Chapitre 2: Captain Avoine

Harry s'était soudain retrouvé devant l'escalier qui menait aux cachots, tandis que Ron et Hermione s'étaient évaporés. Tout comme Draco l'avait fait quelques instants auparavant il se retourna, et croisa son propre regard à l'autre bout du couloir, l'air tout aussi surpris que lui. Ron et Hermione semblait n'avoir rien remarqué et tiraient la manche du deuxième Harry. Comme il obstruait le passage, une jeune Serpentard de cinquième année l'interpella timidement :

" Excuse moi, est-ce que tu pourrais te pousser un peu s'il te plaît?

-Hein, quoi? sursauta Harry.

- Euh rien rien ne t'inquiète pas, ne t'énerve pas je m'en vais! répondit la Serpentard, qui avait soudain l'air très effrayé."

Harry réprima un sourire, eh bien il ne savait pas que les Serpentards avaient si peur de lui!

Le seul détail qui clochait, c'était qu'il s'était quand même séparé en deux, et qu'il n'avait aucune idée de ce que faisait son autre lui-même. Et si... Pris d'une soudaine inspiration, Harry marcha jusqu'au miroir ouvragé accroché au mur voisin et vit avec stupeur Draco Malfoy le regarder avec des yeux ronds. Il bougea un bras et Draco en fit autant, leva un pied, et le Serpentard l'imita, sauta sur place en faisant la pire grimace qu'il connaissait, et toujours Malfoy faisait comme lui.

« Celle là il ne pouvait pas la connaître! pensa Harry, Je me suis donc transformé en Draco Malfoy, je comprends que cette fille ait eu peur! N'empêche, quelle catastrophe! »

A la vue de ce comportement étrange la jeune fille haussa les épaules et s'éloigna non sans lui jeter à la dérobée un coup d'œil suspicieux.

« Apparemment , Malfoy est dans la même situation que moi, » ajouta-t-il intérieurement, en voyant son pire ennemi lui aussi devant un miroir, au côtés de Ron et Hermione.

Il en était arrivé a ce stade de sa réflexion lorsque deux mains se plaquèrent sur ses yeux et une voix cria joyeusement :

« Coucou mon petit Draquichounet, devine qui c'est?

-Qui quoi hein? Ben je sais pas! répondit Harry encore sous le choc. Zut qui était cette fille, il n'avait pas la moindre idée du nom de la copine de Draco.

- Quoi? Ajouta la voix, tu as tellement de copines que tu ne te souviens même plus de leur nom?

Les mains lâchèrent prise et Harry put se retourner pour voir la mine boudeuse de Pansy Parkison.

- Maisnonmaisquoiattendspasdutout!» balbutia Harry. Mais d'abord, pourquoi est-ce que je m'excuserai , je déteste cette peste presque autant que Malfoy! pensa-t-il alors. Je pourrais m'amuser un peu, on est pas tous les jours dans la peau de Draco !

- Bah ma petite Pansy, te fais pas d'illusion! Tu n'a pas l'esclusivité du beau Draco! Il y a aussi Millicent Bulstrode, tu la connais je crois la moche qui louche, et aussi… »Il ne put finir car un claquement se fit entendre et il sentit sa joue soudain très chaude et douloureuse.

« Ouille pensa-t-il, elles ont de la force les Serpentard! Je crois que je vais arrêter les bêtises pour l'instant

-Euh.. Pansy, c'était juste une blague de rien du tout… Il faudrait que tu fasses preuve de plus d'humour!

- C'est à moi que tu dis ça? Draco, je ne t'ai jamais vu faire une seule plaisanterie de ta vie!

- Hum, tu sais, avec Crabbe et Goyle comme copains, neuf fois sur dix ils ne comprennent pas. J'en ai un peu marre de leur expliquer les blagues de Toto.

- Bon d'un côté tant mieux, j'en avais un peu assez de sortir avec un type qui fait toujours la tête! Allez, on va travailler dans la salle commune. »

Je ne comprends pas comment Draco peut sortir avec une harpie comme elle, je pensais qu'il avait plus de caractère! se dit Harry en la suivant docilement. Pansy se plaça alors devant un mur à l'aspect humide qui semblait colonisé par une espèce d'algue verte. Elle dit d'une voix claire Malfoy et une pierre bascule dans un sourd grondement, créant un passage dans le mur.

Dis donc il est célèbre Malfoy, il a un mot de passe à son nom! pensa Harry en suivant la jeune fille dans la salle commune des Serpentard, qu'il connaissait pour y être allé lorsqu'il était en 2e année après avoir bu du Polynectar.

Un feu verdâtre réchauffait à peine la pièce glaciale et tous les élèves étaient frileusement rassemblés près du foyer. Harry pensa avec mélancolie à la chaleureuse salle des Gryffondor ou Draco devait être en train de se prélasser. Ce fut Pansy qui le tira de sa rêverie :

« Bon tu viens? On a trois rouleaux de parchemins à faire sur la guerre des trolls pour Binns.

-Pff quand je pense que je l'ai déjà faite cette dissert' mais c'est Malfoy qui l'a! grommela Harry.

-Quoi?

-Non rien, je réfléchissais, j'arrive! »

Ils s'installèrent à une table libre et la soirée s'écoula doucement, seulement interrompue par l'arrivée de Crabbe et Goyle qui revenait de leur cours de divination. On n'entendait que le grattement des plumes sur le papier et Harry était pris d'une douce somnolence, parfois un frisson le réveillait brusquement et il se remettait alors frénétiquement au travail, mélancolique encore des plaisanteries des frères Weasley sur sa cicatrice, le soir devant le feu qui brûlait. Et Hermione en train de faire ses devoirs et ceux de Ron, sans oublier les éclats de rire causés par Neville et ses sorts ratés. Neville… sorts ratés… tiens, c'est bizarre pendant que j'y pense, Neville venait de rater un sort quand j'ai échangé d'esprit avec Malfoy,… et si… ça n'était pas une coïncidence? Mais Harry était trop fatigué pour se poser plus de questions et il étouffa un bâillement qui n'échappa pourtant pas à l'œil de Pansy qui s'écria :

« Tu es fatigué Draquinouchet? Vas vite te coucher il faut que tu sois en forme demain!

- C'est à moi que tu parles? demanda Harry sans comprendre tout d'abord. Ah oui c'est vrai se reprit-il, Oui Pansy je crois que je vais me coucher. Euh… Crabbe et Goyle vous venez? «

Les deux mastodontes obtempérèrent sans rechigner, habitués sans doute aux ordres donnés par leur « ami » Malfoy. Harry les suivit jusqu'au dortoir, où une longue rangée de lits à baldaquins semblables s'alignaient contre le mur, avec tous la même couverture verte et des tentures bordées d'argent. Un lit pourtant se distinguait des autres, non par ses couleurs,qui étaient elles aussi vertes et argentées, mais par les broderies qui le parsemait. Partout, des D et des M entrelacées, sur les tentures, la couverture, les draps, et mêmes sur le pyjama en soie argentée on pouvait voir des lettres vertes. Harry transforma son éclat de rire en une toux nerveuse, en réalisant que cela ne pouvait qu'être le lit de Draco. Soudain Crabbe lui tapota l'épaule :

« Draco, ton Captain' Avoine est tombé par terre dit -il en lui tendant une peluche représentant un cheval bai à l'air particulièrement niais, qui devait être ensorcelé car il hennit légèrement en bougeant les pattes avants lorsque Harry le prit dans ses mains.

- Captain quoi? Mouahaha! Hummmpf kof kof! Ah oui, euh merci Crabbe, » répondit Harry qui n'avait pas réussi à réprimer son fou rire cette fois-ci.

Il ferma les rideaux qui le séparèrent du reste de la pièce, enfila le pyjama de Draco et se glissa dans les draps chauds en pensant :

« La nuit porte conseil mon petit Harry on avisera demain! »

Il s'endormit rapidement, bien qu'un peu dérangé par les hennissements réguliers du dénommé Captain' Avoine.