s'envolèrent aussitôt et il se trouva confiant et prêt à faire face à ce qui allait suivre. Un léger sourire envahit son visage et le flash de l'appareil les éblouit. Ils clignèrent des yeux et regardèrent de nouveau la journaliste.

« Bien, je sais que vous avez des préoccupations plus importantes alors je vais passer directement aux questions si vous le voulez bien. »

Ils hochèrent la tête et Parker sortit un calepin et un crayon de papier.

« Sans surprise, suite à l'article parut ce matin, confirmez-vous être dans une relation amoureuse ?

- Oui », dirent-ils en même temps.

Ils se regardèrent, surpris, et un sourire monta en eux. Parker sourit à l'image qu'ils renvoyaient et d'un ton doux, demanda :

« Depuis quand êtes-vous en couple ?

- Le 15…

- Dix mois, le coupa Draco.

- Dix mois ?! » s'exclama la journaliste.

Elle semblait complètement prise par surprise. Était-ce si étrange qu'ils aient réussi à garder leur relation cachée aux yeux des media pendant si longtemps ?

« Je vois… murmura-t-elle pour elle-même. Et… pourquoi vous êtes-vous mis en couple ? Je veux dire… qu'est-ce qui a fait que vous avez accepté de sortir ensemble ? »

Draco se tourna vers Harry, soudain intéressé par sa réponse. Il allait être déçu parce que ce n'était rien de plus que ce qu'il lui avait dit lorsqu'ils s'étaient mis ensemble.

« Je… voulais essayer. Donner une chance à cette relation.

- C'est donc Mr Malfoy qui s'est déclaré. »

Draco acquiesça et Parker se réintéressa à Harry :

« Pourquoi avoir donné une chance ?

- Je ne sais pas… Draco avait ces sentiments pour moi, depuis Poudlard (à cela, Draco lui donna un léger coup de pied), et… je voulais voir où ça pourrait nous mener. Je voulais répondre à ses sentiments. Et puis j'étais seul depuis ma relation avec Ginny et la vie de célibataire, ce n'est pas trop pour moi. Et je suis tombé amoureux. »

Avec une certaine surprise, Harry comprit qu'il aimait bien parler de leur relation. Il aimait Draco, c'était vrai, plus que vrai. Et il voulait que le monde entier sache. Cet homme sort avec moi. Il est amoureux de moi et moi aussi. S'il oubliait qu'il parlait avec une journaliste, cela pouvait même être agréable.

« Concernant votre relation avec Ginny, vous êtes-vous séparés car vous étiez gay ? »

Évidemment, il fallait toujours une bonne petite question indiscrète pour balayer tout sentiment positif.

« Je ne suis pas gay, se défendit Harry, piqué. Et nous ne nous sommes pas séparés pour ça.

- Ah ? » fit la journaliste, confuse.

La main de Draco vint se poser sur sa cuisse pour le calmer.

« Je suis bi, explicita-t-il, un goût amer au fond de la gorge.

- Ah oui, rit la journaliste comme si l'idée lui paraissait étrange.

- Revenons aux questions nous concernant, voulez-vous ? intervint Draco.

- Bien sûr. Donc, hum, dix mois. Ce qui veut dire que vous étiez ensemble lorsque vous avez cassé l'appareil photo de mon collègue, Grilled, n'est-ce pas ? »

Cet événement allait le poursuivre jusqu'à la fin de sa vie… Que faire pour que le monde entier l'oublie ?

« Ce n'est pas une question sur nous, protesta Draco, resserrant sa main sur la cuisse de Harry pour le ramener sur terre.

- D'accord, d'accord. Dans ce cas… »

Le bruit d'une sonnerie de téléphone retentit, les prenant tous par surprise. Avec un temps de retard, Harry comprit que c'était le sien qui sonnait comme ça et le sortit de sa poche. Le numéro de Meredith s'affichait sur l'écran.

« C'est Meredith, murmura-t-il pour Draco.

- Raccroche. Tu la rappelleras plus tard. »

Harry appuya sur le petit bouton de téléphone rouge et la sonnerie s'arrêta.

« Excusez-moi, dit-il à l'intention de la journaliste en rangeant son portable.

- Il n'y a pas de mal. »

Le téléphone se remit à sonner. Harry refusa immédiatement l'appel mais deux secondes plus tard, la musique reprit.

« Décrochez », l'autorisa Parker.

Harry lui fit un air d'excuse et se leva pour s'éloigner d'eux et décrocher.

« Ah ! Enfin tu décroches ! J'ai cru que j'allais devoir venir me pointer à ton travail.

- S'il te plaît Meredith, ne fais pas ça.

- Ça t'apprendra à me raccrocher au nez. Bon, comment vas-tu ? J'ai vu le journal ce matin…

- Je suis occupé là, est-ce que je peux t'en parler plus tard ?

- Occupé… Oh ! L'interview ! Très bien, rappelle-moi quand tu as fini, il ne faut pas que tu restes seul et tu as besoin d'en parler. N'oublie pas que je suis là pour toi.

- Oui, merci. Je dois y aller. »

Il raccrocha. Il était reconnaissant qu'elle s'inquiète autant pour lui mais il aurait préféré qu'elle ait un meilleur timing. Il retourna s'asseoir sous les yeux curieux de la journaliste. Celle-ci se racla la gorge et tourna quelques pages de son bloc-notes.

« Bien, reprenons… Comment envisagez-vous le fait d'être un symbole de la communauté sorcière LGBT ? »

o0O0o

Dans l'ensemble, l'interview s'était plutôt bien passée malgré un départ sur des cahots de route. La journaliste que l'attaché de presse de Lucius avait désigné était certes aussi fouineuse que tous ses collègues mais elle s'était révélée plus agréable que Harry ne l'aurait pensé.

L'article sortit le lendemain, tout le monde se l'arracha et si Harry reçut des questions indiscrètes, c'était pour confirmer des points de l'interview. Il espérait que toute l'attention que lui et Draco recevaient retomberait bien vite.

Mais en plus de tout cela, Harry était tourmenté par quelque chose de très différent. Depuis la révélation de leur relation, il n'avait pas reçu une seule lettre qui n'était pas de ses amis. C'était positif, d'un certain point de vue. Sauf qu'en tant que personne connue, il devrait recevoir une tonne de courrier. Et il n'avait pas engagé quelqu'un pour faire le tri pour lui. Il s'était déjà posé la question plusieurs fois dans le passé mais cette fois, ça le tannait. Il devait savoir QUI faisait le tri de son courrier. Dès qu'il fut au travail avec Julian, il lui posa la question :

« Qui est-ce qui s'occupe du courrier ?

- Du courrier ? Ça dépend des jours. On tourne entre nous.

- Non, je veux dire… de mon courrier.

- De ton courrier ? Haha mais personne, voyons. Mais si tu nous envoyais une lettre, j'imagine que c'est moi qui la lirai en premier. »

Harry fronça les sourcils. Il s'était imaginé que si quelqu'un gérait son courrier à sa place, ce devait être le bureau des aurors. Mais si ce n'était pas eux… qui cela pouvait bien être ? À moins qu'il ne se monte vraiment la tête pour rien et qu'il ne recevait juste… pas de lettres. Non, ça lui semblait bizarre quand même. Après son combat contre Voldemort, il avait reçu une tonne de lettres. Notamment des lettres de demandes d'interview. C'était à ce moment-là qu'il était allé voir le Ministre pour lui demander de faire quelque chose, d'être laissé tranquille par la presse. Son équipe lui avait fait signer un contrat, qu'Hermione avait relu pour lui mais avait eu du mal à comprendre. Est-ce que, sans le savoir, il avait donné les droits au Ministère de gérer son courrier. Mais dans ce cas-là, pourquoi ce n'était pas les Aurors qui s'en occupaient ?

Tout cela était bien étrange, il fallait qu'il en parle avec Hermione. Peut-être à Draco aussi vu qu'il était juge. Si quelqu'un devait s'y connaître en contrat, c'était lui. Il passa donc ce soir-là au Manoir Malfoy. Habituée maintenant à le voir débarquer sans prévenir, Narcissa lui passa le bonjour. Il trouva Draco dans son bureau, justement, en train de trier son courrier. En le voyant arriver, son visage donna l'impression d'être pris sur le fait.

« Toi, pointa Harry, tu reçois des menaces. »

Draco soupira et lui tendit la lettre qu'il venait de sortir de son enveloppe.

« La moitié contient des maléfices si on les ouvre, dit-il au passage. Après la première qui m'a recouverte d'un jus visqueux dégoûtant, je m'y suis pris à deux fois.

- Pourquoi tu les lis alors ? »

Il parcourut rapidement des yeux la lettre qu'il tenait dans ses mains. C'étaient des déclarations qu'il allait finir en prison pour avoir jeté à Harry (Harry, pas Potter ni même Harry Potter à la limite) un imperium, puis de l'avoir ensorcelé avec un philtre d'amour… bref, de belles inepties, avec un joli petit coulis d'homophobie.

« Certaines sont en rapport avec mon travail. Je suis obligé de vérifier chacune, du coup. Mais ne t'inquiète pas, dès que je comprends qu'elles n'ont pas de rapport, je ne les lis pas plus. Mais j'en ai reçu quelques-unes très encourageantes. Je les garde à part, celles-là. Les autres feront un bon petit feu.

- Ça va ? Tu es sûr ?

- Oui, ne t'inquiète pas, j'y suis habitué.

- Tu ne devrais pas être habitué à ça… »

Draco haussa les épaules et fit le tour de son bureau pour venir embrasser Harry en guise de salutation.

« Et toi ? Je doute que tu en aies d'aussi acides – littéralement – que moi, mais tu dois bien en avoir quelques-unes. Tu arrives à gérer ?

- Justement, pointa Harry. Je n'en ai pas.

- Tu n'en as pas ? Tant mieux, j'imagine. Pourquoi ça te perturbe ?

- Je ne reçois aucune lettre d'inconnus. »

Draco fronça les sourcils puis écarquilla les yeux quand il comprit enfin.

« Quelqu'un surveille ton courrier ? Pourtant tu reçois bien mes lettres…

- Oui, quelqu'un fait le tri à ma place et je pense que c'est le Ministère. Mais ce n'est pas le bureau des Aurors, j'ai demandé.

- Qui alors ? Et depuis combien de temps ?

- Depuis la mort de Voldemort. J'avais signé un contrat avec l'équipe du Ministre pour que la presse me laisse tranquille. Mais je pense qu'ils n'ont pas demandé à ce que les journalistes arrêtent de me harceler, je crois plutôt qu'ils ont intercepté toutes les demandes d'interview et autre.

- Ainsi, ils ne s'embêtent pas avec la presse, tu es content, gagnant-gagnant pour eux, comprit Draco.

- C'est ça.

- Mais et le reste de ton courrier ?

- C'était la période où je suis retourné à Poudlard, et je n'ai jamais reçu beaucoup de lettres là-bas. Je pense que j'ai dû croire que les lettres s'étaient calmées parce que j'étais de nouveau à l'école. Mais ce doit être eux encore une fois…

- Ça me semble évident. »

Draco réfléchit, s'asseyant sur son bureau. Harry caressa sa main en attendant.

« Fais-moi voir ce contrat.

- Je ne sais pas trop où il est. Il y a même moyen que ce soit Hermione qui l'ait.

- Bon, dans ce cas, tu le demanderas à Hermione. Tu me le ramènes demain, d'accord ? »

Harry acquiesça. La fatigue prenant finalement son poids sur ses épaules, il soupira et approcha sa chaise de Draco. Il posa sa tête sur ses cuisses. Draco passa aussitôt une main dans ses cheveux.

« Concernant mon aménagement chez toi… commença-t-il.

- Tu vas le reporter ? le coupa Harry.

- Oui, je ne pense pas que ce soit le bon moment.

- Au contraire, il faut qu'on soit ensemble, pour pouvoir se soutenir et tout, dit-il en relevant la tête pour regarder Draco dans les yeux.

- Laisse-moi un peu de temps, au moins une semaine. »

Draco était décidé et il ne bougerait pas de sa position. Harry acquiesça. Il pouvait attendre. Ils n'étaient pas pressés après tout.

« Tu sais qu'aujourd'hui ça fait un an pile que je t'ai dit que je t'aimais ? dit Draco.

- J'ai pas noté cette date-là sur mon calendrier, Harry fronça-t-il les sourcils. Vraiment ? Ça fait un an ? Un an… Cela fait si loin… Alors qu'en soi ce n'est pas si long que ça. Oh là là, tu m'avais dit que tu m'aimais et tu t'étais barré sans attendre ton reste. Franchement, je n'aurais pas dû être étonné quand tu as paniqué et que tu as évité qu'on s'embrasse.

- Urgh, m'en parle pas, j'en ai encore honte. »

Harry tapota gentiment son genou avec un sourire.

« C'est plutôt moi qui devrais avoir honte de comment j'ai réagi. Oh, attends, j'ai une idée. »

Il se leva de sa chaise, prenant les mains de Draco dans les siennes. Celui-ci eut un sourire amusé et leva un sourcil.

« C'est moi qui vais faire ma déclaration aujourd'hui du coup.

- Ta déclaration ? rit Draco.

- Draco Malfoy, le fit taire Harry. Cela fait maintenant un peu moins d'un an que je suis tombé amoureux de toi. J'espère que tu comptes m'avoir comme petit ami pendant encore un long moment. »

Draco pouffa et embrassa Harry.

« Je ne suis pas près de te laisser partir », lui assura-t-il.

o0O0o

Ce matin-là, Harry se leva plus tôt que d'habitude. Teddy lui fit la tête pour avoir été réveillé avant son heure et fut grognon pendant tout leur rituel du matin. Son père le déposa chez Molly dès qu'ils furent prêts et il se rendit ensuite voir Meredith pour son rendez-vous qu'elle avait réussi à lui caser avant son travail.

Harry entra dans le bureau de Dumbledore qui était maintenant devenu dans son esprit le bureau de Meredith et s'assit dans le fauteuil qui était devenu le sien. Il s'était habitué à l'endroit et il s'y sentait à l'aise. Il pouvait y dévoiler tout ce qu'il voulait, s'énerver, pleurer, Meredith était toujours là pour lui dire que ça irait et que ça finirait par passer.

« Alors Harry ? Comment tu tiens le coup ? ouvrit-elle la séance.

- Étonnamment, plutôt bien. Je ne sais pas trop pourquoi, mais je me sens un peu détaché de tout ça et de toutes les conséquences. Ça m'a énervé sur le moment mais maintenant que c'est passé, c'est passé.

- Nos séances ont eu un petit impact alors. Ou est-ce juste pour me dire que tu refoules tes sentiments ?

- Non, non ! rétorqua Harry. Je ne pense vraiment pas les refouler. Je suis juste… calme.

- Bon, bah c'est une bonne nouvelle ! Et Draco ? Tu penses qu'il le vit bien ? »

Harry hésita.

« Il en a l'air… on n'en a pas vraiment parlé. Mais lorsqu'il triait son courrier, il en semblait très détaché, comme si ça ne l'atteignait pas. Après Draco a tendance à garder pour lui ce qui ne va pas…

- Qu'est-ce que je dis toujours sur la clef de voûte d'une relation ? demanda Meredith d'un ton taquin.

- La communication est la clef d'une relation, rit Harry. Je lui en parlerai.

- C'est important, approuva Meredith. Ce que vous vivez en ce moment n'est pas quelque chose de facile, ni même très normal. Bon. Qu'est-ce qui t'a fait ressentir des émotions négatives ces derniers jours ? »

Harry prit le temps de réfléchir. Meredith le laissait toujours former ses idées à son rythme même si Harry se sentait souvent gêné de ne pas répondre tout de suite.

« Ce n'est pas grand-chose… commença-t-il.

- Si c'est la première chose qui te vient, c'est qu'au contraire, ce doit l'être. Dis-moi.

- Juste… Lundi, Draco et une autre personne ont fait un pari sur si j'avais retenu ou pas le lieu de rendez-vous de l'interview. Et Draco a perdu parce qu'il pensait que je m'en souvenais. Et il m'a dit qu'il m'avait surestimé. En rigolant bien sûr, ce n'était pas sérieux.

- Mais ?

- Mais je ne sais pas… ça m'a blessé. »

Sa gorge se serra. Un autre truc depuis qu'il voyait Meredith : dès qu'il était face à elle, ses émotions augmentaient en puissance et c'était maintenant très rare qu'il ne pleure pas lors d'une séance.

« C'est… il me voit meilleur que je ne suis… » conclut Harry avec un sanglot dans la voix.

Avec la dextérité que procure l'habitude, Meredith lui tendit une boîte de mouchoir et Harry se moucha dans un, se maudissant intérieurement pour ne pas savoir se contenir.

« C'est bien, lui dit-elle. Fais sortir tes larmes. Pourquoi est-ce que cela te provoque autant d'émotion ?

- Je ne suis pas capable de retenir des trucs simples… et je déçois tout le monde… et… je ne sais pas…

- Harry, sais-tu que la dépression peut provoquer des pertes de mémoire ?

- Quoi ? Non…

- Si, si. Encore un truc de plus que tu peux blâmer sur le dos de la dépression ! »

Harry rit à sa tournure de phrase.

« Ceci étant dit, est-ce que tu te rappelles ce qu'on avait dit sur les attentes des autres et de toi ?

- Qu'il fallait les ignorer.

- Voilà. Que Draco parie que tu te souviens du lieu d'un rendez-vous, c'est une attente.

- Mais il fallait que je m'en souvienne, c'était important.

- Pourquoi ?

- Pour aller au rendez-vous. »

Harry fronça les sourcils. Il avait l'impression que Meredith le faisait tourner en bourrique.

« Mais Draco s'en souvenait lui, non ? Et tu as juste eu à le suivre. Si Draco s'en souvient, pourquoi est-ce important que toi aussi tu t'en souviennes ?

- Parce que c'est égoïste de laisser Draco tout gérer.

- Oui, c'est égoïste. Mais ce que je veux te faire comprendre, c'est que ce n'est pas grave. Cela arrive, d'oublier des choses.

- Oui mais… négocia Harry. Je l'ai déçu…

- En es-tu sûr ?

- Eh bien… oui… »

Meredith lui sourit gentiment. Elle se servit une tasse de thé et en proposa une à Harry qui accepta. En sirotant, elle lui dit :

« Essayons de voir les choses d'un autre point de vue. Toi et Draco avez rendez-vous, disons… vendredi prochain, pour vous couper les cheveux. Le jour J, Draco vient te voir en disant qu'il a oublié où était le salon. Mais toi tu le sais et tu vous conduis sans problème chez le coiffeur. Es-tu déçu de Draco ? »

Harry plissa les yeux.

« Je sais ce que tu essaies de me faire dire, lui répondit-il.

- C'est bien, ça veut dire que tu comprends les sous-entendus, rit Meredith. Bon, changeons de tactique, vu que tu ne veux pas tomber dans mon piège. O.K., Draco était déçu de toi, il te l'a dit clairement. Que fais-tu ?

- J'essaie de ne plus oublier mes rendez-vous.

- C'est bien. Et qu'est-ce que tu lui dis ?

- Ce que je lui dis ? »

Meredith le fixa avec un sourire énervant. Elle but une gorgée de thé tout en relevant les sourcils. Harry se massa la nuque et s'essaya à quelque chose :

« Je lui dis que je suis désolé j'imagine. Mais comment je suis censé tourner ça en une émotion positive ? Je me sens toujours coupable… » voulut-il savoir.

Meredith reposa sa tasse qui tinta doucement. Son regard fut capté par une petite ébréchure sur la coupelle avant de se réintéresser à Harry.

« Y a-t-il vraiment un intérêt à tourner ça en quelque chose de positif ? Est-ce une obligation ? »

Elle lui demandait cela avec un grand sérieux.

« Pour ne plus me sentir mal… tenta Harry.

- C'est un beau but, approuva Meredith. La fin de la souffrance… c'est le cœur de la religion bouddhiste, le savais-tu ? »

Harry secoua la tête. Il ne connaissait pas vraiment le bouddhisme…

« Un autre élément de cette religion, c'est de se détacher des éléments qui te retiennent en ce monde, de les accepter mais de ne pas les laisser t'affecter. J'aimerais que tu voies cette déception de Draco comme ça. Accepte-la. Mais ne la laisse pas te toucher. Il t'a surestimé, d'accord, mais ce sont ses sentiments, cela ne te concerne pas. Apprends d'eux et ne fais plus la même erreur plus tard si tu le veux. C'est un lieu commun mais "l'erreur est humaine". Ne te torture pas tant pour quelque chose du passé, cela t'empêchera d'avancer. Le bonheur est dans le présent, pas dans le passé. »

Elle se frotta le menton d'un air pensif avant de rajouter en riant :

« Bon, c'était un peu Poufsouffle cette fin. »

Harry sourit. C'était beaucoup à intégrer mais… il pensait qu'il comprenait. Et il se sentait déjà mieux. La question de la « déception » de Draco étant réglée, ils passèrent à autre chose et comme souvent lors de leurs séances, la question des Dursley s'installa. Parler de l'abus qu'il avait vécu lors de son enfance était dur et ils étaient encore loin d'avoir fini d'en faire le tour. Harry ne comprenait pas comment il avait pu passer autant de temps sans se rendre compte à quel point les Dursley l'avait blessé. L'avait marqué. Ç'avait toujours fait partie de son passé et comme c'était son passé, il l'avait vu comme normal… ou plutôt, il n'y avait jamais pensé. En y réfléchissant, c'était incroyable qu'il n'ait pas craqué quand il était à Poudlard ou mal tourné.

« N'as-tu jamais pensé à revoir les Dursley ?

- Les revoir ? Non, jamais. Je suis plutôt content de ne plus avoir à les voir. Pourquoi ?

- Pour certaines personnes, cela les aide à mettre un point final sur une relation abusive. À mettre les choses à plat. Est-ce que tu as envie de faire ça ?

- N-Non… C'est obligé ? Il va falloir que je le fasse un jour ?

- Non. À la fin, ce sont tes abuseurs. Rien ne t'oblige à jamais les revoir un jour. Ne crois pas toutes ces séries dont le message est "il faut pardonner à ses abuseurs". Cela peut certes faire du bien pour certaines personnes mais je pense que ce n'est pas le cas de la majorité des gens.

- Je vois… »

Meredith lui resservit une tasse de thé.

« Que dirais-tu que pour la prochaine séance, tu leur écrives une lettre ?

- Une lettre ? Aux Dursley ? »

Elle hocha la tête.

« Si tu ne le fais pas, ce n'est pas grave. Mais si tu en écris une, tu pourrais leur dire tout ce que tu veux. Tout ce pour quoi tu leur en veux, tout ce que tu regrettes, ce genre de choses. Et si tu le veux, tu pourras leur envoyer. Mais seulement si tu le veux. »

Harry acquiesça. Une lettre aux Dursley… Il passait son temps à éviter de penser à eux. Et là, il devait leur écrire une lettre ? Que pourrait-il bien y écrire ? Est-ce qu'il avait des choses à leur « dire » d'abord ?

o0O0o

Ce jour-là fut particulièrement lourd. Ces collègues – la plupart étant pourtant déjà au courant – le « taquinèrent » beaucoup sur sa relation avec Draco et quand il partit avec Julian à l'hôpital pour faire l'interrogation de l'ex-mangemort Dawson, tout (TOUT) le personnel médical y alla de sa petite remarque. Ce n'était pas le travail ou l'école où les gens le connaissaient déjà et ne se permettaient donc pas d'être trop négatif dans leurs commentaires.

Au bout de la troisième personne à dire : « Mais avec un mangemort ? », Julian perdit son calme et donna la peur de sa vie à l'infirmière ayant osé dire une telle chose. Il s'énerva aussi auprès de Harry quand celui-ci lui dit de ne pas s'inquiéter et que ça ne l'atteignait pas. Julian était donc « un peu » sur les nerfs quand ils se retrouvèrent devant Balthazar Dawson. C'était un homme brisé. Son physique avait mal vécu le coma dans lequel il avait été plongé mais son esprit avait subi le plus de dégâts. Ses yeux gris étaient vides quand il les posa sur eux.

« Ah, les aurors. Vous êtes en retard », dit-il.

Harry et Julian tirèrent des fauteuils pour s'asseoir à côté de son lit. Julian avait chargé Harry de poser les questions et n'interviendrait que s'il avait oublié d'en poser certaines ou que son mentor voulait plus de précisions. C'était la première fois qu'on lui donnait une telle responsabilité et il espérait ne pas trop se rater. Même s'il savait que Julian ne lui en tiendrait pas rigueur.

« Bonjour, Mr Dawson, dit Harry. Je suis Harry Potter et voici mon mentor, Julian Fitzmartin. Nous allons vous poser quelques questions concernant l'attaque que vous avez subi le 17 octobre dernier.

- Je sais qui vous êtes, rit ironiquement Dawson. Et d'après les journaux, vous avez fait la même erreur que ma femme. »

Harry fronça les sourcils et Julian parut sur le point de dire quelque chose.

« Pourquoi cela ? »

Dawson haussa les épaules.

« Sortir avec un ex-mangemort ne vous apportera rien d'autre que des ennuis. Vous êtes célèbre en plus, vous ferez une bonne cible pour ces fanatiques.

- Ces fanatiques ? nota Harry. Vous vous dissociez donc complètement des mangemorts maintenant ? »

On entendit le bruit du stylo à bille de Julian lorsque la pointe en sortit.

« Oui. J'étais un idiot arrogant facilement manipulé lorsque je suis entré dans leurs rangs. Si ce n'était pour ma femme, jamais je ne me serais rendu compte que ce ne sont que des ramassis d'ordures.

- C'est à cause d'elle que vous êtes devenu un "traître" pour eux ?

- Grâce à elle », le corrigea Dawson.

Son visage se chargea d'émotions et il serra les dents. La voix humide, il dit :

« C'est de ma faute si elle a perdu la tête. Si elle ne m'avait pas épousé, elle serait encore saine d'esprit.

- Ce n'est pas de votre faute, intervint Julian. Et ne perdez pas espoir, un jour on trouvera un moyen de faire reprendre leurs esprits aux personnes ayant perdu leur sanité comme pour votre femme. Une grande sorcière travaille en ce moment sur un sortilège pour soigner les dégâts causés au cerveau.

- J'aimerais que cela soit déjà fait… » avoua Dawson.

Harry ignorait s'il devait reprendre les questions mais un mouvement de menton de Julian le fit continuer :

« Qu'est-ce qui, chez votre femme, vous a fait quitter les mangemorts ? »

Dawson se reprit et répondit :

« Je suis tombé amoureux d'elle pensant que c'était une Sang-pure. Puis après un an de vie commune, j'ai appris que sa mère était une née-moldue.

- Elle vous l'a caché ?

- Non, pour elle sa mère était une sorcière alors elle a toujours fait mention d'elle ainsi. Je l'ai rencontré plusieurs fois et elle ne m'avait pas paru "différente". Puis Emily est tombée enceinte et le Seigneur des Ténèbres est monté au pouvoir et je me suis dit "je ne veux pas que ma fille naisse dans un monde où sa grand-mère est humiliée pour quelque chose qu'elle ne maîtrise pas".

- Votre femme savait que vous étiez un mangemort ?

- Non, j'étais toujours très discret là-dessus. Je devais déjà savoir inconsciemment que ce n'était pas bien. Mais je lui ai tout avoué avant de les fuir. Et elle ne m'a pas quittée. Elle a dit que j'avais changé pour le mieux et qu'elle était heureuse d'être avec moi. »

Sa voix se fit nostalgique, incrédule et fière.

« Nous avons changé nos noms et nous sommes installés dans un quartier résidentiel où aucune autre famille de sorcier ne vivait. Ils ne nous ont jamais retrouvé. Jusqu'en octobre dernier.

- Est-ce que vous savez qui vous a attaqué ?

- Ils étaient trois et portaient leurs masques. Mais j'ai reconnu la voix de Lestrange. »

Harry et Julian échangèrent un regard. Ils avaient été presque sûrs que Lestrange était derrière ces attaques. Il y en avait eu trois autres depuis celle des Dawson. Une vraie folie vengeresse. Maintenant, ils avaient la certitude qu'il s'agissait de lui. Deux autres l'avaient aussi désigné comme le perpétrateur des attaques. La dernière devait être aussi de lui. Lestrange était celui qui avait décidé de faire survivre la pensée de Voldemort et s'était enfin mis à l'action après trois ans d'inaction, semblait-il. Il fallait qu'ils l'arrêtent et qu'il fasse face à la justice.

« Est-ce qu'ils voulaient quelque chose de votre part ?

- Ils voulaient… Ils voulaient que je tue ma femme et mes filles pour leur prouver que je pouvais encore être "sauvé" et les rejoindre. »

Sa lèvre trembla et ses yeux se mouillèrent. Harry hésita mais Julian demanda :

« Votre fille nous a dit que vous aviez reçu une lettre quelques temps avant l'attaque. Était-ce une lettre de menaces ? »

Dawson acquiesça.

« Elle disait qu'elle savait qui nous étions.

- Pourquoi ne pas être parti ? reprit Harry.

- On a beaucoup débattu de s'il fallait partir ou pas et avant que l'on ne parvienne à une décision, ils nous ont attaqués…

- Est-ce qu'ils vous ont attaqué parce que vous étiez un traître ?

- Oui. Mais je pense qu'ils cherchent aussi à regonfler leurs rangs. Sous la peur, certains ont dû accepter de revenir parmi eux. »

Harry envoya un regard alarmé à Julian. Ce n'était pas bon du tout, ça. S'ils reformaient leur troupe de fidèle… Combien avaient bien pu les rejoindre ? Pour quatre ayant refusé, combien avaient accepté ? L'attentat du premier janvier était-il un moyen aussi d'appeler les anciens mangemorts à reprendre leurs activités ?

Draco risquerait-il d'être attaqué pour les mêmes raisons ?

Une autre pensée le traversa presque en même temps. Draco avait-il accepté la protection des Aurors en ayant cela en tête ? Si quelque chose arrivait à Draco, Harry ne savait pas comment il réagirait. Cela avait déjà été très dur lors des attentats et de l'hospitalisation de Draco. Il ne voulait plus jamais revivre ça.

Ils posèrent encore quelques questions à Dawson mais il ne put rien leur révéler de plus. Ils lui souhaitèrent un bon rétablissement et le laissèrent seul. Julian et Harry discutèrent de tout ce que ces révélations voulaient dire et ce que cela signifiait pour l'avenir. Ils parvinrent à une conclusion certaine : il fallait arrêter Lestrange et ses adeptes. Le monde sorcier se remettait à peine de la dernière guerre, ce n'était pas le moment que les conflits reprennent.

« Dawson était un mangemort recherché, non ? se rappela soudain Harry.

- Oui, pourquoi ?

- Il va devoir passer en procès ?

- Oui mais pas avant au moins deux mois. Au vu de ce qu'il nous a dit, cela m'étonnerait qu'il subisse une lourde peine. Il n'ira pas à Azkaban en tout cas, ça c'est sûr. Il a commis des crimes c'est vrai mais il a aussi été poussé à les faire.

- Je vois… Il a l'air de regretter beaucoup.

- Oui, cela devrait lui apporter un jugement positif. Les regrets comptent beaucoup pour une sentence. Mais tu dois déjà savoir ça, non ? Ton petit ami est juge après tout. »

Il fit un clin d'œil à Harry qui rougit.

« Il n'est pas dans le domaine du pénal. Mais il doit le savoir car il y a une époque, c'était lui devant le juge à prouver ces regrets. »

Cela mit au silence Julian.

« C'est vrai, finit-il par dire. J'avais oublié… Il était si jeune… »

Les mangemorts étaient doués pour recruter les jeunes quand ce n'était pas l'influence de leur famille qui les poussait à rejoindre les rangs de l'armée de Voldemort…

« Vous avez tous les deux vécu des choses que des enfants ne devraient pas vivre. »

Harry ne trouva rien à redire à cela.

o0O0o

Harry n'eut l'occasion de ne voir Hermione que le lendemain quand il s'incrusta chez elle sous le prétexte de prendre un thé. Il lui raconta tout ce qui s'était passé ces derniers jours et la conclusion à laquelle il était parvenu concernant ses lettres. Hermione faillit péter un plomb quand elle apprit cela et se sermonna pour ne pas avoir assez bien lu le contrat que Harry avait signé. Contrat que Harry avait passé les jours précédents à chercher mais n'avait pas trouvé et qui devait donc être chez Hermione. Celle-ci s'en alla fouiller dans tous ses papiers et finit par le retrouver entre deux feuilles d'un examen qu'elle avait passé à Poudlard.

« Il faut vraiment que je fasse un grand tri dans tout ça », conclut-elle.

Elle tenta de relire les clauses mais abandonna vite.

« Les contrats, ce n'est vraiment pas mon forte, c'est toujours des phrases aux tournures alambiquées. Je préfère les textes académiques, au moins les auteurs sont clairs dans ce qu'ils disent et il y a des conclusions. Il faut qu'on le relise avec Draco.

- Je suis d'accord.

- Ça me semble urgent de régler ça au plus vite mais il est déjà un peu tard…

- Oh tu sais, si c'est vraiment ce qu'on pense, ça fait bientôt quatre ans que c'est trop tard. Un jour de plus ou de moins…

- Mais quand même… On règlera ça demain ! décida-t-elle. Préviens Draco qu'on squattera chez lui en soirée.

- Pourquoi tu ne lui envoies pas un SMS ? demanda Harry, curieux.

- Tu ne vas pas le voir ce soir ?

- Ce soir ? Non.

- Vous êtes tout le temps fourré ensemble que j'en oublie que vous ne vivez pas ensemble. »

Elle rit en referma le contrat et le tendit à Harry qui le rangea dans son sac en faisant attention à ne pas le plier.

« En parlant de ça d'ailleurs…

- Vous allez vous marier ?! » s'exclama Hermione.

Harry explosa de rire.

« Non, non pas maintenant. Mais il va venir s'installer chez moi. »

Hermione plaqua ses mains sur sa bouche.

« Draco va quitter le manoir Malfoy ? Mais un tel événement n'est jamais arrivé ! Et ses parents sont d'accord ?

- Je ne sais pas s'il leur en a déjà parlé ou pas. On a reporté son départ à cause de l'article.

- Ce doit être dur pour lui, sympathisa Hermione. Quitter le foyer de ses parents, ce n'est jamais facile.

- Ah bon ?

- Bah bien sûr. »

Hermione allait rajouter quelque chose avant de sembler se rappeler que Harry n'avait jamais vécu cet événement. Et qu'il ne pouvait pas savoir.

« Ce n'est pas comme s'il n'allait plus voir ses parents, dit-il. Et puis c'est pareil que partir pour Poudlard, non ?

- Non pas vraiment, lui expliqua Hermione. Même si l'on ne voit pas ses parents pendant neuf mois à l'exception des vacances, on sait que l'on finira par rentrer à la maison. C'est toujours notre maison. Mais lorsque l'on quitte vraiment son chez soi, c'est comme si une distance se crée, qu'il n'y avait pas avant.

- Hum, je vois.

- Mais cela reste une belle expérience ! Tu deviens plus indépendant. Tu découvres beaucoup de choses sur toi, etc. En tout cas, j'espère que la cohabitation se passera bien entre vous deux. C'est assez différent de vivre avec quelqu'un au quotidien que cela ne l'est de sortir, même tous les jours, avec cette personne. »

Harry était d'avis que ça ne pourrait qu'aller, après tout, n'étaient-ils pas tous les deux amoureux ? Il pouvait certes y avoir des disputes mais tant qu'ils étaient ensemble, cela ne pourrait que bien finir.

« D'ailleurs… commença Hermione avec nervosité.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je ne veux pas m'immiscer dans ta vie privée…

- Voyons 'Mione, t'es ma meilleure amie ! »

Elle lui sourit en remerciement et posa mécaniquement ses mains à plat sur la table.

« Il faut que tu apprennes à vider ton historique après avoir fait des recherches internet », lui dit-elle d'un seul souffle.

Harry fronça les sourcils. De quoi voulait-elle… Oh ! Oh… Mince. Ses joues rougirent aussitôt mais avant qu'il ne puisse répondre, Hermione continua :

« Je n'ai pas voulu savoir délibérément ce que tu recherchais bien sûr ! Jamais je ne ferais ça. Je cherchais juste un article que j'avais lu l'autre jour et que je ne retrouvais plus. Je n'ai pas fait exprès, déblatéra-t-elle. Voilà, c'était juste pour te dire de penser à supprimer ce que tu as recherché après avoir utilisé un ordinateur. Ou de faire tes recherches en navigation privée.

- Désolé… réussit à placer Harry. Je ne pensais pas que tu verrais ce que j'ai cherché.

- C'est plutôt à moi de m'excuser pour avoir fouillé – sans le vouloir – dans ta vie privée. Mais ne t'excuse pas pour avoir cherché ça, c'est… c'est bien de faire des recherches. »

Venant d'Hermione, c'était comme si elle avait dit que le soleil se lève tous les jours. D'une évidence absolue. Elle avait vraiment été perturbée par ce qu'il cherchait.

« Est-ce que… est-ce que je peux te poser une question indiscrète ? demanda-t-elle, presque à se ronger les ongles.

- Au point où on en est, vas-y, l'enjoignit Harry avec un mélange d'amusement et de désespoir.

- Vous… ne l'avez jamais fait avec Draco ? »

Les joues rouges d'embarras, il expliqua :

« Jusqu'à dimanche dernier, non. On a déjà eu du sexe avant mais pas de… pénétration.

- Je vois… »

Harry n'était pas sûr qu'il voulait qu'elle voie. Mais bon. C'était Hermione. Elle pesa le pour et le contre et finit par passer en mode potin entre amis.

« C'était bien ? »

Harry qui avait repris à peu près le contrôle de son visage se remit à rougir comme pas possible.

« Ouais, dit-il avant de boire le fond de sa tasse pour faire passer la gêne de parler de sexe avec sa meilleure amie. C'était très bien. »

Hermione, elle, avait décidé qu'elle ne serait plus gênée par cette conversation et son regard partait plutôt à la pêche aux informations.

« Et Draco, il a bien aimé ? »

Harry acquiesça.

« Mais… le sexe c'est pas trop son truc.

- Ah oui ?

- Hm hm. Mais il a quand même voulu essayer avec moi. Ce mec est trop bien pour moi.

- Haha, tu n'aurais pas dit ça à l'école.

- C'est vrai, avoua Harry. Qu'est-ce que les choses ont changé depuis !

- Heureusement que les choses changent. T'imagines si on était resté coincé comme à l'école ?

- Oh là là, ç'aurait été catastrophique. »

Leur discussion dériva sur Poudlard et tous les souvenirs qu'ils y avaient. Hermione lui parla aussi un peu de son expérience sexuelle avec Ron et les difficultés qu'ils avaient parfois rencontré. Quand ce dernier rentra du travail, ils décidèrent d'aller dîner tous ensemble chez l'Indien du bout de la rue. Molly fit la morale à Harry lorsqu'il vint chercher Teddy pour ne pas avoir prévenu qu'il viendrait plus tard mais le rassura en lui assurant que l'enfant n'avait pas regretté de manger son bon petit repas et la charlotte qui allait avec. Harry s'en voulut quand même pour ne pas avoir pris soin de son fils et se jura de ne plus faire la même bêtise.

o0O0o

Harry se rendit au manoir Malfoy après son travail avec pour idée de passer tout l'après-midi avec Draco. Ayant oublié que celui-ci, eh bien… travaillait le vendredi après-midi, il passa donc son temps avec son fils et ils firent une gigantesque partie de cache-cache dans toute la maison, les elfes de maison participant avec eux. Narcissa accepta de jouer mais se cacha dans la bibliothèque pour lire un livre. Narcissa n'était pas une personne très… joueuse.

Quand on mit plus d'une heure pour retrouver un Teddy caché au fond du vieux four inutilisé de l'ancienne cuisine, Harry mit fin à la partie en cachant à son fils qu'il lui avait fait la peur de sa vie. Plus jamais il ne referait de partie de cache-cache au manoir Malfoy.

Il mit donc Teddy au dessin pendant que Harry se reprenait de ses émotions avec un diabolo fraise. Nope, pas d'alcool. Il avait tiré un trait définitif et il s'y tiendrait. Il se devait de le faire.

Il s'était assoupi sur la causeuse quand le cri strident de Teddy indiquant l'arrivée de Draco et Hermione le réveilla en sursaut. Un jour, il apprendrait à cet enfant à être calme. Un jour.

« Je vois que vous êtes arrivés ensemble.

- On s'est croisé en sortant, expliqua Hermione.

- Passons aux choses sérieuses », les coupa Draco.

Il s'installa à côté de Harry et celui-ci dut aller chercher son sac à dos où était rangé le contrat. Il le tendit à Draco qui le prit en main et se mit à le décrypter en se marmonnant à lui-même. Harry et Hermione le regardèrent faire avec curiosité.

« Pourquoi est-ce qu'il y a autant de pages ? s'étonna Draco. Ils ont vraiment voulu te noyer sous les informations. La moitié ne sert à rien. Et je n'ai même pas terminé de lire !

- Qu'est-ce que ça dit ? demanda Harry.

- Attends. Laisse-moi tout lire d'abord puis revoir les passages étranges. Mais une chose est sûre, tu t'es bien fait avoir. »

Harry et Hermione échangèrent un regard inquiet et finirent par discuter dans leur coin en attendant Draco. Un long soupir leur apprit quand il eut terminé.

« Harry… Pourquoi tu as signé ça ?

- Je… Je n'en pouvais plus des demandes incessantes de la presse ? C'est si mauvais que ça ? »

Il acquiesça et leur montra une clause à la formulation étrange.

« Si j'ai bien compris ce passage, tu as donné l'autorisation au Département des mystères de gérer ton courrier. »

Hermione poussa un cri d'exclamation et arracha le papier des mains de Draco pour relire le paragraphe. Harry en resta la bouche pendante.

« Le… Le Département des mystères ? Tu es sérieux ? Il n'y a pas marqué ça… »

Il regarda par-dessus l'épaule d'Hermione pour essayer de capter le mot écrit en toute lettre.

« Je suis on ne peut plus sérieux. Évidemment, ils ne l'ont pas marqué mot-à-mot mais la mention est là, sous-jacente.

- Oui… approuva Hermione. Maintenant que je sais quoi chercher, je le vois. Oh non Harry, c'est de ma faute, je n'aurais jamais dû te dire que ce contrat me semblait correct…

- Tu ne pouvais pas savoir, 'Mione… C'est plutôt moi à avoir signé quelque chose sans savoir exactement de quoi il en relevait.

- Arrêtez, vous deux. Il faut qu'on trouve un moyen de faire annuler ce contrat. Un simple "je ne savais pas ce que ça impliquait" ne marchera pas.

- Le Département des mystères quand même, dit Harry, toujours sous le choc. Ah c'est sûr qu'avec eux, mon courrier est bien protégé. Personne, pas même moi, ne pourra savoir de quoi il en retourne… Si seulement ç'avait été les aurors… ç'aurait été beaucoup plus facile… »

Une main sous le menton, Hermione leur fit part de ses pensées :

« Est-ce vraiment un si mauvais marché ? Ce sont des Langues-de-plomb, ton courrier ne peut pas être mieux protégé. Et si quelqu'un un jour tente d'intercepter tes lettres… eh bien ça n'arrivera pas, tout simplement. Jamais ils ne pourront dire leur contenu non plus, ce sont des Langues-de-plomb !

- C'est quand même une atteinte à sa vie privée, intervint Draco.

- Mais comment ils font leur tri ? voulut savoir Harry. Je veux dire, avant même que notre relation ne commence vraiment, tu m'as envoyé des lettres… et je les ai reçues. Est-ce que…

- Oh non, fit Hermione.

- Tu crois qu'ils me surveillent ?

- Ne soyons pas parano ! » dit Draco.

Mais à son visage, les deux autres voyaient bien que ces mots étaient destinés pour lui-même.

« Je préfère devoir faire face à des demandes continues d'interview avec la presse plutôt que d'être surveillé par le Département des mystères, déclara Harry. Ça ne me plaît pas du tout.

- Le contrat est valable jusqu'à quand ? demanda Hermione.

- Il est automatiquement renouvelé tous les cinq ans sauf demande de ta part, Harry.

- Cinq ans ? Donc il me reste encore un an de ce contrat ? Il n'y a pas moyen d'y mettre fin plus tôt ?

- Hermione, repasse-moi ça s'il te plaît. »

La jeune femme lui tendit le dossier et Draco relut rapidement les parties qui l'intéressaient.

« Tu as de la chance d'être une personne célèbre appréciée, finit-il par dire. Tu peux assez facilement t'en sortir.

- Comment ?

- Il faut que tu ailles voir directement la personne qui a fait ce contrat.

- Kingsley Shacklebolt ?

- Tu as signé ce contrat avec le Ministre de la magie ? »

Harry haussa les épaules et Draco soupira et marmonna dans sa barbe qu'il lui avait parlé de l'équipe du ministre et : « Je ne connaissais pas sa signature… » Il se racla la gorge.

« Non, pas Kingsley, celui qui a créé le contrat.

- Ne me dis pas… s'exclama Hermione.

- Si, une Langue-de-plomb.

- "Facile" ? Facile ? s'égosilla Harry. Tu crois que trouver LA Langue-de-plomb qui a écrit ce contrat va être facile ?

- En soi, une fois que tu l'as trouvée, tu as juste à lui demander de mettre fin au contrat et ce sera fait, s'expliqua Draco. Donc en soi… c'est facile.

- Mais trouver une Langue-de-plomb, pointa Hermione d'une voix plus aiguë qu'à l'ordinaire. Comment tu veux qu'on fasse ça ?

- Je ne sais pas, c'est pas moi qui ai des contacts avec les hautes instances de l'administration », dit Draco en regardant lourdement Harry.

Ce dernier soupira.

« Il faut que j'en parle au directeur, c'est ça ?

- T'as tout compris. »

o0O0o

Gawain Robards ne travaillait pas pendant le week-end, ce qui obligea Harry de devoir attendre jusqu'au lundi suivant. Comme la semaine précédente, il commençait sa semaine dans le bureau du directeur. Joie. Il s'était prévu une heure avant le début de ses cours pour prendre le temps de régler – ou plutôt commencer à régler – ce problème de lettre et de violation de vie privée. En le voyant entrer dans le bureau, Isobel l'interpela :

« Bah Harry, qu'est-ce que tu fais là ?

- Je vais voir Robards.

- Oh pauvre de toi, tu as encore été convoqué ? »

Harry se laissa aller à rire.

« Non, cette fois c'est moi qui viens le chercher.

- Allons bon, qu'est-ce qu'il a fait ?

- Oh ce n'est pas contre lui.

- Vraiment ? Parce que tu as l'air un peu hargneux ce matin. »

Harry se plaqua une main sur la joue.

« Ah bon ? J'ai juste besoin de son aide.

- Eh bien bonne chance à vous deux alors. »

Harry se dirigea vers le bureau du chef des aurors mais Isobel l'arrêta encore une fois.

« Je voulais te remercier pour ce que tu as fait.

- Ce que j'ai fait ? »

Elle lui fit un petit sourire en coin.

« Avoir permis à ma nièce de discuter avec ton cher petit ami. Cela lui a fait beaucoup de bien. Elle… n'avait plus vraiment d'amis et reprendre contact avec Draco l'a fait sortir de cet endroit sombre dans lequel elle était tombée. Je me faisais beaucoup de soucis pour elle. Elle vit mal la peine de prison de ses parents. Qu'elle se refasse des amis est un grand pas en avant. Continue à prendre soin d'elle, s'il te plaît, d'accord ? »

Lui ? Ami avec Pansy ? Elle n'y pensait pas ! Comment pourrait-il être ami avec une fille comme elle ? Elle le détestait de toute façon. Mais la façon de parler de sa tante fit tressauter légèrement son cœur. Pourquoi pas après tout ? La jeune fille lui faisait pitié et elle était importante pour Draco. Il pouvait essayer.

Cette fois-ci, il parvint à se libérer d'Isobel et toqua à la porte du bureau de Robards. Celui-ci était, heureusement, à l'intérieur et l'invita à entrer. En le voyant, Robards écarquilla les yeux et sa bouche s'ouvrit sur une rangée de dents.

« Ah, Harry ! Je ne m'attendais pas à te voir ici aujourd'hui. Assis-toi. »

Harry prit le siège que lui désignait le chef des Aurors et entra aussitôt dans le vif du sujet :

« J'aimerais que vous m'accordiez une faveur.

- Ah, Harry, une faveur ? Que puis-je faire pour toi ?

- Après la fin de la guerre, j'ai signé un contrat avec l'ancien Ministre de la magie pour que la presse cesse de me harceler.

- Oui, oui, je suis au courant. Et donc ?

- Ce contrat a été réalisé par une Langue-de-plomb.

- Oh… »

Robards se rassit dans son siège, son attention toute focalisée sur Harry, une ride se formant sur son front.

« Je ne le savais pas mais j'ai donné le droit au Département des mystères de gérer mon courrier.

- Oh… »

Il avait réussi à en boucher un coin au chef du bureau des Aurors. Le monde s'était arrêté de tourner, ce n'était pas possible !

« J'aimerais donc annuler ce contrat mais pour cela il faut que je m'adresse directement à la Langue-de-plomb qui l'a rédigé.

- Oh…

- Et j'imagine qu'en tant que directeur du bureau des Aurors, vous devez avoir quelques connaissances parmi eux, non ?

- Ah, Harry… J'en ai, effectivement… mais ces personnes sont très secrètes. Retrouver la Langue-de-plomb qui t'a écrit ce contrat ne va pas être une mince affaire.

- Mais est-ce que c'est possible ? demanda Harry en mettant tout l'espoir qu'il pouvait dans sa question.

- Je vais voir ce que je peux faire. »

Puis il murmura pour lui-même :

« Que le Département des mystères ait accès au courrier d'un de nos membres… inadmissible. »

Se retournant vers Harry, il lui demanda de lui envoyer le contrat. Lorsque Harry le lui sortit de sa sacoche, Robards en fut tout heureux et y jeta un œil.

« Ah, évidemment, c'est écrit de façon à ce que l'humain lambda n'y comprenne rien. Je suis sûr que Kingsley n'a rien compris non plus de ce qu'il te proposait avec ça. Je doute qu'il t'aurait laissé signer ça autrement, il t'apprécie. »

Harry hocha la tête, juste soulagé que quelqu'un de compétent prenne les choses en main. Ce n'était plus qu'une question de temps pour qu'il soit de nouveau maître de son courrier. Même si cela voulait dire qu'il devrait refaire face aux demandes d'interview et aux lettres de fan et celles de ceux qui trouvaient quand même moyen de le détester.


Et fin du chapitre ! Il était un peu plus court que le précédent mais si je ne coupais pas là, le chapitre suivant commençait et je n'aurais pas pu terminer.

La journaliste Linda Parker est bien entendu une référence à Peter Parker. ^^

On se retrouve donc dans deux mois ! Profitez bien de vos vacances pour ceux qui en ont !