Hello ! Je reviens sur ce fandom après une éternité. Le covid a été dur et j'ai besoin de légèreté et de m'amuser : d'où cette fic. Tout à fait délirante.

On est sur un univers alterné : coffee shop. En 9 chapitres plus un ou deux bonus.

Pour être certaine de la finir, j'ai déjà écrit trois chapitres.

Les chapitres seront publiés toutes les semaines.

Des bisous à tous.

Résumés : Univers alterné : coffee shop. Milo travaille dans un café. Les clients sont beaux et il n'a pas son œil dans sa poche, mais à force de les draguer, il a fait fuir la moitié d'entre eux. S'il continue, il va être viré. Alors il n'a plus le choix, il doit se calmer. Débarque alors la personne qui incarne tous ses fantasmes : Camus un étudiant fauché dont la clim est cassée et qui fuit le soleil grec dans le café du coin.

Petit bonus en plus : j'ai travaillé dans la mode et les références à ce monde et ses influenceurs sont inspirés directement de mon expérience. Côté café : cela vient de mon obsession pour les coffee shop.

Le couple principal est :

Camus Milo.

Dans les secondaires on a :

- Shaina / Marine

- Aiolia / Shura

- Aiolos / Saga

- Aphrodite / Kanon

- Yôga / Shun (amourette parce qu'ado)

Chapitre 1 : chocolat à l'autrichienne

Le sourire d'Aiolos est fragile. Milo ne l'a jamais vu dans cet état : Aiolos est toujours bien veillant, gentil, amène. Le patron parfait. Enfin, faut pas exagérer, il reste un patron.

« Lève ta main et jure, Milo.

C'est pas un peu excessif ?

Miloooo. » Le sourire se fissure.

« Mais… c'est pas ma faute.

- Le café est vide. Mes caisses aussi. Où sont mes habitués ?

- C'est faux, il reste les moches ! »

Le sourire est brisé :

« Milo respecte nos clients »

Milo est certain qu'il peut voir une aura menaçante derrière Aiolos. Il distingue presque un type moitié homme moitié cheval s'échapper comme une lumière divine. Il recule. L'instinct de survie.

Aiolos insiste : « maintenant, tu jures. »

Et Milo obéit : « je jure de ne plus être aimable…

- De ne plus draguer…

- …de ne plus draguer les clients et clientes sexy.

- Non Milo.

- Les clients et clientes, tout court. »

Il est de retour le sourire, un vrai cette fois. Aiolos lui tapote l'épaule, se lève puis s'étire.

« C'est bien, mon Milo. Allé ! Va servir les clients qu'ils nous restent. »

Milo ouvre la porte du bureau, Aiolia est accoudé au comptoir et prétends ne pas avoir écouté la conversation.

« Comment ça s'est passé là-dedans ? » Aiolia est trop honnête pour réussir à avoir l'air innocent.

« Tu sais très bien comment ça s'est passé.

- OK, ok mais cette fois, il risque vraiment de te virer.

- N'exagère pas… »

Aiolia le regarde, un sourcil lever.

« J'ai juré, je ne recommencerai pas. » Confirme Milo. Il draguera les gens en dehors de son travail, voilà tout. « J'ai juré. » Termine-t-il misérablement.

Aiolia lui met une main sur l'épaule. Il ressemble vraiment à son frère, mais il est moins doux : « Pauvre petit chou, tu penses que tu vas survivre ?

- La ferme Aiolia. Pire Ami du monde !

- Ha ha ! Allé ! Remets-toi. On ouvre dans 5 minutes. »

Milo prépare la machine à moudre. Elle est énorme et fait un bruit insupportable, quand ils la font fonctionnée avant l'ouverture, ils n'ont pas à faire subir ce tintamarre aux clients.

Aiolos fait partie de ces gens qui veulent faire de leur café un cocon bien douillet. L'odeur se reprend très vite, et les matinaux attiré par celle-ci viendront chercher leurs expressos glacés, leur Frozen Mocha, ainsi que leur freezing Flat White et les berceront dans leurs mains jusqu'à leur travail. Il fait chaud ce mois de mai, il y a même eu une alerte canicule la semaine dernière, et les breuvages les rafraîchiront jusqu'à leur arrêt de bus.

Milo est en train de sortir les glaçons quand Aiolia débarque comme s'il avait vu la mort elle-même.

« Tu restes là, tu ne bouges pas, tu as juré ! »

Milo essaie d'observer par-dessus son épaule, mais Aiolia lui bloque la vue.

« Mais qu'est-ce tu fous ! Je dois faire mon travail, enfin ! » Milo le pousse tant bien que mal. La vérité c'est qu'il est curieux ! Qui a mis Aiolia dans cet état. Derrière la tête de son ami, il a le temps de voir dépasser des cheveux rouge écarlate et très long… intéressant !

« Milo ! » Gronde Aiolia. « Rappel toi, tu risques de perdre ton travail.

- Ho arrêté. Je peux quand même me tenir. »

Une voix derrière eux, ni trop forte, ni trop silencieuse, commande un américano glacé.

Pourquoi ne pas demander aussi de la pisse de chat. Se dit Milo. Un américano vraiment ? Il y a des clients qui ne savent pas ce qui est bon.

Milo écarte son collègue, « tu as juré. » Persiffle Aiolia.

Milo essaie de cacher son agacement en plaquant la parfaite expression commerciale : celle entre la crispassions et l'ennui : « On ne sert pas ça ici… »

Milo se tait.

Wow

WoW. Waouh. OK

« N'importe quoi de glacé suffira. » Dis l'apparition. Puis, elle ajoute : « désolé d'avoir demandé un américano. »

Le cerveau de Milo ne répond pas. Il n'est capable que de calculer cet homme vêtu de noir des pieds à la tête. Son t-shirt sans manche paraît approprié sous le soleil grec, mais les chaussettes de sport année 80 sont clairement de trop. Pourtant c'est drôle et mignon, un petit peut.

Il a des yeux comme Milo n'en a jamais vu : en amande et perçant. La seule partie expressive. Le reste de son visage délicat semble de glace. Mais une glace qui fond : l'étranger est couvert d'une frêle pellicule de sueur. Il a l'air d'un chiot étouffé par la chaleur.

L'apparition le toise, confuse : « mon accent est mauvais ? Vous ne me comprenez pas ? »

« Votre accent est parfait. » Réponds Milo par réflexe. Il a besoin d'être rebooté. Tout de suite ! Et la drague est un moyen comme un autre « tout ce que vous voudr… Aïe ! » un pied s'est écrasé contre le sien.

« On va vous préparer ça. » Dis Aiolia innocemment. Il se tourne vers Milo et lui fait signe que s'il parle encore il. Est. Mort.

Milo opine de la tête vigoureusement et retrouve sa place auprès de la machine à café. Il respire à fond. Au moins, il a arrêté de fixer l'apparition.

Milo ne peut résister : « Comment vous vous appe… aoutch ! Est-ce que vous vous voulez du sucre avec votre café ? Et est-ce que vous me voulez moi… Aïe ! Une touillette ? Et un baisé pour aller av… Aïe Aîe Aïe ! Aiolia arrête ! »

« Je m'appelle Camus. Pas de sucre. Donc pas de touillette. »

Quelques instants après, le Camus ajoute comme s'il se souvenait de quelque chose d'important : « s'il vous plaît. » Et Milo a envie de glousser comme un ado de 12 ans devant un membre de BTS.

Mais Aiolia le foudroie du regard puis lui souffle : « tu te tais, tu te tais, tu te tais maintenant ! Mon frère te regarde ! »

Milo lève la tête. Derrière la fenêtre du bureau, un carquois et un arc sont levés avec gravité. Milo n'aurait jamais dû lui offrir ces cours de tire à l'arc, Aiolos est beaucoup trop doué pour ça et si Milo avait été plus malin il aurait deviné qu'il finirait par devenir une cible.

« Il n'est même pas 9 heures du matin et je vais mourir. » Pleurniche Milo.

« Tu ne penses pas que tu exagères ? » demande Aiolia.

« Est-ce qu'il me vise ?

- Oh merde ! Ouais

- J'aimais être ton ami Aiolia !

- Comme c'est romantique, abattu par la flèche de cupidon.

- Aiolia, tu n'as donc pas de cœur ? »

Aiolia se contente de rire. Il prend le café des mains de Milo : « pour Camus ! »

Milo se tourne vers eux et leur regard se croise.

« Merci. » Dis Camus, hoche la tête, gêné et emporte son double expresso glacé. Ses cheveux arrivent jusqu'au bas de son dos. Pendant une seconde, Milo se demande comment ils se balanceraient autour de ses doigts à lui, leurs reflets changeants dans une lumière tamisée. Contrasteraient-ils avec des draps précieux ? Camus s'assoit à la table au fin fond de la salle, celle où la chaise permet d'observer tous les nouveaux arrivants sans être remarqué, il sort un ordinateur de son sac et… Aïe !

« Aiolia, pourquoi toute cette violence.

- Par Athéna, t'es un vrai stalker. Lâche-le un peu et fais ton taf. »

Milo soupire, Aiolia n'a pas tort. Son travail lui plaît, et on vient de partout dans Athènes juste pour déguster son café. Et il aime Aiolia et Aiolos. Plus encore, ils les respectent.

Il y aura d'autres superbes cheveux rouges dans les rues d'Athènes qui détesteront le café, mais adoreront sa compagnie.


Les premières semaines sont, pour être honnête, difficile ! Comme si Milo était un chien et Camus un os de l'autre côté d'une barrière infranchissable : Camus passe tous les jours, Il commande souvent la même chose, parfois il ose quémander un verre d'eau en plus. C'est Aiolia qui le sert la plupart du temps, Milo ne saurait pas se tenir.

Et puis une semaine s'écoule, puis deux, et Milo rencontre des filles dans les lounge d'Athènes. Admire des beaux muscles dans la salle de sport ou Kanon le traîne. Se réveille dans le lit de dates Tinder les dimanches matin. Camus reste totalement son type, mais Milo arrive désormais à se comporter comme un être humain normal en sa présence.

Au bout du deuxième mois, Aiolos a enfin cessé de le menacer, et son arc ne sert plus qu'à ces séances d'entraînement.

Camus pianote vite sur son pc portable. Comme s'il était possédé. Le bruit de ses doigts fait autant partie du décor que celui de la machine à moudre. Alors, Camus intègre son paysage. Milo malheureusement n'a jamais su se montrer vigilant : un matin il remarque un détail qui change tout.

Camus a l'air de détester bouger les muscles de son visage. On dirait une jolie statue, et lorsque Milo lui prépare son double expresso glacé, toujours la même chose, jamais de sucre, il s'amuse à imaginer un pigeon se percher sur sa tête et commencer à roucouler.

On est vendredi, Aiolia et Aiolos ne sont pas là, disparus en congé pour s'autoriser quelques jours à Spetses. Dans l'île, ils peuvent dormir près de la plage dans leur maison de famille avec les citronniers et les murs de briques blanches. Buz, buz, buz ! Le portable de Milo n'arrête pas de vibrer. L'Instagram d'Aiolia se remplit à vue d'œil de photos de glaces pilées à la japonaise et de couchers de soleil. Ce connard…

Milo apporte le café machinalement : Camus est une jolie œuvre d'art sans personnalité après tout. Il se le répète, il y est habitué.

Mais pas ce jour-là. Il est au téléphone : « je comprends, mais ça fait des mois maintenant. » Son honnêteté semble lui coûter, pourtant, il insiste : « je ne dors pas la nuit et je voudrais en finir avec ma thèse au plus tard en décembre. »

On lui répond, et Camus fronce les sourcils. Milo lui tend son expresso, mais il ne le prend pas. Impossible de déposer la tasse et de faire demi-tour : la table de Camus est envahie par son pc portable, une trousse, et des documents éparpillés. Sur l'un d'eux, Milo reconnaît un contrat de bail avec un numéro de téléphone surligné en rouge. Peut-être un propriétaire ?

« S'il vous plaît. » Camus gronde, il perd son sang-froid et Milo mal à l'aise renversé quelques goûtes de la tasse oubliée dont les glaçons fondent doucettement. « Je n'arrive pas à travailler chez moi et mon meilleur ami me rends visite dans à peine deux semaines, et ensuite j'accueillerai mes frères ! je ne peux pas les recevoir dans ses conditions ?! »

On lui répond et le visage de Camus s'affaisse. Milo n'a jamais vu quelqu'un d'aussi triste et épuisé.

Il a presque envie de prendre le téléphone et de crier au type d'aller donc paitre avec les moutons de Mu, en haut des collines d'Athènes. Mais Camus raccroche et enfouit son visage dans ses mains.

Milo n'est pas doué avec les silences, il dépose sur la table d'à côté l'expresso oublié et s'assoit sur la chaise jamais utilisée en face de celle de Camus.

« Tout va bien. » Dit Camus, aussi bien pour lui que pour Milo dont il a enfin remarqué la présence.

« OK. » Réponds Milo. « Tu veux m'en parler ? Ça avait l'air d'être un gros con au bout du fil. »

Camus relève la tête, surpris : « vous… tu as tout entendu ?

- Tu criais presque. Tout le café t'a entendu.

- Oh… Cela ne se reproduira pas.

- T'inquiètes ! Je suis rassuré, je te croyais fait de plastique. Mais tu n'as pas répondu à ma question.

- Je… ça n'a pas d'importance…

- Fous-toi de ma gueule : si toi Elsa tu es dans cet état, c'est qu'il y a un souci.

- Elsa ! ?

La reine des neiges, c'est ton surnom ici.

Quoi ! ?

- Ne le prends pas mal, on a un surnom pour tous les clients. »

- Camus souffle. Pour garder son calme ? Mais non, un petit rire lui échappe.

« Moi aussi j'ai trouvé un surnom pour chacun des habitués. Et pour vous trois. » Explique Camus.

Milo pose sa main sur ses hanches : « laissez-moi deviner, pour moi c'est BG ?

Tristan des Beehive. » Camus fait preuve de moins d'orgueil quand il s'aperçoit que Milo ne reconnaît pas le nom, il bafouille presque : « Tu ne dois pas connaître, c'est un vieux dessin animé des années 80 dont mon meilleur ami est fan.

- C'est un compliment alors ! Les années 80 c'est un look, c'est le glam rock !

- Je comprends mieux ton style et ta coupe.

- Je sais, je suis un mystère qui n'attend qu'à être découvert. »

Camus esquisse pour la première fois de leur rencontre un sourire. Mais Milo remarque qu'il y avait un début de larmes dans ses yeux persans, et soudain la statue devient vivante. Il essaie de masquer son intérêt en lançant très vite : « Attends-moi ici et bois ton expresso. Je te ramène une surprise. »

Camus s'apprête à protester, Milo anticipe, lui lance un clin d'œil et trottine vers la machine.

Qu'est-ce qu'il lui prend ?

Il est en mode « Sur-Milo » de la drague.

Si les deux frères étaient là, ce serait la fin à coup sûr. Mais Camus à l'air misérable et Milo est triste pour lui, et quand Milo est mal à l'aise et bien… ses vieilles habitudes ressurgissent.

Enfin c'est plutôt qu'il est… intrigué peut-être ?

Milo ne parvient pas tout de suite à mettre le doigt sur ce qui le gêne, comme un poil à gratter dans son dos.

Petite farce venue du cosmos et des dieux.

La machine gronde, et quelques clients sursautent. Mais Milo a une mission. Le chocolat en poudre qu'ils utilisent d'habitude est rarement aussi noir. On est sur la Rolls du cacao pour ceux qui apprécient l'amertume.

À froid, il y ajoute du lait, puis une fois bien touillé, il y déverse le reste du lait qu'il a entretemps réchauffé. Sa cuillère tourne et tourne jusqu'à ce que la tasse se remplisse à ras bord. Ça fume.

Pas de sucre : on parle de Camus là.

Il revient à la table, mais est accueilli par une petite moue, puis un acquiescement poli, le visage imperturbable est de retour.

« Tu vas voir. » Lance fièrement Milo.

Camus trempe ces lèvres, peut convaincue, puis ses paupières papillonnent, il relève la tête comme frappé par un goût trop intense : « Délicieux, mais… comment est-ce possible ? J'ai l'impression de boire le chocolat de ma mère…

- C'est une recette venue tout droit d'Autriche, vous les Français, vous l'ignorez, mais dans vos cafés huppés à Paris, c'est comme ça que vous le faites. Pas à la Française, mais à l'Autrichienne. En matière de chocolat et de pâtisserie, vous leur avez tout volé.

- Comment tu sais que je suis français ?

- Que veux-tu ? Je suis devin et divin. » Milo préfère éviter de lui dire que, quels que soient ses efforts, Camus ne parviendra jamais à gommer son accent. « Je me suis dit que tu avais peut-être le mal du pays et le chocolat c'est toujours...

- Réconfortant. »

Camus détourne la tête, puis ajoute avec une intensité ridicule, mignonne : « Voilà la plus gentille attention qu'on ait eue pour moi depuis que je vis en Grèce. »

Milo ne sait pas quoi répondre, il trouve ça triste. En vérité, il n'aurait pas eu le temps de toute façon. On l'appelle à une autre table.

En partant, il entend un « merci » chaleureux et honnête.

Son cœur s'emballe. Et merde.