Bonjour à tous ! Désolée pour ce mois d'absence, j'étais dans la rédaction d'un mémoire de 200 pages qui m'a mangé du temps pour mettre en ligne ce nouveau chapitre. Mais je suis de retour ! Et je devrais pouvoir publier plus fréquemment maintenant. J'espère que ce nouveau chapitre vous plaira, j'y mets en place des choses importantes pour la suite.

Merci à tous les lecteurs qui continuent de suivre cette histoire et à bientôt !


Chapitre 37

Alors que les adolescents et M. Nishijima quittaient le bureau du quatrième sous-sol, Sakae demeura face à son père, Koushiro près d'elle. Le directeur contempla les deux adolescents et murmura :

– Merci de m'avoir écouté. Je sais que ce n'était pas facile pour vous deux. J'imagine que tu m'en veux toujours autant, Sakae ?

La jeune fille cilla et des larmes perlèrent à ses yeux. D'une voix émue, elle s'adressa à son père et le tutoya pour la première fois :

– Comment peux-tu penser une chose pareille ? Je ne peux plus t'en vouloir après ce que tu viens de raconter. Je n'aurais jamais dû te juger sans savoir. Pardonne-moi ... papa.

Elle dévisagea son père, puis, fit un pas vers lui et l'entoura de ses bras. Le directeur de l'agence tressaillit devant ce geste d'affection inattendu. Puis, un frémissement de bonheur parcourut tout son corps : il enlaça à son tour sa fille de ses bras, pour la première fois depuis quinze ans. Koushiro les contempla avec un sourire tendre. Le directeur releva alors la tête vers le jeune homme :

– Et toi, Koushiro me pardonnes-tu de ne pas avoir respecté la promesse que j'avais faite à ton père ?

– Je sais maintenant que vous l'avez fait dans l'unique but de me protéger. Il n'y a rien à pardonner, vous avez fait ce que vous croyiez être le mieux pour moi. Et mes parents adoptifs m'ont rendu heureux.

– Alors, tu veux bien que nous travaillions ensemble sur les notes de ton père ?

– Avec grand plaisir. Je suis très curieux de voir comment mon père écrivait.

M. Tagaya dévisagea l'adolescent.

– Tu lui ressembles tellement, Koushiro. Tu es son portrait craché. J'ai pu observer les programmes que tu as lancé dans le digimonde et je peux dire que tu aussi doué, voire plus, qu'Omura ne l'était en informatique.

Koushiro rougit du compliment. Sakae se détacha alors de son père et demanda :

– Est-ce que je peux rester avec vous ?

– Bien-sûr. Mais il va bientôt être l'heure du déjeuner. Voulez-vous que nous allions nous chercher quelque chose à grignoter avant de nous mettre à l'œuvre ?

– Très bonne idée ! On va te chercher ce qu'il faut avec Koushiro, dit Sakae.

– D'accord, je vous attends ici.

Les adolescents sortirent du bureau. Sakae s'arrêta dans le couloir et souffla :

– C'est incroyable ... Je n'arrive pas à croire qu'hier je haïssais mon père, et qu'aujourd'hui … je l'ai serré dans mes bras.

– Oui, le récit de ton père et de M. Mochizuki était … bouleversant, murmura Koushiro. Même si mon père est mort pour une guerre qui a cessé quelques mois après son décès, j'admire son intégrité. Il était prêt à tout pour protéger le monde digital.

– Et nous allons continuer ce qu'il avait commencé, renchérit Sakae. Koushiro …

– Oui ?

– Je voulais te dire … merci, de tout le soutien que tu m'as apporté. Je me sens mieux, maintenant. Libérée.

– De rien. Moi aussi, je me sens mieux.

Les adolescents se sourirent, puis se dirigèrent ensemble vers l'ascenseur.

:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Quand Koushiro et Sakae redescendirent au sous-sol -4, ils étaient accompagnés de deux petites créatures. À leur vue, M. Tagaya sursauta. Les adolescents sourirent et Sakae déclara :

– Nous nous sommes beaucoup parlé, mais finalement, tu ne connais toujours pas nos partenaires digimons alors qu'ils sont nos amis les plus fidèles. On s'est donc dit avec Koushiro que c'était le moment de te les présenter : papa, voici Ryudamon et Tentomon.

Les deux digimons s'avancèrent, Ryudamon en marchant, Tentomon en volant. M. Tagaya les observa, à la fois surpris et ravi de rencontrer les partenaires de sa fille et de celui qui aurait pu être son fils adoptif.

– Je suis enchanté de faire votre connaissance, se réjouit-il en inclinant la tête.

– Moi, je suis très content de rencontrer le papa de Sakae, s'exclama Ryudamon.

– Et moi, de rencontrer le directeur de l'Agence Administrative Établie, déclara Tentomon. Êtes-vous aussi savant que Koushiro, monsieur ?

– Ah, ah ! rit M. Tagaya. Koushiro ressemble beaucoup à son père, et je crois que son savoir surpasse déjà le mien malgré mes quarante-quatre ans !

– Pourtant, vous nous avez bien aidés en ouvrant ce portail pour nous permettre de rejoindre le continent WWW.

– C'est vrai, mais c'est vous, Ryudamon et Tentomon, qui avez protégé pendant tout ce temps Sakae et Koushiro. Je vous en remercie du fond du cœur.

– Je ferai n'importe quoi pour Sakae ! assura Ryudamon.

– Voulez-vous vous joindre à nous pour déjeuner ? demanda le directeur.

– Avec plaisir, monsieur ! accepta Tentomon.

Ils s'installèrent donc tous les cinq pour un déjeuner frugal dans le bureau de M. Tagaya. Après cette collation, le directeur alla chercher le journal d'Omura afin de se mettre au travail. Quand il le posa devant les adolescents, Koushiro fut surpris : le journal de son père n'était qu'un simple cahier relié par une spirale en métal. Il passa une main sur la couverture. Ce simple carnet renfermait des années d'études sur le monde digital.

– Ouvre-le, Koushiro, lui souffla Tentomon.

Koushiro s'exécuta. Il souleva la page de garde, puis fit tourner les feuillets : ils étaient tous couverts d'équation, accompagnées d'un texte explicatif, de réflexions et de schémas. En haut de chaque feuillet figurait les différentes dates de rédaction du journal. Son père avait écrit presque tous les jours : 2 février 1987, 3 février, 4 février … 16 mars 1988, 22 mars, 28 mars … 9 janvier 1989, 8 avril, 10 avril, 11 avril, 22 avril … 31 août 1989 … La dernière date était le 15 septembre 1989. Trois jours avant l'accident de voiture. Le cœur du jeune homme se serra. Il revint en arrière et observa l'écriture de son père : les kanji étaient fins, resserrés, incisés dans le papier. Pourtant, Koushiro devina aussi à certains endroits de l'enthousiasme, de la fébrilité. Les traits des idéogrammes devenaient plus allongés, tracés d'un geste leste et précipité … ils avaient été écrits dans l'effervescence d'une découverte. Ce simple journal lui disait tant de choses sur son véritable père. L'adolescent sentit son cœur se remplir de joie. Le directeur de l'agence s'était aperçu de son émotion et le laissa la savourer pendant quelques minutes.

– C'est incroyable, dit Koushiro, tout ce que mon père savait déjà sur le digimonde … il avait déjà compris sa géographie, le cycle de vie des digimons … regardez ça : il écrit que « les digimons sont la preuve que le monde digital a été créé par une technologie supérieure à la nôtre. Ces créatures ne meurent jamais vraiment les données qui les composent renaissent sous la forme de « digi-œuf. » »

– À l'exception des digimons morts dans le monde réel, remarqua Sakae.

– Oui, mais mon père ne pouvait pas le savoir, dit Koushiro. Aucun digimon n'avait surgi dans le monde réel de son vivant.

– Mais il possédait déjà beaucoup d'informations sur nous ! s'exclama Tentomon, impressionné.

– Koushiro, va à la date 18 juillet 1989, lui intima M. Tagaya.

Koushiro obéit et trouva bientôt la page correspondante. Omura avait donné un titre à cette page, qu'il avait souligné : Origine du monde digital ? En dessous, on pouvait lire, d'une écriture ronde, rapide et fiévreuse :

« Le monde digital n'a pas pu être créé par notre civilisation. Par qui, alors ? Des extraterrestres ? Cette hypothèse me paraît aussi extravagante qu'à mes amis Tagaya et Mochizuki. Pourtant, comment sortir de l'impasse ? Les digimons représentent une forme de vie artificielle qui dépasse tout ce que les informaticiens actuels pourraient créer. Moi-même, je ne suis pas sûr de pouvoir parvenir à une création pareille. Je suis persuadé qu'il existe un système d'archive de l'histoire de ce monde à l'intérieur même du monde digital, une sorte d'historique géant. Il me serait utile pour répondre à mes interrogations et poursuivre plus avant mes recherches. Le problème, c'est que je ne parviens pas à le localiser dans le digimonde pour le consulter. Hier, j'étais sur le point de le trouver, mais au moment où je m'apprêtais à entrer dans l'application, elle s'est brutalement interrompue. J'ai cru à un plantage de mon ordinateur, mais quand j'ai voulu de nouveau retrouver cet historique, ce matin, il avait disparu de l'application où je l'avais déniché. À croire qu'il s'agit d'un programme mobile … »

Au-dessous de ce paragraphe de réflexion étaient alignées des séries d'équations qui semblaient sans lien entre elles. Sakae fronça les sourcils et se tourna vers son père :

– Tu crois que c'est ça que cherchent les Sept Seigneurs démoniaques ? Une sorte d'historique du monde digital ?

– Cela me paraît plausible, d'autant qu'Omura décrit cet historique comme un programme mobile, mouvant … or, nous savons par Hackmon que ce que cherchent les Sept Seigneurs Démoniaques ne reste jamais longtemps à la même place.

– Mais pourquoi chercheraient-ils l'historique du monde digital ? demanda Ryudamon.

– C'est une bonne question, dit Koushiro.

– En tout cas, connaître le contenu de cet historique nous apporterait sans doute beaucoup de clés de compréhension du monde digital et d'Yggdrasil, fit remarquer Tentomon.

– Mon père semble avoir sué sang et eau pour trouver le programme qui lui donnerait accès à cet historique … il y a des pages et des pages d'équations, releva Koushiro.

– Nous les avons observées avec M. Mochizuki, dit M. Tagaya, mais aucune de celles que nous avons testées ne nous a permis de trouver l'historique en question.

– Vous les avez toutes essayées ?

– Non, pas toutes. De plus, nous ignorons s'il faut prendre ces équations séparément ou tenter de les assembler pour former un programme … Là-dessus, Omura n'a fourni aucune indication.

– Il faut chercher, faire des essais, déclara Koushiro en feuilletant les pages. Cela risque de prendre un certain temps, mais je m'y mets tout de suite.

L'adolescent ouvrit son ordinateur portable et mit en route plusieurs programmes. Tentomon se posa sur le bureau pour le regarder, tandis que M. Tagaya tirait une chaise pour s'asseoir. Le directeur observa les doigts de Koushiro courir sur le clavier pour essayer d'assembler les équations d'Omura. Ses yeux se mirent à briller. En contemplant Koushiro, il avait l'impression de revoir Omura quand ils n'étaient encore que des étudiants à l'université.

Sakae, debout derrière Koushiro, regardait les équations informatiques s'afficher sur l'écran avec perplexité. Elle ne comprenait pas grand-chose à tout ça. Mais Koushiro semblait au contraire parfaitement dans son élément. Il pianotait sur son clavier comme un virtuose de piano joue une nocturne de Chopin. Quant à son père, il semblait littéralement fasciné par les capacités du jeune homme. Sakae sortit de son col le symbole qu'elle gardait contre son cœur et le contempla : la créativité. Qu'elle sache dessiner ou créer un vitrail n'était pas d'un grand secours dans le monde digital. Les connaissances de Koushiro en informatique semblaient bien plus utiles pour lutter contre Yggdrasil. Elle soupira et se pencha vers Ryudamon :

– Laissons-les travailler pour le moment. Viens, allons prendre un café ou un chocolat.

:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Quand Sakae arriva à la machine à café, elle y trouva Meiko.

– Meiko ! s'exclama-t-elle, surprise. Je croyais que tu étais rentrée à la maison …

– En fait, expliqua la jeune fille, nous avons décidé de rester ici avec les autres, au cas où vous découvriez quelque chose d'important.

– Alors … les autres sont toujours dans la salle des sofas ?

– Toujours, oui. Même si Mimi a commencé à se plaindre qu'elle voudrait se doucher.

– C'est gentil d'être restés.

– Mais pourquoi n'es-tu pas avec Koushiro et ton père ?

– Ils travaillent tous les deux sur le journal d'Omura, et moi, je n'y comprends pas grand-chose. Tout ce que je sais, c'est que les Seigneurs démoniaques cherchent potentiellement une sorte d'historique du monde digital …

– Une sorte d'historique ? Tu veux dire, quelque chose qui raconterait l'histoire du digimonde ?

– C'est ça.

– Je suis contente que tu te sois réconciliée avec ton père. Tu as meilleure mine qu'hier.

– Tu m'as aidée à aller mieux. Je voulais t'en remercier, car je sais que je n'ai pas été très agréable avec toi et tu ne le méritais pas.

– C'est déjà oublié. Dis, Sakae …

– Oui ?

– Quand toute cette histoire sera terminée, est-ce que … tu continueras de vivre avec papa … je veux dire, avec M. Mochizuki, ma mère et moi ? Ou … est-ce que tu partiras vivre avec ton vrai père ?

Sakae contempla sa sœur avec un pincement au cœur. Elle lui sourit avec douceur :

– Je n'en sais rien encore. Mais quoi qu'il arrive, je te promets que nous continuerons à nous voir souvent. Tu resteras toujours ma sœur, dit-elle en la prenant dans ses bras. Je ne pensais pas un mot de ce que j'ai dit hier.

Meiko tressauta en sentant Sakae l'enlacer, puis, elle sourit à son tour et l'entoura elle aussi de ses bras. Sakae serait toujours sa petite sœur.

Les deux jeunes filles se rendirent dans la salle des sofas. Elles trouvèrent leurs amis en pleine discussion sur tout ce qu'ils avaient appris de la bouche de M. Tagaya et de M. Mochizuki. Sakae les informa des recherches que Koushiro et M. Tagaya étaient en train de mener sur le mystérieux « historique » du monde digital. À ces mots, Hikari tressaillit. D'une petite voix, elle demanda :

– Sakae … est-ce que dans cet historique, il pourrait y avoir des informations sur le lieu où je me rends en rêve et dans lequel j'ai vu Meicoomon ?

Cette fois, ce fut au tour de Meiko de sentir son cœur s'accélérer. Sakae posa une main sur son menton, pensive :

– Je ne sais pas … mais cela vaut le coup de demander à mon père et à Koushiro.

– Moi, déclara M. Nishijima, je me demande si cet historique pourrait contenir la raison pour laquelle nous avons été choisis en tant qu'Enfants Élus …

– Et moi, je me demande si nous pourrions en apprendre davantage sur Homeostasis, souligna Sora.

– Ou sur Yggdrasil, ajouta Yamato.

– Ça ne sert à rien de faire des suppositions tant que Koushiro et le directeur n'ont pas trouvé l'emplacement de l'historique, décréta Taichi.

– C'est vrai, il ne faut pas trop nous avancer, les tempéra Joe.

– D'autant que le journal d'Omura contient plusieurs pages d'équations, cela va prendre du temps, les avertit Sakae.

Les Enfants Élus échangèrent un regard et soupirèrent. Ils allaient devoir se montrer patients.

:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

La journée se passa dans l'attente. Joe, Mimi, Takeru et Meiko jouèrent aux devinettes avec les digimons pour se distraire. Peu à peu, le jour déclina, le parquet de la salle des sofas se para de teintes mordorées, les ombres s'allongèrent. Finalement, le soleil disparut en laissant derrière lui un ciel en feu sur lequel se détachaient les tours sombres de Tokyo. Le couchant gonfla les nuages d'auréoles lie-de-vin. Puis la nuit éteignit l'incendie du ciel en l'enduisant de son encre bleu roi. Les Enfants Élus se préparèrent à dormir une seconde fois à l'Agence Administrative. Yamato, Taichi, Meiko et Hikari se proposèrent pour aller chercher le dîner pour tout le monde. Ils avaient reçu l'autorisation de sortir de l'Agence. Ils allèrent donc acheter des pizzas à emporter. Ils les partagèrent de retour à l'Agence avec leurs amis. Alors qu'ils finissaient leur repas, Sakae prit l'une des boîtes dans laquelle il restait deux parts.

– Koushiro et mon père n'ont rien mangé, je descends leur apporter quelque chose.

– Je viens avec toi, lui dit alors Hikari. Je voudrais demander à ton père son avis à propos de mes rêves.

– D'accord.

– Moi aussi, je viens avec vous, ajouta Meiko.

Les trois jeunes filles, suivies de Ryudamon et de Tailmon, trouvèrent rapidement M. Mochizuki pour qu'il leur permette de prendre l'ascenseur jusqu'au sous-sol secret. Sakae eut la sensation que son père et Koushiro n'avaient pas bougé d'un pouce.

– Alors ? demanda-t-elle en s'approchant d'eux.

– Nous avons essayé des dizaines d'équations, combinées entre elles de différentes manières, déclara M. Tagaya, et toujours rien.

– Alors, c'est sans espoir ? demanda M. Mochizuki.

– Pas du tout, il faut simplement s'y prendre différemment, dit Koushiro fermement.

– En attendant de trouver la solution, vous devez manger, décréta Sakae. Je vous ai apporté de la pizza.

L'adolescent et le directeur la remercièrent. Ils s'aperçurent alors de la présence d'Hikari et de Meiko.

– M. Tagaya, dit Hikari en s'avançant alors vers le directeur. Je suis Hikari Yagami, la sœur de Taichi. Avec mon amie Meiko, nous voudrions vous parler de rêves étranges que j'ai faits et qui ont peut-être un lien avec le digimonde.

La jeune lui rapporta le monde éclatant de blancheur dans lequel elle se transportait en songe. Puis, elle parla de l'image de Meicoomon qui lui était apparue à deux reprises grâce à des souvenirs. M. Mochizuki écouta lui aussi attentivement son récit et il parut aussi troublé que M. Tagaya. Le directeur mit une main sur son menton et réfléchit quelques minutes. Finalement, il dit :

– Je suis désolé, mais avec les connaissances dont je suis en possession sur le monde digital actuellement, je ne suis pas capable d'expliquer ton rêve, ni de dire ce qu'est réellement monde. Mais peut-être l'historique du monde digital nous en apprendra plus si nous parvenons à le trouver.

– Oui, je comprends, acquiesça Hikari.

Elle baissa la tête, un peu déçue.

– Il est tard, dit M. Tagaya. Vous devriez aller vous reposer, suggéra-t-il à Meiko, Hikari et Sakae. Koushiro et moi allons continuer à travailler.

– D'accord, acquiesça Sakae.

:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

La nuit passa. Au matin, Sakae fut la première réveillée. Elle avait dormi avec ses amis dans la salle des sofas. Sans bruit, pour ne pas réveiller Ryudamon, elle sortit de la pièce. Elle alla jusqu'au bureau de M. Mochizuki : là, elle repéra le badge qu'il avait déposé sur son bureau avant de s'endormir sur son fauteuil. Elle s'en saisit discrètement et alla prendre l'ascenseur. Dans le bureau du sous-sol, elle ne vit pas son père. Seul Koushiro s'y trouvait, affalé sur son clavier. Il avait dû travailler jusqu'à ce que le sommeil ait raison de lui. Sakae s'approcha de lui et l'observa.

Ses paupières closes s'agitaient de temps à autre, son dos se soulevait au rythme d'une respiration régulière. Des mèches rousses tombaient sur son front et ses tempes, et un souffle sifflant s'échappait de ses lèvres légèrement entrouvertes. Sakae cligna des yeux : le sommeil apaisait les traits de Koushiro. Il paraissait rarement aussi serein éveillé. Lentement, elle sortit une feuille blanche d'une imprimante à proximité et saisit un crayon à papier. Elle s'appuya sur la table, près du jeune homme, et commença à faire son portrait. Le contour de son visage, la courbe de ses yeux, les mèches rousses … Soudain, Koushiro bougea, puis se réveilla lentement. Sakae cacha prestement le dessin. L'adolescent se redressa et la dévisagea.

– Sakae ? fit-il, étonné. Tu es là depuis longtemps ?

– Non, je viens d'arriver. Du nouveau ?

– Je ne sais pas, l'ordinateur a travaillé toute la nuit.

Il remarqua soudain la feuille qui dépassait du dos de Sakae.

– Qu'est-ce que c'est ?

– Ri … rien, balbutia-t-elle.

Ses mains tremblaient et la feuille lui échappa. Elle voleta jusqu'au sol où elle se posa souplement et Koushiro découvrit l'esquisse qu'elle avait ébauché de lui. Il sentit ses joues rosir.

– Tu … tu m'as dessiné en train de dormir ?

– Ne te fâche pas !

– Mais c'est très gênant !

– Pourquoi ?

– Parce que … parce que c'est gênant, voilà tout !

– Pourtant, je … je te trouve beau quand tu dors.

En prononçant ces mots, Sakae se sentit rougir à son tour : elle en avait trop dit. Koushiro écarquilla les yeux, ses joues s'enflammèrent plus encore. Il n'osa plus la regarder. Ils demeurèrent ainsi pendant plusieurs minutes en silence, mal à l'aise. Finalement, Koushiro balbutia timidement :

– Merci.

Sakae reporta son regard sur le jeune homme. Koushiro n'était pas seulement beau lorsqu'il dormait. En cet instant, elle le trouvait adorable et terriblement attrayant, paralysé par la timidité. Elle hésita, puis se pencha vers lui et déposa un baiser délicat sur sa joue. Koushiro sursauta, manqua de tomber de sa chaise. Il se rattrapa in-extremis, puis releva la tête et dévisagea Sakae, bouche bée. Elle lui souriait avec candeur. Son cœur à lui battait la chamade. Au même moment, son ordinateur se mit à biper. Koushiro tourna la tête. Il avança sa chaise jusqu'au bureau et ouvrit le programme qui clignotait. Son regard s'illumina alors et il s'écria :

– Ça a marché ! J'ai localisé l'historique du monde digital !

Les deux adolescents réveillèrent rapidement M. Mochizuki et leurs amis. Sakae trouva son père qui était allé boire un café. Tous, digimons et humains, se rassemblèrent dans le bureau secret de M. Tagaya. Koushiro peinait à cacher son excitation.

– Alors ? demanda Tentomon.

– Je l'ai trouvé ! s'exclama Koushiro. En lisant et relisant le journal de mon père, j'ai compris que M. Tagaya et M. Mochizuki avaient coupé les séquences d'équations au mauvais endroit, et que certains chiffres ne faisaient pas partie du programme : c'était seulement des indications. J'ai donc commencé par ordonner toutes les informations, puis j'ai dû compiler les codes et créer un exécutable …

– C'est bien compliqué tout ça, observa Agumon.

– Bon, et donc, tu as réussi ? écourta Taichi.

– Oui ! L'historique du monde digital est localisé. Seulement, il ne s'agit pas que d'un simple programme, c'est un ensemble de données auxquelles je n'ai pas accès depuis ce bureau.

– Comment peut-on y avoir accès, dans ce cas ? l'interrogea Yamato.

– En nous rendant sur place, dans le digimonde. L'historique doit avoir une forme physique là-bas.

– Quelle forme physique ? demanda Meiko.

– Je ne sais pas … peut-être un livre. Dans ce cas, une fois dans le monde digital, nous pourrons nous en saisir.

– Avant que les Seigneurs démoniaques ne s'en emparent ! s'exclama Gabumon.

– Oui, mais il faut faire vite, car l'historique ne restera probablement à la même place que quelques heures.

– Dans ce cas, dépêchons-nous ! s'enthousiasma Sakae.

Koushiro se tourna vers le directeur de l'Agence :

– Pensez-vous que votre ordinateur associé aux D-3 de Takeru et d'Hikari puisse servir de portail pour retourner dans le monde digital ?

– Oui, sans problème.

M. Tagaya paramétra son ordinateur, puis se leva et dit :

– C'est prêt. Takeru, Hikari, à vous l'honneur.

Les deux adolescents sortirent leur D-3 qui avaient la capacité d'ouvrir un portail vers le digimonde depuis la Terre, à la différence des digivices traditionnels que possédaient leurs amis. Ils les pointèrent vers l'écran. Une lumière en émana, les enveloppa et les aspira à travers l'écran où ils disparurent, suivi de Tailmon et Patamon : le portail était ouvert. Un à un, les autres Enfants Élus et leurs digimons s'approchèrent de l'écran en dirigeant leur digivice pour être transportés dans le monde digital. Koushiro et Sakae allaient s'avancer, quand M. Tagaya les retint et les dévisagea l'un après l'autre.

– Merci, Koushiro, lui dit-il. Tu as su te montrer digne d'Omura. Ton père serait fier de toi.

– Merci, monsieur.

– Faîtes attention à vous.

– Promis, lui jura Sakae.

– Et vous, ajouta le directeur à l'intention de Tentomon et Ryudamon, veillez bien sur eux.

– Comptez sur nous ! acquiesça Ryudamon.

– Oui, ne vous en faîtes pas, le rassura Tentomon.

Koushiro et Sakae se tournèrent alors vers l'écran, levèrent leur digivice et disparurent à leur tour. La lumière enveloppa également Tentomon et Ryudamon. Seul demeura M. Nishijima qui adressa un regard interrogateur à M. Mochizuki et M. Tagaya.

– Allez avec eux, agent Nishijima, lui dit M. Mochizuki. Vous avez déjà aidé ces enfants à maintes reprises, ils apprécieront votre soutien. Et, qui sait, peut-être allez-vous découvrir pourquoi vous et vos amis aviez été choisis ?

M. Nishijima dévisagea les deux hommes, puis hocha la tête. Il sortit à son tour son digivice, déterminé. La lumière l'entoura et quelques secondes plus tard, M. Tagaya et M. Mochizuki étaient à nouveau seuls dans le bureau secret du quatrième sous-sol.

:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Les Enfants Élus avaient atterri sur un vaste plateau qui se terminait en une falaise abrupte, depuis laquelle ils dominaient une grande forêt. Au-delà de cette forêt, à plusieurs kilomètres, ils distinguèrent les rives de la mer. Sous un ciel chargé de nuages noirs, un air frais et salé soufflait.

– Brrr, il fait un froid de canard, ici, murmura Patamon en se posant sur l'épaule de Takeru.

– Nous sommes au nord du continent WWW, expliqua Koushiro. Quand nous aurons trouvé l'historique du monde digital, il ne nous restera plus qu'à libérer Xuanwumon, qui est emprisonné sur une île qui doit se trouver au large de cette mer, que nous voyons au loin.

– Parfait, donc on récupère l'historique, et on se met en route pour libérer Xuanwumon ! s'exclama Taichi, énergiquement.

– Comme ça, on fera d'une pierre deux coups ! renchérit Joe.

– Pas si vite, les calma Sora. Il faut d'abord trouver l'historique.

– Où est-il censé être, Koushiro ? demanda Yamato en se tournant vers lui.

– Eh bien, nous devrions être juste à côté. Mais il est possible qu'il soit protégé …

– Comment ça ? demanda Sakae.

– Peut-être est-il caché dans un espace parallèle, invisible à nos yeux … un peu comme le monde de Piximon, si vous vous en rappelez.

– En fait, tu veux dire que nous sommes juste à côté du lieu où il se trouve, mais que nous ne le voyons pas ? comprit Mimi.

– Oui, c'est ça.

– Alors, cherchons-le ! s'exclama Tailmon.

Tous déambulèrent sur le plateau en cherchant une entrée, un point de contact avec l'espace parallèle qui protégeait l'historique. Soudain, Hikari s'exclama :

– Je l'ai trouvé !

Tous la rejoignirent. La jeune fille regardait droit devant elle, comme si elle fixait quelque chose que les autres ne voyaient pas. Elle leva alors un bras, le tendit, et soudain … il disparut ! Les Enfants Élus la fixèrent, bouche bée. Elle fit un pas en avant, et son corps s'évanouit complètement.

– Hikari ! s'exclama Taichi.

– Tout va bien ! leur répondit la voix de l'adolescente. Je suis juste de l'autre côté de la barrière, venez !

Les Enfants Élus échangèrent un regard, puis s'exécutèrent. Ils passèrent tous à travers la délimitation invisible, et se retrouvèrent … dans un espace parallèle au plateau. À l'intérieur de cet étrange bulle, ils voyaient encore la falaise, mais ils savaient que quelqu'un de l'autre côté ne pouvait pas voir l'endroit où ils se trouvaient. Ils se retournèrent et observèrent alors le monde dans lequel ils venaient d'entrer.

Et demeurèrent bouche bée.

Un soleil cru tombait du ciel pour frapper le coin des toits de tuiles, les arêtes des maisons, les courbures des arcades. Les Enfants Élus clignèrent des yeux : ils se trouvaient face à une véritable ville. Sous la lumière éclatante régnait un silence absolu, presque irréel. Ils foulaient une étendue de pelouse qui paraissait n'avoir pas été tondue depuis bien longtemps une douce brise fit frémir les brins d'herbes. Çà et là, des fleurs multicolores se balançaient au gré du vent leur parfum printanier se mêlait à l'odeur chaleureuse du soleil. Dans la vasque d'une fontaine, tout près d'eux, résonnait le chant des gouttes quand elles ridaient la surface de l'eau. Aucun nuage n'encombrait l'azur du ciel la température de ce monde procurait une sensation de bien-être, d'apesanteur. Devant eux se dressait une imposante construction de pierre, composée de plusieurs dizaines d'arches qui se superposaient en longues lignes.

– C'est une muraille ? fit Mimi.

– Non, c'est un aqueduc, la corrigea Meiko.

Le dernier étage était en partie détruit : il manquait plusieurs blocs à l'appareil de pierre. Les Enfants Élus s'avancèrent et passèrent sous les arcades. Au-delà commençait la ville dont ils avaient aperçu les toits et les édifices. Les rues dans lesquelles ils s'engagèrent exhalaient une senteur d'humus, car une épaisse mousse les recouvrait. Le long de ces allées, ils découvrirent de nombreuses maisons en pierre ocre ou blanche, totalement envahies par la végétation. Aux balcons pendaient du lierre, des branchages et des fleurs, entre les joints s'infiltraient les racines. Le vent passait entre ces habitations en bruissant comme le murmure d'un temps oublié.

– C'est une ville abandonnée, souffla Takeru.

– C'est bizarre, nous n'avions jamais vu ça dans le monde digital, dit Yamato.

– C'est vrai, les villes que nous avons visitées étaient toujours habitées par des digimons, acquiesça Sora.

– Il règne une atmosphère étrange, ici, murmura Hikari, inquiète.

– Oui, acquiesça Tailmon. Cet endroit n'est pas le monde digital que nous connaissons.

Ils continuèrent d'avancer. Soudain, Sakae manqua de déraper sur le chemin en pente. Taichi la rattrapa in-extremis et l'aida à se redresser. Koushiro fronça les sourcils : en glissant, Sakae avait emporté sous son talon un morceau de la mousse qui couvrait la rue. Il s'accroupit et frotta encore davantage le sol : la chaussée était volontairement incurvée en son centre.

– Il y avait des égouts, ici, dit-il.

– Des égouts, dans le monde digital ? s'étonna Takeru.

– C'est comme si cette ville avait été bâtie pour être vraiment habitée par des hommes, réfléchit M. Nishijima.

Ils échangèrent un regard, perplexes, puis continuèrent d'avancer. Il ne restait aucune porte aux maisons. Sora s'approcha de l'une d'elle et entra. À l'intérieur, la nature avait repris ses droits et tout envahi. Néanmoins, figés par le temps, presque confondus avec la végétation, des objets subsistaient au sol. Elle se pencha et en ramassa un, qu'elle débarrassa de sa mousse : un objet en verre, en forme de goutte d'eau. Cela lui rappelait quelque chose, mais quoi ? Mimi entra derrière elle et s'exclama :

– On dirait une ampoule !

Koushiro pénétra à son tour dans la bâtisse et remarqua l'objet que Sora tenait dans sa main.

– Est-ce que je le peux voir ?

– Oui, tiens.

Il prit l'objet, le secoua, et remarqua un filament métallique à l'intérieur.

– C'est vraiment une ampoule, confirma-t-il.

– Hein ? répéta Mimi. Dans ce cas, il y avait un réseau électrique à l'intérieur de ce monde invisible ?

– Il semblerait.

– Venez voir ! les appela alors Hikari.

Elle était entrée dans une autre maison, plus grande, et elle tenait entre ses mains une feuille qui ressemblait à du papier. En se penchant vers elle, les autres découvrirent qu'il s'agissait d'une photographie. Leurs yeux s'écarquillèrent.

– C'est une photo d'êtres humains ! lâcha M. Nishijima, bouche bée.

– Avec des digimons, ajouta Sakae.

En effet, la photo représentait une famille. Un père, une mère, et trois enfants : deux garçons, une fille. Ils avaient la peau claire, des cheveux châtains ou bruns, des yeux tirés, mais des pupilles vertes ou bleues. Les vêtements qu'ils portaient ne ressemblaient en rien à la mode que connaissaient les adolescents. Des digimons posaient à leurs côtés : les Enfants Élus reconnurent un Gabumon, un Piyomon, un Hawkmon, un Patamon et un Ottamamon.

– Ces êtres humains sont étranges, dit Yamato. Ils ressemblent à des Japonais ... mais ils ont les yeux clairs, comme les Européens.

– Et ils portent des vêtements … très bizarres, ajouta Mimi.

– Vous croyez que ce sont les humains qui sont venus avant nous dans le monde digital, comme nous l'a dit Yggdrasil ? s'interrogea Sora, dubitative.

– En tout cas, souligna Takeru, ils posent avec des digimons. Est-ce que ce sont leurs partenaires, à votre avis ?

– Difficile à dire, dit Taichi. Mais ils semblent plutôt amis, ils sourient tous à la caméra.

Hikari retourna la photographie : tous se rendirent compte qu'il ne s'agissait pas de papier, mais plutôt d'une fine plaque irisée.

– Je me demande en quoi est faite cette image.

– Ce n'est pas du papier photo, déclara Sakae en l'observant. On dirait plutôt du métal … mais c'est un alliage qui m'est inconnu.

– Il y a quelque chose d'anormal dans ce monde parallèle, souffla Hikari, oppressée. C'est comme si nous étions sur Terre, mais qu'une catastrophe avait eu lieu …

– Pourtant, ici, tout est censé être le fruit d'un programme informatique, non ? demanda Joe.

– Normalement, oui, acquiesça Koushiro, qui semblait pourtant douter de ses propres paroles.

Ils émergèrent soudain du dédale de rues dans lequel ils s'étaient aventurés et se retrouvèrent sur une vaste place. Leurs yeux s'agrandirent alors de stupeur.

Devant eux se dressait une gigantesque pyramide à base rectangulaire, qui mesurait au moins soixante-dix mètres de longueur et vingt mètres de hauteur. Elle avait été construite en terrasses qui s'étageaient sur cinq niveaux jusqu'au sommet du monument. Des escaliers latéraux, collés aux parois, permettaient de monter en haut de l'édifice où l'on distinguait un petit temple. La forme générale de la pyramide évoquait une ziggurat mésopotamienne. La végétation, comme partout ailleurs, avait envahi ses quatre faces. Néanmoins, on pouvait encore accéder aux escaliers.

– Vous croyiez que l'historique du digimonde est là-dedans ? souffla Mimi.

– C'est sans doute le meilleur endroit de la ville où le conserver, acquiesça Taichi. Allons voir.

Ils se dirigèrent vers un escalier et le gravirent, en prenant garde à ne pas glisser sur la mousse qui le recouvrait. Parvenus au sommet, légèrement essoufflés, ils écartèrent les branchages qui pendaient le long de l'entrée du temple et pénétrèrent à l'intérieur. Ils se retrouvèrent dans une salle sombre et verdâtre, couverte de mousse et de lianes. Joe s'approcha d'une paroi, et lorsqu'il parla, l'écho se répercuta autour de lui :

– Je crois qu'il y a des symboles digimons écrits là-dessous. Mais il faudrait dégager les murs pour en être certains.

– Pas de soucis, on va s'en charger ! s'exclama Agumon. Dinoflamme !

Une boule de feu jaillit de sa gueule et brûla les lianes qui couvraient les parois. Gabumon, Tentomon, Ryudamon, Piyomon et Patamon joignirent leur attaque à la sienne :

– Dinoflamme bleue ! dit Gabumon.

– Décharge électrique ! s'exclama Tentomon.

– Katana attack ! lança Ryudamon tandis qu'un sabre jaillissait de sa gueule.

– Spiro-tornade ! visa Piyomon.

– Bulle tonnerre ! lâcha Patamon.

De leur côté, Tailmon et Gomamon sortirent leurs griffes pour lacérer les branchages. Palmon, de son côté, tendit ses propres lianes pour arracher celles des murs. En quelques minutes, l'intérieur du temple fut débarrassé de son envahissante végétation. Joe avait raison : il y avait bien des symboles digimons écrits sur les murs. Koushiro s'en approcha et déclara :

– Je vais essayer de vous faire une traduction, mais ça va me prendre un peu de temps.

À ce moment précis, un grondement retentit à l'extérieur. Tous les Enfants Élus échangèrent un regard, inquiets, et coururent hors du temple. De là, ils dominaient toute la ville et même les limites de la bulle virtuelle, au-delà de laquelle s'étendait le plateau du monde digital par lequel ils étaient arrivés. C'est justement vers ce plateau que se dirigea leur regard : derrière la paroi invisible se tenaient les Sept Seigneurs démoniaques. Ils lançaient de toutes leurs forces leurs attaques les plus puissantes contre la barrière. Le cœur des Enfants Élus s'accéléra.

– Ils ont trouvé la bulle ! s'écria Sora, effrayée.

– Il faut qu'on déniche l'historique avant eux ! s'affola Joe.

– Il faut surtout les repousser ! s'exclama Taichi.

– Attendez ! s'exclama Takeru. Pourquoi n'entrent-ils pas directement dans le monde parallèle comme nous l'avons fait ?

Tous les Enfants Élus se retournèrent : effectivement, aucun des Seigneurs Démoniaques ne semblaient pouvoir passer au travers de la bulle virtuelle. C'était d'ailleurs pour cela qu'ils se déchaînaient contre la barrière qui leur résistait.

– Celui qui a créé ce monde sélectionne ceux qui peuvent y entrer, comprit M. Nishijima.

– Mais pourquoi sommes-nous passés, et pas eux ? demanda Yamato. Est-ce que celui qui a créé ce monde est de notre côté ?

– Aucune idée, répondit Taichi, mais cela nous donne un avantage : le temps ! Il faut absolument que nous trouvions l'historique du monde digital et que nous nous enfuyions d'ici avant que les Seigneurs démoniaques ne brisent cette barrière. Car s'ils ne peuvent pas entrer ici naturellement, ils ne tarderont pas à y parvenir par la force.

Tous acquiescèrent. Ils devaient faire vite. Alors qu'ils s'apprêtaient à rentrer de nouveau dans le temple, Meiko s'écria :

– Regardez !

Elle pointait du doigt vers l'extérieur de la bulle : une petite silhouette était apparue devant les Seigneurs démoniaques, une silhouette humaine. M. Nishijima la reconnut immédiatement :

– C'est Hime !

La jeune femme passa devant les Seigneurs démoniaques et leur ordonna de cesser leur attaque. Elle avança alors vers la bulle virtuelle, tendit le bras … et passa au travers.

– Elle a réussi à entrer ! s'exclama Mimi, paniquée.

– Elle vient chercher l'historique pour le compte d'Yggdrasil, il ne faut surtout pas qu'elle s'en empare ! dit Koushiro.

– Vite, rentrez tous dans le temple ! leur lança Taichi.

Ils s'y précipitèrent. Pendant ce temps, Maki Himekawa traversa la ville en courant. Bientôt, elle déboucha sur la place de la pyramide et gravit son escalier à toute vitesse. Quand elle parvint au sommet, elle se retrouva face aux Enfants Élus. Elle fit un pas en avant, mais Taichi se plaça devant ses amis :

– Nous savons ce que vous voulez. Vous ne l'aurez pas, et vous ne le donnerez pas à Yggdrasil, déclara-t-il fermement.

– Écartez-vous, répondit-elle simplement.

Au même instant, le sol du temple se mit à trembler. Les joints des dalles qui se trouvaient sous leurs pieds brillèrent, les pierres qui revêtaient le sol devinrent instables. Brusquement, elles cédèrent sous leur poids : tous les Enfants Élus, digimons et Mlle Himekawa tombèrent alors dans un gouffre obscur.