LA BRAISE SOUS LA CENDRE

Disclaimer : voir prologue.

Chapitre 15 : Voyage en Avallon

Il marchait au travers d'un brouillard cotonneux dans lequel il ne distinguait rien, pas même le sol qu'il foulait, à tel point qu'il avait parfois l'impression de flotter. Il avançait mais ne s'inquiétait pas du silence surréaliste qui régnait en cet endroit mystérieux. Tout était paisible et aucune menace ne pesait sur lui, il le sentait.

Il ignorait où il était. Il ne faisait ni froid, ni chaud ; ni sec, ni humide. Il se sentait bien, et c'était une sensation nouvelle pour lui qui ne vivait plus que dans la douleur. Il appréciait ce répit et en éprouvait presque une joie enfantine.

Au loin, il entendit faiblement le bruit des vagues. Il continua d'avancer dans ce qu'il croyait être la bonne direction. L'air se chargea peu à peu d'iode et d'autres senteurs florales. Il emplit ses poumons de cet air sain destiné à le purifier. Les volutes de brume commencèrent à se dissiper devant lui et il distingua la lande sous ses pieds.

L'air devint plus vif et plus agité. Le bruit des vagues enfla. C'était celui de la mer se brisant sur des rochers. Un mouvement sur sa gauche attira soudain son attention. Une silhouette apparut brièvement et disparut. Il se mit à la suivre.

Dans la brume, la figure fantomatique jouait à cache-cache avec lui. Il la héla sans succès à plusieurs reprises. Il décida alors d'accélérer le pas dans la direction où elle disparaissait systématiquement.

Des pierres gigantesques en granit se dressèrent tout à coup devant lui. Toutes étaient gravées de curieux symboles et d'une écriture qu'il ne reconnut pas. Certaines formaient des portiques sculptés, défiant le temps et les éléments. Il passa sous l'un d'eux et s'arrêta pour tenter d'apercevoir la silhouette qu'il avait perdue. Il appela doucement mais rien ne bougea.

Ici, le brouillard était plus opaque. Par instant, il distinguait d'autres pierres dressées vers le ciel ou d'autres portiques. Je suis dans un Cercle pensa t'il, en prenant conscience de la forme ronde sacrée que les Anciens avaient dessinée autour de lui. Une voix douce qui semblait venir de nulle part et de partout à la fois s'éleva sans briser la quiétude des lieux.

« Severus… »

« Albus ?… » Surpris, Rogue regarda tout autour de lui mais n'aperçut aucun mouvement. Il était sûr en revanche d'avoir reconnu la voix du vieux sorcier. « … Albus, où êtes-vous ? »

« Par ici… » reprit la voix.

Rogue avança vers l'intérieur du cercle sans rien distinguer d'autre qu'une masse blanche et uniforme de brouillard.

« Je ne vous vois pas. Guidez-moi, Albus… »

« Par ici, mon garçon… »

Rogue tourna la tête et avisa une silhouette immobile à sa droite. Il se dirigea vers elle et s'arrêta enfin à quelques mètres du sorcier, incertain devant l'apparition qui se tenait devant lui.

Il s'agissait bien d'Albus Dumbledore, mais c'était comme si Rogue voyait à travers lui, comme s'il avait été… transparent. Rogue ne trouvait pas d'autres mots pour décrire l'impression qu'il ressentait. Albus portait pourtant sa magnifique robe bleue constellée d'étoiles dorées et argentées. Derrière les lunettes demi-lune, perchées sur son nez, les yeux bleus étaient toujours autant pétillants et bienveillants, et son sourire affable se dessinait derrière son éternelle barbe blanche.

« Qu'est-ce qui m'est arrivé, Albus ? Où suis-je ? »

« Vous vous êtes perdu en chemin, Severus… Ici, vous êtes à Avallon… »

Avallon ! Le nom résonna comme un coup de tonnerre dans l'esprit de Rogue. L'île mythique des Anciens ! La dernière demeure de Merlin ! S'il se trouvait à Avallon, cela ne pouvait signifier qu'une chose : c'est qu'il était mort !

« Non, Severus, pas encore… » dit Dumbledore, comme s'il avait lu dans ses pensées.

« Mais comment ?… » Rogue essaya de se rappeler ses derniers instants, mais c'était le noir complet dans sa mémoire.

« Vous avez encore tant de choses à accomplir… Votre heure n'est pas encore venue… »

« Quelle choses ?… Expliquez-moi… »

« Je ne peux pas… Ce sera à vous de le découvrir… »

Rogue se sentit singulièrement désemparé : « Mais pourquoi suis-je ici ? »

« Veuillez me pardonner pour ce que je vais vous faire… » murmura gravement le vieil homme.

Rogue fut soudain déchiré par un souvenir de son passé. Pendant ce qui lui parut une éternité, il se revit prisonnier, torturé, désespéré et lâche. Il s'entendit parler et avouer des informations à Lucius Malefoy, tout en implorant sa pitié et en l'insultant tour à tour... Ce furent des secondes douloureuses quand le souvenir cuisant reflua. Touché dans sa chair et au plus profond de lui-même, Rogue resta mortifié et se prit le visage à deux mains en ne remarquant pas qu'il était tombé inconsciemment à genoux devant le vieil homme.

« Je vous ai trahi, Albus… Vous et les Membres de l'Ordre… » dit-il en ployant sous la honte.

« Non, Severus. Jamais vous n'avez trahi… C'est moi qui vous ai trahi… De grâce, relevez-vous… »

Dumbledore tendit la main et aida Rogue. Le sorcier regarda avec incertitude le vieil homme dont la tristesse avait envahi les traits. A ce moment, Albus Dumbledore paraissait plus que son âge.

« Il faut que vous sachiez la vérité… »

« Comment ça ? Je ne comprends pas… »

« Nous avions convenu d'un commun accord que vous deviez en savoir le moins possible sur l'issue finale de la guerre... »

Comme Rogue hochait la tête à ces mots, Dumbledore continua d'une voix grave :

« A votre insu, vous êtes devenu un agent de désinformation. Avant votre disparition, je vous ai abreuvé de faux renseignements car vous preniez des risques considérables avec Remus. Ce sont ceux-là que vous avez révélés à Voldemort et qui ont détournés son attention en l'orientant dans la mauvaise direction… En l'ignorant, vous nous avez fait gagner un temps précieux, Severus, et je ne pourrai jamais assez vous en remercier… » dit douloureusement le vieil homme.

Il y eut un silence. Puis Dumbledore reprit :

« … Severus, je sais combien vous avez souffert. S'il y a quelqu'un à blâmer ici, c'est moi… Je vous ai volé votre vie pour servir un propos qui nous dépassait tous les deux et je vous ai manipulé en sachant que vous seriez la parfaite victime, prête à tous les sacrifices... Ce que j'ai fait est inqualifiable car vous étiez plus qu'un ami fidèle… Vous étiez comme un fils à mes yeux… C'est à mon tour de vous demander pardon, mon garçon, pour tout le mal que je vous ai fait… »

Abasourdi, Severus contempla le vieux sorcier en silence pendant quelques secondes, poignardé par un sentiment de trahison comme il n'en avait jamais connu. L'homme à qui il faisait le plus confiance l'avait trahi ! Dumbledore s'était servi de lui et l'avait sacrifié !

Au fond, il ne pouvait pas dire qu'il était réellement surpris d'avoir été doublé. Ce qui le médusait en revanche, c'était la duplicité du vieux sorcier qui reconnaissait implicitement l'avoir envoyé à une mort quasi-certaine s'il se faisait capturer. Mais n'avait-il pas fait la même chose avec Potter et ses autres camarades ? La fin justifie les moyens. Il comprenait maintenant les paroles du vieil homme. Une pensée terrible lui traversa l'esprit.

« M'avez-vous vendu à Malefoy ? » demanda Rogue d'une voix sourde remplie d'appréhension.

Déjà accablé, le vieil homme parut en plus horrifié par cette idée.

« Non, Severus, jamais je ne serai allé aussi loin… Seulement je savais que la probabilité était trop grande pour qu'elle n'arrive pas… C'était juste une question de temps… Et je n'ai rien fait pour l'empêcher… »

Alors Rogue pensa que c'était bien de sa faute s'il s'était fait capturé lors de cette dernière mission. Lucius, Goyle et Crabbe l'avaient surpris, alors qu'il s'évertuait à faire disparaître les sortilèges qui protégeaient le manoir de l'attaque menée par Remus. C'était un risque qu'il avait pris en toute connaissance de cause. Le sentiment de trahison s'atténua en lui pour ne laisser qu'un goût d'amertume… Maudit… Il était maudit et le resterait à jamais.

« Vous n'auriez pas pu l'empêcher de toute façon… Ce soir-là, j'étais prêt à tout. »

« Severus, je suis tellement désolé. »

Le vieil homme paraissait sincère. Comme toujours, Dumbledore avait vu juste et déjoué Tom Jedusor de la manière la plus inattendue. Parfait pion dans une gigantesque partie d'échecs, Rogue avait rempli sa mission à merveille Il ne pouvait s'en prendre au vieil homme, même si ce dernier l'avait manipulé avec toute la science d'un Serpentard. Il fit quelques pas et dit d'une voix démunie de sarcasmes :

« Il y avait bien longtemps que j'avais consenti à être votre marionnette, Albus. En fait, depuis que vous en aviez appelé à ma conscience quand je suis revenu vous voir il y a plus de vingt ans… Vous m'aviez laissé le choix de vous suivre ou de continuer dans cette voie infernale… »

« Je m'en veux tellement… Si je pouvais revenir en arrière… »

Rogue l'interrompit d'une voix tranchante. « Non, Albus, vous savez très bien que si c'était à refaire, vous feriez exactement la même chose… L'intérêt du plus grand nombre passe avant celui d'un seul… »

Il y eut un silence inconfortable entre les deux hommes. Dumbledore le regardait, complètement défait, comme un enfant pris en faute. La comparaison était telle que Rogue faillit le secouer énergiquement et le réprimander vertement. Il s'abstint de le faire lorsqu'il se rappela qu'il avait en face de lui Albus Dumbledore, Grand Maître de l'Ordre de Merlin, puissant sorcier et héros des guerres contre Grindewald et Voldemort.

« C'était une décision difficile qui a dû vous empêcher de dormir… » dit lentement Rogue de manière rhétorique. « … Et que vous devez continuer à regretter, même encore maintenant… »

Dumbledore baissa les yeux, attendant la condamnation irrévocable du Maître des potions. Cela s'annonçait mal pour le vieil homme. Finalement, il murmura douloureusement :

« Me pardonnerez-vous jamais ? »

Le silence se prolongea, chargé de tension. Rogue fit encore quelques pas puis planta ses yeux noirs dans ceux du vieil homme et répondit doucement : « C'est le moins que je puisse faire pour vous, Albus. »

Le visage de Dumbledore s'éclaira d'un sourire miraculeux. Le vieux sorcier s'avança et étreignit Rogue avec émotion. L'ancien Maître des Potions grogna :

« Les Gryffondors… Vous ne pouvez pas vous en empêcher, n'est-ce pas ?… »

« Si vous, entre tous, pouvez pardonner, alors il y a de l'espoir… »

Le vieil homme continua à serrer Rogue dans ses bras. Le sorcier ne dit rien mais ne put s'empêcher de grimacer un sourire.

« Albus, vous savez que tout ceci me met mal à l'aise… »

« Un peu de chaleur humaine ne fait pas de mal, Severus. Vous devriez pratiquer… »

« Je ne crois pas que le bonheur soit fait pour moi, Albus. »

Le vieil homme secoua la tête avec tristesse.

« Est-ce que vous vous entendez parler, Severus ? Ecoutez-moi bien, car mon temps ici arrive à son terme et nous ne nous reverrons plus… »

« … Merlin sait combien j'ai essayé de vous sauver de vos démons intérieurs en vous offrant mon amitié et ma protection… Mais il sait aussi combien j'ai échoué en vous renvoyant en permanence vers un passé que vous abhorrez et qui vous poursuit encore aujourd'hui en vous détruisant à petit feu… Pourtant, vous avez payé votre dette, Severus. Même si vous pensez le contraire, vous êtes un être de Lumière…

« Albus… » protesta Rogue.

« Si vous en doutiez un instant, vous ne vous trouveriez pas ici… Mon garçon, vous êtes sur le chemin de la Vérité. Cette quête est longue et semée d'embûches et vous n'êtes pas encore parvenue à son terme. Pour l'achever, il vous faudra tourner la page, cesser de vous tourmenter et de vous reprocher vos actions d'hier. Le passé est le passé. Enterrez-le… »

« Albus, je ne sais pas si je peux… »

La voix de Dumbledore se fit ferme : « Ce n'est pas une question de pouvoir, mais de vouloir… Promettez-moi que vous vous occuperez de vous et que vous chercherez à être heureux… »

« Albus, si vous essayez de… »

« Promettez-le… » insista Dumbledore en prenant le bras du sorcier.

« … D'accord, espèce de vieux fou !… » finit par lâcher Rogue, visiblement à contre-cœur.

« Severus, vous avez maintenant la chance de recommencer une nouvelle vie et de changer. Saisissez-la et soyez ouvert aux possibilités qu'elle vous offre. C'est ce qui peut vous arriver de mieux, croyez-moi… » dit avec ferveur Dumbledore. « Repartez maintenant, il y a là-bas quelqu'un qui a besoin de vous, mais qui ne le sait pas encore. »

« Qui ? »

L'image de Dumbledore commença à s'altérer mais le vieil homme eut un sourire et lui fit un clin d'œil malicieux.

« Vous le découvrirez bientôt. Quand le moment sera venu, vous vous souviendrez de mes paroles… et vous comprendrez… Adieu Severus… »

Le vieux sorcier sembla s'effacer physiquement et disparut après un dernier geste de la main. Le brouillard s'épaissit à nouveau autour de Rogue. Il se tourna et toute chose perdit de la substance. Le bruit de la mer disparut.

Il était seul, perdu, au milieu du néant. Et le temps s'allongea…

Rogue ouvrit les yeux sur un décor familier.

La chambre était lumineuse et il entendit le chant des oiseaux dehors. Avec curiosité, il tourna la tête vers la fenêtre et contempla le cerisier en fleurs dans le jardin et les nuages dans le ciel. Le vent agitait doucement les rideaux et lui apportait les senteurs du printemps et de la terre humide. Il inspira profondément, comme un nageur reprend sa respiration après une longue période d'apnée, et laissa lentement l'air s'expulser de ses poumons, à nouveau fonctionnels. Comme c'était bon de pouvoir respirer normalement !

Hermione leva les yeux de son livre en l'entendant et attendit, soudain anxieuse. Comment allait-il réagir en la voyant ?

La réponse ne se fit pas attendre. Rogue se figea en l'apercevant et une expression de surprise se peignit sur ses traits lorsqu'il la reconnut, remplacée rapidement – il faut le dire – par une grimace dédaigneuse dont lui seul avait le secret.

« Granger ? Qu'est-ce que vous fichez ici ? »

Sa voix était éraillée, rugueuse comme du papier de verre, mais l'intonation - et « l'amabilité » sous-jacente - était toujours la même. Hermione eut un sourire. Il n'avait pas changé.

« Moi aussi, professeur, je suis très heureuse de vous revoir… » dit-elle d'un ton aimable qui contrastait avec ses manières brusques. « Comment allez-vous ? »

Rogue se contenta de grogner pour toute réponse et la suivit des yeux, alors qu'elle s'approchait de la table de chevet sur laquelle elle avait posé une carafe. Elle lui versa un verre d'eau et le lui tendit.

« Buvez »

Il la regarda avec un mélange d'étonnement et de suspicion, et hésita avant de prendre le verre d'une main tremblante. Comme il faillit en renverser le contenu dans le lit, Hermione posa sa main sur la sienne pour stabiliser l'opération. De l'autre, elle lui souleva la nuque, avant qu'il puisse protester. Elle s'aperçut immédiatement qu'il était tendu.

« Détendez-vous, je ne vais pas vous empoisonner après tout le mal que je me suis donnée… » dit-elle, déjà exaspérée par son attitude peu conciliante.

Il lui jeta un regard noir puis vida le verre d'un trait. Hermione fit le geste de poser sa main sur son front pour prendre sa température, mais il détourna la tête comme si ce contact lui déplaisait.

« Bon sang, fichez-moi la paix ! Je n'ai pas besoin d'une nounou ! » s'écria t'il d'une voix toujours aussi rauque.

Rogue tenta de se redresser, mais retomba sur l'oreiller. Il se rendit compte qu'il était extrêmement faible et que la tête lui tournait. Il ferma brièvement les yeux. Hermione se pencha sur lui à nouveau et put cette fois lui prendre la température. Fiévreux, surtout s'il continue à s'agiter comme il le fait.

« Je ne vous ai rien demandé, Granger… » murmura t'il. « Vous allez me faire le plaisir de déguerpir et d'oublier que j'existe… »

Leurs regards s'affrontèrent un instant, mais Hermione ne se laissa pas impressionner.

« Certainement pas. Vous n'êtes pas en état de faire quoi que ce soit. Alors vous allez vous calmer et rester tranquillement allongé. Il faut vous reposer et reprendre des forces. »

Rogue écarquilla les yeux, n'étant visiblement pas habitué à ce qu'on lui donne des ordres. Dans l'esprit d'Hermione, il devait surtout se souvenir qu'il avait en face de lui, « l'insupportable Miss Je sais Tout de Gryffondor » comme il l'avait une fois surnommée et qu'il n'avait à cet instant qu'une envie : l'écraser comme une mouche.

« Qu'est-ce qui vous autorise à me dicter ma conduite ? Ici, sous mon toit ? » gronda t'il, confirmant les doutes d'Hermione.

« Votre état de santé que je juge déplorable en tant que médicomage » répondit-elle. « Si je ne vous avais pas trouvé, vous seriez mort à l'heure actuelle… »

« Qu'est-ce que ça peut vous faire ? »

« Figurez-vous que je n'ai pas pour habitude de laisser les gens mourir, Severus Rogue… »

« Petite fouineuse, vous vous êtes encore mêlée de ce qui ne vous regardait pas ! »

« J'ai fait ça dans votre intérêt, que vous le vouliez ou non !… » déclara Hermione qui commençait à s'impatienter.

« Avez-vous appris l'insolence toute seule ou bien est-ce votre ami Potter qui vous a montré comment faire ? »

La jeune sorcière serra les poings. S'il se mettait à insulter Harry, elle lui jetterait un sort bien senti et le laisserait se débrouiller seul.

« Ne mêlez pas Harry à tout ça… Nous ne sommes plus à l'école et je ne laisserai pas une tête de mule comme vous me dicter mes actions !… Continuez à être de mauvaise humeur, ruminez dans votre coin, ronchonnez si vous voulez, ça m'est égal ! Vous ferez ce que je vous dis ! »

Et sur ce, elle sortit de la chambre, furieuse en essayant d'étouffer des envies de meurtre.

Non mais quel ingrat ! Pour la reconnaissance, tu peux repasser… Franchement, à quoi tu t'attendais ? Il est toujours le même personnage infâme, sinon pire ! Vas donc aider ton prochain… Ah ! si j'avais su…

Mais Hermione savait au fond d'elle-même qu'elle avait fait ce qu'il fallait et que sa conscience ne lui aurait pas pardonné de le laisser mourir. Après tout, elle s'en moquait qu'il ne la remercie pas. Elle pouvait comprendre que sa vie ne devait pas être enviable. Il suffisait de regarder cette cuisine sinistre et cette maison triste pour s'en convaincre.

Hermione tenta de reprendre son calme. Et bien, ça promettait ! En l'espace d'à peine cinq minutes, il avait réussi à lui faire perdre son sang froid… Mais c'était un mal pour un bien. Rogue allait devoir se faire à l'idée qu'ils n'étaient plus à Poudlard, qu'elle était adulte et qu'elle ne se laisserait pas piétiner comme un paillasson.

Pendant ce temps là, dans son lit, l'intéressé l'avait regardé quitter la pièce comme une tornade. Elle n'avait pas changé : toujours la même furie en train de se battre pour des causes perdues, en l'occurrence, la sienne. La perspective de devoir affronter la jeune sorcière à ce sujet le réchauffait singulièrement. Si elle avait fait cette démonstration de caractère pour lui faire retrouver la gnaque, elle avait pleinement réussi. Présentement, malgré sa fatigue, il avait envie de lui voler dans les plumes.

L'ombre d'un sourire se dessina sur ses lèvres. Les heures à venir pourraient se révéler intéressantes...

A suivre…