Lors des diners, le roi ne prononça pas un seul mot pendant tous les repas, malgré les vains essais de la petite reine qui trouva cela inconfortable. Elle voyait bien qu'il n'allait pas bien. Charles avait le regard vide ; il était éperdument en colère contre l'ancienne bergère et, celui-ci l'épuisait avec ses paroles, ses menaces si ridicules, or ses tactiques pour déjouer la jeune reine, constamment prête à le prendre en flagrant délit.
Dans ses appartements, celle-ci examina la lune avec ravissement, surtout qu'elle s'étalait merveilleusement tout là-haut. Le seul spectacle que Marguerite pouvait toujours s'extasier. D'un seul coup, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et quelqu'un y pénétra, où Marguerite se mit sur ses gardes. Impossible que ce soit le roi Charles, puisqu'il demeura à l'infirmerie et qu'il n'était plus en mesure de se charger des commandes. Qui étais-ce ?
A sa plus grande surprise, elle prit conscience que l'inconnu qui s'était hâter dans la chambre, était Rookie.
- Rookie, c'est bien toi ! Bon sang, je ne rêve pas ! Se réjouissait Marguerite qui afflua jusqu'au chien pour le prendre dans ses bras. Mais, comment est-tu parvenu jusqu'ici ? Demanda-t-elle, tandis que la bête poilue continuait à lui lécher le visage. Tout de suite, celle-ci constata qu'un morceau de papier se trouva accroché au collier de Rookie. En l'enlevant, elle trouva le portrait de celui de Mr, Durant, sa famille et les autres camarades qui semblèrent tous heureux. Derrière, un mot était écrit :
Chère Marguerite. J'ignore si cette lettre parviendra jusqu'à vous, ou si Rookie sera en mesure de vous la remettre. Au cas où vous liseriez ce message, je tiens à vous préciser que nous nous portons à merveilles et que nous avons trouvez asile dans le camp démilitarisé.
Au début, nous pensions qu'elle était abandonnée, jusqu'au moment où un groupe de militaire nous trouvent et nous accueillent, après qu'on leurs aient racontés notre histoire.
Je termine cette lettre pour vous rappeler que vous êtes libre de choisir avec quel camp que vous préférez d'être. Si vous comptez venir, soyez en sûr qu'on vous protégera.
Mr, Durant.
- Oh, quel soulagement, fit la jeune femme en serrant la lettre contre elle. Le chien lui répondit avec un jappement jovial, alors qu'il bondit au sol pour courir follement dans la chambre.
- Je suis épanouie que tu sois de retour, ria Marguerite. Mais, tu ferais mieux de garder tes forces pour "affronter" le roi Charles, où une soi-disant guerre s'est déclarée entre nous. Ridicule, n'est-ce pas ?
Soudain, au son de la boite à musique qui s'activa, c'est ainsi qu'il y eut des jeux d'ombrages fabuleux qui dansèrent sur tous les murs. Leurs mouvements étaient splendides et donnaient l'envie de se perdre à jamais dans un rêve éternel, afin de ne plus endurer les dures épreuves de la vie. Pour la première fois, la peur ne paraissait pas sur le visage de Marguerite et de Rookie, mais bien l'ahurissement. Puis, une voix masculine et majestueuse se hissa :
- Les gens ne sont jamais aussi mauvais qu'on l'croit. Mais les difficultés de la vie, leur font oublier qu'ils ont un bon cœur. C'est à nous de leur rappeler.
Devant eux, arriva le vieux cavalier antique posé sur son fameux destrier.
- Parce que vous croyez qu'il existe un espoir pour le roi Charles ? S'informa Marguerite. Seule la magie peut le sauver de son malheur. Je l'sais !
- Malheureusement, non, révéla le vieux cavalier. Aucun charme ne peut accomplir de tels merveilles, sinon vous croyez qu'on en serait rendu là ? Il faudra que vous mettiez tout en œuvre pour faire renaitre la paix et l'amour de ce royaume que le roi Charles a éradiqué.
- Ça sera très compliqué ! Déjà qu'il a énormément de difficulté à me témoigner de sa reconnaissance, lui apprenait Marguerite. Ce qui m'a le plus choquée, c'est ce journal intime que j'ai trouvé en-dessous du canapé.
- Vous parlez de ce bouquin ? Lança la grande statue, où celui-ci lui dévoila le livre maudit du tyran.
- Oui ! Où l'avez-vous trouvé ? Demanda Marguerite, le regard béant. Après l'avoir feuilleté, j'ai remarqué qu'il n'était plus au même endroit le lendemain. Dites, c'est bel et bien le roi Charles qui a commis tous ces actes ? Un long silence s'infiltra dans la chambre et Marguerite douta immédiatement ce que le brave cavalier allait lui confier, la décourageant encore plus. Mais, elle s'était habituée. Ensuite, l'homme de pierre ajouta :
- Le roi Charles n'a jamais eu une enfance facile. Tout au long de sa jeunesse, il n'a que supporter les abus terribles de son père : Le Roi. A cette époque, nous (les œuvres d'arts) étions témoins de cette atmosphère inhospitalière que faisait oppresser le père du roi Charles. Chacun d'entre nous, avaient consciences de son pouvoir diabolique, perforant notre esprit à jamais. Ce journal intime, appartient justement à Le Roi et non à Charles. Maintenant, reprit le vieux cavalier. J'ignore comment ce livre est apparu, mais je crois que quelqu'un insiste à tout prix de l'accuser, pour que vous vous méfiez plus de lui.
- Pourtant c'est déjà le cas, révéla Marguerite. Même sans l'existence de c'bouquin, je ne ferais confiance en celui qui m'a mené en bateau. Je veux bien comprendre qu'il a vécu un passé troublant, mais cela ne l'a pas obligé à devenir un tyran. Il avait amplement tout son temps pour réfléchir à l'homme qu'il allait être, mais il a décidé de prendre une mauvaise voie. Néanmoins, puis-je savoir la raison pourquoi il y a une photo de moi dans ce bouquin ?
- Le Roi cherchait à vous tuer, révéla l'antiquité.
- Pourquoi ?
- … Car… car… "Il" est tombé sur votre charme, le jour où il vous a vu pour la première fois dans la cité, répondit silencieusement le guerrier en parlant du roi Charles. Pour lui, vous étiez une douce lumière qui lui ait apparu, face à cette ère sans espoir. Il a cru en vous, vous a vus dans ses rêves et, il s'est promit d'être votre ange gardien si jamais il vous reverrait. Mais, son amour pour vous, lui a couté très chère : vous êtes devenus la proie de ce monstre.
Incomparablement trop plongé par les paroles richissimes et profondes que la statue de pierre eut prononcées, Marguerite secoua la tête pour reprendre :
- Donc, si je comprends bien, Le Roi voulait ma mort car quelqu'un était amoureux de moi ? S'enquit Marguerite. C'était qui ?
« Oh là, là ! J'ai promis à Charles, de ne rien dire à la petite bergère, » se disait le veux cavalier. « Cela est ridicule de sa part, puisque notre reine ne connaitra jamais son sauveur et le tendre amour qu'il a pour elle. Pourquoi lui cacher tout ça ? Mais, une promesse, est une promesse ! »
- Celui qui était fou de vous, s'appelait… s'appelait Hend… Hend… Et zut ! Je ne m'en rappelle plus, balbutia le vieillard en haussant les épaules.
- Dommage, fit Marguerite. Au moins, je sais à qui appartiens ce journal. Bien que la magie ne puisse rien faire, je dois trouver une autre solution pour arrêter notre querelle. Ça ne peut plus durer !
- Effectivement, admit le cavalier. Au-delà des conflits, je suis persuadé que l'amour et la bonté gagne toujours contre le mal. Par contre, s'il n'y a plus d'espoir, alors le parfum des fleurs n'emborneras plus jamais la pierre, les oiseaux picorons plus et plus jamais que le roi Charles n'entendra votre rire joviale. Tout ne sera plus qu'un immense rocher sans âme, narra-t-il en sortant sur lui, une rose. Cette jolie fleure, appartenait à mon sculpteur qui était épris d'une paysanne. Mais, leur amour fut interdit, en raison des autres qui n'approuvaient guère leur différence.
Cependant, la famille de l'agricultrice accorderait leur réunion, seulement si mon sculpteur acceptait deux épreuves : rejoindre la guerre et trouver une rose pour sa bien-aimée.
Bien qu'il trouvât ce qu'il cherchait en vain, l'homme mourra durant la guerre, au côté de ses confrères. C'est seulement des jours après, que je retrouvai son corps et celle de la rose qui paraissait intact et radieuse. Lui, qui s'était juré de la donnée à la paysanne, qui a son tour, succomba d'une peine d'amour.
- Aujourd'hui, enchaina tristement misérablement le vieux cavalier. Je me retrouve ici, pour l'offrir à une personne importante, vous.
- C'est gentil ! Mais, que va-t-elle m'apportez ? Demanda Marguerite en prenant la rose. Si c'est pour m'obliger à tomber en amour avec le roi, alors c'est peine perdue.
- Dans ce cas-ci, faites-le au nom de cette rose, commença le cavalier. Mon souhait, voudrais que cette guerre entre vous et le roi Charles, cesse et que vous arriverez à faire la paix. Apprenez à devenir de bons amis et à comprendre l'univers de chacun. Le monde est si grand. Vous allez réussir.
- Et si jamais j'échoue ? S'enquit Marguerite.
- Alors, il ne vous restera plus qu'à partir, révéla le cavalier. Promettez-moi que vous allez accomplir tous ceci, pour l'amour de cette rose et le lourd fardeau qu'elle a dut parcourir.
- J'essayerais de faire de mon mieux, répondit Marguerite. Mais, rien n'est garantis !
(Quelques jours plus tard)
Dehors, la petite reine et Rookie attendaient l'arrivé du roi Charles, enfin libre de sortir de l'hôpital, où que les infirmiers furent à la merci de son ingratitude, même après qu'on l'est soigné. Avec la "surprise" que Marguerite avait réservé au roi, celle-ci s'escompta à plusieurs scénarios qui pouvaient se produire, si celui-ci n'accepterait guère de collaborer.
Bientôt, le pont-levis de l'hôpital s'abaissa et le roi Charles surgit, en étant affublé d'un habit victorien couleur rouge, noir et or, avec des lunettes de soleil rondes.
- Eh bien, fit Marguerite. Vous voilà drôlement vêtue pour une promenade. Est-ce pour une occasion spéciale ?
- D'après c'que j'ai entendu dire, vous me réservé une merveilleuse surprise. Est-ce vrai ? Demanda le roi Charles, excité.
- Ça l'est, effectivement. Cependant, reprit Marguerite. Il y a une chose à laquelle que vous avez oubliez de faire et qui me déçois beaucoup.
- Quoi.
- Vous avez oublié de saluer le retour de votre chien, indiqua la jeune femme, alors que le canin s'avança vers le roi. Allons, accueillez-le dans vos bras, tout d'même !
- Pas après qu'il m'est trahit, ronchonna le tyran.
- Très bien ! D'abord, faites-moi cette faveur de lui tenir la laisse, déclarait décidément Marguerite en lui fiant le harnais.
Bien qu'il protestât, l'homme accepta de marcher avec la petite reine dans la cité. Mais, Rookie lui donnait du fil a retorde en zigzaguant entre les jambes du roi Charles qui faillit trébucher.
- Reste tranquille, commanda sèchement le despote en tirant brusquement sur le harnais.
- Hé, mais doucement ! Certes, vous êtes en colère, mais cela ne vous permet guère de vous comporter d'la sorte avec lui, signala Marguerite. Croyez-moi : votre cruauté n'emmènera que du malheur chez les autres.
- Comment ça ?
- Premièrement, vous enlevez tous ce qui a de plus précieux chez ceux qui en ont le plus besoin, peu importe leur statue sociale et vous les critiqués par la suite. C'que je trouve désolant de votre jugement, poursuivit Marguerite, est que ce n'est ni la grandeur ou la disposition des maisons qui détermine l'amour que vous pouvez emmener à vos enfants, mais bien le confort. Et deuxièmement : moi.
- Vous ? S'enquit le roi Charles, interloqué.
- Depuis le début, vous m'avez fait aucun mystère de votre convoitise et de votre désir pour me posséder. J'ai l'impression que vous me traiter comme un trophée et que vous vous fichez de mes sentiments. Et pour votre chien, vous le traitez plutôt comme une simple possession, lui expliqua clairement Marguerite. Bien que vous ayez un tempérament intense, je sais que vous pouvez vous montrez pondéré et compétent.
- Vous avez raison, fit calmement le roi Charles. Mais… après avoir été détruit par tout le monde, n'est-ce pas légitime de se révolter ?
- Absolument pas ! Il faut faire l'effort de ne pas laisser leur "méchanceté " vous corrompre, déclarait Marguerite. Si vous étiez moins impulsif et que vous arriveriez à maitriser votre caractère, peut-être qu'on vous apprécierait.
- M'aimeriez-vous ? Demanda peureusement le roi Charles. Mais, la petite reine était déjà rendue au loin lorsqu'il lui avait posé cette question, alors que seul Rookie, qu'il tenait toujours en laisse, l'avait compris. Tout de suite Marguerite se tourna vers lui et annonça :
- Votre cadeau vous attend. Fermer les yeux et laissez Rookie vous guider. Acquiesçant sur-le-champ, c'est alors que l'homme qui maintenait le harnais, se fit lestement tirer par le chien. Après quelques trainées, il entendit :
- Ça y est, alerta Marguerite. Dans une euphorie soudaine, le roi Charles ouvrit furtivement les paupières pour voir son cadeau.
Mais, son sourire béant s'effaça hors de son visage, lorsqu'il se rendit compte que la "surprise" que la petite reine lui avait réservée, se trouvait à être la boutique de Mr, Durant.
- C'est une blague ! S'exclama le roi Charles en ôtant ses bernicles, alors qu'il suivit la jeune reine à l'intérieur du magasin. Soudain, le tyran fut choqué de tomber sur ses gardes.
Aussitôt, Marguerite expliqua que durant l'absence du roi Charles à l'infirmerie, qu'elle avait décidé d'engager des volontaires pour rebâtir la boutique de Mr, Durant, misérablement rasé par les flammes, à la suite qu'on l'est faussement accusé. L'intérieur n'était pas terminé, puisque les murs n'avaient pas encore été peinturés et que le plancher grinçait dangereusement sous leur pied. A la suite de son histoire, le roi ajouta :
- Eh bien, félicitation pour ce beau "projet" ! J'ose espérer que vous poursuivrez les travaux d'ici là, lança ignoblement le tyran en lui tournant le dos, mais tomba sur Stanislas.
- Devinez quoi : c'est vous qui allez les finir, déclara Marguerite. Et attention, Stanislas sera à vos coté.
- Quoi, ce shérif de malheur ! S'exclama le roi. Il est une nuisance pour cette société.
- Vous êtes vraiment immoral pour critiquer et rabaisser les gens comme ça, répondit Marguerite, furieuse. De tout façon, votre rôle dans ce commerce vous offriras plusieurs leçons de la vie. Qui sais, peut-être qu'une passion s'éveillera en vous, confia Marguerite qui installa la rose du vieux cavalier dans un vase.
- Désormais, interrompu Marguerite en allumant le jukebox. Que le travail commence !
Glenn Miller - In the mood
Au-delà de son embêtement, le roi Charles s'exécuta dès lors. Lui, qui avait rompu les rêves d'un vieux marchand, ce retrouva dès maintenant à sa rénovation, bien qu'il commette plusieurs bêtises. Le tyran pouvait récolter toutes les pires malchances du monde dans ce commerce, mais il fit la promesse de s'en sortir vainqueur et… avec de gros bobos. Après tout, c'était son prix à payer ! Puis, les jours se succédèrent et devenaient des semaines.
À présent, la boutique possédait des devantures aguichantes où les produits étaient présentés sous leur meilleur jour. Des pancartes publicitaires accompagnaient les produits, vantant leurs qualités et leur prix bas. Dans un coin éloigné, il y a eu de belles robes de bal et de mascarades, où elles étaient toutes plus magnifique les unes que les autres.
Il y avait une robe présentée sur un mannequin de bois, où on aurait dit qu'elle était faite de fer figé, allant du rouge au jaune en passant par l'orangé avec ça et là. Comme promesse, Marguerite réinstalla la commode de Mr, Durant en ajoutant de nouveaux flacons et des fioles qu'elle avait elle-même concocté. Bien-sûr, Marguerite fit bâtir un poulailler à l'extérieur, avec l'aide de Lily et de quelques camarades.
En entrant dans la boutique ce matin, Marguerite constata que le roi Charles se mettait déjà au travail, en poursuivant rigoureusement ses peintures aux murs. Honnêtement, elle fut envoutée par les talents artistiques qu'illustrait le despote pour son passe-temps, qui devint son ambition.
D'ailleurs, ça lui offrait un résultat somptueux, où les murs et le plafond était recouvert de paysages incroyables, s'étalant partout dans la boutique. On voyait des forêts, des montagnes et l'immense ville de Takicardie.
On avait l'impression de pouvoir marcher à travers les murs, de pouvoir sauter dans les feuilles mortes et de voir la cime des arbres se balancer au rythme du vent dans la forêt, de voir les rides sur l'eau s'agrandir lentement. Le plafond donnait l'illusion de marcher sous une voute formée par les arbres en plein automne et que les feuilles voltigeaient au-dessus de nos têtes. On pourrait presque sentir le vent vagabonder entre elle.
Complètement émerveillée, Marguerite lâcha la lourde porte du magasin qui se referma abruptement derrière elle, faisant tressauter le roi Charles qui se retourna.
- Désolée ! J'étais tellement émerveillé, que j'ai oublié de vous avertir, justifia Marguerite. C'est vous qui avez peinturé tout ça ?
- C'est exact ! Confirmait d'un ton enivrant le roi Charles. Après avoir constaté le travail HORRIBLE que Stanislas a effectué, j'ai décidé de me mettre au boulot et de repeinturer la boutique qui manquait de splendeur. Après tout, c'est MON magasin, n'est-ce pas ? Il est primordial qu'il soit bien entretenu.
- Et vous avez faits un superbe travail. Bravo! Répondit Marguerite, tandis que l'homme lui fit une révérence théâtrale. A propos, où est le shérif Stanislas ? Puis, le despote lâcha un « Ah! » et déclara :
- Cet officier qui doit garder un œil sur moi ? Il est bloqué à la salle de bain, en raison de ses problèmes aux intestins, ricanait l'homme en poursuivant son œuvre au mur.
- Le pauvre, fit Marguerite, qui transporta une échelle jusqu'aux rideaux qui dissimula la vue extérieure. Dites, vous ne trouvez pas qui fait sombre ?
- Si c'est pour ouvrir ces fichus rideaux, oubliez ça, informa le roi en observant la reine grimper sur l'échelle. J'ai bien essayé ma chance, mais sans succès ! J'me demande pourquoi ?
- C'est parce que vous n'essayez pas, répliqua Marguerite, maintenant rendu en haut de l'échelle et qui essayait de tirer sur les rideaux. Aller… juste… un p'tit effort, enchaina-t-elle, tandis que l'échelier sur laquelle elle se tenait, commençait lourdement à chanceler. Puis, elle perdit l'équilibre et tomba.
- J'vous tiens, s'écriait le despote en l'attrapant de justesse. Le cœur battant a la chamade, Marguerite sentit le regard du roi Charles posé sur elle.
- Mer… merci, siffla Marguerite. Au même moment, Rookie était entré dans le magasin pour découvrir Marguerite dans les bras du tyran. Un grognement s'échappa de la bête, puisqu'il ignorait ce qui s'était passé.
- Tout doux, mon ami. Il voulait juste me… sauver, rassura la jeune femme qui se libéra. Dis-moi, qu'est-ce qui t'amène ici ? Soudain, le Teckel se mit à aboyer et la petite reine lui ripostait avec des « Ahh » « Hmm » et des « Ah bon ! », avant qu'elle ne lance :
- Comment, ils ne veulent pas t'écouter ? C'est ce que j'me doutais bien d'eux. Allons les voir, chaperonna invariablement Marguerite, face au regard confus du roi Charles qui les suivit à l'extérieur.
Le Teckel était toujours celui qui se faisait le plus vénéré par les animaux de la ferme. Malgré leurs petites disputes chamailleries pour savoir avec qui Rookie pourrait s'amuser le plus, les animaux finissaient toujours par se calmer. Malheureusement, ce n'était pas le cas pour les poulets qui offusquèrent Rookie, dont l'animal répliqua comme eux.
- A force de vivre avec des poules, il deviendra soit une chioule ou un pouien. Vous verrez, il ira jusqu'à nous pondre un œuf, déclara drôlement le roi Charles, pendant qu'un drôle de poulet se posa sur sa couronne. Diantre, mais que fais ce fichu corbeau ?
- C'est un poulet noir qui est sur vous, remédia Marguerite en examinant le souverain qui tentait de se protéger contre l'agressivité de l'animal. Y'a quelque chose, dans son regard. Je me défile, je prends mes clés et je me barre, chanta la petite reine qui fredonna la chanson, durant que le souverain se faisait pourchasser par le coq.
Aussitôt, celui-ci alla se nicher dans le poulailler, où plusieurs poules l'attendirent a l'intérieur.
- Eh bien, Rookie. On peut dire qu'elles ne sont pas très courtoises, répondit Marguerite a son chien. Mais tu sais quoi, gardons la tête haute face a ces gibiers de potences qui n'ont point été éduqué. Je suis outrée ! Pas toi, Rookie ? Puis, le chien lui raisonna avec des jappements colériques, où Marguerite réagit épatement.
- Ça alors, Rookie. Tu t'es entendus parler ! S'exclama Marguerite en croisant les bras. Inutile de dire des grossièretés envers ses poulets. Au même moment, le roi Charles s'élança en dehors du poulailler pour aller se blottir derrière Marguerite.
- Pitié, sortez-moi d'ici ! Insista convulsivement le souverain, enrobés de plumes et de quelques blessures au visage. Ces sales bêtes ne sont que des sales canaillous !
- Auriez-vous l'extrême bonté de bien vouloir vous calmer ? Lança nécessairement Marguerite.
- Comment puis-je être détendu, alors qu'on est contre moi, déclarait l'homme qui haleta de frayeur en observant le poulet noir lui faire un signe de mort.
- Ignorez-le, recommanda Marguerite. Retournons dans la boutique, puisque vous faites pitié à voir.
Dans le magasin, le roi Charles se posa sur un tabouret près du comptoir en pelant les plumes sur lui, alors que Marguerite tenta de trouver une trousse de premiers soins.
- Ce n'est pas croyable, débuta excessivement l'homme. Franchement, je préfère de me faire attaquer par une meute de loups affamés, que par des poules. Vous imaginez la galère si on m'aurait vu !
- S'il vous plait, soyez silencieux comme une mouche, commanda Marguerite.
- Mais une mouche, ce n'est pas silencieux.
- Dans ce cas, silencieux comme un cadavre, rétorqua sarcastiquement la petite reine qui avait emmené un petit sceau d'eau pour y tremper son gant de toilette. Bon, tenez-vous tranquille. Honnêtement, comment que le souverain pouvait tenir bon quand il y avait le poulet noir qui le suivait plus du regard que le portrait de la Mona Lisa et, que Marguerite se trouvait devant lui.
Celui-ci l'observait nettoyer avec soin son visage, a lequel celle-ci lui soulevait le menton. Quand la petite reine glissa sa main sur la joue de l'homme, ce dernier sentit la paix et la tranquillité revenir son cœur battre à tout rompre. C'était assurément la première fois qu'il se faisait toucher le visage par Marguerite qui ne se tourmentait point du regard éperdu du roi Charles. « Pourquoi est-elle si gentille avec moi ? Elle n'est pas forcée de faire ça, » se dit le roi Charles, en serrant les poings avec rage. Mais, celui-ci revint à lui lorsque la voix de Marguerite se lever :
- Vous semblez fâché. Bon allez, racontez-moi ce qui cloche ?
- Bah rien, lança hâtivement le roi Charles. C'est juste… c'est juste ce damné de poulet noir qui mérite qu'on lui donne une bonne leçon. Nous devrions le faire rôtir pour son audace de s'être attaquer à son roi !
- Bien-sûr, bien-sûr, soupira Marguerite. En tout cas, c'est toujours la même chanson qu'on entends avec vous. C'est quand que vous allez changer de morceau ?
- Lorsqu'on on arrêtera de me mettre en colère, ajouta le roi Charles en baissant la tête. Tous ses gens ne me comprennent pas, ce qui fait de sorte que je dois constamment utiliser la manière forte pour qu'ils me vénèrent. Puis, la jeune femme venue s'assoir au côté du roi et raconta :
- Vous savez : les gens qui n'arrivent pas à gérer leur colère ou qui se sentent triste quand quelqu'un leur fait une remarque, c'est à cause que cette personne a un problème d'estime de soi.
- Pff ! N'importe quoi, dénia orgueilleusement le roi Charles. En quoi tout cela a rapport ?
Écoutez, conseilla attentivement Marguerite. Dites-vous que vous êtes dans votre propre bateau et que vous l'avez construit depuis votre enfance. Sauf, qu'on ne vous a peut-être pas donné les bons outils. Donc, il est fragile de base. En grandissant, vous avez continuez à le construire, enchaina la jeune femme, les yeux fixés sur le roi. Et peut-être que vos expériences l'ont fragilisé ! Votre éducation, vos expériences, et le fait de ne pas comprendre votre propre bateau.
- Mon bateau n'a jamais pu trouver le bon chemin, petite bergère, continua calmement l'homme en baissant la tête. Dès que quelqu'un souffle sur mon bateau, je me retourne immédiatement. Résultat : je suis en colère de me retournez si facilement.
- Ce qui fait que vous avez une réaction émotionnellement intense, répondit Marguerite. Parce que ça vous énerve de ne pas avoir un bateau solide, car ce sont les fondations de votre propre navire et de votre vie. Peu importe les obstacles et les ennuis que vous aurez en face de vous, votre bateau sera suffisamment solide : soufflez dessus, je m'en moque ! Moi aussi, j'ai mon propre bateau que j'ai dut rapidement construire, indiqua l'ancienne petite bergère, en posant sa main sur celle du roi Charles. Celui-ci sentit des frissons lui parcourir le corps, avant qu'il prononce :
- Oh, Marguerite. Je… je… « Je vous aimes tellement. Je serais prêt à tout vous donner : gloire, richesse et ma vie s'il le faut. Hélas, je vous ai trop blesser pour que vous sachiez la vérité. La seule chose que je peux me contenter, c'est votre présence. »
- Votre majesté, interrompu Marguerite, tandis que le souverain sursauta. Vous alliez dire ?
- Hum ! Eh bien, ce… ce n'est rien d'important, balbutia le roi Charles, hyperactif. Si… si j'observes la longue liste que vous m'avez faite, j'ai longue journée qui m'attends aujourd'hui. Alors hop, au boulot !
