Chapitre 52

Taichi, le cœur battant, tenta de calmer le flot de question qui le submergeait brusquement. Il fixa intensément Koushiro : le visage de son ami exprimait une détermination comme il en avait rarement lu dans ses yeux. La bouche sèche, il lui dit :

– Je croyais que c'était impossible … que les données de Meicoomon avaient été perdues pour toujours, parce qu'elle était morte dans le monde réel ?

– C'est vrai, mais dans le monde éclatant de blancheur depuis lequel la voix de Gennai nous a parlé, nous avons vu que tous les souvenirs des digimons et des humains qui ont vécu dans le monde digital sont conservés. Si ces souvenirs subsistent, peut-être pouvons-nous les utiliser pour ramener Meicoomon.

Taichi dévisagea son ami. Ainsi, voilà le projet fou qu'il poursuivait depuis deux jours entiers. C'était tout à son honneur, mais Taichi s'obligea à garder la tête froide : Meicoomon avait disparu dans le monde réel et la probabilité de la ramener à la vie demeurait hypothétique.

– Tu es sûr de toi ?

– Non, hélas. Mais avec le directeur de l'Agence, nous voulons quand même tenter le coup. Pendant qu'il avance sur la programmation, je cherche un moyen de récupérer les données. Cependant, plusieurs obstacles se posent à nous et je ne suis pas encore certain que cela marchera, c'est pourquoi j'ai choisi de ne pas vous en parler jusqu'à présent. Je ne veux pas donner de faux-espoirs à Meiko.

– Hum … oui, je comprends.

– De plus … j'aurais besoin de l'aide d'Hikari.

– Hikari ? Pourquoi ?

– Je n'ai pas accès au monde de lumière où sont stockés les données-souvenirs, car cet espace n'est ni le monde digital, ni l'Océan des Ténèbres. C'est un lieu transitoire où Anubimon, son gardien, décide si les digimons qui ont péri seront envoyés dans l'Océan des Ténèbres ou réincarnés en digi-œuf. Mais Hikari, elle, s'est rendue à plusieurs reprises dans ce monde. Elle est notre seul lien pour accéder aux données qui concernent Meicoomon.

– Quand est-ce que tu comptais lui en parler ?

– Eh bien … peut-être demain, si j'avance assez cette nuit. J'ai besoin de sa collaboration afin de juger si mon programme est réalisable.

Taichi posa une main sur son menton, méditant les paroles de Koushiro. Finalement, il releva la tête vers lui et demanda :

– Peut-être qu'Hikari ne dort pas encore ? On pourrait lui en parler maintenant. Si elle est d'accord pour t'aider, tu pourrais tester ton programme cette nuit. Qu'est-ce tu en penses ?

Koushiro reporta son regard sur son écran, comme s'il essayait d'évaluer d'un seul coup d'œil la performance du programme en son état actuel. Il releva la tête vers son ami :

– D'accord, mais ne réveillons pas les autres. Je préfère qu'ils ne soient pas au courant tout de suite.

– Entendu.

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Les ronflements de Miyako s'élevaient à un rythme régulier dans la chambre envahie de pénombre. Sa position d'attaquante pendante la partie de passes à dix l'avait vidée de ses forces, aussi, elle avait dîné copieusement avant de tomber dans un sommeil duquel rien ne semblait pouvoir la tirer.

Hikari, au contraire, avait peu mangé et peinait à s'endormir. Allongée sur son lit, recroquevillée sur un côté, elle laissa son regard se perdre par-delà la fenêtre. Elle songeait à Yggdrasil, à l'altercation qui l'avait opposée à Takeru sur l'aire d'autoroute. Qui d'eux deux avaient raison ? Quelle était la meilleur solution, détruire Yggdrasil ou tenter de le comprendre ? Quelle serait la prochaine action d'Homeostasis ? Les appuierait-il ou deviendrait-il leur ennemi ? Même si leur priorité actuelle était de trouver la qualcorite, elle ne pouvait écarter ces questions de son esprit. Elle retourna dans son lit, une fois, deux fois, et finit par renoncer à trouver le sommeil : elle avait besoin d'air. Elle se leva, fit coulisser la porte-vitrée de la chambre et sortit pieds nus sur le balcon. Là, elle s'appuya à la rambarde : la température était repassée sous la barre des trente degrés, mais il devait encore faire plus de vingt-cinq, et l'humidité ambiante accroissait la pesanteur de l'air. Au loin, le ressac de la mer lui rappela vaguement l'Océan des Ténèbres. Elle songea à Mlle Himekawa : Yggdrasil avait-il découvert qu'elle avait aidé Ken à s'échapper ? Supporterait-elle la spore noire qui vivait désormais en elle ? Même si Takeru l'avait rassurée à plusieurs reprises, Hikari ne pouvait s'empêcher d'imaginer ce qu'elle aurait été capable de faire si elle s'était trouvée à la place de la jeune femme.

Au fond d'elle-même, elle devinait qu'une perte aussi terrible que celle que Mlle Himekawa avait vécue aurait pu déchaîner dans son cœur une colère très proche de la sienne. Voir mourir son digimon, puis trois de ses meilleurs amis … Hikari secoua la tête pour chasser ces sombres pensées. Une main se posa soudain sur son épaule. Elle sursauta et se retourna : Takeru se tenait derrière elle.

– Pardon. Je ne voulais pas te faire peur. Est-ce que ça va ?

La jeune fille hocha la tête.

– Oui, ça va. Je n'arrivais pas à dormir.

– Je m'en suis douté quand je t'ai vue sur la terrasse. Quelque chose te tracasse ?

– Non … enfin, si, mais c'est un mélange de plusieurs choses qui me poursuivent. J'essaye de ne pas trop y penser, car si je prête trop attention à ces pensées, je sais qu'elles me dévoreront.

Les deux adolescents portèrent leur regard vers l'horizon gommé par la nuit et un vent chaud souffla doucement, alors que tous les bruits semblaient assourdis. Ils demeurèrent ainsi en silence pendant plusieurs minutes, tous deux absorbés par leurs réflexions. Finalement, Takeru déclara :

– Tu sais … c'est toi qui avais raison l'autre jour, sur l'aire d'autoroute. Sans ténèbres, la lumière n'existe pas. Si terribles que soient les actions qu'Yggdrasil, il a jadis dû posséder également une grande bonté en lui. Je n'ai pas voulu l'admettre hier soir car j'étais envahi par le ressentiment et la peur. Cependant, Ken et toi m'avez rappelé quelle est l'importance de l'espoir dont je porte le symbole. Je suis désolé si mes paroles t'ont blessée.

Hikari tressaillit et souffla :

– C'est moi qui suis désolée. Je n'aurais pas dû te provoquer ainsi, je ne sais pas ce qui m'a pris. Quand j'ai compris que je t'avais fait de la peine, je m'en suis immédiatement voulu. J'aurais voulu revenir en arrière et effacer mes paroles.

Takeru se tourna vers la jeune fille et fixa le contour délicat de son visage. Il aimait son regard profond et fragile à la fois, ses mains agrippées à la rambarde comme si elle essayait d'échapper à ses démons en se raccrochant à la réalité. Depuis six ans, il avait appris à la connaître et il savait que quelques soient les ténèbres qui l'assaillaient, Hikari ne cesser jamais de lutter. Son apparente vulnérabilité cachait en réalité un courage et une force insoupçonnable. Son regard glissa imperceptiblement sur la nuque de la jeune fille, sur ses bras fins, ses jolies mains.

– Dis, Hikari …

– Oui ?

– Quand tu as accepté que je partage votre chambre avec Miyako, est-ce que ça t'était indifférent que ce soit Daisuke, Ken ou moi ? Ou bien … est-ce que tu étais contente que ce soit moi ?

Hikari sourit. Sans le regarder, elle souffla :

– J'étais contente que ce soit toi.

Takeru, le souffle court, ne la quittait plus des yeux. Il se rendit alors compte que les joues de la jeune fille avaient légèrement rosies. Il reporta son regard vers la mer et hésita un instant. Finalement, il murmura :

– Hikari ?

– Oui ?

– Tu … tu te rappelles ce que nous avons ressenti dans l'Océan des Ténèbres, la première fois que Seraphimon et Holydramon ont fusionné leur ADN ?

– … oui, je m'en rappelle.

– Nous n'avons jamais vraiment reparlé de cette nuit-là ensemble …

– Mais … était-ce vraiment la peine ? Ne crois-tu pas que nous connaissons déjà la réponse ? dit-elle à voix basse avec un sourire.

Elle s'était tournée vers lui et avait plongé ses yeux dans les siens. Takeru soutint son regard : elle avait raison. Cette nuit-là, dans l'Océan des Ténèbres, ils n'avaient pas eu besoin de mots. Ils se connaissaient depuis suffisamment longtemps pour savoir ce que l'autre pouvait ressentir sans même avoir à parler. Ils avaient toujours agi de la sorte, parce que c'était leur caractère et parce qu'ils ne sentaient pas le besoin de formuler avec des mots ce que l'autre avait déjà deviné. Pourtant, en cet instant, Takeru voulait le lui dire. Dire à Hikari ce que leurs gestes, leurs regards avaient déjà exprimé en silence. Il murmura :

– Quand j'ai senti ton cœur battre à l'unisson avec le mien, au moment où nos digivices ont brillé, j'ai compris.

Hikari cilla et le dévisagea intensément. À son tour, elle souffla :

– Quand tu as pris ma main dans la tienne pour m'arracher aux doutes qui me paralysaient, moi aussi, j'ai compris.

Takeru sourit posa sa main sur la rambarde et lentement, il la fit glisser vers celle d'Hikari tout en se rapprochant d'elle. Quand ses doigts touchèrent ceux de la jeune fille, le bras d'Hikari se couvrit de chair de poule. Takeru se pencha alors vers elle et l'attira doucement par la taille, puis, il posa doucement ses lèvres sur les siennes. Leur poitrine se toucha et ils entendirent de nouveau leur cœur battre en harmonie. Ils prolongèrent leur baiser avec délicatesse, comme s'ils voulaient faire durer cet instant qu'ils avaient tant attendu. Quand enfin ils se détachèrent l'un de l'autre, Hikari souffla avec un sourire :

– Toutes ces histoires de sorties avec une autre fille, c'était seulement pour me faire enrager, pas vrai ?

– Peut-être bien, acquiesça Takeru en frottant son nez contre le sien.

À cet instant, on toqua à la porte de leur chambre. Hikari et Takeru se redressèrent, surpris. Ils allèrent ouvrir : Taichi et Koushiro se tenaient sur le seuil. En voyant Hikari et Takeru ensemble, ils parurent étonnés.

– Vous êtes réveillés tous les deux ? balbutia Taichi.

– Oui, acquiesça Takeru en sentant ses joues légèrement rosir. Hikari n'arrivait pas à dormir … et moi non plus.

– Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda la jeune fille en essayant elle aussi de cacher le rouge qui empourprait son visage.

– Hikari, déclara Koushiro, j'aurais besoin de ton aide.

À ces mots, la jeune fille redevint sérieuse.

– Maintenant ? En pleine nuit ?

– C'est-à-dire que … c'est à propos du programme sur lequel je suis en train de travailler. Je ne veux pas que tout le monde soit au courant tant que je n'ai pas procédé à des tests. J'ai besoin de toi pour le faire.

La jeune fille fronça les sourcils.

– D'accord.

– Je viens avec vous, déclara Takeru.

Ils sortirent sans bruit de la chambre et remontèrent le couloir. Alors qu'ils entraient dans la chambre de Taichi et Koushiro, une autre porte s'ouvrit et Meiko apparut dans l'embrasure.

– Taichi ? Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.

– Meiko ! Euh … rien, ne t'inquiète pas ! s'exclama-t-il en revenant vers elle.

– Que fais-tu avec Koushiro, Takeru et Hikari ?

– On n'arrive pas dormir, alors on se met sur notre terrasse pour discuter un peu …

– Est-ce que je peux venir ? Je n'arrive pas à dormir non plus.

– Tu … tu devrais plutôt essayer de te reposer, Mei …

– Est-ce que vous me cachez quelque chose ? Taichi, pourquoi tu ne dis rien ?

Taichi avait baissé les yeux, partagé entre le désir de dire la vérité à Meiko et la volonté de la préserver de toute déception si le programme de Koushiro ne fonctionnait pas.

– Sache que tout ce que fait Koushiro … c'est pour t'aider.

– M'aider ? Comment cela ?

– Je ne peux pas t'en dire plus pour le moment. Pardonne-moi.

Contrairement à ce qu'il espérait, cette réponse parut rassurer Meiko. Elle se radoucit et lui sourit.

– D'accord. Alors, j'attendrai.

Elle fit un pas pour rentrer dans sa chambre, quand Taichi la retint par la main :

– Meiko, je ne veux pas que tu t'inquiètes, d'accord ?

La jeune fille tressaillit en sentant la poigne ferme du jeune homme serrant sa main. Elle acquiesça :

– J'ai confiance en toi.

Taichi se sentit soulagé et lâcha la jeune fille qui referma doucement la porte. Il rejoignit alors Koushiro, Takeru et Hikari sur le balcon, qui s'étaient tous assis en tailleur autour de la table basse que Koushiro avait sortie.

– À qui tu parlais ? demanda ce dernier à Taichi.

– À Meiko.

– Elle est réveillée ? Il ne faut surtout pas qu'elle vienne ici !

– Ne t'en fais pas, je lui ai parlé.

Koushiro émit un soupir de soulagement et se concentra de nouveau.

– Bon … Hikari, je t'ai fait venir ici car j'ai besoin de ton appui pour tester le programme que je suis en train de créer en collaboration avec le père de Sakae.

– Vous faîtes ça à distance ? s'étonna Takeru.

– Oui.

– Et quel est le but de ce programme ? demanda Hikari.

– C'est … de ressusciter Meicoomon.

– Quoi ? lâchèrent ensemble Hikari et Takeru.

– Vous m'avez bien entendu.

Rapidement, il leur exposa son projet de récupérer des « données-souvenirs » de Meicoomon à partir du monde transitoire où tous les souvenirs des digimons étaient conservés.

– Tu veux dire … que tu penses pouvoir recréer Meicoomon à partir de souvenirs ? demanda Takeru.

– En fait, le monde éclatant de blancheur dans lequel se trouvent ces souvenirs joue le rôle de « cache » d'un ordinateur : il stocke des copies de données afin d'accéder facilement aux informations concernant les digimons disparus. Cependant, il doit exister une mémoire plus profonde, qui conserve les données originales de ces souvenirs. Si Hikari me donne accès aux copies qui flottent dans ce monde, cela devrait pouvoir nous permettre d'aller plus loin que le cache et d'arriver à la mémoire centrale où sont conservés les vrais souvenirs. Avec eux, je peux reconstituer le code source de Meicoomon et recréer son enveloppe charnelle.

Il se tourna vers Hikari :

– Tu es la seule qui soit entrée dans ce monde de souvenirs par toi-même. C'est pour cela que je pense également que tu es la seule à pouvoir pénétrer jusqu'à la mémoire centrale qui contient les vrais souvenirs de Meicoomon. Quand nous nous y sommes rendus par la pensée grâce à l'historique du monde digital, nous autres Enfants Élus, nous ne pouvions pas interagir avec les cubes de données. Nous n'étions que spectateurs. Mais toi, Hikari, je suis persuadée que tu peux y arriver.

– Donc, résuma la jeune fille, tu veux que j'accède en rêve à ce monde et que je tente d'y retrouver les copies de souvenirs relatifs à Meicoomon, pour ensuite accéder aux véritables données qui la concernent. C'est ça ?

– Oui, c'est ça.

– Mais chaque fois que je me suis rendue dans ce monde, c'était involontaire. Je ne le contrôle pas. Comment veux-tu que je m'y prenne ?

– J'ai emporté l'historique du monde digital avec moi. Je pense que grâce à lui, cela peut fonctionner.

– D'accord, et si l'on parvient à la mémoire centrale, que feras-tu ensuite ? demanda Taichi.

– C'est là que ça se complique, fit Koushiro en portant une main à son menton. Normalement, ces données sont gardées par Anubimon, celui qui régit la réincarnation des digimons disparus. S'il considère que le digimon désintégré mérite de se réincarner, il transfère les données à Homeostasis qui se charge de réinitialiser le digimon. Celui-ci réintègre alors l'âme du digimon dans son corps et le fait renaître sous forme de digi-œuf. Cela signifie que si nous parvenons à obtenir le code source de Meicoomon, nous aurions besoin d'Homeostasis pour lui redonner vie.

– Je refuse de demander quoi que ce soit à Homeostasis, déclara alors fermement Hikari. Nous ignorons s'il est vraiment de notre côté.

– Je me doutais que tu dirais ça, dit Koushiro, et d'ailleurs, je partage ton avis. Nous devons être prudents. Mon idée est donc de procéder à la réinitialisation nous-mêmes.

– Nous-mêmes ? s'ébahit Takeru.

– Le processus est très semblable à celui d'un reboot, mais à l'échelle d'un seul digimon.

– Et … tu peux vraiment faire ça ? s'étonna Taichi. Je croyais que seuls Homeostasis et Yggdrasil avaient ce pouvoir.

– Eh bien … un être humain a déjà élaboré un programme de reboot par elle-même.

– C'est Hime, confirma une voix dans leur dos.

Les adolescents se retournèrent : M. Nishijima s'était réveillé et venait de pousser la porte fenêtre. Yamato se tenait derrière lui.

– Monsieur ! s'exclama Taichi.

– Alors, dit Yamato bras croisés, on fait des cachoteries ?

– Pas vraiment, dit Koushiro, mais j'aurais aimé que tout le monde ne soit pas au courant de l'existence ce programme si c'est un échec.

– J'ai entendu votre conversation, dit M. Nishijima. Tu veux ressusciter Meicoomon, c'est bien ça ?

– Oui. Si Hikari m'aide à collecter les données dont j'ai besoin, nous pourrons terminer le développement de notre programme avec M. Tagaya. Mais pour réinitialiser les données de Meicoomon, le programme de reboot de Mlle Himekawa nous serait utile. Nous pourrions le comparer à notre travail et s'en servir pour l'enrichir.

– Le directeur de l'Agence a accès à l'ancien ordinateur d'Hime, déclara M. Nishijima. Son dossier de reboot y est, je l'ai déjà vu. Mais il est protégé par plusieurs niveaux de sécurité.

– D'accord, je vais demander au directeur s'il est capable de cracker toutes ces barrières et s'il n'y arrive pas, je l'aiderai, déclara Koushiro.

– Une minute, l'interrompit Takeru. Meicoomon possédait une âme. Vas-tu pouvoir la récupérer ?

– Non, avec les données des souvenirs qui la concernent je ne récupérerai que son enveloppe physique.

– Mais, souligna Hikari, un corps sans âme ne peut pas vivre, n'est-ce pas ?

– En effet. C'est pourquoi il y aurait une dernière phase à mon projet. Si nous réussissons à mener à bien toutes les étapes que je viens de développer, il faudra doter à nouveau Meicoomon d'une âme. Pour ça, j'ai une idée.

– Laquelle ? demanda Taichi.

Koushiro fronça les sourcils.

– Nous pensions que la digivolution n'est impulsée que par une communion d'énergie entre les partenaires humains et leur digimon, mais en fait c'est plus que ça. Au moment où se produit la digivolution, je suis maintenant certain qu'il se produit une communion des âmes.

– Des âmes ? répéta Yamato.

– Oui. De la même manière, lorsque se produit une digivolution de l'ADN, ce sont quatre âmes qui s'unissent, celles des deux partenaires humains et celles des deux digimons qui fusionnent.

– C'est pour cela que nous entendons battre le cœur de l'autre dans notre propre poitrine, comprit Takeru.

– Oui. Donc, si nos âmes s'unissent, il doit demeurer une trace de cette union dans le cœur de l'humain comme du digimon. Cela signifie …

– … qu'une partie de l'âme de Meicoomon vit en Meiko, n'est-ce pas ? murmura Hikari.

– C'est ça.

– Incroyable, souffla Yamato.

– Je pense que le digivice de Meiko peut jouer le rôle de transmetteur entre elle et mon programme, et par ce biais réinsuffler la vie à Meicoomon.

– Est-ce tu es vraiment sûr que cela est réalisable ? demanda Taichi. Si on échoue, Meiko ne le supportera pas une deuxième fois.

– Je sais. C'est pour ça que je veux procéder aux premières étapes avant de la mettre au courant de mon projet. Étant donné qu'il s'agit d'un programme jamais inventé dans le digimonde, ce ne sera facile, mais je veux tenter le coup. Hikari, est-ce que tu es prête à m'aider ?

La jeune fille dévisagea intensément Koushiro.

– Dis-moi ce que je dois faire.

Koushiro sortit l'historique du monde digital et le tendit à Hikari.

– Ouvre-le et posa ta main sur les pages. J'espère que cela suffira à te transporter dans le monde des souvenirs.

La jeune fille acquiesça et prit le livre sur ses genoux. Lentement, elle souleva la couverture et apposa sa main droite sur la page couverte de symboles digimons. Au même instant, le papier s'illumina et sa lumière se propagea sur sa main, son bras, puis tout son corps, pour l'envelopper d'un halo éblouissant. À cet instant, elle vacilla et perdit connaissance. Takeru la retint contre lui.

– Est-ce qu'elle va bien ? demanda-t-il à Koushiro, inquiet.

– Je crois que oui. Regarde, ses paupières bougent. Elle doit commencer à rêver.

Hikari ouvrit lentement les yeux : des cubes de données multicolores chutaient tout autour d'elle avec un discret pétillement de bulles : elle était revenue dans le monde éclatant de blancheur. Comment retrouver les souvenirs qui concernaient Meicoomon à présent ? Elle se retourna sur elle-même, sans ressentir le poids de son corps dans ce lieu où elle ne se rendait qu'en esprit. Les cubes l'entouraient par centaines. Si elle devait tous les toucher un à un pour connaître le souvenir qu'ils renfermaient, elle n'y arriverait jamais. Elle eut soudain une idée. Elle prit une grande inspiration, tendit la main devant elle et se concentra. Elle mobilisa ses propres souvenirs de Meicoomon, rendit net dans son esprit le visage félin et innocent du digimon tigré. À cet instant, l'extrémité de ses doigts se mit à briller et plusieurs cubes de données s'approchèrent d'elle en flottant, comme aimantés par sa présence. Elle posa la main sur l'un d'eux et un souvenir s'imposa à elle : Meiko tenait Meicoomon dans ses bras et leur révélait qu'elle était une Enfant Élue, après leur bataille contre Alphamon. Hikari se détacha du cube et cligna des yeux : toutes les données qui étaient venues à elles étaient bien des souvenirs relatifs à Meicoomon. Elle les toucha un à un, et au contact de ses doigts ils se mirent à briller plus intensément.

Au même instant une fenêtre s'ouvrit sur l'ordinateur de Koushiro.

– Koushiro, regarde ! s'exclama Taichi.

– Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Yamato.

Le jeune homme se pencha sur son clavier et fit défiler les lignes de code qui étaient en train d'apparaître sous ses yeux.

– Incroyable … Hikari est en train de me transférer des données …

– Comment fait-elle ça ? s'ébahit M. Nishijima.

– Eh bien … si l'on considère que le monde des souvenirs est relié au monde digital, c'est comme si Hikari faisait partie intégrante des flux qui le composent. Elle me renvoie les données directement par la pensée …

– Qu'est-ce que disent ces lignes ? demanda Taichi.

– Ce sont tous les souvenirs qui concernent Meicoomon, murmura Koushiro, vibrant. Il y en a des centaines ….

– Tu vas les regrouper ? devina Yamato.

– Oui, afin de créer une clé qui permettra ensuite de pénétrer dans la mémoire profonde où se trouve le code source de Meicoomon. Attendez … je convertis ça en programme exécutable … et je renvoie le tout …

Il appuya sur le bouton « enter ». Au même moment, Hikari vit les cubes de données devant elle fusionner et prendre l'aspect d'une boule luminescente. Elle s'approcha de la sphère et s'en saisit : une clé lumineuse flottait à l'intérieur. Elle posa ses mains sur la boule et la voix de Koushiro résonna alors dans son esprit : « J'ai réuni les copies des souvenirs de Meicoomon pour t'en faire une clé qui devrait te permettre de reconnaître les souvenirs originaux. Tu dois maintenant accéder à la mémoire profonde. » Hikari balaya l'espace autour d'elle : comment entrer dans la mémoire profonde ? Logiquement, c'est d'elle que provenaient les cubes de données. Et d'où arrivaient ces cubes ? Elle leva la tête : ils tombaient du ciel. Comment arriver jusque-là haut sans Angewomon pour la soulever dans les airs ? Hikari fixa le ciel quand soudain ses yeux s'écarquillèrent : elle n'avait pas besoin d'ailes. Elle n'existait dans ce monde qu'en esprit, ce qui signifiait que les contraintes d'apesanteur de la Terre n'avaient pas cours ici. Elle ne restait à terre que parce qu'elle se pensait incapable d'en bouger. Mais si elle imaginait un seul instant qu'elle puisse s'envoler … elle fixa le ciel blanc avec détermination.

Ses pieds se décollèrent lentement du sol. Ébahie, Hikari regarda sous elle. À cet instant, elle redescendit d'un mètre, faisant bondir son cœur dans sa poitrine. Elle releva la tête vers le ciel : elle devait rester concentrée. Elle prit lentement de l'altitude. À mesure qu'elle s'approchait de la clarté de laquelle tombaient les cubes de données, elle se sentit de plus en plus aveuglée. Elle entra alors dans l'éblouissante lumière et se cacha les yeux. Quand elle les rouvrit, elle se trouvait dans un environnement beaucoup plus sombre des lignes de données tissaient autour d'elle de long fils parcourus de flux colorés comme l'armure d'une tapisserie, où les informations circulaient à toute vitesse. Hikari cligna des yeux : la mémoire centrale. Elle l'avait trouvée. Elle était encore plus impressionnante que le monde qui contenait les copies des souvenirs et paraissait s'étendre plus loin encore. Elle contenait aussi bien plus d'informations. Hikari sortit de sa poche la sphère qui abritait la copie des données de Meicoomon et la libéra dans les airs. Celle-ci se mit à flotter à se mouvoir d'elle-même, comme si elle était douée de vie, elle passa entre les fils colorés, au-dessus, en-dessous, comme si elle cherchait quelque chose. Soudain, elle s'immobilisa devant un flux de données orangées. Hikari la rejoignit en courant. Une lumière vermillon alimentait ce fil comme le sang pulse dans les veines : les véritables souvenirs de Meicoomon. Hikari posa deux doigts sur le fil : à cet instant, il s'illumina.

– Koushiro, regarde ! s'exclama M. Nishijima.

Le jeune homme se retourna vers son écran : de nouvelles données venaient d'apparaître dans un nouvel onglet de son ordinateur.

– Hikari a réussi … elle a trouvé les données de Meicoomon …

– Elle est en train de te les transférer ? demanda Takeru.

– Oui, je les sauvegarde toutes immédiatement.

Hikari savait que Koushiro aurait bientôt récupéré toutes les données. Le fil des souvenirs de Meicoomon brillait sous ses doigts comme une résistance chauffée à blanc. À cet instant, un grondement résonna tout autour d'elle. Le cœur battant, elle releva la tête sans lâcher le fil de données. Une voix grave, qui semblait émaner d'un tombeau, se répéta en un écho effrayant. La voix se rapprocha, envahit l'atmosphère de manière inquiétante. À cet instant, Hikari distingua une silhouette dans l'ombre qui marchait vers elle. Son profil se précisa : c'était une créature au corps d'homme et à la tête de chacal. Un masque violet couvrait sa tête et son museau. Ses longs cheveux noirs étaient noués en catogan et des ailes dorées se déployaient dans son dos. Ses yeux verts ne dégageaient aucune chaleur.

– Qui es-tu ? Comment as-tu pu entrer ici ? Et comment oses-tu voler ces données ?

Hikari frémit.

– Nous voulons seulement sauver l'une de nos amies …

– Et pour cela, tu es prête à perturber le cycle de la vie des digimons ?

À cet instant, une autre voix se superposa à celle d'Anubimon. Le murmure était faible mais il cerna bientôt Hikari de toute part :

– Hikari … Enfants Élus … vos actions troublent l'harmonie … ce qui a disparu ne peut pas renaître si je ne l'ai pas décidé …

Terrorisée, Hikari reconnut soudain cette présence :

– Homeostasis …

Au même moment, elle sentit brusquement le sol se dérober sous ses pieds et elle chuta dans un néant sans fin, où résonnait la menace d'Homeostasis.

Sur la terrasse de l'hôtel, le corps d'Hikari se mit soudain à trembler. Takeru la serra plus fortement contre lui.

– Koushiro, qu'est-ce qu'elle a ?

– Je … je n'en sais rien, balbutia-t-il, inquiet.

– Le transfert des données est terminé ? demanda Taichi.

– Presque …

À ce moment, la lumière qui enveloppait le corps de la jeune fille s'éteignit brusquement et elle rouvrit les yeux. Son regard demeura d'abord vide, comme si elle ne voyait pas ses amis, puis, les tremblements qui agitaient son corps se transformèrent en spasmes plus violents. Elle commença à haleter, comme si elle s'asphyxiait.

– Qu'est-ce qu'il lui arrive ? s'écria Takeru, paniqué.

– Je … je ne sais pas ! s'exclama Koushiro.

– Koushiro, fais quelque chose ! dit Taichi.

La jeune fille se mit à convulsionner dans les bras de Takeru, tenta en vain de reprendre sa respiration, et son souffle devint sifflant. Ses amis, tétanisés, ne savaient que faire. Un éclair passa dans les yeux de M. Nishijima : il se précipita hors de la chambre et courut jusqu'à celle de Daisuke, Ken, Joe et Iori. Il ouvrit la porte à la volée et cria :

– Joe !

Le jeune homme se réveilla en sursaut, s'empêtra dans ses couvertures et tomba au bas de son lit.

– Qu'est-ce… qu'est-ce qu'il se passe ?

– Où sont tes médicaments ?

– Par terre, dans mon sac, mais …

M. Nishijima s'agenouilla et retourna la besace sur le sol, puis, il fouilla à toute vitesse entre les boîtes. Daisuke, Ken, Iori et Joe avaient bondi de leur lit. M. Nishijima mit alors la main sur ce qu'il cherchait et retourna sur la terrasse, les quatre garçons sur ses talons. Hikari peinait plus en plus à reprendre son souffle. Le professeur ouvrit la boîte en carton, en sortit un flacon et un inhalateur en forme de L.

– Qu'est-ce que c'est ? demanda Taichi.

– Un médicament contre l'asthme, répondit M. Nishijima en plaçant le flacon dans l'inhalateur. Ça va l'aider à respirer. Takeru, redresse-la.

Il retira le capuchon du bec de l'inhalateur, puis le secoua vivement.

– Hikari, tu m'entends ? demanda le professeur en posant une main sur son épaule. Quand je vais actionner l'aérosol, inspire profondément et bloque ta respiration pendant dix secondes. Après, tu pourras expirer.

Il glissa le bec entre les lèvres de la jeune fille et appuya sur la cartouche. L'inhalateur libéra une bouffée de médicament et Hikari suspendit son souffle. Quelques secondes plus tard, elle expirait comme une noyée, et peu à peu, elle put retrouver une respiration normale. Elle se redressa, chancelante. À côté d'elle, ses amis se laissèrent tomber contre la vitre de la terrasse, secoués par la peur qu'ils venaient d'avoir.

– Hikari, tu te sens bien ? lui demanda Takeru en écartant une mèche de son front en sueur.

– Oui … oui, ça va maintenant.

Tous reprirent lentement leurs esprits, le cœur battant. Finalement, Taichi releva la tête vers M. Nishijima :

– Merci, monsieur. Si vous n'aviez pas eu le réflexe d'aller chercher dans les médicaments de Joe, je ne sais pas ce qu'il se serait passé.

– De rien, souffla-t-il avec un sourire. Finalement, que j'aie aidé Joe à ramasser ses boîtes à l'aéroport nous aura été utile.

– Moi, ce qui m'a étonné, c'est que vous sachiez comment fonctionne un inhalateur, observa Joe. Vous êtes asthmatique ?

– Non, mais mon ami Shigeru, l'un des premiers Enfants Élus, l'était, répondit leur professeur. Je l'ai souvent vu utiliser son aérosol.

– Eh bien, Hikari a eu de la chance que vous soyez là, fit Yamato.

À cet instant, la porte de la chambre s'ouvrit à nouveau : Sora, Mimi, Miyako, Sakae et Meiko entrèrent.

– Taichi ! s'exclama Sora. Nous avons entendu des cris, tout va bien ?

Taichi, Koushiro, Takeru, Yamato et M. Nishijima échangèrent un regard, mal à l'aise. Daisuke se tourna vers eux et déclara, mains sur les hanches :

– Maintenant qu'Hikari va mieux, vous pourriez en effet nous expliquer ce que vous étiez en train de faire ?

Koushiro soupira : le secret qu'il voulait préserver allait finalement être éventé avant la fin de la nuit.

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– Tu pourrais vraiment ramener Meicoomon ? souffla Meiko en dévisageant Koushiro, tremblante.

– Je le crois. Mais comme je n'étais pas tout à fait sûr de moi, je voulais procéder aux premières phases du programme sans te mettre au courant, afin de ne pas t'inquiéter inutilement.

– Je comprends.

– Et donc, tu es allé chercher Hikari en pleine nuit, Koushiro ? s'exclama Miyako. Tu n'aurais pas pu attendre demain ?

– Elle était d'accord.

– Il n'empêche, toute cette histoire a failli mal finir, dit Daisuke.

– Que s'est-il passé, exactement ? demanda Iori.

Hikari baissa les yeux et fronça les sourcils.

– C'était Homeostasis, souffla-t-elle en frémissant. Il sait que nous voulons récupérer les données de Meicoomon. Il a dit que ce que nous faisions perturbait l'harmonie.

– Est-ce que tu veux dire que ressusciter Meicoomon serait … une erreur ? demanda Meiko.

Les larmes commencèrent à remplir ses yeux, qu'elle tacha de contenir. À cet instant, Taichi tapa du poing sur la table basse où reposait l'ordinateur de Koushiro, faisant sursauter tous ses amis.

– Certainement pas ! Homeostasis ne parle que de son point de son vue, et nous avons tous constaté que sa position pouvait complètement faire fi des intérêts des humains et de leurs digimons. Même s'il a aidé les dix premiers hommes et femmes, même s'il a créé les Bêtes Sacrées et Meicoomon, rien ne nous dit qu'il nous aidera cette fois. Koushiro a la conviction que nous ne pourrons pas vaincre Yggdrasil sans Meicoomon et je partage son avis. Nous avons besoin d'elle, alors nous devons la ramener coûte que coûte. J'ai confiance dans l'habileté de Koushiro et du directeur de l'Agence.

– Tu travailles avec mon père, Koushiro ? s'étonna Sakae.

– Oui. Il m'aide pour la programmation.

– As-tu eu le temps de récupérer toutes les données du code source de Meicoomon pendant qu'Hikari se trouvait dans la mémoire centrale ? lui demanda Ken.

– Oui.

– Heureusement, je n'aurais pas accepté qu'Hikari doive y retourner, dit Takeru.

– Alors, quelle est la prochaine étape ? demanda Sora.

– Nous avons eu la preuve, par l'intervention d'Homeostasis, qu'il serait peu enclin à nous aider, observa Koushiro. Normalement, c'est lui qui se charge de la réinitialisation des données d'un digimon pour le faire réapparaître sous forme d'un digi-œuf, mais vu qu'il est contre la renaissance de Meicoomon, il va falloir le faire nous-mêmes. Le processus est très similaire à celui d'un reboot.

Le jeune homme exposa aux derniers arrivants comment ils pourraient tirer profit du programme que Mlle Himekawa avait déjà développé afin de créer leur propre programme de réinitialisation.

– J'appellerai le directeur demain pour lui demander d'accéder aux dossiers personnels de Mlle Himekawa. Si notre programme fonctionne, il ne restera plus qu'à réinsuffler une âme à Meicoomon. C'est là que tu auras un rôle à jouer, Meiko.

Il lui expliqua alors que la digivolution unissait l'âme du digimon à celle de son partenaire humain.

– Alors … une part de l'âme de ma petite Mei vit en moi ? murmura Meiko.

– Oui, et je pense que ton digivice peut servir de transmetteur afin de lui redonner la vie.

– Mais chacune des évolutions de Meicoomon s'est produite alors qu'elle était déjà dominée par la partie sombre des données d'Apocalymon. Est-ce que cela marchera quand même ?

– Oui, j'en suis presque certain.

– Dans ce cas, nous devrions aller nous reposer, déclara Iori. N'oublions pas que nous devons aussi trouver la qualcorite qui alimente le monde digital et que nous avons un ferry à prendre demain matin. Toi aussi Koushiro, tu devrais dormir.

– Il a raison, acquiesça Mimi. Tu as assez travaillé pour cette nuit.

– D'accord, céda le jeune homme. Vous avez raison : nous devons être en forme pour demain.