Bonsoir à tous ! Je suis encore une fois vraiment désolée pour ce mois d'absence. Je suis en train d'organiser un déménagement pour un changement de boulot et je ne sais plus trop où donner de la tête. Mais je n'oublie pas cette fic, et je me flagelle de mettre autant de temps à mettre un nouveau chapitre en ligne.
Voici donc la suite ! Je vous avais laissés sur la découverte de la qualcorite sur l'île de Yonaguni, dans ce chapitre les Enfants Élus reviennent à Tokyo pour mettre le métal précieux en sûreté. Un évènement imprévu va venir précipiter leur action ... je n'en dis pas plus, j'espère que ça vous plaira !
Merci à tous les lecteurs qui continuent de suivre cette histoire malgré mes retards, j'espère qu'elle sera à la hauteur de vos attentes.
Bonne lecture :)
Chapitre 54
– Ouf, enfin rentrée ! soupira Mimi. J'en ai plein le dos !
La jeune fille descendit à la suite de ses amis du bus qui venait de les ramener à Tokyo. Après une nouvelle traversée de Yonaguni à Ishigaki, plus mouvementée qu'à l'aller et pendant laquelle Joe avait fini par rendre son petit déjeuner, ils avaient repris l'avion jusqu'à Osaka et le soir même un bus qui retournait à la capitale. S'ils étaient heureux d'avoir trouvé la qualcorite, ils commençaient à accuser la fatigue de cinq jours de voyage. Kyokyomon, après avoir repris des forces, s'était de nouveau digivolvé en Ryudamon son évolution en Ouryumon lui avait permis de se sentir plus proche de ses amis digimons qui pouvaient tous atteindre le stade méga : leurs liens d'amitié s'en étaient trouvés renforcés et le petit digimon n'avait cessé de discuter avec eux pendant le voyage du retour.
Dès que les Enfants Élus arrivèrent à Tokyo, ils se rendirent directement à l'Agence pour mettre la qualcorite en lieu sûr. Quand le directeur et M. Mochizuki découvrirent la boule de métal doré, ils demeurèrent sans voix.
– Ainsi donc, c'est ce métal inoxydable qui a permis à Gennai et à son collègue de créer le digimonde, souffla M. Tagaya.
– C'est grâce à Ryudamon que nous avons pu la récupérer, lui expliqua Sakae. Il a pu se digivolver au niveau méga pour la protéger de l'effondrement de la pyramide de Yonaguni !
– L'effondrement ? répéta M. Mochizuki, abasourdi. Vous voulez dire … que toute la structure s'est écroulée ?
– Oui, confirma Joe.
– Avez-vous averti quelqu'un de cet effondrement ? demanda le directeur. Ce site était très touristique pour les plongeurs, il me semble.
– Nous avons décidé de ne rien dire, déclara Iori. Les autorités s'en rendront rapidement compte et avec un peu de chance ils n'iront pas fouiller les décombres. Personne ne doit savoir que cette pyramide est liée à la qualcorite et aux digimons.
– Les fabricants actuels de matériel informatique s'arracheraient une telle ressource, observa M. Mochizuki, songeur.
– C'est pour ça que notre découverte doit rester secrète, souligna Taichi. Je sais que vous dépendez directement du premier ministre et du gouvernement, mais je vous demande de ne rien leur dire.
M. Mochizuki et M. Tagaya dévisagèrent le jeune homme, surpris de l'audace de sa demande. Finalement, ils acquiescèrent.
– Nous garderons ce secret tant qu'Yggdrasil restera une menace pour la Terre, jura M. Tagaya.
À cet instant, Koushiro s'avança vers le directeur et demanda :
– Avez-vous pu avancer sur le programme de Meicoomon ?
– Oui, grâce aux données qu'Hikari a récupérées dans la mémoire du monde digital, j'ai pu recréer les codes qui correspondent à l'enveloppe charnelle de Meicoomon.
– De mon côté, déclara Koushiro, j'ai étudié le reboot qu'ont subi nos digimons à partir des données que j'ai conservées. Je voulais tenter de comprendre le fonctionnement de ce processus afin de créer un programme qui permettrait à Meicoomon de renaître.
– Et alors ?
– Je dois le reconnaître, je suis dans une impasse : il me manque des phases pour créer un programme complet.
– M. le directeur, intervint M. Nishijima, avez-vous pu accéder à l'ordinateur de Mlle Himekawa ? Son programme de reboot pourrait vous aider.
– Je suis en effet entré dans son ordinateur, acquiesça M. Tagaya. Le dossier du reboot était protégé par de nombreux systèmes de sécurité, heureusement nos ordinateurs supportent des programmes pour cracker des codes rapidement. J'ai levé toutes les barrières …
– Toutes ? fit Sakae, impressionnée.
– … à l'exception de la dernière.
– C'était trop beau, lâcha Daisuke.
– C'est un mot de passe particulièrement coriace, précisa M. Tagaya.
– Nous devons entrer dans ce dossier, décréta Koushiro fermement. Je vais rester avec vous cette après-midi afin de vous aider.
– Koushiro, tu devrais te reposer, l'avertit Sora.
– J'ai dormi dans le bus, il n'y a pas de problème. Et puis, je me suis habitué à ce rythme de travail.
– Sora n'a pas tort, Koushiro, insista Iori. Tu ne seras plus capable de rien si tu t'épuises.
– Ne vous en faîtes pas, ça ira.
– Sinon, intervint soudain Meiko, nous avons une autre solution pour obtenir ce mot de passe.
Ses amis se retournèrent vers elle, surpris.
– Laquelle ? fit M. Mochizuki.
– Le demander directement à Mlle Himekawa.
Les Enfants Élus, le directeur et M. Mochizuki écarquillèrent les yeux. M. Nishijima, lui, avait senti son cœur s'accélérer.
– Je ne sais pas si nous pouvons lui faire confiance, dit M. Tagaya avec réticence. Après tout, elle nous a trahis.
– Pourtant, elle a permis à Ken de s'évader de sa prison, répliqua Meiko. Mlle Himekawa a commis beaucoup d'erreurs, mais je crois qu'au fond d'elle-même, elle aspire à la même chose que moi : que justice soit faite. Je suis sûre qu'elle nous aidera si nous le lui demandons.
Hikari cilla et fit un pas en avant.
– Je partage l'avis de Meiko.
– Moi aussi, ajouta Ken.
– Moi aussi, je veux croire en elle, renchérit M. Nishijima. M. le directeur, laissez-lui une chance, je vous en prie.
M. Tagaya dévisagea intensément Meiko. Mlle Himekawa avait contribué à ce que Meicoomon se déchaîne, elle était en partie responsable du fait que Meiko ait perdu sa partenaire, et pourtant, la jeune fille persistait à vouloir lui faire confiance. Comment pouvait-elle être capable d'un tel pardon ? Sans doute, songea M. Mochizuki, parce que la jeune fille avait elle aussi connu les ténèbres. Le directeur finit par acquiescer.
– D'accord. Nous nous donnons jusqu'à ce soir pour cracker le mot de passe avec Koushiro. Si à vingt heures précises nous sommes toujours sans résultat, nous contacterons Mlle Himekawa.
– Est-ce possible, alors qu'elle se trouve dans l'Océan des Ténèbres ? demanda Yamato.
– L'Océan des Ténèbres est rattaché au réseau mondial, comme le digimonde, on devrait donc pouvoir se connecter virtuellement à lui, acquiesça M. Tagaya.
– En attendant, dit M. Mochizuki aux adolescents, vous devriez rentrer chez vous pour vous reposer.
– Tenez-nous au courant, dit Taichi au directeur et à Koushiro.
– On t'appelle dès qu'on a du nouveau, lui répondit Koushiro.
Les Enfants Élus quittèrent le bureau du directeur, leurs digimons sur leurs talons. Meiko, cependant, demeura immobile, le regard rivé sur le directeur et Koushiro.
– Je voudrais rester avec vous, si cela ne vous dérange pas, dit-elle. C'est pour ma partenaire digimon que vous déployez tant d'efforts. J'aimerais être à vos côtés pour vous soutenir.
– D'accord, la remercia Koushiro avec un mouvement reconnaissant de la tête.
Sakae, qui était demeurée un peu en retrait, se rapprocha des deux adolescents et leur dit :
– Je pensais passer à la maison, Meiko, pour me changer. Je peux aussi te prendre des vêtements propres si tu veux.
– Si ça ne te dérange pas, je veux bien, la remercia sa sœur.
La jeune fille se tourna vers Koushiro, les joues légèrement roses et pinça les lèvres, comme si elle hésitait à laisser échapper la phrase qui trottait dans sa tête.
– Ton appartement, Koushiro, n'est pas très loin du mien. Est-ce que tu veux que je passe chez toi pour te prendre quelques affaires ?
Pendant une fraction de secondes, l'adolescent imagina Sakae sonner à la porte de son appartement et se présenter à sa mère comme étant une « amie » de son fils. Il se figura alors toutes les questions indiscrètes que sa mère pourrait faire à la jeune fille, et à cette seule pensée, il sentit ses joues s'empourprer. Il secoua la tête et s'exclama :
– Non, non, ça va aller !
– D'accord, alors je vous rapporterai au moins à manger, déclara Sakae en quittant le bureau du directeur.
Koushiro l'observa quitter le bureau du directeur en essayant de calmer les battements de son cœur. Il inspira profondément pour cacher son trouble, que le directeur et Meiko firent semblant de ne pas voir. Puis, il se tourna vers M. Tagaya.
– On s'y met ?
– Allons-y, acquiesça le directeur.
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Meiko ressortit des toilettes des filles après avoir enfilé une jupe et un chemisier propre. Sakae n'avait pas tardé à revenir à l'Agence avec des vêtements et des petits gâteaux que le directeur et Koushiro avaient grignoté tout en travaillant.
– Comment ça se passe ? demanda Sakae.
– Ils tournent un peu en rond, répondit Meiko. Les programmes de décryptage du directeur sont pourtant puissants, mais malgré toutes les combinaisons utilisées, ils ne parviennent pas à trouver le mot de passe.
– Allons les rejoindre.
Quand les deux jeunes filles entrèrent dans le bureau de M. Tagaya, Koushiro posa ses coudes sur la table et se prit la tête dans les mains.
– Ce n'est pas possible ! Combien de caractères spéciaux a pu intégrer Mlle Himekawa ? Les combinaisons classiques des vingt-six lettres de l'alphabet et des dix chiffres du clavier ne sont pas suffisants pour cracker le code, nous avons intégré des dizaines de caractères spéciaux mais rien n'y fait …
– Vous avez essayé le nom de son digimon, Bakumon ? demanda Meiko.
– Oui, acquiesça le directeur.
– Le nom de ses amis décédés, Eiichiro, Ibuki et Shigeru ?
– Oui.
– Le prénom et le nom de M. Nishijima ? ajouta Sakae.
– Oui.
– Yggdrasil ?
– Oui, mais ça ne marchait pas non plus, répondit Koushiro, dépité. Sans le programme de reboot de Mlle Himekawa, faire renaître Meicoomon va nous prendre des mois !
Meiko pinça les lèvres.
– Alors, nous n'avons pas le choix : il faut contacter Mlle Himekawa directement.
M. Tagaya et M. Mochizuki dévisagèrent longuement Meiko. Koushiro, lui, continuait de fixer l'écran d'ordinateur où la case du mot de passe demeurait rouge. Il soupira :
– D'accord. J'appelle les autres.
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Quand le cri d'Yggdrasil retentit, Maki Himekawa se boucha les oreilles. Dès que le grondement s'atténua, la jeune femme se redressa et termina de gravir l'escalier qui menait au rez-de-chaussée de la pagode. Elle s'approcha à pas de loup de la porte qui donnait sur la grande salle et tendit l'oreille : cela faisait près d'une semaine qu'Yggdrasil s'était enfermé dans cette pièce pour se livrer à toutes sortes d'expériences et de tests. Il avait affirmé que grâce à sa lecture de l'historique du monde digital, il serait en mesure de quitter l'Océan des Ténèbres sans recourir à la spore noire de Ken. Cette annonce n'avait pas manqué d'inquiéter Mlle Himekawa, mais force avait été de constater qu'au bout d'une semaine, Yggdrasil n'avait toujours pas atteint son objectif. Peut-être avait-il surestimé ses capacités ? La jeune femme l'espérait. Elle avait maintenant la certitude que les Enfants Élus avaient dû prendre connaissance de l'historique peut-être avaient-ils même retrouvé la qualcorite sur l'île de Yonaguni ? Elle n'entendait plus aucun bruit depuis plusieurs minutes, quand un nouveau cri d'Yggdrasil fit soudain trembler tous les murs de la pagode. Mlle Himekawa sentit son sang se glacer dans ses veines : cette fois, c'était un cri de victoire, qui fut suivi d'un appel qui ressemblait plus à un aboiement :
– Piedmon ! Daemon et les autres ! Sortez tous de votre léthargie et rejoignez-moi dehors sur la falaise ! Dépêchez-vous ! cria Yggdrasil.
Mlle Himekawa se détacha immédiatement de la porte et recula. Quelques secondes plus tard, les battants de la porte s'ouvraient avec fracas et Yggdrasil sortit de la grande salle : même si ses lèvres demeuraient toujours figées, ses yeux traduisaient le triomphe qu'il éprouvait. Il se dirigea vers la porte d'entrée de la pagode et l'ouvrit avec la même violence. Les Sept Seigneurs Démoniaques et Piedmon l'attendaient déjà sur la crête de la falaise. Il s'avança vers eux, majestueux et terrifiant, et leur dit d'une voix fébrile :
– L'heure de notre vengeance est proche, mes amis. J'ai enfin mis en point le programme que je souhaitais grâce aux codes de l'historique du monde digital.
– Tu avais … mémorisé tout l'historique, Seigneur ? lâcha Piedmon, bouche bée.
– Cela t'étonne ? rétorqua son maître en haussant les sourcils. J'étais le dieu du monde digital et j'ai manié bien plus de codes que cela lorsque je maîtrisais le cycle de renaissance des digimons. Quoiqu'il en soit, j'ai trouvé …
– Qu'avez-vous trouvé ? demanda Lucemon.
– Le moyen pour nous de sortir de ce monde de ténèbres.
Mlle Himekawa avait réussi à se faufiler hors de la pagode sans être repérée et se dissimula entre des arbustes épineux du maquis qui envahissaient la falaise. Quand elle entendit les dernières paroles d'Yggdrasil, elle sursauta. Les Sept Seigneurs Démoniaques et Piedmon ne cachaient pas non plus leur surprise.
– Seigneur, voulez-vous parler … d'une manière de sortir d'ici sans recourir à l'humaine ? fit Laylamon.
– Exactement. Nous n'aurons plus besoin du digivice de Maki, car je vais détruire le Mur de Feu.
Mlle Himekawa sentit ses bras se couvrir de chair de poule.
– Ce processus nous permettra d'accéder au monde digital, poursuivit Yggdrasil, puis au monde des hommes. Il est temps de prendre notre revanche sur ses êtres qui ont voulu vous asservir, vous les digimons, en faisant de vous leurs partenaires – ou plutôt devrais-je dire leurs esclaves. Je serai votre libérateur et celui de tous les digimons. Grâce à moi, vous recouvrerez bientôt la jouissance du monde digital pour vous seuls, sans qu'aucun humain n'y mette plus jamais les pieds. Pour ce faire, nous devons trouver dans le monde des hommes une boule de métal semblable à de l'or, appelée la qualcorite. Si nous la détruisons, nous couperons la liaison entre la Terre et le monde digital pour toujours : les hommes ne pourront plus envahir notre territoire, mais nous, nous pourrons étancher notre soif de vengeance contre eux. L'internet qu'ils ont développé constitue un véritable réseau de routes directes vers leur monde et dès que nous sortirons de l'Océan des Ténèbres, nous y aurons accès. Nous pourrons alors provoquer des catastrophes rien qu'en influant sur leur réseau informatique. Cependant, avant de mener cette attaque, je tiens à faire face aux Enfants Élus en personne, et je souhaite que vous m'accompagniez afin de donner à l'humanité un avant-goût de notre puissance. Les hommes se croient invincibles grâce à leur technologie, nous allons leur prouver qu'ils ont tort. Pour mener à bien cette grande opération, je vous ai réservé un cadeau à tous.
– Un … cadeau ? répéta Beelzemon, perplexe.
Yggdrasil tendit une main devant lui, en direction de Piedmon. Le corps de son serviteur s'illumina subitement et se transforma : ses bras se dédoublèrent et se décharnèrent pour devenir noirs et squelettiques, tandis que des culottes bouffantes bleues remplacèrent les vertes qu'il portait auparavant. Un tricorne coiffa sa tête et un masque de bandelettes évoquant une momie recouvrit son visage pour ne laisser entrevoir que ses yeux. Des sabres à pommeau en forme de tête de mort apparurent de chaque côté de sa ceinture et des ailes noires et rouges se déployèrent dans son dos : il avait évolué en Voltobautamon. Il étendit ses bras, remua ses doigts et examina son corps, satisfait.
– Je me sens … plus fort, déclara-t-il d'une voix rauque.
– Grâce au programme dont je t'ai doté, expliqua Yggdrasil, tu resteras désormais de manière permanente au stade de Voltobautamon.
– Vraiment ? Merci, Seigneur, de votre générosité ! dit-il en s'inclinant bien bas.
Yggdrasil déplia de nouveau ses bras vers les Seigneurs Démoniaques et le corps des sept démons fut enveloppé d'une lumière intense toutefois, à la différence de Voltobautamon, ils ne changèrent pas d'apparence. La lumière s'éteignit alors aussi brusquement qu'elle était apparue. Daemon observa ses camarades d'un air sceptique et grogna :
– Votre programme, maître, n'a pas eu le même effet sur nous.
– Patience, répondit froidement Yggdrasil. Un nouveau pouvoir vit en vous sept, et quand le moment viendra vous le sentirez. Je n'ai pas de doutes que vous saurez l'utiliser à bon escient. Quant à moi, je vais m'atteler à la destruction du Mur de Feu nous attaquerons la Terre demain à la tombée de la nuit, lorsque les humains seront le plus vulnérables.
– Êtes-vous sûrs que nous trouverons facilement les Enfants Élus ? demanda Barbamon.
– Nul besoin de les trouver. Ce sont eux qui viendront à nous.
Derrière les buissons épineux, Mlle Himekawa sentit son cœur cogner contre sa poitrine. Yggdrasil allait sortir de l'Océan des Ténèbres et attaquer le monde réel elle devait prévenir les Enfants Élus et Daigo, mais comment ? Au même instant, son digivice vibra dans sa poche. Elle sursauta et les branches du maquis la griffèrent. Elle étouffa un cri de douleur et attrapa son digivice : il clignotait par intermittence. Soudain, des mots apparurent sur le carré central : « Si vous recevez ce message, assurez d'être seule avant de le lire. Koushiro. » Mlle Himekawa cligna des yeux, stupéfaite : comment l'adolescent était-il parvenu à utiliser son digivice pour la contacter ? Cela dépassait ses connaissances en connaissance en informatique. Le cœur battant, elle jeta un œil en direction d'Yggdrasil et de ses serviteurs : ils étaient occupés à planifier leur attaque. Elle rentra discrètement dans la pagode, se dirigea vers les escaliers et descendit dans les sous-sols, où plus aucun prisonnier n'était enfermé. Là, elle s'agenouilla sur le sol et ressortit précipitamment son digivice sur lequel de nouveaux mots étaient apparus : « Nous savons ce que vous avez fait pour Ken et nous avons décidé de vous faire confiance. Nous avons besoin de votre aide », écrivait Koushiro. « Nous avons trouvé la qualcorite sur l'île de Yonaguni. Elle est à l'abri à l'Agence Administrative. Avec M. Tagaya, nous travaillons depuis une semaine afin de créer un programme qui ne figure pas dans l'historique du monde digital et qui aurait pour but de ressusciter Meicoomon. » En lisant ces derniers mots, le cœur de Mlle Himekawa manqua un battement. Ressusciter Meicoomon ? Koushiro et le directeur étaient vraiment capables d'une telle prouesse ? « Nous voudrions utiliser vos recherches sur le reboot, car le processus qui permettrait à Meicoomon de renaître s'en rapproche sensiblement. M. le directeur a pu ouvrir vos dossiers, mais nous avons besoin de votre mot de passe pour accéder aux fichiers du reboot. Donnez-le-nous, je vous en prie. »
Mlle Himekawa sentit un filet de sueur perler à ses tempes tandis qu'elle relisait le message deux fois de suite. Si Koushiro et M. Tagaya étaient réellement en mesure de ressusciter Meicoomon, son retour pouvait constituer un obstacle de taille contre Yggdrasil. Elle devait absolument répondre à ce message, mais comment ? Elle releva la tête et parcourut du regard le couloir autour d'elle : elle n'avait aucun moyen de communiquer avec l'extérieur depuis ce monde. Elle serra fermement son digivice entre ses doigts tandis que l'impuissance l'envahissait même si aucun barreau ne la retenait, elle était prisonnière de l'Océan des Ténèbres plus sûrement que si elle s'était trouvée dans une geôle. Elle était demeurée auprès d'Yggdrasil afin de le tromper le plus longtemps possible, afin de faire gagner du temps aux Enfants Élus, mais maintenant, elle ne disposait d'aucun moyen pour les aider. Ses doigts se crispèrent plus encore autour de son digivice. À cet instant, elle remarqua que des mots venaient de s'inscrire tous seuls sur l'écran, comme par magie. Ces mots exprimaient ce qu'elle venait de penser quelques secondes auparavant et retranscrivaient exactement les informations qu'elle voulait communiquer aux adolescents. Elle écarquilla les yeux, bouche bée. Pouvait-elle donc écrire à la seule force de sa pensée ? Elle serra son digivice : elle devait encore avertir les adolescents de l'imminence de l'attaque d'Yggdrasil. Elle pensa à une seconde phrase et les mots s'écrivirent tout aussi facilement que les premiers. Abasourdie, elle vit soudain le message disparaître et une notification s'afficher : « Envoyé ». Elle examina son digivice, muette de stupeur. Au même moment, la voix d'Yggdrasil résonna au-dessus d'elle :
– Maki !
La jeune femme sursauta et remonta précipitamment au rez-de-chaussée. Yggdrasil se tenait dans l'embrasure de la porte d'entrée, Voltobautamon et les Seigneurs Démoniaques derrière lui. Il s'avança vers la grande salle et ordonna :
– Suis-moi.
Elle s'exécuta et le rejoignit dans la salle de pierre. Sans sourire et avec une lueur mauvaise dans les yeux, Yggdrasil lui annonça :
– J'ai trouvé un moyen de détruire le Mur de Feu, Maki. Ton digivice ne m'est désormais plus utile.
Il lui adressa un regard glacé et hautain qu'elle soutint sans sourciller. Elle savait qu'Yggdrasil doutait d'elle depuis l'évasion de Ken, mais elle devait garder son masque le plus longtemps possible et ne laisser transparaître aucune hésitation.
– Nous attaquerons le monde réel dès demain, poursuivit Yggdrasil.
– Puis-je vous accompagner ?
– Non.
Le puissant digimon avait prononcé ce dernier mot avec une pointe de plaisir non dissimulée. Le sang-froid de cette humaine commençait à l'agacer. Il avait parfois l'impression qu'elle ne ressentait rien, ou même pire, qu'elle ne le craignait pas. Cette pensée lui était intolérable. Elle voulait lui tenir tête ? Il allait lui faire ravaler sa fierté.
– Je préfère que tu restes ici. Dès que j'aurais mené à bien mon plan sur Terre, je serai en mesure de rendre sa mémoire à ton digimon, Bakumon. N'était-ce pas ce que tu souhaitais ?
Mlle Himekawa plissa les yeux : Yggdrasil la prenait vraiment pour une idiote. Croyait-il réellement qu'il pouvait encore la manipuler en brandissant le nom de Bakumon ? S'imaginait-il donc qu'en évoquant son ancien partenaire elle se laisserait envahir par la douleur et obéirait aveuglément à tous ses ordres ? C'était bien mal la connaître. Elle décida de faire semblant de laisser s'allumer l'espoir dans ses yeux, puis s'inclina afin qu'Yggdrasil ne puisse plus distinguer son expression. D'une voix neutre, elle acquiesça :
– Bien, Seigneur.
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– Elle a répondu ! s'exclama Koushiro.
– Que dit-elle ? demanda Taichi.
Les Enfants Élus s'étaient tous réunis aux côtés de Koushiro, de M. Tagaya et de M. Mochizuki en fin d'après-midi pour être présents lorsque ces derniers écriraient à Mlle Himekawa. La réponse de la jeune femme ne s'était pas fait attendre. Koushiro ouvrit le message et le lut à voix haute :
– « Le langage à utiliser pour ouvrir mon dossier n'est pas celui des hommes, mais celui des digimons. Quant au mot en question, il s'agit de celui que j'ai considéré pendant longtemps comme mon pire ennemi. »
– Elle a utilisé une énigme pour nous répondre ? s'étonna Yamato.
– Elle exagère, elle aurait pu nous donner le mot de passe directement ! s'exclama Daisuke.
– Je ne pense pas que ce soit très difficile à comprendre, dit Koushiro.
– « Le langage à utiliser pour ouvrir mon dossier n'est pas celui des hommes, mais celui des digimons », répéta Meiko. Hum … mais oui, c'est très clair ! Le mot de passe de Mlle Himekawa n'est pas écrit avec nos kanji habituels, mais en alphabet digimon !
– Évidemment, comprit le directeur. Voilà pourquoi mes programmes de décryptage ne fonctionnaient pas : ils ne testaient que les caractères de notre alphabet !
– La suite est simple également, poursuivit Hikari. Mlle Himekawa dit que son mot de passe fait référence à celui qu'elle a longtemps considéré comme son ennemi.
– C'est Homeostasis, dit M. Nishijima en fronçant les sourcils.
– Ce n'est pas bête d'utiliser le nom de son ennemi plutôt que de quelqu'un qu'on apprécie, observa Miyako. On pense moins facilement à ce raisonnement quand on essaye de deviner le mot de passe de quelqu'un.
– Koushiro, essaye ! lui lança Takeru.
Le jeune homme ouvrit le dossier de Mlle Himekawa, fit apparaître la fenêtre où l'on pouvait inscrire le mot de passe, puis mit en route le programme qui lui permettait de générer des caractères de l'alphabet digimon. Il choisit les bons idéogrammes pour écrire « Homeostasis » et les copia dans la fenêtre. Puis, il appuya sur la touche « entrée » de son clavier : le dossier du reboot s'ouvrit.
– Vous avez réussi, souffla M. Mochizuki.
Le dossier renfermait plusieurs fichiers de codes.
– Avec ça, s'enthousiasma Koushiro, nous allons pouvoir …
Il fut interrompu par un bip sonore de sa messagerie. Étonné, il rebascula sur sa boîte mail et vit qu'un nouveau message de Mlle Himekawa venait d'arriver, juste après le premier. Il cliqua dessus, légèrement inquiet. À ce moment, ses yeux s'écarquillèrent et son cœur s'accéléra.
– Koushiro, qu'est-ce qu'il y a ? demanda Sakae.
– C'est … c'est Yggdrasil … il a trouvé comment sortir de l'Océan des Ténèbres !
– Quoi ? s'exclama Taichi.
Les Enfants Élus et leurs digimons pâlirent.
– Comment a-t-il réussi à faire ça ? demanda Yamato.
– Sans doute grâce à l'historique, répondit Koushiro en fronçant les sourcils. Il va détruire le Mur de Feu pour accéder au monde digital.
– Il va tout ravager, souffla Hikari, terrifiée.
– Mais surtout, termina Koushiro, Mlle Himekawa nous écrit qu'Yggdrasil a prévu d'attaquer la Terre demain soir, avec les Sept Seigneurs Démoniaques et Voltobautamon.
– Demain soir ? s'affola Miyako.
– Il cherche la qualcorite, dit Joe avec gravité. Il veut sans doute la détruire pour nous empêcher d'accéder au monde digital.
– Attendez une minute, les interrompit Iori. Je croyais que si la qualcorite que nous avons trouvée à Yonaguni était détruite, le monde digital l'était aussi. Yggdrasil ne va tout de même pas anéantir son propre monde ?
– Il existe une qualcorite virtuelle, rappela Koushiro, qui soutient pour moitié l'existence du monde digital. Tant que l'une de ces deux qualcorites est préservée, le monde digital existera, mais si l'une d'elles est détruite, la liaison entre le monde digital et la Terre disparaîtra pour toujours.
Les Enfants Élus clignèrent des yeux, effrayés.
– Cependant, Yggdrasil ignore que la qualcorite est déjà en notre possession, rappela alors Takeru.
– C'est vrai, dit Ken. Dès qu'il atteindra le monde réel, il voudra se diriger vers Yonaguni, pensant que la qualcorite s'y trouve encore.
– Il faut l'empêcher de s'éloigner de Tokyo, dit Taichi, sinon, lui et les Seigneurs Démoniaques pourraient faire des ravages dans tout le Japon, voire même sur toute la Terre.
– Est-on certain qu'il apparaîtra au-dessus de Tokyo ? demanda Sora.
– Théoriquement, un portail peut s'ouvrir à n'importe partout sur la planète, réfléchit Koushiro. Nous l'avons vu il y a six ans lorsque des digimons ont surgi dans plusieurs régions du monde, et cela s'est répété il y a trois ans. Néanmoins, étant donné qu'Yggdrasil cherche la qualcorite de Yonaguni, il y a de fortes chances pour qu'il apparaisse à Tokyo, car c'est là que se trouve le portail entre le Japon et le monde digital. Il faut donc nous préparer à ce qu'il attaque ici.
Meiko baissa les yeux et se mordit la lèvre. D'une voix ferme, elle dit alors à Koushiro :
– Koushiro, laisse tomber ton programme pour Meicoomon. Notre priorité est de protéger la Terre, arrêter d'Yggdrasil est plus important que Meicoomon.
Taichi se tourna vers Meiko : dans le regard de la jeune fille, il lut une abnégation qui lui déchira le cœur. Elle avait tant rêvé de revoir Meicoomon, et la réponse de Mlle Himekawa avait sans doute ravivé ses espoirs. Cependant, devant le danger imminent qui les menaçait, elle renonçait d'elle-même à ce désir, alors qu'ils étaient si près du but. D'une voix parfaitement calme, Koushiro répliqua :
– Non.
Meiko, surprise, releva la tête vers l'adolescent.
– Il faut aller au bout de ce projet, même s'il ne nous reste que vingt-quatre heures, déclara Koushiro. Si nous réussissons à ramener Meicoomon, elle pourrait être un allié de plus pour lutter contre Yggdrasil.
M. Tagaya acquiesça.
– Koushiro a raison. Nous allons nous mettre au travail immédiatement et y passer la nuit afin de créer le programme au plus vite.
– Dans ce cas, décida Taichi, mes amis et moi allons organiser pendant ce temps notre défense contre Yggdrasil.
– Même avec Omegamon et nos digimons à leur plus haut stade d'évolution, souligna Yamato, je ne crois pas que nous tiendrons tête à Yggdrasil et sa clique. Nous n'avons pas réussi à vaincre les Sept Seigneurs Démoniaques sur l'île de la mer du Nord, rien ne dit que nous y arriverons cette fois-ci.
– On va y mettre toute notre force ! lui lança Agumon.
– Nous ne doutons pas de votre détermination, dit Sora, mais notre seul face à face avec Yggdrasil nous a montré qu'il est très difficile à vaincre. Nous devons mettre toutes les chances de notre côté, cette fois-ci.
– Et si … nous faisions appel aux Bêtes Sacrées ? émit alors M. Nishijima.
Tous les adolescents se tournèrent vers lui, surpris.
– Mais … peuvent-elles entrer dans notre monde ? demanda Joe, sceptique.
– Et va-t-on laisser le monde digital sans protection ? ajouta Takeru.
– Si Yggdrasil a prévu d'arriver dans le monde réel avec tous ses sbires, cela veut dire qu'il va concentrer son attaque sur la Terre et non sur le digimonde, observa M. Nishijima. Les Bêtes Sacrées seraient plus utiles ici.
Taichi dévisagea son professeur, puis Takeru et Hikari, Joe et Mimi, Koushiro et Sakae.
– Pourriez-vous appeler les Bêtes Sacrées depuis la Terre ?
Hikari échangea un regard avec Takeru.
– On peut toujours essayer.
– D'accord, accepta Taichi, nous les préviendrons dès demain matin. Nous devons retenir Yggdrasil le plus longtemps possible, tout en lui faisant ignorer que nous possédons déjà la qualcorite.
– Et s'il venait à le découvrir ? dit Hikari.
– Alors, il faudra la défendre du mieux que nous le pourrons, dit fermement Daisuke.
– N'y a-t-il pas un moyen de créer une défense supplémentaire pour protéger la qualcorite et donner un peu de répit à nos partenaires ? émit Miyako.
Tous baissèrent la tête, pensifs. Au bout de quelques minutes, M. Mochizuki déclara :
– Lorsque les distorsions générées par Meicoomon avaient commencé à apparaître, l'Agence avait financé la fabrication de fusils à plasma capables d'affaiblir un digimon. Nous les avions testées sur Ogremon lorsque celui-ci avait fait irruption sur Terre.
– Vraiment ? s'étonna Mimi. Et alors ?
– Ces armes avaient encore besoin de quelques améliorations, mais elles leur furent apportées et les fusils sont maintenant opérationnels. Je me disais que nous pourrions peut-être en faire quelque chose …
– C'est une très bonne idée ! s'exclama Daisuke. En rassemblant tous vos stocks d'armes, on pourrait tenter quelque chose …
– Où veux-tu en venir ? lui demanda Miyako.
– Si l'on met à feu tous les fusils en même temps dans un tir croisé, cela devrait pouvoir générer …
– Un nuage électrique ! comprit Tentomon.
– Mais oui, acquiesça Koushiro. C'est une excellente idée, Daisuke !
– Merci, répondit le jeune homme. Ce champ de force serait suffisamment puissant pour repousser un digimon comme Yggdrasil, je pense.
– Pendant combien de temps ? demanda Taichi.
– C'est le défaut de mon plan. Je ne pense pas que cela durerait plus de deux à trois minutes.
– C'est court, en effet, dit Yamato.
– Ce champ de force devra être notre dernier recours, déclara Joe.
– Et si nous faisions plutôt savoir à Yggdrasil que nous avons trouvé la qualcorite ? proposa sudain Iori.
– Qu'est-ce que tu racontes ? s'exclama Daisuke. On vient justement de dire qu'il faut lui cacher notre trouvaille !
– Oui, mais s'il le sait immédiatement, il n'essayera pas de quitter Tokyo. Et puis, même si nous lui disons que nous avons la qualcorite, nous pouvons le tromper … en fabriquant des leurres.
Ses amis le fixèrent ébahis.
– Des leurres ? répéta Sora.
– Oui, des boules qui ressembleraient à la qualcorite mais qui n'en seraient pas, pour tromper Yggdrasil, précisa Iori.
– Ça pourrait marcher, admit Tailmon.
– Le mieux serait même de nous diviser en plusieurs groupes afin de protéger un leurre chacun, pour qu'Yggdrasil ne puisse pas savoir quelle est la véritable qualcorite, déclara Gomamon.
– Pendant ce temps, il faut que nos digimons trouvent le moyen de renvoyer Yggdrasil et ses démons vers l'Océan des Ténèbres, dit Takeru.
– Le mieux serait de l'y enfermer à nouveau, ajouta Hikari.
– Malheureusement, dit Koushiro, si Yggdrasil a trouvé comment détruire le Mur de Feu, je doute que l'on puisse le renfermer dans l'Océan des Ténèbres. Il me faudrait la puissance d'Homeostasis pour cela.
– Et alors, tu as bien réussi à recréer Meicoomon, non ? fit Mimi. Tu ne pourrais pas renvoyer Yggdrasil dans son monde ?
– Non, c'est trop compliqué. Tout au plus pourrait-on essayer de le repousser vers le monde digital.
– On ne contrôle pas l'Océan des Ténèbres, dit Ken, mais … si l'on créait nous-mêmes un Mur de Feu entre la Terre et le monde digital ? Cela empêcherait Yggdrasil d'atteindre à nouveau la Terre.
Koushiro releva la tête vers Ken et fronça les sourcils :
– Hum … en réutilisant les programmes de l'historique, cela ne doit pas être impossible. Mais il faudrait travailler d'arrache-pied pour que ce soit prêt d'ici demain, et je ne pourrai pas tout faire : nous allons devoir choisir entre le programme de renaissance de Meicoomon et le Mur de Feu.
– Et si je m'occupe du Mur de Feu pendant que tu te charges du programme de Meicoomon ? lui proposa alors Ken.
– Tu … te sens capable de faire ça tout seul ? demanda Koushiro, stupéfait.
– J'ai déjà fait de la programmation et l'historique du monde digital me donne un modèle à suivre. Je devrais pouvoir m'en sortir.
– Je peux t'aider, lui dit M. Mochizuki.
– Et moi, je vais rester avec toi pour t'encourager ! compléta Wormon.
– Merci, leur dit Ken avec reconnaissance.
Taichi acquiesça et embrassa alors tous ses amis d'un regard :
– Alors récapitulons. Koushiro et M. Tagaya, vous finissez le programme destiné à Meicoomon. Meiko, tu restes avec eux, c'est ça ?
– C'est ça, acquiesça la jeune fille.
– Ken et M. Mochizuki, vous vous chargez du Mur de Feu qui permettrait de créer une barrière entre la Terre et le monde digital, afin que si nous arrivons à repousser Yggdrasil, il ne puisse pas revenir sur Terre. C'est bien ça ?
– Affirmatif, confirma le jeune homme.
– Les autres, ils ne nous restent plus qu'à nous répartir. Daisuke, puisque c'est ton idée, je propose que tu rassembles un groupe qui se chargera de préparer les fusils à plasma et de fabriquer un mécanisme qui permettra de les déclencher à distance.
– D'accord, acquiesça Daisuke. Qui veut venir avec moi ?
Yamato, Takeru, Sakae et Miyako levèrent la main.
– Les fusils ne sont pas sur place, les avertit M. Nishijima. Je vais vous conduire à la réserve d'armes.
– Parfait, déclara Taichi, dans ce cas Sora, Joe, Mimi, Hikari, Iori et moi allons nous occuper de fabriquer les leurres des qualcorites. Et pour ça, j'ai déjà une petite idée.
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M. Nishijima passa la troisième et se dirigea vers la périphérie de Tokyo. À l'arrière de la fourgonnette étaient assis Daisuke, Takeru, Sakae, Yamato et Miyako, leurs digimons près d'eux.
– Les fusils à plasma sont conservés sur une base militaire aux abords de la capitale, expliqua le professeur. Nous allons prendre ceux dont nous avons besoin.
– Êtes-vous sûrs que l'armée nous les donnera aussi facilement ? s'étonna Yamato.
– Le directeur leur a déjà envoyé l'ordre de nous laisser entrer, répondit M. Nishijima.
– Heureusement que nous avons son appui, observa Miyako.
M. Nishijima prit à ce moment sur la droite : ils arrivèrent en vue d'une base militaire dont les murs étaient cernés de barbelés et s'arrêtèrent au niveau de la guérite de la sentinelle, devant une haute porte de métal. M. Nishijima tendit sa carte d'agent du gouvernement au garde :
– Vous avez dû recevoir le message du directeur pour le transfert d'armes.
Le militaire observa la carte de M. Nishijima, puis acquiesça.
– Affirmatif. Les armes se trouvent dans la troisième allée sur votre droite, bâtiment 6.
Il enclencha le mécanisme d'ouverture de la porte M. Nishijima passa la première et se dirigea vers l'entrepôt indiqué. Les phares de la voiture illuminèrent une allée bordée de hangars. Arrivé au sixième bâtiment, M. Nishijima coupa le moteur.
– C'est là.
Tous descendirent de la voiture et M. Nishijima tapa le code secret qui verrouillait l'entrée de l'entrepôt. Aidé de leurs partenaires digimons, les adolescents firent coulisser la porte sur ses rails et pénétrèrent dans le hangar. Des centaines de fusils à plasma reposaient sur des étagères qui montaient du sol au plafond.
– Whouah, qu'est-ce que c'est grand! lâcha Veemon.
– Et qu'est-ce qu'il y a comme armes, ajouta Hawkmon.
– C'est effrayant, je trouve, de savoir que tous ces objets peuvent faire du mal aux humains, murmura Patamon.
– C'est vrai, acquiesça Takeru, les armes peuvent être effrayantes de par leur pouvoir destructeur, mais nous en avons besoin demain afin de protéger la qualcorite et le monde digital.
– Combien prend-t-on de fusils ? demanda Miyako.
– Il faut d'abord réfléchir où est-ce qu'on va les mettre, fit observer Yamato.
– Il faudrait qu'ils soient situés en hauteur, afin d'atteindre rapidement Yggdrasil et ses démons si ceux-ci attaquent l'Agence, réfléchit Daisuke.
– Pourquoi pas sur le toit, dans ce cas ? suggéra Sakae.
– Ça me semble une bonne idée, acquiesça M. Nishijima. Le toit est assez grand, nous aurons la place d'installer pas mal de fusils.
– Une cinquantaine suffirait, vous croyez ? fit Takeru.
– Hum … oui.
– Alors, on embarque tout ça ! décida Daisuke.
Ils ouvrirent l'arrière de la fourgonnette et se firent la chaîne depuis les étagères pour transporter les armes dans le véhicule. Cette tâche accomplie, Miyako contempla l'entassement de fusils et demanda ironiquement :
– Et nous, on monte où ?
– L'un de vous peut s'asseoir à l'avant avec moi avec son digimon dit M. Nishijima. Mais pour les autres, pas le choix : il va falloir vous asseoir sur le tas.
Les adolescents échangèrent un regard amusés ; Daisuke sourit et demanda :
– On tire à la courte paille ?
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Dès qu'ils arrivèrent à l'Agence, M. Nishijima, Daisuke, Yamato, Takeru, Sakae et Miyako entreprirent de décharger la fourgonnette et de monter les armes sur le toit. Alors qu'ils effectuaient un premier aller-retour, les bras chargés d'armes, ils tombèrent sur Taichi et les autres qui s'étaient installés en cercle devant les machines à café.
Leurs amis avaient recouvert le sol de papier journal et y avaient disposé des bouteilles de peinture métallisée de la même couleur que la qualcorite. Assis en tailleur sur les journaux, ils recouvraient quatre vieux ballons de football de peinture métallique dorée. Leurs digimons respectifs les aidaient avec leur propre pinceau et semblaient s'en donner à cœur joie.
– C'était ça ton idée, Taichi ? s'étonna Daisuke. Utiliser des ballons de football pour fabriquer des leurres de la qualcorite ?
– Exactement ! acquiesça celui-ci avec un sourire. En observant la qualcorite, je me suis dit qu'elle avait à peu près la même circonférence, alors je me suis dit que cela pourrait marcher.
– C'est pas bête !
– Comme je gardais de vieux ballons chez moi, nous sommes allés les chercher avec Hikari et Sora pendant que Mimi, Joe et Iori achetaient de la peinture.
– Hum … j'espère que ça suffira à tromper Yggdrasil, dit Yamato en observant les ballons d'un air dubitatif.
– De loin, ça peut le faire, déclara Miyako. Mais il faudrait mieux mettre deux couches pour uniformiser le rendu.
– C'est prévu ! lui lança Joe.
– Et vous ? demanda Sora en relevant la tête vers Daisuke et ses amis. Vous avez pu facilement accéder aux armes ?
– Avec M. Nishijima, sans aucun problème, répondit Miyako. On a fait le plein de fusils, qu'Yggdrasil se prépare !
– Vous allez les installer sur le toit ? demanda Hikari.
– Oui, acquiesça Takeru. Et il faut encore qu'on trouve un moyen de tous les déclencher en même temps.
– Si vous avez besoin d'aide, appelez-vous, leur dit Mimi.
– Compris ! répondit Miyako en repartant vers les escaliers.
Hikari dévisagea ses amis et murmura :
– J'espère que ça va aller pour Koushiro et M. Tagaya. Ils travaillent dur pour ramener Meicoomon.
– C'est sûr qu'avec l'énergie qu'ils mettent dans ce projet, je leur souhaite d'y parvenir, dit Joe sombrement.
Sakae dévisagea son amie, les bras chargés d'armes.
– Je pense que Koushiro et mon père sont tout à fait capables d'y arriver, dit-elle avec conviction. Ils sont de brillants informaticiens. Koushiro peut-être encore plus que mon père, ajouta-t-elle, songeuse.
En prononçant ces mots, elle sentit ses joues s'empourprer, sans qu'elle ne comprenne pourquoi. Elle secoua vigoureusement la tête et se dirigea vers les escaliers, en direction du toit de l'Agence.
Au quatrième sous-sol, Koushiro et M. Tagaya voyaient le temps filer avec angoisse. Ils avaient analysé tous les programmes de reboot de Mlle Himekawa et copié les séquences de codes qui pouvaient leur être utiles, puis, ils avaient entrepris de les adapter afin d'y intégrer le code source de Meicoomon. Meiko suivait leurs mouvements sans réellement comprendre le processus qu'ils mettaient en place, mais avec une confiance absolue en leurs capacités. Sur un autre ordinateur du bureau, son père s'était installé avec Ken pour tenter de créer un Mur de Feu qui empêcherait Yggdrasil d'accéder à la Terre.
Les heures passèrent, à la fois lentes pour Meiko et extrêmement rapides pour Koushiro et M. Tagaya. Taichi et les autres terminèrent de créer les leurres de la qualcorite Daisuke et ses amis fabriquèrent des supports en bois pour maintenir les fusils qu'ils avaient placés sur le toit de l'Agence afin qu'ils soient pointés vers le ciel. Yamato eut l'idée d'utiliser de grands élastiques pour déclencher les gâchettes à distance, depuis la porte qui donnait sur la terrasse. Tous les fusils, reliés par ce délicat système d'élastiques, étaient parés à faire feu si la situation l'exigeait. Leurs tâches achevées, les adolescents décidèrent de prendre du repos dans la salle des sofas en prévision de la bataille qui les attendait. Cependant, tous savaient que Koushiro, Ken, M. Tagaya et M. Mochizuki travaillaient encore, et l'idée qu'ils puissent bientôt revoir Meicoomon les maintenait éveillés. Taichi n'arrêtait pas de penser à Meiko : allait-elle revoir sa partenaire ? Toute la souffrance qu'elle avait endurée jusqu'à présent allait-elle enfin disparaître ? Le jeune homme l'espérait de tout son cœur. Il souhaitait tant voir Meiko sourire à nouveau, il souhaitait tant que le courage dont elle avait fait preuve soit récompensé, mais il savait également qu'il devait garder la tête froide dans le cas où son ami et le directeur ne réussiraient pas dans leur entreprise. Peu à peu les Enfants Élus, malgré leur détermination à rester éveillés, furent bientôt vaincus par le sommeil. Même Meiko finit par s'assoupir sur le coin d'une table et il ne résonna dans l'Agence que le bruit sec des doigts de Koushiro et M. Tagaya sur leur clavier.
Vers cinq heures du matin, le soleil se leva doucement sur Tokyo. Au sous-sol Koushiro avala une tasse de café : c'était la quatrième depuis le début de la nuit. Il échangea un regard avec M. Tagaya, qui acquiesça. Koushiro lança alors pour la troisième fois la phase de test de leur programme. Accoudé au bureau, M. Tagaya observa le déroulement des séquences attentivement. Koushiro, le cœur battant, vit les différentes étapes du programme s'effectuer normalement, jusqu'à une exécution presque complète. Une petite fenêtre s'ouvrit : le test était un succès, pour la troisième fois. Koushiro cligna des yeux. Entre le stress de l'attaque d'Yggdrasil et l'angoisse d'échouer, il ne savait plus vraiment ce qu'il ressentait.
Mais une chose était certaine : le programme fonctionnait.
Abasourdi et épuisé, il se tourna vers M. Tagaya. Le directeur le dévisagea avec fierté :
– Tout est prêt. Te sens-tu le courage de lancer ce programme pour de vrai ?
Le jeune homme sourit et acquiesça. À cet instant, Meiko se redressa : elle vit Koushiro et M. Tagaya debout, face à leur ordinateur, immobiles. Koushiro se tourna vers elle et lui sourit :
– Le programme pour ressusciter Meicoomon fonctionne.
Meiko sentit son cœur s'accélérer.
