Disclaimer : je ne suis propriétaire ni des personnages ni de l'histoire de Digimon, dont les droits reviennent à Toei. S'il vous plaît, ne copiez pas ce texte ailleurs sans mon autorisation.

Cette fanfic est également disponible en espagnol. Vous pourrez la trouver sur mon profil si cela vous intéresse.

Esta historia también está disponible en español. Si os interesa podéis encontrarla en mi perfil.

Le site de Fanfiction ne permet pas d'insérer des images à l'intérieur d'une fanfiction, ce qui est dommage car j'avais initialement ajouté des images au sein du texte pour présenter un digimon lorsqu'il était nouveau dans l'histoire. Je vous encourage donc à chercher par vous-mêmes des images de ces digimons au fil de votre lecture, c'est plus amusant et cela nourrira votre imagination !

Afin de mieux s'inscrire dans la continuité de la trame de Digimon Tri. 6 « Notre Futur », cette histoire débute juste après la destruction d'Ordinemon. Elle écarte donc la scène finale de Digimon Tri. 6 se déroulant trois mois plus tard, où l'on voit Taichi et ses amis téléphoner à Meiko au moment de Noël. Cette scène rompait trop avec l'action de Tri., c'est pourquoi elle n'apparaît pas dans cette suite.

Bonne lecture et n'hésitez pas à commenter si l'histoire vous a plu ! :)


Chapitre 1

Alors que la lumière se propageait en ondes légères et joyeuses sur les rives d'Odaiba, la victoire avait pour les Enfants Élus la triste saveur d'un sacrifice amer. La Terre et le monde digital avaient été sauvés, mais Meicoomon n'était plus. Meiko était tombée à genoux. Les larmes coulaient le long de ses joues, en silence. Sora s'agenouilla près d'elle et l'entoura de ses bras. Mimi l'imita, en retenant ses propres larmes. Takeru avait pris Hikari dans ses bras : la jeune fille était encore choquée par la mort d'Ordinemon. Elle serrait contre elle Nyaromon, comme si elle craignait de la perdre à nouveau. Près de Yamato, Taichi dévisageait Meiko avec peine. Il aurait voulu être capable de la réconforter, mais il ne savait pas quoi lui dire. Koushiro fixait le ciel. Ils avaient évité le reboot de la Terre, mais ils en avaient payé le prix. Joe, lui, regardait la mer. Les larmes de Meiko le faisaient souffrir. Perdre son partenaire digimon devait être une terrible épreuve. Il avait déjà failli perdre Gomamon une fois, il n'osait même pas imaginer ce qu'il pourrait ressentir s'il disparaissait définitivement. Soudain, le portable de Koushiro sonna. Il décrocha :

– Allô ?

Tous tournèrent la tête. Ils virent Koushiro acquiescer. Quand il raccrocha, Taichi demanda :

– C'était qui ?

– L'hôpital. Je leur avais demandé de me rappeler pour avoir des nouvelles de Daisuke, Miyako, Iori et Ken.

– Et alors ?

– Il semblerait que seul Ken soit sorti du coma. Mais c'est déjà une bonne chose. Taichi, comment les as-tu sauvés ? Et toi, comment es-tu revenu du monde digital ?

Tous les regards convergèrent vers Taichi. Le visage du jeune homme s'assombrit : dans son cœur, la plaie ne s'était pas encore refermée. Il revoyait les blessures de M. Nishijima, il entendait le signal d'alarme, la lumière rouge intermittente, oppressante, le rire sadique de Gennai. Il gardait en mémoire la sensation de ses mains cognant contre la paroi de la capsule. Il s'entendait crier, il percevait la voix de M. Nishijima qui lui disait de ne pas abandonner, d'accomplir ses rêves, de voir les choses en grand … Il serra les poings, plein de rage et d'impuissance.

– Quand nous sommes tombés dans ce précipice, avec M. Nishijima, dit-il, nous nous sommes retrouvés dans un étrange laboratoire. Daisuke et les autres y étaient prisonniers, dans des capsules qui les maintenaient endormis. Je ne sais pas très bien ce qui s'est passé au cours de la chute qui nous a conduits dans ce laboratoire. Tout ce que je sais, c'est que je n'avais pas une égratignure alors que … que M. Nishijima perdait tout son sang. Il avait de multiples blessures, et je ne pouvais rien faire. C'est alors qu'il est apparu …

– Qui ? demanda Takeru.

– Cet être qui prend l'apparence de Gennai … Il a arrêté le système de survie de Daisuke et des autres. Pour les sauver, il n'y avait qu'un moyen : les envoyer sur Terre. Quand ils seraient transférés, le laboratoire devait exploser … Et il n'y avait qu'une seule capsule restante pour M. Nishijima et moi. J'ai cherché une solution, mais M. Nishijima a refermé sur moi la capsule restante. Il a enclenché le processus de transfert vers la Terre, et quand les capsules ont été éjectées, il est …

Taichi ne put terminer sa phrase. Son regard était hanté par les dernières images, les derniers mots de son professeur.

– Je n'ai rien pu faire ! cria-t-il presque.

Meiko le fixait, et percevait sa douleur. Tous, autour de lui, la partageait. Yamato baissa les yeux et fronça les sourcils.

– Il m'a aussi dit, dit Taichi d'une voix brisée, que Mlle Himekawa était complice d'Yggdrasil et du reboot. Elle nous a menti, et elle avait aussi menti à M. Nishijima.

Yamato dévisageait Taichi, tout en songeant à leur professeur. Il s'approcha de son ami et lui posa une main sur son épaule :

– Nous ferons en sorte que son sacrifice ne soit pas vain. Allons voir Ken et les autres à l'hôpital.

– Les digimons sont exténués, dit Mimi. Koushiro, peux-tu les faire rentrer dans l'espace digital que tu as créé pour eux ?

– Bien-sûr.

Il ouvrit son ordinateur portable et l'espace de la salle des serveurs : tous les bébés digimons y sautèrent. Koushiro referma son ordinateur, puis, en silence, ils se mirent en route. Ils arrivèrent à l'hôpital alors que le soleil se levait. Taichi et ses amis se présentèrent à l'accueil et demandèrent au médecin s'ils pouvaient voir Ken.

– Oui, mais pas plus d'une demi-heure, les avertit-il.

Une infirmière les conduisit à travers des couloirs blancs qui sentaient le formol et le détergent. Leurs pas résonnaient sur le carrelage immaculé. L'hôpital, à cette heure matinale, était encore calme. Ken se trouvait seul dans une chambre, à côté de celle où se trouvaient Miyako, Daisuke et Iori. Ces derniers étaient toujours alimentés par un masque à oxygène. Un médecin sortait de leur chambre.

– Comment vont-ils ? demanda Joe au docteur.

– Leurs fonctions vitales ne sont pas endommagées, leur cerveau et leur cœur sont sains, mais ils ne se réveillent pas. C'est comme si quelque chose les maintenait dans le coma.

Joe fronça les sourcils et rattrapa les autres. Ils étaient entrés dans la chambre de Ken. La lumière de l'aube filtrait à travers les persiennes abaissées de la fenêtre, diffusant des rayons pâles dans la chambre encore empreinte d'obscurité. Quand Ken les vit, son visage s'illumina :

– Si vous saviez comme je suis heureux de vous voir !

– Comment te sens-tu ? demanda Takeru.

– Un peu bizarre … J'ai l'impression d'avoir dormi une éternité.

– Il faut que tu laisses à ton corps le temps de reprendre une activité normale, dit Joe.

– Comment vont les autres ?

– Ils sont toujours inconscients, répondit Yamato.

– Nous étions prisonniers … comment sommes-nous sortis de ce laboratoire ?

– Grâce à Taichi. Mais je pense qu'il t'expliquera ça plus tard.

– Par contre, dit Koushiro, ça m'intéresserait de savoir comment vous vous êtes retrouvés prisonniers dans le monde digital. Peut-être que ça nous donnerait davantage d'informations sur Yggdrasil.

Ken fixa un moment les draps blancs de son lit, comme s'il essayait de se rappeler.

– À vrai dire, mes pensées sont encore confuses, dit-il, mais je vais faire un effort. Tout a commencé par un appel, en sortant du collège, un soir, avec Daisuke, Miyako et Iori … c'était une femme. Elle disait qu'elle s'appelait Mlle Himekawa, qu'elle était membre d'une agence qui connaissait l'existence des digimons et qui veillait sur les Enfants Élus. J'avoue que ça nous a intrigués, car nous n'avions jamais entendu parler de cette agence. Cette femme voulait nous voir. Elle nous a donné rendez-vous un jour où nous n'avions pas cours. Nous y sommes allés, nous l'avons rencontrée. Elle nous a dit que des problèmes étaient survenus dans le digimonde, et que Gennai souhaitait à ce qu'on l'y rejoigne. Nous avons demandé s'il ne serait pas mieux que nous vous appelions pour que vous veniez avec nous. Elle a dit que nous étions les seuls capables de le faire. Nous avons cru cette femme de bonne foi, et nous avons ouvert un portail vers le digimonde avec nos D-3. Seulement, quand nous sommes arrivés, quelque chose n'allait pas. Nous nous sommes rendu compte que Mlle Himekawa nous avait suivis. Nous ne savions pas comment, d'ailleurs.

– Normalement, réfléchit Koushiro, seules les personnes possédant un digivice peuvent entrer dans le digimonde.

– Tu veux dire … que Mlle Himekawa serait une Enfant Élue ? s'exclama Mimi. Comment c'est possible ?

– Et si … c'était ça que M. Nishijima avait voulu me dire ? murmura Taichi pour lui-même.

– À quoi tu penses ? lui demanda Koushiro.

– Euh … à rien. Je ne suis pas sûr de moi.

– En tout cas, poursuivit Ken, quand nous sommes arrivés dans le digimonde, nous avons immédiatement été attaqués par un digimon puissant, immense et noir.

– Alphamon ? devina Yamato.

– Oui. Il a battu nos digimons, bien que nous ayons fait la digivolution de l'ADN avec Daisuke. C'est alors qu'un être étrange est apparu. Il avait l'apparence de Gennai, mais il était vêtu de noir. Il a emprisonné nos digimons, et a brisé notre résistance. Nous n'avons rien pu faire. Quand nous avons repris conscience, nous étions prisonniers de ces capsules. À côté de nous se trouvait Gennai, lui aussi prisonnier.

– Gennai ? s'étonna Joe.

– Le vrai Gennai, dit alors une voix.

Tous se retournèrent : Gennai, vêtu de blanc comme il le connaissait, venait de sortir d'un recoin d'ombre de la chambre de Ken. Tous le dévisagèrent, ahuris.

– Gennai ! s'exclama Koushiro. Vous êtes … comment êtes-vous arrivé ici ?

– J'étais moi aussi enfermé dans une des capsules que Taichi a envoyé sur Terre. En libérant Daisuke et les autres, il m'a aussi délivré de l'emprise d'Yggdrasil.

– Que vouliez-vous dire en parlant du vrai Gennai ?

– Celui que vous avez vu n'a fait que prendre mon apparence. C'est pour cela qu'il m'a capturé, et qu'il a capturé Ken et ses amis.

– À quoi vous référez-vous ? demanda Yamato.

– Le digimon qui a tendu un piège à Daisuke et ses amis est le plus fidèle serviteur d'Yggdrasil. Mais contrairement à d'autres digimons, il ne possède plus de corps stable. C'est pourquoi, pour venir dans le monde digital et sur Terre, il avait besoin d'un corps d'emprunt. Il s'est donc servi de mon corps et de celui de Ken, dans une image sombre de nous-mêmes. De plus, le D-3 de Ken permettait d'ouvrir un passage entre la Terre et le monde digital.

– Maintenant que je m'en souviens, dit Koushiro, Mlle Himekawa a utilisé un D-3 noir pour nous ouvrir un portail vers le digimonde. Je crois que c'était le tien, Ken.

– Elle me l'a volé quand Yggdrasil nous a fait prisonniers.

– Mais si le serviteur d'Yggdrasil n'avait besoin que de Ken, pourquoi avoir enlevé les autres digisauveurs ? demanda Sora.

– Pour utiliser leur digimon, expliqua Gennai. En possédant les digivices de Miyako, Iori, Daisuke et Ken, Yggdrasil voulait contrôler la digivolution pour s'en servir à son profit. Il n'a pas vraiment réussi. Quand Gomamon et Lillymon se sont battus contre Imperialdramon, celui-ci était bien plus petit qu'il ne l'est normalement. Yggdrasil rêve de maîtriser la digivolution, mais il en est incapable.

– Pourquoi ? demanda Koushiro. Parce qu'il n'est pas humain ?

– Parce que vous possédez quelque chose qu'il n'a pas.

– Taichi, as-tu pu libérer Wormon et les autres digimons ? demanda soudain Ken.

– Non, désolé, répondit Taichi. Vos digimons n'étaient pas avec vous dans le laboratoire.

– Alors, ils sont toujours prisonniers de ce monstre, cet Yggdrasil ! s'exclama Ken en serrant les poings.

– Il faudra les délivrer, dit Gennai.

– Mais Homeostasis n'a-t-il pas détruit Yggdrasil ? demanda Joe.

– Homeostasis n'a pas ce pouvoir, dit Gennai. Il a seulement maintenu Yggdrasil dans l'Océan des Ténèbres.

– L'Océan des Ténèbres ? murmura Hikari.

– Ce monde a été originellement conçu pour contenir Yggdrasil et l'empêcher d'accéder à d'autres mondes. Hélas, Yggdrasil est fort, et la part sombre de Meicoomon l'a suffisamment renforcé pour qu'il interagisse avec le digimonde et la Terre. Mais il reste prisonnier de l'Océan des Ténèbres.

– Est-ce que … est-ce que c'est l'Océan des Ténèbres qui pleuvait sur la Terre, quand tout disparaissait, pendant la bataille ? demanda Hikari.

– Oui. Quand les mondes sont perméables avec l'Océan des Ténèbres, ils courent le risque de disparaître. C'est pour cela qu'Homeostasis l'a cerné d'un Mur de Feu.

– Attendez, dit Koushiro. Vous parlez du Mur de Feu qu'avait franchi Apocalymon, lorsque nous l'avons combattu il y a six ans ? C'est ce Mur de Feu qui ferme l'Océan des Ténèbres ?

– Oui. Apocalymon venait de l'Océan des Ténèbres et avait été créé par Yggdrasil.

– Et le serviteur d'Yggdrasil qui a fait prisonnier nos amis ? Lui aussi venait-il de l'Océan des Ténèbres ?

– Oui.

– Savez-vous de qui il s'agit ?

– Hum … je n'en suis pas sûr.

Koushiro fronça les sourcils : Gennai ne le savait-il réellement pas, ou leur cachait-il quelque chose ? À cet instant, un digimon se matérialisa dans la chambre d'hôpital. Tous reconnurent le chien à corne de rhinocéros vêtu d'une cape rouge : Hackmon, l'envoyé d'Homeostasis. Il s'adressa à Gennai :

– Homeostasis m'a averti que tu étais libre. Merci, humain, de l'avoir sauvé, remercia-t-il Taichi en inclinant la tête. Homeostasis voudrait que tu rentres dans le digimonde, poursuivit-il à l'attention de Gennai.

– Vous servez Homeostasis, Gennai ? demanda Takeru.

– Oui. J'ai pour mission de préserver l'équilibre du digimonde. J'allais rentrer, dit-il à Hackmon. Mais ces enfants méritaient quelques explications. Vous devez rester prudents, dit-il aux digisauveurs. Homeostasis est puissant, mais Yggdrasil l'est plus encore. Son serviteur peut être partout. Une dernière chose : le reboot du monde digital a de nouveau synchronisé le temps réel et le temps du digimonde. Par conséquent, une journée là-bas est équivalente à une journée ici.

Sur ces mots, il disparut, et Hackmon avec lui. À cet instant, la porte de la chambre coulissa et une infirmière passa la tête :

– La visite est terminée. Je vais vous prier de sortir, s'il vous plaît.

– Ne t'inquiète pas, Ken, dit Taichi. On te tient au courant de tout.

– Merci, les amis.

Au moment de sortir, Hikari s'approcha de Ken.

– Tu te sens bien ?

– Très honnêtement, je ressens beaucoup d'émotions à la fois. Le soulagement que les autres n'aient rien … de la colère d'avoir été trompé par Mlle Himekawa, et que nos digimons soient toujours prisonniers. De l'incompréhension quant aux plans du serviteur d'Yggdrasil. Mais aussi de l'espoir, car Yggdrasil est toujours dans l'Océan des Ténèbres. Il ne peut plus nous atteindre pour le moment.

– L'Océan des Ténèbres, murmura Hikari, pensive.

– Je crois que c'est parce que j'y suis allé que j'ai repris conscience avant les autres.

– Que veux-tu dire ?

– J'ai déjà dû lutter pour me libérer du mal par le passé … j'imagine que ça m'a renforcé ? Les autres n'ont pas eu à subir cette terrible épreuve, mais maintenant, ils doivent se battre beaucoup plus fort pour vaincre ce sommeil dans lequel Yggdrasil nous a plongés.

– Je comprends. Ne t'inquiète pas, ils se réveilleront. J'en suis sûre. Repose-toi bien, dit-elle en quittant la chambre.

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Tous les Enfants Élus sortirent de l'hôpital, pensifs. Les mains enfoncées dans ses poches, Yamato marmonna :

– Je ne sais pas si je suis content de savoir que Gennai travaille pour Homeostasis. Après tout, Homeostasis était prêt à lancer le reboot du monde réel. Est-ce que Gennai aurait laissé faire ça ?

– C'est bien possible, acquiesça Koushiro, très sérieux. Mais il nous a toujours aidés jusqu'à présent. Je pense que c'est une bonne chose qu'il soit de nouveau libre.

– Maintenant que Ken et le vrai Gennai sont hors de portée d'Yggdrasil, cela signifie-t-il que le serviteur d'Yggdrasil va cesser de prendre son apparence ? demanda Sora.

– Selon toute vraisemblance, dit Koushiro. Cependant, Gennai nous a dit de nous tenir sur nos gardes. Nous devrons bientôt retourner dans le monde digital. Depuis notre dernier voyage là-bas, je cherche à mettre au point un portail qui puisse nous permettre de passer d'un monde à l'autre sans utiliser de D-3. Je retourne travailler dessus.

– Koushiro ! Tu ne veux pas te reposer un peu ?

– Pas maintenant. On ne sait pas ce qui nous attend.

– Fais au moins une sieste ! s'exclama Joe.

– J'essaierai, dit-il en souriant.

Les autres décidèrent de rentrer chez eux. La nuit avait été éprouvante, et ils avaient besoin de sommeil. Au moment de se séparer, Taichi dit à Meiko :

– Je te raccompagne chez toi ?

– Si tu veux, dit-elle, gênée.

Hikari avisa son frère, puis Meiko. Elle comprit. Ce n'était pas le moment de s'interposer.

– Takeru, est-ce que je peux venir chez toi ? lui demanda-t-elle. Je ne veux pas être seule.

– Bien-sûr, lui répondit-il avec un sourire en posant une main sur son épaule.

– Taichi, je vais avec Takeru, lança-t-elle à son frère.

– D'accord. Prends soin de toi. À plus tard ! lança-t-il à ses amis. Koushiro, au moindre problème, appelle-moi !

– Ça marche.

Taichi et Meiko se mirent en marche. Un brouillard diffus enveloppait le soleil de l'aube, comme si sa lumière filtrait à travers un voile de lin. Meiko avançait en silence. Au bout d'un moment, Taichi lui dit :

– Comment tu te sens ?

– Un peu … vide. Je suis soulagée que tout ça soit terminé. Que Mei ne souffre plus. Et en même temps … je voudrais tellement me dire que tout ça n'a été qu'un terrible cauchemar. Me réveiller et retrouver ma petite Mei près de moi …

Elle s'arrêta, des sanglots la secouèrent. Elle retira ses lunettes pour essuyer ses yeux. Les verres étaient trempés.

– Donne, dit Taichi en tendant la main vers elle.

Il prit les lunettes et les essuya avec un coin de sa chemise, puis les rendit à Meiko :

– Tiens.

– Merci.

– Je sais ce que tu ressens. Meicoomon était la deuxième personne qui nous a quittés, aujourd'hui.

– M. Nishijima était un bon professeur. Il a veillé sur nous.

– J'avais déjà vu des digimons disparaître, mais jamais un être humain mourir. Moi aussi, je voudrais me réveiller en me disant que tout ça n'était qu'un cauchemar.

Taichi serra les poings, son front se plissa. Meiko baissa les yeux.

– Je comprends, dit-elle. Je pense qu'il nous faudra du temps pour surmonter tout ça.

– J'imagine. En tout cas, je voulais te dire que … tu peux compter sur moi si tu en ressens le besoin.

Meiko sourit, reconnaissante malgré la tristesse qui inondait son âme :

– Merci beaucoup.

Ils terminèrent le chemin en silence. Quand ils arrivèrent au pied de l'immeuble, ils se saluèrent de la main. Puis Meiko regagna son appartement, tandis que Taichi regagnait le sien.

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Koushiro était passé au supermarché avant de retourner à son bureau : il avait acheté du thé oloong et de la nourriture pour les digimons. Puis, il s'était mis au travail. Il devait absolument mettre au point ce portail. Mais la bataille contre Ordinemon les avait tous épuisés, et même s'il se résistait à l'admettre, il tombait de sommeil. Alors que l'après-midi avançait, la fatigue eut raison de lui. Il s'écroula sur son clavier.

La nuit tomba. Tous les Enfants Élus avaient passé leur journée à dormir. Koushiro fut soudain réveillé par le bip de sa boîte mail. Il se redressa, passa une main sur son visage las, frotta ses yeux encore lourds.

– Koushiro, un nouveau mail ? fit une voix qu'il connaissait bien.

Il se tourna vers l'écran qui donnait sur la salle digitale qu'il avait créée pour les digimons : tous leurs compagnons, après un repas et plusieurs heures de sommeil, s'étaient de nouveau digivolvés en forme disciple. C'était Tentomon qui avait parlé à Koushiro : il sortit de l'écran et s'approcha de son ami en volant.

– De qui vient ce message ?

– Je ne sais pas. Le destinataire est masqué.

Méfiant, Koushiro procéda à une analyse.

– Le mail ne comporte pas de virus.

– Alors, ouvre-le.

Koushiro cliqua sur le mail. À mesure qu'il lisait le message, il sentit son sang s'accélérer dans ses veines. Dès qu'il eut lu la dernière ligne, il ouvrit son portable et composa un numéro :

– Taichi ? Passe prendre Meiko chez elle et rendez-vous dans vingt minutes au bord de la mer, face au pont où Meicoomon a disparu. Je vous expliquerai.

Il composa ensuite le numéro de Yamato, de Sora, de Joe, de Mimi, et pour finir de Takeru :

– Takeru ? Hikari est toujours chez toi ?

– Oui. Elle dort.

– Rejoignez-moi dans vingt minutes au bord de la mer, face au pont où Meicoomon a disparu. Les autres sont déjà en route. Dépêchez-vous, c'est très important.

Takeru raccrocha et regarda la pendule de la cuisine : huit heures du soir. Sa mère n'était pas encore rentrée du travail. Il prit un post-it et écrivit : « Nous avons encore des choses à régler avec les digimons. Ne t'inquiète pas, tout ira bien. » Puis, il alla ouvrir la porte de sa chambre : il avait laissé son lit à Hikari et avait pris le sofa. Il s'assit près d'elle et contempla son visage endormi : ses paupières s'agitaient vivement. Elle rêvait. Il posa sa main sur la sienne et murmura doucement :

– Hikari ?

La jeune fille ouvrit lentement les yeux.

– Koushiro vient de nous appeler. Ça semble important. Comment tu te sens ?

– Mieux, même si j'ai une étrange impression.

– Quelle impression ?

– Une sorte de pressentiment. Il ne m'a pas quitté depuis la mort de Meicoomon.

– Ne t'inquiète pas, Yggdrasil est retenu pour le moment.

– Mais combien de temps mettra-t-il à se régénérer ?

– Ne penses pas à ça. Viens, dit-il en lui souriant et en lui tendant la main.