Je viens de me prendre une claque (au sens figuré) qui m'énerve profondément, alors pour votre plaisir, je me suis calmée en rédigeant le chapitre 23.
Remerciez la personne qui, en se pensant bienveillante, vient de démolir cinq ans de travail.
Désolée, je m'emporte, j'espère que vous apprécierez ce chapitre, et j'espère qu'il ne se démarquera pas trop des autres à cause de mon agacement.
Le chapitre contient probablement encore des fautes, je viens de le terminer, désolée pour ça. Il ne s'y passe pas grand-chose, contrairement au chapitre précédent, je vous l'accorde, mais l'air de rien, il est très important pour la suite de l'histoire.
Bonne lecture et je vous retrouve en review !
Carlisle dévisagea longuement Jacob avant de se décider. Le métamorphe n'avait pas tort, d'une certaine façon, ils étaient responsables de ce qui venait d'arriver, et le fait qu'ils aient empêché Harry de laisser libre cours à sa colère n'atténuait rien. Pourtant, il était trop mentalement épuisé, et sa famille aussi, pour que quoi que ce soit de bon ne sorte d'une nouvelle discussion.
- Nous allons réfléchir à tout ça et trouver une solution, je t'en donne ma parole, mais accepterais-tu de nous laisser un délai ? Il me semble qu'un peu de calme nous ferait tous du bien. Et une nuit de sommeil pour toi et Leah.
N'appréciant pas trop d'être citée, Leah poussa une sorte de soupir, s'apparentant étrangement à un grognement. Serrant les dents quelques secondes, Jacob dut se résoudre à s'écouter.
- J'accepte, mais seulement parce que c'est vous.
- Je t'en remercie, répondit Carlisle avec un léger sourire.
Sans la moindre parole, il demanda à Edward de les raccompagner jusqu'à la porte, après avoir salué les deux métamorphes. Quand tous les vampires eurent quitté le salon, Leah se remit sur ses pattes et Jacob se tourna vers la porte. Il trouva Edward posté devant lui, mais contrairement à ce dont il avait l'habitude, il semblait vouloir lui dire quelque chose. Ou c'était peut-être une question qu'il retenait.
- Quoi ? S'agaça Jacob, désireux de rentrer chez lui.
Il devait bien l'admettre, Carlisle avait eu raison, le soleil s'était déjà couché et il ne rêvait plus que de son lit.
- Tu n'as rien dit, ni rien demandé, à propos de Draco. Pourquoi ? Je pensais que tu voudrais d'abord avoir des explications.
- Parce que ça ne m'intéresse pas, soupira Jacob. Harry ne m'en a pas parlé et c'est son choix. Je lui fais suffisamment confiance pour que rien de mauvais n'arrive par sa faute. Je peux rentrer chez moi maintenant ?
Lançant un regard las à Edward, le vampire consenti à s'écarter de la porte et à les escorter jusqu'à l'entrée. Une fois sur l'herbe, devant la maison, Leah attira l'attention de Jacob avant de s'abaisser. Comprenant le message, il grimpa sur son dos d'un mouvement souple, et Edward les vit disparaître en un rien de temps. Une brise faisait voleter les vêtements d'Edward et il se plut à observer le ciel obscur. Les choses venaient de prendre une tournure qui ne risquait pas d'arranger leurs relations.
En haut, Alice referma sa porte et partie s'asseoir sur une méridienne. Jasper était avec elle et ça tombait bien.
- Pourquoi ne m'as-tu pas soutenu ? Demanda-t-elle de but en blanc.
- Pourquoi l'aurais-je fait ? Répondit Jasper.
- Parce que c'était ce qu'il fallait faire, c'est évident. Bella ne mérite pas un tel traitement, et tu sais très bien que ses arguments étaient justes. Si elle est bien un bouclier, nous serions à l'abri des Volturi.
Se massant légèrement le front, Jasper n'enchaîna pas tout de suite.
- Je suis navré Alice, vraiment, mais je ne peux être de ton côté.
Devant la mine de sa compagne, et sachant ce qu'elle allait dire, il s'expliqua.
- Nous ne sommes même pas sûrs que Bella soit réellement un bouclier. Oui, ça pourrait parfaitement expliquer pourquoi la plupart de nos pouvoirs ne fonctionnent pas sur elle, mais ça ne reste qu'une hypothèse. Et, sincèrement, comment veux-tu que je ferme les yeux sur tout ce que j'ai vu et entendu aujourd'hui ?
- Mais…
- Alice, arrête, s'agaça Jasper, pour la première fois depuis leur rencontre. J'aimerais que tu ouvres les yeux une bonne fois pour toutes et que tu vois à quel point elle est mauvaise avant qu'elle ne t'entraîne avec elle et que tu sois irrécupérable. J'en ai assez de te voir sans arrêt te mettre toute notre famille à dos pour une fille que tu connais depuis deux ans. Ne sommes-nous pas plus importants ? Ne le suis-je pas, moi ?
En voyant l'expression du visage de Jasper, Alice en eut mal au cœur. Son avis concernant Bella et toutes ces histoires n'avait pas changé, mais elle ne s'était pas rendue compte à quel point cela affectait la personne qu'elle aimait plus que tout. Avant même qu'elle ne puisse démentir quoi que ce soit, Jasper quitta sa chambre, lui soufflant qu'il était fatigué. Il faisait sûrement référence aux événements qui lui minaient le moral, mais peu importait, au final, Alice comprit bien qu'il ne valait mieux pas qu'elle le suive et cela lui fit plus mal encore.
Un peu plus loin, une autre discussion importante se tenait.
- Que comptes-tu faire ? Demanda doucement Esmée.
- Je n'en ai pas la moindre idée, se lamenta Carlisle.
- Je suis sûre que ce n'est pas vrai.
- Peut-être bien que je n'arrive simplement pas à prendre de décision, accorda-t-il. Bella n'est qu'une adolescente perdue mais Harry ne mérite pas ce qui lui arrive.
S'approchant de son mari, jusqu'à pouvoir s'installer sur le fauteuil à côté du sien, elle ramena ses jambes sous elle et lui fit un léger sourire.
- Parfois, j'ai du mal à me dire qu'ils ont le même âge, ils sont si différents.
Ouvrant grands les yeux, Carlisle les posa sur sa femme et il fut frappé par cette évidence dont il avait conscience depuis longtemps mais que, lui aussi, oubliait bien trop souvent.
- Crois-tu qu'Harry fasse plus adulte à cause de ce qui lui est arrivé ? Demanda Esmée.
- Ce qui est sûr, c'est que Bella ne peut pas en dire autant. Elle n'aura vécu aucune guerre, aucune perte si douloureuse.
- Nous partageons ces sentiments avec Harry. Peut-être que c'est la raison pour laquelle nous nous sentons plus proches de lui que d'elle. Nous pouvons le comprendre et il le peut aussi.
- J'éprouve de la peine pour lui, avoua Carlisle. Je ne cesse d'imaginer dans quel état il serait si Bella était arrivée à ses fins.
- Cet enfant est donc si important pour lui ?
- Harry et Edward m'en ont tous les deux parlé, chacun leur tour. Je crois qu'Harry n'essaie pas simplement de donner une seconde chance à son ami comme il l'a prétendu.
- Il se sent coupable, intervint une voix.
Les deux vampires relevèrent le nez et aperçurent Jasper à leur porte. D'un geste de la main, Carlisle l'invita à entrer, ce qu'il fit. Il referma la porte derrière lui et s'avança dans la pièce pour leur faire face.
- Je ne sais pas de quoi, reprit-il, mais Harry ressent une immense culpabilité vis-à-vis de Draco. Je pense qu'il s'est passé quelque chose entre eux que nous ignorons, et je pense que c'est à cause de ça que sa colère envers Bella était si grande.
- Si nous lui posons la question, nous nous montrerions sans doute très impolis, fit Esmée. Des brides que nous connaissons, il ne vaut mieux pas remuer le passé de ce pauvre garçon.
- Tu as raison, accorda Carlisle. Et Jacob aussi, nous avons notre part de responsabilité dans ce qui s'est passé, il est donc de notre devoir de faire quelque chose.
- Quoi ? Demanda Jasper. Nos actions sont limitées.
- Le mieux serait sans doute de commencer par aller voir Harry demain. Espérons seulement qu'il ira mieux et que nous pourrons avoir une conversation avec lui. Selon ce qui se dira, nous pourrons trouver une solution.
Jasper se rangea du côté de son père, ne trouvant mieux, et les laissa seuls. Il ne savait pas encore très bien ce qu'il allait faire de sa nuit, mais pour l'instant, il voulait seulement se tenir loin d'Alice et d'une éventuelle dispute. Il n'avait pas le courage d'en avoir une maintenant, ni d'en avoir une tout court.
Le lendemain, tôt dans la matinée, la famille se retrouva dans l'une des pièces du rez-de-chaussée avant de se diriger d'un même pas vers la maison d'Harry. Lorsqu'ils arrivèrent, Emmett les attendait à la sortie du bois, bras croisés sur sa poitrine. Carlisle s'approcha le premier et posa une main sur son épaule.
- Tout s'est bien passé ?
- Si on veut, déclara Emmett. Il n'a pas décollé du jardin.
En voyant leurs airs confus, Emmett pointa l'arrière de la maison, et les regarda.
- Il dort, Seth lui sert d'oreiller.
- Qu'est-ce tu veux dire ? Demanda Edward.
- Hier soir, il a fini par s'endormir, mais on n'a pas réussi à le déloger pour autant. Alors Seth s'est transformé et Harry dort contre lui. Le petit voulait pas qu'il attrape froid.
Tournant tous la tête, ils virent Jacob et Leah arriver à leur tour. Ils avaient eu la même idée qu'eux, et voir les Cullen de si bon matin agaça déjà Jacob. Le jeune homme s'avança pourtant vers eux et les salua.
- Vous avez pris une décision ? Fit-il de but en blanc.
- Eh bien, commença Carlisle. Nous espérions d'abord parler avec Harry, mais il semblerait que ce soit impossible pour le moment.
- Je prends le relai, annonça Edward en dépassant son frère et en dirigeant vers l'endroit où se trouvait Harry.
- J'y vais aussi, glissa Leah à l'oreille de Jacob.
Elle était venue pour Seth, avant tout le reste et puisqu'il n'était pas rentré de la nuit, elle voulait s'assurer qu'il était toujours en un seul morceau et bien vivant. Regardant Leah partir par-dessus son épaule, Jacob reporta bien vite son attention sur les Cullen.
- Pourquoi vouloir discuter avec Harry ?
- Parce que nous voulons savoir ce que lui veux, déclara Carlisle. Nous ne souhaitons pas aller contre sa volonté. C'est ce qui m'a semblé le plus adapté, vu le brouillard dans lequel nous avançons.
Jacob devait bien accorder au docteur qu'il marquait un point. Même lui ne savait pas tout. Jacob était même persuadé qu'Harry avait gardé des choses pour lui, ne dévoilant à personne. Tant qu'ils ne savaient pas où ils mettaient les pieds, il était plus prudent de lui demander son avis.
Arrivant près d'Harry, Edward le trouva lové contre Seth, qui ronflait, comme Emmett l'avait dit. Pourtant, un détail frappa Edward : il ne percevait pas les rêves d'Harry. Soit il n'en faisait pas, ce qui était plutôt improbable, soit il était suffisamment conscient pour bloquer son esprit. Le dépassant en le bousculant légèrement, Leah se transforma et rejoignit son frère. Dès qu'elle fut assez près, elle poussa sa tête de la sienne et força Seth à s'éveiller. Le loup se plaignit à sa façon et Edward les entendit communiquer. Les pensées de Seth lui firent de la peine. Il s'inquiétait réellement pour Harry et ne supportait pas de le voir dans cet état.
- Tu es réveillé, n'est-ce pas ? Fit doucement Edward.
- Je ne préférerais pas, répondit Harry d'une voix ensommeillée et rocailleuse, mais je n'arrive pas à rester endormi.
S'approchant de lui, il le soutint suffisamment pour permettre à Seth de se relever. Quand il fut sur ses pattes, Edward glissa le bras d'Harry autour de ses épaules et l'aida à se mettre debout, lui aussi. La tâche était difficile pour le sorcier, il se sentait vidé de toute son énergie et avait envie de dormir pendant plusieurs jours, ou même plusieurs mois, mais son inquiétude pour Draco l'en empêchait. Il ne pouvait pas le perdre. Pas maintenant. Pas encore.
- Ne pense pas à ça, lui souffla Edward, déchiffrant l'expression de son visage.
Harry serra les dents. Quand il sentit quelqu'un d'autre l'agripper, il coula un regard vers Leah, qui le soutenait de la même façon qu'Edward, plus pour une question d'équilibre qu'autre chose.
- Merci, murmura le sorcier.
- Je n'ai pas besoin de tes remerciements, cesse seulement d'être pénible et laisse-toi faire.
Avec l'aide de Seth, qui leur ouvrait la voie, Leah et Edward amenèrent Harry jusque dans sa chambre où ils l'allongèrent sur son lit. C'était la première fois quelqu'un montait, et l'état de sa chambre était un reflet flagrant de son état d'esprit. Si le reste de sa maison et son extérieur semblaient bien entretenu et en ordre, ici, les choses étaient toutes autres. Ils avaient tous déjà entendu des histoires concernant les personnes dont l'état mental était si dégradé que plus rien n'avait la moindre importance.
Congédiant Leah et Seth, Edward se fit une place sur le lit, retirant des vêtements qui retrouvèrent leurs semblables sur le sol, et observa Harry.
- J'aurais préféré qu'aucun de vous ne voit ça, dit-il, yeux clos et mains sur le ventre.
- Tu caches bien ton jeu, répondit Edward.
- Kreattur a commencé à tout remettre en ordre, mais il faut croire que ça représente plus de travail qu'il ne peut en accomplir en une seule fois.
Jetant un œil à la pièce, Edward eut du mal à se dire que quelqu'un avait commencé à ranger et nettoyer. Ça semblait tellement… Éloignant cette pensée, il reporta son attention sur Harry.
- Repose-toi, tu en as besoin. Je veillerais sur Draco.
Un soupir moqueur échappa à Harry mais il ne dit rien.
- Je ne suis peut-être pas attaché à lui comme tu l'es, mais je suis attaché à toi et je ne laisserais rien lui arriver.
- Pour qu'il ne m'arrive rien à moi, c'est ça ?
- Oui. Mais aussi parce qu'il ne mérite pas que quoi que ce soit lui arrive. Il n'a même pas encore conscience de lui-même.
- Draco a le droit de vivre, souffla Harry d'une voix tremblante. Plus que n'importe qui. Plus que moi.
Edward vit une larme quitter le coin de son œil pour aller s'échouer sur l'oreiller, mais il s'empêcha de l'essuyer. La voix d'Harry était devenue à peine audible à la fin de sa phrase et il s'était endormi dans la foulée. Edward resta assis là encore quelques minutes avant de se lever. Il jeta maladroitement une couverture sur Harry et descendit. Seth et Leah l'attendaient dans le couloir.
- Vous auriez pu rentrer chez vous, leur dit-il.
- Seth refuse de s'en aller.
- Je ne veux pas le laisser seul ! S'exclama-t-il en se tournant vers sa sœur, sourcils froncés. C'est si dur à comprendre ?
Ne souhaitant pas particulièrement les voir se disputer, Edward posa une main sur l'épaule de Seth et pointa la cuisine du menton.
- Allons d'abord manger quelque chose. Je suis sûr que ça ne dérangerait pas Harry si tu dormais dans la chambre d'ami, ta nuit n'a pas dû être reposante.
Seth hocha simplement la tête avant de regarder ses pieds. Il s'était fait trop de soucis. Ignorant les rêves d'Harry qui commençaient à se montrer, Edward se dirigea vers la cuisine, accompagné de Leah et Seth. Il fit comme chez lui, surtout parce qu'il en avait pris l'habitude, et commença par mettre de l'eau à chauffer. Pas vraiment doué pour la cuisine, il laissa Seth se préparer un petit-déjeuner capable de combler son appétit. Attablés, Edward jeta un regard à Leah, sa tasse de thé en suspens.
- Pourquoi restes-tu ? Voulu-t-il savoir. Visiblement, tu ne portes pas vraiment Harry dans ton cœur.
Seth cessa momentanément de manger et observa lui aussi sa sœur, adossée à la chaise, bras croisés et yeux clos. Il n'avait jamais eu le courage nécessaire pour lui poser la question, mais il avait toujours voulu en connaître la réponse.
- Il m'indiffère, répondit Leah. Ce n'est pas la même chose.
- Pourtant, tu le défends.
- Contre ton insupportable pot de colle ? Oui. Je défendrais n'importe qui contre elle.
- Alors, c'est Bella que tu détestes.
- Je ne l'ai jamais aimé, déclara Leah sans sourciller. Elle n'apporte que des ennuis partout où elle va, et sa façon de jouer l'innocente et la pauvre petite chose fragile m'horripile. J'aurais aimé qu'elle devienne l'une des vôtres pour pouvoir lui arracher la tête en toute légitimité.
- Leah ! S'écria Seth, un frisson lui parcourant les veines.
Sa sœur haussa à peine les sourcils, pour montrer qu'elle se moquait bien de l'avis de son frère. Et de celui du vampire, d'ailleurs. Même si elle détestait moins les Cullen que le reste de leur espèce. Eux avaient un certain sens de la morale. Edward détourna le regard vers Seth et lui fit signe d'ignorer sa sœur. Le jeune garçon continua donc de manger et, dès qu'il fut suffisamment rassasié, alla se coucher dans la chambre d'ami pour profiter d'un vrai sommeil.
À l'extérieur, les choses n'avaient pas traîné non plus. Dès que Leah et Edward s'étaient éloignés, Carlisle avait braqué son regard le plus sérieux sur Jacob.
- Je suis bien décidé à prendre les choses en main, Jacob, lui dit-il. Seulement, j'aurais besoin de ton aide pour quelque chose.
Fronçant les sourcils, Jacob ne comprit pas bien, et il n'était pas vraiment sûr de vouloir savoir.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Parler.
- Alors faites-le.
- Pas avec toi. Et je ne souhaite pas que tu joues les messagers non plus. Il est de mon devoir d'avoir cette conversation en personne.
De plus en plus intrigué, et perdu, Jacob décroisa les bras pour poser les mains sur ses hanches.
- Et à qui voulez-vous parler dans ce cas ?
- Ton père, déclara Carlisle sans sourciller.
- Vous voulez que j'amène mon père ici ? Répéta Jacob.
- Non. Je voudrais que tu me conduises à ton père.
Choquée, Esmée fit un pas vers son mari et attrapa son bras.
- Tu ne songes pas à te rendre là-bas !
- Il le faut. Tout ira bien, la rassura-t-il avec un sourire, posant sa main sur la sienne. Je crois que nous allons devoir nous allier pour faire face à ce qu'il se prépare. J'ai un mauvais pressentiment et je veux simplement prendre les devants.
- Nous allier avec eux ? Fit Rosalie, presque horrifiée. C'est une plaisanterie !
- Les Quileutes ne sont pas nos ennemis, rappela Carlisle.
Se gardant bien de dire ce qu'il pensait, Jacob les regarda avoir ce petit conseil de famille improvisé.
- D'un autre côté, commença Emmett, peu sûr de lui, si on fait vraiment un pas vers eux, ça pourrait nous faciliter la vie, plus tard.
- Même si ça ne m'enchante pas, Emmett a raison, déclara Esmée. Je t'accompagne, ajouta-t-elle, plantant son regard dans celui de son mari.
- Non, répondit Carlisle avec un sourire. Aucun de vous ne m'accompagnera, que l'un de nous aille en territoire Quileute est déjà bien assez compliqué comme ça. Ils pourraient prendre ça comme une déclaration de guerre et nous n'avons vraiment pas besoin de ça en plus de tout le reste.
Personne n'était d'accord avec ça, même s'ils avaient tous conscience de la véracité des propos de Carlisle. Alors ils se contentèrent de le regarder partir avec Jacob, restant aussi près de la frontière qu'ils le pouvaient.
- Vous êtes suicidaire, glissa Jacob pendant le trajet.
- Peut-être, s'amusa Carlisle. J'essaie simplement de faire ce qui est le mieux pour protéger les miens, et les tiens. Même si je n'en ai pas l'air.
Ils n'avaient pas franchi le quart du chemin que Sam et d'autres loups leur tombèrent dessus. De si bon matin, il y avait de quoi agacer Jacob. Sa journée démarrait vraiment mal et il avait le sentiment que ça ne risquait pas de s'arranger.
- Il n'a rien à faire là ! S'emporta Sam en reprenant forme humaine.
Se mettant entre lui et le vampire, Jacob le fixa durement.
- Il vient pour mon père, dit-il.
- Parce que tu crois que ça change quelque chose ? Cracha Sam.
- Stop, ordonna Carlisle.
Il fixa les deux garçons de son air de père avant de plonger son regard dans celui de Sam.
- Je ne suis pas là pour vous causer du tort, au contraire. Faisons un marché, d'accord ? Laisse-moi me rendre jusqu'à Billy et lui parler. Toi et ta meute vous pourrez me suivre, nous écouter si vous le voulez, et me tuer au moindre signe suspect.
- Je n'ai pas besoin de votre accord pour ça, répondit Sam.
Utilisant toute la force dont il était capable pour le pousser en arrière, Jacob serra les dents. Sam commençait vraiment à lui taper sur les nerfs.
- Écoute-moi bien, n'oublie pas que tu n'es l'alpha que parce que tu as été le premier à te transformer. Cette place me revient de droit, alors ne me force pas à te défier pour la prendre.
Se crispant, Sam foudroya Jacob du regard. Il voulait lui faire ravaler ses paroles, ça se lisait sur son visage, mais il ne le pouvait pas.
- Et tu sais très bien que j'en suis capable.
- Mais tu ne le feras pas.
- Je le ferai si tu continues à te mettre en travers de mon chemin. Je vous laisse cinq secondes pour aller fourrer votre nez ailleurs.
Jusqu'à la toute dernière seconde, Sam soutient le regard de Jacob avant de capituler. Il n'avait pas envie qu'il lui vole son rôle de leader et il avait la désagréable impression qu'il serait en mesure de le faire. Sam savait que ses loups n'auraient aucun mal à l'accepter comme nouvel alpha, l'arrière-petit-fils d'Ephraïm Black. Quand tous les loups eurent disparu, Jacob jeta un regard par-dessus son épaule, en direction de Carlisle.
- Allons-y.
Le vampire acquiesça et le suivit en silence. Arrivés devant la maison de Jacob, Carlisle l'observa longuement. Il la voyait pour la première fois. À l'intérieur, Billy le regarda étrangement, surpris par sa présence.
- Que faites-vous ici ? Demanda-t-il.
- C'est moi qui l'ai amené, répondit Jacob. On a des choses à te dire.
Billy observa longuement son fils. Ça semblait sérieux. Il invita donc Carlisle à s'asseoir devant la cheminée et se mit face à lui, du mieux qu'il pouvait.
- Je vous écoute, dit-il.
S'échangeant un regard pour savoir qui débuterait, Jacob prit la parole et raconta à son père tout ce qui était arrivée depuis qu'il s'était rendu chez les Cullen pour la dernière fois. Billy écouta le discours de son fils, appuyé contre le dossier de son fauteuil et mains jointes devant lui. À la fin, il hocha doucement la tête, et se tourna vers le vampire.
- Qu'attendez-vous de moi ?
- Rien en particulier. Je voulais seulement que votre tribu soit au courant, et j'espérais que nous pourrions faire front ensemble. Je crains que quelque chose ne soit sur le point d'arriver, mais je ne saurais dire quoi.
- Je le pense aussi, répondit Billy. Quelque chose de mauvais.
Après de longues minutes de silence pendant lesquelles Billy resta plongé dans ses pensées, il ouvrit la bouche mais Carlisle ne s'attendit pas à ce qu'il entendit.
- Attendons de voir comment les choses se passent.
- Mais papa !
Billy fit taire son fils d'un geste de la main et resta concentré sur le vampire.
- Ne n'avons que des pressentiments, et ne nous pouvons pas nous baser uniquement sur eux. Observons, et lorsqu'il se profilera quelque chose qui nécessitera d'établir un plan, nous le feront.
Carlisle acquiesça. Il avait eu la même idée, même s'il aurait désiré faire quelque chose de concret maintenant. La discussion se poursuit un peu plus, et, d'une poignée de main, ils s'accordèrent sur quelque chose. Puisque le risque que Bella ne revienne finir ce qu'elle avait commencé et essaye à nouveau de tuer Draco existait bel et bien, un tour de garde serait mis en place. À partir de ce jour, un loup et un vampire resteraient chez Harry pour veiller sur eux deux.
