Ca y est, on rentre dans le vif du sujet ! Voici le chapitre qui célèbre les retrouvailles d'Hermione et de Severus. J'avoue que ce n'est pas très folichon. Certain(e)s seront même peut-être ulcéré(e)s par une description trop poussée… Mais bon, j'assume…
(Petit clin d'œil à Sevichou : j'ai un chum québécois qui est « tombé en amour » d'une française… Moi-même à une époque, j'ai très bien connu un jeune homme de la Belle Province, mais il ne faut pas le dire trop fort, ça fâche…)
Bonne continuation !
LA BRAISE SOUS LA CENDRE
Disclaimer : voir prologue.
Chapitre 14 : L'homme foudroyé
Ses dernières forces épuisées après son transfert magique, Severus Rogue se traîna difficilement jusqu'au lit sur lequel il s'effondra en toussant et en grelottant de froid.
Sa maladie ne lui laissait plus de répit à présent. Au moindre effort – physique ou magique - la fièvre le terrassait et l'empêchait de prendre du repos ou même de dormir. Chaque fois qu'il fermait les yeux, l'enfer frappait à la porte de son subconscient.
Pourtant, il ne regrettait pas d'être sorti malgré son état. Là, soigneusement caché dans les ruines de la chapelle, il avait revu tous ses anciens amis, rassemblés devant la tombe d'Albus. Même si les souvenirs associés aux Membres de l'Ordre étaient douloureux, il avait apprécié de revoir pour la dernière fois ces visages qu'il chérissait.
Surtout un. Celui d'Hermione Granger.
Pendant toutes ces années de solitude, il avait scrupuleusement fait taire ses sentiments à l'égard de la jeune femme. Jusqu'à ce moment dans le cimetière où il l'avait aperçu pour la première fois depuis plus de cinq ans. Comme un boomerang, tous ses sentiments avaient resurgi, anéantissant en un battement de cœur tous les efforts qu'il avait faits pour l'oublier.
Il s'était senti si faible à cet instant qu'il avait dû s'asseoir. Incapable de quitter des yeux la jeune sorcière, il s'était émerveillé de sa beauté et avait souri. Le destin acceptait de lui faire une dernière fleur.
En cet instant, entre rêve et réalité, l'image d'Hermione Granger retenant ses larmes devant le cercueil d'Albus revint le hanter. Si seulement la vision de la femme qu'il n'avait jamais cessée d'aimer pouvait lui permettre de s'éteindre en douceur…
Mais c'était trop demandé. Une quinte de toux à fendre l'âme le secoua et le laissa au bord de l'étouffement. Alors que Severus Rogue se sentait sombrer, il tendit une main tremblante vers la petite fiole posée sur la table de chevet.
Il n'acheva pas son geste. La fiole tomba au sol et roula sous le lit, alors qu'un nouveau râle le déchirait et que la fièvre l'entraînait dans un ballet d'images infernales…
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Hermione Granger ouvrit les yeux et regarda autour d'elle, tous les sens en alerte, la baguette magique levée. Personne.
La jeune femme se trouvait présentement dans une pièce sombre misérablement meublée avec une vieille table branlante et deux chaises dépareillées. Des rideaux rouges décolorés couverts de poussière étaient pendus au mur près d'une fenêtre aux volets presque clos. La vieille tapisserie sinistre et les peintures étaient jaunies et noircies en certains endroits. Elle fit la grimace : l'odeur de renfermé lui donnait la nausée.
Hermione s'avança prudemment vers une petite pièce qui devait être la cuisine, mais se figea lorsqu'un râle atroce déchira le silence et la glaça jusqu'aux os. Elle avait déjà entendu ce son affreux à l'hôpital…
Elle fit demi-tour et se retrouva dans un couloir. Elle ouvrit la première porte sur sa droite et découvrit des rangées de bocaux, tandis que de doux parfums envahissaient ses narines. Une herboristerie ?
Un nouveau râle profond la guida vers une porte entrouverte qu'elle poussa lentement. La pièce était plongée dans la pénombre et l'odeur de mort la fit chavirer. Instinctivement, le professionnalisme d'Hermione fit son apparition et la blinda contre ce qui devait se trouver là. Elle laissa ses yeux s'habituer aux ténèbres et aperçut le corps d'un homme recroquevillé sur un lit.
« Monsieur ?… » demanda t'elle, inquiète. « Monsieur ?… »
Pas de réponse. Seule la respiration sifflante et difficile de l'homme lui répondit. Elle alluma l'électricité et s'approcha du lit. Les draps jaunis et l'oreiller étaient souillés de sang frais et séché. L'homme en noir lui tournait le dos, mais Hermione savait déjà à quoi s'en tenir sur la maladie de l'inconnu. Tuberculose au dernier stade…
Hermione retourna l'homme sur le dos qui se mit à gémir doucement et a râlé, les yeux fermés. Le visage pâle de l'inconnu était couvert de sang, et ses cheveux de jais étaient collés par la sueur et les vomissures. Mon dieu, il va s'étouffer !
La jeune médicomage n'hésita pas à le soulever légèrement pour le mettre en position assise en faisant taire sa répugnance. Elle prit ensuite le pouls – faible - de l'homme et sentit qu'il était brûlant de fièvre. Avisant un lavabo, elle mouilla une serviette et revint vers lui.
Elle commença à lui nettoyer le visage. Le teint de la peau de l'inconnu était cireux et ses joues amaigries accentuaient des traits déjà anguleux, dominés par un long nez crochu. De grandes cernes noires sous ses yeux attestaient de son état d'épuisement extrême. Il était vraiment mal en point.
L'homme marmonna indistinctement quelque chose et ouvrit les yeux à moitié puis les referma, comme si ce simple effort lui coûtait trop. Hermione se mit à le secouer.
« Monsieur… Ouvrez les yeux… si vous m'entendez, ouvrez les yeux… »
L'homme ouvrit encore une fois les yeux brièvement et continua à produire de faibles sons inintelligibles en grimaçant. Elle pensa qu'il délirait.
« … mon... bus… mione… »
La jeune femme le secoua plus énergiquement. Cette fois, il ouvrit des yeux noirs brillants de fièvre à tel point qu'ils lui mangeaient tout le visage et réussit à fixer la sorcière quelques secondes.
« Her… mione… »
Elle poussa un cri et eut un mouvement de recul, totalement effrayée. Derrière ce masque de souffrance, la jeune femme venait de reconnaître Severus Rogue ! C'était impossible, impossible ! Il était mort ! Et pourtant, maintenant qu'elle l'observait attentivement, elle reconnaissait la forme de sa bouche, ses yeux, son large front et ses expressions…
« Professeur… Oh ! Mon Dieu !… Professeur, c'est vous ? »demanda t'elle faiblement.
L'homme ferma les yeux. Désemparée, Hermione sentit que Rogue allait à nouveau plonger dans les ténèbres. Elle le secoua en l'appelant.
« Professeur, restez avec moi ! Bon sang, battez-vous ! Réveillez-vous ! Severus Rogue, je sais que vous m'entendez ! »
La respiration de Rogue devint difficile. La jeune femme déboutonna sa chemise pour lui permettre de mieux respirer. Mais déjà une nouvelle quinte de toux le secoua, brisant ses dernières forces, l'emportant un peu plus loin d'elle, en un long râle d'agonie. Elle lui essuya encore la bouche, puis décida d'agir immédiatement. Il était mourant.
Elle imposa ses mains sur la maigre poitrine de Rogue et commença à prononcer une formule magique. Très lentement, un transfert d'énergie s'effectua. Mais c'était inutile. L'homme était par trop épuisé pour survivre, elle le sentait. Et elle n'avait aucune potion à sa disposition pour le soigner.
Hermione eut un gémissement de désespoir. Elle ne venait pas de le retrouver pour le perdre aussitôt. Elle allait se battre, retourner le ciel et l'enfer pour le ramener. Déjà, son esprit commençait à envisager diverses possibilités pour lutter contre le temps.
Dans la pièce à côté, il y avait certainement de quoi concocter une potion. Oui, mais ce ne serait pas suffisant dans l'immédiat… Quoi d'autre ? Cherche, Hermione, cherche… Non, pas ça… il faut quelque chose de puissant… Un remède de cheval… Un remède de… Un phénix ! La sorcière eut un geste de rage. Elle ne pouvait transporter Rogue dans cet état à Poudlard, cela le tuerait. Et elle ne pouvait pas non plus l'abandonner pour aller chercher Fumseck… Mais il y avait peut-être une autre solution.
La légende disait que si l'on pensait très fort à un phénix, alors il pouvait vous entendre et venir à votre secours. Pour Hermione, il était temps de savoir si ce vieil adage magique se vérifiait. Elle pria pour que Fumseck ne se soit pas consumé pour renaître après l'enterrement d'Albus. Si tel était le cas, ses efforts étaient inutiles…
« Fumseck, j'ai besoin de toi… si tu m'entends, je t'en prie… Viens… ! » répéta Hermione en se concentrant sur l'oiseau au plumage de feu. « Fumseck, viens… Severus Rogue a besoin de toi… Fumseck… »
Elle continua ainsi pendant de longues minutes en visualisant l'oiseau légendaire. Elle se concentra si fort qu'elle en eut mal à la tête.
Il y eut soudain un 'plop' sonore et un battement d'ailes. Surprise, Hermione leva la tête et aperçut Fumseck se poser sur la tête de lit. De son œil brillant, l'oiseau regarda étrangement Hermione, puis l'homme à l'agonie devant lui. Alors il se mit à chanter.
Combien de temps dura ce chant ? Hermione l'ignora mais quand elle sortit de sa torpeur, Fumseck avait produit deux larmes qui s'étaient déposées sur la poitrine de Rogue.
Avec reconnaissance, Hermione caressa la tête du phénix et attendit avec angoisse. S'il était trop tard, les larmes ne servaient à rien.
Le corps de Rogue se tendit soudain et ses poings se serrèrent, alors que les gouttes d'eau magiques pénétraient sa peau. Il se mit à gémir doucement. Hermione se mordit la lèvre et s'empara de la main gantée de son ancien professeur.
« Professeur, battez-vous… Je vous en prie ! Revenez !… »
Elle passa le linge mouillé sur son visage en sueur et attendit en écoutant sa respiration. Déjà, il lui semblait que le râle se faisait moins bruyant, mais peut-être n'était-ce qu'un effet de son imagination ?
Elle lui imposa les mains à nouveau afin de lui redonner de l'énergie. Elle resta ainsi de longues minutes, concentrée, s'épuisant à transmettre sa force à l'homme qu'elle refusait de voir mourir.
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Hermione se réveilla en sursaut en sentant sa tête dodeliner. Un moment désorientée, elle se souvint et examina immédiatement son patient en lui prenant le pouls.
Le cœur battait régulièrement. Rogue dormait paisiblement à ses côtés. Malgré sa pâleur, il semblait hors de danger. Sa peau n'était plus aussi brûlante qu'avant, mais il était certainement déshydraté.
Elle décida de ne pas l'éveiller. Doucement, elle ouvrit la fenêtre et laissa de l'air pur entrer dans la chambre. Dehors, les oiseaux chantaient et une brise légère soufflait. L'air était léger et il faisait beaucoup plus chaud qu'en Ecosse. De même, la luminosité solaire était plus importante. L'après-midi était bien avancée. Hermione sentit qu'elle se trouvait dans le Sud de la France.
Elle se retourna vers lui. Maintenant que son cas n'était plus critique, elle allait pouvoir s'occuper de son confort. Elle sortit une serviette et un pyjama propre d'un placard et trouva une paire de draps.
Hermione commença d'abord par le déshabiller, puis lentement le rafraîchit en passant une éponge sur son corps amaigri. Rogue lui fit pitié car il n'avait que la peau sur les os. Elle remarqua aussi les nombreuses cicatrices qui marquaient sa chair et ne put que s'interroger sur leurs origines. Sur son avant-bras, la Marque des Ténèbres était invisible. C'était étrange, car d'habitude, les Mangemorts la conservaient toute leur vie et ne parvenaient pas à la faire disparaître.
Elle lui enleva les gants qu'il devait porter en permanence et eut un serrement au cœur en voyant l'état de ses mains. Hermione avait le souvenir de longs doigts fins qui manipulaient avec souplesse divers ingrédients. Ils étaient maintenant crispés et gravement brûlés.
« Que vous est-il arrivé, mon Dieu ? » murmura t'elle pour elle-même. « Que vous ont-ils fait subir ? »
La jeune sorcière sentit la colère l'envahir. Il avait été sauvagement torturé et certainement laissé pour mort. Il n'avait jamais vraiment dû se relever de ces épreuves. Son état de santé actuel en était la preuve.
Elle observa son visage maladif et tenta de le comparer avec le souvenir qu'elle avait de lui. Quand elle revoyait son image, elle ne pouvait qu'invoquer l'intensité et la sévérité de son regard noir qui transperçait un interlocuteur, comme s'il lisait à travers lui. Et puis, il y avait ce formidable charisme. Quand il était dans une pièce, tous les regards se tournaient machinalement vers lui. Sa présence était telle qu'il en imposait grâce à son autorité naturelle, et il fallait bien le reconnaître, une réputation épouvantable et effrayante. Sa langue était toujours acérée comme celle d'une vipère et ses réparties cinglantes et dévastatrices. Il ne respectait personne, sauf Albus Dumbledore, pour lequel il avait toujours eu un profond respect.
Rien de tout cela n'apparaissait maintenant. Elle avait devant elle un homme brisé qui avait vraisemblablement beaucoup souffert dans son existence. Son retour à la vie risquait d'être difficile.
Quand elle eut terminé sa toilette, elle lui passa le pyjama. Avec un Mobilicorpus, elle déplaça Rogue puis nettoya le matelas magiquement. Elle remit des draps propres et réinstalla le sorcier dans le lit.
Durant tout ce temps, il n'avait pas bronché.
Il avait besoin de repos. Hermione le laissa dormir et alla voir ce qu'il y avait à manger. Elle avait une faim de loup, mais il n'y avait rien qui convenait pour elle comme pour lui. Elle sortit et alla acheter quelques victuailles à l'alimentation. En repassant devant la maison, elle s'aperçut que Rogue tenait bien une herboristerie moldue.
Etrange. Hermione ne l'avait jamais imaginé pouvant vivre chez les Moldus. Et pourquoi pas ? Il avait certainement été forcé de s'adapter… de se cacher peut-être… C'était peut-être la raison pour laquelle il n'était pas revenu dans le monde des sorciers.
Elle retourna voir Rogue mais il n'avait pas bougé.
Un éclat de soleil sur un objet caché sous le lit attira son attention. Elle se pencha et ramassa une fiole. Elle l'ouvrit et en sentit le contenu. Elle reconnut immédiatement l'odeur distinctive de l'opium. Il avait dû vouloir s'en servir comme d'un puissant narcotique qui lui permettrait d'accueillir la mort comme une bénédiction. Heureusement qu'il ne l'avait pas absorbé sinon elle n'aurait jamais pu le faire revenir.
Elle fit disparaître le petit flacon dans sa poche et alla inspecter le contenu des étagères dans la pièce voisine. Comme elle s'y attendait, elle trouva tous les ingrédients pour lui confectionner une potion revitalisante.
Quand ce fut fait, elle déjeuna enfin et décida d'attendre qu'il se réveille. Elle pensa retourner brièvement à Poudlard pour que personne ne s'inquiète de son absence, mais jugea préférable de rester auprès de Rogue.
Dans l'attente, elle installa un fauteuil dans la chambre, prit un livre et l'ouvrit…
A suivre…
