Malgré son audace, Célestin n'était pas très assuré. Néanmoins, une voix lui prévenu d'aller rencontrer la voyante, même s'il se méfiait de ses bohémiennes. Peu importe ses craintes, le ramoneur se dirigea jusqu'à la porte et frappa trois petits coups, puis attendit quelques minutes avec la plus grande patience.

Mais, personne ne vint après ce long moment. Le jeune homme allait quitter les lieux quand il entendit quelqu'un chantonner. Ça ressemblait à une voix de femme qui provenait de l'arrière du char. C'était sûrement la gitane ! Sur ce, celui-ci se rendit à l'endroit d'où le chant provenait. Il aperçut alors une bohémienne qui était en train d'arroser des plantes carnivores.

Vigilant, le jeune homme s'avança près de la mystérieuse dame qui avait le dos tourné et, doucement, tapa du bout des doigts sur son dos en disant avec douceur :

- Bonjour madame, vous allez bien ? La dame arrêta illico ses corvées pour revenir à elle, avec une concentration infinie et se retourna alors lentement face au ramoneur, immobile. Aussitôt, Célestin prit la peine d'observer l'accoutrement de cette dernière. Premier, les sourcils de la femme étaient remplacés par des anneaux d'un or métallique miroitant. Finalement, Célestin posa son regard sur les habitudes de la dame qui étaient à partir de tissus de plusieurs couleurs flamboyantes, comme un puissant jet de flammes.

Pour se montrer poli, le ramoneur, à la fois dégoûté et impressionné, évita de justesse son regard :

- Oh, mais c'est un jeune fumiste, siffla longuement la bohémienne. Serrant la main du ramoneur, la bohémienne s'inclina sur-le-champ :

- Je me présente, je m'appelle Madame Farouche. Oh oui, souffla celle-ci qui se faufila dans ses pensées. D'après mes connaissances, vous êtes ici, afin de chercher des réponses. Vous vous appelez, Célestin.

- Vous connaissez mon nom ?

-Oui ! Je l'ai appris en lisant dans vos yeux, et non en vous espionnant chez votre ami, l'aveugle, déclarait la gitane. Laissez-moi vous dire que beaucoup de mes semblables le font et, finissent emprisonner pour escroquerie.

- D'accord, fit longuement Célestin qui fronça les yeux.

- Nous les voyants, continua la diseuse de bonne aventure, nous devons combler tous ceux et celles qui viennent nous voir pour prédire leur avenir. Impressionnant, non ? Et vous, ramoneur, je peux ressentir, que vous en avez long à dire sur vous. Je vous invite chez moi pour connaitre la suite. Follement curieux, Célestin suivit finalement la gitane dans sa roulotte.

C'est ainsi que le ramoneur hâta à l'intérieur de la demeure roulante à l'entrée, se où des centaines de décorations qui occupaient son champ de vision lorsqu'il marchait pour rejoindre la bohémienne, déjà au loin. Finalement, après avoir traversé la jungle aux objets vase, l'homme entra alors dans une immense pièce où se trouve une table ronde au centre.

- Prenez donc place, dit la sorcière qui lui offrit une chaise. Je vais revenir dans quelques instants. Celle-ci disparut dans l'autre pièce. Durant l'absence de la bohémienne, Célestin en profita pour jeter un coup d'œil dans la pièce. Autour, il y avait plusieurs têtes d'animaux accrochés au mur. Les étagères étaient remplies de gros pots contenant des matières bizarres liées par des fioles, des rubis et même des yeux de différentes espèces. C'était répugnant aux yeux du ramoneur qui ravala sa salive.

Tout à coup, la boule de cristal au centre de la table s'alluma comme par enchantement, faisant sursauter le ramoneur. Bientôt, un vent entra dans la pièce, aussi froid qu'effrayant, et qui frappa brusquement le jeune homme.

- Célestin, résonne la voix céleste de Madame Farouche, à quelque part sur les lieux. En regardant partout, c'est alors que le ramoneur aperçut le visage de la gitane qui était rendu dans la boule de cristal. Elle fut entourée par une intense fumée verte.

- Quel est donc cette magie ? Demanda le ramoneur, bouche-bée.

- Ceci est la magie que les hommes ont oubliée, expliquait fortement Madame Farouche. Depuis toujours, je tente de revenir cette puissance, mais sans succès, puisque tant d'horreur ont secoué Takicardie.

- C'la toujours été ainsi, non ? S'enquit Célestin. On ne peut rien y changer ! Pour le moment, seriez-vous capable de me dire si Marguerite et moi seront de nouveaux réunis ? Demande avec urgence le jeune homme.

Tout à coup, le visage de la gitane a disparu pour laisser place à plusieurs images à la fois. Peu de temps après, la voix de la sorcière refait surface :

C'est alors que la gitane émet un sifflement mélodieux. Aussitôt, des flammes s'allumèrent au chandelier suspendu au plafond et la sphère de vision redevint transparente. Par la suite, la sorcière, toujours dans la boule de cristal, fit apparaître une petite boîte qui s'ouvrit, faisant sortir plusieurs cartes qui se positionnèrent sur la table, toutes retournées. Pendant un bon moment, Célestin regarde attentivement ses cartes qui montraient des images mystérieuses, intrigantes, même s'il ne contenait aucunement les symboles dessinés. Le ramoneur échappa les cartes sur la table et ajouta :

- Je ne comprends toujours pas. Que voulez-vous me transmettre comme message ? Soudain, le ramoneur pouvait entendre la sorcière émettre un soupir de mécontentement, alors qu'il essayait de se relever. Mais, une force invisible l'obligea à rester assis dans le fauteuil, diminuant la confiance qu'il avait en la voyante. C'est alors que Madame Farouche se concentre pour prononcer :

- Vous, esprit et âmes d'outre-tombe. Je vous invoque pour sortir de l'enfer et revenir à la lumière. Levez-nous, levez-nous vers le ciel et guidez-nous pour sortir de cet enfer !

En secouant la tête, Célestin eut bientôt des frissons qui parcoururent son corps en s'apercevant que la chaise sur lequel il était assis, commença à flotter gravitationnellement dans les aires.

- Je vous suis d'arrêter ! Déposez-moi par terre, ordonna convulsivement le fumiste qui tournoya autour de la table, où la sphère lévitait à quelques mètres.

- Le mal et les ténèbres viennent de tomber, réécrit puissamment la voix de la sorcière. Maintenant pour survivre, il va falloir que vous changiez ! Seule la lumière vous sauvera. Suivez-là et vous pourrez retrouver votre vie d'avant. Courez, Célestin, vos amies seront en danger, votre vie et celle de Marguerite si vous ne parvenez pas à combattre le mal. Il n'y a pas d'autres émission ! Vous devez accomplir votre destin et nous libérer de ce fardeau !

- D'accord, d'accord ! S'écria le ramoneur, tandis qu'il se retrouve toujours dans les aires, en train de tournoyer affolement autour de la table. L'intérieur de la roulotte ressemblait désormais à une tornade qui emportait tout dans une violente rafale de vent.

- Dites-moi qu'est-ce que je dois faire ?! Prévenu de nouveau Célestin en tentative de ne pas tomber de sa chaise. Tout à coup, la tempête cessa sur-le-champ. Dans un silence total, c'est alors que tous les meubles se déposèrent délicatement par terre, tandis que d'autres, comme les vases, se recollèrent ensemble. Une fois que la chaise de Célestin touch le sol, il fixa attentivement Madame Farouche qui apparut dans la boule de cristal, prête pour d'autres révélations :

- À présent, veuillez m'écouter attentivement, car il n'y aura pas d'autres fois...

Pendant ce temps, Camomille qui était en train de se rendre dans la ville au-dessus, s'arrêta sur-le-champ, lorsqu'elle aperçut le ramoneur au loin. Comme elle, lui aussi semblait vouloir se rendre en haut. Prestement, la jeune femme accourut vers lui et le stoppa :

- Je peux savoir qu'est-ce que tu fais ? En se retournant, le charbonnier semblait être dans un état gravement agité, tandis que ses yeux étaient grands ouverts. Tout va bien, ramoneur ?

- Oui... je vais bien, répond silencieusement le fumier. Je sais quoi faire.

- De quoi tu parles ? S'enquit bizarrement la jeune femme. Tu me rends confus, Célestin. Si tu te rends en haut, tu vas avoir des problèmes.

- Laisse-moi continuer ma route, Camomille, alerta le chauffagiste qui s'arrêta. J'ai fait une découverte surprenante qui me concerne. Je suis celui qui sauvera Marguerite... ainsi que tout le royaume.

- D'accord, fit longuement Camomille en reculant. Je ferais bien de m'éloigner de toi, car je commence à avoir peur. Tout de même, tu es certain de ton choix ? Ça peut attendre pour sauver les habitants.

- J'ai patienté trop longtemps, déclarant Célestin qui commençait à monter les marches. À présent, il est l'heure que j'agisse, avant qu'il ne soit trop tard pour Marguerite. N'oublie pas que je suis l'élu.

- Si tu le dis, répondit la paysanne. Cependant, je t'aurais prévenu. Puis, lorsque Camomille aperçu le ramoneur disparaît dans l'ombre des marches, celle-ci vérifie les lieux, afin de voir s'il n'y avait personne à l'horizon. Finalement seule, celle-ci, sous les traits de Gille les Mains Rouges et ajouta :

-Ah ! Cet idiot croit à tous.