Chapitre 6
En ce jour de feux d'artifices, les rues de Tokyo avaient commencé à se remplir de foule dès le petit matin.
Face à sa penderie, Meiko mit une jupe devant elle, puis une autre, dubitative. Sakae entra à ce moment dans la chambre, en peignoir de bain. Elle vit Meiko reposer une jupe, en prendre une autre, hésiter à nouveau.
– Ouh là, là, le choix a l'air difficile ! rit-elle en voyant sa sœur en plein dilemme vestimentaire.
– Laquelle me va le mieux ?
– Tu vas mettre ça avec quoi ?
– La chemise blanche sur mon lit.
Sakae avisa la chemise, classique au possible. Comme Meiko était conventionnelle ! Elle s'approcha de l'armoire de sa sœur : elle en tira une robe mauve avec des manches à volants et des motifs de fleurs bleu pâle.
– Et cette robe, qu'est-ce que tu en penses ?
– Oh, celle-là … je l'avais acheté avec Mimi … Mais je n'ai jamais osé la porter !
– Pourquoi ? Elle est mignonne ! Et elle ira avec la couleur de tes yeux !
– Tu crois ?
– Essaye-là !
Meiko passa dans la salle de bain se changer. Pendant ce temps, Sakae sécha ses cheveux, puis tâcha de diminuer un peu leur volume et leurs ondulations par un brossage patient. Elle enfila un pantacourt blanc, un chemisier bleu-vert qu'elle rentra dans son pantalon et dont elle retroussa les manches. Puis elle cintra sa taille d'une ceinture bordeaux. À cet instant, Meiko rentra dans la chambre. Le mauve de la robe rehaussait les nuances violettes de ses yeux et mettait en valeur ses longs cheveux noirs. Sakae sourit :
– Je le savais. Tu es très jolie.
– Vraiment ? Ça ne fait pas … trop féminin ?
– Justement ! C'est ça qui fait bien sur toi. Tu vas avoir dix-sept ans, il faut t'y faire, nous ne sommes plus des petites filles !
– Si tu le dis … Toi aussi, tu es très bien. Tu sais toujours quoi porter pour te mettre en valeur.
– Il suffit de savoir combiner les couleurs … et je passe beaucoup de temps à y réfléchir en peignant ! Ensuite, ce n'est qu'une question d'imagination !
Meiko sourit. Elle reconnaissait bien là sa sœur.
– À quelle heure retrouvons-nous tes amis ? demanda Sakae.
– Pour midi au parc à Odaiba. Nous y pique-niquerons avant d'aller le soir au feu d'artifice de Sumidagawa.
– Nous amenons quelque chose à manger ?
– Sora m'a dit qu'elle allait cuisiner, mais je pensais faire du crabe et du bœuf de Tottori … Je ne pense pas que mes amis n'en aient jamais mangé à Tokyo.
– C'est une très bonne idée ! Je peux aller faire les courses si tu veux !
– Merci, je vais préparer les condiments !
Meiko passa dans la cuisine, tandis que Sakae attrapait un sac de course. Au moment de sortir, Sakae se retourna vers sa sœur et l'observa. Une jolie jeune fille en fleurs. Elle leva un pouce :
– T'es vraiment trop belle, sœurette !
Meiko sourit : elle se sentit soudain plus confiante, et éplucha ses échalotes avec plus d'entrain.
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Yamato tournait en rond dans sa chambre. Il fulminait contre lui-même. Suivant les conseils de Taichi, il avait appelé la veille pour réserver une table dans un restaurant branché qu'il avait repéré, près du lieu où serait tiré le feu d'artifice de Sumidagawa. Puis, prenant son courage à deux mains, il avait mis une chemise bleu ciel, un pantalon noir et avait pris la direction de l'appartement de Sora. Mais plus il progressait dans sa route, plus il sentait ses forces l'abandonner. Il s'était finalement arrêté à mi-chemin. Il s'était demandé ce qu'il faisait là. Il avait eu la sensation d'être un idiot. Sora n'accepterait jamais d'aller dîner avec lui. Découragé, il avait regagné son appartement, pour ensuite se le reprocher toute la nuit. À présent, le jour s'était levé et il n'avait toujours rien fait. Si cela continuait comme cela, il allait tout simplement rappeler le restaurant pour annuler la réservation …
– Yamato, qu'est-ce qu'il t'arrive ? demanda Gabumon en entrant dans la chambre. Depuis hier soir, tu es bizarre … Tu as l'air énervé, mais contre toi-même … Tu n'arrives pas à jouer un air à la guitare ?
– Non, ce n'est pas ça …
Gabumon le fixait, devinant plus qu'il ne comprenait ce qui agitait son ami.
– Tu sais, Yamato, la première fois que je me suis digivolvé, j'ignorais que je pouvais le faire. Ce n'est qu'en essayant, en ayant confiance en toi et en moi-même que j'ai compris que je pouvais arriver. Je pense que c'est un constat qui est valable dans toutes les situations de la vie : il faut avoir confiance en soi et en les autres pour réussir quelque chose. Surtout si c'est une chose qu'on n'a jamais faite.
Yamato s'arrêta brusquement de faire les cent pas. Il releva la tête vers Gabumon, le dévisagea, incrédule. Gabumon lui sourit. Et, à ce moment, Yamato lui sourit aussi :
– Merci, Gabumon. Tu es un véritable ami.
Il renfila sa chemise bleu ciel, son pantalon noir, passa la chaîne qu'il avait l'habitude de porter autour du cou. Puis il mit des chaussures élégantes et se coiffa. Enfin, il ouvrit la porte de sa chambre et lança à son digimon :
– Gabu, en route ! J'ai quelque chose d'important à faire !
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Sora entendit le four sonner alors qu'elle sortait de la douche.
– Aaah, viite ! s'exclama-t-elle en s'enveloppant dans une serviette.
Elle sortit en courant de la salle de bain et arrêta le four. Ouf, un peu plus et ils n'auraient rien eu à manger au pique-nique ! Elle jeta un œil à la pendule au-dessus de la cuisine : onze heures. Yamato n'était pas venu … L'intuition de Taichi ne s'était pas avérée. Après tout, c'était bien normal. Taichi avait dit lui-même que ce n'était qu'une intuition, et rien de plus. Mais Sora avait espéré que cela se réalise. Tant pis, elle s'armerait de courage et irait elle-même !
Elle passa dans sa chambre et sortit la robe jaune à fleurs rouges qu'elle avait choisi de porter la veille. Elle l'enfila, puis passa une dernière fois dans la salle de bain pour se mettre des boucles d'oreilles et se maquiller légèrement.
– Piyomon, es-tu prête ?
– Oui, Sora !
– Essaye de trouver un grand cabas pour emmener le pique-nique !
– J'en ai un !
Sora sortit de la salle de bain, plaça les sushis, sashimis et autres denrées dans des tupperwares et les fourra dans son sac.
– Allez, on va être en retard !
Elle courut jusqu'à la porte, retira ses chaussons et enfila de petits escarpins rouges qu'elle avait acheté en rentrant de chez Taichi, deux jours auparavant. Elle se retourna vers Piyomon :
– Je suis bien ?
– Parfaite ! Tu plairas forcément à Yamato comme ça !
– Bon, alors allons-y ! dit-elle en souriant.
Elle ferma la porte, descendit les escaliers et prit la direction de l'appartement de Yamato. Le soleil était à son zénith, irisant de lumière l'armature métallique du pont d'Odaiba. Sora marchait d'un pas résolu : était un peu anxieuse de voir la réaction de Yamato, mais le simple fait de s'être décidée à sauter le pas la rassurait. Alors qu'elle avait fait près de la moitié du chemin, elle aperçut soudain une silhouette dans le sens inverse venir vers elle. Ses yeux s'écarquillèrent de stupéfaction quand elle reconnut Yamato. Désarçonnée, elle s'arrêta. Ce fut à ce moment que Yamato la reconnut lui aussi. Il se figea net. Pendant une minute qui leur parut très longue, ils demeurèrent à dix mètres l'un de l'autre.
– Sora, va le voir ! l'encouragea Piyomon.
– Yamato, tu ne vas rester ici, si ? fit Gabumon à son partenaire.
Aussi rouges et troublés l'un que l'autre, Sora et Yamato se rejoignirent. Un silence gêné s'installa entre eux, aucun n'osant affronter le regard de l'autre. Sora finit par dire :
– Je ne m'attendais pas à te voir ici. Où allais-tu ?
Elle hésita, releva la tête vers Yamato, et rencontra alors ses yeux bleus, pâles et graves. Elle cilla. Lui aussi. D'une voix maladroite, il dit :
– Ben, en fait … je … j'allais chez toi.
– Qu … quoi ? Tu venais … me voir ?
– Oui.
– Pour … pourquoi ?
– Eh bien … je voulais te demander si … est-ce que ça te dit que … qu'on aille dîner ensemble au restaurant après le feu d'artifice de Sumidagawa ?
Sora en resta bouche bée de surprise. Les yeux ronds comme des soucoupes, elle ne quittait plus Yamato des yeux.
– Tu … voulais m'inviter à dîner ? dit-elle d'une petite voix.
– Oui … mais si tu ne veux pas, je comprendrai … enfin, je veux dire que …
– Je voulais justement te proposer la même chose !
Yamato releva la tête vers Sora, et la dévisagea, ébahi :
– C'est vrai ?
– Oui !
Les joues empourprées de Yamato et de Sora devinrent encore plus roses. Ils se sourirent.
– Alors, c'est d'accord ? dit Yamato, en se passant une main sur la nuque, encore gêné. Parce que … j'ai déjà réservé le restaurant.
Les yeux de Sora se mirent à briller.
– Ce sera avec plaisir.
Ils se dévisagèrent à nouveau. Yamato trouva Sora très jolie dans cette robe jaune à fleurs rouges, avec ces petits talons et ces boucles d'oreilles. Il lisait sur son visage qu'elle était encore surprise, flattée de sa demande aussi, et heureuse. Sora devinait que derrière le sourire gêné de Yamato se cachait une joie immense. Venir la voir ainsi avait dû lui demander beaucoup de courage. Elle ne put s'empêcher de s'attarder sur son élégance, sobre, à son image : pantalon noir et chemise bleu ciel. Le col entrouvert laissait voir la chaîne qu'il avait l'habitude de porter, mais aussi sa peau pâle.
– Alors … on rejoint les autres pour le pique-nique ? dit-elle finalement.
– Oui … bonne idée. Tu as l'air d'avoir préparé de bonnes choses dans ton sac !
Ils rougirent de nouveau, et se mirent en route.
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Quand ils arrivèrent au parc où ils s'étaient donné rendez-vous, Taichi, Hikari, Mimi et Koushiro étaient déjà là avec leurs digimons. Le soleil filtrait à travers les feuillages arbres, essaimant des tâches de lumière sur la pelouse. À cette heure chaude de la journée, il faisait bon être à l'ombre. En voyant Yamato et Sora arriver ensemble, Taichi sourit.
– Bonjour tout le monde ! lança Sora.
– Tu apportes la nourriture ? lança Agumon.
– Oui !
– Je sens déjà la bonne odeur d'ici ! dit Mimi.
Tandis que Sora sortait une nappe de son sac pour installer les victuailles, Taichi s'approcha de Yamato :
– Alors ?
– Si je te disais ce qu'il s'est passé, tu ne me croirais pas …
– Va savoir, répliqua-t-il avec un clin d'œil. Elle t'a dit oui ?
Yamato acquiesça d'un signe de tête. Puis il donna un coup de coude à Taichi :
– Et toi, alors ? Tu as vu Meiko ?
– Ben, pas encore, elle n'est pas arr…
– Bonjour ! lança alors une voix.
Les garçons se retournèrent : Meiko s'avançait dans leur direction. Taichi demeura un instant interdit : elle portait une robe mauve vaporeuse dont les manches à volant laissaient deviner ses épaules blanches. C'était la première fois qu'il la voyait dans une tenue aussi féminine. Yamato le fixait, amusé. Ils s'aperçurent alors qu'elle était accompagnée d'une jeune fille qu'aucun d'entre eux n'avaient jamais vu.
– Quelqu'un qu'on ne connaît pas ! s'inquiéta Tailmon.
– Palmon, mets-toi derrière ce buisson ! lança Mimi à son digimon.
– Piyomon, rentre dans le panier à pique-nique ! fit Sora.
– Vite, Koushiro, ouvre ton ordinateur pour qu'on puisse s'y cacher ! s'exclama Tentomon.
Alors que Koushiro s'exécutait et que tous les digimons s'affolaient, Meiko lança :
– Non, n'ayez pas peur ! Sakae connaît le digimons !
Tous suspendirent leur geste et se retournèrent, surpris. Meiko s'approcha d'eux, confuse :
– Excusez-moi. Je ne voulais pas vous effrayer. J'aurais dû vous prévenir que j'amenais Sakae avec moi … mais je voulais vous faire la surprise !
– Sakae ? fit Mimi.
– Oui. Je vous présente Sakae, ma petite sœur. Elle étudie en internat dans un lycée professionnel de Kanazawa, c'est pourquoi elle n'est pas arrivée à Tokyo en même temps que moi. Mais pour les vacances, elle a trouvé un stage par ici.
– C'est super, ça te permet de voir ta famille, dit Sora.
– Oui, acquiesça Sakae. Je vous remercie de m'accepter parmi vous pour ce pique-nique. Meiko m'a dit beaucoup de bien de vous tous.
– Sakae a souvent vu Meicoomon, dit Meiko, alors elle est habituée aux digimons.
Cette nouvelle parut faire plaisir à Tailmon, Tentomon, Agumon, Piyomon, Gabumon et Palmon qui se rapprochèrent. Sakae les regarda tous tour à tour, humains et digimons, et finit par dire :
– Est-ce que … est-ce que je peux vous demander vos noms ?
Sora se leva et se chargea des présentations des adolescents :
– Moi, c'est Sora. Je suis en première dans la classe de Meiko. Voici Taichi et Yamato, qui sont également dans notre classe, Hikari, qui est au collège et qui est la sœur de Taichi, et pour finir, Mimi et Koushiro qui sont en seconde dans le même lycée que nous.
Agumon débuta ensuite la présentation des digimons :
– Moi, c'est Agumon, et je suis le partenaire de Taichi.
– Gabumon, je suis le partenaire de Yamato.
– Tentomon, je suis le compagnon de Koushiro.
– Moi c'est Piyomon, je suis la partenaire de Sora.
– Et moi c'est Palmon, je suis la meilleure amie de Mimi !
– Je m'appelle Tailmon, je suis la partenaire d'Hikari, termina Tailmon en sautant sur les genoux de son amie.
– Ravie de tous vous rencontrer, dit Sakae en s'inclinant.
Koushiro dévisageait attentivement Sakae. Dès qu'il l'avait aperçue, il savait qu'il l'avait déjà vue quelque part. Il s'était alors rappelé de la jeune fille qu'il avait distinguée du haut de son balcon, quelques jours auparavant. Oui, c'était bien elle. Ainsi, c'était la sœur de Meiko ? Pourquoi donc était-elle venue jusque devant son immeuble ? Intrigué et circonspect, il n'osa pas lui adresser la parole. Il se rendit compte qu'elle aussi semblait avoir été surprise de découvrir qu'il faisait partie des amis de sa sœur et avait évité son regard dès son arrivée.
– Meimei, je n'y crois pas ! s'exclama alors Mimi. Tu as mis la robe qu'on avait achetée ensemble !
– À vrai dire … c'est Sakae qui m'a encouragée à la mettre.
– Tu as bien fait ! dit Mimi à Sakae. Elle est trop mignonne dedans ! D'ailleurs, j'adore la manière dont tu t'habilles toi aussi !
– C'est gentil ! Mais je crois que finalement, j'aurais dû mettre quelque chose de moins salissant … le blanc sur de l'herbe, ça va être terrible ! dit-elle en riant.
Son rire était frais et franc, et mit à l'aise les autres adolescents. Meiko et Mimi aidèrent Sora à installer tout ce qu'elle avait préparé pour le pique-nique sur la nappe.
– Chouette, on va pouvoir manger ! s'exclama Agumon.
– Non, pas encore, dit Hikari. Il manque Takeru.
– C'est vrai, et Joe aussi ! renchérit Mimi.
– Yo, tout le monde !
Les adolescents se retournèrent et distinguèrent Takeru les rejoindre, sous le soleil. En short vert, polo corail et casquette noire, il était facilement reconnaissable. Patamon le suivait en volant. Takeru était également accompagné de deux autres silhouettes.
– Ken ! s'exclama Hikari.
– M. Nishijima ! ajouta Taichi en se levant.
Ken avait bien meilleure mine que la dernière fois qu'ils l'avaient vu à l'hôpital. M. Nishijima se déplaçait avec précaution, mais il semblait avoir retrouvé de la vitalité.
– Ken m'avait appelé hier soir pour me dire qu'il pouvait sortir aujourd'hui de l'hôpital, dit Takeru. Je lui ai donc proposé de se joindre à nous pour le pique-nique. Et quand je suis passé à l'hôpital ce matin, j'ai vu que M. Nishijima rentrait aussi chez lui. Alors, je n'ai pas pu m'empêcher de lui proposer de nous accompagner.
– Et je t'en remercie, dit M. Nishijima. Cela ne m'enthousiasmait pas trop d'être seul chez moi.
– J'espère qu'on aura assez à manger … dit Sora, préoccupée.
– Mais nous aussi nous avons apporté quelque chose ! s'exclama Sakae. Pas vrai, Meiko ?
– Oui … nous avons fait du bœuf et du crabe à la mode de Tottori ! Nous nous sommes dit que vous n'en aviez sans doute jamais goûté.
– Du bœuf et du crabe ? dit Takeru. Ça a l'air très bon !
– Ken, comment te sens-tu ? demanda Sora.
– Mieux, merci. J'ai vraiment bien récupéré ces jours-ci.
– Et comment vont Iori, Miyako et Daisuke ?
– Toujours inconscients, soupira Ken. Mais leur état est stable.
– Et vous M. Nishijima, comment vous sentez-vous ? demanda Taichi.
– Eh bien, hormis le fait que j'ai un nombre inouï de côtes cassées, tout va bien ! Je ne peux pas faire de mouvements brusques, alors ne me faîtes pas trop rire !
– Promis ! assura Taichi avec un sourire. Cette fois, tout le monde est là, non ?
– Il manque toujours Joe, dit Hikari.
– C'est vrai, ça, où est-il passé ? dit Mimi. Je vais l'appeler !
Elle composa le numéro et attendit. Aucune réponse.
– Pfff, il ne décroche pas …
– Peut-être qu'il a décidé de réviser ? émit Koushiro.
– Mmm … c'est bizarre, tout de même. Il avait dit qu'il viendrait.
– Il va peut-être finir par voir que tu l'as appelé, dit Sora. En attendant, je crois que nous pouvons commencer. Il est déjà 13h.
– À table ! s'écria Agumon.
Ils commencèrent à se répartir la nourriture. Meiko guetta la réaction de ses amis lorsqu'ils se servirent du bœuf et du crabe à la mode de Tottori.
– Humm, Meiko, c'est délicieux ! la félicita Sora. Nous n'avons pas de saveurs de ce type à Tokyo !
– C'est trop trop bon ! s'extasia Agumon. J'en veux encore !
Taichi se leva et se rapprocha de Meiko :
– Ils ont raison. C'est délicieux. Je peux t'en redemander, s'il te plaît ?
Meiko rougit et resservit Taichi. Après le repas, ils décidèrent de se reposer un peu à l'ombre des arbres. La température était agréable, et le pique-nique avait été copieux. Takeru se tourna vers Ken :
– Alors, qu'est-ce que ça fait d'être à nouveau dehors ?
– Beaucoup de bien. J'avais l'impression de ne plus avoir senti la chaleur du soleil depuis bien longtemps.
– Voir la lumière est important, acquiesça Hikari.
Elle caressa la tête de Tailmon qui dormait contre ses jambes et ferma les yeux. Koushiro avait ouvert son ordinateur portable, Tentomon à ses côtés. Sora avait pris Piyomon contre elle, et s'était adossée au même arbre que Yamato. Gabumon s'était blotti près de ce dernier. Taichi s'était allongé sur l'herbe mains derrière la tête et avait fermé les yeux. Agumon ronflait près de lui. Meiko et Mimi discutaient à voix basse, Palmon les écoutant attentivement. M. Nishijima s'était aussi adossé à un arbre, appréciant la douceur de cette journée d'été et savourant le simple fait d'être toujours vivant. Quand Hikari rouvrit les yeux, elle remarqua que Sakae avait sorti un carnet et un crayon et qu'elle s'était mise à griffonner.
– Sakae, qu'est-ce que tu fais ?
Koushiro tourna la tête et, discrètement, observa Sakae. La jeune fille releva le regard vers Hikari avec un sourire.
– Je vais te montrer.
Elle se leva et s'approcha d'Hikari, de Takeru et de Ken. Elle ouvrit le carnet et tous trois restèrent bouche bée : elle avait commencé à dessiner tous les digimons de chacun des Enfants Élus.
– Whouah, tu es drôlement douée, fit Takeru.
– Takeru a raison, renchérit Ken. La ressemblance est frappante, et tu maîtrises très bien la perspective.
– Moi, ce qui m'impressionne, c'est la manière dont tu saisis leur expression, dit Hikari, admirative. Pourquoi as-tu choisi de représenter nos digimons ?
– C'est que je n'en ai jamais eu autant sous les yeux ! répondit Sakae, enthousiasmée. Quand j'étais petite, je ne voyais que Meicoomon. Mais chacun de vous a un partenaire. Ce doit être magique.
– C'est vrai, confirma Takeru en caressant le dos de Patamon qui s'était lové dans ses genoux en tailleur. C'est un lien très fort.
– Je vous envie, dit Sakae. Même si je sais que ça peut être très difficile aussi. Meiko évite de parler de Meicoomon ces jours-ci. Cela lui fait trop mal encore je pense.
– Oui, c'est normal, dit Hikari, compatissante.
– C'est le dessin que tu étudies à Kanasawa ? demanda Takeru à Sakae.
– Pas exactement. J'apprends le soufflage et la peinture du verre. Pour faire des vases, des objets, mais aussi des vitraux. C'est un art qui vient d'Occident et dans lequel je voudrais me spécialiser. Le stage que j'ai trouvé à Tokyo se passe dans l'atelier d'un maître verrier reconnu qui a appris l'art du vitrail en Europe. Mais pour souffler le verre et le peindre, j'ai besoin de savoir dessiner.
– Ça doit être fascinant, dit Hikari, émerveillée.
Sakae lui tendit son carnet et l'invita à le feuilleter. Hikari fit défiler les pages. Sur l'une d'elle, Sakae venait de brosser à grand trait un feuillage transpercé par les rayons du soleil.
– Cette image est très poétique, murmura Hikari.
Elle continua de tourner les pages et fut surprise des suivantes : Sakae avait esquissé les profils de Mimi, Sora, Takeru et le sien.
– Tu … tu nous as dessinés ? fit Hikari en rougissant.
– C'est très réussi, commenta Ken.
– J'ai vraiment cette expression-là ? demanda Takeru.
– Oui, exactement ! confirma Hikari avec un sourire. Je trouve que Sakae est forte pour saisir les caractères !
Hikari tourna encore une page, sur laquelle un dessin était encore suspens : malgré tout, tous reconnurent Koushiro. Les traits étaient plus nets, plus appliqués, comme si Sakae avait davantage pris de temps pour ce portrait-ci.
– Eh bien, celui-là aussi est très ressemblant, fit Takeru. Koushiro !
Koushiro détourna vivement le regard pour qu'ils ne s'aperçoivent pas qu'il les épiait.
– Tu devrais venir voir, c'est vraiment toi ! insista Takeru.
– Non … non merci ! Je suis occupé pour l'instant.
Sakae fixa Koushiro.
– Koushiro un passionné d'informatique ? demanda-t-elle.
– Oui, c'est ça, confirma Ken. Il peut paraître un peu réservé, mais c'est quelqu'un de très intelligent.
Sakae reporta son regard sur Koushiro, et fronça les sourcils, comme si elle cherchait à voir quelque chose en lui qui n'était pas visible au premier abord.
Mimi regarda l'heure sur son téléphone et marmonna :
– Joe n'a toujours pas rappelé … Bizarre …
– Il travaille peut-être encore ? suggéra Meiko.
– Mouais … un samedi ? J'essaye de le rappeler.
Mimi composa de nouveau le numéro, et tomba une fois de plus sur la messagerie.
– Y a un truc qui cloche, dit-elle. Il ne va quand même pas rater le feu d'artifice … Bon, je vais le chercher !
– Tu es sûre, Mimi ? demanda Meiko.
– Oui, ne t'inquiète pas, je vais réussir à le faire sortir de chez lui ! Si je ne suis pas revenue pour la fin de l'après-midi, on se retrouve au feu d'artifice ! D'accord ?
– D'accord.
– À tout à l'heure tout le monde ! lança-t-elle à la cantonade. Tu viens, Palmon ?
