Les semaines suivantes furent intenses en émotions pour Edward. Lui, Alice et Jasper s'entraînaient au moins trois fois par semaine avec Harry. Il avait beau être un gentil garçon qui ne pouvait pas s'empêcher d'aider les autres et de vouloir les sauver, il était le plus sadique des professeurs qu'il ait connus. Pourtant, si sa relation avec Bella en avait un peu souffert, et qu'il dépensait une quantité folle d'énergie, les efforts avaient payé. Il se plaisait à faire quelques exercices chez lui, se concentrant sur une personne à la fois, fouillant plus loin que dans les pensées qu'il percevait. Plusieurs fois, il avait subi le courroux de Rosalie qui n'appréciait pas que son frère puisse maintenant farfouiller dans sa tête pour trouver l'information qu'il voulait. C'était souvent là que Jasper se servait de ce qu'il avait appris pour calmer sa sœur. Le plus gros problème d'Edward, auquel il était en train de songer, assis sur le rebord de sa fenêtre, c'est qu'une grande partie de son esprit était occupée par Harry.
Devant la porte d'entrée, après être descendu d'une traite, Edward attrapa son manteau et signala aux membres présents de sa famille qu'il sortait. Il venait seulement de passer un bras dans l'une des manches de sa veste quand quelqu'un l'interpella. Une voix qu'il ne connaissait que trop bien.
- Edward ! Fit Bella en s'approchant, pas sûre d'elle. Où tu vas ?
- Je sors.
- Pourquoi ? Pour aller où ? Je viens à peine d'arriver !
- Je suis désolé mais j'ai des obligations. Je serais vite de retour.
- Tu ne m'as pas dit où tu allais, contra Bella. Tu me fuis c'est ça ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?
Un soupir passa les lèvres d'Edward. Il l'aurait voulu discret mais sa petite-amie l'avait bel et bien entendu et en serra les poings.
- Alors c'est bien ça ? Tu me fuis ! S'écria Bella avant de fondre en larmes.
Jetant un coup d'œil par-dessus son épaule, Edward se rendit compte d'une chose. Il n'y a encore pas si longtemps, il se serait jeté sur elle, s'empressant de la détromper et de la consoler. Il lui aurait murmuré mille mots doux en caressant ses cheveux bruns, se serait flageller de lui avoir causé de la peine, mais là, il ne ressentait rien. La conclusion logique de tout ça était qu'il n'était plus le même Edward. Oui, voir sa petite-amie pleurer lui faisait un pincement au cœur, mais il ne voulait pas renoncer à sa visite à Harry pour ça. Ensemble, ils avaient convenu de donner leurs sangs le samedi. C'était plus arrangeant pour eux. Remontant la fermeture éclair de son manteau, Edward se tourna pour poser le regard sur elle.
- Bella, je ne te fuis pas. Je le jure, mais j'ai quelque chose de très important à faire et je ne peux pas décommander ou déplacer.
Sans lui laisser le temps de répondre, il franchit la porte et partit en courant. Il entendait sa petite-amie crier son nom en pleurant mais ça ne changeait rien. Edward coupa par la forêt et se rendit chez Harry.
- Je t'attendais, déclara la voix du sorcier, de l'autre côté de la maison.
Un léger sourire fleurit sur le visage du vampire et il contourna la bâtisse à vitesse humaine. Il était déjà accroupi près du trou, faisant il ne savait trop quoi.
- Je suis navré, pour le retard, déclara Edward en s'agenouillant près de lui.
- Qu'est-ce qui t'a retenu ?
Harry n'était pas particulièrement curieux à ce propos, il voulait juste faire la conversation. Il ne savait même pas pourquoi il cherchait à discuter avec Edward. Entre lui, Seth et Jacob, il se retrouvait malgré lui à sympathiser et à s'attacher. Harry s'était juré qu'il s'isolerait physiquement et émotionnellement après tous les horribles événements qu'il avait vécus mais ces trois-là s'acharnaient sur le mur qu'il avait dressé autour de son cœur. Et le pire, c'est qu'il n'arrivait pas à les en empêcher. Il ne voulait pas les en empêcher.
- Il a grandi ! Constata Edward avec étonnement, regardant le trou et sortant Harry de ses pensées.
- Oui, répondit Harry avec un léger sourire, débarrassant le bord de quelques feuilles avec délicatesse.
Jetant un coup d'œil vers Harry, Edward sentit son cœur faire un bond. Il se reprit aussitôt, perturbé par ce qu'il venait de ressentir. Pour passer à autre chose, il tendit sa main vers le sorcier.
- On commence ?
Harry acquiesça et sortit la lame de la poche de sa robe. Comme à chaque fois, il commença par Edward avant d'en venir à lui.
- Pourquoi tu commences toujours par moi ? Il y a une raison ou c'est par simplicité ? Questionna Edward.
- Il y a une raison. C'est par ton sang que j'ai entamé le rituel, si je change l'ordre en cours de route, même une seule fois, ça pourrait compliquer les choses. Je ne connais pas exactement les effets secondaires mais je ne préfère pas prendre de risques.
- Je vois, souffla le vampire.
Il dirigea de nouveau son regard vers le trou et contempla le liquide visqueux recouvrir la glaise qui devenait chaque semaine un peu plus claire.
- Dis.
- Hm ?
- Il y a deux questions que je me pose depuis quelque temps.
- Je t'écoute, réitéra Harry.
- Eh bien, le trou ne va pas devenir trop petit ?
- Le trou s'élargira de lui-même. L'autre question ?
- Un bébé normal a besoin de nourriture, entre autres, pour grandir. Est-ce que…
- Je vois, coupa Harry. Tout ce dont Draco a besoin lui est apporté par l'eau, les racines et le sang.
Plus Edward en apprenait sur la magie, et moins il savait quoi en penser. Bien sûr, il trouvait ça absolument incroyable, bluffant, époustouflant même, mais d'un autre côté il trouvait ça aussi extrêmement compliqué.
- Où en sont les choses avec ta petite-amie ? Demanda Harry, ne souhaitant pas faire durer le silence qui s'était installé.
- C'est compliqué, avoua Edward. Je suis perdu.
- Pourquoi ?
- Eh bien, le fait de ne pas pouvoir lire dans ses pensées m'obsède encore plus qu'avant et, j'ai l'impression de ne plus être la même personne. C'est elle qui m'a retenu et même si elle pleurait, je n'ai pas ressenti l'envie ou le besoin de la consoler. Tout ce qui m'importait, c'était de venir ici.
- Une question à la fois, pourquoi ça « t'obsède » tellement, comme tu dis ?
- Avant, ça me fascinait. J'avais envie de découvrir ce qui se passait dans sa tête. Aujourd'hui, je suis impatient d'arriver à maîtriser suffisamment mon don pour pouvoir pénétrer son esprit.
- Tu y arriveras, affirma Harry. Tu as encore besoin d'entraînement mais si moi je peux lire ses pensées, ça veut dire que son esprit n'est pas impénétrable et, par conséquent, tu réussiras tôt ou tard.
Edward fit un rapide sourire à Harry, pour le remercier de le rassurer de la sorte.
- Pourquoi tu as l'impression de ne plus être le même ? Demanda ensuite Harry, reprenant les mots du vampire.
- Comme je te l'ai dit, quand j'ai vu Bella pleurer, la consoler m'importait peu. Jusque très récemment, j'aurais tout fait pour elle. J'aurais passé des heures à la consoler, à la rassurer, à la couvrir de mots doux et d'amour.
- Et ce n'est plus quelque chose que tu veux faire, si je comprends bien.
- Pas seulement. C'est comme si cette partie de moi m'était totalement étrangère. Je l'aime, j'en suis certain, mais je ne veux plus être aux petits soins pour elle de façon si exagérée.
- Pourquoi tu ne veux plus ? Ne te sens pas obligé de répondre, c'est de la simple curiosité de ma part.
Expirant lentement, le vampire contempla le filet qui s'écoulait de sa main et réfléchit sérieusement à la question d'Harry. En soit, ça ne le dérangeait pas de répondre. Il ne savait simplement pas quoi répondre, et ça, c'était un problème. Bien plus pour lui-même qu'autre chose, parce que s'il ne savait pas lui-même pourquoi il ne voulait plus être comme ça, ça soulevait beaucoup d'autres questions. Et les prochaines risquaient d'être dérangeantes, autant pour lui que pour les autres. Se rendant à l'évidence, il soupira et répondit à Harry.
- Honnêtement, je n'en sais rien. Je trouve que ça ne me ressemble pas vraiment et surtout, si je veux être parfaitement objectif, ça n'est pas sain. Pour elle comme pour moi.
- Parce que selon toi, ça n'apporte rien à votre couple ?
- Oui. Tout ce que ça entraîne, c'est qu'elle s'attende à ce que je sois toujours de son côté, à ce que je la défende au risque de mourir. Je ne veux plus qu'elle ait cette fausse image de notre couple. Oui, si elle a de la peine, je la consolerais, mais plus sans limite.
- Si ça peut te rassurer, souffla Harry, ça ne fait pas de toi une mauvaise personne ou un mauvais petit-ami pour autant. Tu te fixes simplement des limites sur ce que tu es capable de faire ou de donner. Si elle veut plus, elle doit le mériter et ne pas s'attendre à ce que ça lui soit dû.
- Je comprends ce que tu veux dire, répondit Edward, tout de même peiné de le réaliser.
La suite du rituel se passa en silence et cette fois, aucun des deux garçons ne souhaita le briser. Edward jetait quelques regards, de temps en temps, en direction d'Harry. À chacun d'eux, il ressentait une drôle de sensation dans la poitrine. Ça amplifiait la question qu'il se posait, l'empêchant de plus en plus d'y faire abstraction. Est-ce qu'il ne ferait pas mieux de rompre avec Bella ? Est-ce que leur couple avait encore un avenir ou même une raison d'être ? Ces derniers temps, il pensait et s'intéressait beaucoup trop à Harry pour que ce soit parfaitement normal. Il avait vraiment peur. Parce qu'il avait déjà ressenti ça, à l'arrivée de Bella en ville. Peut-être que la douleur qui se dégageait d'Harry, et qui lui donnait envie de le consoler et de le réconforter, commençait à le faire tomber sous son charme.
À la fin du rituel, il salua poliment le sorcier et déclina son invitation à boire le thé. Edward devait absolument rentrer chez lui et retrouver Bella. Il savait que de la voir suffirait à faire s'évanouir ses doutes. Il n'aimait qu'elle, et il en était fou amoureux. Aucune chance que le sorcier lui fasse ressentir de l'amour. Quand Edward sortit des bois, avançant vers la porte d'entrée, les pensées de son frère envahirent son esprit. De quelques pas rapides, Jasper se retrouva à ses côtés. Vu son odeur, il revenait de la chasse.
- Tu étais avec Harry ? Demanda-t-il.
- Oui.
Jasper n'eut pas le temps de demander des nouvelles du jeune homme que la porte s'ouvrit brusquement. Alice sortit de la maison, hélant son compagnon, et se jetant à son cou en riant. Bien que surpris, Jasper la rattrapa et la regarda, ne pouvant pas s'empêcher de se réjouir face à la bonne humeur d'Alice.
- J'ai réussi, s'exclama-t-elle. Edward, j'ai réussi ! Harry avait raison !
- De quoi tu parles ? S'enquit Jasper en la reposant sur ses pieds.
Passant son regard de son frère à son compagnon, Alice s'extasia encore plus.
- J'ai eu une vision, sur Bella. Je l'ai laissé venir à moi, comme Harry l'a dit !
- Tu as vu son avenir, devina Edward.
- Oui ! Et pas juste un petit bout sans queue ni tête, je suis restée coincée pendant plusieurs minutes ! C'est génial !
- Je suis fier de toi, félicita Jasper, déposant un baiser sur sa joue.
N'ayant pas encore regardé les pensées de sa sœur, Edward leva le nez vers la porte. Bella l'y attendait. Elle était parfaitement immobile et le regardait, l'air un peu triste. Quand leurs regards se croisèrent, l'adolescente lui offrit un léger sourire.
- Tu es revenu, souffla-t-elle, sachant que son petit-ami pouvait l'entendre.
Edward n'eut pas le temps de faire le moindre mouvement qu'Alice lui attrapa la main et tira les deux hommes à l'intérieur de la maison.
- Il faut que je vous raconte !
Bella attrapa la main d'Edward et lui sourit plus franchement, serrant ses doigts dessus. Les deux vampires furent assis de force sur le canapé, entourés par le reste de la famille. Dès que Bella fut assise à côté d'Edward, elle retrouva un immense sourire et se mit à agripper son bras en le secouant légèrement.
- Tu sais ce qu'Alice a vu ? Oh mon amour tu vas être aussi heureux que moi ! S'enthousiasma-t-elle.
Le vampire voulut répliquer, s'intéressant à ce que sa sœur et sa petite-amie avaient à dire, mais l'adolescente ne lui en laissa pas le temps.
- Elle nous a vus, à partir de notre mariage. Elle m'a dit que c'était un grand mariage, qu'il était époustouflant ! Et ensuite, tu m'as emmené en lune de miel, sur l'île d'Esmée. Oh Edward, j'ai tellement hâte d'aller là-bas !
Entendre ça cloua Edward sur place. L'île d'Esmée ? Pourquoi diable aurait-il emmené Bella là-bas ! C'était un manque de respect total envers sa mère ! Jamais il ne pourrait faire une chose pareille. Se tournant vers Alice, il plongea dans son esprit. Là, il vit une jeune femme aux longs cheveux, à l'apparence aussi humaine qu'immortelle. Dans les souvenirs d'Alice, il put connaître l'identité de cette fille.
- Un enfant ? S'étonna-t-il, sourcils froncés.
- C'est merveilleux, non ? Lui dit Bella, un grand sourire aux lèvres. Toi qui voulais que je puisse avoir des enfants ! Nous en aurons un ! Tu entends Edward ? Nous allons avoir un enfant !
- Mais… C'est impossible, souffla-t-il.
Il ne pouvait pas croire à ça.
- Ça l'est ! Les visions d'Alice ne mentent pas.
Peut-être un peu trop brusquement, Edward se détacha de Bella et se leva du canapé.
- Edward ? S'inquiéta-t-elle. Qu'est-ce qui te prends ?! Tu n'es pas heureux de savoir que tu vas fonder une famille avec moi ? C'est ce que tu voulais, non ?! S'agaça-t-elle.
Elle voulait bien se comporter à nouveau comme une gentille petite fille maladroite et timide mais il ne fallait pas se foutre d'elle non plus ! Déjà que ce matin, il l'avait fui pour aller passer du temps avec l'autre fou, maintenant il semblait mécontent de leur avenir. C'est pourtant tout ce qu'il lui avait toujours souhaité ! Une vie remplie d'amour, avec des enfants. Et bah il l'aurait, son gosse. Et Bella aurait son immortalité, tout le monde était content !
Fouillant toujours l'esprit de sa sœur, Edward pu voir sa future fille. Il vit Bella amaigrie plus qu'il n'était humainement possible de l'être, sa transformation, après qu'il ait failli la perdre lors de l'accouchement. Et il vit ce qu'Alice avait caché à sa future belle-sœur. Les pouvoirs de l'enfant, mi-humaine, mi-vampire. Les Volturi, informés de cet être contre-nature, la guerre. Non. Il en était hors de question. Jamais il ne se résoudrait à infliger ça à la femme qu'il aimait, ainsi qu'à son futur enfant ou encore à sa famille.
- Je refuse, déclara-t-il, catégorique.
Puis il monta à toute vitesse dans sa chambre. Une fois celle-ci atteinte, il appela Alice et lui demanda de le rejoindre, ce qu'elle fit. Même si cela ne servait à rien, elle ferma la porte derrière elle et regarda longuement son frère faire les cent pas, se mordant l'ongle du pouce.
- Comment ce serait possible ? Commença-t-il. Une atrocité pareille, c'est impensable.
- Tu ne devrais pas dire ce genre de chose, réprimanda Alice d'une voix douce, entourant sa poitrine de ses bras.
Elle voyait bien qu'Edward n'était pas dans un état apte à recevoir un long sermon. Elle ne devait pas l'enguirlander, ça ne ferait qu'attiser sa colère.
- Mais Alice, tu te rends compte ?! S'écria Edward en se tournant vers elle. Un enfant, mi-humain, mi-vampire. Qui tue sa mère en venant au monde. Comment tu appelles ça si ce n'est une abomination ?
La vampire baissa les yeux. Il fallait bien reconnaître que pour quelqu'un de son espèce, imaginer une telle chose donnait des frissons.
- Pourtant, c'est ce qui va se produire. C'est inéluctable.
- Oh Alice, je t'en prie. Tu sais aussi bien que moi que tes visions ne sont pas absolues.
- Certes, mais un jour ou l'autre, tu auras cet enfant avec Bella. Ça, je peux te l'assurer.
- Pas si je maintiens ma décision de ne pas avoir de relations charnelles avec elle.
- Tu vivrais toute une vie comme ça ? Demanda Alice, pas assez dupe pour y croire.
- Si ça peut lui sauver la vie, oui, répondit Edward, très sérieux. Alice, je crois que tu ne comprends pas. Tu les as pourtant vu, les Volturi.
- Mais nous allons gagner !
- Ce n'est pas la question. Je refuse de faire naître un tel enfant. Pour le bien de notre famille, de notre espèce, et son propre bien.
- Tu es égoïste, Edward.
Sourcils froncés, la brunette observait son frère avec un regard désapprobateur. Il pouvait faire le bonheur de l'amour de sa vie, et le sien, mais il s'y refusait pour si peu ? C'était pire qu'égoïste, il n'avait aucune considération pour les sentiments de Bella et Alice trouvait ça inacceptable.
- Tu ne devrais pas dire cela, Alice.
Les deux vampires se tournèrent vers Esmée qui venait de rentrer dans la pièce. À son tour, elle referma la porte et adressa un sourire tendre à ses enfants.
- Je peux comprendre les sentiments d'Edward.
- Mais Bella alors ?! S'indigna Alice. On va la laisser vivre malheureuse toute sa vie à cause d'un caprice ?
- Et tu ne penses pas que son désir d'obtenir ce qu'elle veut d'Edward, soit un enfant et l'immortalité, peut être vu comme un caprice ?
- Ce n'est pas pareil, se renfrogna Alice.
- Ah non ? Et en quoi ? Demanda doucement Esmée.
Elle s'approcha et posa les mains sur les épaules de sa fille, cherchant son regard, sans cesser de sourire.
- Alice, Bella est ton amie et tu veux le meilleur pour elle, c'est très louable de ta part. Seulement, tu ne peux pas reprocher à Edward de se refuser à lui infliger de telles choses.
- Mais Esmée…
- Imagine que tout ne se passe pas comme dans ta vision et que Bella décède.
Les bras d'Alice lui en tombèrent. Elle ne pouvait pas nier que cette perspective était horrible. Et elle était parfaitement probable. De son côté, Edward attrapa un sac et y fourra quelques affaires.
- Je ne peux pas rester ici, annonça-t-il.
- Quoi ? Pourquoi ? S'exclama Alice. Si c'est ma faute, je suis désolée Edward !
- Ça n'a rien à voir avec toi. Enfin, si mais… Je connais Bella, elle ne va pas arrêter de me parler de cette histoire d'enfant et je refuse de changer d'avis.
- Tu n'as pas à quitter la maison pour autant !
- Peut-être, mais j'en ai besoin. Il faut que je m'éloigne et que je réfléchisse à ce qu'il y a de mieux pour elle. Je suis un poison. Si elle continue de me fréquenter, elle va finir par y laisser sa vie.
- Edward, soufflèrent Alice et Esmée, d'une même voix.
- Ma décision est prise, coupa-t-il en se tournant vers elles. Je suis désolé si je vous fais de la peine, mais il s'agit de ma vie.
Voyant bien qu'elles ne le feraient pas changer d'avis, les deux femmes se déplacèrent pour laisser Edward sortir de sa chambre. Il descendit rapidement les escaliers, fit un signe de tête à Emmett, qui avait sans nul doute entendu sa conversion avec sa mère et sa sœur, et entra dans le salon où Bella l'attendait toujours.
- Edward ?
Elle se leva du canapé et voulu l'approcher mais le vampire la stoppa d'une main tendue.
- Écoute, je vois bien que ce qu'Alice a vu te réjouit, mais pas moi. Je vais partir quelque temps, le temps de réfléchir à tout ça.
- Tu me quittes ? Tu ne peux pas faire ça ! Tu ne peux pas m'abandonner encore une fois ! Hurla-t-elle.
- Arrête, je n'ai pas dit ça, répondit Edward, sourcils froncés. Je ne te quitte pas, je veux juste ne pas être influencé dans ma décision.
Quittant le salon pour se diriger vers la porte, Bella courut à sa suite.
- Je t'interdis de partir Edward !
- Ce n'est pas à toi de dicter ma vie, Bella.
Edward ouvrit la porte et sortit. Il prit la direction du garage, monta dans sa voiture et démarra. Il n'avait pas encore rejoint la route que son téléphone sonna, un appel de Carlisle.
- Carlisle ? Demanda Edward en appuyant sur le bouton vert.
- Où comptes-tu aller ?
- Si je te le dis…
- Je le garderai pour moi, devança le père de famille.
- Je ne sais pas trop. Peut-être qu'Harry acceptera de m'héberger quelque temps.
- Prends ton temps Edward. Il n'y a que toi qui puisses prendre cette décision et quoi que tu choisisses, je serais de ton côté.
- Merci Carlisle.
L'homme ne rajouta rien mais Edward savait qu'il souriait, de l'autre côté du combiné. N'ayant plus rien à dire, le vampire raccrocha. Il gara sa voiture loin de la ville, sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce qu'il n'avait pas envie que qui que ce soit puisse le retrouver. Après ça, il se rendit chez Harry à pieds.
Il était tard quand Edward toqua à la porte. Le sorcier lui ouvrit, l'air de sortir du lit. Ses traits étaient tirés, il semblait fatigué.
- Je n'aurais peut-être pas dû, souffla Edward pour lui-même. Excuse-m…
- Qu'est-ce que tu fais ici ? Coupa Harry en essayant de se concentrer.
- Je suis parti de chez moi et…
Harry se décala et lui fit signe d'entrer. Edward le remercia d'un petit sourire et passa le seuil de la porte.
- Je ne voulais pas te réveiller, confessa le vampire.
Le sorcier haussa les épaules.
- Je vais retourner me coucher si ça ne te gêne pas, on parlera demain.
Edward ne dit rien et regarda Harry avancer vers le fond du couloir. Juste avant de poser le pied sur la première marche de l'escalier, il se tourna vers Edward en pointant la pièce face à lui.
- Tu peux utiliser cette chambre si tu veux.
Il commença ensuite à monter dans la sienne.
- Les vampires ne dorment pas, mais merci.
- Ce n'est pas parce que tu n'as pas besoin de dormir que tu ne peux pas le faire, s'exclama Harry, au milieu des marches.
Un pouffement échappa à Edward. Il posa son sac sur le lit, dans la chambre d'ami, et réfléchit à ce qu'il venait de faire. Ce n'était peut-être pas une bonne idée finalement.
Juste devant l'entrée de sa chambre, Harry se stoppa. Il venait de penser à quelque chose.
- Edward.
Le vampire leva le nez. Harry avait parlé comme s'il avait été juste à côté de lui. Est-ce qu'il devait prendre ça comme une confession ? Avant qu'il n'ait eu le temps de répondre, Harry reprit.
- Tu verras probablement des choses, pendant que je dormirais. J'aimerais qu'à partir de demain matin, tu fasses comme si ça n'avait jamais existé.
Il entendit ensuite Harry avancer dans la pièce et se recoucher dans son lit.
