Je suis vraiment, vraiment, vraiment, VRAIMENT DÉSOLÉE d'avoir laissé cette histoire de côté si longtemps ! J'ai été à court de chapitres et je n'avais pas suffisamment réfléchi à la suite pour l'écrire, ça m'a pris pas mal de temps pour remettre mes idées en place. J'espère que je ne vous aurait pas trop déçus et je ferais mon possible pour que ça n'arrive plus.

S'il y a de petites incohérences dans la suite, du coup, c'est normal mais n'hésitez pas à me le dire que je puisse corriger le moment venu !

On m'a posé cette question en review et j'ai pensé que plus d'une personne voudrait connaître la réponse !

Si Edward redevient humain, est-ce qu'il pourra continuer de donner son sang à Draco ?
Alors oui ! Étant donné qu'Edward était un sorcier à la base (ce qui lui permet actuellement de donner son sang à Draco), si jamais il redevient humain, il pourra toujours lui donner son sang.


Quand il passa le seuil de la porte, il s'attendit à percevoir les cauchemars d'Harry. Après tout, non seulement il était tard, mais le sorcier avait passé une journée éprouvante, et le mieux qu'ils avaient tous constatés chez lui était en train de disparaître. À croire que l'état d'Harry ne s'était amélioré que temporairement.

Se raclant légèrement la gorge et déglutissant dans la foulée, Edward entra et referma derrière lui. De la lumière était présente dans le salon. C'était faible, comme s'il n'était éclairé que par le feu de cheminée. Edward essaya de se donner un peu de courage, il ne savait pas trop à quoi s'attendre après ce qui s'était passé chez lui, et avança. Dans la pièce, Harry occupait l'un des volumineux fauteuils, une couverture sur ses jambes repliées contre lui.

- Salut, lança faiblement Harry, surprenant le vampire.

Il avait des yeux derrière la tête ou quoi ? À moins qu'il ne l'ait entendu entrer, ce qui était largement plus probable. Se sentant bête de s'être torturé l'esprit pour rien, Edward entra et s'installa sur l'accoudoir du fauteuil à côté de celui d'Harry.

- Bonsoir, répondit-il.

Harry avait un grimoire ouvert sur les genoux. Gros et poussiéreux, qu'il ne semblait lire qu'en apparence.

- J'ai posté la lettre, informa-t-il avant qu'Edward ait eu le temps d'ouvrir la bouche.

- C'est une bonne chose.

Est-ce qu'il avait décidé de faire comme s'il ne s'était rien passé ? C'est vrai que c'était ce que lui-même avait prévu, au départ, mais maintenant qu'il y était, cette solution ne lui plaisait pas tellement. Voire même pas du tout. Il s'était passé quelque chose, et même si c'était déplaisant (d'une certaine façon) ça c'était bel et bien produit et ils étaient tous deux assez grands pour assumer.

- Harry, je…

C'était plus facile de penser à assumer ses actes qu'à formuler tout ça avec des mots.

- On peut parler de ce qui s'est passé tout à l'heure ? Demanda finalement Edward.

- Si tu veux, répondit le sorcier, sans grande conviction.

- Je suis désolé pour ce que j'ai fait. J'ai bien vu que tu as trouvé ça déplaisant, et je comprends parfaitement.

Un bruit sourd se produisit lorsque qu'Harry referma son livre. L'ouvrage était bien trop volumineux et lourd pour être délicat. Sans oublier que la couverture rigide se rabattait presque toute seule. Il se pencha pour poser le livre sur la table basse et se tourna vers le vampire. C'était la première fois depuis le début de la soirée qu'il le regardait dans les yeux. Edward remarqua tout de suite son air un peu absent et la fatigue qui tirait son visage.

- Écoute, commença le sorcier, ce n'est pas une question d'être déplaisant ou pas. J'ai bien compris que tu avais agi sans réfléchir, j'étais juste… pas en état de recevoir ce genre de marque d'affection, encore moins venant d'un type qui est le sosie parfait de…

Harry se stoppa aussitôt lorsqu'il se rendit compte qu'il allait parler de Cedric. Sa gorge se noua et il se renfonça dans son fauteuil, le regard braqué sur les flammes de la cheminée.

- Oublie ça.

- Je suis désolé, pour toutes les personnes que tu as perdues.

- J'ai pas vraiment envie de parler de ça.

- Je comprends.

Edward se sentit bête. Pourquoi il avait abordé ce sujet ? Il savait pourtant parfaitement qu'Harry n'en parlait jamais. Il évitait même probablement d'y penser la plupart du temps. Il devrait peut-être profiter de cette atmosphère froide qu'il avait fait tomber entre eux pour lui parler de son dîner et de ce qu'il avait vu.

- Harry, j'ai quelque chose à te dire.

- Ça a encore un rapport avec…

- C'est à propos de Bella, le coupa Edward. Je suis allé la voir ce soir, comme je l'ai promis à Alice et j'ai dîné avec elle.

Harry tourna la tête vers lui, l'observa, et attendit qu'il reprenne.

- Je lui ai reparlé de cette histoire d'enfant, mais aussi de mon désir de redevenir humain.

- Et ? Demanda Harry, autant par politesse que par curiosité non-avouée.

- Elle n'est toujours pas prête à m'écouter, et encore moins à changer d'avis.

- Edward, viens-en au fait s'il te plait. Je vois bien qu'il y a un truc que tu veux me dire mais que tu retiens.

- J'ai lu dans ses pensées, balança-t-il aussi sec, comme pour s'en débarrasser.

D'un coup beaucoup plus intéressé, et plus du tout irrité pour l'évocation de ses amis perdus, Harry se redressa et fixa son regard sur le vampire.

- Tu as réussi ?

- J'ai eu du mal à y accéder, mais j'ai fini par créer une brèche comme tu me l'as appris et… Bon sang, souffla Edward en se prenant la tête entre les mains.

- Qu'est-ce que tu as vu ? Demanda Harry, d'une voix qu'il voulait douce.

Il voyait bien que quelque chose ne tournait pas rond. Bon, en même temps, s'ils parlaient de Bella, les choses étaient forcément désagréables, mais il avait la nette impression qu'Edward n'était pas sorti indemne de ce dîner.

- Ce que Rosalie affirme depuis le début. Harry, elle se fiche de nous, et même de moi. Tout ce qui l'intéresse, c'est notre immortalité ! Elle se fiche même bien de l'enfant, pour elle ce n'était qu'un moyen de s'assurer d'être transformée.

- Ça ne me fait pas plaisir de te dire ça, mais je t'avais prévenu, Edward. J'aurais aimé me tromper, parce que j'aurais sincèrement voulu que tu puisses être heureux et vivre la vie à laquelle tu aspires, mais elle n'est pas celle qui t'offrira cette vie.

- Je n'arrive pas à croire que j'ai été aussi aveugle et idiot pendant tout ce temps, s'énerva Edward, les dents serrées.

- Ça n'a rien à voir avec de l'idiotie. Tu étais seul, entouré par une famille qui n'était plus capable de comprendre ça. Tu voulais ce qu'eux avaient, et c'est normal. Tu as seulement fait confiance trop facilement. Tu t'es fié à des choses auxquelles toi seul accordais de l'importance.

- J'étais persuadé que le fait de ne pas pouvoir lire dans ses pensées était un signe.

- C'était peut-être plus reposant pour toi qu'un réel signe. Je veux dire, à ta place, j'aurais probablement aussi cru en cette histoire, tu n'as rien à te reprocher.

- Et qu'est-ce que je dois faire maintenant ? Je dois en parler à Carlisle, c'est sûr, mais ensuite ?

- Ensuite tu te concentreras sur toi, et ta retransformation.

Edward voulut répliquer. Lui demander s'il avait de nouvelles informations, si le livre qu'il lisait portait sur le sujet mais un étrange bruit l'en empêcha. C'était un peu comme celui qu'Harry avait fait la première fois qu'ils s'étaient réellement parlés, quand il avait disparu d'un coup. Comme il avait appelé ça déjà ? Transplaner ? Voyant Harry tourner vivement la tête en direction du bruit, il l'imita et tomba sur une étrange créature, pas plus haute qu'un enfant.

- Kreattur ? S'étonna Harry. Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Maître, roucoula la petite créature d'une voix caverneuse qui rendait assez désagréable cette démonstration d'affection.

Kreattur se tenait devant la cheminée, dans son habit crasseux, les mains serrées l'une contre l'autre, devant sa poitrine. Ses oreilles bougèrent à la façon de celle d'un chat, et il s'avança de quelques pas, fixant Harry d'une drôle de façon.

- Kreattur n'aurait pas dû venir et quitter la noble maison des Black, mais Kreattur s'inquiétait pour son maître.

- Tu t'inquiétais pour moi ? Répéta Harry.

Sur son accoudoir, Edward se tut et préféra écouter, tout en scrutant la créature, en essayant de déterminer ce que ça pouvait bien être.

- Oui, maître. Le maître était si mal en point quand il a quitté la maison, Kreattur a eu peur qu'il n'ait pas survécu.

L'elfe baissa la tête, comme si ce qu'il venait de dire était honteux. Un petit sourire passa sur le visage d'Harry.

- Je vais bien, Kreattur. Et je suis content de te revoir.

Relevant aussitôt ses yeux globuleux vers son maître, Kreattur n'osa pourtant pas lui sourire. Bien qu'il n'ait jamais éprouvé ce genre de choses pour ses précédents maîtres – et il n'était qu'une vermine pour cela – il était soulagé d'entendre qu'Harry Potter se portait bien. Il s'était réellement inquiété pour lui, au point d'en négliger ses tâches ménagères. Jamais il n'avait rencontré de sorciers comme lui, qui s'était autant préoccupé de la mort de créatures comme lui que de sorciers, lors de l'affreuse bataille qui lui avait retiré le goût de vivre.

- Edward, je te présente Kreattur, c'est un elfe de maison. Il est au service de la famille de mon parrain.

- Maître Harry Potter est le seul maître qu'il reste à Kreattur, répondit l'elfe avant de braquer ses yeux sur le vampire.

Tout son être perturbait grandement Edward. Il n'avait jamais voulu faire de discrimination mais il fallait bien avouer que cette chose était particulièrement moche et dérangeante à regarder.

- Est-ce un vampire ? Demanda Kreattur.

- Oui, il s'appelle Edward.

- Pardonnez Kreattur, maître, mais Kreattur a l'impression d'avoir déjà vu ce vampire.

- Je ne pense pas que ce soit lui que tu as vu, répondit Harry. Mais il a une étrange ressemblance avec Cedric Diggory.

- Diggory, répéta Kreattur. Kreattur a déjà entendu ce nom. C'est le garçon tué par le Seigneur des Ténèbres, lors de sa renaissance, se rappela-t-il alors.

- Oui, confirma Harry d'une petite voix.

Toujours fixé par la chose, Edward ne savait plus trop où se mettre. Il lui faisait vraiment un drôle d'effet. Il en aurait presque peur de fermer l'œil pour la nuit.

- Kreattur, veux-tu rester ici ?

L'elfe tourna alors la tête et dirigea son regard vers son maître.

- Kreattur ne veut pas s'imposer, maître.

- Reste au moins quelques jours. Ça m'arrangerait, avoua-t-il finalement avec un goût amer dans la bouche.

- Si Kreattur peut être utile à son maître, alors Kreattur restera aussi longtemps que le maître le voudra.

- Arrête de m'appeler maître, je te l'ai déjà dit.

- Kreattur s'excuse. Kreattur ne voulait pas offenser Monsieur Harry Potter.

Harry se passa une main sur le front et le massa. Il n'aurait pas cru revoir Kreattur si vite, ni même le revoir tout court. Il n'avait pas encore vraiment décidé si sa présence compliquait ou simplifiait les choses. Il verrait bien le moment venu. Jetant un rapide coup d'œil à Edward, il vit son incompréhension. Le pauvre, il devait être totalement perdu dès qu'il ne s'agissait pas de congénères ou de loups-garous. Il avait encore bien des choses à apprendre sur son propre monde.

- Je t'expliquerais, souffla Harry avant de se lever.

Il était épuisé et ne rêvait plus que d'aller se coucher. Il n'osait pas prétendre vouloir une bonne nuit de sommeil, il savait qu'elle ne le serait pas.

- Kreattur, installe-toi sur le canapé, lui dit Harry. Nous verrons tes tâches demain.

- Oui, Monsieur Harry Potter.

- Edward, tu peux aller te coucher, il ne te fera rien.

Sur ces mots, il quitta le salon et s'enfonça dans le sombre couloir. Bien qu'Harry lui ait affirmé le contraire, Edward ne s'était pas senti une seule seconde à l'aise avec l'elfe au bout du couloir. Il l'avait entendu marmonner toute la nuit sur lui et sa condition de vampire. Que c'était une honte que, s'il avait bien retenu, « un buveur de sang ose séjourner dans la maison, oh si sa maîtresse apprenait ça, elle serait furieuse ». Edward n'avait pas tout compris, mais il n'avait pas eu non plus envie de comprendre. Kreattur le mettait terriblement mal à l'aise et il avait presque l'impression qu'il finirait par le tuer pendant la nuit.

Au petit matin, Edward quitta sa chambre pour la cuisine. Il y trouva l'elfe, occupé à la préparation du petit-déjeuner. Quand il se rendit compte de sa présence, Kreattur s'arrêta et lui jeta un regard noir.

- Fichu vampire, bredouilla-t-il en retournant à sa tâche.

Bizarrement, Edward avait presque envie d'apprendre à connaître l'elfe. En haut, Harry se leva et descendit sans prendre la peine de s'habiller. Il n'en n'avait pas la force de toute façon.

- Bonjour, dit-il en arrivant.

- Salut, répondit Edward qui n'avait pas bougé de l'entrée.

Harry eut beau trouver son comportement étrange, il n'avait pas l'énergie pour poser la moindre question. Il dépassa donc le vampire et s'installa à table.

- Tu n'avais pas à faire ça, dit-il à Kreattur quand celui-ci déposa une assiette devant lui.

- C'est le travail de Kreattur. Si Kreattur ne s'occupe pas de ses maîtres, Kreattur n'est qu'un elfe inutile.

Harry soupira. Ces elfes étaient de vraies têtes de mules.

- Apporte-moi un thé, s'il te plait, demanda-t-il, abandonnant totalement ce petit jeu.

Légèrement rassuré par la présence d'Harry, Edward se glissa sur la chaise face à lui. La créature lui décocha un nouveau regard mauvais.

- Tu vas voir ton père aujourd'hui ? Questionna Harry en se massant le front, espérant se réveiller un peu plus vite grâce à ça.

- Je ne sais pas… Ça me paraît un peu trop tôt.

- Et si tu attends, tu comptes attendre combien de temps ? Edward, tu fais ce que tu veux, mais plus vite tu lui auras parlé, mieux ça sera.

Il avait peut-être raison sur ce point. Mais il avait encore la tête en vrac et les pensées en pagaille. Jetant un coup d'œil au sorcier qui portait sa tasse fumante à ses lèvres, il se résigna. Il irait parler à son père dans la journée. Peut-être que, comme ça, il pourrait rentrer chez lui sans avoir à se coltiner les interminables supplications d'Alice et il laisserait enfin Harry en paix. Pour l'instant, il se contenta de regarder Harry manger comme un oiseau.

Quelques heures s'étaient écoulées quand Edward franchit l'entrée de l'hôpital. C'était là qu'il trouvait Carlisle, la plupart du temps. Et il espérait l'y trouver aujourd'hui encore, parce qu'il ne souhaitait pas particulièrement avoir cette discussion au milieu des oreilles involontairement indiscrètes des autres membres de sa famille. Il le trouva assis en face d'un enfant, qui n'avait probablement pas plus de cinq ans, désinfectant et posant un pansement sur son genou éraflé. Edward se râcla la gorge pour signaler sa présence.

- Laisse-moi terminer ça, et j'arrive, annonça Carlisle.

Il offrit un bonbon à l'enfant et demanda à un infirmier qui passait par là de l'emmener voir sa mère avant de se lever.

- Tu veux quelque chose ? Demanda-t-il en s'approchant.

- On peut discuter ?

Pour s'assurer de la réponse, Carlisle se tourna et estima que sa présence n'était plus nécessaire. Il y avait assez de médecins maintenant.

- Allons-y, accepta-t-il.

Ils privilégièrent un couloir peu fréquenté, un café à la main pour donner l'illusion.

- Qu'est-ce qui t'amène ? Demanda Carlisle.

- Je… Ce n'est pas évident pour moi, de parler de tout ça, mais il faut que tu sois au courant.

Sa curiosité piquée au vif, Carlisle plissa les yeux et attendit.

- Que se passe-t-il ?

- J'ai de bonnes raisons de croire que Bella cherche à profiter de nous et de l'affection que nous avons tous développée pour elle.

- Qu'est-ce qui te fais penser ça ?

- J'ai dîné avec elle, hier soir, et j'ai réussi à accéder à ses pensées.

- Donc c'est ce que tu as vu, supposa Carlisle.

- Et je n'arrive toujours pas à y croire. Je pensais sincèrement que toute notre histoire était vraie mais il faut que je me rende à l'évidence, Rosalie a raison, elle ne s'intéresse qu'à notre immortalité et j'avoue que je ne comprends même pas comment ça peut être si attirant pour qui que ce soit, c'est une vraie malédiction.

Ne sachant pas trop quoi dire, Carlisle commença par poser sa main sur l'épaule d'Edward et la serrer.

- La seule chose dont je sois sûr, c'est que les humains n'ont pas notre expérience sur ce sujet. Ils idolâtrent souvent bien trop notre condition.

- Peu importe, répondit Edward. Je ne sais même plus quoi penser de Bella, avec tout ce que j'ai entendu, on dirait une personne totalement différente.

- Tu devrais simplement écouter ce que te dicte ton cœur, Edward. Et s'il te dit que Bella n'est pas la personne qu'il te faut, peu importe ce que nous en pensons ou les souvenirs que tu as, personne ne sait mieux que lui ce qui est bon pour toi.

Comme toujours, Carlisle se montrait plus philosophe que conseiller, mais Edward avait saisi l'essentiel. Il n'avait pas le cran de le dire, mais sa décision était déjà prise, en quelque sorte. Il savait, au plus profond de lui-même, que cette histoire ne le mènerait plus nulle part, et que pour protéger sa famille et ceux à qui il tenait, il fallait mettre un terme à cette relation. Bella avait, certes, été une petite-amie dont il avait longtemps rêvé, mais il n'en voyait plus que les traits égoïstes et manipulateurs. Poussant un soupir, Edward braqua son regard sur la fenêtre juste avant que Carlisle n'aborde un autre sujet, au moins tout aussi délicat.

Écartant rapidement l'appareil de son oreille, Alice n'atténua que peu le cri que poussa Bella. Son ouïe sensible était une véritable torture, ces derniers jours. Sa meilleure amie s'emportait bien trop souvent à son goût et elle ne se rendait probablement pas compte à quel point ça pouvait mettre à mal les oreilles du vampire.

- Je ne sais vraiment pas ce qu'il lui prend ! Répéta l'adolescente pour la énième fois. Il n'a jamais été aussi… aussi…

Puis la jeune fille éclata en sanglots, encore. Depuis une demi-heure qu'elles étaient au téléphone, Bella n'avait fait que pleurer et radoter, inlassablement, comme si faire tourner le même disque à n'en plus finir changerait la donne.

- Je suis sur le point de le faire changer d'avis, Bella, promit Alice. J'en suis sûre.

- Comment tu peux en être sûre ? Tu ne l'as pas vu hier soir, il était catégorique et c'était tellement… humiliant !

- Edward a juste peur, il ne veut pas prendre de risque mais je sais que je peux le rassurer. Il t'aime et c'est la personne la plus romantique et vieux-jeu que je connaisse, et vu notre famille, c'est plutôt parlant.

- Ça ne l'empêche pas de refuser ce bébé. Pourtant, on arrête pas de lui dire que tout se passera bien… Je ne sais plus quoi faire. Et maintenant, il veut même redevenir humain ! C'est terriblement égoïste, il ne pense qu'à lui !

Alice se pinça les lèvres, elle préférait éviter ce sujet.

- Écoute, je suis presque à l'hôpital, je vais aller voir Carlisle et lui parler. Si je n'arrive pas à raisonner Edward, lui le fera c'est sûr. Il n'a pas le droit de gâcher votre avenir pour des prétextes égoïstes.

- J'espère que tu as raison, soupira Bella. Tu me tiens au courant ?

- Mais oui ! Ne t'inquiète pas, tout ira bien.

La rassurant une dernière fois, Alice mit un terme à l'appel et accéléra le pas. Elle avait à peine fait une centaine de mètres quand la voix de son père lui parvint. Mais, visiblement, il n'était pas tout seul, Edward était là, lui aussi. Zut, elle aurait préféré pouvoir parler à Carlisle seul à seul, c'était bien pour ça qu'elle avait fait tout ce déplacement. Tendant l'oreille, elle essaya de deviner si Edward allait bientôt s'en aller.

- Alors Harry t'en a parlé ? Fit Edward, surpris.

- Oui, quand nous sommes allés discuter dans mon bureau. J'avoue ne pas avoir tout compris, mais je n'ai pas posé de questions non plus.

- Je sais que ça semble étrange et bien plus que ça, mais je t'assure que Draco ne représente pas le danger que représenterait l'enfant de Bella et moi.

- J'ai encore du mal à croire qu'Harry puisse… fabriqué, un enfant, au fond de son jardin. Ça me rend un peu méfiant, mais aussi étrangement curieux.

- Je pense qu'il n'aura aucune objection à répondre à toutes tes questions, s'amusa Edward.

- Peut-être bien. Mais, dis-moi, puisque tu l'aides, qu'est-ce qu'Harry et toi êtes pour ce bébé ? Demanda Carlisle.

- Ses parents, je suppose.

Faisant demi-tour aussi vite qu'elle pu en présence d'humains, Alice était sous le choc. Est-ce qu'elle avait bien entendu ? Et surtout bien interprété ce qu'elle avait entendu ? Edward refusait obstinément de faire un enfant avec la femme de sa vie mais il en fabriquait un avec Harry ? Ce sorcier, bien qu'elle avait appris à l'apprécier avec le temps, était en train de mettre une sacrée pagaille dans leurs vies et ça commençait à devenir n'importe quoi ! Et puis, fabriquer un enfant ! C'était probablement la pire chose qu'elle aurait pu entendre. C'était si… Il n'y avait même pas de mots, ça enfreignait toutes les règles morales.

Furieuse contre son frère, et scandalisée, Alice tira son téléphone de sa poche et composa le numéro de sa meilleure amie. Bella décrocha immédiatement, certainement surprise qu'elle la rappelle si vite, ça ne faisait même pas vingt minutes qu'elles s'étaient quittées après tout.

- Tu lui as parlé ? Demanda aussitôt Bella.

- Non, il est avec Edward mais tu ne croiras jamais ce que j'ai entendu ! Je suis tellement…

Alice lâcha un grognement. C'était le mieux qu'elle pouvait faire, là tout de suite. Elle était vraiment hors d'elle.

- Quoi ? Pressa Bella, inquiète.

- Je n'arrive pas à y croire ! Il ne veut pas accomplir son destin, parce que ce serait soi-disant trop dangereux, mais visiblement sa morale ne l'empêche pas de faire un enfant avec Harry !

- Quoi ?! Fit Bella plus fort, choquée.

- Tu as bien entendu ! Je les ai entendu en parler avec Carlisle. Harry fabriquerait un enfant dans son jardin. Je ne comprends même pas comment il peut faire ça et je ne veux pas comprendre ! Je suis juste furieuse qu'Edward place ses priorités avec lui plutôt que toi ! Bon sang mais c'est avec toi qu'il va se marier, pas avec Harry !

- Tu… Tu as dû te tromper, balbutia Bella. Tu as forcément mal compris.

Elle ne voulait pas croire ça. Croire que son fiancé pouvait lui faire ça, et croire que ça puisse être possible.

- Non, Bella, souffla Alice d'une petite voix. Je n'ai pas envie d'y croire non plus mais c'est bien ce que j'ai entendu. Mais crois-moi, je ne vais pas en rester là ! Harry est chez nous, il parle avec Rosalie et Emmett. Je ne vais pas me priver de montrer son vrai visage à tout le monde ! Lui qui nous a fait la morale pour Renesmée, il ose faire ce qui lui chante sans rendre de compte à personne.

À l'autre bout du fil, Bella était devenue silencieuse pour la première fois depuis la veille au soir.

- Ça ne va pas se passer comme ça, assura Alice.

- Hm…

Sachant qu'elle n'obtiendrait plus rien, Alice la salua et rentra rapidement chez elle. Elle allait faire ce que n'importe quelle amie ferait : la soutenir corps et âme. Jusqu'à en venir aux mains s'il le fallait. Harry n'allait pas gâcher la vie de sa meilleure amie !