Les pas d'Edward l'avaient mené jusqu'à la maison des Swan. En son for intérieur, il ressentait le besoin de voir Bella et de se rassurer sur ses sentiments. Il avait aussi longuement réfléchi, sur le chemin, et en était venu à la conclusion qu'Alice avait raison, il devait parler avec sa fiancée. Elle aussi avait le droit d'exprimer son avis sur la question de sa transformation. Après tout, sa vie en serait changée aussi.
Comme à son habitude, Edward entra dans la chambre de la jeune femme par la fenêtre. Il la trouva attablée à son bureau, sa tête retenue par l'une de ses mains, concentrée sur un devoir. Même de dos, elle était sublime. S'approchant sans un bruit, il se posta derrière elle et dégagea son épaule peu couverte d'une longue mèche brune. L'adolescente sursauta et fit volte-face, levant le menton vers son fiancé.
- Tu m'as fait peur ! S'exclama-t-elle.
- Excuse-moi, lui répondit Edward avec un tendre sourire.
Bella fit une moue dédaigneuse et retourna à son exercice sans répondre. Sous le choc, la bouche d'Edward s'entrouvrit. Il venait de se faire snober ?
- Tu es en colère ? Demanda-t-il aussitôt.
- En colère ? Pourquoi je serais en colère ? Ce n'est pas comme si l'homme que je m'apprête à épouser prend toutes les décisions concernant notre avenir sans même se demander ce que je veux, ironisa-t-elle.
Edward eut envie de soupirer mais à la place, il recula jusqu'au lit et prit place sur le bord.
- Ça te dérange uniquement parce que tu n'es pas d'accord.
- Bien sûr que non je ne suis pas d'accord ! S'écria-t-elle aussitôt en se tournant, claquant son stylo sur son cahier. Comment je pourrais l'être ?!
Ce n'était pas la conversation qu'Edward avait le plus envie d'avoir, là, tout de suite, mais il prit sur lui. Il releva d'abord le regard pour le plonger dans celui de sa dulcinée et espéra calmer les choses.
- On pourrait au moins en discuter, tenta-t-il.
- Très bien, discutons.
Bella croisa bras et jambes, se laissant aller contre le dossier de sa chaise. Elle semblait vraiment en colère. Comme jamais Edward ne l'avait vu.
- Tu n'as pas vraiment l'air de vouloir discuter.
- Je me demande simplement dans combien de temps tu vas t'enfuir comme un lâche en me laissant toute seule. Je n'ai pas eu de nouvelles pendant plus d'une semaine !
- Je t'ai prévenu que j'avais besoin de m'aérer l'esprit, rappela Edward. Même ma famille n'a pas eu de nouvelles.
- Mais je m'en fiche ! Toi et moi, on est fiancé. Tu n'es pas fiancé à ta famille, si ?
Cette fois, un soupir passa réellement les lèvres d'Edward. Il le regretta aussitôt, vu le regard que lui lança Bella. Avoir une telle discussion, et celle qui devait suivre, sans parler de désamorcer les tensions, n'était pas vraiment envisageable dans un tel lieu. Edward prit quelques secondes pour réfléchir et se dit que Bella serait sans doute plus enclin à l'écouter s'ils étaient entourés. Elle ne ferait pas de scène en public, il en était certain.
- Bella, tu as mangé ? Demanda-t-il, en essayant de faire abstraction de son expression qu'il ne saurait définir.
- Pourquoi ?
- J'aimerais t'inviter à dîner.
Surprise, l'adolescente se décrispa. Elle s'installa plus confortablement sur sa chaise, en gardant une position un minimum correct, et essaya de deviner dans le regard de son fiancé si elle devait se méfier.
- D'accord, finit-elle par dire.
Edward acquiesça et se leva.
- Je vais sortir et revenir par la porte.
Bella n'en comprit pas l'utilité mais n'eut pas le temps de le demander qu'Edward sortait déjà de sa chambre. Une fois en bas, le vampire soupira plus fort. Il se massa le front, sentant qu'il ne tarderait pas à avoir une migraine, quand un nouveau fil de pensées s'immisça dans son esprit. Il releva le nez et pu apercevoir Jacob, un peu plus loin, adossé à un arbre et bras croisés.
- Qu'est-ce que tu veux ? Soupira Edward, parlant bas pour ne pas que Bella entende.
- Tu vas lui dire ?
- Lui dire quoi ?
Jacob haussa les épaules.
- J'en sais rien. Que tu veux redevenir humain, par exemple.
- Ça t'arrangerait bien qu'elle me quitte, tu pourrais l'avoir comme ça, lança Edward.
- Je ne peux pas le nier. J'aime toujours Bella.
- Malgré le fait que tu saches qu'elle n'est pas ton imprégnée ?
- Je le savais déjà. Si elle l'avait été, je l'aurais su tout de suite.
Edward avait oublié ce détail. D'un coup, il se sentait un peu bête.
- Écoute, Jacob, je n'ai pas vraiment de temps à t'accorder.
- Je m'en fiche. Je voulais juste savoir si tu comptais lui dire.
- Oui. C'est prévu. Et je vais rediscuter avec elle de cette histoire d'enfant. Je veux lui faire comprendre qu'au-delà de nos désirs, nous sommes soumis à des lois.
- Si tu ne lui dis pas, c'est moi qui le ferais.
- Tu ne crois pas que ma sœur me met déjà suffisamment la pression ? S'agaça Edward, d'un coup prêt à en découdre.
Il vit Jacob se décoller de l'arbre et retourner vers la forêt, mains dans les poches.
- Je ne disais pas ça dans ce sens. Seulement que ce serait mieux accueillit que la trahison vienne de ton ex-rival.
Edward n'eut pas le temps de réagir à cette révélation que Jacob était déjà hors de sa portée. De toute façon, il avait trop traîné avec cette discussion et Bella était sûrement en train de perdre patience. Soupirant et remettant ça à plus tard, Edward contourna la maison et lissa sa chemise avant de toquer à la porte. Il tendit l'oreille pour entendre Charlie mettre la télé sur muet, se lever du canapé et lui ouvrir la porte.
- Edward, souffla-t-il en se massant le front.
Il n'était toujours pas ravi de cette relation. En même temps, Edward le comprenait. S'il avait été à sa place, il aurait déjà fait tout ce qui aurait été en son pouvoir pour éloigner le plus possible son enfant d'une personne comme lui. Mais Charlie était plus conciliant. Ou plus résigné.
- Bonsoir Monsieur Swan, je viens inviter Bella à dîner.
Charlie acquiesça légèrement et ouvrit la porte en grand pour laisser le vampire entrer.
- Elle est dans sa chambre, informa-t-il.
- Merci.
- Ne la ramène pas trop tard.
- Je n'en n'avais pas l'intention.
Edward le vit faire un bref haussement de sourcils avant de retourner à son match. En le regardant, et en détaillant son attitude, il se dit qu'il ferait peut-être mieux d'écouter les envies du shérif et de laisser Bella faire sa vie avec quelqu'un d'autre. Cette pensée ne le dérangea pas autant qu'il l'aurait cru, et c'était cette prise de conscience qui lui fit le plus mal. Il serra la mâchoire pour la repousser au loin et monta les marches deux à deux.
- T'en as mis du temps ! Lui reprocha Bella quand il ouvrit la porte.
Si toute la soirée se passait comme ça, il n'était pas sûr de tenir le coup.
- J'ai croisé Jacob.
- Qu'est-ce qu'il voulait ?
- Comme d'habitude.
Bella se mit à pester contre son meilleur ami, qui ne voulait pas la laisser être heureuse tranquille, et attrapa sa veste avant de sortir. Pas d'humeur à imposer sa volonté, Edward suivit le mouvement et descendit les escaliers en même temps qu'elle. En bas, Charlie était revenu.
- Tu ne rentres pas trop tard, pas d'alcool et…
- Je sais ! Le coupa Bella. Je ne suis plus une enfant, tu sais.
Sur ces mots, elle quitta la maison en laissant la porte grande ouverte. Edward était bouche-bée face à son attitude. Depuis quand se comportait-elle comme ça au juste ? Elle était d'une telle insolence avec son père. Il n'arrivait même pas à imaginer se comporter comme ça avec Carlisle ou Esmée. Même quand il se disputait avec Alice il n'était pas aussi détestable !
- Je te fais confiance, lui souffla Charlie avec une tape sur l'épaule.
Il ne devrait pas. Edward avait très envie de le lui dire mais il se retient et rejoignit sa fiancée près de sa voiture. Évidemment, elle n'allait pas partir dans sa propre voiture. Edward lui ouvrit la portière avant de faire le tour et de s'asseoir derrière le volant.
- Tu m'emmènes où ? Demanda-t-elle en lui adressant à peine un regard.
- Où tu veux.
La jeune fille lui donna aussitôt le lieu où elle voulait aller et il se mit en route.
- Bella, il faut vraiment qu'on discute, reprit Edward à mi-chemin.
- Tu vas essayer de me convaincre de renoncer à ce qui pourrait nous arriver de mieux ? Supposa-t-elle avec un ton qui lui fit hérisser les poils.
- Non, j'aimerais juste que tu comprennes ce que moi et ma famille ressentons.
- Ta famille est très heureuse pour ce bébé, Edward, s'agaça Bella en se tournant vers lui. Il n'y a que toi qui en fait toute une histoire !
- C'est faux, révéla Edward.
Il avait du mal à ne pas hausser le ton ou à s'énerver. Ce soir, Bella était complètement différente de ce qu'elle avait toujours été. À moins que ce soit sa vision d'elle qui ait changé. Qu'il la voyait davantage telle qu'elle était.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Il n'y a qu'Alice qui s'en réjouit. Et encore, elle commence à changer d'avis.
- Tu mens ! Esmée était ravie quand elle l'a su !
- Et depuis elle a réfléchit. Elle s'est rétractée dès qu'elle a su ce que j'en pensais, ou presque.
Puisque la route était déserte, Edward s'autorisa un coup d'œil vers sa fiancée et il put voir son visage se décomposer.
- On ne fait pas ça pour te faire du mal, Bella. Simplement, c'est beaucoup trop dangereux de faire naître un tel enfant, et c'est risqué pour toi. Tu n'as pas vu ce que j'ai vu dans la tête d'Alice.
- Quelle importance si on est heureux ? Ce n'est pas ce que tu as toujours voulu pour moi ?!
Des larmes commencèrent à faire briller ses yeux et une petite partie du vampire eut de la peine. Cette même partie voulait la réconforter. Mais une autre lui imposa l'image d'Harry, pleurant des souvenirs qu'il gardait de vampires massacrants ses amis. Cette image lui fit bien plus de peine que le chagrin superficiel de sa fiancée.
- Je ne veux pas prendre le risque de te perdre, répondit-il après quelques secondes. C'est ça, le plus important pour moi.
- Mais tu ne me perdrais pas. On serait ensemble pour l'éternité ! Tous les trois.
- Pourquoi est-ce que tu ne comprends pas que la vision d'Alice n'est qu'une possibilité parmi des milliards ?! S'énerva Edward.
Surprise qu'il hausse le ton avec elle, Bella le regarda avec de grands yeux.
- Ce qu'Alice voit ne se produit pas forcément ! Elle avait prédit ta mort il y a deux ans et pourtant tu es toujours bien vivante. Et soyons honnête, tu as beaucoup plus de chance de mourir que de te transformer. Alors non, je ne veux pas vivre et élever un enfant que je me sentirais obligé d'aimer alors que je ne pourrais que le haïr de m'avoir pris la personne qui m'est le plus cher.
- Tu es égoïste, Edward, souffla Bella. Tu ne penses qu'à toi.
- Non, je pense au monde entier. Harry a raison, ces hybrides sont particulièrement dangereux.
- Qu'est-ce que ce nabot vient faire dans cette histoire ? C'est lui qui t'a monté la tête ?!
Bella venait de retrouver du poil de la bête. Évidemment que c'était ce sale parasite collé à leurs semelles qui était venu foutre son nez là où il n'aurait pas dû. Sans lui, Edward aurait été aux anges d'avoir Renesmée.
- Non. Et de toute façon, je te l'ai dit, ma famille est unanime. Ce serait trop dangereux pour tout le monde. Même les Quileutes refusent qu'on le conçoive.
- Mais ça ne les regarde pas ! Hurla Bella.
- Ah bon, tu crois ? Moi je trouve qu'au contraire, ils ont leur mot à dire. Bella, on parle d'un vampire à l'apparence totalement humaine ! Ça n'est pas normal et ça n'est pas censé exister. Ma famille ne me laissera jamais faire.
- Tu les laisses te dicter ta vie ? Mais tu n'es plus un enfant ! Tu es capable de faire tes propres choix.
Edward soupira intérieurement. Ça ne servait à rien de discuter, elle n'écoutait rien. Elle restait bloquée sur le fait d'avoir un enfant et lui resterait bloqué sur le fait de ne pas en avoir. Depuis qu'il ne cessait d'en parler, il en était encore plus certain. Quand il avait décidé de partir de chez lui, c'était en partie parce qu'il savait qu'il aurait fini par céder, d'une façon ou d'une autre. Maintenant, sa décision était irrévocable. Sous la torture ou face à la mort, il refusait toujours de changer d'avis. Il ne voulait pas être à l'origine d'un nouveau traumatisme pour Harry. Ou d'en raviver un.
Maintenant qu'il y pensait, il se dit que ça devait être particulièrement dur pour le sorcier de les côtoyer au quotidien. Quand il avait eu accès à ses souvenirs et ses rêves, il avait vu des adolescents se faire tuer de sang-froid. Le vampire se reprit avant que ces horribles pensées n'envahissent trop son esprit et se gara sur le parking du restaurant. Il aurait parié que Bella refuserait d'aller dîner et lui demanderait de la ramener chez elle, trop frustrée, mais apparemment, l'appel de la bonne nourriture était plus fort. Elle sortit d'elle-même et partit devant.
Quelle enfant gâtée, pensa Edward avec un petit soupir.
Tout en la suivant, il sortit son téléphone de sa poche et, sur un coup de tête, envoya un message à Harry pour lui dire qu'il s'apprêtait à tout révéler à sa fiancée. Il fit de même avec Carlisle qui le félicita pour sa bonne décision. Au moins, quelqu'un le soutenait corps et âme ! Ça mettait du baume au cœur d'Edward et l'empêchait de trop flancher. Il rejoignit rapidement Bella et fit un sourire au serveur.
- Une table pour deux ? Demanda-t-il poliment.
- Oui, répondit le vampire. Un peu isolé ce serait possible ?
Bella tourna la tête vers lui, sourcils froncés. Pourquoi il voulait s'isoler ? Le serveur les guida au fond de la pièce et Edward se mit dos aux autres clients.
- C'était quoi ça ? Demanda Bella quand l'homme partit pour leur ramener le menu.
- J'avais envie d'être au calme, répondit Edward.
Elle ne le crut même pas à moitié mais ne dit rien. Il y avait trop de monde. En voyant ça, Edward se dit qu'il avait bien fait de prendre sur lui pour l'emmener dehors. Ce serait plus facile de discuter comme ça.
- Bella, appela-t-il doucement.
Jusque-là occupée à détailler la décoration, elle posa le regard sur lui et attendit qu'il se décide à parler.
- Je voulais juste te dire que…
- Que quoi ?
- Ce n'est pas que je ne veuille pas qu'on ait des enfants. Simplement, faire celui-là serait beaucoup plus risqué que bénéfique.
- Tu ne sais pas de quoi tu parles, répondit-elle. Tu veux juste m'enfermer dans une jolie boîte.
Edward serra les dents. Il devait garder son calme. Il ne savait pas de quoi il parlait ? Vraiment ? C'était lui le vampire bon sang ! Pas elle ! Elle n'avait même aucune idée de ce que les Volturi allaient leur faire, à lui et sa famille, s'ils faisaient cet enfant.
- De toute façon, Harry refuse de laisser faire ça, lança Edward sans trop savoir pourquoi.
- Non mais de quoi il se mêle ? Il débarque de nulle part et pense avoir tous les droits pour dicter nos vies ? Je ne te reconnais pas Edward !
- Il a plus d'expérience que moi en la matière. Je lui fais pleinement confiance.
- J'y crois pas. Alors tu es prêt à contenter tout le monde, sauf moi ? C'est ça ?
Coupée par le serveur, Bella ne dit rien et attrapa la carte dans laquelle elle se plongea. Edward demanda à ce qu'on leur apporte une bouteille d'eau. L'homme fit une courbette et s'exécuta aussitôt. Attendant qu'elle choisisse, Edward joua avec le coin de la nappe. Pourquoi c'était toujours tellement compliqué de parler avec elle ? Et dans tout ce bazar, comment il était censé lui parler de son désir de redevenir humain ? Pour s'y voir, Edward ferma les yeux et se dessina la chose dans sa tête. La sensation du froid, du chaud. Se brûler la langue avec un café, rougir, avoir le souffle court. Tout ça le faisait rêver.
- À quoi tu penses ? Fit la voix de Bella, le coupant de son monde.
- Rien. J'attendais.
Quand le serveur revint pour prendre leurs commandes, et apporter la bouteille demandée, Edward s'apprêta à lui dire qu'il ne prenait rien mais fut devancé par Bella qui fit mine de choisir pour lui. Le vampire resta quelque peu perturbé. Depuis quand elle prenait deux plats ? Enfin bon, ce n'était pas comme s'il pouvait les lui refuser vu la tournure de la soirée.
Un silence de mort s'installa alors. Bella était visiblement très contrariée qu'il n'accepte toujours pas son désir d'enfant et lui ne savait pas comment aborder le reste. C'était tellement compliqué de se lancer ! Comment dire à sa petite-amie qu'on voulait redevenir humain quand celle-ci se voyait déjà immortelle ? Très curieux, Edward prit une décision qu'il n'aurait probablement pas prise dans d'autres circonstances. Il savait qu'il pouvait forcer les barrières mentales de n'importe qui, sauf Harry qui avait beaucoup plus d'expérience que lui. Alors, il voulut essayer sur Bella. Est-ce qu'il allait enfin réussir à lire dans ses pensées ?
Tout excité par cette perspective, Edward se réinstalla correctement dans sa chaise et attendit que Bella soit en train de manger pour se lancer. D'abord, il eut l'impression de se pendre un véritable mur en pleine figure, comme avec Harry. Mais celui d'Harry était beaucoup plus dur et plus épais. Celui de Bella ressemblait davantage à du caoutchouc. C'était mou et peu résistant. Se concentrant un peu plus, Edward essaya de forcer le passage. Il avait l'impression d'entendre des échos de pensées, ce qui ne l'encourageait que davantage à continuer. Il rouvrit cependant les yeux, n'ayant pas envie d'être dérangé dans son expérience par une intervention de Bella qui lui demanderait ce qu'il faisait.
Se remémorant les heures qu'il avait passées avec Harry, et ses propres découvertes lors des expérimentations sur sa famille, Edward concentra sa vision sur un point unique, aussi immobile que possible. Il choisit le tableau accroché au mur, juste à côté de la tête de Bella. Elle aurait l'impression qu'il la fixe, sans se rendre compte qu'il n'en était rien. Son esprit fut d'un coup plus ancré dans la tête de Bella, mais il n'arrivait toujours pas à passer ce fichu mur, et les échos qu'il entendait, il n'en comprenait pas un traître mot. Il eut alors une idée.
- J'ai une solution à notre problème, informa-t-il tandis que Bella entamait sa seconde assiette.
Elle s'arrêta, laissant sa fourchette en suspend et leva les yeux vers son fiancé. Voyant qu'il était sérieux, elle reposa l'objet contre son assiette, s'essuya la bouche et se redressa sur sa chaise pour lui faire correctement face.
- Pour que je change d'avis ? Demanda-t-elle, acerbe.
- Pour avoir cette enfant, corrigea Edward.
La surprise fit écarquiller les yeux de Bella. Elle ne s'était clairement pas attendue à cette réponse. Essayant de garder une partie de sa concentration sur l'esprit de Bella, il utilisa l'autre pour discuter avec elle. Il espérait que de cette façon, il verrait les changements sur sa barrière et pourrait la briser. Il ne lui fallait qu'une petite faille, alors si en plus, il pouvait tout lui révéler au passage, c'était d'une pierre deux coups.
- Explique-moi, quémanda Bella, bien plus douce.
- J'envisage de redevenir humain, déclara le vampire sans sourciller. Harry pense pouvoir inverser le procédé.
Sous le choc, l'adolescente ne dit rien pendant plusieurs secondes.
- Humain ?
- Oui. Comme toi. Si je ne suis plus un vampire, cette enfant ne serait plus hybride et nous n'enfreindrions aucune loi. On vivrait heureux jusqu'à notre mort.
Une vibration intangible lui parcourut le corps, faisant se dresser le duvet sur ses bras. Il la tenait, sa fissure. S'en servant comme point de départ, Edward l'étira pour forcer un passage dans l'esprit de Bella et s'y engouffra. Il fit son possible pour ne rien laisser paraître mais il y était enfin. Après tout ce temps, il allait enfin percer les secrets des pensées de sa fiancée.
Comme souvent, il y eut accès sous forme d'images, mouvantes ou non. Elles défilaient devant ses yeux. Un véritable film se projetait dans sa tête. Edward vit les désirs les plus secrets de Bella. Il la vit fantasmer sur sa vie d'immortelle. Elle se voyait bien plus belle qu'elle ne le serait. Edward continua d'observer, n'écoutant pas les mots qui sortaient de la bouche de sa fiancée. Dans sa tête, il n'y avait aucune trace d'enfants, ni même des Cullen. Edward comprit vite que Bella avait songé à sa future vie au point d'en faire un scénario parfait. Un tableau qui ne montrait qu'elle, dans la peau de la plus attirante des créatures.
- Edward je te parle ! S'écria Bella.
- Excuse-moi, tu disais ?
Il ignora son regard indigné et se détacha de son esprit.
- Pourquoi tu voudrais faire une chose pareille ? C'est stupide !
- En quoi est-ce stupide ? Nous pourrions vivre une vraie vie.
- Tu as une vie parfaite, pourquoi la gâcher ? Tu veux trouver des solutions à un problème qui n'existe pas !
Après un soupir de la part de l'adolescente, le vampire n'eut pas le temps de répliquer qu'elle le fit.
- J'en ai assez, ramène-moi chez moi.
Il ne trouva rien à y redire et s'exécuta. Aussitôt l'addition payée, ils montèrent en voiture. Il raccompagna Bella jusqu'à sa porte, salua son père et reparti.
Assis sur son siège, au milieu de la route quasi-déserte, Edward repensa à ce qu'il avait vu. Bella se fichait de lui, de sa famille, de l'enfant qu'Alice avait vu. Elle ne voulait que son immortalité et il avait bien compris qu'elle était prête à tout pour l'avoir. Ses doigts se resserrant autour du volant, Edward ne savait plus quoi penser. Pendant tout ce temps, c'était Rosalie qui avait eu raison. Edward voulait parler à Carlisle, il devait le faire. Mais pas ce soir. D'abord, il retournerait chez Harry et essayerait, dans sa compagnie, de penser à autre chose.
