Ruptures d'un processus linéaires

Disclaimer/ Rien.

Oui je sais.

Je n'aurais jamais dû poster le premier chapitre sans avoir écrit le second ou au moins sa trame…

Jamais.

Ca ne suffit pas de se le raconter dans son bain…

Non.

Croirez-vous la vérité ?

Hum, j'en doute.

Quand j'ai posté ce premier chapitre d'une nouvelle histoire, je croyais avoir fermement décidé, une fois pour toute, que Entre Lune et Etoile allait s'arrêter rationnellement par le retour de Sirius et que donc, j'allais me retrouver avec RIEN à écrire… Je ne croyais pas que Cyrus prendrait cet air de chiot battu et que je lui offrirais de nouvelles aventures… Je ne savais pas non plus que vous seriez si nombreux à lui donner raison… bref…. Une surprise dans mon minuscule processus linéaire d'auteur de fanfiction….

Allez, allez, passons à autre chose…

2 – Les yeux de Parvati

Quand Harry repassait en boucle les évènements de cette malheureuse soirée, la première chose qui lui revenait, c'était les yeux de Parvati.

Est-ce que si ces yeux avaient été moins sombres, moins brillants, moins doux, moins pleins de cette magie qui touchait même les plus moldus des moldus, les évènements n'auraient pas été différents ? - songeait-il dans sa cuisine. Bien sûr, ça faisait dix ans qu'il la connaissait et il s'était habitué à son charme oriental. Mais il savait bien que Seamus et Ron semblaient l'avoir redécouvert cette année dans l'univers renouvelé du ministère de la Magie. Et les supporters moldus eux l'avaient visiblement reçu en plein cœur, sans aucun antidote ou sortilège de protection.

Ce soir là les yeux de Parvati brillaient presque d'une lueur sauvage. L'atmosphère survoltée du pub – et sans doute aussi son étrangeté pour une jeune sorcière de sang pur élevée dans un milieu très protégé – y était pour quelque chose. Et si Seamus et Ron y avaient prêté plus d'attention peut-être ne se serait-elle pas levée aussi brusquement pour « aller voir de plus près comme ça se passait ». Harry n'y avait pas prêté beaucoup d'attention sur le moment. Il avait fini ses longues explications sur les règles du rudby – avec la curieuse impression que ses copains ne l'écoutaient plus depuis longtemps, et c'était sans doute vrai - et somnolait les yeux dans le vague, sans accorder beaucoup d'intérêt aux remarques de Seamus et Ron et à l'agacement de Parvati.

Il avait même dû faire plus que somnoler parce que quand une main ferme l'avouait secoué, il s'était réveillé – preuve qu'avant il dormait !

Il avait levé des yeux hagards vers l'homme qui l'avait secoué. Un jeune homme blond – il devait avoir son âge - pas très grand, un peu lourd, avec une charpente massive, un étrange cou très large qui semblait s'enfoncer dans son dos. Un cou comme l'Oncle Vernon, avait-il pensé en trouvant l'idée tout à fait ridicule.

« Et bien Harry… t'as pas l'air de tenir la bière » avait dit l'homme.

Des engrenages mal réveillés s'étaient mis en branle dans son cerveau fatigué pour traiter les informations contenues dans cette phrase. « Bière » ? Non il n'avait pas trop bu de bière, faillit-il d'abord protester. « Harry ? » Mais comment cet inconnu au cou de taureau savait-il son nom ? Où étaient les autres d'abord ? Et pourquoi cette voix lui disait-elle quelque chose ? Il avait fini de se réveiller en murmurant : « Pardon ? »

« Tes petits copains vont se faire manger tout cru par une bande d'énervés… pour la petite brune qui était avec vous… J'ai pensé que tu voudrais peut-être savoir »

Harry s'était levé d'un bond regardant autour de lui pour voir Ron, Dean et Parvati.

« Là bas, dans la salle de billard » avait ajouté le jeune homme. Harry avait réajusté ses lunettes et l'avait bien regardé.

« Dudley ? » avait-il soufflé, ni croyant pas vraiment lui-même.

« Et bien, j'ai bien cru que tu ne me reconnaîtrais jamais » confirma son cousin.

« Tu… tu as… »

« Maigri ? Oui, pas mal » reconnut le jeune homme en lissant sa poitrine avec un certain contentement.

« …chang » termina Harry un peu gêné – mais tout à fait réveillé.

Ils entendirent alors une clameur monter de la salle de billard. Un grand craquement aussi. Et puis une voix de fille que Harry pensa reconnaître.

« Merde, Parvati ! »

Il s'élança, Dudley sur ses talons. Ils se frayèrent difficilement un passage dans la foule compacte jusqu'au petit groupe qui avait commencé de se battre. A mains nues. « Dieu merci ! » songea Harry. Ron et Seamus avait vaillamment repoussé le premier assaut. Après tout c'était de solides gaillards tous les deux – plus qu'Harry en tout cas. Un des moldus s'était écrasé sur le billard – d'où le craquement – mais deux autres s'élançaient. Parvati essayait d'en ceinturer un troisième mais il la projeta assez facilement sur un autre billard, ajoutant aussitôt les joueurs excédés de l'autre table à la mêlée. Il n'était plus vraiment temps de parlementer !

« Vous autres, vous vous battez comme ça ? » avait demandé Dudley dans son dos. Harry crut entendre une pointe de mépris dans sa voix.

« Nous autres, on devrait pas se battre » avait répondu Harry sombrement, en plongeant dans la bataille pour essayer au moins d'en extraire Parvati.

C'est à ce moment-là que le patron du bas avait dû penser que ça dépassait la bonne ambiance attendue un soir de match et qu'il avait fait appel à l'équipe locale de rudby pour virer tout le monde dehors. Quand Harry s'était écrasé sur les pavés mouillés, on entendait déjà des sirènes de police. Les moldus n'attendirent pas de les voir arriver et s'égayèrent, soutenant leurs blessés. Harry avait dû employer la magie pour réveiller Seamus, qui était vraiment dans un sale état, et une paire de claque pour calmer Parvati qui hurlait contre les mecs en général et les sorciers en particulier. Ron se tenait les côtes – sans doute cassées et Dudley avait un magnifique hématome sur la joue – sans doute avait-il été pris à partie à un moment où à un autre. Fine équipe, avait-il songé.

« Ron tu pourras rentrer seul ? »

« Ouais je crois… quelle merde, Harry quand même… si on avait pu »

« On n'a pas le temps maintenant… si les flics raboulent, demain on est dans le bureau de Fudge… »

Ces paroles eurent l'effet escompté sur Ron qui avait extrait sa baguette de la poche de son blouson de cuir – une des bonnes choses de l'enseignement des Aurors était qu'on leur apprenait comment correctement s'habiller en moldu !

« Parvati, et toi ? » demanda-t-il encore

La jeune femme hocha la tête, visiblement encore furieuse.

« Tu peux raccompagner Seamus ? »

« Jamais de la vie » répondit Parvati avec un air de défi.

« Je vais le faire Harry » intervint Ron. « Hé mais pourquoi tu le fais pas, toi ? »

« Parce que… » Il s'était tourné vers Dudley. « T'es venu comment ? »

« En métro »

Les sirènes s'étaient rapprochées dangereusement pendant cet échange. Après un bref regard interrogateur – notoirement plus calme – à Harry, Parvati sortit sa baguette et disparut aussitôt. Ron attrapa la main de Seamus et fit de même. Harry regarda Dudley avec une seconde d'hésitation. Il leva sa baguette et sentit son cousin se raidir.

« Si tu restes là, tu va prendre pour tout le monde… T'habites o ? »

« Près de Brixton market »

« Y'a un parc ou quelque chose de tranquille dans le coin ? »

« Oui un petit parc au coin… »

« Ok, pense à ce parc et prends ma main »

Dudley hésita de nouveau mais les policiers arrivaient au pas de course. Harry le poussa dans l'encoignure d'une porte – histoire que personne ne les voit disparaître – et prononça l'incantation.

Heureusement le parc était désert.

Sinon un promeneur nocturne – un chien à sortir, des fins de mois difficiles ou un chagrin d'amour – aurait vu apparaître deux silhouettes chancelantes juste devant les jeux pour enfants. La silhouette la plus haute fut aussi celle qui eut le plus de mal à se rétablir. Harry crut même qu'il allait vomir mais finalement son haut le cœur passa.

« Ca fait souvent ça la première fois » commenta-t-il pour s'excuser.

Dudley le gratifia d'un regard sombre qui rappela des souvenirs douloureux à Harry, puis il soupira.

« C'est sans doute pas ta faute ».

Harry pensa qu'il valait mieux ne pas insister.

« Hum… ça va aller, tu crois ? »

« Oui, oui » maugréa Dudley en se redressant. « Je suis à deux pas de chez moi », ajouta-t-il après un regard autour de lui.

« Je vais t'accompagner » dit Harry un peu sans trop réfléchir. Mais c'était trop bizarre de tomber sur son cousin après toutes ces années et de le quitter là au beau milieu d'un parc.

« C'est par l » répondit Dudley.

Ils avancèrent sans rien trouver à se dire.

« Pourquoi t'as pas utiliser ton…ton bâton dans le pub » demanda soudain Dudley.

« Oh… ma baguette ? Et bien… ça nous aurait attiré des ennuis avec les autorités magiques » essaya d'expliquer Harry.

« Ah, t'as toujours pas le droit de t'en servir quand tu veux ? Mais ça sert à rien alors ? »

Harry lui jeta un regard en coin. Il avait toujours pris Dudley pour un imbécile… enfin non, parfois, il s'était dit qu'il jouait l'imbécile… mais sans doute avait-il glaner quelques informations sur le monde magique au cours des ans… malgré ses parents.

« En fait, je peux m'en servir. Je suis encore étudiant mais quand même… C'est surtout qu'on s'en serait servi contre des moldus, contre des gens qui n'ont pas de pouvoirs… La communauté magique souhaite rester inconnue… alors, ensuite, faut envoyer une brigade qui efface les souvenirs des témoins, tout ça… Comme en plus, on est étudiant pour devenir Auror… »

« Pour devenir quoi ? »

« Auror… ceux qui font respecter les lois, qui protègent les autres des mauvais sorciers… »

« Comme celui qui avait fait explosé tes parents ? » demanda très vite Dudley. Un coup de poing à l'estomac aurait moins pris Harry au dépourvu.

« Oui » finit-il par répondre. Dudley lui jeta un regard interrogateur.

« C'est pour ça que t'as choisi ça ? »

Harry avala sa salive. Cette conversation était absolument incroyable. Son cousin qui n'avait jamais manifesté la moindre pitié, le moindre intérêt pour lui – ou alors sous la forme de putching-ball – se mettait à vingt-deux ans à l'interroger sur ses choix existentiels.

« Sans doute » avait répondu Harry avec mauvaise volonté. Ils étaient sortis du parc. « Et toi, tu fais quoi à Londres ? » avait-il demandé pour éviter de nouvelles questions sur le monde magique.

« Hum je viens d'arriver » avait répondu Dudley qui s'était rembruni. « J'ai été accepté dans une école de jeux vidéo »

« Super » dit Harry qui repensait à toutes les consoles de jeux qu'il avait vu défilées dans son enfance. Ca paraissait un choix raisonnable pour Dudley.

« Tu trouves ? » avait demandé son cousin avec une franchise qui l'avait rendu perplexe.

« Tu as toujours adoré les jeux vidéo »

« Oui »

Il s'était arrêté devant un immeuble.

« Voilà. J'habite là chez un copain de classe… Il faut que je te dise que… Papa et maman sont contre cette formation… Ils m'ont coupé les vivres… Papa veut que je vienne l'aider à l'usine…Bref, c'est pas très facile… et puis comme mon copain à une petite amie… le soir je vais au pub »

Ca n'avait pas l'air folichon dit comme ça. Harry fit une petite grimace de sympathie.

Dudley fit une petite moue qui ramena brutalement des flots de souvenirs à Harry. Dudley tombant de son premier vélo, Dudley privé de dessert – si, c'était arrivé, Harry en était presque sûr… ou alors il l'avait fantasmé…Dudley hurlant dans la cage de l'anaconda – ah cette fois là, c'en était une bonne ! Mais son hématome bleu dépareillait un peu avec ses souvenirs. Il leva une nouvelle fois sa baguette, l'approcha doucement de la joue de son cousin – qui eut de nouveau un geste de recul. Harry lui sourit pour le rassurer et murmura. « Colpum curo » Une étincelle jaillit et le bleu désenfla de moitié.

« Je peux pas faire mieux… faudrait recommencer demain ou prendre une potion… des médicaments suffiront sans doute » ajouta-t-il un peu gêné sans trop savoir pourquoi.

« Tu sais Harry c'est la première fois que tu fais de la magie… pour… pour moi » dit son cousin après un moment.

« Non, c'est pas vrai… Quand le Détraqueur nous a attaqué, quand on avait quinze ans… » répliqua Harry un peu vexé avant de se souvenir. « Ah mais oui, t'avais perdu connaissance… »

Dudley fronça les sourcils comme s'il cherchait à s'en rappeler. Il secoua finalement la tête et dit : « En tout cas merci »

« De rien »

Ils restaient là, face à face, sans rien trouver d'autre à se dire. Finalement Harry chercha dans sa poche un petit carnet et griffonna son adresse.

« Si un jour tu passes dans le quartier… » - dit-il précipitamment.

Dudley lut lentement l'adresse et leva des yeux très graves vers Harry.

« Merci » répéta-t-il.

« Bon, b'en je vais me coucher, hein ? » dit alors précipitamment Harry en s'enfuyant presque.

Après tout, c'est ce que tout le monde fait devant les fantômes, non ?

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Evidemment il va venir le voir… je sais la ficelle est grosse…. Pffff….