Un grand merci à vous tous pour vos encouragements. Si vous saviez comme c'est motivant d'avoir des retours ! Je vais donc continuer à essayer de vous satisfaire… Cette histoire n'était initialement qu'un one-shot, mais devant l'insistance de certain(e)s (qui avaient raison), j'ai décidé de développer une intrigue qui va prendre forme petit à petit.
Sinon, n'hésitez pas à lire aussi « Le Maître des Songes », qui me divertit lorsque « la Braise » devient sombre ou que je cale (soupir). Très efficace comme procédé en tous cas, je vous le conseille, amis rédacteurs.
Bonne lecture à tous.
Nadège
LA BRAISE SOUS LA CENDRE
Disclaimer : voir prologue.
Chapitre 5 : La Rivière du Temps
« Ron, je suis vraiment désolée... »
« D'accord, j'ai compris. »
Le jeune sorcier se leva et quitta silencieusement la pièce en baissant la tête, l'image même de la défaite et du chagrin. Hermione le regarda partir en se mordant la lèvre, à la fois soulagée de lui avoir tout dit et pleine de remords devant le mal qu'elle venait de lui faire. Quel sentiment prenait le pas sur l'autre ? Elle n'arrivait pas pour l'instant à faire la part des choses.
Comme elle s'y attendait, Ron avait mal pris ses explications et bouda quelques temps dans un coin pour soigner ses blessures affectives. Suivant les conseils d'Harry à qui elle avait rapporté leur conversation, Hermione respecta la volonté de Ron de rester seul. Tacitement, ils s'arrangèrent pour ne pas dîner ensemble le soir même et ne pas se croiser en dehors des réunions de leur groupe de recherche et de leurs entraînements le lendemain. Mal à l'aise tout de même, Harry faisait le lien entre ses deux amis en s'efforçant de consoler le premier et de rassurer la seconde.
Dans les jours qui suivirent, Harry remarqua d'ailleurs qu'Hermione était distraite et tenait difficilement en place. Quand Ginny rentra après quelques jours d'absence pour effectuer une mission à Londres, il lui en souffla un mot. La benjamine des Weasley en conclut avec son bon sens coutumier que son comportement pouvait être lié au malaise qu'elle éprouvait vis à vis de son frère. Harry ne partageait pas l'avis de sa fiancée sur ce point. Hermione semblait perdue dans ses pensées la majeure partie du temps, et alerte à d'autres, notamment lorsque les discussions tournaient autour des nouvelles en provenance du front. Son humeur générale s'en ressentait. Harry demanda à Ginny d'inciter Hermione à lui faire des confidences. En vain. Le jeune sorcier décida donc d'observer son amie pour découvrir le fin mot de l'histoire.
Comme les déclarations de Ron et celle du professeur de potions tombaient mal, Hermione dut cacher la nature de ses inquiétudes à Harry et à Ginny. Elle était toujours aussi embarrassée par les révélations de Rogue et le sentiment qu'il lui était arrivé quelque chose perdurait. Cela la perturbait profondément. Parfois cependant - et c'était une pensée horrible, elle le reconnaissait - elle en venait à désirer que le professeur de potions ne revienne pas. De cette façon, elle n'aurait pas à l'affronter et le secret de Rogue serait enterré à tout jamais. De toute manière, cette histoire était bien trop improbable pour révéler quoi que ce soit à Ginny et à Harry, qui aurait peut-être vu là une future manière d'exploiter une faille chez l'infâme professeur. Et puis, elle ne voulait pas que ses amis pensent une seule seconde qu'elle délaissait Ron et qu'elle se faisait du souci pour un homme détesté par tout le monde.
La réunion hebdomadaire de l'Ordre du Phénix devait avoir lieu et Hermione n'avait toujours pas de nouvelles. Elle savait que la règle de confidentialité s'appliquait pour le bien et la sécurité du groupe mais elle espérait sincèrement que Dumbledore aurait des informations à leur communiquer prochainement.
A l'heure dite, les membres de l'Ordre se rendirent dans la grande salle circulaire spécialement aménagée pour leurs rencontres secrètes. Cette dernière était située dans les fondations même de Poudlard. On l'avait choisie car il y régnait une atmosphère étrange. Il n'était pas rare que la cheminée s'embrase d'elle-même ou qu'un vent venu de nulle part s'y soulève. Parfois, on pouvait aussi entendre comme des murmures ou de la musique qui s'interrompaient lorsqu'on tentait de mieux les discerner. On disait cette salle hantée par des esprits, et cette notion chez les sorciers prenait un sens particulier qui donnait la chair de poule à n'importe quel être sensé… Même les fantômes ne s'y aventuraient pas.
Au centre de cette vaste pièce, on avait donc disposé une lourde table ronde en bois précieux autour de laquelle étaient placés de nombreux fauteuils, sous le regard en bronze des quatre Fondateurs de l'école. Les torches et les draperies rouges fixés aux murs de pierre ajoutaient une solennité à l'ensemble. Un puissant charme de discrétion protégeait les conversations des oreilles étrangères.
Après de brèves salutations, chaque membre de l'Ordre s'installa à sa place habituelle autour de la table. Tous les regards se tournèrent vers les sièges vides, occupés d'ordinaire par Remus Lupin et Severus Rogue.
Albus Dumbledore se leva et ouvrit la séance par les salutations rituelles. Puis le Directeur de Poudlard laissa la parole aux différents intervenants. Ce fut d'abord Flitwick qui fit part des découvertes et des progrès faits par le groupe de travail qu'il dirigeait. Les expériences préliminaires étaient très encourageantes et semblaient confirmer la théorie élaborée par Harry et Hermione au sujet d'une possible vulnérabilité de Voldemort. Comme à chaque séance, Flitwick termina son intervention en insistant sur la notion de temps, tellement primordiale pour lui.
Les autres rapports suivirent, et ce fut enfin le tour de Darius Ollivander. Le vendeur de baguettes magiques faisait le lien entre tous les groupes armés et recevait les rapports des unités sur le terrain.
« Comme vous le savez, ces derniers jours, nous avons mené des opérations de déstabilisation contre l'ennemi dans le but de délivrer nos camarades et de capturer quelques Mangemorts importants. Les résultats sont à apprécier diversement, d'autant que les informations arrivent au compte-gouttes… »
Ollivander ajusta ses lunettes et prit ses notes en main. Hermione se carra dans sa chaise, le cœur battant.
« … Commençons par les bonnes nouvelles : le groupe d'Orlando Casper a mené un raid à Canterbury contre la Maison des Willoughby et n'a rencontré aucune résistance en leur manoir. Une trentaine des nôtres ont été libérés avant leurs transferts vers l'Île de Circé où ils auraient été transformés en bétail. Les Mangemorts capturés ne sont que des gardiens.
« Vous les avez interrogés ? » demanda McGonagall.
« Nous sommes en train de le faire mais je crains qu'il n'en ressorte rien… »
« On ne sait jamais. L'expérience nous a appris que des Mangemorts influents se faisaient parfois passer pour de simples soldats lorsqu'ils étaient capturés », ajouta Dumbledore.
« Pas avec le nouveau véritasérum concocté par Severus. Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi efficace. Les personnes interrogées ne se souviennent même plus de ce qu'elles ont révélé après coup et soutiennent mordicus qu'elles n'ont jamais parlé. Vous imaginez les applications ? »
Dumbledore se lissa la barbe pensivement.
« Il faudrait l'utiliser pour infiltrer des espions dans le Premier Cercle, si nous réussissons à capturer un proche de Voldemort. Tout maître en légilimencie qu'il soit, Tom ne réussira pas à savoir s'il a été trahi et par qui. »
« Exactement » reprit Ollivander. « Je crois qu'il serait important d'élaborer une théorie à ce sujet. »
« Minerva ? »
« Nous intégrerons cette option dans nos prévisions. »
« Continuez, Darius. »
Ollivander reprit ses notes.
« Le second groupe dirigé par Vaclav et Alonso a rencontré plus de résistance à Morton Hall. Il n'y a eu aucune perte dans nos rangs mais de nombreux blessés graves sont à déplorer. Tous les Mangemorts se sont battus avec acharnement et ont péri, dont Claire Morris et Dexter Warwick. Nous avons découvert des documents dans le bureau de Warwick. Certains de nos experts essaient d'attester de leur validité. Pour l'instant, ils ne sont pas exploitables. C'est peut-être la raison pour laquelle les Mangemorts se sont défendus, car il n'y avait pas de prisonniers à Morton Hall. »
« Quand pensez-vous que ces documents pourront nous être communiqués ? »
« Dès que possible, Minerva. Melainius d'Aquin a été blessé lorsqu'il a tenté de lire l'un des parchemins. Nous devons prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter que cela se reproduise. »
« Si ces documents ont une réelle importance et qu'il les sait entre des mains ennemies, Voldemort aura le temps de changer ses plans une nouvelle fois », remarqua Harry.
« Nous en sommes conscients, Monsieur Potter. »
Le regard d'Ollivander se posa gravement sur le jeune sorcier. A chaque fois que cela se produisait, Harry avait l'impression que le vieil homme lisait à travers lui, comme à travers un livre.
« Vous avez parlé de bonnes nouvelles, Darius… » intervint une voix rauque, celle de Maugrey Fol-Œil. « … Peut-on savoir quelles sont les mauvaises ? »
« D'abord, le piège tendu au groupe d'Amon Bates… », répondit Ollivander avec tristesse. « … Visiblement, nous étions attendus. Il y a eu beaucoup de morts. Ceux qui en ont réchappés parlent d'un véritable carnage… »
« Les familles ont été averties ? »
« Oui, Albus. Kingsley s'en est occupé. Nous organiserons une cérémonie dès le retour de Remus. »
« Où est-il ? » demanda Madame Pomfrey avec surprise. « Ne devait-il pas être présent aujourd'hui ? »
« Effectivement, mais il a préféré repartir à la recherche de Severus… »
Hermione se figea, comme tout le monde autour de la table. Tous les regards convergèrent vers le vendeur de baguettes magiques.
« Severus a disparu ? Que s'est-il passé ? » demanda avec inquiétude McGonagall en se tournant vers le Directeur. « Albus ? »
« Dites-leur, Darius » répondit gravement Dumbledore.
« L'attaque contre l'un des bastions de Lucius Malefoy a mal tourné. Nous avons perdu beaucoup d'hommes avant que Severus puisse ouvrir une brèche momentanée dans leur défense intérieure. Quand Remus a réussi à prendre le contrôle de la situation et que les combats se sont arrêtés, Severus était introuvable. Nous avons passé le château au peigne fin mais nous n'avons trouvé rien d'autre qu'un morceau de tissu de la robe de Severus. Il était couvert de sang… Le sien… Remus essaie de savoir s'il a pu transplaner et où. »
« Par Merlin, s'il est tombé entre des mains ennemies, nous sommes fichus… » s'écria Fol-Œil.
« Severus ne parlera pas, Maugrey ! » dit sèchement McGonagall.
« Sous la torture, il parlera… » insista le chef des Aurors. « … A moins qu'il ne soit déjà mort. »
Un silence pesant s'abattit sur l'assemblée. Hermione sentit une boule se former au creux de son estomac.
« Dans tous les cas, notre sécurité à tous est menacée. Nous devons changer nos plans » reprit Fol-Œil.
« Il est trop tard pour changer quoi que ce soit » dit McGonagall avec lassitude. « Nous manquons déjà de temps pour préparer l'offensive initialement prévue. »
« Minerva a raison, Maugrey. Nous devons continuer ce que nous entreprenons, pas passer à autre chose » ajouta Flitwick.
« C'est un risque énorme » grogna Fol-Œil. « A vous de l'évaluer, Albus… »
« Volontairement, Severus ne voulait pas être au courant du plan et du rôle d'Harry avant la phase ultime d'attaque. Il ne sait donc pas tout. De plus, je le crois suffisamment conscient des risques encourus et rusé pour utiliser certaines informations et tromper Voldemort pendant un moment. »
« Albus, si c'est le cas, nous devons absolument le retrouver au plus tôt » intervint Madame Pomfrey.
Le vieux sorcier hocha la tête. « Nous poursuivrons les recherches jusqu'à ce que nous sachions ce qu'il est advenu de lui. »
« Et s'il nous avait trahis ? »
« Ronald Weasley ! Comment osez-vous ? » s'insurgea McGonagall.
Tout le monde se tourna vers le rouquin qui se mit à rougir furieusement. Toutefois, ce fut Harry qui vint à la rescousse de son ami.
« C'est vrai, qu'est-ce qui nous prouve qu'il n'est pas retourné auprès de Voldemort de son plein gré après nous voir joué la comédie ? »
« Harry ! » s'écria Hermione, indignée.
D'autres voix s'élevèrent, certaines outrées par les paroles des deux jeunes sorciers, d'autres abondant dans le sens de Ron et Harry.
« Après tout ce qu'il a fait pour l'Ordre et pour vous, comment pouvez-vous encore remettre en doute sa loyauté ? »
« Mais c'est un ancien Mangemort ! Peut-on lui faire confiance ? »
« Si ses actes ne parlent pas en sa faveur, alors ce sont les actions de chacun ici présents qu'il faut remettre en cause ! »
« Allons, allons, mes amis… » dit Dumbledore en se levant pour calmer les esprits. « Je croyais que Severus avait fait ses preuves… » Le directeur de Poudlard se tourna vers les jeunes gryffondors et reprit avec tristesse. « … Mais il semble que des doutes demeurent. Outre sa trahison que ne lui a pas pardonnée Voldemort et qui lui coûterait la vie, Severus Rogue a des raisons personnelles pour ne pas adhérer au parti du Seigneur des Ténèbres. Mais cela ne concerne que lui. Ce n'est pas mon rôle de vous révéler ce qu'il m'a confié il y a des années. »
Un silence suivit ces paroles. Ainsi Rogue a un secret, pensa Hermione.
« Je lui ai accordé ma confiance » reprit Dumbledore avec douceur. « Sa participation à notre action est capitale et sa disparition me peine énormément. »
Ron baissa la tête, soudain honteux.
« Je suis désolé. »
« Vous n'avez pas à l'être, Monsieur Weasley. Vous n'avez exprimé à voix haute que ce que certains pensent tout bas. Severus sait qu'il ne fait pas l'unanimité, même au sein de l'Ordre » dit Dumbledore.
« Qu'allons-nous faire maintenant ? » demanda Neville d'une voix mal assurée.
« En attendant des nouvelles de Lupin, je peux aller visiter quelques contacts de Severus pour savoir si les Mangemorts le détiennent et à quel endroit il se trouve » proposa Ollivander.
« Vous prenez des risques, Darius » remarqua Fol-Œil. « Il ne faut pas que vous tombiez dans un piège. Si Severus parle, vous deviendrez une cible… »
« Si c'est le cas, nous sommes tous concernés » dit Dumbledore. « Mais Maugrey a raison. Je pense que quelqu'un devrait vous accompagner. »
« Prenez Tonks avec vous » proposa Fol-Œil. « Elle meure d'envie de partir en mission. »
Ollivander hocha la tête, scellant son accord.
« J'espère avoir des nouvelles de Remus rapidement. Vous serez informés aussitôt du résultat de ses investigations. »
« Merci Darius. »
Le vendeur de baguettes reposa ses papiers. Les visages graves et fermés se tournèrent vers le directeur de Poudlard dans l'attente d'une déclaration. Dumbledore se leva lentement, accusant sa fatigue et son âge.
« Plus que jamais, nous devons nous serrer les coudes. Les semaines à venir seront décisives si nous voulons l'emporter. A présent, je vous demande d'être prudent et de vous concentrer sur les tâches à accomplir. Ne négligez rien. Les raids chez les Mangemorts devront se poursuivre. Les groupes devront se tenir prêt pour l'heure fatidique.
J'ai bon espoir que nous mettions au point notre plan d'attaque finale malgré la disparition de Severus qui est un coup dur pour nous. Nous ferons tout pour le retrouver, je vous le promets.
En attendant, travaillez vite et bien. Que la force et le courage de Merlin nous accompagne !
Sur ces paroles, la séance fut levée. Les membres de l'Ordre se rassemblèrent en petits groupes pour échanger des propos et discuter des dernières modalités. Ron, Harry et Hermione restèrent seuls dans un coin.
« Tu ne perds jamais une occasion de te taire, hein ? »
« Hermione, il s'est excusé » dit Harry.
« Franchement, vous ne trouvez pas tous les deux que votre attitude est puérile. Il serait grand temps d'arrêter votre vendetta personnelle contre Rogue et de lui accorder du crédit ! »
« On en reparlera quand on aura retrouvé ce vieux sadique… »
« Arrêtes de parler de lui comme ça ! Peut-être qu'en ce moment, il est quelque part blessé grièvement et a besoin de notre aide. Ou pire. »
« Hermione a raison, Ron. Ce n'est pas le moment. »
Hermione était furieuse et savait maintenant pourquoi. L'angoisse de ne pas savoir ce qui était arrivé à Rogue la mettait à fleur de peau. Elle allait objecter quelque chose quand McGonagall l'appela et l'invita à la rejoindre.
« Veuillez me suivre Hermione. »
Les deux sorcières retrouvèrent Dumbledore.
« Miss Granger, Minerva m'a fait part de votre entrevue. Je m'inquiète à votre sujet. »
Hermione se figea. La jeune sorcière aurait préféré que McGonagall ne rapporte pas leur conversation au Directeur, mais trop d'éléments étaient en jeu. A commencer par sa propre sécurité, elle le comprit après les explications du vieux sorcier. Si la situation venait à se savoir, n'importe qui pouvait utiliser Hermione pour faire pression sur Rogue, soit en s'attaquant directement à elle et en menaçant sa vie, soit en enlevant la jeune femme. Et l'Ordre ne pouvait se permettre de perdre un autre membre influent qui avait son rôle à jouer dans le combat final contre Voldemort.
« J'ai bien compris la situation, professeur »
« Vous devez être très prudente, Hermione. Si vous remarquez quoi que ce soit d'anormal, signalez-le à Minerva ou à moi. Et soyez toujours accompagnée par vos amis quand vous vous déplacez » ajouta Dumbledore en terminant ses consignes.
« Très bien. »
« Harry ne me le pardonnerait pas s'il vous arrivait quelque chose. Quant à Severus… »
« Il vous a parlé ? »
Dumbledore secoua la tête. « Jamais à ce sujet malheureusement… Mais je connais son caractère vindicatif. »
« J'espère qu'on le retrouvera sain et sauf. »
« Moi aussi, Hermione. »
La jeune femme hocha la tête et prit congé avec de nouveaux soucis à l'esprit. Elle fit des yeux le tour de la salle et vit Harry qui discutait avec Flitwick.
Le visage grave de son ami la frappa. Ses yeux avaient perdu depuis longtemps l'innocence de la jeunesse. Et pour cause : l'enfance d'Harry avait été inexistante, marquée par les tragédies et des enjeux qui le dépassaient. Propulsé contre son gré dans un monde d'adultes, il avait été protégé du mieux qu'on avait pu pour le préparer à ce qui semblait être son destin. Tant de choses reposaient sur ses épaules d'adolescent…
Hermione continua d'observer les groupes. Elle croisa le regard de Neville en grande conversation avec le professeur Chourave et lui sourit. Dès qu'ils le pouvaient, ces deux-là ne parlait que d'horticulture. Mais c'était dans des moments si rares…
A leur droite, Ron s'entretenait avec Maugrey Fol-Œil. De leur trio, c'était lui qui avait gardé l'insouciance des jours heureux. Amoureux naïf, ami indéfectible, il serait toujours là pour la protéger et épauler Harry.
Et elle, là-dedans ? Elle avait l'impression d'avoir vieilli brutalement de plusieurs années en l'espace de quelques jours. Elle venait de comprendre qu'on n'était jamais vraiment préparé à affronter la réalité et qu'elle avait encore beaucoup à apprendre… C'était la dure leçon de la vie.
Elle soupira et chassa ses pensées fatalistes pour se concentrer sur l'immense tâche qui les attendait. Oui, décidément, les temps étaient difficiles pour leur génération.
A suivre…
