LA BRAISE SOUS LA CENDRE

Disclaimer : voir prologue.

Chapitre 19 : Le temps des révélations

Severus Rogue et Hermione Granger se reposaient et discutaient au calme dans le salon de la jeune femme. La sorcière possédait un petit appartement simple et équipé « à la moldue », sur deux étages, situé dans le quartier calme et résidentiel de Westminster à Londres, pas loin de Sainte Mangouste où elle travaillait.

A peine arrivés, ils avaient lu la nouvelle dans le journal et comprit les raisons de ce qu'ils venaient de vivre. Lucius Malefoy s'était évadé grâce à des complicités extérieures, en même temps que se déroulaient les funérailles de Dumbledore. Le temps qu'on s'aperçoive de sa disparition, le sorcier renégat était déjà loin. Cela expliquait l'absence de Lupin, fit remarquer la jeune femme, rappelé d'urgence au Ministère le soir où Hermione était revenu à Poudlard…

Pensif et fatigué, Rogue tenait un verre de whisky à la main, bien qu'il ne se soit pas senti réellement l'envie de boire. Résigné à mourir vingt quatre heures plus tôt, sa vie venait à nouveau de basculer en l'espace de quelques heures passées avec la jeune femme qui peuplait ses souvenirs. Présentement, pour tout dire, il était troublé et partagé.

La Miss Granger dont il se rappelait n'était pas encore cette jeune femme courageuse et déterminée qu'elle était à présent, même si elle montrait déjà à l'époque des prédispositions singulières. Ce qui avait attiré obscurément le sorcier durant toutes ses années à Poudlard, jaillissait maintenant en pleine lumière devant ses yeux et l'éblouissait. Il était tout bonnement en train de retomber amoureux d'elle – si jamais il avait cessé de l'aimer ? - et cette fois, il savait qu'il ne s'en remettrait pas…

Cette idée l'effrayait, le paniquait même dans une certaine mesure. Pauvre comme Job, plus âgé qu'elle, malade, meurtri par un passé qui l'accablait et le rendait aigri, incapable d'utiliser la magie, d'être un sorcier et de s'affirmer comme un homme, qu'avait-il à lui offrir ?… Rien, lui soufflait une petite voix intérieure. Même en cherchant des arguments insensés, voire utopiques, il était persuadé qu'Hermione Granger ne pourrait jamais s'intéresser à lui. Les agissements de la médicomage à son égard n'étaient motivés que parce qu'il lui inspirait de la pitié.

De toute manière, ils étaient trop différents. Tout les séparait. Si seulement c'était elle qui lui était redevable, et non l'inverse. Par deux fois, elle lui avait sauvé la vie. Comment diable allait-il s'y prendre pour payer sa dette vis-à-vis d'elle ? Pour l'instant, il ne voyait pas la solution. Et puis il y avait un fait irréfutable : la jeune femme n'avait pas besoin de lui. C'était aussi simple que cela. Avec opiniâtreté, elle venait de démontrer brillamment qu'elle était capable de se défendre toute seule. Si Malefoy tentait de s'attaquer à elle, il trouverait à qui parler. Si jamais Lucius parvenait à… Il n'osa formuler cette pensée qui le glaça. Même si cela devait à nouveau lui briser le cœur, la meilleure solution était de partir tout de suite, de fuir loin d'elle et de disparaître encore pour éloigner le danger qui la menaçait. Mais ce ne serait pas facile.

Rogue grimaça comme il le faisait souvent, et ce tic facial n'échappa à Hermione, qui, ignorante de ses préoccupations actuelles, fit un rapide point sur leur situation :

« Demain matin, je me rendrai à Gringotts déposer les documents… Peut-être devrions-nous laisser des instructions s'il nous arrivait quelque chose à Canterbury ? »

« 'Nous' ? » demanda Rogue d'une voix sarcastique, en fronçant les sourcils.

« Je viens avec vous » dit fermement la sorcière. « Vous ne pensiez pas me laisser hors de cela tout de même ? »

Rogue secoua la tête, soudain alerte. « Il n'est pas question que vous veniez. C'est une affaire entre Malefoy et moi. »

« Malefoy est aussi mon problème... Dumbledore, Lupin et moi avons essayé de le faire enfermer à Azkaban… En vain… Si nous pouvons le coincer… »

« Je n'ai pas l'intention d'organiser sa capture, Miss Granger. Il s'agit de savoir ce qu'il manigance pour l'empêcher de nuire… Je vais au pub uniquement pour l'observer discrètement. »

« Et si c'est un piège ? Et s'il ne vient pas seul ? Et s'il vous voit ? Mon devoir est de vous accompagner… »

Rogue soupira. « Miss Granger, c'est trop dangereux… »

« Comment allez-vous vous y prendre s'il vous attaque en lançant des sortilèges ? »

La jeune femme n'avait pas tort sur ce point. Face à Malefoy, Rogue était impuissant. Le sorcier préféra de pas répondre. Hermione se sentit frustrée. Ou il ne savait pas quoi faire ; ou il ne voulait rien lui dire de ses intentions. La sorcière penchait plutôt pour la seconde solution.

« Vous pouvez toujours retourner dans la clandestinité et disparaître... » Rogue tressaillit, malgré lui, car la jeune femme venait clairement de lire dans ses pensées. « … Mais moi ? J'ai un travail, des amis, une vie dans ce monde… Et surtout, je ne veux plus vivre dans la peur, sous le joug d'un homme qui cherche à se venger de ses ennemis… Si Malefoy s'attaque à moi ou à mes amis, alors je veux mettre le maximum d'atouts dans mon jeu pour l'arrêter avant qu'il ne cherche à les tuer… »

« Je comprends ce que vous ressentez, mais vous devez me faire confiance. »

« Vous aussi… »

Il y eut un silence pesant où chacun mesura le chemin à parcourir. Un acte de foi, voilà ce qu'ils réclamaient l'un et l'autre, alors qu'ils se connaissaient à peine. Tout en le dévisageant, Hermione sut que cela passait d'abord et avant tout par le dialogue. Il était grand temps que Severus Rogue s'ouvre à elle.

« Vous m'aviez promis de tout me dire. C'est le moment, vous ne croyez pas ? »

Rogue avala nerveusement une gorgée d'alcool et évita le regard perspicace de la jeune médicomage. Il avait réussi plus tôt à éluder ses questions, mais cela ne servait plus à rien de retarder davantage des explications inévitables. Il fallait jouer cartes sur table même si l'idée lui déplaisait profondément.

« Que voulez-vous savoir ? » demanda Rogue d'un ton cassant.

« Tout. »

Le visage soudain fermé, le sorcier se leva et se mit à faire les cent pas dans le salon dont la température venait de chuter de quelques degrés en l'espace de quelques secondes. Automatiquement, il avait repris une attitude glaciale, distante et inamicale. Le changement fut si brutal qu'Hermione se mit à l'observer attentivement, inquiète de ce qui allait survenir.

« Il me faudrait des heures pour tout vous raconter » dit finalement Rogue d'un ton froid.

« Nous avons toute la soirée devant nous » dit calmement Hermione pour cacher le fait qu'elle était soudain nerveuse.

« Vous êtes comme les teignes, vous n'abandonnez jamais… »

Le propos fut dit sur un ton tellement désagréable qu'il sous-entendait une attaque personnelle destinée à être blessante. Hermione se força immédiatement au calme en s'apercevant que le comportement hostile du sorcier avait tendance à refaire surface quand il était sur la défensive et très tendu. Loin de vouloir se laisser entraîner dans une joute oratoire inutile et qu'elle savait perdue d'avance, la jeune femme décida qu'elle allait devoir faire preuve de tact et de compréhension... pour l'amadouer quelque peu.

Avec un petit sourire désarmant, Hermione dit doucement : « Je suis patiente et persévérante. Cela fait partie de mon charme... »

« Un charme dont on se passerait bien… » persifla t'il avec colère.

Immédiatement, le sorcier baissa la tête et se tut. Intérieurement, il se fustigeait d'être aussi dur envers elle, alors qu'elle ne méritait pas son courroux. Les bras croisés sur sa poitrine, il faisait visiblement de gros efforts pour se contenir. Pendant ce temps, Hermione ne laissa rien paraître et attendit. Rogue finit par aller se rasseoir et soupira. A présent, il était partagé entre l'irritation et la honte. Il but une nouvelle gorgée et eut un rictus. Par où commencer ? se demanda t'il. Tout est si compliqué... Hermione lut la question et l'indécision sur le visage fatigué du sorcier, puis doucement se pencha vers lui.

« Vous devriez commencer par le début. »

Rogue eut un rire bref, dénué de joie. « Toujours aussi pragmatique… Comment parler d'un sujet aussi vaste que celui de ma vie ? Je ne suis pas du genre bavard… Je ne l'ai jamais été. »

Il y eut un long silence alors qu'Hermione retenait son souffle. Le visage de Rogue devint grave et ses yeux prirent une expression lointaine, alors qu'il se souvenait. Il commença son récit d'une voix profonde.

« Vous ne savez pas ce que c'est d'être issu d'une famille au sang pur… La mienne l'était. Pour mon père surtout, c'était un honneur. Il était l'exemple type de fanatique ultra-conservateur que Voldemort affectionnait. Selon ses théories, nous représentions l'élite de la sorcellerie. Nous devions tenir notre rang… A tous prix… »

« … Quand j'étais jeune, il ne voulait m'envoyer qu'à Durmstrang, l'école des Sang-Purs... J'ai dû batailler pendant des jours avec lui pour le convaincre de me laisser aller à Poudlard quand ma lettre d'admission est arrivée. Il était furieux, mais il n'a accepté qu'à la condition que je me retrouve à Serpentard… »

« … Lors de la cérémonie de répartition, le Choixpeau magique a d'abord suggéré Gryffondor… » Hermione ouvrit de grands yeux. « … Surprenant, n'est-ce pas ? Pourtant, sur le coup, je peux vous assurer que je n'ai pas trouvé ça drôle… J'étais réellement terrifié. D'abord parce que mon père n'aurait jamais toléré une telle infamie et m'aurait mis à la porte en me reniant sur le champs. Ensuite et surtout, parce que je venais de prendre conscience de la possibilité que je sois brave, moi qui m'étais jusqu'alors toujours considéré comme un lâche… Vous comprendrez tout à l'heure où je veux en venir… »

Hermione retint ses questions et laissa Rogue poursuivre.

« L'attitude de mon père a été la cause de tous nos problèmes. Il a toujours cru que le fait d'être un Sang Pur l'exemptait de devoir travailler. Il considérait que la richesse et le rang lui revenaient de droit divin. 'Noble par nature' était son livre préféré. Naturellement, ce genre d'idées s'est transmise de générations en générations dans notre famille. A l'époque de mon père, les Rogue n'étaient plus qu'une sombre lignée, manquant d'éclat. Ainsi, plutôt que d'améliorer sa position en travaillant dur, il a misé toute la fortune familiale sur une affaire qui devait lui rapporter beaucoup de Gallions en peu de temps. Vous avez entendu parler de la faillite du Transilvania? » demanda Rogue.

« Je me rappelle vaguement quelque chose à ce sujet. Arthur Weasley a dû le mentionner une fois. Beaucoup de gens ont perdu des sommes colossales dans ce projet d'investissement. L'argent a disparu sans laisser de trace. »

« Notamment le nôtre. Mon père a tout perdu. Tout… Ma mère était issue d'une famille modeste de sang pur. L'attrait de son pedigree était trop fort pour mon père. Il aurait pu épouser l'argent d'une Sang Mixte qui était impatiente de se marier avec un vieux nom, mais il aurait vu ce geste comme une salissure dans notre noble lignée. Mon père ne voulait pas vivre pauvre parmi ses pairs. Trop fier, il n'aurait pas supporté que l'on montre du doigt ses échecs et que l'on rit de lui. Inutile de le dire, il se mit rapidement à blâmer le manque d'argent de ma mère pour la situation dans lequel il se trouvait. Excepté un petit revenu annuel et une maison en mauvais état dans le Londres des Moldus, nous n'avions plus rien... »

Rogue fit une pause et resta silencieux un instant, les yeux dans le vague. Puis il avala d'un trait le reste d'alcool. Hermione se leva et lui resservit un verre.

« … Ainsi, nous étions pauvres, mais mon père ne s'est jamais abaissé à travailler pour remédier à la situation. Ma mère a dû reprendre son travail de traductrice pour gagner le peu d'argent qu'il dépensait en buvant. Et quand il avait bu, c'était un vrai monstre. Ce qui s'était produit était la faute de tout le monde, mais jamais la sienne. Il s'en prenait à ma mère, lui en voulant d'être pauvre, et à moi... J'avais environ six ans à l'époque quand c'est arrivé… Comment diable dans son esprit, étais-je censé avoir causé la perte de la fortune des Rogue, je ne l'ai jamais su… »

« … Ces colères commençaient toujours de la même façon, par une sorte de litanie générale comme quoi le monde était injuste, qu'il avait permis qu'une noble famille de sorciers connaisse la déchéance et le malheur, que des sorciers d'origine moldue ne devraient pas avoir autant de privilèges… Puis les choses devenaient plus personnelles. Il s'en prenait à ma mère ou à moi. Alors, les coups commençaient à pleuvoir. Et il n'y avait rien que nous puissions faire pour éviter sa fureur. Nous étions à blâmer. Collectivement ou séparément… Il n'a jamais montré de favoritisme pour l'un ou pour l'autre, je dois le reconnaître. Il nous battait ou… » Il fit une pause.

« … Ou quoi? » demanda Hermione presque timidement, horrifiée par les terribles propos de son ancien professeur.

« … Il nous infligeait sa spécialité, son morceau de choix, si on peut dire. Quand il était ivre mort, il utilisait le Doloris sur nous..La plupart des sorciers deviennent incapable de faire de sérieux dommages avec les sorts quand ils sont très ivres, mais pas lui. Cela le rendait plus dangereux. Savez-vous combien de fois ai-je lu dans les yeux des gens cette question qu'on n'osait me poser à voix haute : commentavez-vous pu survivre tant d'années auprès de Voldemort ?

Interdite par ces révélations, Hermione secoua la tête.

« … Parce que j'ai commencé à résister aux Impardonnables quand j'avais sept ans… Mon père connaissait aussi d'autres sortilèges intéressants et d'autres malédictions cuisantes. Quand je suis arrivé à Poudlard, j'avais plus de connaissances en Magie Noire que la moitié des étudiants de septième année. Je me suis littéralement instruit en me tenant aux genoux de mon père, le plus souvent en sanglotant pour implorer sa pitié… »

Même après toutes ces années, les yeux de Rogue brûlaient d'une fureur et d'une haine à peine dissimulées. Le sorcier se leva et fit quelques pas pour se calmer. Hermione le regarda aller et venir, en essayant de contenir les émotions qui l'avaient l'envahit. Elle avait conscience qu'elle devait être l'une des rares personnes – la seconde après Dumbledore ? - à qui il se confiait et elle ne voulait pas briser la confiance ténue qu'il avait placée en elle. Elle le vit porter le verre à ses lèvres et le boire d'un trait. Sa main gantée tremblait, tellement il tâchait de se contrôler. Il se tourna finalement vers elle.

« Est-ce que je pourrais en avoir un autre ? » demanda t'il. « C'est une tâche épuisante que d'évoquer un passé aussi sordide que le mien. »

Hermione se leva en silence et leur versa à boire à tous deux. Elle ne buvait jamais une goutte d'alcool, mais là, elle en éprouvait le besoin.

« Où en étais-je ? » Il s'appuya contre le mur et réfléchit une seconde. « Ah oui !… La vie avec Père... La vie avec Demetrius Rogue… Avez-vous remarqué que les noms classiques sont traditionnels dans les familles de Sang-Pur ? C'est stupide. Dans la mienne, il semble que tous les mâles aient endossé les noms de tous les tyrans célèbres de l'histoire de Rome… Ma mère avaient d'ailleurs une théorie intéressante à ce sujet. C'est pourquoi en privé elle m'appelait autrement. Mon horrible patronyme prenait alors un sens héroïque quand elle l'évoquait… J'étais alors son petit Persée, mais je ne le méritais pas… Oh, mon dieu !… »

Sa voix se brisa. Rogue se prit la tête à deux mains et se laissa glisser lentement le long du mur. Alarmée, Hermione vint s'agenouiller en face de lui. Il semblait vidé de ses forces.

« Allez-y doucement… » dit la jeune sorcière avec inquiétude.

« Je l'entendais tard dans la nuit quand il frappait ma mère à l'aide de ses poings, quand il ne pouvait pas… Vous savez… A cause de la boisson… Et j'étais allongé dans le noir en voulant venir à son secours, mais j'étais trop effrayé… Espèce de sale lâche ! J'aurai pu l'aider ! »

Hermione fut frappée par la profondeur du dégoût qu'il éprouvait pour lui-même. Elle aurait aimé lui prendre la main, mais il était complètement hagard, perdu dans ses souvenirs, oubliant visiblement à qui il était en train de parler. Il but une gorgée et reprit :

« Je suis allé à Poudlard quand j'avais onze ans » continua Rogue. « Dans une vieille robe bien trop large pour moi et raccommodée de partout. Il semblait toujours y avoir assez d'argent pour l'alcool de mon père, mais jamais assez pour m'envoyer décemment à l'école. Comme j'avais besoin d'une nouvelle baguette magique, ma mère a mis en gage son collier de perles, son seul trésor, un héritage de son premier mariage… J'ai détesté l'école. Vraiment. Surtout les autres enfants. J'ai aimé les cours et l'enseignement. Mais le reste du temps, vivant dans une telle proximité avec les autres, dormant dans les dortoirs, je ne supportais pas. Enfant unique et solitaire, je ne pouvais pas faire face à mes camarades… Ironique, quand on pense que j'ai passé plus de trente ans là-bas... »

« Pourquoi avez-vous tellement détesté les autres enfants ? Il y avait sûrement quelques gamins avec qui il était possible de vous entendre ? » demanda Hermione.

« Il y avait deux raisons principales : James Potter et Sirius Black. Ils ont été les premiers élèves que j'ai rencontrés dans le Poudlard Express… » Rogue leva ironiquement son verre à leurs mémoires, preuve que le whisky commençait à agir sérieusement sur lui. « Paix à leurs âmes !… Ces deux branleurs ont fait de ma vie un enfer de la première année jusqu'à la septième… Ils ont presque réussi à me faire tuer à un moment, vous le saviez ? »

Hermione hocha la tête en se remémorant ses conversations avec Lupin. Transformé en loup-garou, Remus avait failli tuer Rogue et s'en voulait toujours de cet accident qui avait manqué de les faire renvoyer, lui et ses amis.

« Nous étions constamment en compétition dans tous les domaines… Tout semblait réussir à ces deux-là, alors qu'ils dépassaient tout le temps les bornes. Et c'était moi le vilain petit canard, le souffre-douleur de ces messieurs… Il n'y avait qu'une seule personne qui se comportait correctement avec moi. »

« Qui était-ce ? » demanda Hermione.

« Qu'importe ! Ca n'a plus d'importance. »

Hermione sentit que Rogue lui mentait. Elle planta fixement ses yeux dans les siens. Il y eut un long silence alors que Rogue lui retournait un regard légèrement trouble.

« D'accord, ne dites rien » dit Hermione d'un air exaspéré au bout d'une minute.

Rogue fut soudain honteux de ne pas être honnête avec elle et s'apprêta à boire une nouvelle gorgée d'alcool lorsqu'il se rendit compte que son verre était à nouveau vide. Il baissa la tête et prit une profonde inspiration.

« Très bien, mais que ceci reste entre nous » dit Rogue en relevant la tête. « C'était Lily Evans… Vous savez qui elle était et avec qui elle a fini… Je suppose que pour un œil extérieur, elle n'était qu'une fille généreuse, plutôt gentille et aimable envers un jeune adolescent, inadapté et infâme. C'était une sorte de croisade pour elle, toujours là pour l'opprimé de service. Mais il y avait bien plus derrière tout cela.. » Rogue aperçut le demi-sourire d'Hermione et l'arrêta d'un geste. « Et ce n'est pas ce que vous croyez… Lily était ma demi-sœur… »

« Quoi ! » s'écria Hermione.

« Ma mère s'était mariée par amour avec mon père après un veuvage. De son premier mariage, elle avait eu deux filles qui étaient restées à la charge de ma grand-mère maternelle et que je ne voyais jamais. Mon père ne voulait pas reconnaître Lily et Pétunia. Lily n'était paraît-il qu'un bébé qui pleurait constamment. Quand à Pétunia, l'aîné, on savait déjà à quatre ans qu'elle n'avait aucun pouvoir… Impensable pour une famille au Sang Pur… »

« Ma mère souffrait en silence de la séparation d'avec ses filles qu'elle voyait tout de même en cachette, et en même temps, elle était heureuse de les tenir éloignées de l'alcoolisme et de la violence de mon père. Ce n'est qu'à la mort de mon père que ma mère m'a révélé cet état de fait. Lily était au courant depuis qu'elle m'avait vu pour la première fois à Poudlard, mais même quand je l'ai su, nous n'avons jamais parlé de ce lien de parenté… »

Hermione se mit à réfléchir à toute vitesse. « Lorsque Mark Evans est entré à Poudlard, Harry a voulu savoir s'il s'agissait d'un cousin à lui. Il l'a interrogé mais Mark ne connaissait pas Lily. Je crois qu'Harry a ensuite demandé à sa tante Pétunia si elle avait entendu parler d'un lien quelconque, mais elle ne lui a rien dit. C'est vous qu'Harry recherchait, n'est-ce pas ?… Quelqu'un dont Sirius lui aurait parlé… »

« Black aurait su… ? » demanda le sorcier en fronçant les sourcils.

« Honnêtement, je ne sais pas… Seul Harry pourrait répondre à cette question. »

« S'il le pouvait… Seule Pétunia était au courant pour moi. Mais elle ne dira rien, vu qu'elle a renié sa famille de sorcier. Voyez-vous, c'est une Cracmole. Elle déteste tout ce qui est magique et devait me considérer comme le diable en personne de mon vivant… »

Hermione le considéra un instant et ouvrit de grands yeux en réalisant une chose. « Vous êtes l'oncle d'Harry ! Et vous le saviez depuis le début ! »

« Bien vu, Miss Granger » dit doucement Rogue en fermant les yeux. « Pour des raisons évidentes de sécurité, je ne pouvais rien dire à Potter. »

« Mais quand vous avez combattu ensemble avant la chute de Voldemort, vous pouviez le lui dire ! »

« Nous n'avions rien à nous dire, lui et moi. De plus, j'imagine que Black lui a tout raconté sur son père et sa mère… Quant à moi, mes relations avec ma famille ont toujours été… difficiles et singulières... Savez-vous que ma mère avait un sens de l'humour particulier ? Elle m'appelait Perseus Evans. Or, c'est exactement l'anagramme de mon nom… (1) »

« Où se trouve votre mère ? Est-elle encore vivante ? » demanda la jeune femme.

Rogue se raidit à ces paroles et ouvrit les yeux. « Ma mère a tué mon père il y a plus de vingt ans, Miss Granger... Vous ne croyez pas qu'elle se promène dans notre monde en toute liberté ? Recherchée par les Aurors, elle vit cachée chez les Moldus depuis cette époque… Et pour sa sécurité, vous n'en saurez pas plus sur elle. »

« Je ne dirai rien. Vous pouvez me faire confiance. »

« Je l'espère pour vous » dit-il lentement. « Si jamais j'apprends que vous êtes allée voir votre ami Potter pour lui raconter ce que vous venez d'apprendre... »

Il ne termina pas sa phrase, mais la menace était implicite. Hermione le considéra en silence, en soutenant son regard noir. Il se contenta de lui tendre son verre et elle comprit qu'elle devait le lui remplir à nouveau. Ce qu'elle fit. Ils restèrent silencieux un moment et ce fut Hermione qui reprit la discussion.

« Comment êtes-vous devenu un Mangemort ? »

« Juste après la mort de mon père, alors que ma mère était en fuite, j'ai commencé à fréquenter un groupe de Serpentards... Dites-moi ce qu'évoquent ces noms pour vous, Miss Granger… Wilkes, McNair, les frères Lestrange, la somptueuse Bellatrix Black ? »

« Ces monstres et cette salope… ! »

Les mots venaient de lui échapper et Hermione s'en voulut de s'être laissé aller à parler sans réfléchir.

« Votre langage s'est singulièrement enrichi tout à coup… » dit-il en faisant une grimace éloquente. « Mais vous avez raison sur le fond… » Rogue se releva et marcha vers la cheminée contre laquelle il s'appuya. « … J'ai été accepté dans ce groupe parce qu'ils voulaient quelqu'un qui maîtrisait les Arts Secrets et Mystérieux de la Magie Noire… Et regardons les choses en face : les gens ne se pressaient pas pour devenir mes amis. Secrètement, j'étais plutôt flatté et fier… C'était nous contre les Gryffondors ! Que du bonheur ! »

Rogue se mit à rire amèrement et avala une nouvelle gorgée d'alcool.

« Ca n'a pas beaucoup changé depuis. Il me semble même que ça a toujours été comme ça : Serpentard contre Gryffondor. Je me demande si cela changera un jour… » dit Hermione.

« Peut-être… Ces vieilles rivalités sont ridicules, mais malgré tout nécessaires pour forger les caractères… Pour en revenir à la question qui nous préoccupe, j'étais plutôt dans une mauvaise passe pendant ma dernière année d'école. Je n'avais plus d'argent, je n'avais plus de toit, hormis Poudlard, et surtout, je n'avais absolument aucune idée de ce que j'allais faire ensuite. Alors que je préparais mes examens, j'ai été convoqué dans le bureau d'Albus Dumbledore en me demandant ce qui allait encore me tomber sur la tête… Lucius Malefoy m'y attendait, souriant comme le chat dans Alice au Pays des Merveilles... Il savait pour mes parents. Rien ne devait lui échapper. Et aucun doute, il avait ses sources. Il m'a invité à séjourner au Manoir de son père pour les vacances de Pâques."

« Vous y êtes allé ? demanda Hermione en connaissant déjà la réponse.

« Oh oui ! Quel imbécile j'ai été… Je ne me suis pas rendu compte qu'il recrutait, naturellement. Je n'ai pas réalisé non plus dans quel but il recrutait. La moitié de mes prétendus amis de Serpentard avaient été contactés eux aussi. Malefoy a su parfaitement me comprendre et manipuler mes plus mauvais instincts et ma soif de reconnaissance. Tout ce en quoi mon père avait cru, rejaillissait dans ses belles paroles. Mais quand Lucius me parlait, elles semblaient soudainement plausibles et obscurément attrayantes. J'ai entendu l'habituel couplet au sujet du mérite des Sangs Purs, au sujet de nos droits de plus en plus usurpés par les Moldus et les Sangs Mixtes, et la promesse que nous, les princes dépossédés, nous serions respectés. Nous ne devions plus tolérer l'indifférence honteuse avec laquelle on nous traitait. Oui, nous pouvions faire un choix pour forger nos destins. Lucius nous avait dits qu'il y avait quelqu'un qui partageait notre angoisse, qui avait prévu de remodeler le monde magique pour que nous puissions retrouver notre légitime position de supériorité. Ce sorcier était extrêmement puissant et avait prévu d'employer toute son énergie pour purger notre monde des Sangs-de-Bourbe… »

Comme à chaque fois que ce mot était prononcé devant elle, Hermione se sentit choquée et souillée par l'insulte. Rogue n'avait pas remarqué sa réaction, perdu dans ses souvenirs. D'ailleurs, le sorcier venait de parler comme s'il répétait des phrases qu'on lui avait rabâchées maintes et maintes fois. Elle ne fit pas de commentaires et le laissa poursuivre.

« Naturellement, à ce moment-là, aucun de nous ne savait que Tom Jedusor était lui-même d'origine Moldue. J'étais enthousiaste à l'idée de me joindre à eux. Lucius m'a trouvé un appartement à Oxford pour étudier quand je suis parti de Poudlard et le meilleur Maître d'apprentissage qui soit, Virgile Phelps. Son cercle d'influence était déjà très large à l'époque. En quelques semaines, je suis devenuun Mangemort, lié pour la vie au plus vil de tous les sorciers… » Rogue s'interrompit et regarda fixement le feu.

« Mais vous avez changé de côté, vous vous êtes tourné vers la lumière » dit doucement Hermione, fascinée par ce récit.

« Est-ce que vous croyez sincèrement que cela excuse ce que j'ai fait avant ? Miss Granger, j'ai commis des actes qui vous révulseraient si vous saviez. Et le pire, c'est que j'ai toujours su que ce que je faisais, était mal. Mais je trouvais toujours une justification pathétique à mon comportement lâche. J'obéissais aux ordres. L'Histoire ne retient plus ce genre d'arguments pour excuser une telle culpabilité. »

« Vous étiez jeune… »

« Comme l'étaient aussi un certain nombre de mes camarades. Ils ne sont pas tous devenus des Mangemorts. Et quand je considère le groupe de dérangés auquel j'appartenais, il y a une chose qui m'apparaît clairement, c'est que notre cause n'avait rien d'admirable. »

« Quand avez-vous commencé à vous poser des questions ? »

« Au bout d'une année, je pense. J'étais mécontent. Je croyais me sentir accompli et dans mon juste droit. Puis j'ai commencé à me demander pourquoi toutes les familles de Sangs-Purs ne s'étaient pas ralliées à notre cause. Et pourquoi nous devions tuer tous ceux qui ne pensaient pas comme nous. Des questions dans ce genre ont commencé à me ronger, particulièrement la nuit. Je me suis intéressé discrètement aux arguments de la partie adverse et j'ai ouvert les yeux. J'ai réalisé dans quel piège j'étais tombé. Même pour penser de cette façon, j'aurais pu être tué. Voldemort n'avait qu'à prononcer mon nom et des dizaines de volontaires se seraient précipités pour devenir mes assassins. »

« C'est là que vous êtes allé trouver Dumbledore ? »

Rogue secoua la tête. « Non, j'ai encore attendu deux ans pendant lesquels j'ai pris du recul par rapport à mon engagement, en prétextant la poursuite approfondie de mes études de potions. On m'a laissé tranquille. Puis quelque chose s'est produit. »

« Quoi ? »

« J'ai découvert certains plans de Voldemort. Il projetait notamment de tuer les Potter. C'était quelque chose que je ne pouvais pas accepter. Il y a des principes à l'intérieur de chaque être humain qui ne sont simplement pas négociables, des choses qu'on ne peut pas laisser se produire, en aucune circonstance… Je ne pouvais pas rester là sans rien faire pour celle qui était malgré tout ma sœur. »

« Je suis allé voir Albus et je lui ai tout dit. Je n'étais pas venu pour me racheter. Je m'attendais même à ce qu'il me livre aux Aurors. Mais Dumbledore était unique. Il a été compatissant et sévère. Il m'a jugé et m'a pardonné en même temps. Pour ça, je lui en suis éternellement reconnaissant. »

Rogue abandonna sa position près de la cheminée et se rassit sur le canapé. Il semblait à nouveau complètement à bout de forces. Hermione le rejoignit et s'installa à ses côtés.

« Ce soir d'Halloween 81, les choses ne se sont pas passées comme prévu… Voldemort n'est pas allé seul à Godric's Hollow. Il a pris un homme de confiance avec lui, quelqu'un pour surveiller ses arrières en quelque sorte… J'étais cet homme. Albus m'avait incité à me porter volontaire pour cette mission. Ensemble, nous avions mis au point un certain nombre de mesures destinées à assurer la sécurité des Potter. Albus a essayé de persuader cet idiot de James de devenir son gardien via un charme de Fidelius. Quand Potter a refusé, je me suis proposé. Je lui ai dit que je serai la dernière personne que le Seigneur des Ténèbres suspecterait. Je lui ai révélé que j'étais le demi-frère de Lily, mais il ne m'a pas cru. Il m'a ri au nez et a refusé tout net d'en entendre parler. Il a dit qu'il connaissait quelqu'un qui ferait l'affaire. Il pensait à son ami, Black. Qui a alors démontré un vif sens des responsabilités en confiant sa mission à leur autre vieil ami, Peter Pettigrew… Quel gâchis… J'ignorais que Pettigrew était vendu corps et âme à Voldemort. Il a tué Potter, comme je ne l'ai compris que bien des années plus tard… »

« … Quand nous sommes arrivés à Godric's Hollow, Voldemort n'avait donc plus à se préoccuper de Potter. Nous avons surpris la mère seule avec son bébé. L'enfant était la cible, mais j'étais prêt à tout pour les sauver tous les deux… Le Seigneur des Ténèbres a avancé dans la chambre du bébé et moi, je suivais derrière. Quand elle nous a vus… »

Rogue cessa de parler et ferma les yeux, alors que la douleur de ces instants pénibles l'envahissait. Hermione lui serra doucement la main, mais il ne sembla pas s'en apercevoir. D'une voix enrouée par l'émotion, il continua.

« … Quand Lily m'a vu, elle m'a tout de suite reconnu. Je n'oublierai jamais son regard empli de dégoût devant mon apparente trahison. J'aurai voulu lui dire : 'je ne suis pas comme ça ! Je suis venu ici pour te sauver !' Voldemort lui a demandé de s'écarter et elle a refusé en protégeant le bébé de son corps. Avant que je puisse faire quoi que ce soit, elle s'est effondrée... » Il y eut un long silence. Rogue baissa la tête. « Ca s'est passé si vite… J'étais pétrifié... Pendant ce temps, ce monstre riait… Il riait encore quand il a lancé le sort fatal sur l'enfant. Oh, Hermione, ce n'était qu'un bébé !… »

Un sanglot brisa sa voix, mais il se reprit immédiatement, honteux de sa faiblesse.

« … Et là, j'ai vu le miracle se produire… Le sort a littéralement ricoché sur l'enfant. Il y a eu une explosion terrible... Je crois que je me suis évanoui quelques instants. Quand j'ai repris conscience au milieu des gravas, Voldemort avait disparu. Il n'y avait plus que les cris du bébé en pleurs. Une partie de la maison avait été soufflée par la puissance du contre-sort. »

« Je me suis levé et j'ai pris le bébé dans mes bras pour le calmer. Il n'avait rien, hormis une cicatrice toute fraîche sur son petit front. Puis j'ai vu Lily… Je me suis agenouillé près d'elle. J'ai serré sa main mais je savais qu'elle était morte. Je lui ai juré de veiller sur son fils. J'ai reposé le bébé dans son berceau et j'ai sorti un miroir magique de ma poche. J'ai raconté à Albus ce qui s'était produit et il m'a dit de m'enfuir. Il prendrait des dispositions immédiatement pour la sécurité de l'enfant. J'ai fait ce qu'il m'a dit et j'ai transplané jusqu'à mon appartement… »

« Les Mangemorts n'ont pas tardé à me retrouver. Ils recherchaient leur Maître. J'ai raconté ce que j'avais vu à la maison des Potter… J'ai cru que j'allais mourir mais quelqu'un a commencé à parler d'une prophétie qui venait de se réaliser… Cette histoire s'est propagée comme une traînée de poudre. » Rogue vida son verre d'un trait, puis il se mit à rire amèrement. « Et dire que c'est moi qui ai colporté cette légende de l'enfant qui a survécu, elle est bien bonne… »

« Que s'est-il passé ensuite ? »

« Rien… On a célébré la chute de Voldemort. Les Mangemorts sont entrés dans la clandestinité. Pendant un an, j'ai continué mes études et je suis passé Maître es Potions... Dumbledore m'a alors proposé d'enseigner à Poudlard. Fin de l'histoire. »

« Personne n'a jamais su ? » demanda Hermione.

« Non, Dumbledore tenait absolument à ce que Potter ne découvre jamais que j'avais assisté à la mort de sa mère. Nos rapports ont toujours été exécrables quand votre trio était à Poudlard. L'aversion était mutuelle et il m'aurait détesté encore plus s'il avait su. C'est en partie de ma faute parce que j'ai été profondément influencé par sa ressemblance extraordinaire avec son père… C'était plus fort que moi. »

« Harry n'est pas tout à fait comme son père. Il a les yeux de sa mère » remarqua Hermione.

« Compte tenu des circonstances, vous pensez vraiment que cela faisait une différence ? » demanda froidement Rogue. « Je vous rappelle, Miss Granger, que j'ai été incapable d'empêcher la mort de Lily, sa mère… Chaque fois que je voyais Potter, cela me renvoyait à un épisode de ma vie que je voulais oublier… Vous comprenez maintenant ? » demanda t'il douloureusement.

Hermione hocha lentement la tête, secouée par cet élan de détresse humaine. Ils restèrent silencieux pendant une longue minute. Rogue se renversa en arrière dans le canapé et se frotta les yeux, épuisé. Son regard se perdit dans la contemplation du plafond.

« Toute ma vie a été un enfer permanent… Je m'étais résigné à abandonner, et il a fallu que vous débouliez comme un chien dans un jeu de quilles pour changer les règles du jeu…» Il se mit à rire faiblement. « … Bon sang, il faut que j'arrête de m'apitoyer sur moi-même, je suis pathétique… J'ai beaucoup trop bu pour continuer à tenir une conversation décente… »

« Vous avez surtout besoin de dormir... Allongez-vous sur le canapé. »

Il ne protesta pas. Hermione l'aida à s'installer. Rogue ferma les yeux et bailla, incapable de résister au sommeil. Quand elle lui enleva ses chaussures et étala une couverture sur lui, il dormait déjà. Doucement, elle écarta quelques mèches de cheveux de son visage et l'embrassa sur le front.

« Vous ne croyez pas aux bonnes fées, hein, Severus ?… » murmura la jeune femme en portant la main à l'émeraude qu'elle portait autour du cou. « Et bien ça va changer… Vous aussi, vous aurez droit à votre part de bonheur, je vous le jure… »

A suivre…

Perseus Evans Severus Snape. Anagramme qui ne fonctionne malheureusement que dans la version originale. Il s'agit d'une des nombreuses théories sur le mystérieux maître des potions et sur son véritable rôle vis à vis d'Harry.

J'ai juste traduit le prénom grec Perseus en Persée. Dans la mythologie grecque, c'est lui qui tranche la tête de Méduse, et épouse Andromède, après l'avoir sauvé des griffes d'un monstre marin qui devait la dévorer.

Il y avait longtemps que je voulais exposer ma théorie sur les rapports difficiles entre Rogue et ses parents, entre Severus et les Maraudeurs, et comment il était devenu un Mangemort, par désir de reconnaissance et par ambition, deux attitudes qu'il semble avoir abandonnées par la suite... Quant à son rôle la fameuse nuit où Voldemort a tué Lily, il fallait bien que ce soit lui qui soit présent et ait prévenu Dumbledore de ce qui était arrivé afin qu'Harry soit ensuite sauvé. Seul un témoin direct a pu rapporter le récit (qui devient légende) de ce qu'il avait vu réellement ce soir-là… Et on sait que ce n'était ni Dumbledore, ni Minerva, ni Hagrid… alors reste qui ?

Les choses se mettent peu à peu en place…Pour les impatients, bientôt il devrait y avoir des signes qui ne trompent pas…

Comme d'habitude, si vous avez aimé ce chapitre, vous savez ce qu'il vous reste à faire…