Bonjour ! J'aimerais avant tout m'excuser pour le hiatus involontaire que cette histoire a subi. Croyez-moi, j'aurais préféré qu'il n'ait pas lieu. Ce qui va suivre va être un peu long mais je pense que j'ai besoin de le faire sortir.
En tant qu'excuses, j'aimerais citer mon travail en tant que secrétaire COVID que j'ai fait de septembre jusqu'à mars. Comme vous pouvez vous en douter, les heures supplémentaires étaient légion et disons que terminer vers 21h, c'est considéré comme "terminer tôt". Ensuite… j'ai perdu énormément confiance dans cette histoire. Disons qu'une personne qui se disait être mon amie a dit des choses vraiment pas sympa sur la tournure de cette histoire, sans en avoir lu plus de quelques chapitres. Je l'ai intériorisé et j'ai complètement oublié que la personne m'avait dit ça. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais bloquée dans l'écriture et pourquoi je n'avais pas envie de continuer. Puis je me suis débarassée de cette personne toxique et soudain, je me suis rappelée de ce qu'il s'était passé et j'ai donc travaillé à reprendre confiance en moi et dans mon écriture. Cette histoire, je la terminerais ! Je l'aime trop pour la laisser en plan ! Et pour VOUS laisser en plan. Vous, chers lecteurs qui avaient continué à m'envoyer des reviews, à me mettre en favoris, à me suivre, ou juste ceux qui ne font que lire. Cela m'a fait chaud au cœur et sans vous, sans l'idée que vous attendiez la suite, cette histoire aurait sûrement été abandonnée.
J'ai donc pris mon courage à deux mains et j'ai écrit ce chapitre ! On approche de la fin les amis, je pense qu'il n'y aura plus que quelques chapitres. Deux, trois peut-être ?
Bonne lecture !
Fond musical : London in the Spring de Passenger
Chapitre 22 : Londres au printemps
Il fallut attendre trois semaines pour que Dawson mette la main sur la Langue-de-plomb qui avait écrit le contrat de Harry. Il fallut encore une semaine au chef des aurors pour le convaincre de l'annuler. Mais tout finit par s'arranger et dès le lendemain, Harry reçut une centaine de lettres. La moitié d'entre elles étaient de fans qui le soutenaient dans sa relation avec Draco et le congratulait sur ce qu'il faisait. Un quart était haineux ou dérangeant à lire et le dernier quart était des demandes d'interview. Il n'y eut qu'une lettre qui l'importa vraiment, d'un de ses amis. Il passa une bonne partie de son dimanche après-midi à gérer son courrier.
Pour avoir reçu autant de lettres d'un coup, c'est que la Langue-de-plomb avait dû lui renvoyer aussi tout son courrier de la semaine. Croire cela fut la plus grande erreur qu'il eût jamais faite. Quand Harry reçut encore plus de lettres le lendemain, il comprit qu'il devrait faire face à autant de papier tous les jours. Il appela Draco à la rescousse qui, avec sa toute petite voix à travers le combiné, lui conseilla aussitôt le nom de la personne qui gérait le courrier de la famille Malfoy. Harry était un peu réticent à l'idée de confier ses lettres à quelqu'un après toute cette histoire, mais cette fois, il le décidait de son propre chef et la personne qui allait s'en occuper lui ferait un récapitulatif hebdomadaire, ce qui n'était pas si mal.
Après tant de temps depuis leur décision d'emménager ensemble, Draco avait enfin avoué son désir de quitter le nid à ses parents la semaine précédente. S'ils avaient été plutôt contre l'idée – un Malfoy ne quittait pas le manoir Malfoy – ils lui avaient néanmoins donné leur bénédiction, à la condition que lorsqu'il reprendrait le titre de son père, il reviendrait s'installer dans la demeure familiale. Draco était donc censé emménager ce week-end et Harry s'inquiétait que tout fût bien rangé et de si vivre ensemble n'allait pas tout changer.
Draco arriva le samedi en début d'après-midi avec la même valise qu'il utilisait à Poudlard. Harry le regarda de haut en bas.
« C'est tout ce que tu as ?
- Haha non. Il faut encore faire quelques aller-retours. Je voulais d'abord amener mes affaires les plus importantes pour ne pas les perdre avec les autres. »
Ils montèrent dans la chambre de Harry… leur chambre maintenant. Harry lui montra avec excitation la toute nouvelle armoire qui ornait un coin de la pièce.
« Je l'ai descendu de la chambre d'ami spécialement pour toi. J'espère qu'elle sera assez grande pour toi. Il n'y a pas de dressing-room ici alors je croise les doigts pour que tout rentre. Sinon je trouverai un moyen pour transformer une des chambres adjacentes.
- Si je plie bien mes vêtements et que j'agrandis un peu l'intérieur de l'armoire, cela devrait le faire, je pense, réfléchit Draco. Je n'ai pas pris TOUS mes vêtements non plus. »
Il rit et déposa avec précaution sa valise à côté du meuble.
« Bon, si on allait chercher le reste ? »
Harry acquiesça et ils passèrent une bonne partie de l'après-midi à ramener les affaires de Draco. À un moment, ils eurent un différend concernant un canapé que Draco voulait récupérer alors qu'il n'y avait pas du tout la place pour un tel meuble. Ni pour la console préférée de Draco. Mais ils ramenèrent tout de même la harpe et le piano de Draco. Il y avait, bien sûr, un piano dans l'antique maison des Black mais personne n'y avait joué depuis une éternité et appuyer sur une touche produisait un bruit d'un autre monde à vous crisser les dents et à vous donner la chair de poule. Le décrétant maudit, Harry s'en débarrassa joyeusement pour le remplacer par le magnifique piano à queue en bois de cerisier de Draco.
Teddy s'amusa à leur courir dans les pattes, à commenter toutes les affaires et à être excité de façon générale par tous ces changements. Il fut particulièrement impressionné par le piano et s'amusa à tapoter les touches pour s'extasier du bruit que cela faisait. Il joua donc de façon discordante au grand plaisir des oreilles des deux déménageurs.
« Dès que j'ai un peu de temps libre, j'apprends à ton fils à jouer du piano. Je ne pourrai pas supporter une telle horreur pendant longtemps, déclara Draco.
- C'est gentil de proposer, rit Harry. Il sera ravi. »
Ils prirent le thé, terminèrent de ranger les dernières affaires de Draco et s'effondrèrent sur leur lit, épuisés. Ils ne bougèrent pas pendant un moment, appréciant juste que leurs corps soient allongés et ne fassent rien d'autre que de respirer. Puis, Harry se pelotonna contre Draco et commença à l'embrasser. Celui-ci lui répondit passivement, ce qui ne permit pas au baiser de traîner en longueur. Harry caressa son visage.
« Ça va ?
- Ça va, je suis juste fatigué.
- Même pour des câlins ?
- Même pour des câlins », approuva Draco.
Harry embrassa donc une dernière fois le front de son nouveau colocataire et prit sa place dans le lit. Draco vint se coller contre lui et Harry se lova contre son giron. Deux secondes plus tard, ils étaient complètement endormis. Et si un Teddy ne les réveillait pas le matin, ils étaient bien partis pour une petite grasse matinée.
o0O0o
Ce fut toute une expérience de vivre avec Draco. Ils avaient déjà passé de longs moments ensemble, dans un même endroit, mais il y avait définitivement quelque chose de différent au fait que maintenant, il fallait vivre ensemble.
La première chose qu'Harry fit fut de mettre en place un planning pour les corvées. Si Draco rechigna au début, il finit par accepter le bienfait de cette entreprise. Harry aimait bien faire le ménage à la main car quand tout était propre, il ressentait un véritable sentiment d'accomplissement. Draco, de l'autre côté, aimait que tout soit fait au plus vite et excellait donc dans les sorts ménagers. Le résultat était à peu près le même mais les méthodes que l'autre utilisait les mettaient sur les nerfs. Harry affirmait qu'à la main, Teddy pouvait ainsi apprendre à être une personne responsable et humble tandis que Draco assénait que si l'on était un sorcier, ce n'était pas pour rien et autant utiliser ces capacités. En plus, le ménage, c'était chiant. Quand Hermione leur dit du ton le plus patronisant qu'elle avait : « Vous êtes débiles ou quoi ? », ils laissèrent tomber la dispute avec honte.
Ils eurent plusieurs autres accrocs comme celui-là mais s'en trouvèrent grandi à chaque fois et avec une meilleure compréhension de l'autre. Bref, ils étaient amoureux.
Le printemps arriva, doux et tant attendu, et avec lui, la date anniversaire de leur mise en couple. Le matin de ce fameux jour, Harry se réveilla avant Draco, bien avant même leur réveille-matin. Il en profita pour l'observer, dans la pénombre s'éclaircissant de leur chambre. Comment ses cheveux n'avaient plus aucune forme, comment sa lèvre était entr'ouverte, un léger souffle s'en échappant pour effleurer le visage de Harry, comment ses cils étaient épaissis par le sommeil. Un an. Dire que cela faisait un an qu'ils étaient ensemble. Et les voilà déjà à vivre ensemble, à prévoir leur vie à deux. Un avenir où l'autre était forcément présent.
Tant de choses s'étaient passées depuis un an, le monde même avait changé, Harry avait changé. Ainsi continuait le chemin de la vie et cela faisait se demander à Harry ce qu'il en adviendrait dans une autre année, dans dix ans, à la fin de sa vie. Un jour, il amènerait Teddy à la gare de King's Cross pour qu'il parte à Poudlard. Et ce serait des adieux déchirants.
Mais pour l'instant, il était là, à observer l'homme qu'il aimait. Un sourire naquit sur ses lèvres et il caressa d'un doigt la joue de Draco. Tout doucement, il déposa son sourire sur son endormi préféré. Draco battit des paupières, à la façon d'un papillon prenant son envol. Décidément, il était poétique ce matin-là.
« Bonjour toi, dit-il.
- Njour… » marmonna Draco, la voix encore pleine de sommeil.
Il bâilla, plaqua aussitôt la main sur bouche et étira son autre bras, s'éloignant de fait d'Harry. Il se frotta les yeux puis passa une main dans des cheveux encore plus ébouriffés que les siens.
« Tu sais quel jour on est ? demanda-t-il.
- Lundi ? » fit Harry, comme s'il ne comprenait pas le vrai sens de la question.
Draco vit clair dans son jeu et avec un sourire repoussa le visage d'Harry. Celui-ci attrapa sa main et en embrassa la paume.
« Mon cher amant, je ne crains qu'il n'y ait un problème. »
Draco souleva un sourcil.
« Mon amour pour vous n'a pas diminué après un an en votre illustre présence. À dire vrai, je ne crains même qu'il n'ait augmenté. Comprenez que j'en sois tout émotionné. »
Un rire s'échappa de la gorge de Draco.
« Viens là, grand bêta. »
Harry ne se fit pas prier et rejoignis l'étreinte de son petit ami. Il en profita pour voler un baiser à la peau nue de son cou.
« Bon et que faisons-nous pour célébrer cette journée ? demanda Draco.
- Aller en cours… se dépita Harry. Crois-moi, j'aurais préféré flemmarder avec toi toute la journée.
- Je n'en doute pas une seconde.
- Mais je me disais qu'un petit dîner pourrait être sympa.
- Tu as un restaurant particulier en tête ?
- L'italien ? Pas loin du chaudron baveur, côté moldu ?
- Oh oui, je l'avais bien aimé celui-là.
- Alors c'est décidé ! sourit Harry. Je laisserai Teddy chez les Weasley. Ou tiens, chez Ron et Hermione, il est temps qu'ils apprennent à jouer leur rôle d'oncle et tante. »
Draco faisait des ronds avec ses cheveux et c'était délicieusement agréable. Harry se contentait de le tenir fermement contre lui. Draco l'embrassa sur le crâne et murmura :
« Mon amour que j'aime tant… »
Harry sourit. Ils se rendormirent.
o0O0o
À la fin de cette même semaine le mariage de Ron et Hermione avait lieu. Plus les jours approchaient et plus Harry ne tenaient plus en place, à croire que c'était lui-même qui allait se marier.
« Mais enfin, calme-toi, lui disait Draco.
- Mais ce sont mes meilleurs amis… et ils vont se marier ! » lui répondait Harry.
Le jour J arriva finalement. Hermione et Ron jouant eux aussi d'une certaine popularité, un journaliste de la Gazette avait été invité. Ce serait donc le premier événement où Draco et Harry apparaîtraient « ensemble » en société. Mais si le journaliste ne manqua pas de leur poser une ou deux questions, il les laissa relativement tranquille, entièrement concentré sur le couple d'honneur. Hermione était resplendissante, Harry ne l'avait jamais vue aussi belle. Il pleura au moment des vœux, manquant le roulement d'œil moqueur de Draco. Ron était éblouissant lui aussi et il était si nerveux qu'il bégaya au moment de dire « je le veux ». Tous les deux étaient adorables et Harry fut le premier à les prendre dans ses bras, pleurant à chaudes larmes.
« M'enfin Harry, tu pleures plus que ma mère ! » le taquina Ron.
Harry sourit et essuya ses joues.
« Je suis si heureux pour vous.
- Ne t'inquiète pas Harry, rit Hermione, on pleurera aussi quand tu te marieras. »
o0O0o
En rentrant chez eux à trois heures du matin, après avoir fait la fête bien trop longtemps, Draco était celui qui était un peu saoul. Harry était sobre, surveillé de partout par ses amis et son petit ami. Et il ne s'en portait pas plus mal. Il s'était bien amusé, il était heureux, et il n'avait pas eu besoin d'alcool pour ça. Bon, c'était mentir, il avait réussi à se procurer une coupe de cocktail. Mais à part ça, dont la quantité d'alcool n'était honnêtement pas bien grande, il n'avait rien bu de plus. Il se sentait fier de lui. C'était positif ça, qu'il se sente fier de lui, non ?
Draco attrapa son visage, les yeux un peu flous, et l'embrassa comme jamais. Surpris, Harry mit une seconde avant de lui répondre. Il rit quand ils se séparèrent.
« Eh bien, je ne m'y attendais pas.
- Encore, quémanda Draco.
- D'accord, d'accord, mais on va dans la chambre. On ne va quand même pas se faire des bisous dans l'entrée. »
Draco réfléchit fortement à cette possibilité mais Harry le tira à l'étage avant qu'il n'ait pu venir à une décision. Ils s'embrassèrent tout du long en riant. Harry se sentait presque éméché par l'odeur enivrante de Draco, il ne semblait plus capable de le laisser loin de lui. Il voulait respirer tout son corps, se baigner dans son parfum et l'embrasser jusqu'au petit jour. Qu'est-ce qu'il aimait Draco.
L'objet de ses pensées demanda toute son attention quand il le repoussa dans le lit et s'attaqua à son cou. Harry gémit et enveloppa le corps de Draco de ses bras. Son amant lui susurra à l'oreille :
« Ça te va si je ne fais que te masturber ? »
Harry s'étouffa avec sa salive mais réussit à sortir un « bien sûr ». Draco glissa donc une main sous le pantalon d'Harry et le reste ne fut que bruits mouillés et gémissements.
o0O0o
Au petit matin, la lumière entra sans autorisation dans la chambre, les tirant du sommeil par son éblouissement. Harry grogna et se réfugia sous les couvertures alors que Draco maugréa et se tint la tête dans les mains.
« Oh là là ma tête…
- Lendemain de soirée ? demanda Harry à mi-voix, soulevant juste assez la couverture pour jeter un œil inquiet à Draco.
- On a été à la même fête, fit Draco en le regardant avec incompréhension.
- J'ai refait mon stock d'Au revoir Ivresse, regarde dans les médicaments. »
Draco prit sa baguette et fit apparaître la potion devant lui.
« Ou utilise Apparitio… » grommela Harry.
Draco engloutit le contenu cul sec, ne prenant pas la peine de respirer entre deux gorgées. Il secoua la tête de dégoût et posa la fiole vide sur la table de chevet.
« Ah, ça va mieux. »
Il souleva la couette au-dessus de Harry qui grogna et mit son oreiller sur sa tête.
« Comment ça se fait que tu as ces potions à la maison ?
- Je n'ai pas le droit ? » rétorqua-t-il en sortant sa tête à l'air.
Draco souleva un sourcil et l'attaqua de son regard perçant.
« Je ne bois plus, je te jure, soupira Harry. Ça me semblait juste être un élément important à avoir sous la main dans cette maison. Regarde, ça t'a bien servi.
- Tu ne me mens pas j'espère. »
Harry roula des yeux et s'appuya sur ses coudes pour se relever un peu.
« Si tu veux tout savoir, hier j'ai bu un cocktail et il y avait très peu d'alcool dedans et je n'ai pas été tenté d'en boire plus. J'ai su me contrôler. Maintenant, clappe des mains et dis-moi comme tu es fier. »
Draco gloussa et déféra avec ironie, allant même jusqu'à déposer un baiser sur les lèvres de Harry.
« Et puis tu peux parler, reprit Harry. Regarde qui a eu besoin de ma potion ce matin. »
Draco rit et repoussa une mèche de cheveux d'Harry.
« Oui, vous avez raison et j'ai tort, mon cher. Que puis-je faire pour me pardonner ?
- Ferme-moi ces rideaux et traînaillions dans le lit.
- Non, Harry. On doit aider Ron et Hermione avec le rangement. »
Harry grogna :
« J'avais oublié. On peut pas dire qu'on a oublié ? »
Le regard de son petit ami lui apprit que non, cela n'allait pas être possible. Il quitta donc la chaleur de leur lit avec regret et chercha dans son armoire quelque chose de respectable à mettre mais qui supporterait une bonne journée de rangement.
Une heure plus tard et ils étaient prêts à partir et retrouver Teddy qui avait passé la nuit avec les autres petits au Terrier. En toute honnêteté, Harry ne se rappelait plus exactement à quel moment il avait été décidé que les enfants dormiraient ensemble mais il était reconnaissant pour la personne qui en avait eu l'idée.
Ayant transplané devant le portail qui marquait l'entrée de la maison, ils enregistrèrent tous les dégâts présents dans le jardin et le calculèrent le temps que cela allait leur prendre pour tout remettre à sa place.
« Qui a décidé que c'était une bonne idée de faire le ménage juste le lendemain après le mariage ? Avec les mariés en plus ? grommela Harry.
- C'était la condition de Molly, tu te rappelles ? lui souffla Draco.
- Ah oui… »
Harry fronça les sourcils.
« "Je ne suis plus aussi jeune", l'imita-t-il. "Loin est l'époque où je pouvais tout faire toute seule." Pauvre Molly quand même, rit-il. Ses enfants n'ont jamais appris à l'aider en quoi que ce soit.
- C'est qu'elle doit aimer se faire plaindre, remarqua Draco. Sinon, crois-moi qu'ils feraient leur propre vaisselle.
- Parce que tu la fais toi ? s'étonna Harry avec un sourire en coin.
- Maintenant, oui, dit-il avec fierté, posant une main sur son cœur. Avant, mon statut m'interdisait de faire de telles choses. »
Harry roula des yeux.
« Parce que tu n'as plus le même statut peut-être.
- Non, appuya Draco d'une voix amusée. Je ne suis plus "l'héritier Malfoy". Maintenant je suis "le petit ami d'Harry Potter". »
Harry s'esclaffa et vola un baiser à l'ancien "héritier Malfoy". Ils poussèrent la porte d'entrée pour se rendre compte que la tornade festive paraissait avoir été tout aussi violente à l'intérieur qu'à l'extérieur. Draco fronça les sourcils et se tapota le menton de ses doigts.
« Je croyais que la maison avait été interdite d'accès.
- Un rêve mon cher ami ! s'exclama George en apparaissant sur leur gauche, sa baguette prête à l'emploi. Qui dit mariage dit que l'on ne sait pas ce qu'il risque d'arriver. La maison était condamnée avant que nous ne le sachions », s'exclama-t-il dramatiquement.
Harry lui sourit et claqua sa main dans la sienne en salutation mais une chevelure rousse supplémentaire apparut derrière le grand dégingandé et lui ficha un coup de journal sur la tête.
« La faute à qui tout ça ? râla Molly Weasley. Bonjour Harry et Draco chéris, vous avez bien dormi ? C'est très gentil de venir nous aider à faire le ménage. J'ai bien peur que cela prenne toute la journée.
- Les enfants dorment encore ? demanda Harry.
- Oh oui, et je pense qu'ils y seront pour encore au moins une heure.
- Et les jeunes mariés ? s'enquit Draco.
- On s'est dit que cela serait plus gentil de notre part de les laisser se reposer de leur nuit d'amour… au moins jusqu'à midi, intervint George.
- Ne sois pas crasse George ! »
Sa mère le retapa avec son journal mais le rouquin évita le coup avec la force de l'habitue en riant. Elle soupira en maugréant pourquoi on lui avait refilé des enfants pareils puis elle se reprit et invita tout le monde à se mettre au travail, leur assignant à chacun des tâches. Tout en faisant le ménage, ils croisèrent les autres membres de la famille – sauf Ginny qui avait senti le coup fourré et était déjà rentrée chez elle pour se "préparer" à un futur match. Teddy et Victoire se levèrent en même temps et ce fut l'occasion pour tout le monde de prendre une pause autour d'un thé ou d'un café.
À midi pile, Ron et Hermione arrivèrent en furie. La jeune mariée fondit sur George et lui hurla dessus :
« C'est toi qui as lancé un sort à notre porte pour nous empêcher de sortir avant midi ? »
À l'air tout à fait innocent du farceur, Ron gémit.
« C'était toi… Moi qui voulais te croire de bonne foi… Espèce de faux frère ! »
Il lui donna un coup de pied dans la jambe.
« Mais qu'ai-je fait au monde pour que toute ma famille veuille me frapper ? » se plaignit George.
Tout le monde rit sauf Hermione et Ron, encore fumants d'avoir été coincés dans leur chambre. Mais le cerveau bouillonnant d'Hermione prit le dessus et elle demanda :
« Quel sort c'était ? Mes Finite Incantatem n'ont pas marché ni ceux de détection de sorts… même s'ils m'indiquaient qu'il y avait quelque chose, finit-elle en marmonnant pour elle-même. »
George plaça un index sur sa bouche et lui fit un clin d'œil.
« Secret de fabrication. »
Les yeux d'Hermione s'illuminèrent.
« Ce n'était pas un sort ? Mais quoi… ? Un objet ! Il faut que tu me montres !
- Hors de question, s'exclama George. Comment as-tu pu découvrir mon secret aussi vite ? »
Hermione leva les yeux au ciel et désespéra :
« Pourquoi tant d'intelligence pour des farces ? Avec un cerveau comme le tien, tu pourrais révolutionner plein de secteurs de la magie !
- Non merci, je préfère faire rire les gens. »
Ils se chamaillèrent en fond pendant qu'on mettait Ron à jour sur le travail à faire. Teddy s'amusait beaucoup à ranger les objets un à un dans les boîtes qui correspondaient. Sa magie accidentelle se plut bien ce jour-là et plusieurs fois, des objets à des endroits difficilement accessibles vinrent voler jusqu'à lui. Tout le monde le félicita et ses cheveux rosirent de plaisir.
À l'heure du goûter, presque tout était rangé. Il ne manquait plus qu'un bon nettoyage de fond. Molly sortit tous les restes de gâteaux de la veille et ils s'explosèrent le ventre de sucre. Seul Arthur en refusa, prétextant avoir encore mal au ventre de toute la crème qu'il avait mangée pendant la fête. La petite Victoire qui allait sur ses deux ans devint surexcitée par toutes les sucreries qu'elle avait mangées et fut intenable pour tout le reste du ménage, marchant dans les pieds de tout le monde. Fleur montra son mécontentement en expulsant tous les gnomes de jardin déjà revenus d'un seul mouvement de baguette.
o0O0o
Neville soupira avec tout le désespoir du monde quand il s'installa sur le banc de l'amphithéâtre où ils s'asseyaient habituellement. Harry rangea son manuel de cours et se tourna vers son ami.
« Qu'est-ce qu'il t'arrive ? »
Nouveau soupir.
« Avec le mariage samedi, je n'ai pas du tout été mentalement disponible dimanche. Harry, je ne sais pas comment je vais faire pour mes révisions… s'inquiéta Neville.
- Les révisions ? »
Neville le regarda avec de gros yeux.
« Les révisions, Harry. »
Ils avaient un contrôle bientôt ?
« Pour les examens de fin de semestre, appuya Neville. À partir de la semaine prochaine.
- Oh Merlin ! » s'exclama Harry en se rencognant dans son siège et se plaquant une main sur le front.
Il chercha le regard de son ami, un horrible poids du destin lui retombant dans le ventre.
« Neville, grelota-t-il des dents, j'avais oublié les partiels.
- Je vois ça. »
Neville eut un petit sourire compatissant et tapota gentiment le bras de Harry.
« Au moins, tu es aussi peu avancé que moi. Tu veux qu'on révise ensemble ? Je sais que ça m'aiderait beaucoup, personnellement, proposa Neville.
- Oui, absolument. Merci, t'es un vrai pote. Merlin, j'arrive pas à croire que j'avais oublié les exams.
- C'est pas comme si les profs en parlaient à chaque cours », ironisa Neville.
Harry roula des yeux avec un sourire.
« J'imagine que les horaires et salles sont indiqués devant le hall des aurors ?
- Comme chaque semestre, l'assura Neville.
- Ils ont prévu combien de temps pour Maléfices et comment les dénouer ?
- Trois heures.
- Pour l'écrit ? » s'étonna Harry.
Neville eut un nouveau petit sourire de pitié.
« Écrit ET pratique.
- Merlin, je suis mal barré. La pratique ça va encore mais va falloir que je torche la théorie, je n'arrive jamais à expliquer les maléfices comme je veux.
- C'est parfait alors, moi c'est la pratique qui me fait peur.
- On révise ça ce soir ? proposa Harry.
- Chez toi ou chez moi ? »
Harry posa ses coudes sur la table et son menton dans ses paumes.
« Chez moi je ne vais pas pouvoir me concentrer, avec Draco et mon fils. Ça ne te dérange pas chez toi ? J'achèterais les collations.
- Pas de problème ! s'enthousiasma Neville en claquant des mains.
- Je vais juste envoyer un message à Draco, qu'il ne s'inquiète pas. »
Neville acquiesça et Harry sortit une feuille blanche de ses affaires. Il sortit sa plume et prévint Draco de son absence ce soir et de, si cela ne le dérangeait pas, de bien vouloir aller chercher Teddy chez ses parents. Un sortilège plus tard, le message en avion en papier s'envola hors de l'amphithéâtre de cours.
Harry reçut sa réponse en plein milieu dudit cours, ce qui lui octroya un regard noir de la prof quand la note en papier atterrit devant lui. Évidemment, Draco se moqua de lui pour avoir oublié ses examens et lui assura qu'il irait chercher leur fils. Un sourire tendre fleurit sur les lèvres de Harry en voyant les mots "notre fils" écrits de la belle plume de son amant.
À la fin de leurs cours, Neville, lui et deux autres camarades s'invitèrent dans la maison du premier. Harry tint sa promesse et, en sortant du Ministère, acheta pour tout le monde des viennoiseries qu'ils grignotèrent autour d'un bon thé et d'un étalage fort peu pratique de feuilles de cours. Chacun échangea leurs moyens mnémotechnique, leurs informations internes, les rumeurs des anciens alumni. Le ton monta un peu suite à des explications que chacun comprenait différemment mais de façon générale, leur séance de révisions fut bien productive.
o0O0o
Une nouvelle attaque de Mangemort avait eu lieu. Cette fois, sur quelqu'un qui s'attendait à subir la vengeance des anciens séides de Voldemort, en attestant le squat dans lequel il s'était réfugié. Le pauvre homme était malheureusement mort, sa tétanisation et son air surpris indiquant l'usage du sortilège impardonnable. Harry avait été mal à l'aise de le voir ainsi, au sol. Mais le professionnalisme des aurors qui fouillaient l'appartement désaffecté lui avait remis l'esprit en place.
Julian posa une main sur l'épaule de son assistant :
« Est-ce que tu reconnais la victime ? »
Harry secoua la tête. Julian pinça les lèvres.
« J'imagine qu'on le découvrira à la morgue. Si seulement on pouvait retrouver sa baguette.
- Peut-être qu'il en a été privé par le Magenmagot ? se demanda Harry en se rappelant de Pansy.
- Peut-être… Dans ce cas, retrouver son identité ne devrait pas nous poser trop de problèmes. »
Julian claqua de la langue.
« Bon, c'est pas tout, mais on a une fouille à faire, mon cher Harry ! Je vais m'occuper du salon, rejoins Isobel. »
Harry acquiesça et se dirigea vers l'auror. Celle-ci ne s'intéressa que brièvement à Harry et lui rappela les règles à suivre en temps de fouille, ce à quoi Harry hochait de la tête, les connaissant déjà par cœur. Ils examinèrent donc chaque coin et recoin de la pièce, déplaçant des meubles au passage. Harry récupéra tous les cheveux qu'il trouvait, peut-être que l'un d'eux était celui du mangemort qui avait attaqué et ils pourraient découvrir qui grâce à ce bon vieux Polynectar. Il y avait de fortes chances que ce soit Lestrange mais, avec un petit coup de pouce du destin, ce serait peut-être l'un de ses acolytes. Cependant, la probabilité était plus grande que ce soit simplement les cheveux de la victime.
Le regard de Harry s'agrippa à un jeu de lumière. Se demandant d'abord ce qui avait gêné son œil, il s'accroupit près du mur d'un blanc sale. Et c'est là qu'il la vit. La marque des Ténèbres réalisée à la craie. Blanc sur blanc il avait été difficile de la voir mais l'accroche des rayons du soleil sur le mur l'avait dévoilée à ses yeux.
Harry frissonna. Il n'aimait pas cette marque mais n'arrivait pas à savoir pourquoi. Ce n'était que de la craie. Pas comme le sortilège qui défigurait le ciel. Il appela Isobel :
« J'ai trouvé la marque.
- J'arrive. »
Isobel abandonna ce qu'elle était en train de faire et vint s'accroupir à côté d'Harry. Elle examina la marque, ses lèvres formant une ligne droite. Elle donna une petite tape dans le dos de Harry.
« Bien joué, ça fait des heures qu'on la cherche. Elle est facile à louper cette fois…
- Pourquoi de la craie ? demanda Harry.
- C'est la question que tout le monde se pose », Isobel hocha-t-elle la tête.
Elle sortit son appareil photo et photographia la marque, grimaçant à la difficulté de la discerner.
« Il doit y avoir une raison.
- Il y en a forcément une, approuva l'auror. Malheureusement, les mangemorts ne jugent pas bon de nous expliquer laquelle.
- C'est fait à partir de quoi la craie ? s'enquit Harry.
- Comme son nom l'indique, à partir de craie, expliqua Isobel. La pierre a juste été réduite en poudre puis formée à notre convenance pour faire un bâton de craie. Mais on peut en faire à partir d'autres choses, comme du plâtre, ou même de la maïzena. »
Harry acquiesça. Peut-être ne fallait-il pas chercher dans le sens du symbole mais avec quoi il avait été fait ? Même si c'était futile, ils ne perdaient rien à essayer.
« Est-ce que je peux essayer quelque chose ? s'enquit-il en raffermissant sa prise sur sa baguette.
- Une seconde », l'arrêta Isobel.
Sortant sa propre baguette, elle lança un sort censé révéler les éventuels maléfices. Quand il revint sans nouvelle, elle dit :
« Fais attention, des fois ils sont bien cachés. »
Harry hocha la tête et pointa la marque de sa baguette.
« Inverto. »
La craie coula sur le mur pour venir se compacter au centre et un morceau blanc tomba au sol, seule trace qu'il y avait eu là la marque des Ténèbres quelques secondes auparavant. Isobel sortit un mouchoir et prit le petit éclat. Elle lança un charme de loupe et Harry put observer l'objet avec elle. Isobel fronça les sourcils.
« On ne dirait pas de la pierre. Harry, est-ce que tu peux… ? »
Harry lança le sort de reconnaissance avant qu'elle n'ait terminé sa phrase. Quand les résultats apparurent sous leurs yeux, ils inhalèrent vivement.
« De l'os ? murmura Isobel. Comment ? »
Harry avait perdu ses mots mais sa stupeur était la même que celle de l'auror. Cette marque… et sûrement toutes les autres avaient été réalisées à l'os. Il frissonna, un goût d'horreur sur la bouche.
« C'est de l'os de… »
Harry n'osa pas finir sa phrase mais Isobel l'avait compris.
« D'humain, oui. Regarde les retours du sort. »
Elle avait repris son ton professoral et lui expliqua les différentes façons d'interpréter les résultats du sortilège qu'Harry avait lancé. L'aplomb de l'auror remit le ventre d'Harry en place. Ils furent rejoints par Julian qui se demandait ce qu'ils faisaient depuis tout à l'heure. Son visage blanchit quand ils lui expliquèrent leur découverte.
« Ce sont les os de qui alors ?
- Le labo le saura mieux que nous », répondit Isobel.
La réponse parut pourtant évidente à Harry.
« Voldemort. Ce sont les os de Voldemort. »
Les deux aurors le regardèrent avec effroi.
« Ce n'est pas possible, voulut se rassurer Julian. Son corps a été brûlé.
- Mais quelle partie du corps supporte jusqu'à de très hautes températures ? » poussa Harry, se servant de ce qu'il avait appris en cours cette année-là.
Les deux aurors le savaient bien entendu et ils tombèrent dans un silence morose. Isobel semblait à deux doigts de se débarrasser du mouchoir qu'elle tenait toujours dans sa main.
« Ce n'est qu'une hypothèse, dit-elle tout de même en reprenant son sang-froid. Seul le labo pourra nous le dire vraiment. »
Julian posa une main sur son bras, le visage fermé.
« Harry a raison, mon instinct me le dit. Il faut se poser plutôt la question de comment ils ont mis la main sur les os avant que les Langues-de-plomb ne les réduisent en cendre. Il n'y a pas de raisons qu'ils aient laissé les os à la portée du premier sorcier malfaisant venu. Qui sait quelle magie noire pourrait être réalisée avec les os du Seigneur des Ténèbres ?
- Pour l'instant ils sont plutôt utilisés pour dessiner sur les murs, ironisa Isobel, la mine sombre. Je me demande plutôt pourquoi ils utilisent les os de Voldemort pour en faire de la craie.
- Pour la vengeance, non ? intervint Harry. Jusqu'à présent, toutes les personnes qu'ils ont individuellement attaquées étaient des "traîtres". Utiliser les os de leur maître pour marquer les lieux où ils l'ont "vengé"… cela ne m'étonnerait pas des mangemorts.
- Oui, approuva Isobel en fronçant les sourcils. C'est une bonne déduction.
- Bien joué, Harry, ajouta Julian. Tu t'es bien débrouillé aujourd'hui. »
Harry baissa la tête, gêné du compliment qu'il ne s'était pas attendu à recevoir. Ils débâtèrent encore un moment sur les significations et conclusions que cette découverte amenait puis terminèrent la fouille qui ne leur apprit rien d'autre qu'ils ne savaient déjà.
o0O0o
« Ça va Harry ? »
Harry releva la tête de ses notes pour voir Draco à côté de lui, deux tasses fumantes dans les mains. Il en déposa une devant Harry qui le remercia d'un signe du menton et en but une gorgée, fermant les yeux à la douceur de la camomille. Draco prit sa baguette dans sa poche et fit apparaître une chaise de la cuisine pour s'asseoir à côté de lui. Il porta sa tasse à ses lèvres et regarda Harry avec intensité par-dessus celle-ci.
« Alors ? »
Harry s'étira et se tourna sur sa chaise pour faire face à Draco.
« Si tu m'embrasses, ça irait mieux déjà. »
Un sourire naquit sur les lèvres de Draco et il s'exécuta. Posant sa tasse de thé sur le bureau de travail d'Harry, il caressa son visage et repoussa une mèche.
« Et si tu me disais ce qui ne va pas ? »
Harry soupira.
« Les examens commencent après-demain et je ne suis pas sûr d'être prêt… j'ai l'impression de n'arriver à rien avec toutes ces révisions.
- Tu as pourtant bien réussi tes partiels du semestre dernier, non ? Draco inclina-t-il la tête sur le côté.
- Moui mais ce n'est rien par rapport à ceux de fin d'année, tu sais bien. Surtout que ce sont les tous derniers. Mon avenir se joue là. »
Draco posa sa main sur celle d'Harry.
« Tu as été excellent toute l'année sur la pratique et tu débrouilles bien pour la théorie. Il n'y a pas de raisons que tu oublies tout ce que tu sais à partir de lundi. Et ton apprentissage se passe bien, Fitzmartin n'arrête pas de me dire qu'il est content de toi. Qu'est-ce qu'il y a ? »
Harry avait tressailli à la mention de son mentor.
« Ce n'est pas en rapport avec les examens, comprit Draco. Enfin peut-être un peu si. Mais c'est ton apprentissage qui te rend mal comme ça. Et si tu me disais ce qu'il y a, vraiment ? »
Harry grimaça.
« Je ne peux pas te le dire, secret professionnel.
- Ah, reconnut Draco. Est-ce qu'il y a quand même quelques éléments que tu peux me dire ?
- Hm… réfléchit Harry. Ça a un rapport avec les attaques répétés des mangemorts… et Voldemort. »
Draco hocha la tête, appliquant une légère pression sur la main de son petit ami.
« On a fait une découverte hier… disons que ça me remue un peu.
- Je vois ça, tu n'as pas beaucoup mangé. »
Harry sourit au ton admoniteur de Draco.
« Tu me surveilles trop, lui reprocha-t-il.
- Que ferais-tu sans moi ? » lui rétorqua le blond.
Ils échangèrent un sourire avant que Draco ne revienne au cœur de leur conversation :
« Est-ce qu'il y a quelque chose que je peux faire pour te distraire ? Quelque chose à manger ? Un petit massage ? »
Un sourire en coin s'installa au bord des lèvres d'Harry.
« C'est vrai que mes épaules commencent à me faire mal à force de passer mon temps à réviser.
- Alors ce sera un massage ! déclara Draco.
- Merci amour, que ferais-je sans toi ?
- C'est exactement ce que je disais ! »
o0O0o
« Alors Harry ? Comment se passent ces examens ? »
Meredith prit sa tasse de thé et la sirota, regardant Harry de ses yeux qui semblaient capables de le percer à jour.
« C'est fatiguant, soupira Harry. J'aimerais qu'on en ait déjà fini mais même après les exams, on aura encore la pratique pure et des oraux, fin mai.
- Ce n'est pas pour rien qu'on dit que la brigade des aurors est le corps de métier le plus compliqué à intégrer, dit Meredith avec un petit sourire.
- Ils veulent les meilleurs des meilleurs, approuva Harry. Mais je ne suis pas sûr qu'évaluer quelqu'un sur une seule épreuve est un bon moyen de connaître leur valeur.
- Ah bon ? s'étonna Meredith avec ce mouvement de sourcil qui montrait qu'elle était d'accord avec lui mais voulait qu'il développe.
- Oui, regarde, il suffit que tu stresses plus que de raison et soudain tu n'es plus capable de répondre aux questions alors que tu les connais. Ce n'est pas très juste pour ceux qui cèdent facilement à la pression.
- Ne pas céder à la pression, réfléchit Meredith, n'est-ce pas à cela que l'on reconnaît un bon auror ? »
Elle l'avait pris par surprise. Harry s'esclaffa et Meredith partagea un sourire avec lui.
« Parce qu'on va affronter les forces du mal derrière un bureau ? ironisa Harry, un grand sourire sur le visage.
- Certes », pointa Meredith.
Ils discutèrent un moment des bienfaits et méfaits du système d'évaluation des aurors puis de celui de Poudlard. Meredith mentionna brièvement celui de son université quand elle avait commencé la psychomagie.
« Je me demandais d'ailleurs… pourquoi de la psychomagie ? Qu'est-ce qui change de la simple psychologie ?
- Eh bien l'intégration de la magie dans le travail du psychologue.
- Mais en soi, à part le fait d'avoir changé ton bureau pour qu'il corresponde à ce que j'aie envie de voir, tu n'as pas utilisé la magie.
- La magie n'est qu'un outil. Pour notre travail, seulement parler est suffisant, je pense. Mais pour d'autres de mes patients, je fais plus souvent appel à la magie.
- Et qu'est-ce que tu fais par exemple ?
- Hm… je peux créer des illusions pour que les gens y fassent face, je peux regarder avec mon patient ses souvenirs via une pensine. Quand certaines personnes vivent des événements particulièrement traumatiques, elles en perdent parfois complètement le souvenir. Quand j'estime cela nécessaire, je force la confrontation plutôt qu'attendre que la personne ne s'en souvienne d'elle-même. Bref, utiliser la magie pour améliorer mon travail. Elle n'est pas nécessaire. Comme je te l'ai dit, ce n'est qu'un outil.
- Je vois… »
Leur discussion continua sur des thèmes n'ayant pas de rapports avec leur séance. Quand leur conversation arriva à sa fin, Meredith déclara :
« Notre travail a bien avancé. Qu'en penses-tu ? »
Surpris par la question, Harry but une gorgée de son thé pour pendre le temps de réfléchir. Puis il acquiesça.
« C'est vrai que je me sens mieux. Je n'ai plus de cauchemar.
- Tu as beaucoup progressé. Regarde, tu as, de toi-même, arrêté l'alcool.
- Mais j'ai replongé plusieurs fois… »
Harry baissa la tête.
« C'est un chemin très difficile à arpenter, dit Meredith. Ce n'est pas une longue ligne droite, il y aura forcément des moments où tu tomberas dans un trou ou que tu dévieras de ta route. Mais avec de la volonté, tu la retrouveras toujours. »
Les encouragements de la psychomage réchauffèrent le cœur d'Harry.
« Nous avons bien travaillé, reprit Meredith. Je pense qu'il est temps que l'on espace nos séances.
- Espacer nos séances ?
- Oui, au lieu de se voir deux fois par mois, on ne se verrait qu'une fois. Qu'en dis-tu ? »
Un pincement au cœur prit Harry. Étrangement, cela lui faisait mal que Meredith propose qu'ils se voient moins souvent. Comme si elle le rejetait. Sauf que… il comprenait sa proposition, c'était normal. Mais, s'il ne la voyait plus aussi souvent, sans quelqu'un pour s'assurer que tout allait bien, n'allait-il pas retomber dans de mauvaises passes ? Il était comme un oisillon au bord du nid que le parent voulait pousser pour le faire voler. Le sol était bien bas et il n'avait qu'une peur, s'écraser par terre.
« O… O.K.
- Bien sûr, s'il y a quoi que ce soit, tu m'appelles et l'on convient d'un rendez-vous.
- D'accord, approuva Harry.
- Notre travail n'est pas terminé mais nous sommes en bonne voie, s'enthousiasma Meredith. Je suis fière de toi. »
Cela suffit à rassurer Harry, qui sourit au compliment avec gêne.
« Merci, tu es une super psy », Harry rétorqua.
Avec un rire, Meredith fit un geste de la main faussement embarrassé.
« Toi, alors. »
o0O0o
Ils sortirent de la salle avec un grand brouhaha. Tout le monde était surexcité. Harry passa un bras autour des épaules d'un Neville un peu dépité de sa performance.
« C'est fini, déclara-t-il, incapable d'y croire lui-même.
- Oui », approuva Neville avec un petit sourire.
Un de leurs amis s'exclama derrière eux :
« C'est l'heure de faire la fêêête ! »
Toutes les personnes autour de lui sifflèrent.
« After-party à The Understander ?! »
Tout le monde approuva et le jeune homme qui avait lancé la proposition continua de sa voix de ténor :
« J'aimerais bien vous dire que je vous offre la tournée mais j'ai plus un rond ! J'espère que vous me paierez bien un p'tit whisky pur feu.
- Je t'offre ma part », lui lança Harry.
Son ami le pointa du doigt et lui envoya des baisers en rafale de ses mains. Leur groupe d'amis se rejoignit et se rendit dans leur bar boîte de nuit préféré. Ils arrivèrent en plein pendant l'happy hour au grand bonheur des bourses de tous ces étudiants qui venaient de finir leurs examens écrits.
Harry tint sa promesse à lui-même et ne toucha pas à une goutte d'alcool, se contentant de soft. Neville qui aimait bien boire un peu mais jamais trop l'accompagna pendant toute la soirée et repoussa toutes les personnes qui insistaient un peu trop pour que Harry boive avec eux. Ce dernier, avec un grand sourire, leur montrait son diabolo fraise et leur disait :
« Mais regarde, je bois déjà avec toi ! »
Et il prenait une gorgée comme s'il s'agissait d'un alcool fort. Cela les faisait rire et ils arrêtaient d'insister. Quand l'heure déclina, le bar se transforma en boîte de nuit. Ils dansèrent au dernier son des Bizarr' Sisters. Même s'ils ne reconnaissaient pas le titre, les moldus l'apprécièrent tout autant qu'eux, l'alcool aidant.
Quand minuit approcha, Harry se départit de ses amis, sous leurs huées et en riant, il leur rappela que lui, il avait une famille qui l'attendait. Bien sûr, tout cela n'était que des boutades entre amis et de toute façon, peu allaient s'en souvenir le lendemain.
Harry rentra chez lui, fatigué et encore enivré de la bonne ambiance de la boîte. Tout était sombre dans la maison et, ne voulant pas allumer la lumière et risquer ainsi de réveiller Teddy et Draco, il se prit tous les coins de murs, de portes et de tapis.
En arrivant à l'étage, la lumière qui fuyait sous la porte de sa chambre le fit soupirer de la futilité de sa tentative. Il entrouvrit la porte et glissa la tête dans l'ouverture. La lumière venait de la lampe de chevet. Draco était installé dans leur lit, un livre sur ses genoux remontés. Il leva les yeux vers lui.
« Tu as de la chance que je me sois souvenu que c'était la fin de tes examens, l'accueillit-il. Sinon je t'aurais attendu longtemps.
- Je ne t'ai pas prévenu ? » s'étonna Harry avec culpabilité.
Il entra dans leur chambre et referma la porte derrière lui. Il se dirigea vers son armoire et se déshabilla pour enfiler un pantalon de nuit.
« Tu as sous-entendu ce matin que tu fêterais peut-être la fin des examens avec tes amis ce soir », dit Draco, un doigt sur le menton.
Harry lui balança sa chaussette.
« Roh tu m'as fait peur, j'ai vraiment cru que j'avais oublié. »
Draco récupéra le bout de vêtement du bout des doigts et le renvoya à son propriétaire. Harry l'ignora et laissa la chaussette là où elle était tombée. Il souleva les couvertures et s'y glissa, embrassant Draco sur la joue au passage.
« Merci de m'avoir attendu.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, ce livre est juste très prenant. »
Harry rit et embrassa Draco de nouveau sur la joue et à nouveau sur la bouche.
« Tu sais ce que ça veut dire ? dit Harry d'un ton excité.
- … Non ? »
Harry prit sa main.
« Je suis en vacances. Pose un jour de congé la semaine prochaine, je t'emmène en rendez-vous. »
Draco sourit.
« Comme ça ? D'un coup ?
- Bien sûr, ça fait trop longtemps qu'on n'est pas sorti juste tous les deux.
- Et notre anniversaire ?
- Ça fait déjà presque un mois, mon amour.
- Déjà ? s'étonna Draco en passant sa main libre sur son visage. Que le temps passe vite. »
Il glissa un marque-page dans son livre et le referma pour le poser à côté de la lampe.
« Je te ferais dire par contre que tu n'es pas en vacances, dit-il en pointant Harry. Tu as encore tes épreuves pratiques et tes oraux. »
Harry mit un doigt sur sa bouche, l'empêchant de parler plus.
« Chuuut. Je suis en vacances. »
Les épaules de Draco se secouèrent et il gloussa après coup.
« Tu es beau quand tu ris, le complimenta Harry en lui faisant tourner le visage vers lui pour l'embrasser.
- Et toi quand tu dors. Allez, il est tard et je suis fatigué.
- C'est enfin le week-end, se plaignit Harry. Tu ne veux pas passer du temps avec la personne que tu aimes le plus au monde ? »
Draco roula des yeux.
« Dormons maintenant et on pourra donc se lever assez tôt pour passer encore plus de temps ensemble. »
Harry marmonna dans sa barbe et s'enfouit sous les couvertures, tournant le dos à Draco. Celui-ci embrassa ses cheveux et éteignit la lumière. Dans le noir, il plaça un bras autour d'Harry et lui souhaita bonne nuit. Harry arrêta sa fausse bouderie et embrassa sa main en lui murmurant également un bonne nuit.
o0O0o
Draco posa un jour de congé pour le jeudi suivant et Harry et lui discutèrent sur ce qu'ils pouvaient bien faire. Harry voulait aller au cinéma et Draco voulait se promener le long de la Tamise. Ils coupèrent donc la poire en deux et décidèrent de se promener sur la Tamise puis d'aller au cinéma. Le vrai compromis fut qu'ils iraient au restaurant. Un petit rendez-vous simple pour profiter de Londres au printemps.
Ils empruntèrent le réseau de cheminette pour arriver au Chaudron baveur et depuis là, partir du côté moldu. Décidant de profiter de la ville, ils marchèrent plutôt que de prendre le métro pour se rapprocher du fleuve. Et aussi, Draco refusa avec violence la simple idée du train sous-terrain.
Après avoir traversé un passage piéton, Harry prit la main de Draco dans la sienne. Ce dernier sortit discrètement sa baguette et lança un sort sur eux deux pour qu'ils ne soient pas remarqués à moins qu'ils n'attirent d'eux-mêmes l'attention d'une personne ou que celle-ci savait qu'il s'agissait de Harry Potter et Draco Malfoy.
« Pratique, ce sort, commenta Harry.
- Si tu me dis que tu ne le connaissais pas, je vais sérieusement me demander ce qu'ils vous apprennent dans cette école d'auror.
- C'est pas une école vu que c'est directement le Ministère, pointa Harry. Et bien sûr que je le connais, je ne pensais juste pas à son utilisation dans la vie de tous les jours… très pratique. »
Draco tapota son dos avec humour.
« Quel espion tu dois faire !
- Oh, me parle pas d'espionnage. Une de nos épreuves physiques va être de s'infiltrer quelque part pour récupérer quelque chose.
- Que de précisions.
- Oui, bah j'aimerais bien savoir aussi plus en détail en quoi ça va consister parce qu'on échange des théories de plus en plus farfelues entre nous. »
Draco rit et resserra un instant la main d'Harry.
« Attends », dit-il.
Harry l'interrogea du regard mais Draco l'ignora et s'arrêta devant un fleuriste. Comprenant alors ce que son petit ami bien trop traditionnel avait en tête, il intervint :
« Ne compte pas sur moi pour me trimbaler avec un bouquet dans la main toute la journée.
- Allez, juste une petite rose.
- Non, non, non. »
Un sourire taquin s'installa sur le visage de Draco.
« Tu as conscience que plus tu refuses, plus j'ai envie de t'acheter cette pauvre petite fleur ? »
Harry se la boucla aussitôt sec mais Draco en profita pour s'adresser à la vendeuse pour lui acheter une rose. Draco, qui s'habituait de plus en plus à utiliser la monnaie moldue, paya. Une jolie rose rouge sans épines avec un ruban de couleur blanche atterrit donc dans les mains d'Harry. Celui-ci ne put s'empêcher de rougir – même si recevoir une rose était d'un tel cliché. En repartant du fleuriste, Harry plaça une main dans la nuque de Draco, approchant son visage du sien pour un baiser. Son petit ami eut un sourire content.
« Merci, dit Harry.
- Même si c'est quelque chose d'aussi basique que d'offrir une fleur, ça fait toujours plaisir à recevoir, non ?
- Tu es terrible, mon amour.
- Je sais, je sais. Mais tu m'aimes quand même.
- Bien sûr ! »
Harry lâcha la main de Draco pour prendre plutôt son bras, se retrouvant ainsi plus proche du corps du blond. Ils continuèrent leur bout de chemin jusqu'à arriver à la Tamise. Comme l'heure de déjeuner était arrivée, ils cherchèrent un restaurant avec vue sur l'eau. Le service avait tout juste commencé alors on s'occupa vite d'eux. Ce n'était pas de la grande cuisine mais un bon petit restaurant de quartier avec des prix convenables pour son placement. Le couple mangea bien et traîna à table avec un café et un thé en fin de repas. Harry se vengea de Draco en payant pour eux deux quand celui-ci partit aux toilettes. Un grand sourire le dénonça avant qu'il ne puisse se vanter de son haut fait mais Draco ne s'en formalisa pas. Ces petits jeux le faisaient bien rire.
Après manger, ils s'attaquèrent vraiment à se promener le long de la Tamise. En passant devant un embarcadère pour faire des tours à bateaux, ils envisagèrent de se prêter au jeu mais ils abandonnèrent ; il y avait trop de touristes.
Londres au printemps était vraiment agréable, l'air était doux et la verdure avait repris ses droits. Les lilas surtout étaient en pleine floraison. Harry aimait beaucoup leur couleur, si… printanière. Ils arrivèrent à un endroit de la berge où la circulation était beaucoup plus présente et les bâtiments plus resserrés.
Ils passèrent devant une ruelle étroite mais ne la dépassèrent pas. Un homme venait de se jeter sur eux, les faisant tomber à terre. Non. Ce masque. Un mangemort.
La main de leur attaquant se raffermit sur sa baguette. Les instincts d'Harry prirent le dessus. D'un coup de pied dans le ventre, il repoussa le mangemort qui était étalé sur Draco. L'homme grogna et dirigea sa baguette vers lui. Harry saisit la sienne.
« Confundo ! »
Le mangemort para au dernier moment. Il se jeta sur Harry, tentant de lui faire lâcher physiquement sa baguette. Draco reprit conscience à ce moment-là de ce qui l'entourait et sortit sa propre baguette.
« Repulso ! »
Moins efficace sur les humains que les objets, le charme éloigna tout de même suffisamment le mangemort pour que Harry puisse prendre le dessus. Il le plaqua au sol. Draco regarda autour de lui, se demandant pourquoi personne dans la rue principale ne semblait se rendre compte de ce qu'il se passait. Harry se débattait toujours avec le mangemort qui était physiquement aussi fort que lui et Draco n'osait plus intervenir de peur de toucher Harry, qui se retrouva de nouveau au sol.
Une nouvelle silhouette se découpa dans la ruelle et s'approcha de Draco. Harry paniqua. Il lâcha le mangemort pour saisir sa baguette à deux mains et hurler :
« Diffindo ! »
Le sortilège de découpe lancé avec toute la volonté d'Harry et à bout portant déchira plutôt que découpa le ventre de l'agresseur. Le sang jaillit, éclaboussant Harry. Des gouttes s'accrochèrent à ses lunettes. Le corps du mangemort se raidit sous la surprise et la douleur et l'homme porta une main à son ventre. Harry le repoussa sur le côté, un haut-le-cœur le prenant. Il s'appuya sur sa main pour se diriger vers le nouvel arrivant, sa baguette en position.
« Harry ! C'est moi !
- Julian ! »
Le soulagement envahit Harry et il fit retomber son bras. Draco, toujours sous le choc de ce qui venait de se passer regarda Harry puis Julian. Il frissonna. Seulement une minute s'était déroulée depuis que le mangemort s'était jeté sur eux. Julian pointa sa baguette sur celui-ci :
« Petrificus totalus. »
Le mangemort se pétrifia et la blessure à son ventre arrêta de saigner. Harry s'autorisa enfin à respirer. Se sentant incapable de se mettre debout, il s'approcha de Draco.
« Tu n'as rien ? »
Draco avait toujours les yeux écarquillés, qui ne se posaient nulle part. Il ne remarqua pas tout de suite Harry. Il secoua la tête et marmonna :
« Non, je suis désolé.
- Ne t'excuse pas, ce n'est pas de ta faute. »
Rassuré que Draco n'ait rien, Harry se retourna vers le mangemort, la plus grande menace pour l'instant. Il s'appuya sur ses bras et ses jambes et se remit debout en tremblotant. Son mentor avait récupéré la baguette de l'homme et était en train de refermer grossièrement sa blessure. Il ne jeta qu'un œil à son protégé.
« Tu as agi vite et bien, Harry. La prochaine fois, évitez d'utiliser un sortilège de discrétion quand vous sortez, j'ai mis une seconde de trop pour remarquer que quelque chose n'allait pas.
- Tu nous as suivi ? s'étonna Harry.
- Je suivais Malfoy, rappelle-toi. »
Il s'était passé tant de temps depuis les événements de début d'année qu'Harry avait oublié que Draco avait un garde du corps dès qu'il sortait de chez lui.
« Qu'est-ce que tu vas faire de lui ? préféra-t-il demander en désignant le mangemort du menton.
- Tu as été un peu violent dans ton arrestation donc je vais l'emmener à Sainte-Mangouste. Ne me lance pas ce regard, je sais que tu as agi du mieux que tu pouvais.
- Je… j'ai cru que tu allais attaquer Draco.
- Tu as voulu te débarrasser de la menace le plus rapidement possible et protéger ton coéquipier. Tu as bien agi, répéta Julian. Occupe-toi de Malfoy, je crois qu'il est encore sous le choc. »
Harry ne se le fit pas redire deux fois et se tourna vers son petit ami. Celui-ci marmonnait des trucs inaudibles, toujours assis, et ses yeux étaient fixés sur la mare de sang qui avait imbibé le sol.
« Draco… commença Harry.
- Je suis désolé.
- Pourquoi tu t'excuses ?
- Je suis désolé. »
Le regard de Draco ne quittait pas le sang, épais et presque noir.
« Je suis désolé », répéta-t-il.
Quelque chose n'allait pas. Harry tendit la main vers Draco.
« Ne le touche pas, le prévint Julian.
- Mais il… »
L'auror s'approcha d'eux.
« Il fait une crise de panique, énonça-t-il d'une voix calme.
- Je suis désolé », continua Draco, des sanglots dans la gorge.
Remarquant qu'il continuait à fixer le sang, Julian le siphonna d'un coup de baguette. Il s'accroupit devant Draco. Celui-ci respirait à peine entre ses "je suis désolé". Harry voulait l'aider, faire quelque chose. Avec un temps de retard, il se rendit compte qu'il avait toujours du sang sur lui et se dépêcha de le faire disparaître.
« Draco, regarde-moi, dit Julian.
- Je suis désolé, je suis désolé, s'étouffa-t-il.
- Tu fais une crise de panique. Ce n'est pas grave, je te demanderai juste de te concentrer sur moi. »
Il lui parlait avec calme et avec assurance dans chacun de ses mots. Avec sa baguette, il fit apparaître une petite boule de lumière jaune. Celle-ci se gonflait puis se dégonflait lentement. Les yeux de Draco s'accrochèrent à elle.
« Tu vas caler ta respiration sur la lumière, d'accord ? Inspire… expire. Inspire… expire. »
Des larmes aux yeux, Draco suivit l'exercice de Julian. Des "je suis désolé" continuaient à lui échapper. Harry avait toutes les peines du monde à ne pas le prendre dans ses bras. Il se sentait inutile. Incapable d'aider l'homme qu'il aimait.
Draco avait toutes les peines du monde à suivre les doux "inspire, expire" de Julian.
« Harry, lance-lui un sort d'apaisement, dit-il en fronçant les sourcils avant de se reconcentrer. Draco, Harry va apaiser ton esprit, tu vas perdre un peu pied mais focalise ton attention sur la lumière, il n'y a pas de raisons d'avoir peur. »
Draco eut le plus petit des acquiescements et pleura une excuse. Harry pointa sa baguette en prenant soin à ce que Draco ne le voie pas, au cas où être une cible réenclencherait la crise. Les traits de son petit ami se relaxèrent sous le sort et ses yeux devinrent flous. À l'injonction de Julian de se concentrer sur la lumière, ils redevinrent vifs.
Harry jeta un œil au mangemort mais il était toujours pétrifié et l'auror l'avait ligoté. Il n'y aurait pas de problèmes de ce côté-là. Il reporta son attention sur Draco. Il ne sortait plus d'excuses, inspirant et expirant juste. Sa respiration se calma.
« C'est bien, Draco, c'est bien », disait Julian avec douceur.
La boule d'angoisse au fond de la gorge d'Harry diminua.
Enfin, Draco quémanda :
« Harry. »
Il tendit la main vers son petit ami qui la prit aussitôt. Harry la serra, transmettant tout son amour et son soutien via ce petit geste. Draco bloqua son regard dans le sien, s'y raccrochant comme à une ancre.
« Tu vas bien Draco, lui assura-t-il. C'est passé, tout va bien. »
Draco ferma les yeux, réprima un sanglot et les rouvrit. Il hocha la tête. Ils prirent encore quelques respirations contrôlées, se regardant l'un l'autre. Julian s'éloigna mais resta à proximité au cas où quelque chose arriverait.
« Ça… ça va mieux, déclara Draco, une main sur le torse.
- Tant mieux, soupira Harry. Tu m'as fait peur.
- Désolé, dit Draco avec un sourire.
- Tu n'as plus intérêt à dire ça pour au moins un mois », le prévint Harry.
Draco eut un rire étranglé.
« Merci, dit-il plutôt. Je… »
Il ouvrit les bras et Harry répondit aussitôt à sa demande, le serrant contre lui. Draco s'agrippa à ses vêtements et enfouit son visage contre son cœur. Son corps trembla et il laissa échapper tout son stress par des larmes. Harry embrassa ses cheveux, ses mains caressèrent son dos et sa bouche murmura des mots doux.
Julian s'intéressa au mangemort et le fouilla avec expertise. Il ne découvrit rien de suspicieux.
« Harry, je ne veux pas vous presser, mais il faut que je l'amène à l'hôpital. Est-ce que tu sais pourquoi il vous a attaqué ? »
Harry secoua la tête.
« Je ne sais pas du tout, il est apparu de nulle part.
- Cette attaque ne suit pas le même modèle que les autres… Peut-être parce que tu en étais la cible, Harry… réfléchit Julian.
- Tu… tu penses que c'était prémédité ?
- Oh oui, cela n'a pas pu se faire sur un coup de tête. Bon, Draco, est-ce que tu veux venir avec moi à l'hôpital ?
- Non, murmura l'intéressé, relevant la tête. Je veux rentrer chez moi.
- D'accord. Harry, je compte sur toi pour le ramener. S'il y a quoi que ce soit, tu vas à Sainte-Mangouste. Je veux que vous soyez tous les deux au bureau demain matin. C'est compris ? »
Harry approuva. Il souhaita bonne chance à son mentor et transplana chez eux.
Ils arrivèrent dans le salon et Draco grimpa tout de suite sur le canapé pour s'y allonger. Harry s'installa à son chevet et passa une main dans ses cheveux.
« Est-ce que tu veux que je t'amène quelque chose ?
- Un thé, s'il te plaît », dit-il en se passant une main sur le visage.
Harry courut dans la cuisine et fit chauffer de l'eau. Il tapa du pied en attendant que l'eau boue. Il fallait qu'il se calme. Draco avait besoin de lui. Il prit une inspiration et sortit une tasse de thé et sa coupelle. Il sortit la boîte de thé noir et, avec une cuillère, remplit la boule à thé. La bouilloire siffla et Harry versa l'eau dans la tasse. L'eau monta par vagues et Harry dut retenir la chaîne de la boule pour qu'elle ne tombe pas. Le liquide commença à se colorer.
Il revint dans le salon, plus calme. Draco s'était assis et avait le visage dans les mains. Il releva la tête en voyant Harry arriver. Il eut un petit sourire et accepta le thé avec reconnaissance. Harry s'installa à côté de lui et plaça une main dans son dos.
« Merci », dit Draco.
Harry l'embrassa sur la tempe. L'objet de ses attentions reposa sa coupelle sur ses jambes et posa sa tête sur son épaule.
« Je… j'ai été inutile.
- Quoi ? Mais non ! se récria Harry. Tu es un civil, pas un auror. C'est normal que tu n'aies pas pu réagir.
- Mais… mais je suis resté là, à ne rien faire, alors que tu te battais contre lui.
- Encore heureux, tu aurais pu être blessé.
- Mais toi aussi ! »
Toutes les émotions revenaient avec force en Draco et Harry ne pouvait rien faire d'autre que d'essayer de les calmer.
« Je vais être un auror, Draco. C'est mon métier de réagir vite dans ce genre de situation. Tu n'as rien à te reprocher. Le risque d'être blessé fait aussi partie du métier. Mais regarde, on s'en est bien sorti, non ?
- J'ai eu une crise de panique », pointa Draco.
Ses mains étaient serrées sur sa tasse, blanches aux jointures, sa mâchoire, fermée.
« Je… J'arrêtais pas de me dire d'arrêter, de me reprendre et… et tout ce que j'arrivais à dire c'est "je suis désolé".
- Ça peut arriver à tout le monde. »
Pourquoi ne sortait-il que des phrases bateaux ? Comment pouvait-il l'aider ?
« Ça a dû te faire peur… commença-t-il. Ton cerveau a été perdu et n'a pas su quoi faire. Tu es entré en état de choc. Il n'y a pas de honte à avoir. Tu as fait du mieux que tu as pu. »
Draco resta silencieux. Il fixa sa tasse et, se rappelant qu'elle existait, la porta à ses lèvres. Après avoir bu une courte gorgée, il la reposa avec un tac sur la coupelle et retira la boule à thé. Il l'avait trop laissé infuser.
« Quand j'ai vu tout ce sang… ça… ça m'a bloqué. »
Harry écouta avec attention. Il sentait que Draco allait se dévoiler à lui. Il ne pouvait pas savoir à quel point.
« Je ne t'ai jamais dit la raison de mon végétarisme. »
Harry se demanda quel était le rapport mais il ne fit que secouer la tête.
« C'est à cause du sang. Ça m'est devenu insupportable. »
Il n'allait pas aimer ce que Draco allait lui dire, il en était sûr.
« En sixième année… tu m'as lancé un sort.
- Sectumsempra… » ne se rappelait Harry que trop bien.
Draco frissonna.
« Celui-là, oui. Je ne t'en veux pas, se dépêcha-t-il de dire en voyant sa tête. Harry, je comprends ce qui t'a poussé à me le lancer et ça s'est passé il y a bien longtemps. Mais ce que j'ai ressenti ce jour-là… tout ce sang qui me quittait, ma vie qui me quittait. Je n'ai jamais pu revoir du sang sans y repenser. Puis cela a commencé à se reporter sur ma nourriture, tous ces steaks saignants… Je mangeais quelque chose de mort, je mangeais du sang. Je ne pouvais pas.
« Et… et là, tout ce sang, ça m'a rappelé ça, mais aussi… Ma tante, Bellatrix, elle a parfois ramené des moldus chez nous pour… pour les torturer puis les… tuer. Même depuis ma chambre, je les entendais… »
Ses mains tremblèrent et Harry passa un bras autour de sa taille et enfouit sa tête dans son cou.
« Tu ne m'as jamais parlé de ça.
- Je n'y pensais plus. Je ne pensais pas que cela pouvait encore m'atteindre. Pour moi… j'avais déjà fait la paix avec ce qu'il s'était passé. Je ne pouvais rien y faire après tout.
- Ce n'était pas de ta faute », compléta Harry.
Draco acquiesça.
« Je… ça va passer. Ce n'était que le rappel d'un mauvais souvenir.
- Je te crois. Mais s'il s'avère que non, tu n'en avais pas fini avec ce qu'il s'est passé, je serais heureux d'être à ton écoute. Je n'ai pas souvent eu l'occasion de te rendre la pareille, dit-il avec un petit sourire.
- Merci… Mais je t'assure que c'était juste ça, un mauvais souvenir. Un rappel de ma propre mortalité. »
Et voilà la fin du chapitre ! J'avais prévu de mettre cette dernière partie dans le chapitre suivant mais je me suis rendue compte que j'avais déjà écrit tout ce que je voulais mettre et que je n'avais rien de plus pour rallonger le chapitre et atteindre le nombre de mots que je fais habituellement. Mais du coup, vous l'avez maintenant ! Ça fait si longtemps que j'avais cette scène en tête ! Dans mes souvenirs, je crois même que je l'avais avant celle de l'attentat du nouvel an.
J'espère que vous avez apprécié ce chapitre ! J'essaierai de vous sortir le prochain chapitre le mois prochain mais je ne vous promets rien. À part qu'il sortira un jour !
Chali
