Après quelques jours, pendant lesquels Harry n'avait pas quitté sa chambre, trop accablé par le poids de son chagrin, il avait décidé de se lancer dans une aventure. Il était parvenu à maîtriser suffisamment la magie ambiante pour se permettre quelques rituels qui nécessitaient plus de temps et de préparation, que de magie. En vérité, sa culpabilité d'avoir mis fin à la vie de quelqu'un qui ne le méritait pas le rendait malade.

Décidé, Harry sortit de son lit, traîna sa carcasse dans son laboratoire et ressorti par la porte du jardin, au fond du couloir, les bras chargés. Il posa le tout sur l'herbe et commença à trier sans se retourner.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda-t-il à la personne derrière lui.

- Je suis censé te surveiller, répondit calmement Edward. Pardonne-moi, ça doit te déplaire, mais ma famille est inquiète.

- Elle n'a pas à l'être.

Edward s'avança doucement, un pas après l'autre pour ne pas brusquer le sorcier, et s'accroupit près de lui. Il le regarda mélanger soigneusement plusieurs poudres dans un bol rempli d'eau de la rivière et mélanger le tout.

- Quand nous aurons confiance, nous te laisserons tranquille.

- Pourquoi ne pas me laisser en paix maintenant et constater que vous n'avez rien à craindre ?

- Qu'est-ce que tu fais ? Demanda Edward sans répondre à Harry. C'est quoi cette chose que tu malaxes ?

- De la glaise, répondit Harry.

Il venait de la sortir du bol et la travaillait entre ses doigts. Dans cette maison, il était heureux d'être isolé des autres, de ne pouvoir faire de mal à personne, mais la solitude le rongeait un peu plus à chaque fois. C'était dans ces moments-là qu'il regrettait le plus de ne pas avoir ses parents.

- Qu'est-ce que tu vas en faire ?

- Un enfant.

Edward ne put s'empêcher de pouffer de rire. Pourtant, Harry était sérieux et c'est ce que lui confirma le regard qu'il posait sur lui. Les yeux grands ouverts, le vampire s'arrêta de rire.

- On ne peut pas faire d'enfant avec de la glaise, dit-il doucement.

- On peut, contra Harry. C'est juste que seuls les sorciers en ont le pouvoir et que se reproduire en utilisant la fornication est bien plus simple et pratique.

Intrigué mais un peu réticent quand même, le vampire voulut en apprendre plus, mais Harry se leva.

- J'ai quelque chose à faire, n'essaie pas de me suivre, tu n'y arriverais pas.

Puis il disparut, tout simplement.

Pour s'y être déjà retrouvé, Harry pu transplaner devant le manoir Malfoy. La grande bâtisse était terne. Il n'y avait plus aucune vie à l'intérieur, et ça se voyait. Sa culpabilité s'intensifiait à mesure qu'il avançait, mais un autre sentiment essayait de prendre le dessus. Poussant la lourde porte, Harry entra dans un hall complètement vide, croulant sous la poussière. Il y resta longtemps, complètement immobile, avant d'oser bouger. Il parcourut la grande maison un peu à l'aveuglette. Après tout, il n'en connaissait réellement que la cave.

Après avoir parcouru tout le rez-de-chaussée sans trouver son bonheur, Harry monta un escalier. Son cœur se serra un peu plus dans sa poitrine et ses yeux commencèrent à le piquer. Comme en bas, il visita les pièces une à une, pour finalement trouver la bonne. Une fois entré, Harry ferma la porte derrière lui. Il se trouvait à l'entrée de la chambre de Draco. Ses affaires semblaient intactes, attendant sagement son retour. Il passa sa main sur le bureau, une pellicule de poussière restant sur ses doigts.

- Je suis tellement désolé, dit-il à voix haute, une larme roulant sur sa joue. Si tu savais à quel point je m'en veux. Je ne voulais pas faire ça…

Continuant d'avancer, Harry s'installa sur une chaise, face à un grand miroir ovale. Il était à la fois surpris et pas du tout étonné de trouver une coiffeuse dans la chambre de Draco. Il dégagea d'un rapide geste de la main le miroir, tout aussi sale que le reste et se regarda dedans. La seule chose qui lui vient à l'esprit fut qu'il aurait dû être mort. Lui et pas tous ces innocents. À cet instant, Harry aurait voulu pouvoir remettre la poussière sur le miroir pour ne plus se voir. Il se contenta de baisser le nez et observa devant lui.

Sur la coiffeuse, il n'y avait rien d'autre qu'un flacon de parfum et une boite ouverte. Le trou à l'intérieur laissait penser qu'un objet devait normalement s'y trouver. Un bijou, ou peut-être une broche. Harry attrapa le flacon et le porta à son nez. Un sourire étira ses lèvres, c'était bien l'odeur forte et puante dont Draco était bien trop souvent recouvert. Reposant l'objet là où il l'avait trouvé, il s'attela à ouvrir un à un les tiroirs. Il était venu pour une raison bien particulière et ne comptait pas repartir sans. Dans celui du milieu, il trouva quelque chose qui pourrait lui être utile.

Sortant une brosse à cheveux, Harry l'inspecta et tira quelques cheveux, coincés entre les picots. Ils étaient d'un blond presque blanc et étaient bien trop court pour appartenir à un quelconque autre membre de la famille Malfoy. Harry les regarda longuement, ondulant sur ses doigts, le cœur lourd. C'était pour ça qu'il était venu. Pour trouver un bout de Draco et le ramener avec lui. Harry tira un mouchoir en tissu propre de sa poche et emballa autant de cheveux qu'il put en récupérer.

Regardant une dernière fois la chambre, appuyé contre le dossier de la chaise, Harry soupira doucement.

- Tu mérites une seconde chance et je vais te la donner, déclara-t-il avant de s'en aller.

Quelques minutes plus tard, il fut de retour dans son jardin où il retrouva curieusement Edward. Il pianotait sur le clavier de son téléphone.

- Tu n'es pas encore parti toi ? Lâcha-t-il sèchement.

- Non. Et je n'en ai pas l'intention.

Le vampire termina sa phrase, envoya son message et rangea le téléphone dans sa poche. Harry fit un bref haussement de sourcils et reprit sa place, à genoux dans l'herbe.

- Tu es allé où ?

- Je dois te rendre des comptes maintenant ? S'agaça Harry.

- Pas spécialement, mais je suis curieux.

- J'étais en Angleterre.

- Quoi sérieusement ? S'amusa Edward.

Rompant sa concentration, Harry grogna et se tourna vers le vampire pour lui lancer un regard noir.

- Va peut-être falloir te rentrer dans la tête que je peux faire beaucoup plus de choses impressionnantes que toi.

- Excuse-moi, c'était déplacé. Tu étais vraiment en Angleterre alors ?

- Oui.

- Mais comment ? C'est à des centaines de kilomètres d'ici !

- Trop compliquer à expliquer, éluda le sorcier. Tu en aurais été capable si tu n'avais pas été transformé.

Edward fronça les sourcils. Déjà, il ne comprenait pas ce qu'Harry voulait dire, mais il ne comprenait pas non plus ce qu'il était en train de faire. Il avait façonné la glaise pour qu'elle prenne la forme d'un minuscule bébé et maintenant, il insérait des cheveux dans son ventre ouvert.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je te l'ai dit non ? Je fabrique un enfant. Essaye de suivre un peu !

Même s'il s'agaçait et qu'il avait l'air particulièrement méchant, Harry appréciait la présence d'Edward. Il lui rappelait tellement Cedric qu'il n'arrivait pas à être en colère contre lui.

- Mais les cheveux servent à quoi ?

- De quoi sont faits les êtres humains ? Demanda Harry à la place en appuyant pour faire rentrer les cheveux correctement.

- De beaucoup de choses, répondit Edward, sans vraiment savoir qu'elle était la bonne réponse.

- Ils sont faits de chair, de sang et d'ADN. Les cheveux sont l'ADN, ça c'est la chair, dit-il en ajoutant un minuscule bout de la sienne dans la glaise avant de refermer le ventre. Et il baignera dans le sang.

- C'est immonde, déclara Edward.

Il était profondément dégoûté mais il ne pouvait pas détacher ses yeux du spectacle qu'Harry lui offrait, et puis il y avait quelque chose qui l'intriguait. Il le rejoignit donc, un peu plus loin. Harry creusait la terre molle, le bébé de glaise posé à l'abri un peu plus loin.

- Pourquoi je n'ai pas envie de boire ton sang ? Demanda-t-il en s'approchant.

Ça l'intriguait vraiment.

- Parce que je ne suis pas un humain comme les autres.

- Mais le sang reste du sang.

- Alors viens boire le mien, répondit Harry en tendant sa main blessée.

- Non. Je ne peux pas.

- Tu ne crains rien. À moins que tu aies trop peur.

Voir ce petit sourire amusé et satisfait aux coins des lèvres d'Harry ne plut pas du tout à Edward. Et il redevient soudain le jeune vampire facilement influençable. Il parcourut la distance qui les séparait en clin d'œil et attrapa la main d'Harry pour la porter à ses lèvres. À peine avait-il effleuré le sang, sentant une goutte sur sa langue, qu'il recracha aussitôt.

- Ça brûle ! S'exclama-t-il, crachant encore et encore pour s'en débarrasser.

- C'est à cause de la magie, expliqua Harry en continuant de creuser son trou. Si tu n'as pas envie de boire mon sang, c'est parce qu'inconsciemment, tu sais qu'il te fera du mal. C'est aussi pour ça que vous ne vous dévorez pas entre vampires. Ça te ferait la même chose. C'est à peu près pareil pour toutes les créatures magiques en fait.

Edward tourna la tête vers lui, essuyant sa langue et ses lèvres de ses mains. Depuis qu'Harry était sorti, il trouvait qu'il avait un peu changé. C'était bizarre de voir une telle transformation en si peu de temps, mais il voyait qu'il se sentait mieux.

Parce qu'il avait toujours le passé d'Harry en tête, de temps à temps, ça lui revenait comme un flash-back et il se retrouvait à nouveau avec une horrible envie de vomir.

- Je suis désolé pour ce qui t'est arrivé, souffla-t-il.

- Tu n'y es pour rien.

Harry n'aimait pas trop ce qu'il ressentait. Il ne voulait pas autant se confier ou laisser ce vampire s'approcher, mais il ressemblait à Cedric.

- Pourquoi tu ne me repousses pas comme les autres ? Demanda Edward.

- Parce que tu me rappelles quelqu'un. Quelqu'un que j'ai vu mourir sans rien pouvoir faire pour l'aider.

- Cedric ?

Il avait à peine soufflé son nom mais la gorge d'Harry se serra. Il cessa son activité et baissa le nez, les yeux fermement clos pour ne pas céder à la tristesse ou la culpabilité.

- Ne prononce pas son nom, s'il te plait. Ni celui-là, ni aucun autre. Oublie ce que tu as vu.

- Si seulement je pouvais, contra Edward. J'en ferais presque des cauchemars alors que les vampires ne dorment pas.

- Ça ne change rien. Je ne veux plus y penser, essaye de comprendre ça.

- Je n'ai pas besoin d'essayer. Je comprends parfaitement. J'ai moi aussi fait des choses dont je ne suis pas fier.

Harry ne répondit pas. Il continua son trou jusqu'à ce qu'il soit satisfait de la profondeur. Demandant une pelle à Edward, qui la lui donna, Harry creusa le même genre de tranchée qu'il avait créé pour son jardin. L'eau envahie doucement le fond du trou.

- Donne-moi les pierres.

Le vampire s'exécuta et ramena un sac plein. Harry en piocha une, attrapa un poinçon et tailla la pierre. Il grava un drôle de symbole dessus. Une rune. Il la posa ensuite près du trou. Rapidement, il en fit de même avec toutes les pierres et forma un cercle autour du trou. Edward le vit souffler sur l'une d'elles et petit à petit, toutes s'illuminèrent d'une lueur rosée. Un sourire impressionné et enfantin se dessina sur le visage du vampire. C'était magique. Et quand on y pensait, ça tombait sous le sens pour un sorcier.

Quand les runes brillèrent assez, des racines poussèrent, sortant par les parois du trou. Edward les regarda, avec une fascination sans nom, se croiser et s'entremêler pour former un cocon. Le plus délicatement possible, Harry prit le tas de glaise et posa le regard dessus. Oui, Draco allait revenir. Même s'il ne sera jamais réellement lui. Il deviendra une version de ce qu'il aurait pu être et cette fois-ci, Harry s'assurerait qu'il vive une vie heureuse. Prenant son courage à deux mains, il grava deux symboles sur le ventre. Le symbole mâle et une rune signifiant humain, puis il déposa la glaise dans le cocon de racine, en partie immergé. Étrangement, c'était la partie la plus compliquée pour lui. Peut-être parce que c'était l'une des dernières avant que la magie ne commence à faire effet. Parce que ça devenait réel.

- Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? Demanda Edward, les yeux fixés sur les racines refermant la coque pour protéger son contenu.

- Il va rester ici, à prendre l'eau pendant un moment. Quand presque toute l'eau aura disparu, il faudra lui donner régulièrement du sang. Il grandira presque comme un enfant normal dans le ventre de sa mère. La glaise disparaîtra peu à peu, comme absorbée, pour laisser place à de la peau humaine.

Harry se releva, s'appuyant sur ses genoux. Il partit rassembler les affaires laissées en tas. Edward, pas décidé à partir, en dehors du fait qu'il devait rester, vient l'aider.

- J'ai une question, dit-il.

- Tu n'as que ça, répondit Harry en avançant vers la porte.

Edward le suivit, la deuxième partie des affaires entre les bras. Il marcha juste derrière Harry, dans le couloir de la maison qu'il visitait pour la première fois, mais s'arrêta quand il le vit disparaître derrière une porte. Il avait rêvé ? Ou c'était encore une chose qu'un sorcier faisait naturellement ? Harry ressorti, du moins une partie de son corps traversait la porte, et il attrapa ce qu'Edward tenait pour disparaître encore. Le vampire resta immobile, bouche-bée.

Quand Harry réapparut, il roula des yeux, les levant au ciel, et s'en alla dans la cuisine. Il remplit la bouilloire d'eau, la mit à chauffer, et chercha dans ses placards un mélange de feuilles de thé que le vampire pourrait boire.

- Viens ici si tu veux tes réponses.

- Tu es toujours aussi autoritaire ? Demanda Edward, maintenant à la porte.

Un petit sourire amusé, mais tendre, était installé sur son visage. Sans qu'il ne sache pourquoi, il se sentait étroitement proche d'Harry. Il avait l'impression de le connaître mieux que personne et son désir de le protéger de tout ce qui pourrait lui causer du tort était presque aussi fort que celui qu'il ressentait envers Bella. Peut-être parce qu'il avait vu toute l'horreur dont sa vie avait été faite.

- Je n'ai jamais été comme ça avant. Mais je ne suis plus le même depuis longtemps, répondit Harry. Assieds-toi.

Edward obéit sans discuter et prit la place face à Harry. Il regarda le sorcier sortir une théière et deux tasses.

- Je ne peux pas en boire, rappela-t-il.

- Tu pourras, confirma Harry, versant à présent l'eau.

Et le vampire en fut convaincu quand l'odeur qui se dégagea lui donna l'eau à la bouche.

- Alors ? C'est quoi ta question ?

Une fois la théière pleine, Harry l'apporta à table ainsi que deux tasses, du sucre et une boite de biscuit. Il n'aimait peut-être plus autant la présence des autres mais il restait un bon hôte.

- Tu peux les manger, informa-t-il avant de poser son regard sur Edward.

Il avait presque soigneusement évité de le faire depuis le début. Son menton était appuyé contre sa main et il faisait tout son possible pour éviter de voir Cedric à travers lui. Ayant suffisamment confiance en lui, Edward attrapa un gâteau et le croqua, du bout des dents. Quand il remarqua qu'effectivement, il pouvait les manger, il l'avala tout rond.

- Doucement, tu vas te rendre malade. Tu peux en manger, mais très peu.

- Pourquoi nous permettre de manger si c'est pour nous priver du plaisir de le faire ? Grogna-t-il.

- Tu peux aller chasser un lapin si tu préfères, répondit le sorcier en versant le thé dans les tasses.

Edward grogna de nouveau, remercia Harry pour la tasse et attendit quelques secondes. Il le regarda faire fondre un sucre avec autant de précision que s'il était en pleine opération chirurgicale. Ce petit côté concentré amusa Edward.

- Tu comptes me la poser ta question ?

- Pardon, se reprit le vampire. Tout à l'heure, tu as dit « tu en aurais été capable si tu n'avais pas été transformé », qu'est-ce que ça veut dire ?

Fronçant les sourcils, Harry releva le nez et posa sa cuillère à côté de sa tasse. Ça annonçait une conversation longue et un peu compliquée pour le vampire.

- Laisse-moi te répondre par une question. Est-ce que tu sais pourquoi certains vampires ont des dons ?

Réfléchissant d'abord, Edward secoua la tête avant d'hausser les épaules. Il n'avait que des suppositions.

- C'est le hasard, dit-il. Ou alors un trait particulier de notre personnalité qui s'est exacerbé, comme tout le reste.

- Tu as à moitié raison. Certains vampires ont des dons parce qu'ils étaient des sorciers, expliqua Harry.

Il guetta avec attention la réaction d'Edward. D'abord de l'incompréhension, puis de la confusion, la négation et finalement, le questionnement.

- J'étais, un sorcier ? Demanda Edward, comme s'il ne pouvait pas y croire.

- Tu as été transformé au début du vingtième siècle, non ?

- Oui, pourquoi ?

Harry porta sa tasse à ses lèvres et bu une longue gorgée avant de répondre.

- Je pense que tu es un né-moldu non-identifié.

- Je ne comprends rien à ce que tu racontes, avoua Edward.

Voyant qu'Harry cherchait ses mots, il se décida à tenter de boire. Il était un peu réticent. Il n'avait plus rien bu d'autres que du sang depuis tellement longtemps qu'il n'était pas sûr de savoir encore comment faire. Pourtant, l'odeur lui donnait vraiment envie et il trempa les lèvres. La chaleur envahie son palais. Le goût sur sa langue était sucré et fruité. Un petit gémissement de plaisir passa ses lèvres et amusa Harry.

- Ça fait souvent ça la première fois.

- Tu as déjà rencontré d'autres vampires ?

- Non, mais j'ai lu des témoignages. Enfin, ce n'est pas ce que tu veux savoir, si ?

- Non, confirma Edward.

Il voulait comprendre cette histoire de sorcier.

- Comme je te l'ai dit, avec les mots dont j'ai l'habitude, c'est que je pense que tu es un sorcier né de parents qui n'avaient pas de pouvoir magiques, des moldus. Ça arrive plus souvent qu'on ne pourrait le croire, même si la magie est un trait héréditaire.

- Et qu'est-ce que tu veux dire par « non-identifié » ?

- Je peux me tromper, mais, les enfants né-moldus n'ont jamais été très bien vu par les sorciers. Il existe, chez moi, trois rangs sociaux. Les Sangs-Purs, les sorciers nés de lignées sorcières. Les Sangs-Mêlés, comme moi, dont une partie de la lignée est moldue et les Nés-Moldus.

Edward hocha doucement la tête, pour montrer qu'il avait compris, et continua de boire.

- À l'époque où tu as été transformé, ça ne m'étonnerait pas qu'on ne cherchait pas à trouver les nés-moldus. Si tu ne te faisais pas remarquer par le ministère de la magie, le gouvernement sorcier, ils pouvaient avoir une excuse pour dire qu'ils ne savaient pas.

- Ce n'est pas un peu dégueulasse de leurs parts ? Je veux dire, au final, tous les sorciers sont pareils, non ?

- Oui. Mais comme pour les familles royales, les familles de Sangs-Purs sont plus importantes dans notre société.

- Je vois… C'est donc parce que j'étais un sorcier que j'ai ce don ?

- J'en suis presque sûr.

- J'ai une question.

Harry l'invita à la poser, s'installant plus confortablement sur sa chaise.

- Pourquoi tous les vampires n'ont pas les mêmes dons dans ce cas ?

- Parce que tu n'avais pas totalement tort, ils viennent probablement d'un don naturel pour une certaine forme de magie. Je pense que tu étais naturellement doué pour la legilimancie, si quelqu'un avait pris la peine de te l'apprendre.

- Le pouvoir de lire dans les pensées, devina Edward.

- De pénétrer l'esprit de quelqu'un, corrigea Harry.

Un doute, suivi d'une nouvelle question, envahi l'esprit d'Edward.

- Tu peux me bloquer tes pensées, affirma-t-il. Comment ?

- Parce que j'ai appris l'occlumancie. L'art de bloquer son esprit aux gens comme toi.

- Un humain peut faire ça ? Ou il n'y a que les sorciers.

- Je pense qu'un humain peut aussi, répondit Harry, un peu décontenancé. Mais il ne pourra pas le contrôler.

Une peine s'installa dans le cœur d'Edward. Parce qu'il venait de comprendre qu'il y avait une raison au fait qu'il ne pouvait pas avoir accès aux pensées de Bella. Que, peut-être, ça voulait dire qu'elle n'était pas celle qu'il attendait comme il l'avait cru jusqu'ici.