Comme j'ai publié le précédent il y a une semaine (à un jour près) et même si je n'ai pas encore attaqué le suivant, j'ai décidé de vous publier celui-ci. Il est un tout petit peu plus long que les derniers que j'ai sorti alors bonne lecture ! (Et pour une fois il se passe des choses...)

Et encore merci à toutes les personnes qui m'ont envoyé une review sur le dernier chapitre, ça me fait vraiment plaisir !


Le lendemain en fin de matinée et après une nuit agitée, Harry se présenta au domicile des Cullen avec un sac à dos bien rempli. Il n'eut pas le temps de poser le pied sur la première marche du perron qu'Emmett ouvrit la porte à la volée et le regarda.

- Tu nous apportes de bonnes nouvelles, j'espère.

- Ça dépend de ce que tu attends comme nouvelles, répondit Harry.

Il s'apprêta à monter quand le poids de son sac disparut soudainement de ses épaules. Surpris, il releva les yeux vers Jasper, maintenant aux côtés de son frère, son sac à la main.

- Il avait l'air lourd, expliqua-t-il avec ce sourire qui n'appartenait qu'à lui.

- Merci, souffla Harry avant de les rejoindre.

- Alors, pourquoi t'es là ? Demanda Emmett sur ses talons.

- Pour la transformation d'Edward.

En un clin d'œil, tous les Cullen se retrouvèrent autour de lui. Il ne manquait que Carlisle mais Edward lui révéla qu'il n'était pas encore rentré de l'hôpital.

- Tu parlais de ma transformation ? Répéta Edward pour briser le silence qui s'était installé.

- Oui. Je suis quasiment prêt.

Esmée se tourna vers son fils avec un sourire réjouit.

- Allons boire quelque chose, proposa-t-elle.

- Ce n'est pas de refus, j'ai beaucoup à vous expliquer.

Ils se dirigèrent d'un même pas vers la cuisine où Harry demanda plutôt une boisson fraîche, si Esmée était en mesure de la lui fournir. Elle lui donna l'une des canettes de soda du frigo, qui y avait élu domicile pour Bella.

- Merci, souffla-t-il avant de boire une gorgée.

Il attrapa ensuite son sac, que Jasper lui remit avec plaisir et étala sur l'îlot plusieurs livres et feuilles volantes. Y remettant un ordre précaire, il les plaça face aux vampires pour qu'ils puissent lire ses notes brouillonnes.

- Tu écris très mal, commenta Rosalie.

- On me l'a déjà dit.

Elle fit une légèrement grimace, sous-entendant que ça ne l'étonnait pas vraiment.

- Explique-nous, encouragea Jasper.

- En soit, c'est plutôt simple.

Il attrapa un parchemin sur lequel il avait dessiné deux cercles et s'en servit comme support pour que ses paroles soient plus représentatives.

- Edward et Carlisle seront dans deux cercles de runes communiquant. Ici, précisa-t-il en montrant le point d'intersection des deux cercles.

- Ça, c'est un ovale, déclara Emmett en montrant le plus grand dessin.

- C'est parce que contrairement à Carlisle, Edward devra rester allongé.

Edward regarda son frère, un peu désespéré qu'il s'intéresse à un si petit détail.

- Ils seront recouverts par un dôme qui les empêchera de sortir, continua Harry, ce qu'au moins Carlisle essaiera de faire malgré lui.

- Pourquoi ? Demanda Esmée, inquiète.

- Parce qu'il aura mal. Edward aussi, mais sa douleur le clouera au sol. Il sera incapable de se servir de ses membres.

Tout ça ne rassura pas la famille dont chaque membre sentit un frisson leur remonter le dos. Bien qu'il commençait grandement à appréhender, pour ne pas dire qu'il prenait peur, Edward dégluti et regarda Harry.

- Ensuite ?

- J'utiliserais ma magie pour forcer le venin à sortir de ton corps et à retourner dans celui de Carlisle, ça je l'avais déjà évoqué. Mais ce sera la partie la plus dure, la plus éprouvante et la plus longue pour nous trois.

- Longue comment ? S'intéressa Rosalie, pas sereine.

- Le rituel pourrait durer plusieurs heures.

Un silence de plomb tomba. Tous les vampires avaient su dès le début à quoi s'en tenir, mais plus le procédé leur était détaillé, et plus cela devenait réel et terrifiant.

- Et quand ce sera fini ? Demanda Esmée, qui avait dû s'asseoir.

- Il faudra que je coupe la communication entre les cercles. Ensuite, le dôme dans lequel se trouvera Edward se remplira d'une espèce de brume dont des éclairs jailliront pour refermer ses plaies.

- Ça va faire mal ?

- Tu seras inconscient, rassura Harry. Normalement. Après ça, une fois que le rituel sera achevé, il nous faudra à tous les trois énormément de repos. C'est pour ça qu'il faudrait fixer une date précise pour que Carlisle puisse prendre ses dispositions vis-à-vis de l'hôpital. Et Edward restera probablement dans une sorte de coma pendant plusieurs jours. Le temps que son corps redevienne entièrement humain.

Edward hocha doucement la tête, de concert avec Esmée.

- En revanche, j'aurais un service à vous demander.

- Dis-nous tout, sourit Esmée.

- Je serais loin de chez moi et de Draco sans avoir la moindre possibilité de m'arrêter une fois que j'aurais commencé, au risque de nous tuer tous les trois, s'il n'y a pas de dommages collatéraux.

- Il y a les tours de garde, le coupa Jasper. Tu n'apprécies peut-être pas notre présence, et tu as tendance à nous renvoyer, mais nous n'avons pas l'intention de nous arrêter pour autant.

Tous confirmèrent.

- Je n'en doute pas, mais ce n'était pas la question. Bella ne s'est pas calmée, loin de là. Et elle représente, à peu près, la seule menace réelle pour Draco alors j'aimerais imposer le binôme.

- Tu veux choisir ceux qui veilleront sur lui ? Comprit Emmett.

- Oui.

Se tournant vers la personne de son choix, Harry reprit.

- Si tu veux bien, j'aimerais que ce soit toi, Rosalie. Avec Leah. Vous haïssez toutes les deux Bella, plus que n'importe qui d'autres parmi vos clans. Ce seul fait m'assure qu'avec vous il ne risquera rien.

Surprise, Rosalie regarda d'abord les autres membres de sa famille pour avoir une idée de leur avis. Harry s'adressait également à elle parce qu'il se doutait qu'Esmée voudrait être présente pour soutenir son mari et son fils pendant le rituel et même s'il ne savait pas si ça représentait un quelconque danger, il ne pouvait pas le lui refuser.

- D'accord, accepta-t-elle. Tu peux avoir confiance en moi.

- Merci, fit Harry, sincèrement reconnaissant.

Au même moment, ils furent interrompus par Carlisle, pénétrant dans la pièce. Il avait mauvaise mine et, alors qu'une seconde plus tôt, ils étaient toujours en pleine conversation, tous se turent en attendant de savoir ce qu'il leur dirait.

- Il est allé voir Charlie, dévoila Edward à voix haute, sans réellement comprendre pourquoi il avait fait une chose pareille.

Carlisle adressa un regard long de sous-entendu à son fils, mais il n'était finalement pas si mécontent qu'il ait parlé à sa place. S'asseyant à côté d'Esmée, elle lui offrit la tasse de thé qu'elle n'avait pas encore bu. Carlisle la remercia d'un sourire et bu lentement avant de lever les yeux vers ses enfants, et Harry.

- C'est vrai, je me suis rendu à son bureau.

- Pourquoi ? Demanda Jasper.

- Je lui ai dit que nous étions tous ou presque victime de harcèlement de la part de Bella, et qu'à ma connaissance, même Jacob en souffrait.

À cette annonce, Harry tourna les yeux vers Edward qui lui avoua silencieusement qu'il en avait effectivement parlé la veille au soir après être rentré chez lui. Harry soupira intérieurement. Il ne comprenait plus vraiment ce besoin de tout dire à son entourage. De n'avoir aucun secret.

- Il s'est excusé, reprit Carlisle, et m'a confié qu'il ne comprenait plus et ne reconnaissait plus sa fille. Il compte lui retirer le moindre moyen de communication avec l'extérieur.

- Comme si ça allait l'arrêter, soupira Rosalie en levant les yeux au ciel.

- Il ne peut pas faire grand-chose de plus, contra Carlisle. Elle est son enfant et il est dépassé. Malgré tout, je suis de ton avis et je ne suis pas certain que nous seront tranquille très longtemps.

Sa voix transpirait tellement le désespoir qu'elle fit de la peine à Harry. Il appréciait vraiment Carlisle et il se sentait coupable de ne toujours pas avoir agi dans leur intérêt et dans l'intérêt de tout le monde. Il le connaissait finalement peu mais il lui était aisé de deviner, au travers de son comportement et de ses mots, qu'il s'inquiétait beaucoup pour sa famille et leur avenir. Se sentant un peu de trop, il se leva et ramassa ses affaires.

- Je vais vous laisser entre vous, déclara-t-il. Il faut de toute façon que j'aille trouver un endroit où pratiquer le rituel.

Il leur fit un léger sourire et s'éclipsa. Quand il fut dehors, un coup de vent brutal s'éleva juste à côté de lui, signe qu'un vampire venait de le dépasser. Il se retrouva alors face à Carlisle, Edward et Esmée.

- Laissez-moi deviner, vous voulez m'accompagner.

- Si notre compagnie ne te dérange pas, confirma Carlisle. Nous sommes aussi impliqués et il me semblerait impoli de te laisser toute la charge de travail.

- Très bien, accorda Harry qui n'avait aucune envie de négocier, encore moins avec Carlisle.

Remettant son sac à Edward quand celui-ci le lui demanda, Harry suivit les trois vampires dans la forêt pour un repérage. Ils avaient besoin d'un coin tranquille, là où ils ne risquaient pas de croiser âmes qui vivent, en dehors des animaux sauvages, qui ne se risqueraient pas à s'approcher. Ils avaient aussi besoin d'espace, suffisamment pour qu'ils ne se marchent pas sur les pieds. Ils tombèrent sur l'endroit parfait après une petite heure de recherche, les connaissances des vampires sur les lieux aidant bien. Harry les y laissa, leur indiquant qu'à présent que tout était réglé – en-dehors de la date, à laquelle Carlisle avait promis de réfléchir – il allait commencer à tout préparer. Il transplana après les avoir salués et se débarrassa de son sac dans son laboratoire.

Soupirant lourdement, il prit place sur sa chaise et sortit les runes qu'il devait graver. Pourtant, un détail l'empêchait d'œuvrer tranquillement. Toute l'histoire qui entourait Bella lui prenait la tête. Il n'arrivait pas à réfléchir correctement, ni même à arrêter de penser à tout ça. Devait-il vraiment agir ? Soupirant il laissa tomber ses gravures et passa une main sur son front. Il allait finir par avoir une migraine.

N'ayant rien pu faire d'autres de sa journée que de penser à Bella qui envahissait et pourrissait le quotidien de tout le monde, Harry fut presque soulagé lorsqu'il vit Seth se présenter à sa porte. Le soleil s'était déjà couché et Harry songea qu'il serait peut-être intelligent d'installer une quelconque lumière devant sa porte d'entrée. S'il n'y avait pas eu l'éclairage du couloir, il n'aurait probablement pas reconnu l'adolescent et son grand sourire.

- Il est tard, lui dit Harry en guise de salutation.

- Ce n'est pas comme si je risquais grand-chose, répondit Seth. Je te ramène des légumes !

Tout fier, le garçon tendit une cagette pleine à ras-bord de légumes de saison. Harry crut distinguer également quelques fruits. Ne s'amusant pas à le renvoyer chez lui, il se décala et le laissa entrer. Un sourire sur les lèvres qu'il peinait à cacher, Seth entra et se dirigea tout de suite dans la cuisine pour y déposer son fardeau.

- Les tiens n'ont pas encore poussé et on a eu de belles récoltes à la réserve. C'est Billy qui m'a demandé de t'en amener.

- Tu le remercieras de ma part alors.

Le laissant s'asseoir sur l'une des chaises, Harry lui servit une boisson chaude et des gâteaux. Seth prit une brioche qu'il enfourna presque ronde dans sa bouche. Assis face à lui et joue posée sur sa main, Harry le regarda manger.

- Tu n'es pas venu que pour les légumes, avoue.

Maquant d'avaler de travers, Seth reposa sa tasse tout en s'essuyant la bouche du revers de la main et leva les yeux vers Harry. Il les baissa aussitôt, honteux.

- Non, c'est vrai.

- Qu'est-ce qui t'arrives ?

Ne voulant pas le priver de se remplir l'estomac, Harry poussa l'assiette vers lui pour l'encourager à manger.

- C'est à cause de Bella, révéla Seth.

Harry soupira intérieurement. Il fallait qu'il se résigne. Il n'aurait pas la paix tant que cette histoire ne serait pas réglée et son sommeil allait probablement en prendre un coup. Il essayait déjà de dormir sans succès depuis plus d'une heure.

- Je t'écoute, souffla Harry d'une petite voix, bien qu'il n'ait aucune envie d'entendre encore parler de cette fille.

Émiettant une nouvelle brioche qu'il picorait à peine, Seth mit quelques secondes à trouver ses mots.

- C'est la pagaille à la réserve. Jacob n'en peut plus que Bella le harcèle et ça déteint sur tout le monde. Elle m'a envoyé des messages à moi aussi ! S'exclama-t-il, désespéré. Sam est encore plus furieux que d'habitude. Il dit qu'il en a marre des règles et qu'il veut l'éliminer.

Harry se sentit mal pour lui. Seth avait l'air à bout de nerfs alors que l'adolescente avait commencé son harcèlement depuis peu. Ça montrait l'ampleur de la situation. Tout le monde commençait à perdre patience.

- Jacob et lui n'arrêtent pas de se disputer. Sam lui reproche d'avoir tout dit à Bella juste parce qu'il était amoureux d'elle et qu'à cause de lui on a de gros problèmes sur les bras.

- Qu'est-ce que tu veux que je fasse Seth ? Si tu es ici ce n'est pas juste pour vider ton sac.

Relevant des yeux presque suppliant vers lui, Seth se dit qu'il était allé trop loin pour ne pas finir.

- Je sais qu'on t'en demande tous beaucoup mais… Je suis sûr que toi t'arriverais à faire quelque chose et que tu pourrais tous nous aider.

- Vous aider ? Répéta Harry, pas convaincu que ce soit le mot que Seth avait réellement eu envie d'utiliser.

- Nous sauver, murmura-t-il, tête basse.

Se rendant compte que la situation était bien plus critique que ce qu'il pensait, Harry se dit qu'il devait impérativement mettre son grain de sel avant que quelqu'un ne finisse par vraiment tuer cette fille. Et ce n'était pas en allant mettre un coup de pied aux fesses de Sam qu'il allait gagner du temps. Si ce n'était pas lui qui craquait, ce serait quelqu'un d'autre et Harry n'avait ni la force, ni les moyens de garder sous surveillance toute une meute de loup et tout un clan de vampire. Sans parler des familles et des amis.

- Finis ta tasse, je te ramène chez toi, déclara Harry.

Quand il vit le regard que Seth lui lança, mélange de choc et d'espoir qui s'envole, Harry précisa sa pensée.

- Je vais en profiter pour aller voir Jacob et on va trouver une solution. C'est promis.

Un faible sourire répondit à Harry et Seth était persuadé que s'il essayait de le remercier à voix haute, il allait se mettre à pleurer comme un enfant. Il n'était pas particulièrement fragile, mais il était à bout de nerfs et un rien pourrait le faire s'effondrer. À la place, il obéit à Harry et fini sa tasse cul-sec.

Sachant qu'il irait probablement rendre visite à Bella dès ce soir, Harry partit récupérer sa cape et sortit avec Seth.

- C'est la cape qui te rend invisible ? Demanda Seth en la voyant sous son bras.

- Oui.

- Pourquoi tu l'emmènes ?

- Parce que je pense qu'on va agir dès ce soir et que ça me facilitera la tâche.

Entamant leur route, Seth mit quelques minutes avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres.

- Tu vas la tuer ?

Surpris, bien qu'il n'en montra rien, Harry posa les yeux sur le garçon et lui fit un petit sourire, posant sa main sur le haut de sa tête.

- Je n'ai pas l'intention de tuer qui que ce soit, Seth.

L'adolescent répondit d'un hochement de tête et resta silencieux pour le reste du trajet. Quand ils pénétrèrent dans la réserve, Harry resta près de la maison de Seth jusqu'à le voir entrer à l'intérieur. Il se dirigea ensuite chez les Black, saluant Billy au passage. La porte de la chambre de Jacob n'était pas fermée, mais Harry toqua quelques coups par politesse. Le visage barré par une trace de peinture, Jacob se tourna vers lui.

- Tu avances bien on dirait, commenta Harry.

- Tu n'es pas venu jusqu'ici pour me parler de ma chambre. Qu'est-ce que tu veux ? Cracha Jacob en reposant son pinceau.

Harry lui lança un regard qu'il ne saurait lui-même pas déchiffrer, mais Jacob sembla se rendre compte du ton qu'il avait employé et soupira en se passant une main dans les cheveux.

- Excuse-moi, je suis vraiment pas dans mon état normal.

- Seth m'a fait un topo.

Le regard de Jacob en dit long, et celui d'Harry lui confirma que Seth n'avait pas tenu sa langue, ou n'avait pas su le faire, ce qui revenait au même.

- Tu es venu me réconforter ? Demanda Jacob en posant une fesse sur son bureau.

- Si c'est comme ça que tu vas le ressentir alors oui.

- Dis-moi.

Jacob avait l'impression que, comme à son habitude, Harry lui cachait quelque chose. Ou au moins qu'il le lui disait à demi-mot. Imitant son ami, d'une certaine façon, Harry s'appuya sur le chambranle de la porte, bras croisés.

- Est-ce que tu m'accompagnerais chez Bella ? Ce soir.

- Pour quoi faire ?

- Je vais essayer de modifier sa mémoire.

Jacob écarquilla les yeux et se remit sur ses pieds, avançant d'un pas vers Harry.

- T'es sérieux ?

- Tu le sais je ne peux rien garantir mais je vais essayer. Seulement…

- Seulement quoi ? Insista Jacob quand il vit qu'Harry ne finissait pas sa phrase.

Un lourd soupir plus tard, le sorcier braqua son regard dans celui de l'adolescent.

- Mes pouvoirs sont différents d'avant, je ne les utilise plus de la même manière. Et ce qu'on veut faire pour Bella relève de la magie que je faisais avant. Je ne suis pas sûr d'être assez fort pour arriver à lancer le sortilège correctement.

Jacob resta silencieux, ne sachant pas trop quoi dire. Bien sûr, il pourrait lui répondre qu'avant d'avoir essayé, ils ne pouvaient être sûrs de rien, mais Harry devait avoir une bien meilleure idée de ses propres capacités.

- Il y a peut-être quelque chose qui me permettra d'augmenter mes pouvoirs.

- Qu'est-ce que c'est ?

Harry joua quelques secondes avec ses lèvres, pas sûr d'avoir envie de tout dire à Jacob et surtout, de lui demander son aide.

- Harry, gronda presque l'adolescent.

Bien qu'il n'aimait pas quand il faisait ce genre de chose, Harry consenti à lui répondre.

- Je pourrais emprunter l'énergie magique de quelqu'un d'autre.

Jacob fronça les sourcils. Il était complètement largué et il savait qu'Harry en était parfaitement conscient. Dès qu'il s'agissait de magie, il devenait aussi ignare qu'un manche à balai. Harry roula des yeux. Ce serait tellement plus simple s'il n'avait pas besoin de toujours tout expliquer en détails.

- Je n'ai pas franchement envie de tout t'expliquer, mais ce que je peux te dire c'est que si tu es d'accord, je pourrais probablement t'emprunter un petit peu de magie pour que je puisse, peut-être, faire ce sort correctement.

- Tu veux me prendre de la magie, répéta Jacob, un peu dubitatif.

- Oui.

- Je n'ai pas de magie.

Se frottant légèrement le front, Harry se dit que la soirée risquait d'être un tout petit peu plus longue que prévue. Au moins, si tout se passait bien, il pourrait enfin dormir.

- Jacob, tu te rappelles que ton ancêtre était un sorcier, et que vous êtes maudit…

- Condamnés à ne faire que nous transformer en loups, oui je sais, le coupa-t-il.

- Ça veut dire que même si tu ne peux pas faire de magie, tu en as. Autrement tu ne pourrais pas te transformer.

Effectivement, dit comme ça, ça tombait sous le sens.

- Et comment je fais pour t'en donner ? Et je risque quoi ?

- Pour m'en donner, ça, je m'en charge. Et tu ne risques pas grand-chose, ce sera comme si tu avais un peu abusé sur ta forme de loup.

Faisant sans doute un peu trop confiance à Harry, Jacob hocha la tête et attrapa ses clés avant de sortir de chez lui. Il prévient son père qu'il s'absentait un moment sans lui en dire plus. Sur la route, quasiment déserte, Jacob jeta un coup d'œil à son passager.

- Ça va faire mal ? Demanda-t-il

- De quoi ?

- Ton histoire d'emprunter ma magie.

- Jacob, si tu ne veux pas le faire ne te force pas, s'agaça légèrement Harry, pas aidé par le trajet qu'il supportait difficilement.

- C'est pas ça… Je m'inquiète juste.

L'observant, Harry se dit qu'une démonstration vaudrait mieux que tout un long discours.

- Gare-toi, ordonna-t-il.

Sans trop chercher à comprendre, Jacob obéit. Ils se retrouvèrent garés sur le bord de la route, toujours à l'intérieur de la voiture, même s'ils se faisaient face.

- Je vais te montrer, ça ira plus vite, déclara Harry.

Jacob hocha la tête. Il vit ensuite Harry lever sa main vers lui. D'abord, il n'y eut rien, mais au bout de quelques secondes, un fil argenté, comme une trainée, s'échappa de son corps pour voler vers Harry. Jacob cligna des yeux plusieurs fois, pour être sûr de ne pas être en train de rêver. Harry stoppa tout juste après et leva les yeux vers Jacob, une main posée sur sa poitrine. C'était de là qu'était sortie l'étrange fumée. Si c'en était vraiment.

- C'était ma magie ? Demanda-t-il, les yeux encore écarquillés.

- Oui. Tu as eu mal ?

Non, il n'avait pas eu mal. Il n'avait rien ressenti du tout à vrai dire. Harry non plus, il ne lui avait pas pris suffisamment pour sentir quoi que ce soit. Maintenant rassuré, Jacob se réinstalla correctement sur son siège mais ne redémarra pas tout de suite.

- Quoi encore ? Devina Harry.

- Je me demandais juste comment on allait entrer chez Bella. Charlie doit être là. Je pourrais passer par la fenêtre mais…

- Jacob, le coupa Harry, stop. Tu vas te garer devant chez eux, sonner à la porte et trouver un quelconque prétexte pour tenir Charlie occupé le temps que je monte et que je lance le sortilège.

- D'accord, acquiesça Jacob. Mais il va te voir. Et il verra la fumée.

- J'ai pris ma cape d'invisibilité et seules les créatures magiques peuvent voir la magie.

Harry avait donc tout prévu, en l'espace de seulement quelques heures. À moins qu'il avait commencé à y réfléchir bien plus en amont. En tout cas, son plan semblait tenir la route et Jacob démarra. Ils se retrouvèrent bientôt devant la maison Swan. L'adolescent regarda Harry enfiler sa cape – et il devait bien admettre que le voir disparaître complètement était assez impressionnant – puis se donna du courage avant de toquer à la porte.

- Tiens-le occupé jusqu'à ce que tu ne vois plus la magie, lui glissa Harry tant qu'il pouvait encore parler.

Jacob lui fit un signe de tête pour montrer qu'il avait bien compris. S'ils ne se trompaient pas, vu l'heure, Charlie serait encore levé, et Bella endormie. Dans tous les cas, Harry n'avait pas besoin qu'elle soit inconsciente, elle ne serait pas capable de parler et il lui suffirait d'agir dans son dos. Le shérif apparut à la porte et fut surpris de voir Jacob. S'imposant pour laisser une opportunité à Harry d'entrer, Jacob franchit la porte en le saluant.

- Je voudrais vous parler, à propos de Bella.

- Le docteur Cullen m'a tout raconté, Jacob, répondit Charlie.

- Oui, je sais. Et mon père m'a dit que vous l'aviez privé de téléphone.

Harry se dirigea vers les escaliers, entendant encore Jacob se mettre à plaider la cause de Bella. Il demandait à son père de lui rendre son téléphone en argumentant sur le fait qu'elle était un peu perturbée et que ce n'était pas de sa faute. En vérité, il avait réfléchi pendant le reste du trajet et il s'était dit que comme ça, ils pourraient savoir si le sort d'Harry avait bel et bien fonctionné. Heureux de trouver une porte entrouverte, Harry se glissa le plus silencieusement possible à l'intérieur. Bella était étendue sur son lit. Il ne savait pas si elle dormait réellement, mais elle en avait l'air.

Elle risque de tout dévoiler et il faudra tout recommencer, se dit Harry.

Il respira doucement quelques secondes puis ferma les yeux. D'abord il fit venir la magie de Jacob à lui d'une main. De l'autre, qu'il dirigea vers Bella, il fit son possible pour lancer ce sortilège qu'Hermione aurait à coup sûr réussi. Même avec sa baguette, il aurait été capable de se louper. Refoulant cette pensée, il se concentra davantage et fit le tri dans les souvenirs de Bella.

Edward n'aurait été qu'un garçon de sa classe sur lequel elle avait fantasmé. Alice n'aurait jamais été son amie. Jacob n'aurait été qu'un vieil ami avec qui elle n'avait plus d'affinité. Elle n'aurait jamais rencontré Harry ni su pour sa nature.

Serrant les dents face à la masse de magie qu'il devait gérer Harry se força à ne pas trop en prendre à Jacob et parti à la recherche de la moindre parcelle présente dans son propre corps. Modifier la mémoire de Bella lui prit bien plus de temps qu'il ne l'aurait cru. Mettant fin au sort, il tomba à genoux, haletant. Harry n'était pas sûr d'avoir réussi, mais ils le sauraient bien assez vite.

- Je saute par la fenêtre, souffla-t-il.

Il savait que Jacob allait parfaitement l'entendre, contrairement à Charlie ou même Bella. Il n'arrivait pas à contrôler suffisamment sa respiration pour passer inaperçu près du père de Bella et transplaner lui était impossible. Quand il entendit la porte claquée, il sut que la conversation entre Charlie et Jacob était terminée. Il se dirigea alors vers la fenêtre qu'il ouvrit en grand et se laissa tomber. Comme il l'avait prévu, Jacob fut là pour le réceptionner. Grimaçant face à sa force, il retira sa cape et regarda l'adolescent.

- Je t'ai fait mal ? Demanda Jacob.

- Un peu. Tu vas bien ?

- Je suis un peu fatigué, comme tu l'avais dit, mais ça va. Et Charlie n'a rien vu.

Harry lui fit son regard qui voulait dire « je te l'avais dit ». Il le suivit ensuite jusqu'à la voiture et accepta qu'il le raccompagne jusqu'à sa maison.

- Tu penses que ça va marcher ? L'interrogea Jacob sur le pas de sa porte.

- Grâce à toi et à ton idée brillante, on le saura bientôt.

Jacob ne put retenir un petit sourire. Il était fier qu'Harry le complimente. Lui souhaitant une bonne nuit, Harry referma la porte et se traina jusqu'à sa chambre. Cette nuit-là, il ne se souvient pas s'être endormi, mais il savait que son sommeil avait été de plomb.