Harry s'était mis à la pratique de cette ancienne forme de magie depuis quelques jours. Il s'était trouvé un coin isolé dans la forêt, suffisamment loin de sa maison et de la réserve. La décision avait été prise quand, après une perte de concentration et donc, de contrôle, il avait frappé un tronc d'arbre si fort qu'il l'avait sectionné de l'intérieur. L'arbre s'était mis à dangereusement pencher jusqu'à craquer complètement et tomber. Quelques mètres plus loin et il aurait transpercé le toit d'Harry en deux. Les anciens de la tribu lui avaient passé un savon mais il avait été remercié. Grâce à ça, ils avaient pu découper l'arbre et se fournir en bois pour un long moment.

Harry était en plein entraînement quand Edward capta sa présence. Il resta à distance, de presque cent mètres, et l'observa. Le sorcier portait un large pantalon de toile noué à la taille. Il ne portait ni haut, ni chaussures. Les yeux clos, il balayait lentement l'air de ses mains, respirant de la même manière. Edward aurait pu le croire en pleine pratique de tai-chi, à cause de certains mouvements d'Harry, mais ça ne collait pas. Il semblait trop concentré, ses muscles étaient trop contractés et son corps trop en sueur. Et puis il y avait cette drôle de chose. Edward mit ça sur le coup de la distance, ou d'une hallucination, mais il avait l'impression de voir l'air se tordre entre les mains d'Harry.

En réalité, c'était bien ce qui se passait. Les premiers essaient d'Harry pour accéder à cette magie avaient donné lieu à plus d'une catastrophe, dont celle de l'arbre. Il avait essayé beaucoup de choses et il s'était rendu compte qu'un dérivé du tai-chi, associé à des séances de méditations profondes, l'aidaient à mieux faire circuler la magie et entrer en phase avec elle. Edward resta à observer ce spectacle jusqu'à ce que le reste de sa famille le rejoigne. Bientôt, Harry se retrouva encerclé par les Cullen, même s'ils se tenaient tous à une distance plus ou moins égale à celle d'Edward.

Ressentant cette étrange présence au fond de lui, Harry relâcha sa concentration. Une puissante vague, avec lui pour point de départ, se répandit tout autour de lui. La déflagration surprit les vampires qui se protégèrent de leurs bras, encrant plus profondément leurs pieds dans le sol. Même les arbres avaient grincé d'une drôle de façon. Une fois la vague passée, Harry se retrouva face à sept vampires. Cette fois-ci, et à cause de ce qu'Emmett et Alice avaient pu voir la dernière fois, ils restèrent près les uns des autres. La respiration d'Harry était courte à cause de sa séance d'exercice interrompu et son cœur battait vite.

À bonne distance, ils ne l'avaient pas senti, mais Harry eut un impact sur eux. Du moins, sur deux d'entre eux. Edward poussa un cri étranglé, les mains plaquées sur sa tête. Un peu plus loin, Jasper tomba à genoux, sa main serrant son cœur. Il avait l'impression de mourir alors que son frère voyait le plus macabre des films d'horreurs se dérouler sous ses yeux. Alice se laissa tomber aux côtés de Jasper, ne comprenant rien à la situation. Carlisle se pencha sur le cas d'Edward et vit des larmes glissées le long de ses joues. Il était totalement ailleurs. Il vivait son cauchemar.

- Arrête ça tout de suite ! Hurla Alice en se tournant vers Harry, les larmes aux yeux.

Emmett l'aurait déjà pris à la gorge si Rosalie ne le retenait pas. Il grognait après Harry, qui faisait souffrir ses frères, et Rosalie avait peur qu'il ne soit le prochain s'il approchait trop.

- Je ne fais rien, souffla Harry.

Son air perdu n'était pas une façade. Il observa un à un les vampires. Il ne faisait rien ! Puis un nom passa les lèvres d'Edward.

- Draco...

La mâchoire d'Harry se crispa. Sa gorge se serra et une bonne partie de son corps, celle qu'il n'arrivait pas à contrôler, se mit à trembler. Il ne lui en fallut pas beaucoup plus pour comprendre et il redressa aussitôt la barrière de son esprit, empêchant ses souvenirs ainsi que ses émotions de sortir ou d'être lues. Les deux garçons semblèrent retrouver leurs esprits. Jasper se laissa aller dans les bras d'Alice tandis que les jambes d'Edward cédèrent. Carlisle le laissa faire, s'assurant tout de même qu'il allait bien, et se tourna vers Harry. Ce dernier était toujours là. Ça aurait été particulièrement stupide de fuir. Ils l'auraient rattrapé avant même le premier pas. Harry regardait ailleurs, il aurait voulu éviter un rappel si flagrant à son passé. Jasper, qui avait plus ou moins retrouvé son état normal, releva les yeux vers lui.

- Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Souffla-t-il. Je n'ai jamais…

Mais il fut coupé en pleine phrase. Toujours au sol, Edward se mit à vomir. Son corps essayait d'éliminer l'horreur et le dégoût qu'il avait vécu. Même si ce n'était que par procuration. Esmée accourut vers son fils, s'inquiétant de le voir faire une telle chose. Elle leva les yeux vers son mari qui ne comprenait pas plus. Edward finit par se calmer.

- Vous avez des dons, affirma Harry, même s'il était dubitatif.

Il n'était pas capable de dire de quoi il s'agissait, mais c'était évident.

- Jasper ressent les émotions, Edward lit dans les pensées, répondit Carlisle en se levant. Comment as-tu pu le deviner ? Qui es-tu ?

- Quelqu'un qui ne veut de mal à personne, répondit-il.

- Et on est censé y croire après ce que tu viens de faire ? Cracha Emmett.

- J'ai vu ses souvenirs, informa Edward tout bas. C'était horrible.

Avec l'aide d'Esmée, sur laquelle il s'appuyait, il se remit sur ses pieds et observa Harry. De son côté, Alice fit la même chose avec Jasper. Seuls les deux vampires ayant été influencés par Harry ne se montraient pas hostiles. Jasper se tourna vers son père.

- Carlisle, je n'ai jamais ressenti autant de souffrance. Jamais.

Carlisle en fut encore plus décontenancé. Il n'aurait jamais cru entendre ça de la bouche de Jasper. Il avait vécu la guerre, avait été en relation étroite avec bon nombre de nouveaux nés. La personne qui avait vu et vécu le plus de souffrance dans leurs familles, c'était bien Jasper. Alors de l'entendre dire qu'Harry était une première pour ses dons… La question de savoir qui était Harry était encore plus indispensable.

- On ne peut pas te laisser te balader en liberté, se décida Carlisle en se tournant vers lui. Tu es une menace pour nous, et pour les humains.

- Je suis une menace pour le monde dans son intégralité, répondit Harry en plongeant son regard dans celui du vampire. Mais je ne veux faire de mal à personne. C'est un nouveau départ que je cherche, pas les problèmes.

- Il dit la vérité.

Carlisle, et quelques autres, se tournèrent vers Edward.

- Et de toute façon, reprit celui-ci, on serait déjà tous morts s'il l'avait voulu.

Harry ferma lentement les yeux. Cette simple phrase le fit se sentir particulièrement mal.

- Ne te sers pas de ce que tu as vu dans ma tête, réclama le sorcier. Tu ne sais rien et tu ne me connais pas.

- Mais j'ai vu ce que tu as fait, souffla Edward, incompréhensif. Tous ces gens que tu as sauvés.

- La ferme ! Hurla Harry, sourcils froncés.

Une nouvelle déflagration s'échappa des pores de sa peau. Sa colère avait explosé, sans qu'il ne cherche à la contrôler. Rosalie dut se retenir à Emmett pour ne pas valser contre un arbre. Harry descendit aussi vite qu'il était monté. Ses poings se desserrèrent et sa respiration se calma.

- Il a raison, finit-il par dire. Vous seriez morts si je l'avais voulu.

- Qui es-tu ? Redemanda Carlisle, bien plus intimidé que lorsqu'ils faisaient face aux Volturi.

- Je m'appelle Harry, je suis un sorcier.

- Un… ?

Carlisle était bouche-bée. Il en avait rencontré un, une fois, des siècles auparavant.

- Il n'y a plus de sorciers à Forks depuis longtemps, se reprit-il.

- Je viens d'Angleterre, je suis arrivé il y a quelques semaines.

- Et si sa présence vous gêne, c'est pareil, tonna une voix plus loin.

Un peu plus en hauteur, Jacob, Seth et Leah toisaient les vampires du regard.

- Qu'est-ce que des loups font ici ? Lança Rosalie.

- Je fais partie de la famille Black, répondit Harry. D'une certaine façon.

- Harry est avec nous, déclara Jacob. Touchez-le et vous déclarerez la guerre.

Il posa un regard noir sur Edward.

- Et rien ne me ferait plus plaisir que de t'arracher la tête, la sangsue.

Edward montra les crocs aussitôt.

- Ça suffit, exigea Harry. Je n'ai pas prévu de me lancer dans une nouvelle guerre.

Son ton, mais avant tout sa nature, dissuada les deux camps d'aller plus loin. Comprenant bien que Carlisle était le chef de son clan, Harry se tourna vers lui.

- Tant que vous me laissez en paix et que vous ne faites de mal à personne, vous n'avez rien à craindre de moi. Je me fiche de ce que vous pouvez bien faire, de vos vies. De qui vous transformez, précisa-t-il en s'adressant directement à Edward.

Sur ces mots, il récupéra ses affaires, posées plus loin, avança en direction des loups et reparti avec eux. Il voyait bien que Jacob avait des questions et qu'il voulait exprimer son avis par rapport à l'altercation, mais Harry n'avait pas le courage. Quand il arriva devant chez lui, Harry franchit la porte et se tourna.

- J'apprécie que vous soyez intervenu en ma faveur, mais j'ai besoin d'être seul.

Il n'ajouta rien et ne laissa pas le temps aux loups de protester avant de refermer la porte et de la verrouiller. Il resta un moment, immobile, juste derrière le bois, avant de s'en détacher et de monter les escaliers. La sueur, qui avait eu le temps de sécher sur sa peau, formait un voile désagréable dont Harry avait hâte de se défaire. Il envoya valser ses vêtements dans un coin de sa salle de bain et se mit sous le jet de la douche. Ce qui le préoccupait le plus, c'était d'avoir dû faire face une nouvelle fois aux pires de ses souvenirs. Pourquoi son nouveau départ ne lui donnait pas ce qu'il voulait ? Oublier tout ça, ne plus avoir à y penser.

Se servant de l'eau qui ruisselait sur son visage, Harry se cacha pour pleurer. Il avait besoin d'extérioriser autrement que par la rage ou la culpabilité. Il savait que s'il voulait vraiment une nouvelle vie, il devait déjà commencer par arrêter de s'auto-flageller mais il n'arrivait pas à se retirer de l'esprit que c'était uniquement sa faute. Que tout n'était que de sa faute.

Grâce à Harry, Jacob avait appris à repérer ce petit changement dans l'air quand des sorciers étaient à proximité. C'est là qu'il sut que quelque chose se passait, et qu'il put rapidement rentrer chez lui. Il ne prit pas la peine de refermer la porte d'entrée derrière lui et s'avança jusqu'au salon où il vit deux personnes sortir de la cheminée, qui avait viré au vert. Un homme et une femme. Jacob ne leur donnait pas plus de dix-huit ans, même s'ils avaient le même genre de regard qu'Harry.

- Vous êtes qui ? S'écria-t-il sur ses gardes. Et qu'est-ce que vous faites chez moi ?!

La jeune femme, qui remarqua enfin qu'ils n'étaient pas seuls, leva les yeux. Elle balaya la pièce des yeux, s'attarda sur Billy puis Jacob et posa finalement les yeux sur la personne qui l'accompagnait.

- Tu crois qu'on a atterri au bon endroit ? Fit-elle, dubitative.

- J'en sais rien, souffla le jeune homme.

- Hey ! Tonna Jacob. J'aime pas qu'on m'ignore !

D'une même tête, les deux se tournèrent vers lui.

- Désolé, commença l'homme.

- Tu crois qu'on doit leur lancer un oubliette ? Souffla la femme tout bas. Ces moldus nous ont vu…

- Nous ne sommes pas moldus, déclara Billy.

Il fit, par ces simples mots, sursauter les deux arrivants. Au moins, ça réglait un problème.

- Vous êtes des sorciers ? S'enthousiasma l'homme. C'est génial ! Vous pourrez peut-être nous aider, on cherche quelqu'un. Notre ami.

- Ron ! Coupa sèchement la jeune femme. Tu en dis trop !

- Comment tu veux qu'on trouve Harry si on ne demande rien à personne ? Répondit ledit Ron.

Jacob fut surpris. Ils venaient pour Harry ? Mais qui étaient-ils ? En les regardant de plus près, détaillant leurs visages, un doute lui vient. En plus de ça, il connaissait déjà le nom du garçon.

- Vous êtes Ron Weasley et Hermione Granger, c'est ça ?

Ce n'était pas vraiment une question.

- On se connait ? Demanda Ron, essayant de mettre un nom sur ce type.

- Moi je vous connais, répondit Jacob. Enfin si on veut.

- Tu sais où est notre ami ? Fit Hermione.

- Même si je le savais, je ne vous le dirais pas.

- Jake, va prévenir Sam. Dit-lui ce qu'il se passe et envoie Seth.

Jacob fit un hochement de tête à l'ordre de son père et sorti, lançant un dernier regard de méfiance aux deux sorciers. Il les avait vus dans la tête d'Harry. Il s'en souvenait très bien.

Une partie de la tribu était déjà devant la maison de Billy. Eux aussi avaient senti quelque chose de bizarre et voir Jacob s'y précipiter d'une telle façon était loin d'être habituel. Le loup zyeuta l'assemblée jusqu'à trouver son alpha. Il descendit rapidement les marches du perron et s'avança vers lui. Il s'arrêta à mi-chemin et se mit à genoux devant Seth, sous sa forme animale.

- Va voir Harry, dit lui que deux sorciers sont ici pour lui et demande-lui ce qu'on doit faire, chuchota-t-il.

Le jeune loup acquiesça et parti tout de suite. Entre temps, Sam s'était avancé vers Jacob.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda-t-il avec son habituel ton supérieur et autoritaire.

- Deux sorciers viennent d'apparaitre.

L'alpha fronça les sourcils. Encore eux ?

- Qu'ils s'en aillent, ordonna Sam.

- Tu pourrais au moins prendre le temps d'y réfléchir, lança Leah.

- C'est tout réfléchit ! On en tolère un. Si on accepte ces deux-là, d'autres suivront et nous aurons vite fait de nous retrouver envahis. Ils doivent partir, réitéra Sam, tout de suite !

- Nous ne sommes pas là pour vous causer des ennuis.

Toutes les têtes se levèrent vers Hermione. Ron était juste derrière elle et regardait la petite assemblée.

- Nous pensions que vous étiez comme nous, souffla Ron, perdu.

- Nous ne sommes pas des vôtres, cracha Paul. Nous sommes des loups !

Les deux sorciers échangèrent un regard. Ils étaient tombés dans une meute de loup ? Mieux valait rester sur ses gardes et, au pire, les lois étaient de leurs côtés.

- Vous avez entendu ? Reprit Jacob. Vous n'êtes pas les bienvenus alors partez.

- Pas la peine de s'énerver ! Lança Ron. On veut simplement retrouver notre ami. Quand ce sera fait, nous partirons.

- Tous les trois, confirma Hermione. Vous n'aurez plus à vous soucier de nous.

- J'espère avoir quand même mon mot à dire.

À l'arrivée d'Harry, tout le monde se tourna vers lui. Seth n'avait même pas eu le temps de finir sa phrase, expliquant à Harry que deux sorciers venus de nulle part en avait après lui, qu'Harry s'était mis en route pour la réserve.

- Harry !

Bientôt, le sorcier se retrouva enlacé par ses deux meilleurs amis. Ron n'arriva pas à se retenir, tout comme sa petite-amie, et ils versèrent quelques larmes. Surtout de soulagement de voir qu'il était en vie, et qu'il semblait aller bien.

- Qu'est-ce que vous faites là ? Demanda Harry, sans avoir bougé d'un cheveu.

Les deux se reculèrent, ignorant complètement le fait que leur accolade n'avait pas été rendu. Même si ça perturbait quelque peu Ron. Il n'était pas heureux de les revoir ?

- Tu as complètement disparu de la circulation, expliqua Hermione. On était mort d'inquiétude ! Tout le monde l'est.

- Comment vous m'avez trouvé ?

- On travaille pour le ministère maintenant. Tu verrais ça mon pote, c'est énorme ! Il y a même une place au chaud pour toi chez les aurors. T'en as toujours rêvé.

- Non merci, souffla Harry. Maintenant, allez-vous-en. Ils ne veulent pas de vous ici et j'ai fui pour une bonne raison.

- Quoi… ?

Ron et Hermione étaient aussi choqués l'un que l'autre. Où était passé leur meilleur ami ? Ils n'avaient pas l'impression d'avoir Harry face à eux.

- Tu ne veux pas rentrer avec nous ? Répéta Hermione. Mais pourquoi ? Tu es un héros ! Les gens t'adorent et je te l'ai dit, tout le monde en Angleterre s'inquiète pour toi. Tout le monde se demande pourquoi tu as disparu…

- Ne…

Jacob avait voulu intervenir mais il n'en avait pas eu le temps. Harry était complètement crispé mais, contrairement aux fois où ça avait été lui ou Edward Cullen, Harry ne semblait pas sur le point d'exploser de rage. Ça ressemblait plus à une profonde tristesse.

- Vous ne comprenez rien, répondit Harry. Je ne suis pas un héros ! Pour personne ! Et personne n'est capable de comprendre ce que je vis !

Harry avait parlé si fort, les larmes aux yeux, qu'il n'y avait même pas besoin d'être un métamorphe pour l'entendre. Toute la réserve l'avait probablement entendu. Même les anciens un peu durs d'oreilles.

- Comment tu peux dire ça, fit Ron, blessé. On était avec toi depuis le début, on a tout vécu ensemble… On a vu les mêmes horreurs que toi…

- Désolé Ron, mais tu ne sais rien.

Hermione allait répliquer mais elle fut coupée dans son élan. Par un loup, qu'elle trouva démesurément grand, se frottant contre Harry en couinant. Harry passa une main dans la fourrure de l'animal, échangeant un regard avec lui.

- Je vais bien, Seth.

Le loup continua de couiner et se colla un peu plus contre Harry. Non, il n'allait pas bien et ils le savaient tous les deux. Seth avait mal au cœur, il ne voulait pas qu'Harry souffre. Il avait commencé à l'aimer presque autant qu'il aimait Jacob. Comme un frère, un protecteur. Harry lui apprenait tout ce qu'il ne savait pas et il prenait soin de lui.

- Tu n'as pas le droit de nous dire ça, Harry. On est partie avec toi, pour trouver les horcrux. On s'est battu à tes côtés.

- Comme des centaines d'autres ! Répondit Harry. Mais ça ne change rien à ce que moi je vis.

- On vit la même chose que toi, je te rappelle, déclara Ron, un peu en colère face à tant d'indifférence et de dénigrement.

- Tu plaisantes j'espère, répondit Harry, un début de rire nerveux aux lèvres.

Son corps entier tremblait, jusqu'aux moindres petits muscles de son visage. Ses larmes brouillaient sa vue et le rouge vif dans ses yeux éclipsait la couleur de ses iris.

- Et qu'est-ce que vous avez bien pu vivre au juste ? Continua Harry, la voix elle aussi tremblante. Vous avez détruit un horcrux et vous avez combattu des mangemorts, quel exploit !

Harry accompagnait son discours de grands gestes, empêchant à tout prix ses larmes de couler. Hermione s'était rapprochée de Ron, serrant fermement sa main et son bras.

- Toi Hermione, tu t'es fait torturer par Bellatrix, et après ?

- Harry, souffla-t-elle, la douleur de ce souvenir encore bien trop vive.

- J'ai passé onze ans de ma vie, dans une famille qui se foutait de moi à un point inimaginable, la coupa-t-il sèchement. Traité comme un esclave aux bons vouloirs de mon oncle et ma tante, à servir de défouloir à mon cousin et tout ça parce qu'un vieux fou à juger bon de me laisser là-bas, en ignorant complètement qui j'étais et d'où je venais ! On m'a regardé comme une bête de foire dès que j'ai mis un seul pied dans le monde sorcier, tout le monde savait qui j'étais sauf moi. Je n'avais aucune vie, aucune intimité, aucune identité.

- On sait tout ça, s'exclama Ron, désespéré.

- Vous savez seulement, vous ne l'avez pas vécu. Vous ne vous êtes pas retrouvé seul devant un professeur qui voulait vous tuer, à tenter de survivre face à l'une des créatures les plus mortelles du monde !

Harry s'avança un peu vers eux. Les larmes avaient gagné du terrain sur ses joues et Seth semblait mourir de chagrin, collé contre ses jambes. Même lui tremblait. Il voulait réconforter son ami mais il était impuissant. Autour d'eux, toute la tribu recula petit à petit, pour les laisser entre eux. Même Sam faisait signe à ses loups de partir, que ça ne les concernait pas. Les seuls, en plus de Seth, qui restèrent furent Jacob, un peu plus loin, et Billy, devant la porte de chez lui.

- Vous ne vous êtes pas retrouvé embarqué dans le tournoi des trois sorciers. Putain mais merde, explosa Harry, Cedric est mort sous mes yeux, à cause de moi. Parce que je l'ai embarqué avec moi au cimetière, parce que je n'ai rien pu faire pour le sauver ! À cause de moi, Voldemort a pu ressusciter !

- Mais tu l'as vaincu, voulu réconforter Hermione. Tu nous as tous sauvés…

- Je l'ai tué ! Hurla Harry. Tu comprends ça ? J'ai tué Voldemort. Je ne vaux pas mieux que lui, mais parce qu'il était mauvais, on m'a récompensé !

- C'était un mal pour un bien…

- Non mais tu te fiches de moi Ron ? Ton père a failli mourir à cause de moi, ta sœur a servi de marionnette à Voldermort pour ouvrir la chambre des secrets, George a été blessé en voulant me ramener au Terrier et Fred est mort à cause de moi ! Et toi Hermione ? C'est ma faute si tu as retiré à tes parents tous les souvenirs qu'ils avaient de toi, leur fille unique. Sirius est mort à cause de moi, Teddy est orphelin à cause de moi, Maugrey aussi est mort à cause de moi ! Et le pire de tout, c'est qu'on m'a récompensé pour tout ça ! On m'a donné une médaille pour avoir tué Draco de sang-froid !

- Ce n'était pas quelqu'un de bien, comme ses parents. C'est pour ça qu'ils sont à Azkaban d'ailleurs.

- Et selon toi ça méritait qu'il meurt ?! C'était mon ami ! Un gamin, comme nous ! Il était seul, perdu et il avait besoin d'être sauvé, sauf qu'il a préféré mourir plutôt que de vivre avec ce poids sur ses épaules !

Harry ne pouvait pas, il ne supportait plus. Il savait qu'il était odieux avec eux, surtout en reparlant de Fred et des parents d'Hermione, mais ils l'étaient tout autant en justifiant le meurtre de Draco.

- Partez ! Allez-vous-en, je ne veux plus jamais vous revoir ! Et si vous osez dire à qui que ce soit où je suis, vous ne me retrouverez plus jamais.

- Mais…

- Harry…

- Dégagez ! Hurla-t-il, à bout de patience.

Avec le cœur en miette, Hermione et Ron transplanèrent. Harry, lui, se laissa tomber à genoux, en pleure. Seth se colla à lui, donnant des coups avec sa tête. Ayant besoin de ce réconfort et de rassurer le jeune garçon, Harry enlaça l'immense tête.

- Ça va aller maintenant, chuchota-t-il.

Il caressait la fourrure de Seth, couinant toujours. Ses larmes s'échouaient contre lui tandis que Jacob se contentait d'observer de loin, impuissant et peiné.