Merci pour les reviews ! Le feedback, c'est toujours bien quand on cherche à s'améliorer !
Voici un nouveau chapitre, centré sur Rogue, qui marque le début des ennuis. A partir de ce chapitre, cette histoire va prendre un tournant bien plus sombre, alors si vous n'aimez pas voir vos personnages préférés se faire martyriser par une auteur sadique à souhait, détournez vous-en !
Sinon, pour ceux qui connaissent déjà l'issue de cette fanfic, je compte en changer la fin, que je trouve un peu trop clichée. Les évènements seront un peu moins sombres, mais ce ne sera pas fleur bleue pour autant !
Voilà, bonne lecture !
Chapitre 13
La neige scintillait sous l'éclat blafard de la lune. Les ombres inquiétantes des arbres dénudés du parc de Poudlard dansaient au gré d'un vent léger qui venait tout juste de se lever. Ses pas précipités crissant dans la neige, une lanterne discrète dans une main, sa baguette dans l'autre, Severus Rogue allait à la rencontre du Maître des Ténèbres, dans la Forêt Interdite. Il transplana, une fois hors de l'enceinte de Poudlard, à quelques dizaines de mètres de l'endroit que lui avait indiqué la marque sur son bras. Il avait besoin de gagner quelques minutes, se remettre les idées en place, calmer le battement de son cœur et maîtriser chacune de ses émotions avant de se retrouver face au seul homme qu'il n'ait jamais redouté.
La proximité du lieu de rendez-vous par rapport au château lui fit craindre le pire. Que voulait Voldemort ? Cherchait-il à rassembler un maximum de ses partisans afin de lancer une attaque surprise sur l'école ? L'idée de devoir tout rapporter à Dumbledore sans être démasqué le terrifiait, malgré tout le courage dont il avait déjà fait preuve. Severus Rogue n'était pas un homme faible ou vulnérable, mais ces dernières semaines l'avaient attendri…
En chemin, il ingurgita le contenu d'une minuscule fiole, contenant une contre potion au veritaserum, qu'il avait lui-même mis au point quelques temps plus tôt, dans le plus grand secret. Son goût était particulièrement abominable, mais elle en valait la peine. Ses dons en occlumancie lui permettait déjà de se protéger, mais mieux valait prévenir que guérir. Après tout, la carapace qu'il avait mis des années à forger autour de son cœur s'était fêlée… il fallait se protéger, coûte que coûte.
La Forêt avait un aspect surnaturel à cette heure-ci. Une brume vaporeuse flottait, sinistre, au-dessus du sol gelé, l'entremêlement des branches, même dénuées de feuilles, était si épais que la neige n'avait pu le traverser, formant ainsi une sorte de dôme glacé qui plongeait la forêt dans de profondes ténèbres. Rogue marcha pendant une demie heure, guidé par l'intensité de la douleur sur son avant bras, le dos courbé, le visage grimaçant. Bientôt, la lueur de la lune révéla une clairière, si nette qu'elle paraissait taillée directement dans la Forêt par de puissantes forces surnaturelles. Severus sentit son cœur chuter dans ses talons quand il aperçut, au centre d'une vingtaine d'hommes et de femmes encapuchonnés de noir, la longue silhouette sombre, reconnaissable entre toutes, de Lord Voldemort lui-même.
- Toujours à l'heure, Severus, fit une très belle femme d'âge mûr, aux longs cheveux noirs et aux airs de vampire, qui se rapprocha de lui d'un pas feutré et félin. Il lui lança un regard glacial, puis s'avança vers le centre de la clairière. Toutes les têtes étaient tournées dans sa direction, leurs yeux invisibles derrière leurs capuchons rabattus. Le visage dur et inexpressif au possible, il alla à la rencontre de Voldemort.
- Bonsoir maître, dit il dans un souffle, en s'inclinant devant l'être au visage de serpent.
- Relevez-vous, mon ami, fit il, en donnant un léger coup de baguette sur l'avant bras de Rogue. La douleur disparut. « Comme vous l'avez certainement deviné, mon cher, notre heure va bientôt sonner. Et vous êtes un de mes meilleurs éléments. Dans trois jours, à l'aube, je vais demander à ce que l'on me livre Harry Potter, sinon je lancerai sur Poudlard une attaque foudroyante et mortelle. Je dispose de nombreux alliés, les géants, les trolls, et d'autres créatures des ténèbres se sont jointes à moi. Si ma requête est refusée, j'exécuterai ces trois Aurors, que nous avons réussi à capturer pas plus tard que tout à l'heure », conclut il avec un infâme sourire, désignant quelque chose derrière Rogue de son long doigt osseux. Il se retourna. Ligotés et bâillonnés ensemble, leurs visages ruisselant de sang, se trouvaient Tonks, Mondingus Fletcher, et Maugrey Fol-Œil, tous évanouis… Ou déjà morts. A nouveau, Rogue fit un immense effort pour rester impassible et garder son sang froid. Impossible d'utiliser la légilimancie pour s'assurer qu'ils étaient vivants, Voldemort s'en apercevrait…
- Qu'attendez vous de moi, mon Maître ? demanda t'il de sa voix la plus sereine.
- Je veux que vous jouiez votre rôle de gentil professeur de Potions inoffensif et fidèle à Dumbledore. Rapportez lui les évènements de ce soir, parlez lui de l'attaque, et des Aurors que nous avons capturés… Dites-lui que des négociations doivent être entamées, pour savoir ce que nous voulons. Il nous faut gagner du temps. Quand vous reviendrez nous voir pour ces soi-disant négociations, je vous indiquerait la marche à suivre, est-ce clair, Professeur Rogue ? Quelques rires lugubres s'élevèrent dans la clairière gelée.
- Transparent, Maître, répondit Rogue, soutenant tant bien que mal son regard de braise.
- Bien, vous pouvez vous en allez, siffla Voldemort, le même sourire cruel lui barrant le visage. Rogue s'inclina une dernière fois puis se retourna. Discrètement, il jeta un rapide coup d'œil aux corps des trois Aurors et chercha désespérément un signe de vie. Mais il eut la nette impression qu'il n'avait pas vu leurs cages thoraciques se soulever. Une angoisse insoutenable lui torturant les entrailles, Rogue retourna le plus rapidement possible vers le château de Poudlard. Les choses sérieuses, très sérieuses, trop sérieuses, venaient de débuter.
- Dites moi, Maître… fit Bellatrix Lestrange en se coulant auprès de Voldemort. Ne croyez vous pas qu'il va se douter de quelque chose ? Rogue est un expert en Occlumancie, et… Il ricana, l'interrompant.
- Rogue est trop… préoccupé, disons. La petite Nell lui fait tourner la tête… C'est parfait. Mon meilleur traître connaîtra la plus douce de mes vengeances… tout va parfaitement comme nous l'avions prévu. Et il partit d'un grand rire plus glacial que le vent d'hiver qui soufflait de plus en plus fort.
Severus ne fit même pas attention à l'heure qu'indiquait l'horloge du Grand Hall, quand il se précipita, à bout de souffle, vers le bureau de Dumbledore.
- Sorbet citron ! cracha t'il à la statue, furieux du temps qu'elle mettait pour tourner sur elle-même et révéler son escalier. Les tempes battantes et la bouche sèche, il gravit les marches de toute la vitesse dont il fut encore capable malgré sa fatigue et son désespoir.
- Dumbledore? Ou êtes vous ? s'écria t'il , laissant libre court à toute la tension qui s'était accumulée en lui. La panique monta brusquement en lui, lorsqu'il fut rendu à l'évidence de l'absence du directeur. « Minerva… » Pensa t'il, en se précipitant vers les appartements de Macgonagall, son immense cape noire de jais tourbillonnant autour de lui.
Arrivé devant la grande porte finement ciselée de la sous-directrice, Rogue héla son prénom, tambourinant de ses poings raidis sur le bois.
- Minerva ! Ouvrez moi ! Je vous en prie ! Souffla t'il nerveusement entre ses dents serrées.
La porte s'ouvrit enfin, révélant une femme âgée, tenant un bougeoir maculé de cire dans une main, et habillée d'une longue robe de chambre aux motifs écossais.
- Severus, calmez-vous ! Que se passe t'il ? Rogue la saisit par les épaules et la regarda droit dans les yeux.
- Ou est Dumbledore ? demanda t'il, les yeux exorbités.
- Il… Minerva hésita. Elle appréhendait sa réaction. Il est parti tout à l'heure. Le ministère de la Magie a besoin de lui. Il s'agit d'une affaire concernant les membres de l'Ordre. Les bras de Rogue retombèrent le long de son corps.
- Quels membres ? gronda t'il sourdement, une rage indicible se propageant dans tout son corps tel un poison. Ils ont tous été capturés, Tonks, Maugrey, Mondingus… Il va les tuer. Si ce n'est pas déjà fait. Macgonagall porta sa main noueuse à ses lèvres, en état de choc.
- Que se passe t'il, Severus ? Qu'avez-vous appris d'autre ? Eut elle la force de demander.
- Une attaque est prévue dans trois jours. Il veut qu'on lui livre Harry Potter, sous peine de la mort de ces Aurors. Je dois jouer le rôle d'intermédiaire, et entreprendre de soi-disant négociations. Et à ce moment, je recevrai mes ordres pour la suite de ses opérations. Il possède une véritable armée…Sans Dumbledore, nous sommes perdus… Il faut le prévenir, lui seul pourra nous aider.
- Très bien, essayons la cheminée… Ils se dirigèrent tout deux vers l'immense cheminée. Le feu s'était éteint depuis un moment déjà. Macgonagall fit le nécessaire pour entrer en contact avec le ministère. Ils attendirent quelques minutes. Mais personne ne leur répondait…
- Mais, que se passe t'il, bon sang ! Vociféra Rogue. Macgonagall lui lança un regard choqué. Puis elle reprit la parole.
- Je ne vois pas d'autres moyens. Il faut lui envoyer un hibou sur le champ. Je commence sérieusement à m'inquiéter…Venez avec moi ! Et elle enfila sa cape d'émeraude, suivis de près par Rogue, qui lui aussi se trouvait peu à peu dépassée par les évènements.
La volière se trouvait à l'autre bout de l'école. Il ne fallait pas perdre un seul instant. Tandis qu'ils traversaient le château pour se rendre à la volière, Severus Rogue pensa à Nell, il revoyait son petit visage rayonnant de bonheur à la vue de sa baguette retrouvée, ses grands yeux couleur ciel, ses noirs cheveux dont il aimait tant le parfum délicat, sa peau d'ivoire, les courbes de son petit corps qui saillaient sous ses vieux vêtements, la douceur veloutée de ses lèvres lorsqu'il s'était permis d'y goûter... Pour la première fois depuis son entrevue avec Voldemort, il laissa son esprit vagabonder, et penser à cette petite Cracmolle le rassura, l'emplit de chaleur pendant un court mais intense moment. Il se rendit alors compte qu'elle était la seule personne, mis à part Dumbledore, qui lui apportait en cet instant grave un réconfort essentiel. Bientôt, la bataille allait avoir lieu. Et il savait qu'il allait devoir dévoiler sa véritable identité, révéler au grand jour le camp auquel il appartenait réellement. Et Voldemort n'allait pas le rater. S'il en réchappait, ce serait un miracle. Aucune illusion n'était possible à présent. Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Protéger les siens, protéger Harry Potter, Poudlard, Dumbledore… et protéger Nell.
L'escalier qui menait à la volière semblait interminable. Complètement essoufflés par les marches raides, les deux professeurs s'arrêtèrent quelques secondes. Rogue se pencha en avant, les mains sur ses genoux, le souffle saccadé, et pris deux longues inspiration. Puis une troisième. Qui s'arrêta net. Quelque chose avait attiré son œil. Quelque chose qui brillait étrangement sur le sol dallé…
- Lumos ! fit-il. Un jais de lumière éclaira les murs de pierre. Quand il dirigea sa baguette vers le sol, Macgonagall retint un cri. Du sang. Le sol était maculé de sang.
- Non, c'est impossible… murmura Rogue. Ils gravirent les dernières marches quatre à quatre, leur cœurs tambourinant plus fort que leurs pas précipités.
- Alohomora ! s'écria Macgonagall, sa baguette décrivant une gracieuse arabesque. La porte s'ouvrit en claquant contre les pierres froides du mur de la volière. L'horreur qui se présenta à leurs yeux fut indescriptible. Des centaines de cadavres de hiboux jonchait le sol, dans une mare de sang, quelques plumes voletant encore ça et là. Agrippant la manche de Rogue, Minerva se retourna, cachant à son regard ce morbide spectacle. Rogue était pétrifié… Il ne pu détacher ses yeux de tous ces corps d'oiseaux déchiquetés devant lui.
- Mais… Mais qui a pu faire une chose pareille ? s'écria Macgonagall, les yeux emplis de larmes, la voix tremblante. Rogue ne su quoi répondre. N'importe qui aurait pu se glisser à l'entrée et lancer un sort, mais il aurait fallu que ce soit quelqu'un de l'école. Et personne à Poudlard, pas même le plus vil et cruel des élèves de Serpentard, n'aurait eu le cran de tuer d'innocents animaux. Seul un Mangemort de la pire espèce aurait pu perpétrer un tel crime. De toute évidence, il se serait glissé jusqu'à la fenêtre de la volière, juché sur un balai, et aurait lancé son sinistre sort. C'était la seule explication possible. A deux heures du matin, Rogue avait du mal à réfléchir et avait beaucoup de peine à assimiler tout ce qui s'était passé durant les quelques dernières heures. Macgonagall, complètement effondrée, tira doucement sur sa manche.
- Allons-nous-en, Severus, murmura t'elle, au bord des larmes. Nous n'avons plus rien à faire ici. Retournons dans mon bureau, nous y seront mieux pour réfléchir à… à… tout cela. Il acquiesça, son regard toujours braqué sur les cadavres, pris d'une morbide fascination
La nuit allait être longue.
Rogue et Macgonagall mirent quelques temps avant de reprendre leurs esprits. Jamais une chose pareille n'avait eu lieu à Poudlard auparavant. Le choc se dissipa plus vite chez Severus que chez Minerva, qui s'effondra mortifiée dans le fauteuil de sa chambre, une main posée sur son front. Rogue lui proposa une tasse de thé qu'elle avala lentement, par petites gorgées. Les mains croisées derrière le dos, il regardait par la fenêtre. Son maître ne l'avait pas prévenu pour le massacre des hiboux. Savait-il tout à son sujet ? Pourquoi ne pas lui avoir dit qu'il avait éloigné Dumbledore de Poudlard ? Lui faisait-il seulement confiance? Une foule d'autres doutes s'emparèrent de son esprit, l'empêchant de réfléchir correctement. Rogue se sentit comme pris entre deux feux. La voix de Macgonagall le tira de ses angoissantes pensées.
-Qu'allons nous faire ? Quelqu'un veut nous empêcher de prévenir Albus, c'est certain... Le message qu'il a reçu du Ministère devait donc être un faux…
- Je ne pense pas qu'il s'agit forcément d'une fausse alerte. Je vous rappelle que j'ai vu les corps inertes de trois de nos meilleurs alliés. Mais s'il s'agit d'un faux message, il y a certainement un Mangemort qui a réussit à soudoyer le ministère, fit Rogue d'une voix sourde. Comme l'a fait notre cher Lucius Malfoy il n'y a pas si longtemps. Voldemort est aussi rusé que Dumbledore, il a plus d'un tour dans son sac, croyez-en mon expérience…
- Il faudrait envoyer un message à Dumbledore, mais comment, il n'y plus un seul hibou ! Et lui envoyer un message par un Patronus n'est pas assez discret… Que pouvons-nous faire ? Macgonagall réfléchit un moment. « Fumseck » ! Le visage de Rogue s'éclaira un instant. Pour mieux s'assombrir à nouveau. « Impossible… commença t'il en baissant les yeux, secouant la tête. Il est à l'état d'oisillon, je l'ai entr'aperçu tout à l'heure, sous le perchoir, quand je cherchais Dumbledore. » Cette fois ci, Macgonagall perdit tout contrôle d'elle-même, et éclata en sanglot. Rogue s'approcha d'elle et posa une main maladroite mais compatissante sur son épaule.
- Nous pouvons toujours envoyer quelqu'un… Elle leva les yeux vers lui, attendant la suite. Il y a Lupin, dit il. D'un bond, Minerva fut debout. « Allons le chercher ! Il n'y pas un instant à perdre ! Voilà une excellente suggestion, Severus ! s'écria t'elle en essuyant discrètement ses larmes, son regard à nouveau digne et confiant. Mais Rogue n'eut pas le cœur à sourire.
Dans le bureau de Macgonagall, Rogue rédigeait une lettre. Assis en face de lui, se trouvaient Lupin et Macgonagall, absorbés par une conversation enflammée. Il était allé le réveiller et Lupin, dès qu'il eut su pour le massacre des hiboux, accepta de servir de messager.
Rogue ne parvenait pas à se concentrer sur sa missive. Les choses allaient trop vite pour lui. Il y avait tant à faire. « Pr. Dumbledore, votre présence est requise sur-le-champ dans l'enceinte de Poudlard… » Le visage de Nell ne cessait de revenir dans son esprit tourmenté. Que ne donnerait il pas pour l'envoyer loin d'ici, à l'autre bout du monde, pour lui épargner toutes les horreurs qui allaient avoir lieu dans quelque temps. Il aurait du le faire depuis longtemps… « Attaque de Mangemorts prévue dans trois jours. Ils sont cachés dans la Forêt Interdite. Lord Voldemort est avec eux. Signé : Pr. Macgonagall, Pr. Lupin, Pr. Rogue » Severus remarqua que la main de Lupin tremblait tandis qu'il écrivait son nom sur le parchemin. Depuis qu'ils étaient venus le chercher, sa nervosité n'avait fait que s'accroître, il était prit de violents tremblements, sa voix changeant brusquement de ton, comme celle d'un adolescent en pleine mue. Jamais Rogue ne l'avait vu aussi alarmé. Il y avait de quoi. Il roula le parchemin, fit couler de la cire encore brûlante et scella le tout du sceau de Poudlard.
- Tout est prêt, Pr.Lupin, revenez-nous vite. Fit il en lui tendant l'objet. Lupin le regarda, toujours l'air aussi paniqué et perdu. « Je serai de retour à l'aube… J'espère… maintenant, reposez-vous, une longue journée nous attend demain. »
Macgonagall et Rogue l'accompagnèrent jusqu'à une entrée qui se trouvait derrière le château, près de la volière. La porte s'ouvrit sur une esplanade qui dominait le loch de plusieurs mètres. L'eau clapotait doucement contre le mur de pierres humides. Lupin enfourcha son balai, et rabattit de grosses lunettes sur ses yeux. Il les salua, esquissant un maigre sourire, puis donna un grand coup de pied à terre, et s'éleva dans les airs, rapidement enveloppé par la nuit.
De retour dans les appartements de Macgonagall, Rogue se laissa tomber lourdement dans le fauteuil et ferma les yeux quelques instants.
- Reposez vous Severus, vous avez en avez grand besoin. Murmura Macgonagall, en tirant les rideaux. Non. Il ne voulait pas s'endormir. Il y avait trop de choses à faire… à penser…Voldemort… non… Nell. Son joli visage rond apparut dans son esprit tourmenté par le manque de sommeil. Son seul espoir… sa seule lueur dans la nuit… Nell… Rogue s'endormit.
- Albus ! hurla une voix de femme. Rogue se réveilla en sursaut. Dehors, il faisait encore nuit. La lueur du croissant de lune fit scintiller la longue barbe blanche du directeur de Poudlard. Severus se leva et esquissa un sourire. Son retour au sein de l'école le rassurait au plus haut point.
- Tout va bien, Minerva. J'ai vite compris que j'avais été dupé. Voldemort me déçoit un peu, je dois vous avouer… dit il, une imperceptible lueur de malice au fond de ses pupilles. Je n'avais aucun moyen pour repartir vers l'école ; on m'a, disons, subtilisé le carrosse qui m'avait emmené au ministère. Heureusement, j'ai pu me transporter grâce à la poudre de cheminette jusqu'au square Grimmaurd, où se trouve toujours Buck, l'hippogriffe de feu Sirius Black, et il a très gentiment accepté de me ramener jusqu'ici.
- Et… Remus ? demanda Rogue, le voyant nulle part.
- Il n'est pas avec moi. Répondit Dumbledore, les sourcils froncés. Severus baissa la tête. « Oh non, lui aussi… » « Pardon ? » demanda le vieux sorcier. « J'ai vu Voldemort ce soir. Il a capturé Tonks, Mondingus et Maugrey, et ils ne semblaient pas au meilleur de leur forme. J'ai bien peur que la situation ne soit des plus graves, Monsieur. Il prévoit une attaque pour dans trois jours. Si on ne lui remet pas Harry Potter, il les tuera. » Dumbledore prit place dans un fauteuil.
- Tout n'est pas perdu, dit il d'une voix calme. Il y a, mis à part nous trois, des sorciers de haute compétence dans cette école, au ministère, et ailleurs. Si une guerre doit avoir lieu, je sais que je peux compter sur des alliés précieux. Par contre, concernant Harry Potter, il faut chercher un moyen pour gagner du temps et le protéger de toute menace.
- Albus, je crois qu'il est trop tard… fit Macgonagall, ses yeux emplis d'une terreur sans nom tandis qu'elle regardait l'aube se lever doucement sur le parc. Rogue et Dumbledore s'approchèrent de la fenêtre. Severus sentit son sang se glacer dans ses veines. Une étrange brume surnaturelle, parcourue de décharges électriques bleues et violettes, entourait à présent l'enceinte de l'école, avançant lentement, comme un être de vapeur rampant péniblement sur le sol. Et tous trois virent, à travers l'épaisse couverture grisâtre, des dizaines de formes se mouvoir lentement… Des silhouettes sombres, menaçantes, terrifiantes. Dumbledore, le visage assombri et presque effrayant, se tourna vers les deux professeurs.
- Il faut prévenir tous les membres de l'Ordre... et les élèves doivent être mis au courant.
