Et ça y est, les amis. On y est. C'est le tout dernier chapitre. Je n'arrive pas à croire qu'on y est enfin, après trois ans et demi. C'est dingue comme autant de temps a passé depuis que j'ai commencé cette histoire. En tout cas, j'ai hâte que vous lisiez ce dernier chapitre, donc je vous laisse là. Bonne lecture !
Musique de fond : Burn It All Down de League of Legends ft. PVRIS
Chapitre 24 : Sauvetage
Julian amena Harry au manoir Malfoy, et celui-ci ne pensa même pas à se plaindre quand l'auror resta d'office avec lui une fois arrivés. Il le garderait toute la nuit et ne le quitterait pas d'une semelle. Harry appela un elfe de maison qui apparut avec un pop devant lui. L'elfe s'inclina bien bas en le saluant.
« Peux-tu réveiller Narcissa et Lucius, s'il te plaît ? J'ai une nouvelle importante. »
L'elfe hocha la tête et disparut. Harry conduisit Julian dans le boudoir et lui proposa du café que l'auror accepta avec plaisir. Il lui servit nerveusement la tasse.
« Ça va aller, Harry. On va le retrouver. »
Comme souvent, l'auror avait vu clair dans ses expressions.
« Mais comment ? ne put s'empêcher de dire Harry. Dans quel état sera-t-il ?
– Si on ne l'a pas retrouvé avec Logan, c'est sûrement un kidnapping. Ils le voudront vivant. C'est ce qu'on déclarera demain à la presse. Ou aujourd'hui plutôt.
– Ça ne correspond pas au modèle des autres attaques.
– C'est vrai, accorda Julian. Mais jusqu'à présent, ce n'était pas des gens comme Draco qui se sont fait attaquer.
– Comme Draco ?
– Avec un grand nom », explicita Julian.
Harry hocha la tête sans grande force. La porte du boudoir s'ouvrit sur les époux Malfoy, en robe de chambre. Une lumière flottante éclairait leurs visages avec des traits exagérés. Elle s'éteignit quand ils entrèrent dans la pièce illuminée. Le visage de Narcissa était inquiet.
« Que se passe-t-il, Harry ? Quelle est cette nouvelle ? C'est Draco ? »
Harry les invita à s'asseoir. Il ne pouvait pas leur annoncer ce qu'il s'était passé alors qu'ils étaient debout. Narcissa apprécierait après coup de ne pas montrer plus de faiblesse qu'elle n'allait en montrer.
« Oui, commença Harry, c'est à propos de Draco.
– Il lui est arrivé quelque chose ? » demanda Lucius.
Ce n'était pas dans son habitude de couper les gens ainsi. Voir Harry et un auror débarquer chez lui au beau milieu de la nuit avait dû faire sonner ses signaux d'alerte. Harry ouvrit la bouche pour lui dire ce qui était arrivé à son fils et les mots moururent sur ses lèvres. Julian passa une main réconfortante sur son bras et se chargea de la nouvelle :
« Votre fils n'est jamais rentré chez lui cette nuit. Avec les recherches qu'on a menées, tout laisse à croire qu'il s'est fait kidnapper. »
Narcissa poussa un cri et plaqua les mains sur la bouche. Ses yeux brillèrent dans la lumière. Lucius fronça les sourcils et devint effrayant.
« Qui ? réclama-t-il.
– Au vu des anciennes… affiliations de votre famille et de l'attaque que Harry et Draco ont subie la semaine dernière, on pense qu'il s'agit de ce groupe de mangemort dirigé par Lestrange. »
Et n'était-ce pas horrible de se dire qu'ils avaient cru que l'attaque avait été dirigée contre Harry, alors que si ça se trouve, dès le début, c'était Draco qui était visé ? Lucius prit la main de sa femme qui tremblait.
« Il avait un garde du corps pourtant, claqua le père de Draco.
– C'était Logan qui était chargé de lui ce soir et il aura accompli son devoir jusqu'au bout. »
La voix de Julian trembla un peu sur la fin.
« Il est… ? fit Narcissa.
– Mort », intervint Harry, un désagréable frisson le traversant.
Narcissa gémit et Lucius semblait sur le point d'exploser.
« Comment cela a-t-il pu arriver ? grogna-t-il.
– Cela reste un mystère, avoua Julian. Nous aurons plus d'informations demain matin quand l'équipe chargée d'enquêter une de leur cache reviendra. Monsieur et Madame Malfoy, je vous assure que nous allons faire tout notre possible pour récupérer votre fils et mettre fin aux agissements de ce groupe séditieux. »
Lucius acquiesça, non pas parce qu'il acceptait les mots de l'auror, mais parce qu'ils ne pouvaient rien y dire. Narcissa trembla et se prit la tête dans les mots.
« Cette erreur nous suivra toute notre vie, sanglota-t-elle. Pourquoi, Lucius ? Pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ce choix ?
– Je voulais protéger notre famille, lui dit-il doucement.
– Et maintenant elle est en danger », riposta-t-elle.
Elle se leva d'un bon et quitta la pièce sans un regard pour son mari et les autres. Lucius resta figé sur le canapé. Harry… Harry ne savait plus quoi penser ou ressentir. Qu'était-il censé faire ? Ce fut Lucius le premier qui reprit le contrôle de ses émotions.
« Je suppose qu'il n'y a rien que nous puissions faire pour l'instant. Attendons demain matin, les choses seront plus claires à la lumière du jour. »
Et il partit à la suite de sa femme après un hochement de tête dans leur direction. Julian posa une main sur l'épaule de Harry.
« Allez viens, il faut que tu dormes. »
o0O0o
Julian avait insisté pour qu'il se repose, et même si Harry avait bataillé avec le sommeil, pensant encore et encore à Draco, se disant qu'ils n'arriveraient jamais à dormir, il avait fini par se réveiller à peu près reposé. Julian avait eu raison, il se sentait mieux vis-à-vis de la situation. Toujours terriblement stressé pour Draco, mais prêt à tout faire sans céder à l'anxiété pour aller le sauver. Draco avait besoin de lui qu'il soit calme.
Quand ils arrivèrent dans le Bureau ce matin, Julian les dirigea sans un mot vers la salle de pause où il leur servit à tous les deux un café bien fort. La machine n'osa même pas se plaindre alors que c'était sa fonction première. Ce n'est qu'après avoir bu la première gorgée qu'ils s'installèrent au bureau de Julian. Isobel, non loin, était avachie dans son fauteuil, le journal ouvert sur le visage. Sur celui-ci, on pouvait voir une photo de Draco qui évitait le regard du photographe et le mot « Recherché » écrit en gros, comme si c'était lui le criminel. Au bruit qu'ils firent en tirant les chaises, elle ronchonna et retira le papier puis se frotta les yeux en se remettant droite dans son siège.
« Café », grogna-t-elle.
Julian lui tendit la tasse supplémentaire qu'il avait préparée. Isobel se jeta dessus.
« Merci Merlin. Bon sang, je vais pas tenir la journée. À midi, je me casse, quoi qu'il arrive.
– Nuit blanche ?
– Un peu mon n'veu.
– Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » demanda Harry.
Elle eut un vague geste de la main.
« Oh, la base que Rookwood nous avait indiquée n'a pas donné grand-chose.
– Vous n'avez rien trouvé ?
– Personne, soupira-t-elle. Visiblement ils avaient déguerpi quelques temps avant. Sûrement en se rendant compte que Rookwood s'était fait attraper. »
Julian haussa un sourcil.
« Tu ne vas quand même pas me dire qu'il n'y avait vraiment rien dans cette base ? Ça ne colle pas avec ta nuit blanche. »
Un sourire en coin naquit sur la bouche d'Isobel.
« On te cache rien à toi. C'est les Poufsouffle pour vous, ils débusquent tous les secrets.
– Tu n'as pas vraiment fait l'effort de le cacher non plus », rétorqua Julian.
Le sourire d'Isobel s'effaça et la tristesse le remplaça.
« Je n'arrive pas à croire que Logan est mort. Il me devait deux gallions ce con. »
Julian roula avec sa chaise jusqu'à elle et tapota gentiment son genou. Isobel se passa une main sur le visage et soupira longuement.
« Tu es sûre que tu vas tenir jusqu'à midi ? s'enquit Julian.
– Non, accorda-t-elle. Je vais… je vais rentrer chez moi. »
Sa voix se brisa sur la fin.
« Qu'est-ce que vous avez trouvé alors ? » demanda Harry qui ne tenait plus.
Julian lui fit les gros yeux, mais Isobel le calma d'un petit geste de la main.
« On a trouvé des documents qui incriminaient une Langue-de-plomb. Je ne vous dis pas son nom, vous ne le connaîtrez pas. Ce mec était quasiment inexistant. Qu'est-ce que je déteste les Langues-de-plomb. Bref, voilà où était notre traître. On l'a interrogé jusqu'au petit matin. Je vous laisse lire le rapport. »
Sur ces mots, elle se leva et partit d'un pas lourd vers la zone de transplanage. Julian fit rouler sa chaise jusqu'à se placer devant Harry. Il posa ses mains sur les bras de son fauteuil.
« Harry, lui dit-il. Je sais que tu es anxieux pour Draco, mais tu ne peux pas parler comme ça à tes collègues, surtout quand il est clair qu'ils sont épuisés. »
Harry baissa les yeux.
« Désolé. J'étais juste… J'aimerais que ça soit déjà fini. »
Julian eut un petit sourire et il ébouriffa les cheveux de Harry.
« Allez, allons lire ce rapport en attendant que les autres arrivent et que l'on décide quoi faire. »
Harry acquiesça et Julian partit chercher le dossier.
o0O0o
Ils étaient aux trois quarts de la lecture du rapport qui mettait en lumière beaucoup de chose sur le mouvement de Lestrange lorsqu'une civile entra dans le Bureau. Elle regarda autour d'elle, s'avançant légèrement dans l'open space. Un auror s'approcha d'elle pour lui demander ce qu'elle voulait et quelques mots échangés plus tard, elle fut dirigée vers Harry et Julian.
Les deux hommes relevèrent la tête en la voyant approcher vers eux. C'était une femme brune d'une soixantaine d'années – bien qu'on ne sût jamais vraiment avec les sorciers – au visage tout à fait commun. Elle prit une chaise vide non loin d'eux et la tourna vers leurs bureaux. Julian et Harry échangèrent un regard avant que l'auror ne demande :
« Comment puis-je vous aider ?
– C'est moi, Narcissa », chuchota-t-elle en regardant Harry.
Celui-ci sentit sa bouche se décrocher. Quel sacré glamour elle avait là ! Jamais il ne l'aurait reconnue. Julian fronça les sourcils.
« Mrs. Malfoy ? Que faites-vous ici ? Dans cette "tenue" ? Craignez-vous pour votre vie ? »
Narcissa secoua une fois la tête et sortit une lettre de sa poche. Elle la tendit à Harry et expliqua :
« Nous avons reçu cette lettre de rançon après que vous soyez partis. Il me semblait plus prudent de venir déguisée. »
En entendant cela, Harry s'empressa de la déplier et la lut d'une traite, Julian faisant de même par-dessus son épaule.
Malfoy,
Nous avons ton fils. Si tu veux le revoir vivant, apporte 5000 gallions et toi-même à Dartmoor à 18h. Préviens les aurors et il meurt. Viens accompagné et il meurt. Tourne ta baguette sur nous et il meurt.
Tu-sais-qui
Les deux hommes levèrent la tête vers Narcissa. Avec son glamour, il était dur de déchiffrer ses émotions. Ce fut Julian le premier qui parla, soufflé :
« Cinq mille gallions. C'est sûrement la plus grosse somme que j'ai vue de toute ma carrière.
– Mon avis de recherche quand Voldemort était au pouvoir était de dix mille gallions, lui rappela Harry.
– Dix mille… Tu m'étonnes qu'il y ait eu autant de gens qui voulaient t'attraper. »
Harry lui fit les gros yeux et se reconcentra sur Narcissa.
« Tu es sûre de ne pas avoir été suivie ? »
Elle secoua la tête.
« Je ne suis sûre de rien, répondit-elle. J'ai fait de mon mieux pour cacher toutes mes traces. Lucius ne voulait pas que je vous prévienne, mais je l'ai convaincu que de les laisser nous dicter quoi faire n'allait pas seulement attirer la mort de… de Draco, mais la sienne aussi. »
Julian hocha gravement la tête.
« Vous avez bien fait madame. Avec ça, on va pouvoir mettre un plan d'action en marche.
– Comment allez-vous faire pour que mon fils ne se fasse pas tuer ? réclama Narcissa de façon inquiétante.
– Je ne peux rien vous promettre, dit aussitôt Julian. La seule chose que je peux vous assurer, c'est que l'on fera de notre mieux.
– Cela ne me suffit pas, siffla-t-elle. Je vous jure sur ma magie que si mon fils ne me revient pas vivant ce soir, même le Ministère ne pourra pas vous protéger.
– Narcissa !
– Madame, nous n'accepterons pas ici de telles menaces ! s'exclama Julian.
– J'ai trahi le Seigneur des Ténèbres au plus haut de sa puissance pour la vie de mon fils. Toi, Harry, plus que tout autre, tu devrais le savoir. Vous ne me faites pas peur.
– Narcissa, trancha Harry. Calme-toi, je t'en prie. Ce n'est pas avec des menaces que l'on avancera les choses.
– C'est pourtant grâce à des menaces que vous savez maintenant où trouver mon fils », termina Narcissa d'un ton calme en se levant.
Elle les salua d'un geste de la tête et s'en fut. Les deux hommes se regardèrent, soufflés. Ils clignèrent des yeux, encore trop choqués. Julian se passa une main sur le visage et ses sourcils se froncèrent.
« Je déteste les gens riches. Ils se croient tout permis.
– Les Malfoy font vraiment peur… expira Harry.
– Et tu as décidé de sortir avec leur fils. Ne crois pas que je vais te plaindre.
– L'amour ça ne se décide pas. »
Julian le dénigra d'un geste de la main et continua dans ses grommèlements :
« En plus, c'est faux que c'est grâce à cette lettre qu'on va pouvoir retrouver Draco. Mais c'est pas comme si je pouvais lui dire.
– Alors terminons vite de lire le rapport pour qu'on puisse investiguer toutes leurs planques », lui sourit Harry.
Julian lui rendit son sourire et frappa de son poing le poing de Harry. Devant l'air interrogateur de ce dernier, il eut un sourire penaud.
« Le frère de ma femme fait ça avec ses collègues moldus. Il appelle ça un check. C'est à la mode paraît-il. »
o0O0o
« O.K., commençons cette réunion, dit Gawain Robards en tapant dans ses mains. Miller, résumé de la situation. »
L'auror interpelé se leva avec un carnet de note en main. De sa voix lancinante, il retraça les événements de la veille.
« Draco Malfoy et l'auror qui le protégeait, Logan Leek, ont disparu hier dans la soirée, expliqua-t-il brièvement de sa voix lancinante. Des recherches ont été menées, qui nous ont conduits jusqu'au corps de Logan, tué au cours de ses fonctions. Malfoy est considéré comme kidnappé par le groupe récalcitrant de mangemorts dirigé par Rodolphus Lestrange. Ce matin, Lucius Malfoy a reçu une rançon contre la vie de son fils, rançon qui nous a été apportée par Narcissa Malfoy.
« Hier soir, une autre équipe a également été envoyée investiguer une des planques que le mangemort Rookwood nous a indiquées. L'endroit avait déjà été vidé, mais nous avons trouvé des éléments incriminant un traître dans le Ministère, la langue-de-plomb Cassius William. Il a été appréhendé et interrogé. Dans le rapport que vous avez normalement tous lu ce matin, vous trouverez la liste des endroits utilisés par Lestrange et ses mangemorts, ainsi que plusieurs de leurs projets futurs.
– Ah, merci Miller, le congédia Robards. Maintenant, il nous faut décider la suite de nos actions. Nous avons une date limite, dix-huit heures ce soir, donc cette affaire doit être réglée avant, si l'on veut qu'on ait l'avantage. Nous avons un élément pour lequel ils ne sont pas au courant. »
Il sortit le téléphone magique que Harry lui avait remis ce matin-là quand le Chef des Aurors était arrivé avec le journal dans les mains. Sans que personne ne lui ait rappelé comment fonctionnaient les portables, il avait fait le lien de lui-même et avait demandé les deux. Il avait eu une grimace en apprenant qu'il y en avait déjà un de moins dans l'équation. « On fera avec », avait-il dit.
« Avec ceci, nous pouvons retracer le même téléphone qui a été donné à Malfoy. Cependant, cela veut dire qu'il explosera peu de temps après que l'appel soit lancé, un peu moins de dix minutes. Nous pourrons directement nous retrouver là où Malfoy est détenu. Cela veut toutefois dire qu'il faut que l'on ait déjà une idée de quelle direction où aller. Miller, les plans s'il te plaît. »
L'auror distribua à chacun dans la pièce une carte du Royaume-Uni et ses alentours directs. Une dizaine de croix avaient été marquées en rouge, dont une dans le nord de la France et une autre en Irlande.
« Voici toutes leurs cachettes. Comme vous le voyez, il y en a dans toutes les directions. Celle en bleue, c'est celle que vous avez visitée hier. Est-ce que l'un de vous parmi nous est bon en Divination dans l'espace ? »
Noëlle leva la main et fouilla sous sa chemise pour en ressortir un pendule.
« Parfait ! Peux-tu nous indiquer vers où se trouverait Malfoy ?
– Ça ne sera pas précis, mais à moins qu'ils n'aient mis des protections particulières contre mon type de talent, je le peux.
– Ah, bien. Eh bien, je t'en prie.
– J'ai besoin d'un endroit où je suis seule pour ça… »
Robards l'autorisa à s'enfermer dans un bureau pour faire sa magie et en l'attendant, les aurors discutèrent entre eux. Harry était confiant. Ils allaient sauver Draco.
« J'imagine que l'endroit où ils détiennent Draco ne doit pas être trop loin de Dartmoor, supposa Julian.
– Pourquoi ? lui demanda Harry, curieux.
– Transplaner sur une longue distance est déjà assez dur par soi-même, bien que faisable, mais faire un transplanage d'escorte coûte beaucoup plus en magie et détermination. Si la personne qui se fait escorter ne veut pas être transplanée, cela augmente aussi la difficulté. Donc il est plus simple de s'approcher au préalable de l'endroit où l'on veut se rendre.
– Ils peuvent faire aussi plusieurs transplanages, non ?
– C'est vrai. C'est pour ça que la Divination de Noëlle sera plus utile que nos suppositions. »
L'intéressée réapparut dans la salle de réunion, le visage creusé et avec un peu de sueur sur le front. Elle se le frotta et s'avança vers Robards.
« Ils se trouvent dans cette région. »
Elle fit un cercle avec son doigt du côté du Pays de Galle sur la carte. Julian fit un petit sourire triomphant à Harry. Il avait vu juste.
« Ah, très bien, cela nous laisse le choix entre trois planques. Très bien, Wood. Va prendre quelque chose pour te requinquer. »
Noëlle acquiesça et partit pour la salle de pause. Robards clapa des mains.
« Bien, bien. Ah, je pense que l'on va se diviser en deux équipes. L'une va partir à la recherche de l'endroit où ils se cachent ; l'autre va se préparer à accueillir "l'échange" à Dartmoor. Bien sûr, tout le monde ne peut pas participer, il faut bien qu'on ait du monde pour gérer les affaires habituelles, haha. Levez la main pour la première équipe. »
La main de Harry fonça vers le ciel et Julian ne put s'empêcher d'avoir un sourire ironique en le suivant. Le Chef des aurors les regarda en fronçant les sourcils.
« Ah, Harry. Je ne peux pas t'attribuer de mission de terrain, tu n'es pas encore un auror. »
Ce fut Julian qui intervint en sa faveur.
« Harry est quand même celui qui a battu Voldemort. Je ne pense pas qu'une mission comme celle-ci soit hors de sa portée.
– Et il est parmi les premiers de sa promotion dans presque toutes les épreuves pratiques, ajouta Miller.
– Il n'est pas encore censé savoir ça ! s'écria Robards en jetant des coups d'œil anxieux à Harry, qui était étonné de voir Miller prendre sa défense et encore plus d'apprendre qu'il avait autant réussi ses examens.
– Et puis, termina Julian en secouant la tête, on a affaire à un Gryffondor. Si on ne lui permet pas de rejoindre la mission, il va faire quelque chose d'insensé comme partir tout seul à la poursuite des mangemorts. Mieux vaut que quelqu'un soit là pour le surveiller. »
Harry ouvrit la bouche pour répondre qu'il ne ferait pas une telle chose (même s'il devait avouer que ça ne l'empêchait pas d'y penser), mais Julian posa une main sur son bras. Robards ferma les yeux et se pinça l'arête du nez. « Toujours les Gryffondor », grommela-t-il dans sa barbe.
« Très bien, soupira-t-il. Julian, tu seras chargé de lui si tu y tiens tant. Bien, continuons, voulez-vous. »
o0O0o
Ils transplanèrent peu après manger quelque part au Pays de Galle qui les placerait au milieu des trois planques. En plus de Harry, qui avait l'ordre de suivre Julian à la lettre, il y avait quatre aurors en tenue de combat. Miller était avec eux, parce qu'il était vraiment vraiment bon en duel. Harry était sûr qu'il y était allé mollo avec lui lors de l'examen. Mais avec lui à leurs côtés, il se sentait confiant. Ils allaient récupérer Draco. C'était une évidence.
Margaret, une auror plus âgée que tout le monde ici, sortit sa baguette. Julian lui remit le téléphone magique qui avait appartenu à Harry. Elle lança un sort qui le fit briller d'une lueur bleutée.
« Advoco Draco Malfoy », dit-elle avec un nouveau sort.
L'écran s'alluma, mais tout le monde regarda la lumière bleue fondre dans le ciel et partir vers le nord, indiquant la bonne planque. Tout le monde hocha la tête.
« Prêts ? » demanda Miller.
Ils transplanèrent. L'instant suivant, un nouveau paysage s'étalait devant leurs yeux, et non loin, une petite chaumière moldue. Ils la fixèrent tous.
« Une chaumière ? s'étonna Artemis, qui avait été la prof de cours pratique de Harry.
– Ils ne sont pas censés avoir des barrières de protection ? demanda celui-ci.
– Si, fit Julian en tenant sa baguette en position de combat.
– C'est peut-être un leurre ? » supposa Miller.
Margaret secoua la tête et fit des mouvements complexes avec sa baguette. Le sort forma un cercle autour d'eux et s'enfonça dans le sol, repoussant l'herbe et la terre pour tracer une marque réelle qui les entourait. L'auror inspira, tint sa baguette à deux mains et la repoussa avec un cri. Le cercle s'élargit, l'herbe marquant son passage, jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un mince trait lumineux au loin. Une ondulation dans l'air leur fit tourner la tête à l'opposé de la chaumière. Le téléphone explosa. Tout le monde l'ignora, il avait rempli son rôle.
Une bulle de protection violette entourait quelque chose derrière elle que l'on ne pouvait pas voir, à une vingtaine de mètres d'eux. Harry était bouche bée et il pouvait apercevoir de l'admiration dans les yeux des autres aurors envers Margaret. Il n'avait jamais vu ce sort marcher sur plus d'un mètre. Quelle puissance magique ! L'auror âgée repoussa des mèches de son front en sueur.
« Allons-y », déclara-t-elle.
Ils approchèrent des protections. Maintenant qu'elles étaient visibles, ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'ils ne découvrent de quels types de protection il s'agissait. Et avec des aurors expérimentés comme eux, ce fut fait en cinq secondes. Même s'il avait terminé ses études, Harry avait encore beaucoup à apprendre. Ce fut Artemis qui traça la bonne combinaison de runes qui brisa le dôme violet. Dès que ce fut fait, ils coururent vers la maison à un étage qui était apparue derrière. Ils avaient peu de temps avant que…
Deux mangemorts sortirent de la maison, lançant des sorts et malédictions avant même que la porte ne s'ouvre complètement. Les aurors réagirent aussi sec et Julian se mit devant Harry, dont le visage se ferma. Il n'allait pas être un poids pour son mentor. Il se décala, lançant lui aussi des sorts pour arrêter les mangemorts, se remettant derrière Julian dès qu'il en avait terminé un, pour que l'auror n'ait pas à perdre de sa concentration en lui rappelant qu'il était là pour le protéger.
D'autres personnes sortirent de la maison et la bataille fit rage alors que les aurors commençaient à gagner du terrain. Un mouvement retint l'attention de Harry. À une fenêtre, là. Une baguette fut levée mais Harry fut plus rapide, attrapant le mangemort avec un impedimenta avant qu'il ne puisse lancer son sort. Personne ne remarqua son exploit, mais ce n'était pas important. Gagner la bataille l'était.
Margaret fut la première touchée. Encore atteinte par le sort qu'elle avait lancé pour trouver les barrières de protections, elle fut une seconde trop lente pour parer un bombarda qui lui explosa dans le dos. Elle avait au moins eu un instinct monstre pour se retourner à une telle vitesse pour éviter de pires dégâts. Miller avança vers elle pour la soigner alors qu'Artemis les protégeait. Julian et Harry passèrent à l'offensive et d'un accord tacite, Julian arrêta de faire bouclier de son corps à son protégé. Harry était dans un vrai duel et il allait devoir gagner. Sauf qu'il était loin de son premier duel. Il avait vaincu Voldemort. Ça ne lui faisait pas peur.
Dans le camp ennemi, deux personnes étaient déjà paralysées, plus celle que Harry avait bloquée. Ils restaient trois mangemorts et quand Miller les rejoignit après avoir fini de soigner Margaret, ils en firent de la chair à pâté. Un autre fut restreint par des cordes, deux furent assommés et le dernier rejoignit les paralysés. Un léger soupir de soulagement traversa les aurors.
Artemis attrapa celui qui était encordé et le souleva.
« Est-ce qu'il y en a d'autres dans la maison ? »
Le mangemort cracha à son visage et Artemis le laissa retomber et l'assomma d'un sort. Elle s'essuya la joue sans aucune expression sur le visage.
« J'imagine qu'on va découvrir ça », dit-elle avec ironie.
Julian lui fit un sourire. Margaret prit des feuilles au sol et les transforma en Portoloin, en plaçant une sur chacun des mangemorts. Dix secondes plus tard, ils étaient partis pour le Bureau des Aurors avec un petit mot indiquant où ils en étaient pour la mission.
« Il y en a au moins un de neutralisé à l'intérieur, les informa Harry. À moins qu'il ne se soit défait des cordes.
– On va voir ça. »
Baguette en main, ils entrèrent dans la maison. Tous les rideaux étaient tirés, créant une ambiance étrange. Là où les rayons du soleil passaient, on pouvait voir la poussière en suspension. Tout comme le temps.
Il n'y avait personne. Ils se regardèrent et se séparèrent en deux groupes. L'un partirait à l'étage, l'autre fouillerait le rez-de-chaussée. Harry se retrouva à l'étage avec Julian et Artemis. Il ne leur fallut pas longtemps pour trouver les mangemorts, ils étaient dans le couloir après l'escalier. Ils avaient des sacs dans leur main et divers papiers, tenant également leur collègue attaché. Et avant qu'ils ne puissent les rattraper, ils avaient transplané. Une vague de panique traversa Harry. Faites qu'ils n'aient pas emmené Draco avec eux, faites qu'ils n'aient pas emmené Draco avec eux, se répétait-il inlassablement.
Un échange de regard entre eux et chacun se dirigea vers une pièce différente qu'ils ouvrirent en même temps. Harry passa aussitôt à la suivante. Un salon en bordel. Il le traversa pour ouvrir la porte opposée, une envie de vomir au fond de la gorge. Derrière la porte, une autre chambre aux rideaux fermés qui laissaient peu filtrer les rayons du soleil. Où était-il ? Où était Draco ?
« Harry ?
– Draco ! »
Il se précipita vers la forme assise dans l'angle mort de la porte ouverte. Plusieurs émotions passèrent sur le visage de Draco avant de s'installer sur du soulagement. Ses yeux brillèrent et il accepta l'enlacement de Harry comme s'il avait été une bouée en pleine mer. Il le garda serré contre lui jusqu'à ce qu'il soit assuré que Draco était bien là, entre ses bras. Il autorisa quelques larmes à lui échapper enfin.
« Co-comment ? » demanda Draco.
Harry le relâcha et entreprit de défaire les liens qui entravaient ses mains avec sa baguette, séchant ses larmes avec sa manche.
« On a suivi le signal de ton téléphone magique. Merlin merci, tu es là. Tu es blessé ? »
Draco secoua la tête, frottant ses poignets libérés avec un certain émerveillement.
« J'ai été pas mal bousculé quand ils m'ont enlevé – j'ai reçu un coup sur la tête –, mais après ça, ils m'ont plutôt "bien traité". Lestrange disait qu'il n'allait pas faire de mal à un membre de sa famille.
– À la tête ? s'inquiéta Harry. On va aller à Sainte Mangouste vérifier ça, d'accord ? »
Draco saisit sa main.
« Est-ce que… est-ce que Logan va bien ? »
Le visage de Harry se ferma. Draco pinça les lèvres.
« Je… j'avais espéré, commença-t-il. Les choses se sont passées si vite. Je me suis persuadé que j'avais imaginé le rayon vert. »
Harry reprit Draco dans ses bras.
« Je suis désolé, lui dit-il. Il était mort quand on l'a retrouvé. J'ai eu si peur pour toi. »
Il ne pouvait s'empêcher de toucher Draco. Son visage, ses cheveux, ses bras. Il n'arrivait toujours pas à croire qu'il était là. Draco éclata en sanglot.
« Draco ! s'inquiéta Harry. Qu'est-ce qu'il y a ?
– Oh, euh… je, je crois que ce sont mes… mes nerfs, pleura-t-il. Sors-moi d'ici, s'il te plaît. »
Harry serra les lèvres.
« Tout de suite. »
Il l'aida à le relever et ils retournèrent dans le salon.
« Ma baguette… souffla Draco.
– On va la retrouver. Une idée d'où elle est ? »
Il secoua la tête et renifla, serrant la main de Harry à lui en faire mal.
« Harry ! Tu l'as retrouvé ! s'écria Julian avec un grand sourire en passant devant la porte du salon.
– Il faut qu'on trouve sa baguette », lui expliqua-t-il.
Julian acquiesça.
« On va prévenir les autres et on fait ça, d'accord ?
– Margaret ! » retentit la voix de Miller.
Julian fronça les sourcils et partit immédiatement en direction du bruit, Harry sur les talons, tenant toujours la main de Draco. Il ne la lâcherait pas de sitôt. Artemis les rejoignit avec le même air sombre sur le visage et dévala devant eux l'escalier.
Dans le salon du rez-de-chaussée, Lestrange détenait Margaret et avait sa baguette contre sa joue. Miller fulminait sur place, baguette pointée vers lui. Tous les autres firent de même, Harry se plaçant devant Draco pour le protéger. Lestrange tourna la tête vers lui. Ses yeux s'étrécirent.
« Toi. Tu viens encore tout faire échouer, hein ? » cracha-t-il.
Harry l'ignora et les aurors s'approchèrent d'un pas. Lestrange raffermit sa prise contre Margaret qui poussa un cri de douleur.
« Lâche-la », ordonna Julian.
Lestrange éclata de rire.
« Explique-moi donc pourquoi je ferais ça.
– Cela pourra être une preuve de caractère lors de ton procès, dit Artemis. Tu pourras recevoir une peine à Azkaban moins longue.
– Ha ! Comme si j'allais avoir moins que la prison à vie. Avec un gouvernement corrompu comme le vôtre. »
Margaret fit un vif mouvement des doigts. Harry dut se battre contre lui-même pour ne pas donner l'impression de l'avoir remarqué. Les autres aurors ne battirent même pas des paupières, c'est comme s'ils ne l'avaient pas vu. Faites-le parler, disait-il. C'était une des premières règles lorsque l'on appréhendait quelqu'un. Qu'elle le leur rappelle alors tous les aurors ici la connaissait ne voulait dire qu'une chose. Elle avait un plan.
« Que veux-tu alors ? demanda Miller.
– Comme si je voulais quelque chose de vous ! cria-t-il, faisant sursauter Margaret. Vous ne m'aurez pas à votre petit jeu ! »
Margaret tourna la tête vers la baguette et la mordit.
« Petrificus totalus ! » crièrent trois voix.
Le sort de Julian, Artemis et Miller fonça droit devant eux avant même que Lestrange ne pût seulement intégrer qu'une auror avait mordu sa baguette. Il les toucha tous les deux, l'impact des trois sorts les faisant tomber au sol.
« Ils… ils ont visé leur collègue aussi ? marmonna Draco d'une voix choquée.
– Et c'est ce qui nous a fait gagner », lui répondit Harry avec douceur.
Les aurors s'approchèrent des deux formes immobilisées.
« Désolés Margie », dit Miller à l'auror.
Celle-ci roula des yeux, la seule partie de son corps qui pouvait bouger. Lestrange, quant à lui, les fusillait du regard. Julian récupéra avec difficulté la baguette du mangemort qui était coincée entre le poing de ce dernier et les dents de Margaret. Artemis et Miller essayèrent de séparer leurs deux victimes, mais elles étaient trop collées entre elles. Les aurors échangèrent un regard entre eux avant de regarder Margaret avec un air désolé. Celle-ci leur renvoya un regard noir.
« Ne nous regarde pas comme ça, se plaignit Miller. On n'a pas le choix. Tu seras libérée dès qu'on sera au Bureau. »
Et Artemis les attacha avec des cordes.
« Je me charge de les ramener, annonça Miller. Commencez à fouiller la maison. Il y a peut-être d'autres mangemorts.
– Ils se sont enfuis tout à l'heure, lui apprit Julian. Avec des documents. Sûrement des informations qui les auraient incriminés.
– Je vois. Essayez de trouver le plus de choses que vous pouvez alors. »
Ils acquiescèrent et Miller partit avec ses prisonniers en tournant sur lui-même.
« Est-ce qu'on pourra aller à Sainte-Mangouste après qu'on ait retrouvé la baguette de Draco ? demanda Harry.
– Tu es blessé ? s'enquit Julian envers Draco.
– On l'a frappé à la tête, lui expliqua Harry alors que Draco secouait la tête.
– À la tête ? répéta son mentor. D'accord, on fera ça. Retrouvons cette baguette rapidement. Comment est-elle ?
– Elle fait vingt-cinq centimètres et elle est en bois d'aubépine », indiqua Draco.
Les aurors acquiescèrent et ce fut l'heure de la fouille. Ils cherchèrent une quinzaine de minutes avant qu'Artemis ne trouve l'endroit où les affaires de Draco avaient été mises. Celui-ci se saisit de sa baguette avec empressement et la serra contre lui. Une certaine tension qui avait été sur ses épaules disparut. Harry récupéra le sac qu'il utilisait pour aller au travail. À l'intérieur, il retrouva les restes du téléphone. L'explosion avait marqué les dossiers entre lesquels il avait été glissé, mais rien ne semblait avoir brûlé. Julian fit un signe de tête à Artemis.
« Je les amène à l'hôpital et je reviens tout de suite. »
Elle acquiesça et ils transplanèrent à Sainte-Mangouste. Draco fut rapidement pris en charge et Julian repartit après avoir interdit Harry de bouger tant qu'il ne serait pas revenu. Harry attendit donc dans une salle d'attente que le guérisseur en ait fini avec Draco.
Là, dans la chaleur de son fauteuil, toute la tension retombant, Harry s'endormit.
Draco le réveilla d'une main sur l'épaule. Il lui fit un petit sourire pendant que Harry émergeait. Le guérisseur se tenait à côté de son patient et lui apprit :
« Monsieur Malfoy est en bonne santé, mais n'hésitez pas à revenir si vous trouvez que quelque chose ne va pas. »
Harry acquiesça, retenant de justesse un bâillement. Le guérisseur s'en alla donc s'occuper d'un autre patient. Draco s'assit sur le siège d'à côté et dit avec un sourire :
« Je vais devoir voir un psychomage à cause de ce qu'il s'est passé », lui apprit-il.
Harry observa son visage en fronçant les sourcils. Pourquoi ça le faisait sourire ?
« Est-ce que ça va ?
– Oh, oui, oui, beaucoup mieux depuis que tout ça est fini. Je ne comprends pas trop pourquoi je dois voir un psychomage, je dois t'avouer. Je n'ai pas été kidnappé longtemps.
– Ça n'en reste pas moins une violence », dit Harry en quittant son siège pour s'accroupir devant Draco.
Il prit ses mains.
« Tu as le droit de craquer. »
La lèvre de Draco trembla, mais il la mordit. Son regard retomba sur leurs mains et ses épaules frissonnèrent.
« Ça a toujours été moi qu'ils visaient, raconta-t-il. Ce n'était pas toi. »
Harry lui offrit une petite pression sur sa main, l'encourageant à parler.
« Ils voulaient… Ils voulaient se venger de mon père, pour avoir trahi et pour avoir autant "réussi". Ils voulaient son argent pour financer leur projet.
– Pourquoi étaient-ils plus intéressés à punir les traîtres que par exemple moi ou ceux qui ont vraiment empêché les avancées de Voldemort ? »
Draco rigola.
« C'était ça les missions que tu avais et dont tu ne pouvais pas me parler, hein ? Ils attaquaient les traîtres, c'est ça ? »
Harry acquiesça.
« Ils n'étaient pas assez et n'avaient pas l'argent, lui répondit Draco. Enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre. C'est pas comme si on avait bavardé. »
Harry caressa le dos de la main de Draco de son pouce.
« Ils ne te feront plus jamais de mal, lui certifia Harry. Après avoir arrêté Lestrange et découvert toutes leurs planques, je doute qu'ils puissent faire revivre leur idéologie. Aujourd'hui s'arrêtent les mangemorts. »
Draco eut un faible sourire.
« Je veux rentrer à la maison. »
Harry grimaça.
« Julian m'a interdit de bouger.
– Est-ce que tu as prévenu mes parents ? »
Une main plaquée sur la bouche, Harry souffla :
« J'ai oublié. Je me suis endormi. Désolé. Faisons ça tout de suite. »
Cela tira un rire à Draco et ils partirent emprunter une cheminette pour contacter le manoir Malfoy. En chemin, Harry lui raconta la venue de Narcissa au Bureau le matin. Draco plaqua une main sur son visage.
« Mère… oh non, j'ai trop honte. Excuse-moi pour elle. »
Harry éclata de rire. Sitôt qu'ils avaient contacté le manoir, les Malfoy cheminettèrent à l'hôpital. Narcissa se jeta sur son fils pour l'écraser contre elle en sanglotant. Lucius hocha la tête en remerciement à Harry avant de poser une main sur l'épaule de son fils.
C'était fini. Tout était fini. Ils n'avaient plus qu'à lécher leurs blessures.
o0O0o
Le lendemain, toute cette histoire parut dans la Gazette du Sorcier, retraçant par-là même les différents actes commis par le groupe de mangemorts. Les aurors qui avaient été chargés d'aller à Dartmoor avaient réussi à attraper presque tous les mangemorts qui avaient été envoyés préparer les lieux pour la venue de Lucius. Les procès de toutes ces personnes auraient lieu sur plusieurs jours, à la mi-août. Les accusés attendraient le jour de leur jugement à Azkaban. Harry et Draco purent dire enfin au revoir à leurs gardes du corps, qui n'étaient plus nécessaires, et ils assistèrent à l'enterrement de Logan qui eut lieu quelques jours plus tard.
Draco dut suivre plusieurs séances avec un psychomage où le traumatisme de l'enlèvement lui apparut vraiment. Même après ces séances-là, il resta un long moment paranoïaque à l'idée de se retrouver en public. Mais ce n'était rien comparé aux premiers temps où, à moins d'avoir une audience qui requerrait sa présence, Draco avait refusé de travailler ailleurs que depuis chez eux. Ils durent rester entre eux lors de son anniversaire, seulement quelques jours après son kidnapping et aucune grande soirée ne fut organisée en son honneur par ses parents.
Une semaine plus tard, Harry recevait les notes de ses examens. Il avait eu des Optimal à presque toutes ses épreuves pratiques et celles théoriques tournaient plus autour d'Efforts Exceptionnels. Il avait passé ses examens haut la main et il fit la fête avec ses camarades pour célébrer. Seuls quelques-uns allaient devoir redoubler, mais c'étaient des personnes qui s'en doutaient déjà avant.
C'est ainsi qu'à la mi-juin, lui et sa famille furent invités à la cérémonie de remise des diplômes. Dans des robes sobres qui lui rappelaient Poudlard et un chapeau pointu sur la tête, Harry était assis dans les premiers rangs, à attendre que son nom soit appelé pour recevoir le bout de papier pour lequel il avait autant travaillé ces trois dernières années. Derrière lui, les Weasley, les Malfoy, et son fils regardaient la cérémonie avec plus ou moins d'attention.
« Potter, Harry. »
Harry se leva et se dirigea vers Gawain Robards. Le Chef du département des Aurors se tourna vers la table à côté de lui et prit le certificat de la réussite de Harry que lui avait préparé Isobel.
« Félicitations, Potter. Ah, j'ai hâte que nous travaillions ensemble. Profitez bien de vos vacances avant votre rentrée, vous n'en aurez plus autant après. »
Il fit un clin d'œil et tout le monde dans la salle rit. Avec un sourire en coin, Harry serra la main de Robards et retourna à sa place attendre que la cérémonie se termine. Quand on annonça enfin que l'on pouvait se servir au buffet, Julian vint féliciter Harry.
« J'espère qu'on m'assignera encore avec toi pour tes premiers pas officiels avec nous », dit-il avec un grand sourire et tendant la main à son ancien protégé.
Harry la regarda et sentit les larmes lui monter aux yeux. Plutôt que de la prendre, il se jeta dans les bras de son ancien mentor. Celui-ci vacilla sous le soudain poids, mais réussit à les stabiliser en répondant à son étreinte.
« Merci, murmura Harry. Tu as été le meilleur mentor que je pouvais avoir.
– Que de compliments, tu vas me faire rougir. »
Harry rit, mais son rire sonnait comme des sanglots. Julian lui tapota gentiment le dos et caressa ses cheveux.
« Arrête, tu vas me rendre tout émotionné, dit-il d'une voix brisée. Et moi qui allais t'inviter à dîner avec ma femme ce week-end pour fêter ton diplôme. Tu agis comme si on n'allait plus jamais se voir. »
Harry s'écarta de Julian et s'essuya les yeux avec un rire.
« T'es pas au courant ? Je pars aux Bahamas ce soir pour tout l'été, blagua-t-il.
– Et tu m'as pas invité ? » s'insurgea Julian.
Ils ne purent pas continuer leurs bêtises plus longtemps car Hermione se jeta sur Harry pour le féliciter, pleurant de toutes ses larmes alors que Ron lui lançait un pouce en l'air dans son dos. Le reste de sa famille les avait rejoints et Teddy, voyant Tata 'Mione enlacer Harry, se joignit au câlin.
« Pourquoi c'est toi qui pleures, Hermione ? rit Harry.
– Parce que… » répondit-elle sans répondre.
Elle s'écarta de lui pour essuyer quelques larmes. Mrs Weasley vit Neville non loin d'eux et elle se précipita sur lui pour le féliciter. Harry se fit féliciter par d'autres personnes, notamment des aurors avec qui il avait déjà travaillé. Isobel, elle, le prit à part.
« Ma nièce tenait à te féliciter également, même si elle ne peut pas venir. »
Elle le regarda droit dans les yeux.
« Merci pour ce que tu as fait pour elle. Elle est devenue bien plus heureuse maintenant.
– Je n'ai pas fait grand-chose… »
Isobel secoua la tête avec un sourire et lui tapa dans le dos.
« J'ai hâte de travailler avec toi, Potter.
– Potter ? rit Harry.
– On t'appellera par ton prénom quand tu auras fait une grosse bourde lors d'une mission et qu'elle fera rire tout le monde. Cela a pris deux mois à ton mentor pour en arriver là. Je me demande si tu battras son record », termina-t-elle avec un sourire malicieux.
Après que tout le monde se soit bien rempli au buffet, ce fut l'heure des au revoir. Alors que les autres repartaient travailler ou rentraient chez eux, Harry et ses camarades passèrent l'après-midi ensemble à fêter leur diplôme en traînant dans un parc moldu où ils firent divers jeux et parlèrent une dernière fois entre eux avant leurs vacances. Quand l'heure de la débauche approcha, leur groupe se sépara en deux, entre ceux qui allaient continuer à faire la fête et ceux qui rentraient chez eux pour dîner avec leur famille.
Harry, lui, retourna au Ministère chercher Draco. Il comptait bien en faire son habitude pendant l'été, les jours où son petit ami travaillerait. En arrivant devant son bureau, il toqua à la porte et entra. Il ne fit qu'un bonjour de convenance à Abril, qui était encore dans un dossier. Draco était lui en train de ranger ses affaires dans sa sacoche. En le voyant, il lui fit un grand sourire.
« On y va ? » lui demanda Harry.
Draco acquiesça et ils sortirent du bureau.
« Notre réservation est pour dix-neuf heures. On a encore un peu plus d'une heure avant.
– On en profite pour faire du lèche-vitrine ? proposa Harry. J'ai enfin terminé mon livre, il m'en faut un nouveau.
– Celui que t'avais commencé en février ? s'étonna Draco. Pourquoi tu veux en acheter un alors que la bibliothèque des Black déborde de livres ?
– Mais c'est des vieux trucs tout poussiéreux », se plaignit Harry.
Ils avaient atteint les cheminettes du Ministère et étant en pleine débauche, ils durent faire la queue. Draco se rapprocha de lui et Harry prit sa main pour le rassurer.
« Et en plus, ils sont presque tous écrits en manuscrit, continua-t-il. J'ai pas envie de passer la moitié de ma lecture à essayer de décrypter ce qu'il y a marqué.
– Il y en a pourtant des très intéressants. »
Harry plissa les yeux en direction de Draco.
« Combien t'en as lu depuis que tu es arrivé chez moi ? »
Draco tapota sa lèvre du doigt en réflexion.
« Au moins six.
– Roh, je le savais. T'es trop rapide pour lire.
– Oh, tu sais, j'ai une collègue qui lit plus d'une centaine de livres par an.
– Pl… plus d'une centaine ?! »
Harry se fit bousculer par derrière parce qu'il était resté figé sur place. Il reprit vite sa place en marmonnant contre ces Hermione qui se multipliaient. Leur tour était arrivé et Harry partit en premier pour assurer l'arrivée de Draco au Chaudron Baveur. Son blond en sortit quelques secondes plus tard en essuyant la poussière qui s'était posée sur ses vêtements lors du trajet.
Ils saluèrent la nouvelle barmaid, une nièce de Tom d'après les rumeurs, et sortirent dans l'arrière-cour. Arrivés sur le chemin de Traverse, ils commencèrent à remonter la rue. Draco s'arrêta devant un apothicaire.
« Il nous manque quelques potions de premiers soins, non ? »
Harry acquiesça et ils rachetèrent une petite pharmacie. Ils passèrent leur temps ainsi en passant de boutique en boutique, regardant les nouveautés avec envie mais sans avoir d'excuses pour les acheter, comme pour le nouveau Nimbus 3000, et en achetant ce dont ils avaient besoin. Quand ils passèrent chez Fleury et Bott, Pansy les accueillit avec le sourire et recommanda un livre à Harry en lui assurant qu'il n'arriverait pas à le lâcher. Elle leur souhaita un bon dîner quand l'heure de leur réservation arriva et les garçons se dirigèrent vers un des restaurants qui faisait un coin du Chemin. Ce n'était pas l'extra chic dans lequel ils avaient déjà mangé une fois avec la famille de Draco, car aucun des deux ne pouvait se le permettre, mais cela n'empêcha pas que leur repas fut délicieux et qu'ils passèrent une excellente soirée.
En rentrant chez eux, ils s'embrassèrent jusqu'à n'en plus pouvoir et discutèrent jusqu'à une heure avancée de la nuit avant de finalement s'endormir dans les bras l'un de l'autre. Ils furent réveillés à l'aube par un Teddy qui leur cria qu'il était l'heure d'aller au parc d'attraction parce qu'ils avaient promis.
o0O0o
George lui offrit un grand sourire qui mit tout de suite Harry sur le qui-vive. Il se recula et le regarda avec suspicion.
« Quoi ? demanda-t-il au grand rouquin.
– Quoi quoi ? fit George avec un plus grand sourire. Tu as mangé un de nos bonbons grenouilles ? »
Harry repoussa la question ridicule de George de la main et retira son manteau de pluie pour s'asseoir dans le canapé de l'arrière-boutique. George alla lui chercher les papiers administratifs des trois derniers mois que Harry lirait chez lui au calme.
Le rouquin s'assit dans une chaise en face de lui et lui refit son grand sourire. Harry soupira.
« Accouche, lui dit-il.
– On va révolutionner le monde sorcier. »
Harry haussa les sourcils. Il était habitué aux affirmations grandioses de George, mais il n'employait guère les mots "révolutionner" et "monde sorcier" dans la même phrase.
« Qu'est-ce que vous avez encore été inventer ?
– Oh, ça fait déjà un moment qu'on l'a inventé. »
Harry fronça les sourcils.
« De quoi tu parles ? »
Avec toujours son grand sourire sur le visage, George sortit une plaque transparente et la glissa sur la table.
« Mais c'est…
– Les téléphones sorciers, lui apprit un énorme sourire.
– Ça y est ? demanda Harry, l'excitation montant dans sa voix. Ils sont enfin prêts ? »
George acquiesça.
« Toutes les données qu'on a pu récolter grâce aux quatre téléphones qu'on avait donnés aux aurors a été très précieuse. On a beaucoup appris sur comment la magie se déplace, ou se transmet. Et voilà le résultat. »
Harry saisit le portable.
« On peut appeler n'importe qui avec, alors ?
– Tout à fait ! On a aussi fait quelques petits changements. Avant, tu appelais directement la personne et ça allumait le téléphone, mais maintenant on a mis un menu dedans pour pouvoir l'utiliser autrement que juste en téléphone, ce serait une invention bien trop ennuyeuse sinon. »
Harry sourit, typique Weasley ça.
« On l'allume toujours avec la baguette alors ?
– Non, c'était bien trop discriminant. Pense à tous ces cracmols qui ne peuvent pas utiliser la magie et tous ces gens qui n'ont pas le droit d'avoir une baguette. On veut que tout le monde puisse les utiliser, même les moldus, pour qu'ils puissent parler avec leurs enfants qui partent à Poudlard. »
Harry en fut bouche bée.
« Cela va vraiment révolutionner le monde.
– Allons Harry, un peu de modestie. Le monde sorcier, s'il te plaît. »
Harry éclata de rire. Qu'est-ce qu'il adorait George.
« Comment on l'allume alors ?
– Ça marche par la voix. Il suffit de dire le mot de passe que le propriétaire aura choisi et il s'allume. Évidemment, il va falloir que le mot de passe soit lié à la voix du propriétaire, sinon ça n'aurait aucun intérêt, donc on va devoir faire appel à un spécialiste de sortilèges, parce que c'est un peu trop haut pour notre grade. Mais quand on les mettra en vente, le mot de passe sera le même pour tout le monde. Un simple On. »
L'écran du téléphone s'alluma et des images apparurent. C'étaient des boutons. George lui expliqua à quoi chacun correspondait. Le hibou signifiait les messages, le patronus éthéré en forme ronde les appels, le parchemin les notes, et la carte de bataille explosive, un jeu de bataille explosive…
« On prévoit d'en faire beaucoup plus. On aimerait faire un partenariat avec des journaux pour que les gens puissent lire la Gazette du Sorcier sur leur téléphone par exemple, et puis créer un forum où les gens pourraient raconter leurs exploits au monde entier. Mais ça nous prendra beaucoup plus de temps, sauf qu'on aimerait commencer à vendre dès que possible, du coup ça veut dire qu'il faut qu'on ajoute quelque chose dans le système de runes qu'on utilise pour que même si on commence à en vendre maintenant, les téléphones puissent se mettre à jour une fois qu'on aura créé une nouvelle fonctionnalité. Mais cela veut dire que tous les téléphones seraient reliés et on a peur que cela les rendrait vulnérable à n'importe qui décidant de les utiliser pour blesser des gens, donc il faut qu'on crée un code de sécurité.
– Oui, vous avez encore beaucoup de travail devant vous, approuva Harry. Ça sera quoi votre principal atout de vente ? »
George fit un grand sourire et d'un grand geste de la main en arc de cercle, dit :
« Les magiphones, le monde à portée de doigts ! Vos farces infiniment plus coordonnées entre vos amis en temps réel. N'attendez plus trois jours pour un hibou de votre princesse coincée en haut de sa tour ! Avec les magiphones, vous pouvez la sauver dès maintenant ! »
Harry éclata de rire au pitch commercial de George. Il avait dû regarder des pubs moldus, c'était pas possible.
« Les magiphones ? demanda-t-il entre deux rires.
– Oui, on s'est décidé sur ce nom, c'est quand même moins long que "téléphones sorciers". Et on a peur que les gens à l'opposé de la personnalité de notre père prennent peur en entendant "téléphones". Ça fait trop moldu. Magiphone, c'est bien, non ? »
Harry approuva de la tête. Il avait hâte de raconter tout ça à Draco, ça promettait. À quoi allait ressembler leur monde avec un tel changement ? Le téléphone moldu avait tellement changé la vie des moldus. Alors qu'est-ce que ça allait être avec les sorciers ?
o0O0o
« Comment vas-tu, Harry ? demanda Meredith après s'être assise dans son fauteuil.
– Très bien, répondit son patient avec un sourire.
– Du thé ?
– S'il te plaît. »
D'un coup de baguette magique, elle leur fit apparaître deux tasses de thé fumantes. Elle lui en servit une et elle prit l'autre. Soufflant délicatement dessus, elle en but quelques gorgées.
« Ça se voit sur ton visage, lui apprit-elle avec un sourire.
– Vraiment ? » fit Harry en touchant sa joue.
Meredith acquiesça et reposa sa tasse.
« Qu'as-tu de nouveau à me raconter depuis la dernière fois ? Draco va mieux ?
– Oh oui, il est enfin plus à l'aise dans les foules. Il commence vraiment à mettre toute cette histoire de côté. Je suis heureux pour lui, cela m'aurait rendu triste si son enlèvement l'avait marqué pour toujours.
– Il en restera marqué, le corrigea gentiment Meredith. Mais cela n'aura pas d'impact sur sa vie de tous les jours. Il a été pris en charge vite, ça a évité que des habitudes malsaines se créent au fond de lui. Mais parlons de toi, tu ne me sembles plus du tout chamboulé par ce qu'il s'est passé par rapport à la dernière fois. À quoi penses-tu que c'est dû ?
– Eh bien… ma vie est bien ? » tenta Harry avec un sourire penaud.
Il se gratta la joue, toujours un peu gêné de parler de sa vie avec sa psy. Un sourire de Meredith l'invita à continuer. Alors il lui raconta la fin de ses études, les vacances qui l'attendaient, Teddy qui s'ouvrait complètement à lui et devenait aussi insupportable qu'un enfant de son âge devait l'être, ses amis avec qui il passait du temps, les films qu'il allait voir avec Hermione, les farces et attrapes qu'il imaginait avec Ron, Draco qui allait mieux, Draco qui l'aimait. Oui, la vie était bien pour lui. Il ne ressentait presque plus l'appel de l'alcool et avait maintenant pris l'habitude de demander une limonade dès qu'il allait dans un bar ou à The Understander.
Meredith le félicita pour toutes ces avancées. Une fois les bonnes choses parlées, ils passèrent au plus compliqué, le placard, les Dursley, Voldemort. Harry doutait d'un jour en être complètement débarrassé. Ces passages continueraient à avoir un impact sur sa vie, à l'envisager d'une façon que d'autres ne le feraient pas, mais le but de ses séances avec Meredith n'était pas de les effacer, mais de les accepter. Il l'avait compris plusieurs mois auparavant, mais commençait seulement à l'intégrer en lui.
Les choses allaient mieux, et il ferait tout pour qu'elles continuent ainsi. Parce que cela ne servait à rien d'attendre qu'elles se résolvent d'elles-mêmes. C'était à lui de les pousser dans la direction qu'il voulait.
o0O0o
« Alors ? » demanda Harry.
Bill se retourna vers eux, un doigt tapotant son menton.
« C'est une malédiction très bien faite, dit-il. Elle est si bien entremêlée dans les protections de la maison qu'il faut déjà savoir qu'elle est là pour la remarquer. Qui vous a fait découvrir ça déjà ?
– Pansy Parkinson, répondit Draco. Mais elle l'a juste "senti", elle n'a pas eu besoin de regarder les protections.
– Ce qui aurait été très impoli, fit Bill en hochant la tête. Si son talent est naturel, il va falloir que je la recommande à Gringotts. »
Draco écarquilla les yeux.
« Elle travaille pendant tout l'été chez Fleury et Bott, mais je suis sûr qu'elle sera reconnaissante d'une telle offre.
– Et si l'on s'installait autour d'une tasse de thé plutôt que de discuter debout ? » proposa Harry.
Les deux autres sorciers acceptèrent et ils se rendirent dans le salon où Harry leur servit à tous du thé. Soufflant légèrement sur la sienne, il demanda :
« Est-ce que tu peux faire quelque chose pour cette malédiction ?
– Je ne vais pas pouvoir l'enlever si c'est là ta question, dit Bill en secouant la tête. Elle est devenue presque essentielle aux protections. Enlever l'une reviendrait à enlever l'autre.
– Est-ce qu'elles sont vraiment nécessaires ces protections ? »
Bill et Draco, en sorcier ayant toujours vécu dans un monde de sorciers, le regardèrent avec stupeur, incompréhension et comme s'il avait dit la plus grosse bêtise de sa vie. Harry se rencogna dans le canapé en pinçant les lèvres.
« Harry, commença Bill d'un air professoral. Si tu retires les protections, toute la magie qui maintient cette maison s'effondre. Sans parler de tous les sorts d'extension qui rendent cette maison beaucoup plus grande qu'elle ne l'est, elle deviendrait visible à tes voisins moldus. Et de ce fait, tu te retrouveras avec le Ministère sur le dos.
– Ah… les protections sont aussi contre les moldus…
– Évidemment, intervint Draco. Toutes les maisons sorcières ont du repousse-moldu en elles. Le Secret Magique ne tiendrait pas longtemps sinon.
– Je vois… Et donc, Bill, qu'est-ce que tu peux faire ?
– Je peux la modifier.
– En lui disant d'ignorer qui est son maître ?
– Pas exactement, sourit le rouquin. Celle qui te concerne en tant que maître de maison ne va pas pouvoir être changée, la malédiction s'en rendrait compte tout de suite et attaquerait. Ce que je peux lui faire faire, ça serait d'accepter toute personne que le maître de maison désignerait dans un contrat magique, même si elle n'est pas de sang Black.
– Oh, mais c'est super ! s'exclama Harry.
– Cependant, continua Bill, ce n'est pas aussi simple que ça. »
Il fit un geste de sa baguette et une sorte de partition musicale – mais pour la magie – apparut devant lui. Il l'examina à certains endroits, la déroulant comme si c'était un rouleau.
« Là. Techniquement, la malédiction ne te reconnaît pas comme son maître, Harry.
– Ah, soupira-t-il.
– Elle t'a accepté jusqu'à présent parce que la maison t'a été donnée par Sirius, le chef des Black, et qu'elle n'avait pas de meilleurs choix. Mais si elle n'est pas rendue à un Black, la malédiction la détruira. Tu es son maître, mais pas vraiment. Tu comprends ? »
Draco et Harry échangèrent un regard inquiet. Le blond plaça une main réconfortante sur son genou.
« Qu'est-ce que je dois faire pour que je sois son vrai maître alors ? demanda Harry.
– Je vois deux solutions. Soit tu deviens un Black par je ne sais quel moyen magique. Soit… Draco tu es à moitié Black c'est ça ? »
L'intéressé acquiesça et Bill continua à émettre ses suppositions :
« Soit tu donnes ta maison à quelqu'un qui plairait à la maison en ayant du sang Black.
– Teddy a du sang Black », pointa Harry en fronçant les sourcils.
Bill eut un sourire désolé.
« Que d'un quart, cela aurait pu être assez mais… Cette malédiction a été mise en place par un sang-pur probablement anti-moldu et anti tout. Elle n'acceptera jamais un Black dont le grand-père était un né-moldu et dont les parents étaient tous deux des sang-mêlés.
– Et le fait que Remus était un loup-garou ? s'enquit Draco.
– Aucune importance, rejeta Bill avec un geste de la main. La malédiction du loup-garou ne se transmet pas par le sang mais par la magie d'une morsure. Teddy n'a pas un bout de loup-garou en lui, malgré tout ce que les intolérants peuvent bien vouloir dire. »
Le couple retomba dans un silence pensif. Cette situation paraissait bien compliquée.
« J'imagine que je pourrais donner la maison à Narcissa, dit Harry avec hésitation. Elle est Black, après tout.
– Ça serait la solution », approuva Bill.
Harry se tourna vers Draco qui haussa un sourcil.
« Ne le prends pas mal chéri mais… je ne suis pas sûr de vouloir donner la maison à ta mère… »
À sa surprise, Draco gloussa.
« Je te comprends plus que tu ne l'imagines. Elle n'accepterait jamais de rendre la maison à ton fils. Elle est trop importante pour elle.
– Mais je suppose qu'on n'a pas trop d'autres choix que de voir avec elle. On pourrait lui faire signer un contrat pour l'obliger à continuer à me faire vivre ici et à la donner à Teddy quand il devra en hériter ou… »
Draco le coupa pour s'adresser à Bill :
« Et avec un mariage ?
– Avec quelqu'un de sang Black ? Ça devrait marcher. Il y a sûrement eu quantité de fois où un Black est mort avant son épouse ou époux pour donner directement la maison à son héritier. La malédiction a sûrement dû prévoir pour ce genre d'éventualité.
– Tu veux me marier… avec ta mère ? s'exclama Harry, dégoûté.
– Mais non, idiot, rit Draco. Avec moi. »
La bouche de Harry se décrocha.
« Tu ne viens pas de me demander en mariage, là.
– Non ? fit Draco, comme s'il ne comprenait pas ce qu'il venait de dire. J'ai émis une hypothèse. »
Bill éclata de rire et se frappa les cuisses d'hilarité.
« Je vais vous laisser discuter de ça entre vous, mais pour ta gouverne Draco, oui, ça marcherait. »
Draco inclina la tête et Harry faillit se tirer les cheveux. Il ne venait pas de se passer ce qu'il pensait qu'il venait de se passer. Bill se leva et Harry revint sur terre.
« Attends, tu t'en vas ? Il faut que je te paye.
– Tu ne vas pas me payer Harry, tu fais partie de la famille.
– Mais…
– Tut tut, non Harry. Je ne veux pas de ton argent. »
Harry soupira.
« Et si je t'offre un dîner ?
– Si c'est ça, avec plaisir ! » dit Bill avec un grand sourire.
Il secoua la main de Draco, salua Harry qui l'accompagna jusqu'à la porte et partit avec un haussement de sourcil suggestif qui le fit rire et fit soupirer Harry. Une fois son pallier libéré, il retourna dans le salon où Draco l'attendait, finissant son thé. Il se plaça devant lui, les mains sur les hanches.
« Il faut qu'on parle de ton timing, Draco, ça ne va pas du tout. On ne demande pas une telle chose comme ça. »
Draco haussa les sourcils d'incrédulité, sauf qu'un sourire en coin trompait son masque.
« Et c'est toi qui me dis ça ? Monsieur "viens vivre avec moi" alors qu'on est en train de faire l'amour. »
Harry se prit la tête dans les mains, honteux du souvenir.
« Je savais que ça reviendrait me hanter. »
Draco rit et prit les mains de Harry dans les siennes.
« Harry James Potter, même si les circonstances ont poussé cette demande, elle n'en reste pas moins vraie, veux-tu m'épouser ? »
Les joues de Harry éclatèrent de rouge. Il lui fallut s'asseoir. Draco ne lui lâcha pas la main.
« Oui, bafouilla-t-il. Oui, je veux t'épouser. »
Draco eut un grand sourire et l'embrassa.
« Pour ton anniversaire, je t'offrirai ta bague, lui murmura-t-il.
– Je veux qu'on les choisisse ensemble, se plaignit Harry. Pas besoin d'attendre aussi longtemps.
– Mais ça ne serait pas une occasion particulière… »
Harry glissa ses doigts dans ceux de Draco.
« Mon amour, c'est aller chercher les bagues qui créera l'occasion.
– Hm… d'accord, si tu y tiens tant. »
Un grand sourire envahit Harry.
« Je t'aime Draco.
– Je t'aime Harry. »
Ce n'est pas encore exactement la fin, l'épilogue sera mis en ligne peu de temps après ce chapitre :)
Alors qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Vous êtes prêts à dire au revoir à Harry et Draco ? Haha, moi non, sinon je n'aurais jamais écrit de fanfiction sur ces deux-là pour commencer.
J'ai écrit ce chapitre complètement dans le désordre. Je suis passée d'une scène à l'autre parce que je bloquais sur comment avancer l'histoire et franchement, ça m'a bien aidé. On se retrouve dans quelques minutes avec l'épilogue !
