Maraudeurs et Compagnie

By Luppy Black

Chapitre 4 : Où je partage un compartiment avec les Maraudeurs et où je me rends compte de l'image que nous, les garçons, pouvons avoir de nous, les filles.

Je regrettai déjà d'être là : je détestais par-dessus tout la foule et je me sentais d'une humeur exécrable.

Je réussis à me faufiler (qui a dit que les miracles n'existaient pas ?) entre les premières années affolées, les deuxièmes qui regardaient les premières avec un air de mépris profond, les troisièmes qui ne savaient quoi faire pour attirer l'attention des filles, les quatrièmes années qui gloussaient de toutes parts pour se faire remarquer des cinquièmes qui parlaient déjà d'examens de fin d'année, les sixièmes qui commentaient le choix des options par un tel et enfin les septièmes années qui regardaient tout ce beau monde faussement lassé par ce remue-ménage.

Mais en plus des élèves, il y avait les parents (la pire des races humaines qui ait pu exister jusqu'à aujourd'hui) en pleurs qui faisaient les dernières recommandations d'usage : brosse-toi les dents tous les soirs, sois sage, prends soin de tes affaires, envoies-moi un hibou tous les jours. Et les enfants promettaient n'ayant à ce moment là qu'un souhait que leurs parents les laissent enfin retrouver leurs amis.

Je me hissai dans un des wagons. Alors que je passai dans un couloir rempli de filles, elles gloussèrent toutes (j'avais l'impression d'être dans une basse-cour) à l'unisson. Etait-ce donc cette image que les garçons avaient de nous ? J'appréciai de plus en plus mon déguisement, au moins je ne serais jamais confondue avec ce genre de filles.

Je cherchai (en vain) un compartiment vide. Sans le vouloir, je bousculai un gars au teint cireux et aux cheveux gras. Il me regarda méchamment. Cela était sensé me faire peur.

Qu'est-ce que tu me veux ? Cracha-t-il.

Première erreur de sa part : m'agresser.

Je ne vois pas ce qu'un mec comme toi pourrait m'apporter, rétorquai-je glaciale.

Tu ne sais pas à qui tu t'adresses !

Deuxième erreur : se cacher derrière son nom.

Je vais te dire : j'en ai rien à foutre de ton patronyme.

Tu me le payeras ! Cria-t-il à court d'argument.

Troisième erreur : ne pas arriver à contrôler ses émotions.

J'ai hâte de voir ça.

Le mec eut l'air interloqué (après tout ce n'était que le deuxième en moins d'une heure) puis après un regard noir ( raté : je n'ai même pas frémi) il s'en alla en grommelant.

Quatrième erreur : parler tout seul.

Je soupirai : l'année commençait bien. Si tous les élèves étaient comme les deux que je venais de rencontrer alors je verrai beaucoup d'air interloqué dans les semaines à venir.

De toutes façons plus moyens de reculer : jamais je ne pourrai retourner chez mon père les mains dans les poches. Il fallait que je m'adapte à cette nouvelle vie, et au plus vite.

Des applaudissement, retentissant dans mon dos, interrompirent mes réflexions (chose que je détestais par-dessus tout.). Persuadée que c'était encore des jeunes excités, je ne pris pas la peine de me retourner et continuai ma quête (un compartiment vide !).

Attends ! cria-t-on.

Plus moyen de fuite : c'était pour moi et je ne pouvais pas l'ignorer. Je me retournais d'une lenteur calculée pour bien montrer à mon interlocuteur qu'il m'avait dérangée.

Bravo ! Me félicita un jeune homme aux cheveux noirs et longs et aux yeux bleus sombres rieurs.

T'as été génial ! Renchérit un garçon à la chevelure épaisse et décoiffée.

Je le savais déjà, rétorquai-je.

J'adore ce mec ! S'écria mon premier interlocuteur.

Qu'il m'adore n'était pas vraiment l'effet recherché. Je voulais juste me débarrasser au plus vite d'eux. Apparemment, ce n'était pas gagné.

Moi c'est James Potter, se présenta la garçon à la coiffure désordonnée, et lui c'est Sirius Black. T'inquiètes pas, on est des hétéros purs et durs.

Et c'était sensé me rassurer ?

Moi c'est Thomas Webster. Mais généralement c'est Unwin ndla : unwin= la déveine en anglais)

Unwin ? Reprirent les deux garçons interloqués (une vraie épidémie)

J'ai jamais eu de chance, répondis-je à leur interrogation sous-entendue.

Ca me va, dit Sirius.

Ils m'invitèrent à les suivre dans leur compartiment en m'assurant qu'il n'y en avait plus aucun de libre et qu'avec un tel surnom, ajouta Black, je pouvais toujours rêver pour en trouver un. Ils me présentèrent à deux de leurs amis : Rémus Lupin un blond au teint presque maladif et aux yeux bleu clairs et à Peter Petigrow ( comme le souligne bien le nom) un petit gros et peureux sans aucune particularité physique qui aurait pu le rendre joli garçon.

En fait Petigrow se détachait nettement de ses amis. Il faisait figure du vilain petit canard avec son embonpoint alors que les trois autres étaient plus grand et musclé. Ils avaient du charme, chacun à leur manière devait attirer les filles.

Je compris au court du voyage qu'ils étaient amis depuis leur première année et concernant Black et Potter depuis qu'ils avaient six ans.

Je ne m'étais pas rendue compte combien il était dur de se faire passer pour un membre du soi disant sexe fort. Depuis ma naissance, j'étais habituée à tout mettre ce qui me concernait au féminin. Je fis plusieurs fois des erreurs qui passèrent heureusement inaperçues. Je ne participai pas vraiment à la conversation me contentant d'écouter ce qui se disait.

Le plus proche de moi au point de vue du caractère était assurément Lupin. Tout aussi silencieux que moi, il n'intervenait presque jamais. On aurait pu penser que c'était le genre de garçons sur qui on pouvait facilement se défouler, mais lorsque de temps en temps, il prenait la parole : c'était à chaque fois pour envoyer des piques à l'un ou l'autre de ses amis qui ne trouvaient absolument rien à répondre. Ce que j'appréciais le plus, alors, chez eux : c'était leur non-suceptibilité. Au lieu de se renfrogner comme l'aurait fait n'importe quel adolescent, ils prenaient le parti d'en rire (même si Petigrow riait jaune) proclamant l'autodérision.

Je pris plaisir à savourer ce moment, c'était la première fois que je rencontrai des jeunes de mon âge (mon père m'en avait toujours éloignée).

J'observai attentivement leurs façons de se comporter, leur attitude, leurs manières de bouger, bien décidée à parfaire mon déguisement. N'ayant pas de cravate, car non-placée dans une des quatre maisons, j'avais relevé le col rigide de ma chemise me donnant ainsi un air des plus assuré. Je m'aperçus vite que Black faisait de même. Je fus contente (mais qu'un bref instant) d'avoir réussi instinctivement à me conformer à la mode masculine, mais je désenchantai vite apprenant que Black était un gars des plus couru à Poudlard (en plus d'être un grand séducteur)... Il ne manquerait plus que certaines me fassent des avances.